Cette soirée m’avait tout chamboulé. Encore une fois –comme pour changer- mes deux meilleurs amis s’étaient disputés pour un rien, et j’avais dû intervenir. Mais pourquoi, par Merlin, pourquoi ne pouvaient-ils donc pas s’entendre comme tout le monde ? Pourquoi avais-je toujours des conflits entre mes propres amis ? C’était quelque chose que je ne comprendrais jamais. Je les appréciais de la même manière, ces deux-là. Et non, pourtant ils avaient décidé de se détester pour me rendre la chose encore moins supportable. Sortir quelque part avec Alex et Moran ? Impossible. Ou alors, il fallait qu’ils se tiennent le plus éloigné de l’autre possible, sinon c’était la guerre. Mais ils étaient bêtes, aussi ! Ils ne pouvaient pas s’empêcher de se chercher, et au final, ils se trouvaient. Parfois, je me demandais s’ils savaient réfléchir ou s’ils avaient une dragée de Bertie Crochue à la place du cerveau.

Le cachot s’était vite vidé et, au final, je m’étais retrouvé seul face à Némésis Draka, une charmante Serpentard qui, avouons-le ne me laissais pas insensible. Mais j’étais loin d’avoir des sentiments pour elle. Cette fille m’intriguait. Meilleure amie d’Alexandre, elle semblait avoir quelque chose, une aura envoûtante à la fois sensuelle et dangereuse. Je ne savais pas bien comment réagir face à elle lorsque nous nous trouvions face à face –ce qui arrivait rarement-, chose rare puisque ce n’était pas les idées de discussion qui me manquait. Ainsi, j’avais mon gentleman et avais entrepris de lui tendre mon bras à la manière des galants de l’époque. À ma plus grande satisfaction, la belle joua le jeu et posa sa main douce sur mon avant-bras et adopta une posture royale qui, avouons-le, lui allait à la perfection. Lentement, nous sortîmes hors des cachots et nous orientâmes en direction de l’extérieur du château. Le parc ? Le lac ? C’est finalement vers ce dernier endroit que nos pas nous guidèrent. Il faisait plutôt froid en ce milieu de soirée, et personne ne traînait dans les environs. En même temps, qui voulait se balader avec une température pareille ? Il n’y avait que les fous pour prendre ce risque. Alors, étions-nous des fous ?

« Dites-moi, je ne crois pas vous avoir aperçu au bal, vous n'y êtes pas allé ? »

J’esquissai un léger sourire en entendant son vouvoiement. Elle jouait vraiment le jeu, c’était ouf. Néanmoins, malgré son regard sur le mien, je décidai de ne pas tourner la tête et de contempler la lune. Nous marchions lentement, comme pour profiter de ce calme, loin du boum boum incessant de la fête. C’était vrai, je n’y étais pas allé. L’excuse de l’absence d’une éventuelle cavalière ne tenait pas vraiment debout, mais disons que je n’avais pas eu la tête à faire la fête. J’avais eu ce moment intense de nostalgie en regardant les flammes et le bois mourir à petit feu. Mes parents me manquaient, c’était un fait. Et ils allaient toujours me manquer. Je ne m’y faisais toujours pas, et pourtant j’étais bien obligé de faire avec.

« Exact. J’ai été pris d’un mal de crâne dès la fin des cours, j’ai donc préféré me reposer afin d’être plus en forme pour le reste de la soirée. »

Un mensonge comme un autre, oui. Mais je préférais garder certaines choses pour moi. Ce n’était pas le moment de me plaindre ni de me prendre en pitié. Quelque chose me disait qu’elle n’était pas insensible à ma personne, aussi me tournai-je vers elle, la lune éclairant mon visage et lui souriai.

« Par contre, toi, tu y allée, si je me trompe pas. »

Et je me demandais bien avec qui. Peut-être allait-elle me le dire d’elle-même ?