Sybille était plongée dans un vieux manuel de divination, dont le temps avait abîmé les pages et effacé l’encre à certains endroits. Du moins, c’est ce qu’il semblait. Pourtant, depuis un quart d’heure qu’elle était installée dans un petit fauteuil de la salle de repos, Sybille n’avait pas tourné une seule page de son livre. Discrètement, son regard s’envolai par-dessus le grimoire, se perdant de l’autre côté de la salle. Là-bas, Ludovic Verpey parlait Quidditch avec quelques-uns de ses amis. Sybille était trop loin pour entendre la conversation mais, en tout état de fait, elle se moquait bien du Quidditch, elle n’y comprenait, à vrai dire, pas grand-chose. Ce qui l’intéressait d’avantage, c’était d’observer le jeune homme, d’écouter son rire, un air rêveur planté sur le visage. Si seulement il avait pu tourner la tête de son côté, croiser son regard.

A peine formula-t-elle cette pensée que Ludovic pivota vers elle. Sybille, soudain paniquée à l’idée d’être prise en flagrant délit de contemplation intensive, plongea à nouveau derrière son livre. Elle était stupide, elle s’en rendait compte. Ludovic se fichait pas mal d’elle, à vrai dire. Elle le croisait régulièrement, lui souriait bêtement, et, s’il lui rendait poliment son sourire, il n’avait jamais cherché à lui parler. Elle était bien trop inintéressante pour quelqu’un comme lui. Pourtant, elle avait beau être assez lucide sur ses potentielles chances de séduire un jour le beau Ludovic, elle n’en était pas moins irrémédiablement attirée. Elle n’y pouvait rien. Lorsqu’il était dans le coin, qu’elle entendait sa voix, elle ne pouvait pas s’empêcher de laisser son regard glisser vers lui, simplement pour le voir, l’entendre rire. Et, parfois, elle se mettait à penser à lui alors qu’il n’était même pas là.

Sybille attendit un certain temps. Quand elle jugea qu’elle pouvait relever les yeux sans risque, elle reprit son observation. L’avantage, c’est que rares étaient les élèves qui se souciaient réellement d’elle. Assise dans le fond de la salle, personne ne s’intéressait réellement à ce qu’elle faisait. Elle avait ainsi tout le loisir de laisser ses yeux vagabonder à leur guise.

« Salut Sybille ! »

Nom d’un troll ! Sybille sursauta en entendant son prénom. Le livre s’échappa de ses mains et alla s’écraser au sol dans un bruit sourd, froissant les pages déjà abîmées. Elle releva la tête vers Meagan, qui venait de la rejoindre.

« Oh euh … salut Meagan, bégaya-t-elle. Tu … tu vas bien ? »

Sybille se baissa, ramassant son livre et tentant de cacher le rose qui lui était monté aux joues. Son amie avait-elle remarqué ses regards rêveurs en direction du jeune Poufsouffle ? Elle espérait que non, elle n’avait nulle envie de discuter de ça. Ni avec Meagan, ni avec qui que ce soit d’autre.