Voilà deux semaines que Luzia "fréquentait" Evan Rosier. Ils avaient pris l'habitude de se retrouver durant les rondes de la Préfète - qui ne surveillait alors plus grand chose... Luzia n'en avait rien dit à ses amies, cultivant le secret.
Mais maintenant, elle culpabilisait en voyant son jardin secret contenir autant de plantes... Les amies, n'était-ce pas fait pour que l'on pût tout se dire ?
La jeune fille, un roman de Melenie Steyer sur ses genoux, tentait de lire, mais force était de constater que ses pensées ne suivaient pas le récit. L'Espagnole était vraiment préoccupée. Elle était si contente qu'un garçon comme Evan s'intéressât à elle ! Mais elle n'avait personne avec qui partager son enthousiasme.

Mais Hestia, sa grande amie, était là, assise à côté d'elle sur un des canapés postés devant les grandes cheminées de la Salle Commune de Poufsouffle, rédigeant une lettre. C'était le moment où jamais.

Galvanisée, Luzia referma son roman et se tourna vers Hestia, appuyant son dos sur l'accoudoir du canapé, et calant son pied droit sous sa cuisse gauche.
▬ Hestia, je dois te dire quelque chose d'important. Mais j'ai besoin que tu gardes le secret. Promis, juré ?

Elle avait conscience de laisser planer un grand mystère, mais voulait être sûre que Hestia ne cafterait pas.

Citation :

Ouvrir un sujet ▬ 2 dragées

Il était tard ce jour-là. Le feu de la cheminée réchauffait la grande pièce des Poufsouffle et donnait une atmosphère chaleureuse à la pièce. Plusieurs jeunes sorciers étaient présents. Hestia était assise sur une canapé, aux cotés de son amie Luzia, qui lisait un livre. Hestia, quant à elle, écrivait une lettre à sa famille. Elle n"y tenait plus, elle voulait des nouvelles de son père. Après son séjour à Ste Mangouste, elle n'avait pas osé troubler son repos et n'avait donc pas envoyé de lettre pour prendre de ses nouvelles. Mais elle s'était résolue à le faire, il lui manquait bien trop et elle était inquiète, surtout qu'elle rêvait toutes les nuits de ce qui leur était arrivé, et cela l'angoissait terriblement. Peut-être qu'en parlant avec son père ses cauchemars allaient cesser et qu'elle pourrait retrouver un sommeil convenable.
Hestia sentit son amie remuer avant d'entendre :"Hestia, je dois te dire quelque chose d'important. Mais j'ai besoin que tu gardes le secret. Promis, juré ?". La jeune fille leva les yeux vers son amie. De quoi pouvait-elle bien vouloir lui parler de manière aussi secrète ? Non pas que cela l'étonnait qu'elle se confie à elle, après tout elles étaient amies depuis le début et partageait leur dortoir, ce qui créait des liens forts. Ce qui était étrange, pas contre, c'était qu'elle veuille qu'Hestia garde un secret. Après tout, elles faisaient toutes partie d'un groupe d'amies, avec Marlène, Maya et Amélia, et généralement elles ne se cachaient rien. Enfin bon, ça changeait de Marlène qui tenait Hestia à l'écart de sa vie à cause de la manie de sa meilleure amie Bertha à tout vouloir savoir... Le fait que Luzia désirait lui confier quelque chose réchauffa le cœur d'Hestia. "Tu peux compter sur moi, tu le sais Luzi ! Promis, juré !" dit-elle en levant la main droite de manière assez théâtrale.
La jeune Poufsouffle se demanda ce que son amie allait lui dire. Serait-ce à propos de son ex, Dowey ? Avaient-ils décidé d'essayer de nouveau ensemble ? Ou peut-être allait-elle lui parler de Darius, le Serdaigle qui la dévorait des yeux depuis la rentrée ? Ou alors cela n'avait rien à voir avec un garçon...
Hestia posa alors sa plume et on papier sur la petite table qui se trouvait devant le canapé et se tourna vers Luzia, prête à l'écouter.

Comme elle s'y attendait, Hestia laissa de côté la lettre qu'elle rédigeait et, levant la main à la manière d'un serment, jura qu'elle garderait le secret que Luzia lui raconterait. Cette dernière rigola un peu devant sa copine, avant de retrouver son sérieux.
▬ Il ne faudra pas le dire aux autres filles non plus, ajouta-t-elle, un peu gênée. Je ne sais pas comment elles le prendraient, je ne sais pas si ça durera assez longtemps pour que ça vaille le coup de les mettre au courant...
Consciente qu'elle parlait en des termes énigmatiques, Luzia prit une grande inspiration, le visage baissé vers ses genoux, et révéla alors :
▬ Depuis quelques temps..., vraiment pas longtemps, je vois un garçon.

En une situation normale, elle l'aurait dit avec un sourire malicieux, et aurait observé son amie pour jauger sa réaction. Sauf que, là, elle craignait justement la réaction de sa copine – parce que le garçon était un Serpentard, et parce qu'il avait tout sauf la réputation du garçon sympathique. Luzia avait aussi peur que Hestia lui reprochât de lui avoir caché ce début de relation.
Seulement, elle avait commencé à dérouler son histoire et ne pouvait pas s'arrêter ainsi. Avalant sa salive avec difficulté, l'Espagnole se força à poursuivre.
▬ C'est juste que ce n'est pas le petit-copain parfait. En fait, je ne sais même pas si je peux l'appeler ainsi.
Luzia fronça les sourcils, s'emmêlant dans ses explications.
▬ Tu ne vas sûrement pas comprendre, mais il faut que tu m'écoutes jusqu'au bout. Et promets-moi de ne pas mal réagir, s'il te plaît.

Encore une promesse – combien faudrait-il que Hestia en fît avant que Luzia ne se décidât à cracher le morceau ?

Luzia tenait visiblement énormément à son secret, si même leurs copines ne devaient pas être au courant... Hestia sentit qu'elle allait lui révéler quelque chose d'énorme ! Lorsque l'espagnole parla de durée, son amie était de plus en plus perdue. Mais de quoi voulait-elle parler d'aussi secret enfin ? Cela commençait presque à l'inquiéter ! Enfin, les mots sortirent. C'était bien un garçon qui se cachait derrière tout ce mystère. Il n'était, selon les dires de Luzia, pas là depuis longtemps, mais bien assez pour faire tourner la tête de la Poufsouffle. "Continue !", dit Hestia impatiente maintenant de savoir quand, comment, où, mais surtout : qui !
Luzia poursuivit en expliquant que le jeune homme n'était pas un petit copain parfait et qu'elle ne savait même pas si elle pouvait le nommer ainsi. Hestia arqua un sourcil. Cette histoire semblait compliquée dès le début, et cela n'augurait rien de bon... Mais l'anglaise la laissa finir sa phrase sans rien dire. Quand elle lui demanda de jurer de nouveau, mais de ne pas mal réagir cette fois, Hestia sourit. "Je te promets de bien réagir, ou au moins d'essayer ! Aller, dis moi tout !" la pressa-t-elle sans le vouloir. La jeune fille brune avait bien trop fait croître le suspens ! Hestia attendait impatiemment de connaître le nom de ce mystérieux garçon dont personne ne devait connaître l'existence. Ce que c'était excitant de vivre les histoires de ses copines par procuration ! Peut-être qu'un jour ça serait au tour d'Hestia, mais pas pour le moment, alors elle se contentait d'écouter ses amies lui parler de garçon et de sentiments amoureux.

C'était terrible pout Luzia. Elle en avait trop dit et en même temps pas assez. Elle ne pouvait plus faire marche arrière, mais peinait tout autant à avancer, à cracher le morceau. Résultat, Hestia la regardait, un peu ahurie, et surtout pleine d'impatience, l'encourageant à poursuivre.
Ce ne fut que lorsque qu'elle promit pour la deuxième fois de garder secret la confidence de Luzia que cette dernière serra les dents, prête à tout dire. Elle sentait qu'elle pouvait avoir confiance en Hestia, sans souci. Mais le dire, mettre des mots sur ce qu'elle vivait, c'était rendre la chose vraiment réelle, n'est-ce pas ? Or, Luzia ne savait pas vraiment si elle assumait sa relation avec Evan Rosier. Cela ne lui ressemblait pas de fricoter avec un garçon dont les valeurs étaient à l'opposé des siennes. Cela ne lui ressemblait pas non plus de ne plus assumer ses fonctions de préfète parce qu'elle passait le temps de ses rondes à bécoter Evan dans un coin du château...

▬ Depuis deux semaines, commença l'Espagnole, et je ne sais pas vraiment comment ça s'est fait, je sors - elle mima avec ses doigts des guillemets - plus ou moins avec... Avec Evan Rosier.

C'était dit ! Mais elle ne put s'empêcher de rajouter à toute vitesse :
▬ Mais je t'assure qu'il est très différent que ce qu'il laisse paraître ! Il est vraiment sympa et attentif !
Un sourire timide fleurit sur les lèvres de Luzia dont le teint rosissait de plus en plus...

Hestia le sentait : Luzia allait parler ! Bien qu'elle mette du temps, ce qui annonçait une grande nouvelle, les mots semblaient enfin pouvoir sortir de sa bouche. Stressée, Luzia se lança.
Depuis deux semaines elle sortait avec le Serpentard Evan Rosier. Elle précisa "plus ou moins". Mais le résultat était le même. Luzia expliqua ensuite qu'il était différent de l'image qu'on en avait. Sympa ? Attentif ? Avait-il été attentif aux cris de Jane lorsqu'elle avait ouvert son calendrier de l'avant pour y trouver un épouvantard ? Hestia avait vu son regard, à ce moment là, et il était loin d'être sympathique. Non, elles ne parlaient décidément pas du même Rosier. Hestia regarda son amie, incrédule. Luzia était douce, gentille, bienveillante... Comment pouvait-elle passer du gentil Dower à Rosier ? Celui qui aimait terroriser les autres, qui détestait les gens comme elles, les sangs-mêlés... "Rosier ?" murmura Hestia. Elle avait besoin d'être sûre qu'elles pensaient bien au même garçon.
"Comment ça s'est fait ?" demanda-t-elle, cherchant plus à comprendre qu'à critiquer. Oui, elle devait comprendre son amie avant de dire quoi que ce soit, avant de juger. Après tout elle avait promis d'essayer de bien réagir, et Luzia était une de ses plus proches amies, elle lui devait bien ça.

Le visage de Hestia reflétait une intense sidération quand Luzia cracha le morceau. Bien évidemment, l'Espagnole ne s'était pas attendue à autre chose, mais elle paniqua quand même devant ce regard perplexe. Son amie ne comprenait pas. Luzia lui sut gré de ne pas s'être exclamée au beau milieu de la Salle Commune bondée.
Passé quelque temps, la belle Hestia lui demanda des explications - là aussi, l'Espagnole s'y attendait et entama son récit, qu'elle avait préparé en amont de la conversation. Elle lui raconta comment elle avait vraiment rencontré Evan à l'infirmerie, au printemps de l'année précédente, alors que tous deux avaient été blessés à la suite d'un match de quidditch.
▬ Nous avions tous deux reçus un cognard de la part de Moran, se souvint la jeune fille.
Elle conta combien elle l'avait trouvé sympathique et différent, soucieux de savoir si elle allait bien.

▬ On a continué à se rencontrer car il avait besoin d'aide pour la botanique, poursuivait-elle en osant à peine regarder Hestia.
Luzia passa en revue les lettres échangées pendant les vacances d'été, tandis qu'elle était sur la croisière et lui en Transylvanie, dans sa famille, les moments passés ensemble quand elle devait effectuer ses rondes.
▬ Et un soir... Nous nous sommes embrassés et... ça a commencé ainsi.

C'est avec un sourire un peu mièvre que Luzia se remémora les premiers baisers échangés avec Evan. Mais elle redescendit sur terre quand elle regarda de nouveau Hestia.
▬ Oh..., je sais ce que tu penses mais... Tu ne m'en veux pas, hein, supplia Luzia.

Hestia écoutait attentivement son amie, cherchant à déceler une trace d'humour, peut-être, mais il n'y en avait aucune. Luzia était plus que sérieuse et semblait réellement sous le charme d'Evan Rosier. Etait-ce vraiment en train d'arriver ? Au fur et à mesure que son amie parlait et expliquait ce qu'il se passait entre les deux jeunes sorciers, les yeux d'Hestia s'arrondissaient encore et encore sous l'effet de la stupéfaction. D'accord, elle avait juré d'essayer de bien réagir. Mais on parlait de Rosier, LE Rosier. Le méchant Sang-pur par excellence : condescendant, haineux, superficiel, calculateur, prompt à martyriser tout ceux qui ne partagent pas la pureté de son sang, horrible en somme. Comme la belle, douce, jolie et intelligente Luzia pouvait voir quoi que ce soit de bon en lui ? Elle avait du bien creuser, ou alors il jouait avec elle. C'était le plus probable, mais Hestia se garderait bien de le dire aussi clairement, de peur que Luzia ne le prenne pas bien, voire refuse de continuer à lui parler. Bon, d'accord, il fallait bien avouer qu'Evan était assez séduisant, comme garçon. Une mâchoire carrée, des yeux profonds, même s'ils reflétaient son âme noire. Nombre de filles avaient surement rêver de lui, mais pas la jeune Jones. Elle se fit la réflexion que si Moran avait gardé ses cognards tout ceci ne serait jamais arrivé... Bon sang ! Moran !
Lorsque l'espagnole demanda à son amie si elle lui en voulait, Hestia s'offusqua presque. "T'en vouloir ? Mais enfin Luz, les sentiments ne se contrôlent pas ! Comment pourrai-je t'en vouloir alors que ce n'est pas de ton fait ?" s'écria-t-elle. Hestia n'était pas le genre de copine à en vouloir aux autres à tout bout de champs, bien au contraire même.
Elle ferma ensuite les yeux et prit une grande inspiration. Elle devait tenter de bien réagir, elle l'avait promit. Elle tenta de chercher, au fin fond de sa mémoire, des souvenirs de l'intéressé positifs. Elle chercha, vraiment. Mais rien. Parce qu'il n'avait jamais rien fait de bien à Poudlard, ou en tout cas pas à sa connaissance. Elle rouvrit les yeux. "Ecoute, Luzia, je vais être franche avec toi, d'accord ? Je ne connais rien d'Evan, à part ses nombreuses frasques. A mes yeux, il ne fait rien de bien. Mais, si toi tu me dis qu'il est bon avec toi, alors je te crois. C'est inconcevable pour moi, mais je te crois. Je te demanderai juste de faire bien attention à toi, d'accord ? Si tu es heureuse, moi ça me va. Mais gare à lui s'il te fait du mal !" dit-elle en levant le poing. Hestia devait au moins lui demander de faire attention à elle, c'était la moindre des choses. Pour ne pas perdre son amie ou la fâchée, elle acceptait d'être compréhensive, en espérant sincèrement que rien de mal ne se produise...

Luzia craignait que Hestia ne le dît qu'elle commettait une erreur. Elle avait conscience de former un couple atypique - impossible serait le mot -, elle savait que Evan n'était pas parfait, que son éducation l'avait gâté. Mais elle espérait aussi le ramener dans le droit chemin. Et elle était en train de réussir, elle en était persuadée !
Lorsque Hestia assura vivement qu'elle ne lui en voulait pas le moins du monde, Luzia lâcha un soupir de soulagement sonore.
▬ Ouf, j'ai cru que... Comme en plus je t'en ai pas parlé tout de suite...
C'était sans compter sur le terrain bienveillant de son amie. Luzia eut un sourire - elle croyait le meilleur de Evan, et redoutait le pire de sa meilleure amie ; c'était le monde à l'envers !

Pour autant, ce n'était pas terminé, la jeune fille le sentait. Hestia semblait réfléchir, comme si elle cherchait ses mots. Luzia joua frénétiquement avec une mèche de ses cheveux, cachant mal son malaise.
▬ À mes yeux, il ne fait rien de bien. Mais, si toi tu me dis qu'il est bon avec toi, alors je te crois. C'est inconcevable pour moi, mais je te crois.

Luzia se força à regarder son amie bien en face.
▬ Oui, je fais attention à moi. Vraiment, je le teste tout le temps...
Cela lui faisait de bien que Hestia la soutînt, et fut prête à s'en prendre à Evan si cela tournait au vinaigre.
▬ Je suis sûre que nous n'en viendrons pas à de telles extrémités, souffla Luzia. Et puis, je suis une grande fille. En tout cas, merci de m'avoir écoutée.

C'était un soulagement : elle s'était déchargée de son poids, avait atténué la culpabilité de garder son secret.
▬ Et toi, Hestia, tout va bien ?
Elle avait remarqué les plis soucieux qui marquaient le front de la Poufsouffle depuis quelques temps...

Le soupir de soulagement de la jeune espagnole fit sourire Hestia. Luzia était une fille à laquelle la jeune fille tenait beaucoup : elle était douce, gentille, amusante et compatissante. C'était une amie en or, alors jamais elle ne pourrait lui en vouloir pour quelque chose, à moins que cela soit vraiment très très grave. Mais, en occurrence, ça ne l'était pas. Elle était juste tombée amoureuse d'un garçon peu recommandable et avait attendu avant d'en parler à sa camarade jaune. Quoi de plus normal quand on voyait la réputation d'Evan Rosier et la méfiance d'Hestia à son égard ! Mais la Poufsouffle avait bien réagit, même si elle s’inquiétait pour Luzia.
Les doigts de Luzia s'entremêlaient dans ses cheveux, encore et encore. Elle était stressée, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Mais Hestia devait lui dire ce qu'elle pensait de ça, c'était obligatoire, elle ne pouvait pas passer à coté ! Hestia pouvait bien réagir, elle l'avait promis, mais elle ne pouvait pas ne pas lui dire quelle ne trouvait pas qu'Evan soit le petit ami idéal. Luzia devait savoir qu'elle s'en méfiait.
"J'espère !" dit-elle en croisant les doigts. Non, Hestia ne voulait pas en arriver là, déjà parce que le Serpentard était bien plus fort qu'elle, mais aussi et surtout parce que cela voudrait dire que son amie aurait souffert d'une quelconque façon... "C'est normal, je suis là pour ça." s'exclama Hestia en posant sa main sur l'épaule de son amie.
Si tout allait bien ? Non, pas vraiment. Luzia le savait, elle était la témoin privilégiée des cauchemars incessants de la jeune Jones. Mais comment lui expliquer ? Son père avait été attaqué, mais tout Poudlard devait déjà être au courant de ça. Ce que les gens ne savaient pas, c'était à quel point cela avait secoué la jeune fille... "Je ne sais pas..." murmura la blairelle. Avait-elle envie d'en parler ? Peut-être, peut-être pas... "C'est depuis l'attaque de mon père."

À présent que Luzia avait vidé son sac et était rassurée quant à son amitié avec Hestia, elle pouvait désormais se consacrer entièrement à son amie. Elle remarquait à présent les cernes de la Poufsouffle, ses traits tirés... Hestia était une jeune fille comme Luzia - sans histoire et sans problème. Que pouvait-il la préoccuper de la sorte ?
▬ Je ne sais pas, hésita-t-elle avant de lâcher : C'est depuis l'attaque de mon père.

Luzia se sentit alors vraiment mal. Obnubilée par ses émois avec Evan, elle avait complètement laissé de côté cette attaque qui avait défrayé la chronique, car, en vérité, Hestia avait semblé bien tenir le choc. Il semblerait que ce n'était qu'une apparence. D'ailleurs, Luzia n'avait pas beaucoup d'éléments en main, et ne savait pas vraiment ce qu'il s'était passé, ignorait la gravité du fait. Hestia était une jeune fille discrète, et elle avait su se faire oublier.
▬ Oh, Hestia, je manque tellement de tact, rougit Luzia en saisissant les mains de sa copine. J'ai été tellement inattentive !

L'Espagnole se sentait tellement mal, qu'elle s'en voulait presque d'avoir posé la question... Néanmoins, l'abcès était crevé.
▬ Tu veux en parler ?
Car Hestia pouvait aussi choisir de garder ses pensées pour elle-même.

Citation :

Lo siento por este largissimo retraso...

Luzia avait toujours été une bonne, même une très bonne, amie. Elle avait de nombreuses fois réveillé la jeune Jones alors qu'elle n'arrivait pas à revenir du pays des songes, avait pris soin d'elle lorsqu'elle été malade, avait pensé à ses anniversaires, l'avait aidée quand elle n'arrivait pas à faire des devoirs... Bref, la jeune Ozores était une des meilleures amies d'Hestia, qui ne lui tenait donc absolument pas rigueur de son manque d'attention envers elle. Au contraire même, la blairelle comprenait parfaitement que son amie avait eut d'autres choses auxquelles penser, notamment à Evan Rosier, son tout nouvel amoureux... Après tout, sortir avec un Serpentard tel que lui devait avoir un impact assez important sur ses pensées, elle devait s'être longuement demandé s'il était sincère, ou encore si elle avait le droit de s'autoriser à aimer un jeune homme aussi particulier disons que lui. "Ne t'en fais pas pour ça, Luz, ce n'est pas grave" dit-elle en offrant un petit sourire tout à fait sincère à sa copine.
Hestia voulait-elle en parler ? Pas vraiment, car cela remuait beaucoup trop de tristesse et de colère en elle, mais la jeune femme savait pertinemment que cela lui ferait du bien de se confier à sa camarade de dortoir. "Oui et non..." murmura Hestia. "Je ne sais pas vraiment quoi dire, à part que je me sens particulièrement faible et incapable d'agir..." déclara-t-elle en se souvenant du moment précis pendant lequel son père avait été attaqué et qu'elle été restée cachée derrière une poubelle sans pouvoir agir.

Hors RP:

Même si Hestia lui assura que ce n'était pas grave, le sentiment de culpabilité ne quittait pas Luzia. Elle attendit donc, tendue, que Hestia veuille bien lui dire quoi que ce soit. Elle savait bien que son amie était bouleversée - les cauchemars récurrents le prouvaient.
C'est alors que Hestia lui avoua son sentiment d'impuissance.

L'Espagnole hocha la tête et saisit la main de son amie.
▬ J'imagine... C'est tellement injuste ce qu'il vous arrive.
Injuste, mais pas rare, à en juger les nouvelles sombres que rapportait la Gazette. Et encore, son père l'avait avertie que la Gazette ne disait pas tout. Des maisons étaient détruites, des personnes disparaissaient, d'autres démissionnaient de leur travail. Selon Gomez Ozores, ces affaires n'étaient pas isolées et pourraient bien avoir un lien.
▬ Vous connaissez les coupables ? Aurez-vous les moyens de les connaître ?

Car s'ils étaient attrapés, ils seraient jugés par le Magenmagot et punis par une peine à Azkaban. Cela ne réparerait pas tout, mais donnerait à Hestia le sentiment d'être moins impuissante.

Injuste était le mot. Oui, son sang-pur de père avait épousé une sang-mêlée. Oui, le petit couple avait donné naissance à deux sang-mêlés, Hestia et son petit frère. Oui, son cher père avait donc quitté le monde des chers sang-purs par amour et avait formé une jolie petite famille. Mais tout cela rendait-il son père coupable de quoi que ce soit ? Cela faisait-il de lui une personne mauvaise ? Non. Le patriarche Jones était un homme bon, doux, gentil, attentionné, intelligent et doué en magie. Il était un bon père, un bon mari, un bon historien et un bon magicien. De quel droit ces gens se permettaient de juger sa vie sur une décision qu’il avait prise il y avait des années de cela et qui avait guidé le reste de sa vie, en bien d’ailleurs ! « Oui, injuste est le mot… » murmura la jeune fille.
Avait-elle de quoi les reconnaître ? Leur voix… Hestia ne pourrait jamais oublier la voix de ses deux femmes, ainsi que leur regard… Oui, il suffirait qu’elle les entende parler pour les reconnaître, elle en était persuadée. « J’ai entendu leur voix », annonça-t-elle. « Je pourrai les reconnaître ». Pouvait-elle vraiment faire cela ? Arriverait-elle à retrouver celles qui avaient attaqué son père ? A ce moment-là, la jeune Jones se promit d’essayer.

HORS RP:

Étonnant comment écouter les soucis des autres vous éloignait de vos propres angoisses. Luzia, attentive, se disait que son histoire avec Evan était franchement ridicule par rapport à ce qui était arrivé à la famille de Hestia. L'Espagnole entrelaça ses doigts avec ceux de son amie dans un geste qui se voulait réconfortant. En vérité, elle se sentait cruellement impuissante et ne trouvait pas les mots qui auraient pu remonter le moral de Hestia. Ce geste était bien insuffisant, mais c'était tout ce qu'elle trouvait pour le moment.

Ce n'est que lorsque la jeune Hestia Jones indiqua qu'elle se sentait capable de reconnaître les voix des agresseurs de sa famille que Luzia se redressa.
▬ Tu en es sûre ?, fit-elle avec insistance. Mais... Mais ça pourrait permettre leur arrestation !
Dans son esprit, c'était aussi simple que cela.
▬ Cela dit, ça va être compliqué de les trouver, ces coupables. Ce pourrait-être n'importe qui, ou presque.
Le regard de Luzia rencontra celui de Hestia.
▬ Veux-tu débusquer les coupables ?

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