Dis moi ton secret et je te dirais le mien • ft Nicholas

Samedi. Jour de congé. Pas de cours. Tu as promis à ta mère de venir manger le dimanche midi. Tu n'as pas eu trop de mal à te laisser convaincre. En effet, tu es très proche d'elle et puis tu adores venir pouponner un peu ton nouveau petit frère. Il est trop beau. C'est drôle il ressemble beaucoup à Aaron mais il est aussi blond que ta mère ou toi. En attendant tu as prévu de te balader un peu à Pré-Au-Lard aujourd'hui. C'est jour de sortie. A la base tu devais passer un moment avec Delilah mais elle t'avais envoyé une lettre la veille au soir pour te signaler qu'elle était retenue à Poudlard et ne pourrait pas sortir. Ce qui toi, ne t'empêchait pas de vouloir aller voir d'autres amis à toi, plus jeunes. Tu n'étais pas la seule d'ailleurs puisque Fabian, Lysandre et Lyleïa t'accompagnaient. Tu ne savais pas où était Arthur et Nate était pris dans ses partitions. Ou peut-être qu'il avait rendez-vous avec Aliénor tu ne savais pas trop. Tes talons claquent sur le sol pourtant enneigé de Pré-Au-Lard. Tu glisses tes mains dans les poches de ton manteau blanc et baisse la tête comme pour t'enfouir dans ton écharpe noire. Il ne neige pas, pas encore, mais il fait gris et froid. Fabian vous laisse rapidement pour aller voir des copains qu'il a aperçus a Honeydukes. A côté de toi Lysandre et Lyleïa roucoulent et semblent chercher la boutique de mariage qu'ils sont venus voir. Tu lèves les yeux au ciel. Tu n'arrives pas à déterminer s'ils sont trop choux ou si tu as envie de les étrangler. Une écharpe jaune et noir attire ton attention de même que des cheveux bruns et ébouriffés. Ton coeur rate un battement quand vos regards se croisent. Tu y restent un moment soudée puis finalement tu souris. Nicholas Lewis.

Tu te souviens de ta dernière année d'étude à Poudlard. Toute l'année tu avais reçu des poèmes délicats, des mots doux, des attentions particulières, de petits cadeaux adorables, le tout anonymement. Tu avais pourtant cherché à savoir qui te les avaient envoyé mais rien à faire. Hors maintenant tu savais. C'était Delilah qui avait trouvé. Tu n'avais rien dit jusqu'à présent, vous n'aviez pas eu l'occasion de vous revoir. Tu te souviens de Nicholas comme d'un garçon timide, qui rougit facilement mais aussi quelqu'un sur qui tu pouvais te fier. Il avait été présent un jour quand tu avais eu besoin de parler et t'avais écouté sans te snober ou même soupirer ne serais-ce qu'une fois. Tu l'avais apprécié. Vous aviez reparlé ensuite tout au long de l'année. Il te faisait rire. Se renseignait sur tes goûts, tes couleurs, tes préférences. Tu aurais du te douter que c'était lui derrière les lettres. Peut-être qu'il était temps de le confronter et de voir sa réaction. - J'vous laisse, j'ai quelqu'un à voir. On se retrouve tout à l'heure ! tu lances aux tourtereaux qui te saluent à leur tour. Toi tu te rapproches de Nicholas. Salut, tu fais avec douceur. Il se tourne vers toi, semble surpris. Tu souris. Comment tu vas ? Ca fait un moment qu'on ne s'est pas vus. Ca te dit qu'on aille se boire une bièraubeurre ? tu lui proposes. Ses potes sifflent et tu les regardent en penchant la tête et en arquant un sourcil. Ils s'arrêtent, se raclent la gorge et décident sagement de vous laisser discuter en paix. Bons garçons. Un petit sourire au coin des lèvres tu te concentres sur le jeune homme en face de toi rivant tes yeux bleus dans les siens en attendant sa réponse.

Enfin le week-end. Le début d’année avait été épuisant, à croire que tout le corps enseignant s’était donné le mot pour les surcharger de travail. Évidemment toutes les excuses pour prendre du repos étaient les bienvenues. Par exemple, j’avais assisté à tous les matches de quidditch. Tous, sans exception. Je n’avais jamais été un grand fan et monter aussi dans les tribunes me donnait des crises d’angoisse. Mais cette année, j’assistais avec ferveur à toutes les représentations sportives qui avaient lieu au château. Pour combattre mon vertige, j’avais réussi à trouver une bonne âme pour me concocter un stock de potions. À ma grande surprise, je n’avais pas eu grand mal à trouver un élève plus doué que moi en potions pour m’aider. Le plus difficile fut encore de le convaincre de m’aider. Je pense que ma réputation et le fait que j’ai un insigne ont joué en ma faveur. Je n’ai pas l’habitude de profiter de ma position, mais de temps en temps, c’est quand même très utile. Il est également possible que j’aie promis à mon merveilleux camarade quelque chose en échange de son silence. Mais également, pour le remercier, ce serait contraire à l’éducation que mes parents m’ont donné et les trahir si je ne le faisais pas. D’ailleurs, je profiterais sans doute de la sortie au Pré-Au-Lard pour lui prendre un truc ou deux chez Honeydukes.

Les gars étaient déjà partis en me laissant seul dans la salle commune. Selon eux, j’étais trop long… Mais par Merlin, je savais plus où j’avais mis mes gants et il était hors de question que je sorte sans. Le temps était traître en hiver : un grand soleil, mais une température sous le zéro. Finalement, j’ai trouvé mes gants sous un pouf de la salle commune et j’ai filé les rejoindre. Avaient-ils couru pour être déjà près des grilles du château ? Ou est-ce que j’avais mis autant de temps à trouver ses fichus gants ? Le souffle saccadé, j’avais dû mal à reprendre mon souffle s’ils continuaient à me faire rire. À mi-chemin, je suis persuadé que j’ai manqué de m’étouffer. Soit c’était ça, soit mon écharpe se liguait elle aussi contre moi. Ne sachant pas par où commencer, on s’est arrêté en plein milieu de la place. Les mains enfoncées dans les poches de mon manteau, j’essayais tant bien que mal de réchauffer le bout de mon nez qui rougissait à vue d’œil. A force de me tortiller, mon regard s’est accroché dans le bleu d’un autre - ou plutôt d’une autre. Pendant un moment, j’ai dû mal à réaliser qui sait et surtout si je ne rêvasse pas encore. Ludo m’a tapé l’épaule en pensant que je le fixais… quel narcissique, celui-là ! « Fais gaffe, ça fait mal ! » je lui réponds en sortant une de mes mains de ma poche pour me frotter l’épaule. « Te fais pas des idées, mon pote, t’es aussi beau qu’une goule. » Et c’est reparti pour un tour, les blagues fusent et les noms de créatures aussi. Au début, je tente de me retenir, mais c’est plus possible et j’éclate de rire. Je tente en vain de me calmer quand on s’adresse à moi. Ça a un effet immédiat et je m’arrête net. En tournant la tête, je comprends que je n’avais pas rêvé et c’est bel et bien Ange qui se tient debout, juste à côté de moi. En l’écoutant parler, je sens mes joues rougir et je bénis la température négative que j’avais blâmée plus tôt. Les copains rigolent derrière et quand ils s’arrêtent, je sens que c’est mon tour de parler. Je déglutis avant de sourire maladroitement. « Salut », je commence. Inspiration, expiration. Ce n’est pas le moment de faire une gaffe. « Ouais, ouais, ça marche. » Je jette un coup d’oeil insistant vers les gars pour leur faire comprendre que je les abandonne ici et m’accorde une grande expiration. Avec un grand sourire, je me tourne complètement vers Ange et m’engage dans la direction du pub. « Ça fait plaisir de te voir, ça faisait longtemps… » lui lance avec un regard en coin, avant de me concentrer sur mes chaussures.

Il est trop chou. Tu le regardes bafouiller et rougir comme si vous ne vous connaissiez pas, comme si tu étais intimidante aussi. Tu ne l'es pas pourtant. Si ? En même temps, avec ce que tu sais sur lui maintenant, tu comprends mieux ses réactions. Et même si ça te rendait dingue de ne pas savoir qui se cachait derrière tous ces petits mots et cadeaux anonymes, aujourd'hui cela te manque royalement. Ca te mettait toujours du baume au coeur et tu étais plus apte à affronter les journées maussades et la routine quotidienne des cours et de la vie en communauté. Tu te demandes comment tu vas pousser Nicho à t'avouer que c'était lui derrière tout ça. Tu vas le taquiner un peu au passage tu ne peux pas résister. Tes amis disent que tu es comme une petite fée. Trop mignonne pour ne pas être une véritable petite chipie. Ce qui est le cas, tu es espiègle, tu es pleine de vie, tu croques dedans à pleine dents comme si tu essayais de vivre pour deux. Ce qui est probablement le cas. Personne ne mesure l'intensité du gouffre que tu dissimules au fond de toi. Même dix ans plus tard tu n'es toujours pas remise de la mort de ta jumelle. Vivre sans elle n'a aucune saveur. Alors tu vis pour deux. Parfois trop impétueuse, trop enflammée, tu agis avec le coeur avant de réfléchir à tes actions. Ca t'a valu quelques retours de flammes mais t'as toujours réussi à t'en sortir avec plus ou moins de fluidité. Tu sais qu'il va te falloir apprendre la patience et le calme pour être Auror.

Marchant dans les rues tu souris à sa phrase. - Ouais ça occupe la fac j'imaginais pas ! Pire que Poudlard ! tu ris doucement. Tu le regardes. Ca me fait plaisir aussi de te voir. Tout à coup tu te mets à marcher en arrière en le regardant. Tu as tellement l'habitude de faire ça que c'est comme si tu avais des yeux derrière la tête tu évites tous les passants sans soucis. - Alors comment est la vie à Poudlard depuis mon départ ? tu lances, taquine. Tu veux voir comment il va réagir. Tu le regardes. Il a les joues rouges. Ca lui va bien. Le vent a ébouriffé ses cheveux bruns. Il a le regard pétillant et il commence à avoir une belle carrure qui tient plus du jeune homme en devenir que de l'adolescent plus mince qu'il était avant. Il était craquant. Quoique tu l'ai toujours trouvé craquant toi. Tu finis par marcher de nouveau normalement. - Tu veux aller où ? tu lui demandes en enfonçant tes mains dans tes poches.

Pourquoi fallait-il que je sois si… j’avais l’impression d’avoir 13 ans de nouveau. Évidemment qu’Ange et moi avions un passé commun, sauf qu’elle n’en connaissait qu’une partie. Heureusement pour moi, je n’étais pas sûr d’être prêt à le lui dire. Bien que j’avais failli le faire, à la fin de l’année passée. Presque. Mais je m’étais rétracté au dernier moment et lui avais souhaité de bonnes vacances. Ça m’avait travaillé l’esprit, mais finalement, je m’étais résolu et j’avais entretenu le mystère. Mais la revoir, ici, en plein milieu du village m’avait fait un choc. Non pas que ça ne me faisait pas plaisir, au contraire, c’était juste que je ne savais pas vraiment comment agir. C’était étrange comme sensation. Les mains bien enfoncées dans mes poches de manteau, je les sentais devenir moites malgré tout. Allez, vas-y, respire profondément et tout ira bien. Après tout, elle était ton amie avant tout, il n’y avait aucune raison d’être anxieux. Dis-toi que c’est juste un bon moment avec une amie que tu n’avais pas vu depuis un moment et tout irait pour le mieux. Courage, Lewis ! Les monologues intérieurs avaient toujours été mon fort et ça avait toujours eu le don de me requinquer. Je relevais de mon écharpe et le vent en profita pour s’infiltrer entre mes mèches de cheveux. Je ne fis aucun effort pour les remettre en place, ça ne servirait à rien. Je l’écoutais me raconter ses histoires à la fac. Je me permis d’imaginer la masse de travail qu’il devait y avoir… Déjà, qu’on croulait sous les attentes pour les examens, je n’osais à peine imaginer ce que les étudiants devaient ressentir alors que bientôt, ils seraient lâchés dans le monde du travail, celui des adultes. « Ça doit pas être simple, tous les jours… J’espère que tu arrives quand même à te reposer et prends du temps pour toi ! ». Elle marchait devant, face à moi. Par crainte qu’elle ne tombe, je mettais des coups d’œil sur les côtés pour m’assurer qu’il n’y ait personne ou aucun obstacle en vue. Ce serait dommage que nos retrouvailles se ponctuent sur une visite à Ste-Mangouste… Nous n’avions même pas encore eu le temps de boire notre bièraubeurre !

Des échanges de banalité puis vient la question de son départ. La question était anodine, mais le rose de mes joues s’accentua davantage malgré moi. Pour essayer de le dissimuler, je restais vague. « Oh, tu sais, c’est toujours la même rengaine… les cours, les bandes de scroutts à pétard et tout leur cirque… » Je haussais les épaules nonchalamment. En y pensant, j’avais mis en pause tout ce qu’il y avait autour. Quelles idées d’avoir conservé autant d’options en dernière année ! Il fallait être fou. « Je crois avoir entendu Bertha racontait une histoire bizarre, mais je n’arrive plus à m’en souvenir… ou alors, c’était Trewlawney… » Pourquoi fallait-il que je parle de ça ? Voilà ce qui arrivait quand on voulait échapper à quelque chose, on s’empêtrait les pieds dans le filet du diable. Maintenant, cette histoire allait me perturber jusqu’à ce que j’en trouve le chaudron du couvercle. Je frottais mon visage entre mes mains, avant de soupirer. « Tu sais quoi, parlons d’autres choses, sinon je vais devenir fou à essayer de m’en souvenir ! ». Comment faisait-elle pour marcher aussi légèrement et faire des pirouettes au beau milieu de la rue commerçante ? Pas de risque pour moi de faire de même, je me serais déjà étalé la figure dans la neige. Mon regard se promena sur mes camarades qui défilaient autour nous. Il ne fallait pas que j’oublie, il fallait que je trouve un cadeau de remerciement. Après tout, peut-être qu’Ange pourrait m’aider à le trouver ? Je n'avais jamais été très doué pour les cadeaux... « Il faut que je remercie quelqu’un et j’avais pensé prendre une boîte de plumes en sucre, mais je suis pas sûr que ce soit une bonne idée ? T’en aurais pas une par hasard, toi ? »

Tu le fixes d'un air malicieux. Il semble tellement concentré sur ses pas que tu as l'impression de voir les rouages de son cerveau tourner à plein régime. Il a l'air de réfléchir au moyen de se sortir de ce pétrin. Tu penches la tête sur le côté. Tu te demandes ce que tu as de si intimidant pour un garçon. Après tout, tu n'est qu'une fille parmi tant d'autres. Tu lui parles de la fac, de ce que c'est que de devenir étudiant. Vous aviez énormément de boulot surtout que tu n'avais pas choisi une matière connu pour sa simplicité mais tu aimais ça. Tu adorais aller en cours, apprendre de nouvelles choses, de nouveaux sortilèges, de nouvelles techniques. Tu aimais retrouver tes amis sur le campus, rencontrer de nouvelles personnes. Les fêtes étudiantes étaient aussi un tournant assez important et carrément sympa. Les étudiants de chaque section se mêlaient sans aucune distinction pour une nuit d'amusement. Il t'étais même déjà arrivé de passer la nuit à faire la fête et d'aller en suivant après seulement une douche et une bonne dose de caféine. - Je suis là non ? tu fais d'un ton amusé en te désignant. Ton regard pétille alors que tu lui offres un grand sourire lumineux. Tu t'amusais à marcher face à lui dos à la route. Tu avais tellement l'habitude de faire ça, petite fée espiègle, que tu arrivais à éviter tous les obstacles.

Tu finis pourtant par te remettre en marchant avant tout en demandant comme était la vie à Poudlard depuis ton départ. C'était juste pour le taquiner. Tu le vois rougir un peu plus et tu t'en voudrais presque de le mettre aussi mal à l'aise. Mais il était tellement chou comme ça que tu n'arrives pas à t'en empêcher. Il te parle vaguement des cours, de scroutts à pétards et de Bertha racontant une histoire. Bertha Bertha ... Oh oui Bertha Jorkins, commère de service, si tu te rappelles bien ! - C'est toujours une pie fouineuse et bavarde incapable de garder les secrets et capable de rivaliser avec Rita Skeeter ? tu t'enquiers en grimaçant à moitié. Tu as horreur de ce genre de personne. Il préfère parler d'autre chose et tu ris doucement. Oui d'accord, préservons ta raison c'est quand même mieux qu'une énième rumeur inventée par les commères ! tu ris. Tu regardes autour de vous. Les nuages gris sont bas, il a bientôt neigé tu le sens et probable que tout le monde aussi parce que tu vois les élèves se précipiter vers les différents pubs de Pré-Au-Lard pour se mettre au chaud et boire un coup avant de rentrer au château. Il y en a moins que d'habitude. Probablement parce que les fêtes étant passées, les élèves préfèrent rester au chaud au château. Tu proposes à Nicholas d'aller boire quelque chose mais il te demande plutôt un service. Tu souris. - Bien sûr que je vais t'aider ! Les plumes en sucre c'est cool mais après tout dépend du service qui a été rendu. A cette période de l'année je crois me rappeler que Honeydukes et Zonko font des promos avec des paquets déjà prêts. Enfin des sachets de bonbons pour l'un et des sachets avec pleins de farces et attrapes pour l'autre. Ca peut-être sympa d'aller jeter un coup d'oeil si tu veux ? tu proposes après avoir réfléchi. Combien de fois n'as-tu pas acheté de ces sachets pour ton petit frère ? C'était un peu la tradition. Tu souris. Viens on va aller voir ça me permettra d'en acheter pour mon petit frère. Il n'a pas encore l'âge d'aller à Pré-Au-Lard ça le tue ! tu fais en riant et en prenant la main de Nicholas pour l'entraîner vers chez Zonko.

Il était si simple de parler avec elle. Je devais avouer que la sensation m’avait manqué, malgré moi. Je l’écoutais avec attention me parler de ses études supérieures, réfléchissant par la même occasion à mon propre futur. Malgré les passages dans le bureau de la directrice de maison, je n’avais toujours pas d’idées précises quant à mon avenir après l’obtention de mon diplôme - si jamais, obtention du diplôme, il y avait. Pour le moment, je pouvais encore me laisser aller et concentrer toute mon attention sur mon amie. « Évidemment », je lui réponds dans le plus grand des sourires. Et je me retenais de lui avouer à quel point j’en étais ravi. Les gens, selon mon expérience, n’étaient pas de très grands amateurs de grandes effusions sentimentales. Après les échanges sur sa vie en dehors de l’école, c’était à mon tour de l’informer sur les actualités du château. Je préférais évoquer des sujets généraux, plus simples si je voulais éviter de m’épancher sur mes propres états d’âme. « Ouais, c’est toujours une sacrée chipie ! Mais elle est pas méchante dans le fond… » Ce n’était pas mon genre d’être optimiste, plutôt l’inverse d’ailleurs. Je ne la connaissais pas vraiment et je n’étais pas certain qu’elle connaisse quelque chose d’autre que mon nom, et encore, je n’en étais pas sûr. Cependant, je souris en remarquant la moue qui s’était dessinée sur le visage d’Ange. La conversation continua ne nous laissant guère le temps de nous attarder sur les commérages de couloirs. « Merci, sinon, il était très possible que je passe ma soirée à l’infirmerie ! » je lui dis en rigolant.

Du coin de l’œil, je l’observais marcher. Elle avait de l’allure et le mouvement de ses cheveux avaient cet effet hypnotisant sur moi. Plus tôt dans la journée, j’avais imaginé ma sortie avec les gars. On aurait ri, blagué (beaucoup) et peut-être que certains se seraient détachés du groupe pour profiter du village dans un comité plus réduit. Jamais je n’aurais pu penser que cette personne puisse être moi et encore moins que je serais avec Ange. J’étais persuadé que je n’allais pas échapper aux questions en rentrant… Dans toute sa générosité, elle avait accepté de m’aider. « Merci merci merci ! Tu me sauves la vie, je suis pas très doué pour les cadeaux et autres… Un jour, j’ai offert un vase à ma grand-mère et je peux t’assurer qu’elle n’avait pas l’air très emballé ! » Un vase jaune à points, si je me souvenais bien. C’était une œuvre que nous avions crée à l’école et tout heureux, je l’avais offert à Mamie. Toute gentille qu’elle était, elle l’avait accepté et nous avions mangé des gâteaux pour le goûter. Après toutes ses années, je ne comprenais pas pourquoi elle ne s’en était pas débarrassée. Néanmoins, elle m’avait assuré qu’elle l’adorait, malgré les grimaces honnêtes de Papi juste derrière elle. « Un copain m’a aidé avec mes potions contre le vertige et je me suis dit que puisque j’étais une personne sympathique, j’allais le remercier. Mais les idées se sont fait rares… » Par Merlin, pourquoi étais-je obligé de me justifier ? Stop, stop, ce n’était pas le moment pour des débats intérieurs. « Bonne idée et promis, je t’offre une bièraubeurre pour te remercier après ! T’es ma sauveuse ! » je déclare un grand sourire aux lèvres et en levant les bras au ciel en signe de victoire. À peine, avais-je eu le temps de laisser tomber mes bras dans un soupir de satisfaction, que sa main s’était retrouvée dans la mienne. Elle marchait devant moi et je remerciais Helga Poufsouffle et tous les fondateurs que ce fût le cas. Ainsi, elle ne pouvait pas se douter de l’accélération de mon rythme cardiaque ni de ma gorge soudainement asséchée. Que se passait-il ? Pour éviter de l’inquiéter et prétendre que tout allait bien, je lui posais des questions sur son frère. « C’est vrai ? Tu pourras lui dire que bientôt, ce sera son tour ! »

Tu as toujours aimé chercher des cadeaux toi. Probablement parce que tu as toujours aimé faire plaisir aux gens que tu aime. Tu as toujours eu ce petit grain de curiosité qui te poussait à découvrir ce qu'ils aimaient, ce qui leur ferait plaisir, même si c'était un tout petit truc ridicule comme un simple paquet de bonbons ou de surprises de Zonko. Alors aider un ami qui en a besoin, c'est juste tout à fait naturel à tes yeux. - Je suis sûre que ta grand-mère avait adoré ton vase, tu répliques en le regardant. Ta voix est douce, chaleureuse. Je suis sûre qu'elle l'a adoré parce qu'il venait du coeur, de celui d'un petit garçon voulant offrir un cadeau à sa grand-mère. Ce sont ces cadeaux là, qui sont les plus beaux. Il précise quand même que tu es sa sauveuse et qu'il t'offrira une bièraubeurre pour te remercier. Tu ris doucement. - C'est mon job de sauver les gens ! En tout cas je m'entraîne pour ! tu plaisantes. Tu lui fais un clin d'oeil complice et prends sa main pour l'entraîner derrière toi. Il fait ça pour remercier un copain. C'est sympa de sa part. - Pas encore. Il entre tout juste en première cette année. A Gryffondor, tu fais très fièrement, le regard brillant en marchant à la hauteur de Nicholas, sans lâcher sa main. Comme si c'était naturel en fait. Ton petit frère c'est un peu l'une des personnes les plus importantes de ta vie. Tu étais là à sa naissance, tu étais là à chaque moments de sa vie. C'est toi qui l'a aidé a faire ses premiers pas et encore toi qui lui a apprit ses premiers mots. Il est tout pour toi. J'crois que tu t'entendrais bien avec lui, tu réfléchis à voix haute. Il aime bien envoyer des cadeaux mystères en pensant qu'on ne sait pas que c'est lui. Des petits trucs mignons. Parfois des poèmes que je lui lisais quand il était petit et dont il se souvient. J'ai toujours adoré j'pense que c'est pour ça qu'il continue. Et tu dis ça avec une telle innocence qu'on ne pourrait pas croire que tu cherches à provoquer une réaction chez lui.

Vous arrivez en premier devant chez Honeydukes. Et vous entrez. Etrangement ce n'est pas plein à craquer comme d'habitude. Tu fermes les yeux et respire cette bonne odeur de bonbons et de noisettes chaudes qui te rappelles toute ton enfance et ton adolescence à Poudlard. Les sorties avec les copines. Ou les occasionnels petits amis que tu as eu. Les rires. Les bonbons a en avoir mal au ventre. Tu rouvres les yeux et regarde Nicholas avec un sourire. - Les sachets sont sur l'étagère là. Regarde, ils sont tous différents. Tu crois que ça plairait à ton ami ? tu lui demandes. Toi tu en sélectionne un pour ta maman. Elle a un peu le baby blues depuis qu'elle a accouché et tu essayes de lui remonter le moral comme tu peux. Tu en prends aussi pour la coloc. C'est que les bonbons descendent vite dans cet appart, on se demande bien qui les dégomment tiens ... Finalement vous ressortez pour aller chez Zonko. - Tu as des frères et soeurs toi ? tu demandes à Nicho en piochant un bonbon avant de lui tendre le paquet ouvert pour qu'il se serve. Tu aimerais bien en apprendre plus sur lui. Peut-être que ça le détendra un peu en ta présence. Il a toujours l'air aussi nerveux le pauvre.

Je l’écoutais me rappeler que les plus beaux étaient ceux qui venaient du coeur, mais j’étais persuadé que son discours ne serait pas le même si elle avait été confrontée au spécimen que j’avais confectionné il y a des années. « Crois-moi, il est affreux ce vaste. Jaune poufsouffle à pois rouge… une horreur ! Le truc pourrait effrayer un épouvantard ! » J’imaginais avec perfection la scène dans ma tête, qui m’arracha un rire franc. Avec son optimisme sans borne, j’étais persuadé qu’elle aurait plus à Mamie. Je pouvais déjà l’entendre me dire de prendre exemple sur elle et à quel point ça me ferait du bien d’être plus ouvert comme elle. « Alors je peux te dire que je ne suis vraiment pas sûr du pourquoi elle l’a gardé… Mais heureusement que tu es là ! » Je n’ai connu mes bons goûts et encore plus quand il s’agissait de cadeaux, alors recevoir de l’aide, c’était du Felix Felicis en personne. Je me demandais si elle serait partante pour m’accompagner pour chacun de mes achats cadeaux. J’avais réellement besoin de conseils. « Tu as vraiment trouvé ta voie, alors. » C’est fou, plus le temps passait, plus j’avais l’impression d’être plus à l’aise avec elle. Enfin, presque. Mon coeur rata un battement quand je sentis sa main prendre la mienne pour m’entraîner à travers le village vers notre première destination. Cette simple attention me rendit nerveux. Je lui souriais distraitement et tentais de trouver n’importe quoi pour focaliser mon attention dessus et masquer ainsi ma nervosité. Hélas, c ‘était plus compliqué que prévu. Par conséquent, je manquais probablement la moitié de ce qu’elle me raconta et je hochais la tête de temps à autre. Soudain, mon esprit s’attarda sur l'expression « cadeaux mystères » et mes pieds ne suivant plus le cours trébuchèrent dans la neige. Je me rattrapai vite afin de ne pas nous entraîner tous les deux dans ma chute. « C’est… c’est mignon de sa part. » j’articule à grand-peine. « C’est chouette. » J’avalai difficilement ma salive et continuais d’afficher ce sourire de façade. Un sourire de façade, puisqu’à l’intérieur, c’était la panique à bord. Les questions se bousculaient les unes après les autres, sans me laisser le temps de respirer correctement. Si ça continuait, j’allais vite succomber à la panique. Je m’efforçai à prendre des grandes inspirations par le nez. Etait-il possible qu’elle soit au courant ?

Dès qu’on franchit les portes d’Honeydukes, les odeurs assaillirent mes narines. Si j’avais été seul, j’aurais probablement pu me ruiner dans cette seule boutique. Ange me montra les étagères avec les sachets. « Super, je vais faire le tour et je reviens. » Je la quittais un instant pour faire le tour. Avec mes yeux, je parcourais les diverses propositions sur les étagères et je profitais de cette courte solitude pour reprendre mes esprits. Trop de choses venaient de se passer et mon esprit, un peu lent, n’avait pas encore réussi à tout assimiler. Je m’arrêtai un instant la tête posée contre le bois d’une des étagères et expirai autant d’air que je pus. Je ne pouvais m’empêcher de penser qu’elle était au courant ou alors, elle avait réellement lancer cela innocemment, mais l’idée ne voulait pas s’en aller. Je restai dans cette position une dizaine de secondes avant de me relever et secouer ma tête. Si je m’absentais trop, elle allait s’inquiétait et mon absence allait paraître trop suspecte. Avant de revenir, j’attrapais un paquet au hasard et un autre de bulles baveuses. « Ça y est, j’ai trouvé ce qu’il me fallait. Et toi, t’as trouvé ton bonheur ? » Je lui souris et avant de payer mes achats, je rajoute un paquet de gnomes au poivre. Ce magasin sera ma perte. Nos achats en main, on rejoint la rue principale. L’air frais me faisait du bien et je respirais de nouveau normalement. « Je n’ai pas cette chance, ou cette malchance, selon avec qui l'on parle. » Je hausse les épaules et lui offre une petite moue. Je n’avais jamais ressenti aucun manque de ce côté-là. Mes parents avaient toujours été là et les copains remplissaient cet aspect-ci pour moi.

- Ouh donc déjà tout petit tu associais les Gryffondor et les Poufsouffle ? tu rigoles en le taquinant. Il est juste tellement maladroit et adorable à la fois que ça fait fondre ton coeur qui n'est, de base, absolument pas de pierre ni de glace. Et le voir si mal à l'aise après la perche que tu lui as tendue sur les cadeaux mystères que tu adorais ... tu le prenais presque en pitié. Après tu n'avais pas menti, Gabriel faisait effectivement ça depuis tout petit. Au début il laissait de jolis cailloux qu'il avait trouvé sur le sentier ou des coquillages sur la plage. Des bonbons à moitié entamé. Des gâteaux qu'il avait réussi a chiper dans la cuisine. Puis était venu les dessins, les colliers en pâtes colorés, les monstruosités informes en pâtes à sel magique. Un tas de petits objets que tu gardes précieusement dans une boîte dans ta chambre. Tu les ressors à l'occasion. Ainsi que les photos qui s'y trouvent. C'est une boîte à souvenirs particulières qui contient des objets que tu partageais avec Talya et des cadeaux de Gabriel. Des photos en vrac qui sont ton secret et que tu ne montres à personne. Tu jettes un oeil à Nicholas à côté de toi. Cramoisi, la respiration saccadée, tu as presque peur qu'il te fasses un arrêt cardiaque le pauvre. Tu es peut être trop cruelle ... Mais avant que tu n'ai pu lui parler de nouveau, vous arrivez à Honeydukes.

Après avoir flâné dans les bonbons, en avoir acheté pour à peu près tout le monde, et t'être bien imprégnée de l'odeur sucrée, tu ressors avec Nicholas, piochant dans le paquet destiné à la coloc. Tu en profites avant que les mecs ne mangent tout ... Tu es quasiment sûre que c'est Fabian qui bouffe tout. Ou Lysandre. De vrais estomacs sur pattes ces deux là. Tu hoches la tête en montrant le sac à Nicho. - Oui. J'en ai pris pour ma mère, pour la coloc ... mais il me manque les farces et attrapes pour mon frère. Vous passez donc chez Zonko tout en discutant. Tu lui demandes s'il a des frères et soeurs. Il te dit que non. Oh c'est dommage. Tu as raté teellement de choses, tu railles d'un air amusé. Si si je te jure ! Le dentifrice dans les cheveux, les bestioles sur l'oreiller, les batailles de chatouilles, les disputes pour un bol de céréales, les réveils en fanfare à six heures du mat, ouaiis un vrai bonheur ! Mais tu as l'air plus attendrie et amusée que désespérée. J'ai une jumelle. J'avais ... Ton regard s'assombrit un instant avant qu'il ne retrouve sa brillance. Et j'ai un petit frère aussi ! Enfin non j'en ai deux maintenant, ma maman a accouché du dernier il y a trois semaines ! tu lances toute joyeuse. Bon ok, avoir dix-huit ans de différence avec son petit frère, c'est dur à encaisser mais ce bébé, tu l'aimeras tout autant que tu as aimé Gabriel.

Vous entrez dans la boutique de farces et attrapes et une araignée géante vous tombe dessus. Tu recules d'un pas, sans montrer de peur mais tendue. Tu en fait largement le tour. - J'ai horreur de ces bestioles, tu maugréés avant de te diriger vers un endroit précis. Tu attrapes un sachet au hasard, regarde ce qu'il y a dedans, sourit puis tu vas le payer. Bon voilà tu as fais le tour pour ton excursion. Vous ressortez une nouvelle fois dans le froid. Il commence à neiger. Tu fermes les yeux et tend ton visage à la neige. Tu sens un flocon se déposer sur le bout de ton nez. C'est froid. Tu ris comme une enfant. La magie de la neige t'enchante. On ne dirait alors pas du tout une future chasseuse de mages noirs. Vous vous rendez aux Trois Balais et Merlin est avec vous, vous trouvez une table un peu à l'écart de la foule, tranquille. Tu soupires de bonheur sous la chaleur et enlève ton manteau blanc dévoilant la robe bordeaux en dentelle arrivant à mi-cuisse que tu portes. Après avoir commandé, tu regardes Nicholas, le regard pétillant et pose ton menton sur tes mains croisées. Alors ... tu as réfléchi à ce que tu voulais faire l'année prochaine ? J'te verrais bien .. j'sais pas ... a la Gazette du Sorcier, section courrier mystère ! tu lances d'un air taquin. Là pour le coup s'il ne comprends pas c'est qu'il le fait exprès. Oui t'as décidé d'arrêter de le torturer le pauvre. Tu l'as pris en pitié avec sa dernière réaction. Et maintenant tu attends la nouvelle, un petit sourire à la fois tendre et amusé au coin des lèvres.

Je souris en l’entendant assimiler mes mauvais goûts de marmot à mes études de magie. C’était vraiment son genre de voir le bon côté des choses et je devais dire que j’appréciais assez. C’était toujours agréable, surtout qu’on était soi-même souvent assiégé par des pensées moroses. « Sûrement. En tout cas, mon esprit avait déjà des prédispositions pour les Jaunes et Noirs ! » je souris, avant d’ajouter. « J’avais delà l’ADN des Pouffys en moi ! » Serais-je en train de devenir drôle ? Du moins, j’était ravi de savoir qu’Ange paraissait passer un bon moment en ma compagnie. Elle souriait et son air enjoué, légèrement malicieux peint sur son visage me créait des sensations très étranges dans le creux de l’estomac. Ça avait toujours été ça avec elle. Sans réellement savoir pourquoi, ni le comprendre, elle me rendait nerveux en étant à la fois très à l’aise. Ce sentiment me laissait toujours perplexe et après nos rencontres, je passais toujours des heures à me demander intérieurement si quelque chose clochait chez moi, si je ne l’avais pas embêtée… et la liste était encore longue. Mes absences que je tentais de masquer devaient sembler évidentes auprès de mon amie, au vue du regard qu’elle posait sur moi. Notre arrivée chez Honeydukes m’avait permis d’éviter de m’embarrasser davantage. En ressortant, j’étais plus détendu et j’avais pris le temps de me remettre les idées en place. J’en avais profité pour faire le plein de sucreries et prendre un petit quelque chose pour remercier ce génie des potions. « Super, alors allons-y ! » je lui lance en passant mon bras sous le sien. Je m’étonnai de ma propre initiative, mais je ne pouvais plus reculer maintenant. Je l’écoutais me vanter les biens de faire partie d’une fratrie. « Tu as raison, j’ai manqué tellement de choses ! », j’ironisais, « C’est vrai que mes livres et mes jouets ne font pas le poids face à des bêtes sur mon oreiller ! » Je faisais le malin devant elle, à ironiser et usant de sarcasmes. Au fond de moi, je n’étais pas sûr de regretter mon enfance d’un enfant unique. C’est vrai qu’un frère ou une soeur aurait été pu être une bonne chose, mais ce n’était pas vraiment à moi d’en décider. Et puis, c’était peut-être bête et naïf, mais mes copains jouaient ce rôle. Je l’observais me raconter toutes ses histoires. Je souris, elle en avait de beaux souvenirs et elle semblait heureuse en évoquant ses moments. Puis, il y eut ce léger tremblement de voix? J’haussais les sourcils en signe d’interrogation, mais je n’eus pas le temps de poser la moindre question qu’elle enchaîna sur un nouveau-né. « Et bien, félicitations ! J’espère que ta maman se porte bien. Comment est-ce qu’il s’appelle le petit nouveau ? » La famille Blackwell-Lucas était une grande famille. Et voilà, qu’un nouveau membre venait agrandir les rangs. C’était une excellent nouvelle.

Lorsque l’on atteignit la boutique, je lui lâchai le bras pour farfouiller un peu. Restant à proximité d’elle, malgré tout. Soudain, une araignée surgit de nulle part pour nous tomber dessus. Si Ange à côté de moi garde son sang-froid, je n’en fit pas autant. Un petit cri, soudain et bref, franchit mes lèvres. Les battements de mon coeur avaient triplé, j’haletais encore mais je suivis tout de même Ange, dont le sang-croit m’impressionnait. Voilà pourquoi je n’aurais pas pu intégrer le rang des Gryffons. La moindre action de surprise me faisait sursauter. Ajouter à cela mes angoisses et mon anxiété habituelles. Je continuai de la suivre, je n’avais pas particulièrement de choses à acheter. Par contre, je repérai sur une étagère dans le fond deux-trois bricoles qui pourraient m’intéresser plus tard. En ressortant, la neige commençait à tomber. Je relevais le col de mon manteau et ajustais mon écharpe autour de mon cou. J’observais les autres s’émerveiller à la tombée de quelques flocons, tout comme Ange d’ailleurs. Le regard enfantin, des étoiles pleins les yeux, c’était touchant. Mais je ne lui laissais pas vraiment le choix de s’attarder sous la neige, pour filer nous réfugier aux Trois Balais. Si j’avais eu la bonne idée de prendre mes gants, j’en avais oublié mon bonnet et les flocons s’étaient nichés dans ma tignasse. Par les chaussettes de Merlin, nous étions arrivés avant toute la foule surprise par la neige et nous nous installions à une table libre, légèrement à l’écart. Je secouais la tête comme un chiot sorti du bain et déboutonnais mon manteau. Je désignais d’un mouvement de tête sa tenue avec un petit sourire. « Jolie robe. » Niveau compliment, je pourrais être plus généreux, mais comprenez, je suis quelqu’un de timide. Quelqu’un passa prendre notre commande, nous laissant le plaisir de discuter un peu. Les bras croisés sur la table, je jouais avec mes doigts sur le rebord et jetant des coups d’oeil autour de nous. Assis là face à elle, je reprenais mes vieilles habitudes et je sentais la nervosité creusait son chemin jusqu’à la surface. « Quoi ? » Je la fixais sans comprendre, avant de me mettre à papillonner des paupières. « Quoi ? » Cette fois-ci, mon interrogation est plus franche et mon cerveau commence à assimiler peu à peu les informations. Il n’était pas une lumière question rapidité, mais plus les secondes défilaient plus les connections dans mon cerveau se mettaient en place. « Attends, un peu… Tu… Tu… » Et tadam ! Ça y était, mon cerveau venait de compléter le circuit. Elle était au courant… J’étais bouche bée, scotché qu’elle fut été au courant. Oh, bigre de citrouille, je m’étais embourbé jusqu’au cou et à présent, j’étais pris au piège.

Tu ris franchement face à son ironie. Mais tu sens qu'il a été heureux malgré le fait d'être fils unique. Toi tu ne sais pas comment tu pourrais vivre sans tes frères même si la perte de ta jumelle a détruit quelque chose en toi. Mais en même temps, quand on n'a jamais connu ça, comment savoir si ça peut nous manquer ? Du coup tu comprends son point de vue à lui. Et puis, ne dit-on pas qu'à défaut de choisir sa famille, on peut choisir ses amis et les y intégrer ? - Ca dépend des livres et des jouets je dirais ? tu fais d'un air intense comme si tu réfléchissais réellement. J'veux dire, les Contes de Beedle pèsent quand même très lourd dans la balance face à petit frère collant qui te rapportes une poignée de vers de terre ! Ton regard pétillant croise le sien et tu lui fais un clin d'oeil. Tu lui parles de ta fratrie à toi. Tu abordes vaguement Talya puis tu passes à autre chose. Tu ne parles pas de ta jumelle. Jamais. Parce qu'en parler ne ferait que faire exploser cette réplique que tu sors toujours "le temps a passé, elle me manque mais je vais bien". Je vais bien ... Non ce n'est pas le cas. Tu ne te sens pas complète sans ta soeur. Comme s'il manquait toujours une partie de toi que personne ne pouvait compenser. Tu souris, tu es heureuse et équilibrée. Vraiment. Mais parfois arrive cette phase durant ces deux périodes, celle de votre anniversaire et celle de la date de sa mort, où tu sembles ... fantômatique. Ailleurs. Dans un autre monde. Un univers parallèle dans lequel ta soeur jumelle vivrait à côté de toi, soufflerait votre bougies, te taquinerait sur les garçons et te raconterait d'un ton emphasé toutes ses histoires de coeur. Un univers où tu aurais été la douce et studieuse Serdaigle quand Talya aurait été la fougueuse et vivante Gryffondor. Alors tu ne parles pas d'elle. Jamais. - Alexander. Alec. Maman nous avait demandé notre avis, on a décidé qu'il y avait assez de prénoms angéliques dans notre famille entre mon frère Gabriel et moi et ont a opté pour celui ci ! tu fais en riant.

Si tu ne trembles pas face à l'araignée ce n'est pas parce que tu es une ancienne Gryffondor. Avant tu aurais hurlé aussi. Tu as tellement horreur de ces bestioles ! Non si tu ne hurles pas c'est que tu t'es vachement entraîné avec les garçons à ne pas laisser de futiles choses telles que les bestioles en tout genre ou un bruit divers vous effrayer au point de vous faire repérer lors d'une filature par exemple. Ouais vous prenez vos études très au sérieux surtout alors que vous êtes en pleine guerre. On le sent d'ailleurs dans l'atmosphère de Pré-Au-Lard. Malgré la neige, malgré les rires des enfants, la tension et la méfiance sont là, comme une épée de Damoclès au dessus des têtes, la peur prête à prendre le dessus au moindre mouvement suspect. Même toi tu es sur tes gardes tout en profitant de la neige et de Nicholas. Mais il vous entraîne rapidement vers les Trois Balais et tu le suis sans résister. Il y a moins de monde qu'habituellement. Sûrement un des effets secondaire de la guerre, de la neige ou du fait que les fêtes de fin d'années sont terminées. Vous vous installez un peu à l'écart, tranquille. Jolie robe ? Tu lui offres un sourire lumineux. - Merci ! Tu as bien compris qu'il voulait te complimenter sans y arriver. Maintenant que vous êtes dans un espace plus restreint, face à face, il à l'air encore plus nerveux que dehors.

Tu veux le faire mariner encore mais le pauvre est déjà assez mal à l'aise alors tu te décides à balancer ce que tu sais sur une dernière taquinerie. - Quoi ? Il semble ne pas comprendre. Ton regard pétille de mille feux, ton sourire malicieux grimpant jusqu'à tes prunelles d'ambre. Il n'arrive pas à parler. Le pauvre est carrément loin, trèès loin, incapable de dire un mot, la bouche grande ouverte comme un poisson-chat essayant de gober une mouche. - Je je quoi ? tu lances amusée te mordant la lèvre inférieure pour ne pas éclater de rire. Ca y est il a compris. Tu ris aux éclats devant sa réaction. Rouge cramoisi, le souffle coupé, le regard affolé il semble complètement pris au dépourvu. Tu poses ta main sur la sienne. Respire Nicho' respire ! Reste avec moi ... Ne vas pas mourir hein ! Parce que moi je me prépare à être Auror pas Médicomage hein ! tu fais d'une voix douce. Tu plonges ton regard dans le sien. Tes yeux brillent d'une douce lueur et tu lui sourit mais sans taquinerie cette fois, plus sérieuse qu'avant. Je suis désolée de t'avoir taquiné comme ça. Mais je voulais te remercier ... j'ai tellement aimé tes petites attentions ... J'ai tout gardé précieusement dans une jolie boîte. Chacun de tes cadeaux, chacun de tes poèmes ... Tu lui souris avec tendresse. Une chaleur particulière monte dans ton regard. Merci pour tout ça. Vraiment. C'était une année mouvementée, comme si j'avais lancé un appel de détresse silencieux et que tu l'avais entendu. Tes attentions tombaient toujours à un moment où j'en avais besoin et ... Tu te tais. Merci. Tu te redresses un peu sans lâcher sa main. Pourquoi ne m'as-tu pas dis que c'était toi cette fois là dans la Volière quand on s'est retrouvés ? Je veux dire ... je cherchais qui m'envoyait tous ces cadeaux et je t'en ai parlé ... tu étais à côté de moi ... tu aurais pu me le dire, pourquoi ne pas l'avoir fait ? tu t'enquiers, sans lui faire de reproche, simplement curieuse de la réponse. Vos boissons arrivent à ce moment là. Tu prends ta bièraubeurre à laquelle tu as ajouté un peu de cannelle tout en attendant la réponse de Nicholas.

« Mes parents ne connaissaient pas les Contes de Beedle le Barde quand j’étais petit, jusqu’à ce que je leur en parle. C’était plutôt Peter Pan et les Trois Petits Cochons. » Avec nostalgie, je me rappelle des histoires que me racontaient Papa et Maman, et ma nourrice, Cathy, aussi. « Tu connais ? » Je me souviens avoir rêvé de combats avec des dragons et des aventures sur de grands voiliers à la recherche de mille et un trésors. Ma rencontre avec le monde sorcier avait été un grand choc, surtout quand j’avais appris que les dragons étaient aussi réels que les gnomes et les licornes. Nous continuons de discuter de notre enfance et je l’écoutais attentivement, autant qu’elle le faisait avec moi. Tout en l’écoutant, j’étais heureux d’avoir un prétexte pour la regarder. Ses grands yeux, ses longs cheveux qui encadraient son doux visage. Une lueur étrange traversa son regard, d’habitude si joyeux, mais avant que je n’aie pu dire quoique ce soit, celle-ci avait disparu et son visage avait retrouvé son air enjoué. L’espace d’un instant, la curiosité m’envahit pour s’évanouir aussitôt, l’esprit accaparé par quelque chose de nouveau. « C’est un joli prénom. Ton frère et toi l’aviez choisi ou ce sont tes parents ? » C’est vrai qu’en y réfléchissant les prénoms angéliques étaient une constante chez les Blackwell-Lucas. Pendant quelques minutes, je me triturais les méninges à me demander si oui ou non, Alexander était connecté de près ou de loin à des sphères angéliques. Je devais de sacrées grimaces plonger dans mes réflexions. Finalement, ne trouvant aucune solution, je baissais les bras et abandonner mes recherches mentales. « Un petit guerrier en devenir alors ? »

Assis à notre table, j’essayais de faire bonne figure et surtout veiller à ne pas m’embarrasser trop devant elle. J’occupais nerveusement mes mains et mes yeux ne cessaient de faire des allers-retours. Tantôt sur elle, puis sur les autres occupants du bar, sur mes mains pour les faire glisser ensuite vers elle de nouveau, dans un cercle infini. Elle a la bonté de ne pas pointer ta nervosité et tu la remercies mentalement en lui offrant un sourire mi-timide mi-nerveux, mais sincère avant tout. J’expire à grands coups par les narines et comme d’un coup de baguette, ma nervosité semble s’apaiser un peu. Néanmoins, je n’avais pas prévu ce qui allait arriver ensuite… Au fur et à mesure que mon cerveau assimilait les informations, mon rythme cardiaque augmentait corrélativement. Encore un peu et je passerais en phase d’hyperventilation, pour probablement atteindre l’arrêt cardiaque. Je percevais à peine les rires d’Ange face à moi. Pourquoi donc riait-elle ? Mon état actuel était à des milliers de lieux de son état à elle. Mes mains étaient moites, mon cerveau en compote proche de l’ébullition… Je m’étais fait prendre à mon propre jeu. Je savais parfaitement que j’aurais dû lui avouer il y a des siècles, mais je n’avais pas réussi à sortir le moindre mot. Et me voilà aujourd’hui, au bord de l’évanouissement. Des picotements me remontent dans le bras lorsqu’elle pose sa main sur la mienne pour m’inciter à me calmer. Facile à dire… Malgré tout, je l’écoutai et tentai vainement de ralentir ma respiration. « Respirer… ouais… je… tu…. » Mes paroles n’avaient aucun sens et à grands renforts d’exercices de respiration/expiration, je parvenais à reprendre peu à peu mon souffle et remettre mes idées en place. « Tu savais ? » je lui demande du bout des lèvres, sans oser la regarder. Toujours concentré sur ma respiration, je l’écoutais. Le ton taquin dans sa voix avait disparu, au profit de notes plus sérieuses. J’étais partagé entre la honte — celle d’avoir été démasqué — et le soulagement — celui de ne plus avoir à cacher ce secret. Les mots me manquaient et je n’étais pas sûr de pouvoir lui répondre quoi que ce soit. Un mince sourire se forma sur mes lèvres et ses mots me touchaient profondément. Je n’avais jamais pensé que cela l’avait touché à ce point. D’ailleurs, mes sourcils se fronçaient un peu plus chaque fois qu’elle me remerciait. Par Merlin, pourquoi elle me remerciait autant ? Quand elle s’arrêta de parler, les mots étaient bloqués dans ma bouche et il eut un moment de silence, pas aussi gênant que je l’avais imaginé, juste le temps de reprendre consistance. Les boissons arrivèrent et ma main encore libre s’accrocha à la choppe comme un homme à sa bouée. Mes doigts se serraient et desserraient autour de l’anse. Après avoir pris une petite gorgée, je déglutis avant de parler. « Je… je ne sais pas trop quoi te dire… Je suis désolé ? » Je préférais ignorer ses aveux à elle, ne me sentant pas tout à fait à l’aise avec encore. « Tu sais… » Les mots se bousculaient dans ma tête et je n’étais pas sûr de savoir moi-même ce que je faisais. « Tu sais, je crois que je n’ai pas eu… » Mes yeux rencontrèrent les siens et je m’ordonnais de ne pas me défiler. Il était temps. J’humidifiais mes lèvres avant de reprendre. « Je n’ai pas eu le courage et puis, tu m’impressionnais — m’impressionnes, vachement… » Ma voix avait perdu plusieurs octaves, jusque devenir un murmure sur la fin. « J’ai pensé que tu m’aurais cru bon pour Ste-Mangouste et je voulais pas… tu sais, que tu ne souhaites plus me parler à cause de… à cause de ça… » Cette fois, je ne tenais plus et je baissais la tête instinctivement suite à cet aveu.

Tu cherches dans tes souvenirs puis la lumière se fait. - Oh oui le petit garçon qui refuse de grandir et qui vit au pays imaginaire ! tu fais en claquant des doigts. Tu as l'air super fière de toi. Devant le regard de Nicho tu hausses les épaules. Ma grand-mère maternelle est une moldue et ma mère voulait que je n'oublies pas mes racines. Alors quand papa nous racontait les contes de Beedle maman elle nous racontait les contes de fées moldus. Talya adorait Peter Pan. J'avoue que j'avais une préférence pour Cendrillon, tu fais en riant. Ou la Belle et la Bête. Mais il y a quelques années j'ai appris que c'était en fait l'histoire de famille de mon meilleur ami alors du coup ça rendait cette histoire encore plus cool ! La discussion dérive vers le fait que tu as un nouveau petit frère. Alexander. - C'est Gaby et moi. Maman avait une autre idée. Aaron aussi. Pour mettre tout le monde d'accord mon frère et moi on a tranché. Tu repenses à cette petite bouille d'ange qu'est ton petit frère et au sourire de ta mère et Aaron. Bon ok, ton parrain était surtout paniqué mais il était heureux. Même Gabriel sautait partout. Et si toi tu étais heureuse, tu t'étais quand même sentie ... à l'écart. Huit ans d'écart avec ton frère c'était déjà beaucoup. Mais dix-huit ? Cet enfant aurait pu être le tiens. Et c'est dans ces moments là que ta jumelle te manque le plus. - Oui un petit guerrier, tu souris d'un air un peu rêveur.

Bon. Tu aurais peut-être être plus délicate avec lui. Parce que là t'as juste l'impression qu'il va mourir d'étouffement suite à ton annonce. Toi tu le remercies du fond du coeur. Parce que ses cadeaux t'ont réchauffés le coeur et ses poèmes ont enflammés ton âme lorsque tu en avais le plus besoin. Tu fronces les sourcils. - Pourquoi es-tu désolé ? tu t'étonnes. Tu ne comprends pas. Il t'explique qu'il n'a pas eu le courage de te le dire. Que tu l'impressionnes beaucoup. Tu te redresses surprise. - Je ... Quoi ? tu t'exclames. Depuis quand tu es impressionnante ? L'envoyer a Sainte Mangouste ? Ne plus lui parler ? Tu lèves les mains en l'air. Wow wow wow ralentis un peu ... Genre ... tu as cru que j'étais la Méchante Sorcière de l'Ouest ou quoi ? tu lances en te marrant. Tu prends ses mains dans les tiennes. Regarde moi Nicho ... Toi et moi sommes amis non ? Dis moi en quoi tu me trouves impressionnante ... Je veux dire ... je n'ai rien d'extraordinaire ... je ne suis qu'une fille parmi tant d'autres ... Tu penches légèrement la tête pour plonger ton regard dans le sien. Tu peux tout me dire ... Tu le sais pas vrai ? tu lui demandes avec douceur. Tu te demandes réellement pourquoi il est si timide avec toi. Et juste avec toi. Il ne l'ai pas avec les autres. Du coup tu te demandes ce qui te rend spéciale à ses yeux.

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Dis moi ton secret et je te dirais le mien • ft Nicholas

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