La petite dernière de la famille | McKinnon, McLane & Dearborn

ORDRE DU PHÉNIX

Caradoc n'avait, de toute sa vie, jamais vu son père aussi nerveux. Amadeus était d'ordinaire un sorcier paisible, dont les sautes d'humeur étaient fort rares. Cela tenait probablement en grande partie à son métier : en effet le calme était une qualité primordiale chez un dresseur de trolls. Pour parvenir à se faire écouter et respecter par ces créatures dotées d'une intelligence limitée, il fallait déployer des trésors de patience, et rester d'humeur égale. Il en résultait qu'Amadeus était l'incarnation même de la force tranquille. Aujourd'hui toutefois, il n'en allait pas de même, ce qui intriguait Caradoc et le rendait lui-même un peu nerveux.

Ce 9 juillet 1975 n'était en effet pas une journée comme les autres, car les Dearborn avaient organisé un barbecue en famille : jusque-là, rien qui ne justifie une telle fébrilité, me direz-vous. Amadeus était un cuisinier assez couru dans le voisinage, et la réputation de ses côtelettes d'agneau marinées n'était plus à faire. Non, l'exceptionnel de cette journée tenait non pas au barbecue en lui-même, mais à la famille qui y était invitée. Depuis quelques semaines, un vent de tempête soufflait sur Loutry Sainte Chaspoule, et tenait en deux mots : Marlene McKinnon. Caradoc avait appris, complètement par hasard, l'existence de sa petite soeur, fruit d'une union qu'Amadeus leur avait toujours cachée, à Phoebus et lui. A présent âgée de 15 ans, Marlene avait souhaité connaître son père et s'était retrouvée, par un concours de circonstances assez peu banal, sur le chemin tranquille des Dearborn. La surprise avait été totale, et le placide Amadeus avait mis plusieurs jours à digérer la nouvelle, avant de manifester le désir de faire la connaissance de sa fille. Par l'intermédiaire de Caradoc, tous deux avaient fini par se rencontrer quelques semaines auparavant, avec Phoebus qu'il avait été impossible de tenir éloigné tant ce dernier avait été emballé de savoir qu'il avait une soeur !

La famille Dearborn avait ainsi accueilli un nouveau membre, qu'aujourd'hui il s'agissait de présenter au reste de la famille : les Dearborn à dire vrai n'en avaient pas beaucoup, si ce n'est les McLane, les oncle et tante des jumeaux, et leurs deux fils Arthur et Elliott. A la mort de Hvedra, la mère de Phoebus et Caradoc, Amadeus avait plus ou moins perdu le contact avec sa belle-famille, et les Dearborn s'étaient retrouvés en petit comité, seuls contre l'adversité. A table cependant, ils seraient aujourd'hui neuf, car Marlene venait accompagnée de sa mère Moira, qu'Amadeus allait revoir pour la première fois depuis près de seize ans maintenant. Caradoc sentait parfaitement que c'était cela qui avait maintenu son père éveillé une partie de la nuit (il l'avait entendu se lever à plusieurs reprises... !), et s'en amusait un peu tout en se demandant comment les choses allaient bien pouvoir se passer : et si tout dérapait en une immense dispute ? Il n'y avait aucun moyen de le prévoir, et de toute façon il était déjà trop tard, Caradoc, qui se trouvait dans la cuisine, entendit des éclats de voix dans la cour : leurs invités arrivaient. Il s'essuya les mains dans un torchon, tandis qu'Amadeus, le brave Amadeus qui faisait toujours preuve de tant de sang-froid, lâchait la cuillère avec laquelle il touillait magiquement une superbe ratatouille, et filait dans la salle de bain en bafouillant une excuse inintelligible. Caradoc le suivit du regard un instant, hilare, avant de sortir de la maison tout en se demandant où Phoebus avait bien pu disparaître...

Le deuxième Dearborn avait été ravi à l’annonce de l’arrivée d’une petite dans leur famille. Cela était confus dans sa tête, mais il a accepté le fait que son père avait eût une aventure assez facilement. Aujourd’hui était un grand jour dans sa vie et dans la vie de la famille des Dearborn et tout cela avait excité Phoebus au point qu’à présent, il avait besoin de faire le vide. Etait-ce réellement une bonne nouvelle ? Une petite nouvelle, c’était chouette, mais l’équilibre s’était fait depuis 25 ans entre les hommes de la famille Dearborn. Comment allait-elle évoluer dans cette famille ? Est-ce qu’il était heureux face à cette nouvelle ou face à l’engouement qu’avait eu son père et son frère ? Caradoc était si content d’avoir trouvé la trace de cette petite, son père, tremblant mais heureux, de rencontrer cette fille qu’il n’avait jamais vu.

Sur un banc, il était assis. Il regardait les gens tout autour, les enfants, les mères, les familles. Une mère qu’il n’avait jamais connue, un père qui avait ramené une petite, un frère qui valait plus que tout l’or du monde. Un bazar énorme se tramait dans la tête du blondinet. Il fallait être raisonnable et faire le vide, il fallait être concis et ne pas paniquer. Car même s’il ne le montrait pas, le jeune homme était fébrile, craintif. L’excitation, l’impatience, l’envie, mais également la peur, la crainte, le doute étaient en train de se battre en lui. Que devait-il faire ?

Après en avoir eu assez de se morfondre, il se cacha derrière un arbre afin de transplaner de façon discrète jusqu’à cette maison qui avait abritée son enfance. Les bruits qu’il entendait lui annonçaient que les invités étaient déjà là et comme à son habitude, il n’avait pas vu le temps passé, le mettant en retard. Il marcha à vive allure. Allez Phoebs, tu peux le faire, c’est une gamine, elle va pas te bouffer.

Mais la question n’était pas là. Ce n’était pas de Marlene dont il avait peur, c’était plutôt de la place qu’elle pourrait prendre dans la vie de Caradoc et de leur père. La petite était à l’instant le cœur de toutes les discussions, elle était le centre de l’attention. Et ça c’était quelque chose que Phoebus ne pouvait comprendre, mais qu’il sentait. Il avait été habitué à être le pitre, d’être le bagarreur, d’être le plus impulsif. En quelque sorte, il s’était fait sa place dans cette famille par sa turbulence alors que Caradoc, lui s’était imposé par son calme.

Il s’avançait et entrait dans la maison par la porte de derrière. Il comprit que tout le monde était dans le salon en suivant les voix. Lorsqu’il arriva, tout le monde le regardait. « Salut tout le monde, désolé d’être en retard, j’ai eu un petit contre-temps ! » Son regard passa d’une personne à une autre et toutes lui tendirent des sourires. Il vint prendre son père dans ses bras et resserra un peu plus l’étreinte que nécessaire. « Tout va bien se passer. » glissa Phoebus tout bas à l’intention de son père.

Puis il vint à la rencontre de son frère. « Frérot ! Alors, heureux de voir la petite à la maison ? » demanda-t-il tout tranquillement en le saluant de la même façon qu’avec son père. Est-ce que son calme externe serait convaincant? Car à l'intérieur ce n'était pas du tout ça. C'était le pire cataclysme connu sur la planète Phoebus Dearborn. Puis, ce fut au tour de cette gamine, quinze ans. Par la barbe de Merlin qu’il regrettait sa jeunesse à ce moment-là. Il lui sourit, tentant de la mettre en confiance. C’est toi le grand frère, soit un bon modèle, mais parle pas trop tu vas lui faire peur. Chuchota sa conscience.

« Bienvenue chez toi. » dit-il avant de la prendre dans ses bras.

ORDRE DU PHÉNIX

Les citadins moldus qui vivaient à Loutry Sainte Chaspoule avaient l’habitude d’assister à d’étranges phénomènes de la part de leurs voisins les plus curieux. Pourtant, aucun d’eux n’avait encore jamais vu cela. Dans la plane et verte étendue du Devon, se matérialisait sur une petite route de campagne une Mini Cooper rose bonbon qui freinait tous les cinq mètres. Les plus attentifs auraient même pu distinguer les cris qui s’en élevaient. Marlene qui avait renversé partout son carton de badges dans la voiture qui ressemblait davantage à un jouet faisait entendre sa voix la plus hystérico-aigüe à sa maman que le stress empêchait de conduire convenablement. « Non mais j’en peux plus, lâche-moi là ! Je descends et je continue à pied sinon je crois que j’vais vomir ! ». Mais sa mère l’empêchait de détacher sa ceinture et lâchait complètement le volant pour se battre avec elle comme une chiffonnière sans pour autant cesser d’accélérer. « Non tu restes Marlene, maman a besoin de soutien ! ». Puis de piler. « L’ARBRE MAMAN ! L’AAAAABRE ! ». L’adolescente manqua une nouvelle fois de se cogner contre le tableau de bord et lança un regard farouche à celle qui, par son âge, était supposément la plus sage des deux. « Okay, si tu tiens à ce qu’on meurt ensemble ! » capitula-t-elle enfin en lâchant à contre coeur sa ceinture. Et la conduite saccadée reprit de plus belle tandis que Moïra McKinnon poursuivait sa logorrhée - déjà longue de quatre heures de trajet depuis Londres hein ! - sur tous les éléments du paysage qui la distrayaient.

Marlene qui avait mille fois fantasmé sur le jour où elle rencontrerait son père n’aurait pu être plus satisfaite de la manière dont la chose s’était finalement déroulée. Amadeus et elle n’avaient pas parlé de ce qu’ils avaient manqué l’un de l’autre mais plutôt de ce qu’ils avaient chacun accompli dans leur vie séparée. Une étrange complicité s’était rapidement installée entre le père et sa fille au fil de leur discussion et Marlene était très enthousiaste de le retrouver aujourd’hui. Un large sourire éclaira ses lèvres quand elle reconnut un détour d’un bosquet une maison à la toiture suffisamment alambiquée pour qu’elle ne puisse tenir que par quelque acte de magie. C’était pour sûr la maison de sorciers ! « Vivante ! » soupira l’adolescente - dans un constat dont elle avait plusieurs fois doutés - en claquant la porte de la voiture à peine garée. Elle se dirigea vers la porte d'entrée de la maison qui était restée entrouverte et la poussa doucement en y passant une tête pour s'annoncer d'un bonjour général. Dès qu’elle distingua Caradoc et celui qui devait sans nul doute être son frère Phoebus - ou plutôt leur frère, elle finirait par s’y faire ! - installés dans le salon, elle poussa complétement la porte pour se diriger vers eux à grandes enjambées. Elle ouvrit sa bouche toujours souriante et hésita un instant sur la meilleure manière de les saluer mais Phoebus brisa pour elle la glace en lui offrant finalement une accolade qui la rassura complétement et qu’elle lui rendit avec chaleur. « Tu dois être Phoebus, Caradoc me parle tout le temps de toi dans les courriers qu’il m’envoie ! ». Elle offrit à Caradoc la même accolade pour le saluer et remit nerveusement une mèche de cheveux derrière son oreille. C’est que Phoebus - tout Docteur Love qu’il était - l’impressionnait à fond. Elle lui écrivait depuis qu’elle avait découvert la revue Sorcière Hebdo à onze ans. Maintenant qu’il était son grand frère, sans doute faudrait-il qu’elle lui glisse un jour qu’elle ne s’était pas vraiment pris une si grosse cuite que ça aux Trois Balais pour plaire à un garçon ... Elle était par contre en confiance totale avec Caradoc, premier de la famille avec qui elle avait brisé la glace il y a de cela six mois, et elle lui était reconnaissante pour toute l’aide qu’il lui avait apportée. « C’est génial ce que vous avez organisé ! » les félicita-t-elle enfin sans savoir qui avait vraiment eu cette idée de barbecue. Sa mère arriva finalement à sa suite et tendit avec un sourire beaucoup plus neveux une main dans la direction des garçons. « Enchantée, je suis la mère de la surprise … alors surprise ! » tenta-t-elle de blaguer en secouant elle-même sa tête pour s’ébrouer de sa bêtise. « Moïra McKinnon ! » reprit-elle sans parvenir à lâcher trop longtemps du regard le visage des deux garçons dans lesquels elle reconnaissait plutôt bien les traits de son premier amour vers lequel elle se retourna enfin. « Amadeus … Tu ne t'es pas carapaté quand tu as reconnu ma voiture ? » plaisanta-t-elle. « C’est celle de notre premier rendez-vous et je ne pense pas que tu l'aies si facilement oubliée ! » continua-t-elle toujours si peu à l’aise en faisant tourner autour de son doigt les clés de la voiture. Elle adressa finalement un sourire contrit à Marlene qui criait au secours et auquel son ingrate de fille, ne sachant pas comment réagir, répondit par une moue à la fois désolée et gênée.

dragées:

J’avais rarement vu ma mère aussi tendue qu’aujourd’hui. Et il y avait de quoi ! Le monde d’Eileen McLane était rentré en collision avec un astéroïde du nom de Marlene McKinnon il y a maintenant quelques semaines. Certes, son monde n’était pas autant bouleversé qu’un autre mais imaginez seulement qu’un beau jour, vous recevez une lettre de votre frère vous expliquant que non, ses deux jumeaux de 25 ans maintenant n’étaient pas ses seuls enfants et que la famille accueillait à présent non pas un bébé mais une fille de 15 ans ! Il y avait de quoi se sentir mal !
Et je dois vous avouer que moi aussi, je m’étais senti nauséeux et perdu lorsqu’elle m’avait annoncé la nouvelle. Mais soulagé aussi. Soulagé de comprendre enfin pourquoi Marlene me tournait autour depuis des mois. Moi qui croyait qu’elle voulait sortir avec moi ! Alors qu’en fait c’était ma cousine ! Je m’étais senti bien con sur le coup mais je la comprenais aussi. Si j’avais, comme elle, appris que mon cousin se trouvait dans le même château que moi 10 mois par an, j’aurai aussi cherché à en apprendre plus sur lui.

- Ne t’inquiète pas, tentais-je de rassurer ma mère comme je la voyais terriblement soucieuse à l’idée de se rendre à Loutry Sainte Chaspoule pour la réunion de famille organisé par les Dearborn. Ça va très bien se passer. Essaye juste de ne pas stupéfixer Tonton en plein repas, d’accord ?
Parce que oui, Maman en avait beaucoup voulu à son frère. Pas tellement pour ne pas l’avoir prévenue plus tôt car lui-même n’en savait rien mais bien parce qu’elle ne trouvait pas moral d’avoir eu une aventure de la sorte. Maman m’adressa alors un sourire pincé sans pour autant me répondre par l’affirmative. Génial …
- Dépêchez-vous ! On va rater le portoloin ! clama la grosse voix de Papa dans les escaliers. Revêtant une belle veste de costume sur une chemise impeccable, Angus McLane était prêt depuis des lustres et stressait de ne pas arriver à l’heure. Que voulez-vous, déformation professionnelle d’un employé modèle du Magenmagot …
- Oui ! On arrive ! lui répondis-je en serrant les dents pour ne pas cédé à la pulsation de maudire Elliot parce qu’il n’avait pas encore le droit de transplaner. Je détestais les portoloins mais bon, quand on habitait au fin fond de l’île de Skye, difficile de pas en user pour se rendre à Loutry Sainte Chaspoule.

Deux minutes plus tard, nous étions tous prêts et dix minutes après, nous nous retrouvions à l’autre bout de la Grande-Bretagne, dans la belle campagne du Devon. Il ne fallut pas beaucoup de temps pour rejoigne le domicile des Dearborn.
En toquant, je pouvais entendre les éclats de voix venant de l’intérieur. Apparemment, Marlene et sa mère étaient déjà arrivées. La Mini Cooper aussi rose que flashy garée devant la maison devait leur appartenir, d’ailleurs. Je voyais mal Doc ou Bus la conduire !
On nous ouvrit rapidement et j’entrai le premier. Me dirigeant vers les jumeaux, je les gratifiai d’une accolade presque fraternelle et fus imité par Elliot. Sans pour autant oublier Marlene, je me retournais pour observer la réaction de ma mère. Merlin merci, elle se contenta de faire la bise à mes cousins et, de toute façon, Tonton Amadeus n’avait pas l’air d’être dans les parages. Alors comme ça, on fuyait ?
Je me retournai alors vers Marlene à qui je fis une bise, retenant un éclat de rire presque hystérique. C’était incroyablement gênant. Dire qu’il y a quelques mois, on s’était retrouvé seuls dans des chiottes à parler chiffon …
- Tu vas bien ? lui demandais-je, la sentant nerveuse (et il y avait de quoi !) Tu te souviens quand tu m’avais posé des questions sur ma mère ? Bah, la voilà, ajoutai-je en la désignant d’un geste. T’inquiète pas, elle mord pas ! Et de me tourner vers sa mère, à elle, pour me présenter. Arthur, le … le cousin de Marlene. Enchanté ! Décidément, c'était bien trop gênant.

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ORDRE DU PHÉNIX

Caradoc n'eut pas le temps de sortir de la maison que déjà Marlene poussait la porte et laissait apparaître sa tignasse blonde par l'embrasure. Une seconde plus tard, la tornade était dans le salon, et Doc lui rendit son accolade... Plus gêné par ce déballage d'affection qu'il ne l'aurait reconnu. Pas de câlin chez les Dearborn, pas depuis que les garçons avaient rejoint Poudlard... Tout au plus une petite tape affectueuse sur le sommet du crâne, une bourrade dans l'épaule en passant. Ce type de petits gestes furtifs, comme autant de petites marques d'attention et d'affection, mais pas de réelle étreinte, et encore moins de baisers ! Entourés d'hommes à l'exception de leur tante Eileen, la sœur d'Amadeus, ils avaient depuis longtemps abandonné tout véritable geste démonstratif, et se complaisaient dans une sorte de confrérie virile bienveillante, mais au sein de laquelle les contacts physiques étaient somme toute assez rare. Caradoc rendit donc maladroitement son accolade à sa jeune demi-sœur, et se demanda avec effroi si la mère de cette dernière (Moira, Moira, elle s'appelait Moira !), allait réclamer le même traitement. Celle-ci suivait sa fille, et venait d'entrer dans la cuisine. Il s'agissait d'une jolie femme au visage charmant, constellé de tâches de rousseur, qui ressemblait de manière troublante à sa fille. Ou plutôt, à laquelle Marlene ressemblait de manière troublante. Au grand soulagement de Caradoc, Moira tendit la main, et le jeune Médicomage se dépêcha de la saisir pour la serrer : « Enchanté Moira, je suis Caradoc. Je vous demande un instant, je peux te les laisser Bus ? Je vais voir où est parti P'pa... » Sans rien ajouter, le jeune homme s'éclipsa à la recherche de son père, tandis qu'il entendait la porte d'entrée s'ouvrir de nouveau, et la voix de son oncle Angus s'élever dans le salon. Tous les invités étaient arrivés, mais où se trouvait l'hôte ? Caradoc le trouva dans la salle de bain, livide, assis sur le rebord de la baignoire. Caradoc eut un sourire à la fois attendri et éberlué, et referma la porte derrière lui pour s'appuyer contre le battant. « Moira est arrivée ? J'ai entendu sa voix... » « Ouais, elle est arrivée avec Marlene. Elle a l'air aussi nerveuse que toi. Mais contente d'être là. » « Je suis ridicule, pas vrai fils ? » Caradoc haussa les épaules, hilare. « On va pas prétendre que tu fais honneur à ton courage légendaire, c'est sûr ! reconnut-il malicieusement, Mais c'est normal d'avoir la pression, je crois. Et personne ne va te le reprocher. Donc tu prends ton temps, et tu descends quand tu es prêt ? Je crois que ta soeur est arrivée... » précisa-t-il d'une voix dramatique, toujours aussi mort de rire à l'idée de voir Eileen faire la connaissance de Marlene et Moira. Amadeus, qui devait avoir la même image en tête, roula des yeux, paniqué, mais se leva et rajusta sa chemise. « Non non, je te suis. Je manque à tous mes devoirs ! » Caradoc, pour donner du courage à son père, lui tapota l'épaule (non, les câlins de Marlene ne vaincraient pas !), et Amadeus avec un sourire complice ébouriffa le sommet du crâne de son fils avant de s'extirper de la salle de bain. Caradoc le suivit, et tous deux allèrent retrouver leurs invités dans le salon. Amadeus se dirigea directement vers Moira, dont Caradoc n'entendit pas la réflexion, ni la réponse de son père. Lui-même alla plutôt saluer les McLane, et remarqua avec plaisir que Marlene et Arthur étaient déjà côte à côte, Elliott gravitant autour d'eux, un peu excité sans doute par tout ce raffut. « Salut Arthur, lui glissa-t-il en lui rendant son accolade, alors, quels sont les pronostics ? Eileen va-t-elle résister à la tentation de chercher des noises à son frère ? » s'enquit-il d'une voix dégagée en observant le groupe d'adultes qui devisaient joyeusement à quelques mètres. Eileen avait été particulièrement perturbée par l'annonce d'Amadeus, et Caradoc avait appris à redouter les remontrances de sa tante... Ne risquait-elle pas de sortir les vieilles anecdotes et photos de famille pour foutre gentiment la honte à son frère devant Marlene et Moira ? Caradoc espérait secrètement que si... C'était de bonne guerre, pas vrai ? « Bon les enfants, on s'installe dehors, je vous sers quoi à boire ? » s'enquit à cet instant la voix tonnante d'Amadeus, qui semblait avoir repris du poil de la bête. Caradoc dirigea tout le monde vers la terrasse ombragée, au milieu de laquelle trônait une grande table dressée pour l'occasion, autour de laquelle il invita leurs invités à s'installer. « Bon, y'a pas de plan de table, chacun se place où il veut, hein ! » annonça-t-il avant de se diriger lui-même vers le barbecue, après avoir glissé au passage à son père qu'il prendrait une Bièraubeurre. Il faisait beau, toute sa famille était là, Caradoc se sentait merveilleusement bien !

Citation :

C'est super-dur de faire des posts courts Bon j'ai essayé d'accorder à peu près tout le monde, mais que chacun prenne des initiatives, vous pouvez jouer Amadeus sans problème, créer des péripéties... et on verra bien ce qui va se passer

ORDRE DU PHÉNIX

La maison de Loutry Sainte Chaspoule accueillait en ce début d’après-midi une réunion aussi étrange que spontanée, et comme il s’agissait de deux traits de caractères que partageaient la jeune Marlene, elle ne se complaisait finalement pas si mal dedans. Elle était davantage excitée que nerveuse et ne pouvait décemment s’empêcher de sourire et de rire de manière un peu béate. Elle avait très longtemps rejeté l’existence de son père en répétant à tort et à travers qu’elle n’avait besoin de rien de plus que ce que lui offrait déjà sa généreuse enfance. Mais, tandis que les sorciers dont les visages de certains lui étaient inconnus s’entassaient les uns contre les autres dans le hall qui se faisait déjà trop étroit, elle avait l’étrange sensation que le puzzle se trouvait finalement complet. Son excès d’enthousiasme autant que son manque chronique de gêne la poussait à offrir des accolades assez surprenantes à tous ceux qu’elle croisait. Elle embrassa même deux fois la tante Eileen qui jeta un regard interloqué à son fils aîné. « J’me sens un peu comme quand je prends des champifleurs hallucinogènes ! » confessa-t-elle à voix basse à Arthur en profitant que l’occasion d’une discussion distrait présentement ses deux parents. « Et toi ? ». Elle s’apprêtait à embrasser une troisième fois la mère de ses deux cousins à laquelle elle était présentée quand celle-ci lui expliqua qu’elles s’étaient déjà saluées. « Ah ouiiii » s’excusa-t-elle en riant un peu abasourdie par autant de nouveaux visages aux traits similaires.

Elle ne remit les pieds sur terre que lorsque la voix grave de son père résonna pour les inviter à prendre place à table. Cela lui faisait encore bizarre de se comprendre dans le qualificatif des enfants qu’il utilisa pour les désigner. Mais tout cela n’était rien en comparaison au désarroi de sa mère qui ne se découvrait pas seulement une sorte de belle famille mais également une famille de sorciers (dont les tenues de certains la laissaient un peu pantoise). « Mince, j’ai oublié le gâteau dans la voiture ! » s’exclama-t-elle nerveusement. Mais sa fille, décidément en plein coeur de l’âge ingrat, lui vola son prétexte pour se défausser. « J’suis sur le coup ! ». Elle reprit la porte et se dirigea jusqu’à leur voiture rose qui était tellement vieille et défectueuse que les portes ne se verrouillaient plus. Elle ouvrit la porte arrière et se pinça les lèvres en découvrant le autrefois glorieux layer cake écrasé sur le tapis. C’est qu’il y’en avait eu des coups de freinage. Marlene détestait la pâtisserie mais avait vraiment mis tout son coeur (en plus de toute son après-midi de la veille) dans l’œuvre. Elle récupéra maladroitement le gâteau pour le remettre dans sa boîte en carton et lâcha un son un peu sceptique face au résultat. C’était un peu dégueulasse de faire manger ça a tout le monde finalement … mais bon ! Elle s’essuya les doigts plein de crème sur le jean et courut d’un pas sautillant jusqu’au jardin en contournant la maison. Elle déposa le triste carton aplati à côté de Caradoc qui avait allumé le barbecue du bout de sa baguette. « Dis Caradoc toi qui es si doué de ta baguette - flagorna-t-elle - tu pourras réparer mon layer cake avant le dessert s’il te plaît ? ». Elle n’avait pas encore l’âge d’utiliser la sienne et, si cela ne lui manquait habituellement pas, cela la faisait un peu râler tandis qu’elle était pour une fois entourée d’autant de sorciers en dehors de son école. Elle n’ouvrit pas le carton de pâtisserie et s’empara à la place de la bièraubeurre que apportait Amadeus qui fronça instinctivement les sourcils. « Maman dit que j’ai le droit ». Il repartit chercher une autre boisson pour son fils. Marlene se joignit quant à elle à l’heureuse assemblée en trouvant une place vacante à côté de Phoebus qui lui décapsula sa bière d’un coup de baguette. « Marleeeeene » grogna sa mère en identifiant sans trop de mal comme alcoolisée la boisson à la marque inconnue. « Amadeus dit que j’ai le droit ! ». Elle découvrait avec joie l’aspect pratique d’avoir deux parents (c’est qu’elle avait un peu de temps devant elle avant qu’ils ne se mettent à communiquer). Elle s’empara néanmoins avec une grimace du chapeau que lui tendit sa mère pour protéger la peau sensible de sa fille des rayons du soleil. Si elle avait les goûts d’une écossaise en matière de boissons, elle avait aussi la peau qui allait avec. Arthur et Eliott se trouvaient en face d’elle et elle adressa finalement au plus grand un sourire un peu désolé. « Excuse moi pour l’interrogatoire aux toilettes ! - Phoebus leur lança un regard interloqué - J’avais juste besoin de savoir que hum … il n’y aurait pas de problème type ‘grand-père anti-moldus’ - continua-t-elle à voix basse pour ne pas attirer l’attention de sa mère moldue sur le fait qu’un membre de sa nouvelle famille ait quelque problème avec son absence de pouvoir - et puis qu’il y avait d’autres fiers écossais aussi dans la famille ! » ajouta-t-elle en riant pour détendre un peu l’atmosphère. « Je te signale que tu es à moitié anglaise ! » ne put s’empêcher de la corriger son père qui revenait avec un pack de bièraubeurres dans le but de désamorcer les batailles bons enfants de fierté nationale qui s’étaient déjà déroulées autour de la table. Marlene grimaça et reposa sa boisson en comprenant finalement pourquoi elle tenait si mal l’alcool, c’était sûrement le côté anglais ça, quelle guigne !

dragées:

Au vu du faible sourire gêné qu’elle m’adressa, je compris que la mère de Marlene n’était pas très à l’aise au milieu de toute cette joyeuse assemblée. Et je la comprenais parfaitement. J’avais beau avoir appris qu’il y a déjà quelques semaines que Marlene était ma cousine, la rencontrer ici, pour la première fois, en tant que telle me fait un drôle d’effet. Et elle me confia d’ailleurs avoir le même sentiment alors que sa mère entamait une discussion avec la mienne. Elle me fit rire à évoquer les champifleurs et renchérissais en continuant à voix basse pour ne pas attirer l’attention de nos deux mères. « J’aurai plutôt dit que j’avais la même sensation qu’après avoir bu un peu trop de Pur-Feu mais j’imagine que ça doit être un peu près la même chose ! » Elliot avait surpris ma remarque et me gratifia d’un regard apparemment un peu jaloux que Papa ne lui laisse pas encore goûter le Skye Finest. D’ailleurs, ça me faisait penser qu’il ne s’était pas encore présenté à Marlene. Elliot venait de sortir d’une semaine de sevrage aussi était-il relativement fatigué et préférait rester à l’écart, ce que je comprenais tout à fait. Je lui fis un signe de la main pour l’inviter à s’approcher. « Elliot, Marlene. Marlene, Elliot, les présentais-je avec un rire un peu jaune. Je suppose que vous vous êtes déjà rencontrés, non, entre Gryffondors ? »

Finalement, Elliot brisa sa carapace pour entamer une discussion avec notre cousine et, voyant Caradoc réapparaître d’on-ne-sait-où, je les laissais pour le rejoindre. « Salut Doc ! lui lançais-je en le gratifiant d’une accolade fraternelle. Comment va Amadeus ? Pas trop stressé ? »
Il devait avoir lu dans mes pensées car je demandais cela en pensant à quel point Maman était nerveuse à l’idée de ce repas convivial. « Alors, quels sont les pronostics ? Eileen va-t-elle résister à la tentation de chercher des noises à son frère ? » C’était vrai que Maman avait un caractère bien trempé, un caractère digne d’une écossaise même si elle n’en était pas une. Et Doc savait tout comme moi quel était son opinion au sujet de Marlene, ou du moins au sujet du manque de responsabilité de son frère dans cette histoire. « Normalement, elle ne devrait pas le stupéfixer, je l’ai prévenue. Mais tu sais comme elle, je peux pas te promettre qu’elle ne va pas ressortir les vieilles anecdotes sur ton père ! » On partit tous les deux dans un rire complice avant que Tonton Amadeus, qui semblait maître de la situation, nous enjoignit à rejoindre le jardin pour commencer ce joyeux barbecue.

Obéissant à la consigne –ou plutôt à l’absence de consigne-, je m’installais à côté de Marlene, pensant qu’il était peut-être sage de montrer à nos parents qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter et que nous entendions déjà parfaitement bien. Enfin … si on omettait l’épisode des toilettes que Marlene ne tarda pas à aborder à demi-mots. Je fus soudainement affolé lorsqu’elle parla de "grand-père anti-moldu" et me dépêchais de la faire taire dans un chuchotement qui n’en était pas vraiment un. « Parle pas de ça iciii ! Mes parents sont un peu tatillons à ce sujet. » D’autant plus que le vieux McLane n’allait pas pour le mieux aux dernières nouvelles et qu’il risquait de clamser bientôt. Et avec une tante qui, de ce que j’avais cru comprendre, s’en était allée faire sa vie en Norvège et mon père déshérité, toute cette histoire ne manquerait pas de faire tout un foin et commençait déjà à tracasser Papa.
« C’est quoi cette histoire ? » demanda Elliot d’un air intéressé alors qu’il se servait un Coca comme un parfait moldu de son âge (comme s’il voulait faire croire à Moïra que tout était normal dans notre monde …) Je fus soudainement très gêné ? Je ne lui avais jamais parlé de toutes ces fois où Marlene me suivait pour en apprendre un peu plus sur nous. Nerveux, je m’emparais d’une bouteille de Bierraubeurre que je décapsulais d’un coup de baguette. « Marlene m’a observé pendant des semaines avant de me coincer dans les toilettes pour en savoir plus sur nous, lui expliquais-je sans oser le regarder dans les yeux car je savais exactement qu’il allait se moquer de nous. En me faisant croire que tout ça avait un rapport avec Maya … Et ça c’était pas cool, par contre, » me permis-je d’ajouter à l’intention de ma cousine. Bien sûr, il ne faisait aucun doute que toute la tablée avait fini par nous entendre parler de cette histoire, notamment Doc et Bus qui ne manqueraient pas de vouloir en savoir plus.

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Désolé pour le retard

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ORDRE DU PHÉNIX

Caradoc entreprit de déballer le paquet contenant la viande à griller, et plaçait magiquement les saucisses en rang d'oignons, juste en-dessous des entrecôtes, parallèles aux brochettes... quant le rire tonitruant de son oncle Angus depuis la table sur laquelle s'étaient massés les invités attira son attention. Le jeune homme en oublia un instant la saucisse qu'il faisait léviter au bout de sa baguette magique pour s'attarder sur la composition de cette fantastique tablée qui l'emplissait de bonheur. Angus se tenait près de sa femme, et rigolait de bon cœur avec Amadeus, qui se tenait debout derrière Elliott, une bouteille à la main. Phoebus prenait place à côté d'Arthur, tandis que Marlene se frayait un chemin à travers la jungle du jardin jusque lui, une étrange boîte à la main. « Ah ben je vais voir ce que je peux faire, ouais, répondit-il lorsque sa demi-sœur lui eut exposer sa requête, et jeta un œil à l'oeuvre d'art qu'elle lui ramenait. Nom d'une goule, mais ce truc a fait la guerre ou quoi ? » s'exclama-t-il en découvrant le désastre pâtissier qu'il était maintenant chargé de réparer, tandis que Marlene s'emparait de la bièraubeurre qu'Amadeus lui apportait. « Ah elle perd pas le nord celle-là... » marmonna-t-il avec une mauvaise humeur feinte en lâchant son barbecue pour se joindre avec son père hilare à l'assemblée. Il attrapa avec une certaine adresse la Bièraubeurre que son jumeau lui expédia sitôt qu'il fut assis, et tenta de rattraper en même temps le fil de la conversation : « Tiens, c'est qui Maya ? » s'enquit-il d'une voix dégagée en décapsulant sa boisson, l'air de rien.

ORDRE DU PHÉNIX

Ne pas parler du grand-père anti-moldus ? Voilà une consigne à laquelle la nouvelle recrue accepterait de bon coeur de se plier. Elle lançait discrètement quelques œillades à sa mère de temps à autre pour vérifier qu’elle ne se trouve pas à deux doigts de la tirer par le bras pour la ramener dare-dare dans leur pays pas si lointain. Celle-ci se trouvait heureusement fascinée par tout ce que lui racontait Eileen (le bon prétexte pour éviter le regard du père ?) et évitait ainsi de noter les quelques gerbes de paillettes qui fusaient ci et là au moindre sortilège. Marlene coula un regard amusé vers son plus jeune cousin qui ne manquait pas de curiosité ; lui avait été heureusement trop jeune pour qu’elle le traumatise en lui tendant un guet-apens au petit coin. Elle pouffa de rire en même temps que lui lorsqu’elle se remémora la détresse d’Arthur coincé entre un lavabo et un urinoir … comment diable avait-il pu penser qu’elle le draguait ?! Le souvenir prégnant de la dispute qui s’en était suivie avec sa meilleure amie lui fit néanmoins ravaler son sourire en même temps que la remarque du futur auror (pourvu qu’aucune future mission ne le conduise dans des toilettes sous peine qu’il y perde ses moyens). La voix de Caradoc qui s’était distrait de la cuisson de la viande claironna bientôt non loin de son oreille. « Arthur vous a pas parlé de Maya ? - se montra-t-elle surprise avant de remédier à ce manquement - Maya est sa petite amie et c’est aussi l’une de mes meilleures amies ! Arthur est trop amoureux d’elle et Maya est trop amoureuse de lui ! Ils sont trop mignons ensemble à Poudlard ! » expliqua-t-elle un peu naïvement avec des étoiles dans les yeux. « Ils s’embrassent partout ! » se moqua-t-elle en même temps que Elliot et ils firent s’embrasser ensemble leur bouteille de coca et de bièraubeurre dans de grands éclats de rire. L’attention des adultes se trouvait maintenant toute tournée vers eux aussi leur petit jeu s'arrêta-t-il bien vite. La fille de la fratrie but distraitement une nouvelle lampée de sa biéraubeurre pour dissiper autant qu'elle le pouvait les regards qui restèrent encore un peu braqués sur Arthur.