Astrid Oorlos avait-elle mangé un steak de dragon pour le déjeuner ? Elle était très enthousiaste et têtue au sujet de la soirée qui faisait rumeur dans le château. Marlene espérait qu’elle n’était pas aussi chiante avec ses diverses pétitions que sa copine pouvait l’être avec ses frivolités. Non pas que Marlene condamne les frivolités - elle était abonnée à Sorcière Hebdo eh oui ! - mais elle était un peu plus mesurée quand l’application du règlement de l’école était en cause. « Mais si c’est pas interdit, alors pourquoi est-ce qu’on a enfermé le pauvre Monsieur Picott dans un placard ? » voulait-elle savoir. Elle ne trouvait pas tout cela très cohérent …

Astrid avait finalement avancé un argument qui avait laissé bouche bée Marlene et, en toute honnêteté, ce n’était pas celui lié au sort de la corne des éruptifs … après tout, leur sort était en cet instant vachement moins désespéré que le sien. Elle pensait bien être la dernière de sa promotion à être encore vierge - elle était même tellement vierge qu’elle employait ce terme pour parler d’un pieux baiser, vous situez le niveau ? - et ça devenait embarrassant. Elle avait finalement fait l’effort d’enfiler un jean et même un gilet par dessus son débardeur de pyjama. « Ça va bien se passer » que lui répétait l’autre mère maquerelle ! Ah ouais ? Parce que franchement, tout ce que pensa Marlene en passant la porte de la soirée, c’est qu’il n’y avait vraiment aucun mec potable. Elle aimait bien Théo mais elle craignait qu’il soit alcoolique, la présence de Moran qui était préfet à un tel évènement la mortifia, Ewan elle ne lui parlait plus, et Alex par la barbe de Merlin n’en parlons juste pas ! « Non mais y'a que des thons ! » lâcha-t-elle pour tout commentaire sans aucune discrétion en cherchant déjà la sortie. Il était où Lysandre sérieusement ? Mais tout ce qu’elle trouva bientôt ce fut une bièrraubeurre dans ses mains. Que … Quoi ? Piégée par son gène écossais, elle dut bien la décapsuler pour y faire honneur ! C’était bien le remède qu’il lui fallait pour se détendre et elle se laissa embarquée par Astrid en faisant quand même un grand coucou de la main à sa meilleure amie Hazel. Elle plissa finalement son regard de griffon pour observer plus attentivement sa copine Astrid et la pointa finalement du doigt avec sa main qui tenait fermement sa bière. « Toi … Tu n’attendrais pas quelqu’un en particulier par hasard ? » voulut-elle savoir car, décidément, elle était plus enthousiaste que d’habitude, non ?

Marlene faillit avaler sa gorgée de bière de travers quand Astrid la fustigea du regard, plus par amusement que par surprise, car elle avait déjà éprouvé auparavant la fierté mal placée de sa camarade de maison. Elle trouva d’ailleurs drôle d’en ajouter une couche quand Peter Pettigrow passa la porte juste derrière la babillante Madeline. « Je vois … » lâcha-t-elle à la duelliste avec un sourire en coin et un petit haussement de sourcils entendus.

Elle jeta un nouveau regard circulaire à la salle de repos en cogitant sur la comparaison que son amie avait faite avec le travailleur de la mer. « Huuuuum ». Le style de Marlene était beaucoup moins agressif et sa boule au ventre grossit tandis que les thons se métamorphosaient tous en terrifiants animaux dignes du cachalot de Melville. Tandis que les yeux de la brune se levaient vers les caisses de whisky, ceux de la blonde se baissèrent plutôt vers un vieux buffet où quelques saladiers de mignardises étaient disposés. Il lui semblait avoir vu une queue rose de rat disparaître dessous. « Attend moi, je reviens … » dit-elle distraite en s’éloignant effrayée pour le petit animal coincé au milieu de cette cohue de pieds aussi grands que lui. Elle s’agenouilla et posa sa tête sur le plancher pour croiser le regard humide du rongeur. « Hé mais t’es Merlin ! » lâcha-t-elle en reconnaissant le familier qui ne quittait jamais l’aiglon de sa promotion. Il était d’habitude toujours fourré avec Tsadkiel, très souvent dans sa manche, et quelque chose lui disait qu’il n’avait rien à faire à cette soirée. Oubliant qu’elle se trouvait en plein milieu d’une soirée soumise à certains codes sociaux, elle se mit à agiter le bout de son nez et à pousser des petits couinements aigüs avant de rire doucement de ce moment de complicité qui s’instaurait en tout cas dans sa tête. Elle retira son gilet pour se retrouver en simple débardeur et glissa son vêtement sous le buffet. Merlin fit quelques pas dans sa capuche et elle put ainsi l’attirer jusqu’à elle sans le brusquer. Elle lui tendit son doigt qu’il renifla longuement mais ne mordit pas. « T’es pas offensif pour une noise toi, hein ? ». Elle se rhabilla bien vite, s’accessoirisant d’un rat sur son épaule, et mit ses cheveux de l’autre côté pour ne pas gêner le petit animal qui, esprit de contradiction oblige, se réfugia directement sur l’autre épaule drapé de boucles blondes. « Okay … comme tu veux ! ». Alors qu’elle n’avait adressé un mot à personne de la soirée, voilà qu’elle se tapait une vraie discussion avec un rat, mais qui aurait été surpris ? Seul un brusque changement de chanson lui rappela qu’elle se trouvait présentement à une joyeuse sauterie. « Astrid ? » chercha-t-elle son amie du regard en même temps qu’elle l’appelait. Est-ce qu’elle ne lui avait pas parlé de whisky ? Non, voyons ! Elle n’allait quand même pas entamé une bouteille de whisky toute seule, si ? « Astrid Jack Daniels Pur Feu Oorlos ? » tenta-t-elle en la retrouvant bientôt avec un large sourire. « Regarde j'ai pêché encore mieux qu'un poisson ! » s'amusa-t-elle en désignant le rat et sans vraiment réaliser qu'elles n'étaient pas du tout dans la même mood !

Peter n’aimait pas être séparé de James, Remus et Sirius - mais alors vraiment pas ! - parce qu’à chaque fois il se trouvait embrigadé dans des situations qui ne le rassuraient pas. Ces situations n’avaient en soi rien de plus inquiétant que celles qu’il vivait constamment avec ses trois meilleurs amis sauf qu’aucun autre entourage que le leur ne le tranquillisait. Comme le familier de Tsadkiel, il se trouvait ce soir condamné à errer dans une soirée sans aucun trou où se réfugier. C’est que Madeline cherchait quelqu’un pour l’aider à transporter des bouteilles - entendez par là porter toutes les caisses pendant qu’elle sautillait de joie dans les couloirs hein ! - alors que pouvait-il faire sinon se désigner ? Peter exécutait toujours ses moindres demandes et anticipait même chacun de ses désirs, c’était bien connu dans le château ! « Tu fais trop d'bruit, on va nous repérer ! ». Ses bras flagellaient sous le poids d’autant de bouteilles et le tintement des bouteilles de mentait pas. « Humpf » fut le seul grognement qu’il réussit à articuler sans risquer la syncope. Il lui sembla que le trajet dura tout un cours d’histoire de la magie ! Et quand ils arrivèrent enfin à destination, il s’écroula par dessus les caisses qu’il déposa sur une table dans un profond soupir de soulagement. Il était tout rouge et se passa une main molle dans ses cheveux trempés de sueur ! « Eh bah ça pèse son poids d'hippogriffe dis donc  ! » constata-t-il fièrement en enfonçant ses poings sur les hanches avant de froncer les sourcils. « Pourquoi on les a pas a fait léviter ? ». Se rendant compte de ce qu’il venait de dire il se reprit aussitôt en couinant un rire. « C’est une blague … je trouve ça … ». Il ouvrit de grands yeux et souffla encore sans savoir quoi dire. « ... heu … beaucoup mieux comme ça ! » conclut-il en se grattant un pli soucieux qui s'était invité entre ses deux sourcils. Peter avait toujours été maître dans l’art de s'écraser et lança un sourire enjoué à Madeline pour bien lui montrer qu’il avait sincèrement aimé l’expérience, c’était de rire et non de fatigue que tremblaient tous les muscles de son corps voyons. Il ouvrit immédiatement une bouteille dont il remplit un verre pour le tendre à la dragonne car après tout, elle l’avait bien méritée ! « Je t'en sers aussi un, Astrid ? » lança-il en remarquant le regard brillant de la jolie duelliste.