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| Le mariage est la cause principale de divorce (O. Wilde) | RABASTAN (terminé) | |
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| Sujet: Le mariage est la cause principale de divorce (O. Wilde) | RABASTAN (terminé) Ven 18 Mai 2018 - 11:42 | |
| Une épaisse fumée de poudre de cheminette jaillit dans le hall de l'antique demeure des Lestrange et Rodolphus se matérialisa dans l'âtre de la cheminée, la mine fermée. Il rentrait tout juste d'une soirée chez les Carrow à laquelle Rabastan, Bellatrix et lui avaient été conviés pour fêter en plus petit comité les fiançailles de son filleul Amycus avec la jeune Lys Malefoy : cette heureuse union à venir avait été annoncée lors du mariage de Lucius et Narcissa, mais Morfin Carrow avait tenu à donner une réception complètement dédiée à cette charmante nouvelle, à laquelle les Lestrange n'avaient décemment pas pu se soustraire. Du reste, une telle obligation mondaine n'avait pas été une trop lourde gageure pour l'héritier Lestrange, qui s'il ne supportait pas les Malefoy et leurs manières pincées appréciait grandement les Carrow, dont la ruse et la violence correspondaient bien mieux à l'esprit des membres de la famille Lestrange. C'est pour cela aussi que, contrairement à ces nombreuses soirées qui l'assommaient et ne lui donnaient envie que d'aller se coucher une fois de retour chez lui, Rodolphus en rentrant ce soir-là se sentait tout à fait alerte et pas du tout décidé à aller dormir. De plus, une réflexion le taraudait, et il était désireux de s'en ouvrir à Rabastan au plus vite : il resta donc quelques secondes déambuler dans le hall en attendant son frère qui manifestement avait décidé de rester traîner chez les Carrow, seulement tiré de ses pensées par l'irruption soudaine de son épouse Bellatrix, qui s'extirpa à son tour de la cheminée et passa sa main dans son épaisse chevelure pour en faire tomber les résidus de cendre avant de traverser le Hall sans un mot pour grimper l'escalier qui menait à la chambre que les époux partageaient. Parfois. Rodolphus la suivit du regard, mais ne chercha pas à entrer en contact avec son impétueuse épouse dont il mesurait fort bien le niveau d'énervement. Il était à son comble, comme à chaque fois qu'on leur demandait comme ce soir pourquoi après quasiment sept ans de mariage, aucun héritier Lestrange n'avait encore poussé le moindre vagissement. Cette épineuse question divisait depuis de longues années les époux Lestrange, mais ce fait n'était visiblement pas assez notoire pour empêcher leurs proches de leur poser la question à intervalles réguliers, et avec une insistance grandissante. Bellatrix était opposée à l'idée, et sur les épaules de Rodolphus reposait le poids du devoir envers sa lignée. Le problème paraissait insoluble, mais l'aîné des Lestrange ne perdait pas espoir de voir son épouse retrouver ses esprits à ce sujet. Ils étaient encore jeunes, surtout elle. L'arrivée de Rabastan tira Rodolphus de ses sombres pensées, et le força à quitter son masque d'amertume pour reprendre une expression neutre et tranquille. — Après une telle sauterie, je n'ai pas encore l'envie d'aller retrouver ma furie de femme au lit. Un dernier verre, ça te dit ? proposa-t-il à Rabastan en poussant la porte qui menait au salon. Leurs parents couchés, Bellatrix à l'étage, les deux frères avaient pour eux l'entièreté du Manoir, ce qui était bien trop rare pour qu'ils ne méritent pas d'en profiter un peu.
Dernière édition par Rodolphus A. Lestrange le Lun 21 Jan 2019 - 9:46, édité 1 fois |
| | | | Sujet: Re: Le mariage est la cause principale de divorce (O. Wilde) | RABASTAN (terminé) Sam 19 Mai 2018 - 12:12 | |
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Il était de ces jours où même la plus traditionnelle et anodine soirée mondaine réservait quelques surprises. Dans la société figée dans un autre temps où évoluaient les Lestrange, tout était écrit à l’avance. Chaque geste, chaque mot était soupesé, réfléchi, analysé par l’auditoire. Il n’y avait pas de place pour l’improvisation et la spontanéité. Et pourtant ! Chose rare, cette soirée donnée par les Carrow en l’honneur de l’officialisation des fiançailles d’Amycus avec Lys Malefoy avait diverti Rabastan. Pourtant, il y avait de quoi l’importuner, à commencer par la raison même de cette petite sauterie. L’union de son imbécile de neveu avec une rejeton Malefoy. Oh c’était risible ! Risible mais habillement bien mené de la part de Morfin. Voilà que les Carrow allaient bientôt hériter d’une dot conséquente, chose dont les Lestrange, eux, manquait cruellement. Alors que Rodolphus avait déjà disparu en un flamboyant brasier émeraude dans la cheminée et que son épouse n’allait pas tarder à le suivre, Rabastan se permit une dernière discussion politique avec leur cousin. Il n’était pas si pressé de retourner à Leicester. Les soirs où il pouvait profiter de l’appréciable et tout à fait délectable compagnie de nobles sang-purs étaient rares et retrouver la froideur de sa couche, seul, était loin de l’enchanter. Cependant, il ne put flâner plus longtemps et, après une dernière poignée de main cordiale et entendue à Morfin, il jeta négligemment une pincée de poudre de cheminette qui le ramena dans le grand hall de l’austère manoir Lestrange. Trop grand, il dut se courber pour passer le linteau de la cheminée et retrouver son frère qui l’attendait patiemment. Voyant qu’il avait souillé une épaule de son costume impeccable avec la suie, il émit un claquement sec de la langue mais ne se donna pour autant pas la peine de sortir sa baguette pour faire disparaître celui dans l’instant. Ce n’était pas son travail mais celui des elfes de maison. Et gare à celui qui aurait la lourde tâche de s’occuper de son costume. Le cadet Lestrange était un maître intransigeant et maniaque. Alors qu’il allait aboyer dans le vide pour sommer un serviteur de venir récupérer sa veste, Rodolphus prit la parole, le coupant dans son élan. « Après une telle sauterie, je n'ai pas encore l'envie d'aller retrouver ma furie de femme au lit. Un dernier verre, ça te dit ? » C’était là une proposition qui ne se refusait pas. Rabastan eut un fin sourire. « C’est fort sage, en effet. Avec tous les verres qu’elle n’a pas su décemment refuser ce soir, elle risque d’être plus hargneuse qu’à l’accoutumé, » se plut-il à rétorquer, se moquant ouvertement du caractère déplorable de sa belle-sœur. D’un signe de tête, il invita alors son ainé à le suivre dans un des petits salons du manoir où, auprès de l’âtre que les elfes de maison avaient docilement entretenu toute la soirée, ils seraient tranquilles pour partager un moment entre frères. Comme à son habitude, Rabastan fut prompt à se diriger vers la commode renfermant de nombreuses bouteilles de breuvages ambrés aux arômes puissants. « Brandy ou Scotch ? » demanda-t-il à Rodolphus en sortant deux verres d’une transparence éblouissante. Pour lui, ce serait un scotch. Il devait bien avouer qu’en matière d’alcool, ces barbares écossais savaient y faire. Ce n’est qu’après qu’il s’installa dans un confortable fauteuil en velours, près du feu. Dénouant d’une main son nœud papillon, il laissa un soupir de contentement lui échapper. « Eh bien, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Amycus va bientôt partager ta condition de mari désœuvré, mon frère. La petite Malefoy est aussi caractérielle qu’imprévisible, » glissa-t-il sans la moindre volonté de se gausser du mariage infortuné de Rodolphus avec la tigresse Black. C’était là simplement une observation froide et détachée. - Citation :
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| | | | Sujet: Re: Le mariage est la cause principale de divorce (O. Wilde) | RABASTAN (terminé) Lun 21 Mai 2018 - 12:33 | |
| Rodolphus entra dans le salon et se laissa tomber sur le canapé qui faisait face au feu tandis que Rabastan se dirigeait fort naturellement vers le bar. Peu nombreuses étaient les tâches que les Lestrange accomplissaient eux-même, mais remplir et vider des verres d'alcool en faisaient partie et les fils de Morpheus se montraient même plutôt doués à l'exercice. — Un brandy pour moi, commanda-t-il en se passant la main devant le visage, un peu las de sa soirée et soudainement bien las de sa vie. Il accueillit toutefois l'arrivée de son verre avec un sourire et se prit immédiatement à faire tournoyer le contenu dans son réceptacle de cristal tandis que son frère s'installait dans un fauteuil non loin de lui. Il était curieux de constater que Rabastan ce soir avait l'air aussi tranquillement satisfait que Rodolphus n'était profondément blasé. Il avala une première gorgée de son breuvage au moment où son frère reprenait la parole pour faire allusion au futur désastre matrimonial qu'allait subir Amycus. — Je te le fais pas dire, maugréa-t-il en reposant son verre sur l'accoudoir de son canapé, les sourcils froncés et le regard sombre. Ça n'est pourtant pas faute d'avoir conseillé à Morfin de ne pas lier mon filleul à cette satanée famille. Se coltiner cette furie blonde, et en prime Lucius Malefoy pour beau-frère, non mais tu imagines ? demanda-t-il d'une voix acerbe, sans pour autant attendre de réponse. Il n'avait pas de grief particulier contre Lys Malefoy, si ce n'est que cette dernière ne mettait pas grand zèle à surveiller les agissements d'Alienor Fawley à Poudlard, malgré la demande expresse de Rodolphus. Ça n'était toutefois pas suffisant pour dénoncer la benjamine des Malefoy comme étant une traîtresse, même si cela lui suffisait à la trouver suspecte. Toutefois, depuis que Lucius avait épousé Narcissa (ce dont Rodolphus ne se remettait pas vraiment), tous les prétextes étaient bons pour diffamer la famille Malefoy à toute heure du jour et de la nuit. — Voyons le bon côté des choses, cela te fait une prétendante de moins, soupira-t-il tout en cherchant du regard la boîte de cigares que Morpheus gardait dans le salon. Il ne vit donc pas de suite l'expression sur le visage de son frère, plus occupé à attirer à lui la fameuse boîte localisée à l'aide d'un sortilège d'attraction, puis à sélectionner un cigare qu'il porta d'abord à ses lèvres, avant de l'ôter en reportant son attention sur Rabastan, pour ajouter : J'imagine que tu y avais pensé. En réalité rien n'était moins sûr, Rabastan Lestrange ne s'étant pas jusqu'à présent révélé le garçon le plus pressé au monde à l'idée de se faire mettre la corde au cou. |
| | | | Sujet: Re: Le mariage est la cause principale de divorce (O. Wilde) | RABASTAN (terminé) Dim 10 Juin 2018 - 11:46 | |
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Rabastan nourrissait un grand respect envers son parrain, Morfin Carrow. Aussi n’avait-il pas osé commenter sa décision d’unir son abruti de fils avec l’héritière Malefoy mais il n’en pensait pas moins. Il savait à quel point le jeu des mariages arrangés était subtil. Argent, influence, pouvoir. Autant de chose qu’il fallait prendre en compte pour s’assurer d’une union intéressante. Pourtant, il doutait que Morfin ait fait le bon choix. Il était notoire que Rabastan -et même son frère- détestait les enfants d’Abraxas Malefoy et cela influençait certainement son jugement. Néanmoins, il fallait avouer que c’était une drôle de combine que d’unir Amycus, un garçon aussi impulsif qu’irréfléchi, avec une gamine à l’ambition bien trop vivace pour sa condition. Cela risquait, à terme, d’embarrasser Morfin, Rabastan en était certain. « Ça n'est pourtant pas faute d'avoir conseillé à Morfin de ne pas lier mon filleul à cette satanée famille. Se coltiner cette furie blonde, et en prime Lucius Malefoy pour beau-frère, non mais tu imagines ? » confirma l’ainé des Lestrange d’un air réprobateur. Son frère hocha la tête, heureux de voir qu’il partageait son opinion sans que, pour autant, ni l’un ni l’autre n’ait pu faire valoir leur position aux yeux du père Carrow. Rabastan haussa les épaules de dépit en ajoutant « Nous ne devons simplement pas avoir toutes les informations. Cette union ne doit pas être dénuée d’intérêts pour Morfin. J’espère simplement que la petite Malefoy ne viendra pas entacher le nom de nos cousins. » Alors que Rabastan portait son verre immaculé à ses lèvres pour prendre une gorgée de scotch, Rodolphus eut la délicieuse idée de lui glisser une remarque aux premiers abords tout à fait anodine. Néanmoins, et alors que le cadet Lestrange était un naturel placide voire même inexpressif, cela lui fit arquer le sourcil. Une prétendante de moins ? Oh par Salazard ! Fou aurait été celui qui se serait mis en tête de le marier, lui, avec la peste Malefoy ! « J'imagine que tu y avais pensé, » ajouta Rodolphus après qu’il eut finalement mis la main sur l’un des cigares de leur père. Avec un flegme tout britannique, Rabastan reprit un masque d’indifférence et répondit sur un ton neutre tout en farfouillant dans la poche intérieure de sa veste. « Si j’avais pensé devoir un jour partager ma couche avec cette gamine ? Non. » Il allongea alors le bras pour proposer à son frère d’allumer son cigare de son briquet étincelant dans un des rares gestes tout à fait moldus qu’il s’autorisait. Il reprit ensuite sur le même air détaché. « Mais que Père puisse faire l’erreur de proposer une telle union au vieux Malefoy, eh bien ! je n’osais l’imaginer. Il n’est pas le plus avisé en matière de mariage … » Il y avait quelque chose de terriblement effronté à parler de la sorte du patriarche Lestrange entre les murs de son imposant manoir. Cependant, Rabastan savait ne rien avoir à craindre. Leur père était vieux, nul doute que la soirée l’avait éreinté et qu’il importunait déjà leur délicieuse mère de ses ronflements. A dire vrai, depuis que Morpheus Lestrange avait eu le culot d’annuler les fiançailles de son fils avec l’héritière Nott, ce dernier redoutait le jour où son père le convoquerait dans son bureau, comme il l’avait fait avec Rodolphus, pour lui annoncer l’heureuse nouvelle de sa future union avec quelconque héritière d’une famille dont l’unique atout était la dot qu’elle fournirait aux Lestrange. - Citation :
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| | | | Sujet: Re: Le mariage est la cause principale de divorce (O. Wilde) | RABASTAN (terminé) Mer 13 Juin 2018 - 11:17 | |
| Un grognement dépité de Rodolphus répondit à la conviction de Rabastan selon laquelle Morfin devait bien trouver un intérêt à unir les Carrow aux Malefoy. L'aîné des Lestrange en voyait effectivement un, mais l'héritier désargenté qu'il était le méprisait profondément : il ne pouvait pas nier que les Malefoy ces derniers mois étaient très en vue, et d'aucuns pouvaient même aller jusqu'à prétendre qu'ils gagnaient en pouvoir à mesure que le pernicieux Lucius se rapprochait du Ministre Minchum. Cette "promotion sociale", associée à l'union de Lucius avec Narcissa Black, avait de quoi faire dire aux observateurs que se rapprocher des Malefoy était la chance à saisir en ce moment... Les observateurs, oui, mais Morfin Carrow ? Nul doute que le dépit de Rodolphus serait grand s'il venait à découvrir que tel était le raisonnement de son estimé parent... Les Carrow étaient une ancienne famille qui se suffisait à elle-même, et qui n'avait pas besoin de se prostituer avec les Malefoy pour gagner en lustre ou en célébrité. Mais telle était l'opinion (fort tranchée) de Rodolphus Lestrange, qui au fond de lui haïssait forcément quiconque réussissait là où sa famille échouait... — Vraiment ? s'étonna-t-il sincèrement lorsque Rabastan le détrompa au sujet de ses plans maritaux. Il se pencha vers le briquet tendu par son frère et se redressa en exhalant profondément une première bouffée de tabac. Parfois ta désinvolture me tue. Bien sûr que Père y a pensé. Il aurait été fou de ne pas le faire. Je crois sincèrement que tu as eu chaud, reconnut-il avec un ricanement. Cette confiance qu'exhalait son frère dès lors qu'il s'agissait de parler de son mariage futur, sur lequel il n'avait pourtant aucune véritable prise, épatait Rodolphus. D'où lui venait cette tranquille assurance ? Allait-il la garder longtemps, allait-elle résister aux desseins de Morpheus ? Rodolphus n'avait jamais eu le loisir de l'entretenir si longtemps, le patriarche Lestrange l'avait balayée bien des années plus tôt en lui imposant d'épouser Bellatrix... Il enviait à son petit frère sa tranquillité d'esprit et la liberté qui était encore sienne... Mais ne pouvait s'empêcher de chercher à le plomber, sans vraiment savoir s'il le faisait par jalousie, ou pour préparer Rabastan à une désillusion dont il était convaincu qu'elle n'allait pas tarder à lui tomber dessus. — Mais si tu ne pensais pas à la petite Malefoy, à qui pensais-tu ? s'enquit-il en dardant sur Rabastan un regard scrutateur. S'il avait d'abord fait mine de ne pas vraiment s'intéresser à ce sujet, il ne parvenait à présent plus à masquer sa curiosité. |
| | | | Sujet: Re: Le mariage est la cause principale de divorce (O. Wilde) | RABASTAN (terminé) Jeu 14 Juin 2018 - 16:51 | |
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Penser que Rabastan Lestrange ne se sentait pas concerné par les affaires affreusement ennuyeuses que sont celles d’un mariage arrangé était faux. Sa désinvolture qui affligeait tant son ainé n’était, somme toute, que l’expression du flegme tout britannique qu’on lui avait enseigné dès son plus jeune âge. Il était toujours mal avisé de réagir excessivement. Cela l’était encore plus lorsque le sujet était aussi sensible qu’une union dont le but n’était pas de célébrer un amour réciproque mais une alliance des plus avantageuses. On ne transigeait pas un tel sujet. Morpheus Lestrange ne transigeait pas avec un tel sujet. Son fils, quand bien même aurait-il nourri des désirs pour une douce et belle créature en particulier, aurait été bien fou de tenter de faire valoir sa position à son père. Il ne l’avait tenté qu’une unique fois et le résultat avait été désastreux. Voilà peut-être aussi pourquoi il ne voulait se risquer à montrer un quelconque intérêt pour la chose. Faire le mort, une ruse peu glorieuse ne servant qu’à repousser un peu plus un futur aussi inexorable que piteux. « Bien sûr que Père y a pensé. Il aurait été fou de ne pas le faire. Je crois sincèrement que tu as eu chaud, » glissa Rodolphus sur le ton de la conversation, chose qui tira un sourire félin à son cadet. Si Rabastan n’était pas tant inquiété par le dénouement de son avenir marital, c’était aussi parce qu’il gardait en mémoire les propres exploits de son père. « De nos jours, se procurer un poison de qualité dans l’allée des embrumes est chose aisée, mon frère. Plus encore que du temps de notre père, » rétorqua-t-il sans la moindre agressivité dans la voix mais surtout sans la moindre ambiguïté possible. Si Morpheus avait pu supprimer sa première épouse, pourquoi Rabastan ne le pourrait-il pas ? Il ne comptait pas tant vivre avec une gamine dans sa couche qui se fanerait avant même que ne naisse en lui le moindre sentiment passionnel pour elle. « Une dot conséquente, voilà ce qu’il nous faut. Pas une pimbêche indomptable qui, en plus, aurait le culot de ne pas donner à notre noble famille un héritier. » Cela ne le dérangeait pas le moins du monde de faire ainsi référence à sa si agréable belle-sœur. C’était ainsi qu’il voyait la lionne Black qui, jamais, ne sera Lestrange et il ne se privait pas pour le faire savoir à son frère. Rabastan restait définitivement optimiste vis-à-vis de son avenir. Il pensait maîtriser la chose, pouvoir arriver à ses fins un jour ou l’autre. C’était un chasseur patient qui n’avait pas peur des contretemps, même s’il fallait avouer qu’éliminer une épouse restait tout de même quelque chose de fâcheux non pas tant pour les conséquences sur les relations avec la famille de regrettée défunte mais bien pour le risque d’entacher sa réputation. Car quoi qu’on en dise, il n’était jamais bon de cacher un cadavre dans un placard. Le père Lestrange pouvait s’estimer heureux d’avoir pu trouver en Laevina Lestrange, sa cousine germaine, la femme idéale et la mère parfaite pour élever des enfants tout à fait respectables. « Mais si tu ne pensais pas à la petite Malefoy, à qui pensais-tu ? » se risqua Rodolphus. Néanmoins, sa remarque ne sembla pas, aux premiers abords, provoquer de réaction chez son cadet qui sortit avec flegme son paquet de cigarettes de la poche intérieure de sa veste. Il adressa un regard mystérieux à son frère tout en faisant prendre son tabac. Ce n’est qu’après une longue inspiration, suivie d’une toute aussi longue expiration qu’il lui répondit. « Alecto aurait pu être un très bon parti. Néanmoins, mon parrain semble la destiner à un tout autre homme. Peut-être la jeune Selwyn. Délicate, manipulable, docile à n’en point douter. Là encore, Père semble ne pas être sur le bon front … » Non, il ne répondait pas à la question car il n’avait pas de réponse précise à apporter. Toutes ces filles de bonnes familles n’étaient pour lui que des jouets voire, au mieux, une mère pour un héritier Lestrange. Il n’y en avait qu’une qui avait su faire naître en lui des sentiments si contraires au flegme britannique. Pourtant, avec une fierté blessée, il se refusait à prononcer son nom. Il savait ne plus devoir nourrir quelconque espoir quant à son union avec la douce Mildred. Jamais elle ne porterait le nom si noble de Lestrange et pourtant, c’était bien à elle qu’il pensait ardemment. - Citation :
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| | | | Sujet: Re: Le mariage est la cause principale de divorce (O. Wilde) | RABASTAN (terminé) Mer 27 Juin 2018 - 12:15 | |
| Un sourire de connivence s'étala sur le visage de Rodolphus face au sous-entendu de son frère. Le poison, cette arme magnifiquement lâche grâce à laquelle leur cher Père s'était débarrassé de Daphnea Lestrange, née Croupton, sa première épouse. Aujourd'hui encore, Rodolphus ne savait trop que penser de cet acte paternel. D'un côté, il lui devait la vie, puisque s'il n'avait pas épousé en secondes noces sa cousine Laevinia Lestrange, sa mère, nul doute qu'il n'existerait pas aujourd'hui, pas plus que Rabastan. De plus, ce trouble assassinat avait troublé le reste de la communauté sang-pur d'Angleterre, qui depuis des lustres considéraient les Lestrange déchus. Déchus, sans doute l'étaient-ils. Ils n'en restaient pas moins dangereux, et Morpheus avait eu le mérite de le leur rappeler. D'un autre côté, ce regrettable épisode avait eu pour conséquence de dresser contre eux les Croupton, et depuis Bartemius Croupton Senior, le neveu de feu Daphnea Lestrange, s'était juré de leur mener la vie dure et force était de constater qu'il y parvenait assez bien. Il était notamment parvenu à priver les Lestrange d'un confortable héritage qui les aurait mis à l'abri du besoin pour plusieurs générations, et avait ainsi précipité le mariage de Rodolphus avec la confortable dot de Bellatrix. Depuis, l'héritier Lestrange vouait une haine mortelle à celui qui montait les échelons du Ministère de la Justice les uns après les autres. — Une formidable dot associée à un ventre docile, nous voilà d'accord, soupira-t-il en saisissant tout à fait l'allusion à sa femme. Bellatrix remplissait avec succès le premier des trois critères... et s'asseyait joyeusement sur les deux autres. Mais ce soir Rodolphus était par trop blasé pour s'attarder sur ce sujet. — Tu n'as pas oublié la petite Nott, n'est-ce pas ? devina-t-il, éclairé par le long soupir de son frère et le détachement avec lequel il fit allusion aux jolies héritières Carrow et Selwyn, pourtant tout à fait dignes d'admiration et selon toute vraisemblance encore libres. Rabastan avait été fiancé tôt, tout comme son aîné, avec un joli petit parti répondant au nom de Mildred Nott. La santé de cette dernière s'était toutefois révélée délicate, trop délicate, et Morpheus Lestrange après réflexion avait finalement décidé de rompre les fiançailles, ce qui à première vue n'avait pas eu l'air de trop perturber Rabastan, selon Rodolphus. S'était-il trompé toutes ces années ? |
| | | | Sujet: Re: Le mariage est la cause principale de divorce (O. Wilde) | RABASTAN (terminé) Jeu 28 Juin 2018 - 11:09 | |
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Le sujet du mariage n’avait que peu d’intérêt aux yeux du cadet Lestrange que l’union avec une quelconque beauté à la pureté irréprochable laissait indifférent. Il ne s’intéressait à la gent féminine que pour exercer sa capacité de subjugation, se sentir puissant envers ces frêles créatures. Ce n’était pour lui qu’un jeu de manipulations et de faux-semblants le plus souvent frivole et qui, dans de rares cas, pouvaient servir une cause plus grande dépassant souvent la compréhension de ces femmes enfermées dans un monde de cristal et soie. Rabastan n’était pas homme à penser que le mariage puisse servir ces grandes causes. Peut-être son union avec une belle fleur servirait tout juste à redresser les finances désastreuses de la famille mais ce n’était certainement pas ainsi que les Lestrange retrouveraient leur faste d’antan, il en était persuadé. Le mariage n’était pas le front sur lequel il avait choisi de se dresser pour accomplir ce but ultime et idyllique. D’autant plus que mariage rimait avec pouponnage et quel affront ce serait pour Rodolphus que de voir son petit frère apporter un héritier à la noble maison des Lestrange avant lui ! Ce n’était tout simplement pas à Rabastan d’assurer la descendance de Morpheus Lestrange, du moins pas en premier et il avait pour son frère un bien trop profond respect pour lui retirer sa primauté d’ainé. « Tu n'as pas oublié la petite Nott, n'est-ce pas ? » le questionna alors Rodolphus sur un ton qui révélait toute la rhétorique de la chose. Non, bien sûr que non Rabastan n’avait pas oublié Mildred. Il ne l’avait pas oublié, pas un seul instant durant les six dernières années où Morpheus l’avait privé d’une union enviable et heureuse, la seule union qui trouvait grâce à ses yeux calculateurs mais non moins nonchalants. « Selon Père, il serait préférable que je l’oublie. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait. Et plutôt facilement, » rétorqua le cadet avec amertume avant de tirer avec avidité sur sa cigarette dont le rougeoiement fugace faisait écho à la flamboyance du feu dans l’âtre. Il reprit la parole tout en expirant un nuage de fumée qui le fit baigner dans une atmosphère particulière. « Cependant, pour être tout à fait franc, ce n’est pas mon cas. Et cela m’est un véritable supplice que de la voir seule, six ans après, sans que je puisse y faire quoique ce soit. Je préférerai la voir en compagnie d’un autre, portant les enfants d’un autre plutôt que de la savoir si indésirée. » Rabastan n’était pas connu pour ses bons sentiments. C’était, au vu de tous, un être froid et manipulateur qui jamais ne se perdait dans des ressentis bruts et non-maîtrisés. Mais voilà, tout homme avait son talon d’Achille et le sien portait le doux nom de Mildred Nott. Agacé par ce sujet dont il n’avait jamais été souhaitable de discuter, il but d’une gorgée le reste de son verre de scotch qu’il reposa avec négligence sur la petite table ronde qui jouxtait son fauteuil. « Puisque Père n’est pas prêt à entendre ce qu’il prendrait pour des supplications de ma part vis-à-vis de Mildred, il n’y a pas lieu de la mentionner dans cette idiote liste de prétendante que tu cherches à me faire dresser, mon frère, » lâcha-t-il avec brutalité sans que pourtant, il n’ait cherché à blesser son ainé. Il secoua la tête tout en reprenant. « Me voilà condamné, à terme, à partager ma couche avec une héritière quelconque qui remportera les faveurs de Père et non les miennes. J’aimais à penser que Père avait plus de compassion pour ses fils, toi comme moi, mais il faut bien se rendre à l’évidence : nous ne valons, à ses yeux, pas mieux que d’autres pions sur un échiquier qu’il est le seul à entrevoir. » - Citation :
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| | | | Sujet: Re: Le mariage est la cause principale de divorce (O. Wilde) | RABASTAN (terminé) Jeu 23 Aoû 2018 - 14:40 | |
| Rodolphus connaissait trop bien son cadet pour ne pas saisir la note d'amertume avec laquelle ce dernier lui parla de la rupture de ses fiançailles avec Nott, et la rancune avec laquelle il prononça le nom de leur Père. Morpheus Lestrange avait décidément le don de ruiner les vies de ses héritiers... — Je ne pensais pas, reconnut-il honnêtement lorsque Rabastan eut recours au terme de supplice pour qualifier la vue de la situation de son ancienne fiancée. Il n'avait jamais soupçonné la force de l'attachement que son frère avait pu porter à Mildred Nott, son frère si détaché de tout et de tout le monde. A bien des égards, sa situation était pire que celle Rodolphus : si ce dernier avait longtemps désiré unir ses jours à ceux de Narcissa et avait écopé de Bellatrix, au moins son destin était-il à présent scellé. Tandis que Rabastan et la petite Nott, eux, vivaient dans un océan d'incertitudes qui ne devait pas être bien agréable à supporter... L'héritier Lestrange ne broncha donc pas lorsque son cadet le rabroua après avoir terminé son verre d'une traite, bien trop ennuyé par ce qu'il venait de découvrir pour songer à prendre ombrage du ton avec lequel Rabastan venait de lui parler. — Je ne suis pas sûr de ça, mon frère, murmura-t-il pensivement en écrasant à son tour son cigare dans un antique cendrier de cristal. Les échecs, même sorciers, se jouent à deux... Et rien ne nous oblige forcément à jouer docilement dans l'équipe de Morpheus, insinua-t-il prudemment en se levant de son siège pour faire quelques pas dans le salon et se poster près de la cheminée. |
| | | | Sujet: Re: Le mariage est la cause principale de divorce (O. Wilde) | RABASTAN (terminé) Mer 29 Aoû 2018 - 10:37 | |
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Dans le monde hors du temps qu’habitait Rabastan, son père était la personne la plus étrange qu’il lui eût été donné de voir. Le vieux Lestrange était un être déterminé mais qui, pour autant, n’ourdissait qu’en vue de desseins que même ses fils ne parvenaient à saisir. Pour un homme comme son cadet, qui n’aspirait qu’à redorer le blason de leur noble et digne famille, son comportement semblait bien souvent irresponsable. Car si Morpheus espérait renouer avec le faste d’antan, il était certain que s’attribuer la dot de quelque mariage arrangé n’était qu’une solution à court terme. Il y avait tant d’autres options que, dans son grand âge, il ne semblait pas saisir mais dont Rabastan était parfaitement conscient. Souvent, son fils avait souhaité que sa sénilité grandissante -du moins à ses yeux- apparaisse au grand jour pour qu’ainsi, ce paternel excentrique soit écarté du destin d’une famille qu’il avait souillé. La rancœur que nourrissait Rabastan au sujet de Morpheus était grande, exacerbé par ce sentiment si puissant et indomptable qu’était l’affectation qu’il portait à la douce héritière Nott. Ainsi, dans la sécurité toute relative d’une discussion entre frères au coin du feu, le cadet ne se privait pas de cracher son venin et son ressenti envers leur géniteur. « Je ne suis pas sûr de ça, mon frère, » nuança Rodolphus avec tact. Pas sûr de quoi ? Que Morpheus ne nourrissait, au fond de son cœur desséché, la moindre compassion pour les seuls Lestrange qui auraient dû être dignes de sa confiance ? Ou pas sûr que lui et son frère n’étaient que des pions à ses yeux ? Que savait Rodolphus pour exposer une telle réflexion ? « Les échecs, même sorciers, se jouent à deux... Et rien ne nous oblige forcément à jouer docilement dans l'équipe de Morpheus. » Alors que Rodolphus se levait pour se rapprocher de l’âtre flamboyant, les yeux de son frère le suivirent avec attention. Et circonspection. C’était à son tour de se trouver bien démuni face aux révélations de son ainé. Sa métaphore n’avait qu’un unique sens que Rabastan comprit parfaitement sans pour autant parvenir à l’intégrer. Incrédule, il se permit de reformuler en des termes plus clairs. « Tu suggères que nous-deux, nous jouions contre notre propre père ? » Car il ne fallait pas se méprendre. Tous ceux qui n’étaient dans l’équipe du vieux Lestrange étaient contre lui. Cette pensée tira un sourire sournois et réellement amusé à Rabastan. Il n’avait envisagé les choses de la sorte. Pour lui, Morpheus n’était qu’une gêne dont on ne pouvait se débarrasser et ave qui, forcément, il fallait concilier. Rodolpus proposait là de toutes nouvelles perspectives. Le cadet Lestrange prit une bouffée de fumée qu’il expira lentement avant de reprendre. « Et que suggères-tu de faire, mon frère ? » Il y avait un lien qui, pour Rabastan, était plus important encore que l’amour de Mildred Nott : le lien fraternel. Pour Rodolphus, il ferait tout. Il se damnerait, serait prêt à sacrifier sa vie et même le salut de son âme. Si Rodolphus le demandait, son petit frère le suivrait jusqu’en enfer. - Citation :
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| | | | Sujet: Re: Le mariage est la cause principale de divorce (O. Wilde) | RABASTAN (terminé) Lun 17 Sep 2018 - 12:57 | |
| Rodolphus laissa son regard se perdre dans les flammes de la cheminée, et quelques secondes passèrent lors desquelles il resta silencieux. Il avait parfaitement entendu la question reformulée par Rabastan derrière lui, la surprise difficilement contenue dans cette dernière, et imaginait sans peine le regard que son frère devait lancer sur lui, aussi nettement que s'il s'était trouvé en face. Rodolphus avait enfin osé dire à haute voix cette conviction qui ne cessait de grandir en lui depuis des semaines maintenant : Morpheus n'était pas invincible, il n'était pas invulnérable. Il était seul, et il était vieux. Ses fils, eux, étaient jeunes et talentueux, et surtout ils étaient deux. Deux hommes, adultes, craints et respectés dans le monde. Ils étaient ses héritiers, et Rodolphus estimait aujourd'hui qu'ils avaient assez souffert du joug tyrannique d'un vieillard depuis bien longtemps hors de son temps. Ils étaient la relève, et l'espoir d'un nouveau souffle pour le nom de Lestrange... Mais ce dernier était incompatible avec le maintien au pouvoir du patriarche Lestrange. Rodolphus était l'aîné, l'héritier d'une glorieuse famille, et en avait plus qu'assez d'être considéré comme un simple pantin. — Je crois en effet qu'est venu le temps de nous affirmer, tempéra-t-il son frère en sortant de sa contemplation de l'âtre pour se tourner vers Rabastan. Nous ne sommes plus des adolescents sortant de Poudlard, j'ai eu 30 ans, tu t'en rapproches. Père a visiblement du mal à prendre en compte cette information, et je pense que c'est en grande partie de notre faute. Rodolphus marqua là une nouvelle pause, comme pour mieux laisser Rabastan digérer son début de laïus, et lui-même réfléchir aux mots qu'il convenait d'utiliser pour qualifier ce sentiment de révolte qui grondait en lui. Dans son esprit défilaient tous les moments importants de sa vie, toutes ces décisions qui auraient dû lui appartenir, et qui avaient été prises par Morpheus, que celui-ci se donne la peine ou non de lui faire croire qu'il avait été la tête pensante : son enrôlement chez les Mangemorts, son mariage avec Bellatrix, son renoncement aux études auxquelles il aurait tant aimé se consacrer... Rodolphus serra les dents, frustré. — Je suggère que nous fassions enfin comprendre à notre père que nous ne sommes plus des enfants, gronda-t-il à voix basse, pour ne pas trop prendre le risque d'être entendu par tous les tableaux du salon. Ces derniers étaient plus ou moins tous à la botte de Morpheus... Mais somnolaient quasiment tous à cette heure tardive, à l'exception d'un vieil arrière-grand-oncle à l'air roublard, Septimus Oscarus Lestrange, qui les observait d'un oeil approbateur tout en se gardant bien d'intervenir. Je n'ai pas d'idée précise en tête. Je tenais simplement à ce que tu connaisses mon sentiment à ce sujet... Et voir si tu le partageais. Rodolphus à ce sujet n'avait aucune espèce de doute, et en nourrissait même moins que jamais au regard de ce que Rabastan venait de lui avouer. Car s'il avait toujours l'espoir d'épouser un jour Mildred Nott, nul doute qu'il lui faudrait en tous les cas passer sur le corps de Morpheus Lestrange... Ou alors Rodolphus avait manqué encore plus d'épisodes qu'il ne le pensait. |
| | | | Sujet: Re: Le mariage est la cause principale de divorce (O. Wilde) | RABASTAN (terminé) Lun 24 Sep 2018 - 17:32 | |
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Renfrogné dans son fauteuil à l’opulente parure, Rabastan observait son frère d’un œil perçant. Posté devant l’âtre, ce dernier portait des propos qu’un enfant, surtout dans leur monde, ne devait jamais porter envers son géniteur. Pourtant, loin d’être affligé par le déliement de langue de son ainé, Rabastan écoutait, réfléchissait et approuvait en silence. Il était étonné que Rodolphus puisse suggérer une trahison pareille car, s’il était notoire que son propre divorce avec leur père avait été consommé à la suite de l’annulation des fiançailles avec Mildred Nott, Rabastan n’aurait jamais imaginé que son frère puisse rejoindre son opinion par des chemins détournés. Et il devait avouer se réjouir des perspectives que cette discussion au coin du feu offrait. Toutefois, Rodolphus préféra montrer plus de réserve que son cadet. Craignait-il peut-être qu’un tableau du salon puisse prévenir Morpheus de la trahison qu’ourdissaient ces enfants ? Rabastan jeta un coup d’œil circulaire à la pièce et approuva d’un léger signe de tête. Tous les portraits, aussi vieux et aigris que leur père, étaient assoupis. Seul Septimus Lestrange et son air goguenard suivait la conversation avec attention avec avidité et approbation. « Je suggère que nous fassions enfin comprendre à notre père que nous ne sommes plus des enfants, » déclara Rodolphus d’une voix d’outre-tombe, aussi impérieuse que menaçante. Rabastan ne put alors empêcher un sourire méprisant et sadique de naître sur ses traits d’habitude si austères. « Je n'ai pas d'idée précise en tête. Je tenais simplement à ce que tu connaisses mon sentiment à ce sujet... Et voir si tu le partageais. » Le cadet des Lestrange hocha la tête tant pour signifier sa compréhension que son approbation. Il s’enfonça toutefois dans l’épais fauteuil en ramenant ses mains, dont l’une encore portait son verre vide, sous son menton. Trahir leur père était une chose et à dire vrai, c’était même monnaie courante dans la violente et mystérieuse famille des Lestrange. Tous deux ne pouvaient toutefois pas se contenter de menacer leur géniteur ni même de prononcer les quelques mots fatals d’un sort impardonnable et irréversible comme ils avaient tant l’habitude de le faire. Ils devaient agir dans la subtilité, ce qui n’était guère le fort de tout bon Lestrange. « Père n’a jamais été le plus raisonnable des hommes. Moins encore en vieillissant. Il n’acceptera jamais de passer la main quand bien même cela fait un moment qu’il reste assis sur son trône en nous laissant gérer les affaires sous sa "tutelle", » exposa-t-il alors d’une voix morne mais pas basse, ne craignant nullement les habitants des nombreux tableaux qui ornaient les murs de la pièce. Il faisait référence notamment à ces quelques affaires déplaisantes de créance qu’il avait dû lui-même résoudre, mettant en péril sa propre crédibilité à cause de la folie dépensière de leur père. Morpheus Lestrange était depuis longtemps un homme déconnecté de la réalité et même s’il avait élevé ses fils de la sorte, ceux-ci s’efforçaient tout de même de s’y raccrocher pour empêcher le navire familial, aussi prestigieux soit-il, de sombrer. Ce fut au tour de Rabastan de quitter son fauteuil. Pour aller se resservir un verre cependant. Ce ne fut qu’une fois devant le bar à déboucher une nouvelle fois la carafe de pur feu qu’il reprit. « Une discussion, même des plus musclées, ne sera jamais suffisante avec lui. Il nous faut agir plus … radicalement, » fit-il en choisissant avec précaution ses derniers mots. « Tu as raison, nul besoin d’agir dans la précipitation. Après tout, ne savons-nous pas comment se déroule une telle besogne ? » Il leva alors son verre en direction de Rodolphus. « Sois certain, néanmoins, que je partage tes opinions et sentiments, mon frère. » - Citation :
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| | | | Sujet: Re: Le mariage est la cause principale de divorce (O. Wilde) | RABASTAN (terminé) Mer 5 Déc 2018 - 19:01 | |
| C'était à celui des deux frères qui dévisagerait l'autre le plus intensément, à cet instant où chacun testait la réaction de l'autre au moment de songer au parricide. Rodolphus s'était au moins attendu à un léger trouble chez son petit frère à cette évocation, mais Rabastan ne laissa rien paraître, comme s'il nourrissait lui-même ce plan depuis de longs mois. D'ailleurs, il ne semblait pas le moins du monde surpris que son aîné puisse ourdir un tel projet, alors même qu'il était depuis de si longues années complètement bridé par son paternel... La remarque de son petit frère acheva de convaincre Rodolphus que ce dernier y avait déjà réfléchi, ne serait-ce qu'une fois : non, de son vivant, Morpheus ne renoncerait à rien. Il n'existait aucune raison pour qu'il laisse échapper une seule once de pouvoir, quand bien même il s'agirait de ses héritiers qu'il formait pourtant depuis de si longues années. Seule la mort pourrait le convaincre, à grand-peine, d'abandonner l'emprise qu'il exerçait depuis si longtemps sur son entourage... Mais Rodolphus se garda bien de le dire à haute voix, et ne répondit rien à cette observation de Rabastan, qu'il partageait du reste complètement. Il observa d'un air pensif son petit frère qui se levait à son tour pour se resservir en alcool, pas le moins du monde surpris d'entendre Rabastan compléter par ses mots son propre schéma de pensée. Ils étaient sur la même longueur d'ondes, comme toujours, et à jamais. Ce constat l'emplissait d'orgueil et de détermination : il avait craint, une affreuse seconde, que Rabastan ne le suive pas dans cette décision qui allait à n'en pas douter bouleverser leurs destinées, et peut-être pas dans le bon sens du terme. A présent, il se trouvait stupide d'avoir pu ainsi douter de celui avec lequel il partageait son âme. Ce qu'ils allaient entreprendre représentait probablement le plus grand défi de leur vie, mais ils l'entreprendraient ensemble, comme toujours. A cette pensée, un fin sourire étira les lèvres de Rodolphus, qui décida soudain que leur entrevue était terminée et posa son verre sur le rebord de la cheminée avant de se diriger vers la porte. Ses pas le portèrent jusqu'à Rabastan, qui se trouvait sur sa route. — Bien, petit frère, lui annonça-t-il en lui donnant une tape amicale sur l'épaule, je vais donc aller me coucher. De grandes choses nous attendent à partir de demain ! lui promit-il d'une voix plus forte en l'abandonnant dans le salon avec son verre plein. |
| | | | Sujet: Re: Le mariage est la cause principale de divorce (O. Wilde) | RABASTAN (terminé) Jeu 27 Déc 2018 - 11:47 | |
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Ni l’un ni l’autre n’avait prononcé le mot fatal. Pourtant, et comme depuis tant d’années, les frères Lestrange étaient sur la même longueur d’onde. Ils avaient beau ne pas être jumeaux, ils partageaient un lien fort et si fusionnel qu’ils auraient pu l’être. D’aussi loin que Rabastan puisse se souvenir, Rodolphus avait toujours été la personne la plus importante à ses yeux. Non pas uniquement parce qu’il était son grand-frère mais bien parce qu’il était la seule personne en ce bas-monde à pouvoir le comprendre et saisir les desseins de son âme retorse. Ils avaient cette même ambition de faire prévaloir la pureté du sang mais aussi et surtout de redonner toute sa puissance et son faste à l’antique famille des Lestrange que beaucoup trop s’étaient amusé à bafouer par des mariages hasardeux ou la satisfaction d’instincts primaux. Leur père, bien sûr, n’était pas en reste. Loin de là. Il était tout ce qui faisait obstacle à l’ambition et à la grande mission de ses fils. Et puisqu’un Lestrange ne changeait jamais vraiment, les deux frères n’envisageaient qu’une mesure radicale pour défaire le patriarche des pouvoirs dont il avait depuis trop longtemps abusé. Nul doute que leur mère serait atterrée. Enfin quoique … Elle chérissait bien plus ses enfants que son mari. Depuis le temps que le vieux Lestrange était sur cette terre, il fallait bien s’attendre à ce qu’il passe la main. Ou plutôt à ce qu’on lui force la main. Morpheus Lestrange avait fait son temps, quoiqu’on en dise et son règne avait bien plus été délétère que bienfaisant pour son ancestrale famille. Il était temps pour la nouvelle génération de prendre sa place. Dans un silence entendu, Rodolphus se défit de son verre et se rapprocha de son cadet à qui il offrit une tape fraternelle sur l’épaule. « Bien, petit frère, je vais donc aller me coucher. De grandes choses nous attendent à partir de demain ! » déclara avec un enthousiasme dont Rabastan n’avait que guère été témoin. « De grandes choses, assurément, » confirma-t-il alors d’un hochement de tête et d’un sourire retors. « Bonne nuit, mon frère. » L’ainé des enfants Lestrange quitta alors la pièce, laissant sa benjamin seul dans la pénombre, l’éclat mourant du feu se reflétant sur son verre à présent plein. Rabastan resta un instant immobile, se délectant de cette conversation entendue qu’il venait de mener avec son frère. Il se surprit alors à rêvasser, s’imaginant pouvoir un jour s’unir à la douce Mildred Nott une fois leur père écarter de tout pouvoir mais il se ressaisit bien vite en buvant d’un trait son verre de Pur-feu avant de quitter, sur les pas de son frère, le salon privé. Chaque chose en son temps. - Citation :
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