Le 21 octobre était arrivé particulièrement vite. Trop vite, peut-être, car Evan Talbott n'était pas en état de fêter dignement son anniversaire. Premièrement, il n'avait pas le moral. Deuxièmement, prendre de l'âge dans ces circonstances n'était pas quelque chose de joyeux... Tout était lié à Wilda Griffiths. Depuis leur rupture, ou plutôt la découverte de ses nombreux mensonges, son visage, sa voix, ses lèvres, sa peau... Tout d'elle hantait les rêves du jeune Talbott, rendant sa vie déprimante et sans intérêt. La lanque-de-plomb se contentait de se lever, d'aller au travail, de revenir du travail puis de se coucher. Rien ne rythmer sa vie depuis qu'il avait pris la décision de s'éloigner de la femme, ou jeune fille plutôt, dont il était amoureux. Cette décision, il la regrettait chaque jour, se demandant s'il avait bien fait ou non, tant son cœur et tout son être souffraient. Pourquoi avait-il réagit comme ça ? Ne pouvait-il pas simplement essayer de comprendre Wilda, plutôt que de la rejeter en bloc ? La vérité, c'était qu'il avait été blessé. Elle lui avait menti, elle n'avait pas voulu lui avouer la vérité, elle avait jouer avec lui, ses sentiments et tout le reste. Ce n'était même pas elle qui lui avait aouvé la vérité, mais ce crétin d'Evan Rosier. Cette ordure avait pris un malin plaisir à lui révéler le poteau rose. Cette situation, une fille qui lui mentait, lui rappelait bien trop une mauvaise expérience du passé pour rester logique et réagir intelligent... Wilda lui manquait. Que pouvait-il faire ? Rien.
Malgré cela, le grand brun avait décidé de sortir pour son anniversaire, de profiter, comme on disait. Il avait alors envoyé un hibou à ses amis, leur proposant de le rejoindre autour d'un verre dans un petit bar sympa, le Tsarducks, sans attendre de réponse de leur part.
Une fois arrivé au bar, il s'était dirigé au comptoir. "Bonsoir" dit-il d'une voix rauque avant de demander "Un whisky pur feu s'il vous plait". Même là, juste avec ce nom d'alcool, il repensait à Wilda, à leur rencontrer à Pré-au-Lard, à cette soirée incoryable qu'ils avaient passé ensemble...
Alors il était là, devant son verre de whisky, à attendre la possible présence au non de personnes comptant pour lui. Peut-être n'allait-il pas être de très bonne compagnie ce soir, mais au moins il allait essayer, faire semblant n'était pas si compliqué que ça, si ? En fait, quand on avait le cœur brisé, ça l'était...

Moran avait promis à Gardenia de troquer les bars pour des lieux plus acceptables. Aussi avait-il décidé de se pointer ce soir-là au Tsarbuck's, sur lettre d'Evan Talbott - pas Rosier, Merlin soit loué ! - pour son anniversaire. Le jeune homme n'était jamais très originaux pour les cadeaux... Aussi avait-il dû demander conseil à un vendeur dans une boutique du Chemin de Traverse avant de venir, en priant pour ne pas croiser son ami. Résultat ? Il n'avait toujours rien. Après un millième soupir, il se résigna à aller le voir les mains vides. Il entra dans le petit commerce qui roulait sur l'or d'après les dires du voisinage et l'aperçu bien tôt au bar, avec un verre d'alcool. Une brique sembla tomber dans l'estomac de l'Écossais qui vivait à peu près aussi mal l'abstinence à ces substances qu'aux plaisirs de la chairs. Il s'affala comme un poulpe pêché en pleine mer à côté de lui et commanda une simple bièraubeurre, après avoir flanqué une franche main dans le dos du jeune homme. "Bon anniversaire vieille branche !" s'exclama-t-il avant d'ajouter, comme pour se justifier : "Mec j'ai vraiment cherché à te trouver un cadeau mais j'ai vraiment pas d'idées". C'était vraiment pathétique. "Slàinte !" s'exclama-t-il en trinquant sur le verre de whisky d'Evan lorsqu'on lui eu servi sa bierraubeurre.

Soudain, quelqu’un posa sa main sur l’épaule d’Evan, ce qui fit quelque peu sursauter ce dernier qui, plongé dans ses pensées, en avait presque oublié où il était. Il regard Moran avec un fin sourire, heureux de voir que son grand ami avait fait le déplacement pour lui. Il ne dit rien sur son visage, qui semblait avoir vieilli d’un coup, ni même sur la façon dont il venait de l’appeler. Le jeune Talbott secoua doucement la tête de gauche à droite, en murmurant « Tu sais que les cadeaux ne m’intéressent pas vraiment. Tant que je passe une bonne soirée avec mes amis… » déclara-t-il en se demandant intérieurement s’il allait vraiment pouvoir passer une bonne soirée, s’il en était capable avec son cœur en miettes et ses idées noires… Mais il allait essayer. Déjà, la présence de Moran lui donnait du baume au cœur, lui faisait penser à autre chose que Wildan ce qui était déjà beaucoup !
« Santé ! » répliqua Evan lorsque leurs deux verres s’entrechoquèrent. Il remarqua alors quelque chose d’incroyable, d’inexplicable mais surtout de très étrange. « De la bierraubeuere ? Moran, qu’est-ce que tu me fais là ? » ne put s’empêcher de demander le roi de la soirée en détaillant le visage de son ami. Powell avait toujours été un fier écossais, buvant du scotch et du whisky dès son plus jeune âge, prétextant que c’était les traditions de son pays… Jamais encore le fils d’Elise Lerouge n’avait vu son ami boire autre chose que ces alcools forts.

Deux heure. Cela faisait deux heures qu'il était sensé avoir quitté son travail à la Radio Indépendante à Transmission Magique. Deux heures qu'il archivait des dossiers dont il n'avait jamais vu la couleur. En regardant à quand ils étaient datés, en 1970 pour la plupart, il se demandait pourquoi ils traînaient depuis aussi longtemps. Le jeune homme aurait voulu pouvoir tout régler d'un coup de baguette magique. Si seulement il n'avait pas eu à trier en plus d'archiver. Son supérieur était vraiment le pire des trolls. Quand il eut fini, ce fut alors comme une libération. Il ne perdit pas une minute de plus et s'en alla en prenant sa veste au passage. Il avait quelque chose de prévu ce soir là.
Romeus se hâta jusqu'au Chemin de Traverse, cette célèbre rue sorcière londonienne à même pas deux minutes de la RITM. De là, il se rendit au Tsarducks. Rares on était les fois où il avait mis les pieds dans cet établissement. Il n'en avait pas vraiment les moyens. Mais c'était l'anniversaire d'Evan. Et puis l'endroit n'était pas désagréable en soi. Il entra et vit au bar le Talbott et Moran Powell. En souriant, il s'approcha pour s'installer près de ses deux potes.
« Yo les mecs ! Et joyeux anniversaire, l"vieux ! Dis donc, tu commences d'jà à avoir des ch'veux blancs. » les salua-t-il avec un sourire goguenard.
Il commanda à la personne du comptoir un whisky pur feu. Franchement, ceux qui prenait des boissons à base de café au Tsarducks étaient des snobs. Son regard se posa alors sur la boisson de Powell.
« T'es sérieux Powell ? De la bière au beurre ? C'est pour les ados d'Poudlard ça ! » le railla-t-il en ignorant même qu'Evan avait fait une remarque sensiblement identique. « Choqué et déçu ! »

Alors qu'Evan était au bar en train d'essayer de comprendre qui était assis en face de lui, parce que clairement Moran Powell ne prendrait jamais de la bierraubeure pour un anniversaire, Romeus et ses sarcasmes arrivèrent, avec un grand sourire bien sûr. "Laisses mes cheveux tranquille et pose ton arrière-train sur un tabouret, Flemming !" dit le jeune Talbott en riant quelque peu. Le roi de la fête écouta son ami écossais expliquer qu'il était en période d'abstinence pour son école. Le jeune homme sourit avant de dire "Je ne savais même pas que tu connaissais ce mot !". Il lui donna un léger coup dans l'épaules avec un petit éclat de rire. Moran était un garçon étonnant, jamais où on ne l'attendait ! Evan n'aurai jamais misé une seule mornille sur l'arrêt de l'alcool par le jeune Powell.
Ce dernier se tourna d'un air étonné vers Talbott, en disant qu'il attendait de sa fête d'anniversaire quelque chose de plus adulte, plus chaud, plus olé-olé. Sauf que, premièrement ce n'était pas trop le genre d'Evan, et secondement, il pensait bien trop à Wilda pour chercher à aller dans une maison telle que le suggérait son ami. Il haussa donc les épaules avant de finir son verre cul-sec et d'en commander un autre. "Pas envie" marmonna-t-il dans sa barbe. Il aurait l'impression de tromper la jeune femme, alors qu'ils n'étaient même plus ensemble, parce qu'il l'avait quittée, parce qu'elle lui avait menti, parce qu'Evan Rosier lui avait appris au lieu d'elle, et parce qu'il n'avait pas été capable de mettre sa colère de côté pour lui pardonner. De toute façon, il n'avait envie de personne d'autre qu'elle. Son sourire lui manquait, ses yeux, son odeur, sa peau, son corps... Corps qu'il avait touché alors qu'elle n'était pas encore majeure. Par Merlin, mais qu'est-ce qu'il avait fait ?!
"Faites moi rire les gars, parlez moi de vos vie trépidantes !" dit-il d'un coup en se redressant. Il avait besoin de penser à autre chose, sinon il allait sombrer.

Romeus prenait tranquillement place sur un tabouret comme s'il était le maître de ces lieux après avoir commandé un whisky pur feu. Il ne put s'empêcher de railler Moran qui lui avait été raisonnable en commandant une bierraubeurre. Celui-ci prétexta qu'il faisait acte d'abstinence pour un travail pour l'école. Powell ? Abstinent ? La bonne blague ! Comme le soulignait si justement Evan, ce mot ne faisait pas parti de son vocabulaire.
« Bah il a l'air de l'avoir appris entre temps. Puisque ça semble servir aux études de Môôsieur ! »
Moran semblait assez embarrassé par la tournure que prenait la conversation alors il en changea le sujet tandis que Romeus se faisait servir son verre de whisky pur feu. Il demanda à Evan pourquoi il n'avait pas organisé son anniversaire dans un lieu plus « adulte ». L'ancien Poufsouffle lâcha un rire.
« Non Powell. Oublie pas: abstinence. » lui rappela-t-il avec un sourire goguenard, lui rappelant son mensonge.
Cela faisait pas mal de temps que Romeus n'avait plus mis les pieds chez cette bonne vieille Morticia. Il fallait qu'il songe à lui faire un petit coucou. Désireux d'éviter de sombrer dans l'abîme du désespoir, Evan leur demanda des nouvelles.
« Tu sais, la routine... Felicia devrait rentrer de Poudlard pour les vacances demain. J'vais la chercher sur la voie neuf trois quart demain, faudrait que j'évite de m'prendre une cuite. » répondit-il d'un ton un peu blasé bien qu'il était très content de revoir sa sœur.
Il but une première gorgée de son whisky pur feu.