Maintenant qu’elle avait explosé devant tout le monde, Marlene était finalement prête à finir cette soirée en pleurant sous son fameux poster de Jick Magger. Et rideaux tirés pour ne pas supporter une seconde de plus la voix couinante de Bertha Jorkins. « Quoi ? » aboya-t-elle sans patience lorsque celle-ci l’interpella. Mais se tournant vers elle, seule la vue de ses phalanges lui apparut avant qu’il ne fasse momentanément tout noir. Les yeux larmoyants maintenant vissés vers le plafond, elle tâtait douloureusement le désastre du bout des doigts à la recherche de quelque bosse disgracieuse. « Si tu b’as rendue aussi boche que toi, je jure que je te … ». Et mettant le doigt en plein sur une fracture, sa cage thoracique se gonfla prête à hurler quelque autre vulgarité contre sa rivale brune. Lily la devança - et de quelle manière pétante - en la faisant sursauter. L’entendre crier était d’autant plus déstabilisant que cela ne se produisait pas tous les quatre matins. Si elle n’avait pas été aussi occupée à pencher la tête en arrière pour ne pas bousiller le tapis dans un réflexe moldu (et également, se maudissait-elle, de ne pas apparaître sous un jour encore plus disgracieux aux yeux du pire des maraudeurs), elle aurait volontiers coulé un regard vers la préfète. Elle se laissa à la place tirer par le coude dans la bonne direction par l’homologue de son amie. Lorsque le portrait de la grosse dame se referma derrière eux pour les plonger dans le silence et l’obscurité, elle eut ce drôle de sentiment de sortir d’une affreuse arène et, la pression finissant de descendre, essuya ses larmes d'un geste nerveux. « Ce n’est pas du tout comme ça que j’ibaginais finir cette soirée ! ».

Peter s’affaissa un peu sur lui-même lorsque Lily se défendit farouchement de vouloir sortir avec Gabin. Cela faisait tomber ses plans de revanche à l’eau mais au moins, ne pouvait s’empêcher de gamberger le garçon rageux, la préfète avait meilleur goût que la commère. Comme James venait de l’abandonner et que Lily encore gênée ne le fixait que lui, elle lui transmit bientôt tout son malaise. « D’ac - D’accord » s’entendit-il bafouiller. Il ne remarqua le retour de Bertha que lorsque celle-ci fit craquer de manière sonore le nez de Marlene. Les yeux du garçon étaient maintenant complètement révulsés comme il n’avait jamais soupçonné chez sa petite amie la moindre expression de violence. Et même s’il n’était pas celui qui avait fauté dans leur couple, il se mit à redouter d’un seul coup de se voir octroyé le même traitement et se rapetissa encore un peu plus entre ses épaules. Si en cet instant, la brunette lui avait ordonné de le pardonner, il aurait accepté comme un soldat. La remarque légère de James le fit s’étrangler comme s’il lui avait lancé un défi. S’inspirer ? « De ? Doh ! ». Le jour n’était pas arrivé où le maraudeur blond déclencherait une bagarre et son bras flagellant se mit à trembler à cette simple idée. L’écho de la voix de la préfète retentit alors et, même s’il ne se trouvait pas directement dirigé contre lui, lui fit baisser les yeux vers les motifs du tapis. Il attendit qu’un long silence s’écoule avant de relever la tête vers ses deux copains qui étaient les derniers présents. Et comme plus aucune fille n’était avec eux pour leur casser le chaudron avec leur théories féministes à deux noises, il ne put s’empêcher de lâcher un vilain commentaire avec des yeux brillants. « S’il devait y avoir un combat de nanas, je parierai tous mes gallions sur Lily » chuchota-t-il. Peter, dont l’habitude était pourtant de ne jamais louper le moindre prétexte pour s’apitoyer sur son sort, semblait déjà reprendre du poil de la bête, ou plutôt du poil de rat.