Ares regarde sa femme se retirer de son étreinte et s'éloigner de lui. Son expression est dure, entre frustration et colère envers lui-même de ne pas être capable de surmonter cette douleur. Mais malheureusement, Lyssa a raison. Il doit se reposer s'il ne veut pas que sa blessure empire. Alors il se contente de fixer son épouse avec envie tout en sachant qu'il ne pourra pas la toucher ce soir.
Lorsqu'elle vient se blottir contre lui, les couvrant tous les deux d'une couverture chaude, Ares la serre dans ses bras, peut-être un peu trop intensément mais souhaitant simplement se rassurer. Son contact contre sa peau est le meilleur remède qui soit. Il ne tarde pas à fermer les yeux et à plonger dans un profond sommeil sans rêve.

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Trois jours ont passé depuis qu'Ares est rentré en catastrophe au manoir, le ventre écorché. Aujourd'hui, ça va mieux. La plaie cicatrise correctement grâce aux soins que sa femme lui prodigue. Elle est très impliquée dans sa guérison et vérifie plusieurs fois par jour que la blessure ne s'infecte pas.
Ares sort tout juste de la douche, ses cheveux ruisselants sur ses épaules encore constellées de petites gouttes d'eau. Il attrape une serviette propre qu'il avait déposé sur le radiateur, s'essuie rapidement puis se l'accroche autour de la taille. Il s'approche ensuite du lavabo et passe une main sur le miroir pour y retirer la buée qui s'y est accumulée. Puis il inspecte son visage sous tous les angles et avec l'aide de sa baguette, il décide de se raser, estimant qu'il est plus que temps de le faire. Pendant ses trois jours, il s'est légèrement laissé aller mais chaque mouvement qu'il tentait de faire était une véritable torture.
Il entend alors du bruit à l'autre bout du couloir, provenant de leur chambre à coucher. Ares sort la tête de la salle de bain et aperçoit la chevelure blonde de sa femme occupée à faire il ne sait quoi dans leur chambre. Il sourit puis quitte la salle de bain pour aller la rejoindre, sa serviette toujours attachée autour de sa taille.
« Qu'est-ce que tu fais ? lui demande-t-il en s'adossant à l'encadrement de la porte, un sourire dessiné au coin des lèvres. Tu sais, j'ai pensé que demain, il faudra que je retourne au bureau si je ne veux pas alerter mes collègues sur ma situation. Je vais mieux, il n'y a pas de raison pour que je ne retourne pas travailler. La plaie est très propre, grâce à toi. »
Et pour prouver ses dires, Ares tire légèrement sur la serviette pour laisser entrevoir sa blessure qui commence déjà à disparaître.

Ares sourit lorsque Lyssa râle d'avoir été surprise par son mari. Il s'avance vers le lit et s'y allonge pour être plus près d'elle. Lorsqu'elle passe son doigt sur le gonflement de sa cicatrice, Ares tressaille légèrement. Non pas de douleur, mais d'excitation. Des petits points de chair de poule apparaissent sur sa peau tandis qu'un frisson lui parcourt l'échine. Lyssa ne semble pas le remarquer.
« J'ai un cadeau pour toi, dit-elle en tendant à son mari un écrin de velours. Je sais que plusieurs bijoux de ta famille ont disparu avec les années alors j'ai fait faire ça pour toi. Et j'y ai glissé un peu de moi à l'intérieur. »
Ares regarde sa femme un instant puis s'empresse d'ouvrir la petite boîte dans laquelle se trouve une chevalière en or avec les armoiries des Selwyn, les armoiries de ses parents, de ses grands-parents et de tous ces ancêtres qu'il n'a jamais connu. L'émotion le gagne tandis qu'il inspecte la chevalière sous tous ses angles. A l'intérieur, il remarque les deux mots écrits en français. Ares parle très mal le français mais il le comprend et ces mots « Pour toujours », son épouse lui a très souvent susurré à l'oreille.
Ares passe la chevalière à son annulaire gauche et tourne sa main, vers la droite, vers la gauche, pour admirer la bague. Puis il relève la tête, ses yeux pétillent lorsqu'il regarde sa femme.
« Lyssa... dit-il d'une voix douce. C'est un cadeau merveilleux, merci. Ça me fait vraiment plaisir. »
Il se penche vers elle, attrape le visage de sa femme dans sa main et l'attire vers lui. Il dépose un long baiser sur ses lèvres avant de se reculer.
« Et moi qui n'ai rien à t'offrir... à part du souci » dit-il en secouant la tête, déçu de lui-même.

Ares ne répond rien et se contente de sourire lorsque sa femme évoque le fait qu'il la couvre de cadeaux. Peut-être est-ce vrai mais il a besoin de le faire, il a besoin de prouver à Lyssa qu'elle ne manquera jamais de rien avec lui, qu'elle est en sécurité et ce tant physiquement que financièrement.
Puis Lyssa se place au dessus de lui et le visage d'Ares est balayé un instant par les cheveux de sa femme. D'un geste délicat, il les replace derrière son oreille et la laisse se frotter le nez contre le sien. Qu'il aime la sentir contre lui... Ses lèvres effleurent les siennes et Ares redresse la tête pour l'embrasser avant de se laisser retomber sur son oreiller.
« Le souci est passé, dit-elle tandis qu'Ares l'encercle de ses bras. J'ai confiance en toi. Je sais que peu importe ce qui arrivera, tu me reviendras toujours. Et moi je serais toujours là pour soigner tes blessures. »
Ares enfouit son nez dans ses cheveux et inspire l'odeur délicieuse de sa femme.
« Je peux compter sur toi et tu peux compter sur moi, lâche-t-il tout bas en embrassant son cou et la naissance de sa mâchoire.
— Tu as envie de quelque chose en particulier, aujourd'hui ? » demande Lyssa en se redressant.
Ares la regarde, non il la contemple, un sourire aux lèvres. Les mains posées sur les hanches de la jeune femme, il fait semblant de réfléchir à la question qu'elle vient de lui poser mais honnêtement, il n'y a pas à tergiverser bien longtemps. La seule chose dont il puisse avoir envie, là, maintenant, c'est de sa femme. Seulement, il ne veut pas lui avouer tout de suite, il veut la faire languir. Car après tout, il sait très bien que si elle pose la question, c'est qu'elle a quelque chose en tête.
« On pourrait aller se balader un peu autour du domaine, fait Ares innocemment en caressant le bas du dos de son épouse. Je pourrais t'aider dans la serre, si tu le souhaites ou je ne sais pas, on pourrait se promener le long du port. De quoi as-tu envie, toi ? »

Lyssa pose ses lèvres sur celle d'Ares et celui-ci succombe complètement, submergé par le désir. Tous les deux ne font plus qu'un, enlacés l'un contre l'autre. Les mains d'Ares se baladent sur le corps de la jeune femme, et dans un geste précipité, déjà le souffle court, le mangemort retire la chemise de Lyssa qui atterrit sur le plancher. Ares prend quelques secondes pour contempler sa femme magnifique, là, devant lui, et réalise à quel point il est chanceux de l'avoir à ses côtés. Sans elle, c'est sûr, il ne serait plus là à l'heure qu'il est. Puis il l'attire à lui et tous deux s'abandonnent l'un à l'autre, oubliant totalement les épreuves de la semaine passée.

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Les yeux rivés vers le plafond, Ares sourit, caressant doucement les longs cheveux de son épouse posée contre sa poitrine. Il se sent bien, cela fait bien des jours qu'il ne s'est pas senti aussi bien. La chambre est silencieuse, le calme après la tempête ; la respiration d'Ares peine d'ailleurs à retrouver son rythme régulier.
Comment pourrait-il survivre, sans Lyssa ? Un monde sans elle n'est même pas envisageable et pourtant, avec les risques que prend le mangemort chaque jour aux côtés du Seigneur des Ténèbres, Ares craint de plus en plus qu'il n'arrive quelque chose à son épouse. Si cela arrivait, jamais il ne se le pardonnerait, c'est certain.
Ares secoue la tête de droite à gauche, se forçant à chasser ses sombres pensées de son esprit. Tendrement, il dépose un baiser sur les cheveux de Lyssa.
« Je t'aime... » murmure-t-il, essayant de masquer du mieux qu'il peut l'air inquiet qui a ôté tout sourire de son visage.

Lyssa se redresse légèrement et lui sourit.
« Moi aussi, je t'aime, dit-elle mais son sourire s'évanouit tandis qu'elle se redresse un peu plus encore. Ares pourquoi tu as l'air si inquiet ? Est ce que quelque chose ne va pas ? »
Ares ne peut rien lui cacher, elle lit en lui comme dans un livre ouvert. Le mangemort la regarde un instant en lui souriant à son tour, un peu pour la rassurer.
« Tout va bien, lui dit-il, je t'assure. »
Mais en vérité, il sait très bien qu'il ne berne personne. Il n'a jamais été capable de mentir à Lyssa et s'il essayait, elle le découvrirait en moins de temps qu'il n'en faut pour dire « Nox ». Elle le connait trop, ils ne font qu'un, elle et lui.
« Mon amour... fait Lyssa en déposant sa main chaude sur sa joue. Cesse de t'inquiéter mon amour. Tout ira bien. Tu t'angoisses trop.
— Je sais, lui répond-il d'une voix calme, son regard plongé dans le sien. Je n'ai pas de raison de m'inquiéter de quoi que ce soit, du moment que je suis avec toi. »
Lyssa se penche pour l'embrasser et Ares lui rend son baiser, sa main glissant le long du dos nu de son épouse.
Bien sûr qu'il a des raisons de s'inquiéter. La vie qu'il fait mener à sa femme est dangereuse, elle l'accepte évidemment mais Ares ne peut faire disparaître cette sensation qu'il a de mettre volontairement la vie de Lyssa en danger. Peut-être a-t-il fait le mauvais choix en s'enrôlant chez les mangemorts. Peut-être aurait-il dû tout simplement se construire une vie rangée, avec sa femme, pourquoi pas des enfants, une vie reculée du reste du monde, une vie normale. Au lieu de quoi il risque sa vie chaque jour, et celle de sa femme également.
« Ares il faut que je te pose une question, fait Lyssa tandis qu'Ares poursuit ses caresses tendres le long de son dos. Une question sérieuse.
— Dis-moi ? Je t'écoute », dit Ares en haussant les sourcils, curieux et intrigué.
Qu'a-t-elle donc à lui demander ? Ou à lui annoncer ?

Lyssa se mordille la lèvre, cherchant ses mots. Ares lui sourit comme pour l'encourager.
« Est ce que tu m'en veux de ne pas encore t'avoir donné d'enfant ? » demande alors la jeune femme.
Ares ouvre aussitôt la bouche pour répondre mais Lyssa ne semble pas avoir terminé. Alors il reste silencieux et attend qu'elle poursuive, mourant pourtant d'envie de la rassurer sur le champ.
« Enfin je... la plupart des autres ont déjà des enfants, dit-elle, et nous ça fait six ans et...
— Et quoi ? demande Ares en fronçant les sourcils.
— J'entends les rumeurs sur nous, dit-elle en jouant sans vraiment s'en rendre compte avec le drap de leur lit. Je m'en fiche perso, je sais qu'on avait dit qu'on attendrait mais... »
Ares reste silencieux mais Lyssa ne rajoute rien. Elle fuit son regard, tête baissée, alors le mangemort porte sa main à son menton et l'oblige à le regarder.
« Est-ce ça qui t'inquiète ? demande-t-il, l'air un peu sévère. Le regard des autres ? Si c'est ça, sache que ça n'a aucune importance, ce qu'on peut dire de nous. Ils peuvent bien parler, ils ne connaissent rien à notre histoire si ce n'est le peu de choses que l'on veut bien leur divulguer. Mais si ce n'est pas les autres, le problème, alors... »
Ares se tait, son regard plongé dans celui de sa femme. C'est vrai qu'ils s'étaient dit qu'ils attendraient. Pour profiter de leur jeunesse, pour profiter de leur amour mais aussi pour prendre le temps de construire quelque chose de stable pour des enfants. Et c'est vrai également qu'à présent, cette stabilité, ils l'ont. Ils n'ont plus d'excuse. Pourtant, c'est la première fois que ce sujet revient sur le tapis depuis bien longtemps.
Même s'il n'en fait pas part à Lyssa, Ares n'aime pas penser à ça. Avoir des enfants, le mangemort ne s'en sent pas capable pour le moment. Comment pourrait-il être un bon père après tout ce qu'il a vécu ? Lui qui a passé des nuits entières torturé par ses démons, lui qui a été baladé de famille en famille avant d'enfin trouver sa place au sein de Poudlard ? Et s'il lui arrivait malheur et que l'enfant devienne comme lui l'a été, un orphelin, seul et abandonné de tous ?
Mais Ares sait très bien qu'il pourrait enfouir toutes ses inquiétudes au plus profond de lui-même s'il entendait de la bouche de Lyssa qu'elle souhaitait des enfants. Il serait prêt à lui en donner, comme il serait prêt à mourir pour elle.
« Et toi, qu'en penses-tu ? demande Ares en fixant toujours son épouse. Est-ce que tu en veux ? »

Lyssa sourit à Ares, un de ses sourires magnifiques qui fait fondre le coeur de son mari à chaque fois qu'il se dessine sur ses lèvres. Elle est tellement belle, comment peut-elle avoir épousé un type comme lui ?
« Oui, répond Lyssa. Oui j'en voudrais. Enfin... je crois. Mais seulement si tu es avec moi dans cette aventure. Parce que c'est toi et moi contre le reste du monde, pas vrai ? »
Ares inspire profondément, les yeux rivés dans ceux de sa femme.
« Bien sûr, lâche-t-il au bout de quelques secondes. Toi et moi contre le reste du monde. »
Le mangemort se force à sourire mais dans sa tête, c'est l'image de Lyssa, allongée par terre baignant dans le sang, inanimée après son accouchement, c'est cette image qui prend toute la place. L'image de sa mère, morte sur le carrelage du salon, dans cette même maison où ils vivent à leur tour. Avoir un enfant, d'accord. Mais si la même scène se reproduit ? Si Ares en venait à perdre la seule personne capable de le maintenir en vie ?
Le jeune homme pose délicatement sa main sur la joue de sa femme et dépose un baiser tendre sur ses jolies lèvres. Il est idiot de s'inquiéter pour tout ça. Lyssa est forte, plus forte qu'il ne le pense. Elle et lui contre le reste du monde.
« Quand tu dis que tu en voudrais, dit Ares, tu veux dire, maintenant ? Ou est-ce qu'on peut y réfléchir encore un peu, avant ? Ne te méprends pas, si tu veux un enfant, nous aurons un enfant. Je veux être sûr que c'est ce que tu souhaites vraiment et que ce n'est pas juste le fait que les autres aient eu des enfants avant nous qui te motive, même si je sais bien que les autres n'ont aucune espèce d'importance à tes yeux, et c'est bien là une des choses que j'aime chez toi, parmi tant d'autres, d'ailleurs. Je veux dire, tu imagines ? Un petit Ares à la maison ? Qui te retournerait toute la serre ? Une petite Lyssa qui fouillerait dans tes potions ? »
A ses mots, Ares sourit et cette fois-ci, il est sincère, son sourire. Un petit Ares... Peut-être que ça ne serait pas si mal, finalement.

Lyssa bascule sur le côté et Ares se retrouve au dessus d'elle, contemplant son épouse en se mordillant la lèvre inférieure. Les longs cheveux blonds de la jeune femme qui encadrent son visage, ses yeux brillants, ses lèvres fines, sur lesquelles Ares dépose un nouveau baiser, plus furtif, celui-là.
« S'il est comme moi, je ne sais pas si tu auras de la chance, fait le mangemort en retenant un sourire, mais ce qui est sûr, c'est que tu pourras dire adieu à ta tranquillité. Je lui apprendrai à rendre chèvre sa chère maman. »
Ares rit malicieusement avant d'embrasser le bout du nez de Lyssa. Puis celle-ci bascule à nouveau et Ares se retrouve en dessous, le visage balayé par la crinière blonde de sa femme. La conversation prend alors un ton un peu moins amusant, un peu plus sérieux et le sourire du mangemort s'efface quelque peu. Il en va même jusqu'à froncer les sourcils lorsque Lyssa évoque le fait qu'elle sera probablement une mère épouvantable.
« Je t'interdis de dire ça, grogne Ares, le visage dur. Tu seras une mère fantastique, tu es toujours parfaite, tu n'as pas le droit d'en douter. »
Si Ares est sûr d'une chose, c'est que sa femme est faite pour être mère, il n'a aucun doute là-dessus. Lui sera peut-être pitoyable mais elle, c'est impensable. Elle a ça en elle, c'est évident. Puis le visage du sorcier se détend légèrement mais son regard est fuyant, évitant de croiser celui de Lyssa. Comment avouer la vérité à son épouse sans qu'elle ne le prenne pour un fou ? Pourtant, il sait qu'il ne peut pas lui cacher plus longtemps ce qui le torture mentalement.
« Ce n'est pas que je ne veux pas d'enfant, dit-il, hésitant sur les mots à employer. C'est juste que... Je ne veux pas qu'il ait à vivre la même vie que moi, tu comprends ? Et... Et s'il t'arrivait quelque chose ? Comme c'est arrivé à ma mère ? Tu sais que je ne pourrais pas survivre à ça... »
Ares finit alors par regarder Lyssa et l'on peut lire la panique et la peur dans ses yeux.