Heureusement, Moran était un garçon assez speed, qui savait réagir rapidement. Sans doute que la vie dans les Highlands l'avaient davantage formé que le Quidditch. bien qu'il soit un bon joueur, il était tout de même un garçon grand, aux épaules assez larges, et donc par définition, pas particulièrement souple. Mais il était toujours vif, et il savait réagir vite. Ainsi, lorsque la porte s'ouvrit, il réagit immédiatement en se saisissant de la main de Jenny pour la faire entrer dans l'armoire, où il la rejoint tant bien que mal. De là où ils étaient ils ne pouvaient pas voir grand chose, mais en s'approchant un peu de l'ouverture... Bim ! Il retint dans sa barbe un juron tandis que la Serdaigle ne se faisait pas prier. "Shhhht !" fit-il en collant un doigt contre la bouche de la jeune fille. Le Capitaine s'approcha de l'ouverture pour essayer de discerner une personne, mais il ne vit rien. Pourtant, quelqu'un était bel et bien entré. Il baissa les yeux vers elle - comme il était plus grand et la dépassait forcément - et afficha un sourire amusé. S'ils avaient été réellement seuls, il se serait bien permit un commentaire pour la mettre mal-à-l'aise. "J'vois personne" murmura-t-il doucement en fronçant les sourcils, "je ne compr..." ne put-il pas finir sa phrase puisque la porte de l'armoire s'ouvrait sur... Picott. Toute couleur disparue du visage du jeune homme, qui vira si soudainement au blanc qu'il dû déglutir pour regarder le concierge dans les yeux. "B'soir, M'sieur Picott" le salua-t-il bien mollement.

Moran eut tôt fait de faire taire Jenny, qui recula la tête comme elle pouvait car il lui écrasait la bouche avec son doigt. Oui d'accord, elle se taisait, bien qu'elle était persuadée n'avoir fait aucun bruit. Le Serpentard avait approché sa tête de l'ouverture et inspectait ce qu'il voyait de la salle. JAG mourrait d'envie de lui demander s'il s'agissait du concierge Picott, ou bien si ce n'était qu'un élève, mais elle garda le silence, et prêta l'oreille. À vrai dire, elle n'entendait rien de suspect et commença à se demander s'ils n'avaient pas pris peur pour rien...

Manifestement, son camarade paraissait se poser la même question.
▬ Je ne compr...
Mais, tout d'un coup, les portes de l'armoire s'ouvrirent et Jenny poussa un petit cri de surprise, dont elle ravala la fin en se rendant compte qu'ils se trouvaient devant le concierge.
Jenny baissa la tête, honteuse, et attendit, sans rien dire, n'osant même pas saluer Apollon Picott.
▬ C'est vous qui traînez ici et qui avez renversé les fanions de quidditch ?, demanda l'adulte sur un ton sévère.

Sans relever la tête, Jenny trouva le courage de répondre à sa question :
▬ C'est moi qui ai fait tout tomber.
Inutile de mettre sur le dos de Moran une bêtise dont il n'était pas responsable...
▬ Je ramasserai, promit-elle aussitôt.
▬ Je n'en attendais pas moins, répliqua Picott, et vous le ferez pendant une retenue.

Une retenue ! Par Merlin, Jenny n'en avait jamais eu !
▬ Mais, fit-elle en regardant cette fois-ci le concierge d'un air plein d'incompréhension, nous n'avons même pas dépassé le couvre-feu...
Tournant la tête vers Moran, elle espérait qu'il dirait quelque chose qui arrangerait leur situation.

Le visage de Moran perdit toutes les couleurs qu’il pouvait avoir lorsque le concierge ouvrit leur placard, avant de devenir rouge pivoine comme s’il avait été surprit avec sa petite amie. Le jeune homme, plus âgé, prenait pour lui la responsabilité de leur bêtise - y en avait-il seulement une ?! - et se sentit coupable pour Jenny. S’il avait été un peu moins joueur et moqueur, il aurait écourté leur entrevue un long moment auparavant, mais non. Le jeune homme avait eut besoin de repousser un peu plus les limites, comme toujours. Ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait face au concierge pour une raison incongrue : en première année, il s’était faufilé dans le bureau justement de Monsieur Picott pour voler quelques broutilles et s’était tout naturellement fait attrapé par celui-ci. Nul doute que le concierge également s’en rappelait, puisqu’il avait toujours nourrit à l’égard du garçon de profonds préjugés hérités de cet acte stupidement enfantin. Moran se racla péniblement la gorge tandis qu’il les interpellait. L’Ecossais allait répondre en disant que c’était de sa faute, mais il fut coupé dans son élan par la petite Serdaigle qui prenait la responsabilité de la chose. La bouche du garçon s’ouvrit pour se refermer ce qui lui donnait un air profondément stupide de botruc stupéfié.

Lorsque la sentence tomba et qu’ils furent tous les deux sortis, Moran se gratta l’arrière du crâne en se demandant s’il était judicieux de contester une retenue alors qu’ils n’avaient même pas perdu de points. C’est sans doute son ancien poste de préfet qui le fit articuler : “Ce n’est pas très honnête, M’sieur Picott. Laissez Jenny partir, c’est moi qui lui ai demandé de venir ici de toute manière. Vous savez comme moi que personne ne me résiste, hum”. L’humour et la boutade n’allait peut-être pas marcher sur le concierge mais au moins, il aura essayé. “Monsieur Powell” répondit le cracmol avec un air que Moran jugeait barbare sur le visage, “vous me récurerez la salle de fond en comble pendant une heure supplémentaire de retenue. Maintenant, rentrez à vos dortoirs respectifs, immédiatement”. Tant pis !

Picott n'était pas du genre à se laisser attendrir par des jérémiades. Les épaules de Jenny s'affaissèrent encore davantage quand elle comprit qu'il ne reviendrait pas sur sa sentence, et que Moran ne dirait rien pour les défendre. Les deux élèves quittèrent donc la salle des trophées, plus déprimés que jamais.

C'est une fois dehors que le Serpentard se mit à parlementer avec le concierge, appuyant sa négociation par une petite blague qui fit rougir derechef la Troisième année. Qu'est-ce que le concierge allait s'imaginer ?! Déjà qu'il venait de les surprendre cachés dans une armoire... D'un point de vue extérieur, ce ne pouvait que signifier quelque chose de louche. Si Picott en venait à écrire à ses parents pour leur dire qu'elle batifolait avec un garçon bien plus âgé qu'elle, c'en était fini de sa vie !
Le concierge décida sur le champ d'une sanction pour Moran avant de sommer les deux élèves de regagner leurs pénates.

Comme ils traversaient le hall d'entrée, s'éloignant de leur sévère juge, Jenny murmura à l'adresse de Moran :
▬ Tu n'aurais rien dû dire, c'était stupide...
Puis, après avoir salué son acolyte d'un signe de tête, elle s'élança dans les escaliers pour rejoindre sa Salle commune.
Ça lui apprendrait à se rendre à des rendez-vous louches !

Ce n'était pas la première fois que le beau et très pimpant Apollon Picott s'acharnait sur un élève et pire encore, s'acharnait sur lui. Bien qu'il n'eut pas fait ses preuves en tant que Préfet - car il n'était pas devenu Préfet-en-Chef, on se demande pourquoi... - Moran pensait candidement que le vieux cracmol allait lui lâcher la grappe pour sa dernière année au château. La sentence dont il venait d'écoper contrecarrait tous ses plans et contredisait tous ses espoirs. Comme ils traversaient le hall d'entrée pour rentrer à leur dortoirs, le jeune homme s'arrêta près des escaliers qui menaient aux cachots tant redoutés de l'École de Sorcellerie. "Bah ! Au moins, j'aurais essayé, non ?" demanda-t-il en ponctuant sa phrase d'un geste inutile de la main, "mais de rien, au passage...". Car en attendant, c'était lui, et non pas elle qui avait écopé d'une heure de retenue supplémentaire. Cela ne le dérangeait guère du moment qu'elle ne tombait pas pendant l'entraînement de son équipe. Le jeune homme ne vivait que dans l'idée de remporter la coupe en assumant de capitanat des Serpentards, et il ne saurait tolérer de rater un entraînement parce qu'il avait été trop plaisantin pour parlementer avec le concierge le plus détesté depuis l'an 1740. "Bonne soirée, du coup, et désolé pour ton rendez-vous galant manqué" lui lança-t-il. Sans attendre de réponse particulière, il s'élança dans les escaliers qui s'enfonçaient dans les ténèbres de Poudlard.

coucou :