« L'Afrique, c'est grand. » répondit Octavius avec un grand sourire.
On ne pouvait pas définir l'Afrique d'une façon globale sans y passer des heures. Il ne savait pas combien de kilomètre de surface le continent faisait exactement. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il n'en avait même pas exploré un centième de ses petits pieds.
« Les paysages et les coutumes sont très différents d'une région à une autre. Mais dans tous les cas, il y a des endroits magnifiques. Savais-tu qu'à Uagadou, ils pouvaient avoir de la neige ? » compléta-t-il sa réponse en souriant à son interlocutrice.
Il ne s'y était pas vraiment attendu. Dès le premier mois, en septembre, il avait commencé à neiger. Il faisait très froid dans l'école, on avait dû allumer des feux de cheminée. Pour bien faire, le jeune homme avait attrapé un gros rhume. Pourtant, c'était cohérent. Les montagnes de la Lune était à une très haute altitude. Pourquoi il n'y avait pas pensé ?
Cela le perturbait de tutoyer la jeune femme maintenant qu'il se doutait très bien qu'elle était sans doute beaucoup plus jeune que lui. Cette dernière semblait amusée. Il attendait sa réponse en la regardant se replacer correctement dans le canapé et l'écouta se présenter avec un petit sourire courtois. Ainsi, ils avaient exactement neuf ans et onze mois d'écart.
« Octavius Martens, né le 12 octobre 1948, groupe sanguin inconnu, anthropomage. Enchanté. » se présenta-t-il chaleureusement en lui serrant la main.
Si elle était encore étudiante à Poudlard, que faisait-elle ici ? S'il ne se méprenait pas, elle enfreignait le règlement intérieur de l'école. Ah ça ! Octavius le connaissait par cœur. Pour avoir été un élève exemplaire pour la quasi-totalité de sa scolarité à Poudlard. Il avait déjà enfreint les règles bien sûr. Bien enfreint pour ainsi dire. Mais il avait été poussé dans ce vice et avait décidé d'y mettre fin. Avec du recul, il se disait que cette décision était dommage.
« Es-tu de ces élèves qui bravent le règlement comme ils respirent ? Je ne vous félicite pas, Mrs. Meadowes. » la réprimanda-t-il avec un petit rictus taquin.
Cela l'amusait en fait. Il n'allait pas lui faire la morale. Elle profitait de sa jeunesse. Elle avait raison. Et puis qui était-il pour la réprimander ? Pas son professeur en tout cas. Même si remettre des élèves à leur place pouvait avoir un côté satisfaisant par moment, il devait l'admettre.

Uagadou avait l'une des écoles qui l'avait le plus fasciné lors de son entrée à Poudlard. La plus grande école de magie du monde, accueillant les élèves d'un continent entier, le château écossais n'avait dès lors plus fait que pâle figure à ses yeux. « Le Rwenzori a toujours eu un climat particulier, c'est vrai. Après tout il est très haut ! » fit-elle avec une fascination certaine dans la voix. Le refus de son échange scolaire ne l'avait pas pour autant arrêté dans ses recherches sur l'école africaine et l'avait décidé à y aller plus tard. C'était certainement les seules fois où elle mettait les pieds dans l'enceinte de la bibliothèque ancestrale de l'école. Mais l'ambiance changea pour se vouloir plus naturelle et chaleureuse une fois que les présentations furent faites en bonne et due forme. Ainsi donc son invité était né en 1948, elle n'avait pas été si loin du but lorsqu'elle avait tenté une estimation de l'âge de celui-ci, mais cela ne la dérangeait pas plus que cela. Bien au contraire sa réaction lorsqu'il avait entendu sa propre date de naissance la faisait presque rire. Il fallait dire qu'il ne s'attendait peut-être pas à voir une élève de Poudlard l'extérieur du château à une heure si avancée de l'aube. La jeune fille baissa faussement les yeux en direction du tapis rouge en faisant la moue, tandis qu'Octavius la taquinait ouvertement sur le fait qu'elle bravait les règles ouvertement. « Je suis navrée, M. Martens, de vous décevoir à ce point. » fit elle en se retenant de sourire. « C'est le règlement qui n'est pas en accord avec moi. Un jour peut-être ! » dit-elle en reposant sa tasse de thé sur la table avant de lever les yeux sur la pendule. « Par Merlin ! » lâcha-t-elle en découvrant la belle heure qu'était quatre heure du matin. Elle n'était jamais restée aussi longtemps à "La Planque", comme aimait l'appeler, depuis qu'elle s'était faite attraper par Evans dans la salle commune puis dans le couloir la semaine précédente. « Je pense, Octavius, qu'il est temps pour nous de nous quitter, non ? » dit-elle en riant doucement, mais espérant secrètement que les Maraudeurs ne trainent pas dans le coin.

Octavius n'avait plus enseigné depuis de bonnes années. Son expérience professionnelle à Uagadou avait été enrichissante. S'il n'avait pas eu un statut de professeur à part entière — car il donnait surtout des cours de soutien — dû à son jeune âge à l'époque, cela lui avait fait se rendre compte qu'enseigner lui plaisait vraiment. Il faisait aussi beaucoup de surveillance.
« Si j'avais été professeur à Poudlard, vous en auriez eu pour une semaine de colle. Et vingt points en moins pour Gryffondor, Mademoiselle. »
Il eut fini sa tasse de thé quand Dorcas s'exclama sur l'heure. Etait-il si tard que cela ? Avait-il pu se permettre de rester aussi longtemps ? Que c'était incorrect ! Il se leva aussitôt après avoir posé sa tasse.
« Oh je suis vraiment navré de m'être attardé aussi longtemps aussi tard. Vraiment vraiment désolé. Le temps passe tellement vite. » se confondit-il en excuse en remettant son manteau.
En même temps que la jeune femme, Octavius s'approchait de la sortie.
« Je suis désolé. En plus tes cours commencent dans à peine quelques heures. »
Il descendit les escaliers pour retourner au garage. Et là, il fut vraiment temps de quitter l'adolescente.
« En tout cas, c'était très agréable de parler avec toi. Peut-être que nous nous recroiserons dans les environs. Bon, je ne te retiens pas plus longtemps. Je te souhaite bon courage et bonne continuation d'ici à ce qu'on se retrouve. »
Il sortit du garage.
« Au revoir. »
Lui adressant un dernier sourire cordial et chaleureux, il s'éloigna du hangar. Très vite, il transplana jusque chez lui. Bon. Salle de bain. Et dodo.