La jeune fille ne pouvait plus s'empêcher de jubiler dans son coin, il fallait dire que la tentation d'utiliser le fixateur pour condamner son époux à la permanente rose fuchsia. Elle avait entre ses mains le pouvoir absolu de se moquer de lui pendant deux semaines, jusqu'à ce que la coloration disparaisse magiquement de son propre chef. La tension dans les épaules du jeune homme contribuait de plus en plus à la disparition d'une quelconque culpabilité. Les mains dans ses cheveux, elle sourit largement quand il lui avoua avoir peur du devenir de la situation, ce qu'elle ne pouvait qu'intérieurement approuver. Elle avait des choses à rattraper et ne comptait pas laisser passer l'occasion de lui faire peur jusqu'au bout. Certainement pas. Continuant à teindre tout ce qu'il restait à teindre, elle attendait le moment propice, celui qui marquerait la fin de sa jubilation et le début du rêve. Plongeant sa main dans la chevelure de Moran à la suite de sa phrase en gaélique qu'elle ne comprenait pas, notant au passage qu'il faudrait qu'elle s'y mette rapidement, pour frapper en plein milieu de la main de l'ex-blond. « Moi aussi je m'adore, Mo' ! » fit-elle morte de rire en voyant sa tête catastrophée.

Si Slughorn était l'un de ses professeurs préférés en plus d'être son Grand-Oncle, elle savait pertinemment que ce n'était pas le cas de son conjoint qui, elle le savait, s'était mis avec elle en cours de Potions pour grappiller un maximum de bonne sympathie de la part du professeur. Faire de Moran une personne plus appréciée de la part de son oncle relevait de l'impossible, si un mot plus fort n'existait pas. Un professeur l'avait-il déjà apprécié ? Une question qu'elle ne lui poserait certainement pas de peur de se retrouver agonisante sous une masse de plumes d'oreillers comme la dernière fois qu'elle avait tenté de prendre le pouvoir et avait manifestement et misérablement échoué. « Vraiment ? Ca te donnerait un aperçu du Club ! Chose que tu ne verras jamais plus et n'a jamais vu de ta vie » fit-elle en se moquant littéralement de ses échecs en la matière tandis qu'elle enleva ses mains des cheveux de son époux et les essuya pour laisser poser la coloration pour venir s'asseoir à ses côtés sur le canapé. Le sujet dériva sur quelque chose de moins réjouissant, bien qu'elle ne doutait pas que Slug n'était pas un sujet agréable : Greta Catchlove. A vrai dire, Greta était un sujet quelque peu sensible pour sa part, il fallait dire qu'elle ne l'avait croisé que par pur hasard et que celle-ci avait malencontreusement découvert son mariage avec Moran et avait très, très légèrement mal pris la nouvelle. Voyant Moran se décomposer à l'entente du nom de la lycéenne, elle attrapa sa main et commença à lui faire ses patouilles sur celle-ci. « Oh... » fit-elle en grimaçant, légèrement peinée pour elle. « Je pense que je l'avais compris... Je suis vraiment désolée, c'est ma faute. » soupira la coiffeuse en herbe en se disant que s'était tout simplement de sa faute, et ça l'était, si la jeune femme avait découvert le léger problème faisant tâche sur sa vie de rêve.

Laisser Gardenia maîtresse de ses cheveux n'était sans doute pas l'idée la plus lumineuse de l'Écossais, mais il n'avait pas franchement le choix : il n'y connaissais rien en teinture, et il aurait été capable de provoquer une perte de cheveux instantané avec ses bêtises. Mieux valait donc laisser faire une experte en la matière, bien que très clairement, la confiance n'était pas là. Surtout avec l'air sadique qu'elle arborait, les ordres qu'elle donnait et ses moqueries déguisées. Par la barbe de Merlin et de Mordred, il était fichu. Finalement, la conversation sur Slug' était peut-être plus enviable pour ne pas penser à la triste situation qu'il vivait.

Le Professeur Slughorn avait toujours été incroyablement catastrophé par son niveau épouvantable en la matière, et il fallait bien dire qu'il contrastait franchement avec l'excellent niveau qu'avaient ses parents en la matière. Sa mère était médicomage, son père ayant été un brillant élève, ils avaient tous les deux été de très bons élèves en Potions. Mais Moran ? Oh Moran tenait ça de son grand-père paternel, pour sûr. Mais l'avantage à être nul en potion, c'était qu'on évitait les soirées au fameux "Club de Slug". Autant dire qu'il n'avait jamais envié sa femme d'y être conviée - d'autant plus qu'il la soupçonnait d'être invité parce qu'elle était la nièce du vieil homme...- et que la seule perspective de faire venir le Maître des Potions ici lui donnait envie de sauter par la fenêtre avec ses cheveux roses : « Je sais ce que je perds, t'inquiète pas va. Darius m'a déjà raconté comment ça se passait, alors je me félicite de mon niveau épouvantable ». La seule chose qu'il regrettait bien, c'était la glace à la fin du repas, mais il fallait faire des concessions. Celles du banquet de Poudlard étaient tout à fait mangeables également. Elle enleva enfin ses mains de sa tête alors qu'ils passaient à Greta Catchlove. Comme quoi, Gardenia était la spécialiste pour passer du coq à l'âne... « C'est bon, c'est fini ? » demanda-t-il en désignant ses cheveux, l'air inquisiteur. C'est qu'il avait vraiment envie de se laver les cheveux maintenant pour voir le malheureux résultat. Il l'écouta s'excuser et fit un signe de tête. Lui, ça ne lui faisait pas franchement de peine. Il se fichait un peu de Greta tant qu'elle ne venait pas sonner à sa porte à trois heures du matin pour lui déclamer son amour avec des fleurs fanées : « C'est pas grave. J'ai un peu abusé de sa confiance à l'école, c'est de ma faute. Mais comment vous en êtes arrivé à parler de ça, au juste ? ». Parce qu'il ne comprenait franchement pas ce qui aurait pu pousser sa chère et tendre à confier à la petite Poufsouffle qu'elle s'était mariée avec lui, sachant bien qu'elle avait un crush inconditionnel sur sa personne depuis des années - crush qu'il entretenait avec un soin tout particulier pour qu'elle lui rende des services ingrats. Greta était naïve et malheureusement pour elle, en mauvais Serpentard qu'il était, il en avait outrageusement profité.

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Le Club de Slug, ou un autre mon désignant la collection personnelle de trophée de son Grand Oncle, une partie de la vie de celui-ci qu'elle n'affectionnait pas plus que cela, mais à laquelle elle s'était fait avec le temps. Il fallait dire qu'en étant aux premières loges, elle ne pouvait pas faire autrement, embarquée dans ce désastre de sa première à sa dernière année à Poudlard et elle savait pertinemment que si l'idée lui passait par la tête, elle serait invitée à la prochaine soirée dansante de l'homme qui commençait à se faire âgé pour de telles activités. Moran ne s'était jamais illustré dans ces soirées d'un ennui immense dont le seul point positif avait été la glace du dessert qu'elle avait pu manger tant dans les diners que dans les appartements d'Horace, mais elle avait pu partager ces moment avec celui qui deviendrait le Parrain de leur fils et avait été sauvée d'une mort atroce par étouffement via une cerise. Pourtant, la jeune femme ne souhaitait pas s'épancher sur le sujet et en changea d'une main de maître pour un autre quelque peu préoccupant à son avis. Tout compte fait cela n'était peut-être pas un coup de maitre... ?

« Elle a vu mon alliance et au moment où j'allais changer de sujet... Peeves a débarqué. » fit la jeune femme presque sidérée par le fait que Peeves soit au courant de se genre de chose. Elle ne se remettait toujours pas de cette trahison, elle qui avait aidé le farceur à faire quelques mauvais coups, voilà qu'à présent il se vengeait sur elle. Cette altercation dans le couloir avait été l'une des plus traumatisante de sa vie, elle avait vu le coeur de Greta se briser en miette dans ses yeux, elle avait eu l'impression de se servir de son âme comme d'un tapis d'entrée. « Comment ça s'est passé ? » fit la jeune fille en regardant l'horlogedu salon pour finalement lui tendre la main, le faisant se lever pour l'emmener à sa suite dans la salle de bain. « C'est l'heure de vérité, mon cher époux. » rit-elle en le faisant s'assoir au sol devant la baignoire et pencher la tête en arrière tandis qu'elle enlevait ses talons roses pour grimper dans la baignoire, toujours dans sa robe de soirée. « Prêt ? » dit-elle le pommeau de douche dans les mains ?

Malgré tout le charme que possédait sa femme - il n'était pas aveugle, merci bien - Moran ne pouvait s'empêcher de se dire que la savoir être la nièce de Slughorn lui en faisait perdre une part non-négligeable. Car après tout, qui voudrait être lié à ce vieil homme ? Pas lui. Et pourtant ! La bague qu'il avait à son doigt avait bien été passée par Gardenia. Certes, elle n'était pas son oncle, ce n'était pas Horace qu'il avait épousé - merlin soit loué - mais tout de même. Le voici être le petit cousin ? Petit-neveu ? du vieil homme. Malheur. Cela dit, il pouvait bien poser un véto pour qu'il ne vienne pas manger à la maison, ou au moins, pour qu'il vienne lorsqu'il n'était pas là. Imaginer Horace assit sur le fauteuil dans lequel il se prélassait présentement lui donnait envie de se relever pour brûler ce mobilier. Moran ne détestait pas Slughorn, peut-être même qu'il avait un résidu de tendresse envers lui. Un résidu tout au fond du chaudron, quoi, mais il était persuadé qu'il en allait de même pour son ancien professeur de Potions. En fait, il était vrai que face à son cousin Darius, le décalage de niveau était époustouflant et pathétique pour l'ancien Serpentard. Mais, pour ce qui était des situations pathétiques, le batteur de l'équipe de Soho avait l'habitude : la preuve avec son attitude envers Greta Catchlove.

Cette enfant était tellement crédule et si amoureuse de lui qu'il n'avait même pas eu besoin de lui tenir une seule fois la main pour alimenter son amour pour lui, et sa dévolution à lui repasser et nettoyer ses affaires. Est-ce qu'il la considérait comme un elfe mignon de compagnie ? Peut-être un peu. Le respect de l'être humain semblait avoir fuit. « Saleté d'esprit. Il a dû briser les cognards de tout le monde de son vivant, et maintenant qu'il est mort il est obligé de briser ceux des gens qui restent ! » se mit-il à râler. S'il y avait bien un esprit qu'il n'allait pas regretter, c'était lui. Aussi le formula-t-il à voix haute à l'attention de sa femme : « T'as du courage d'accepter de le revoir. Il est vraiment horrible, et il n'est pas prêt de reposer en paix ». Par dépit, s'il avait été dehors, il en aurait craché par terre. La jeune femme lui demanda comment ça s'était passé, et sur le coup, il ne comprit pas. Il la regarda donc d'un air un peu circonspect, avant que la lumière ne s'allume enfin à tous les étages : « Avec Greta, tu veux dire ? » demanda-t-il quand même la confirmation. Moran inspira comme s'il allait livrer son plus grand secret : « Elle est tellement niaise et naïve que ce n'était pas bien difficile de lui faire croire qu'on vivait un amour impossible autant qu'improbable » admit-il du bout des lèvres, en levant les yeux au plafond d'un air blasé, avant d'ajouter : « alors là, elle avait un peu le coeur brisé. J'ai essayé de lui faire croire que ce n'était pas moi qui ne voulait pas être avec elle, mais cette petite peste sait drôlement bien faire couler des larmes de pitiponk ! ».
Le jeune homme l'accompagna à la salle de bain lorsqu'elle lui tendit la main. Ça y est, il allait commencer à devenir grincheux avec une tête toute rose. Sa femme le fit s'agenouiller devant la baignoire et il avait l'impression qu'elle jubilait de le voir en une telle position de faiblesse. « Je ne le serai jamais » répondit-il en déglutissant. Elle inonda sa tête d'eau et il vit la coloration partir dans les canalisations. Ohlalalala. Il n'aurait jamais du faire ça. Au bout d'un temps qui lui paru interminable, il releva sa tête trempée, en se saisissant d'une serviette pour se l'essuyer. Un regard dans le miroir et tous les voisins furent réveillés par son fou rire compulsif.


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« Quand tu dis ça, j'l'impression d'être sortie avec Peeves. » dit-elle en levant les yeux au ciel, tout aussi excédée que lui par le comportement de l'esprit frappeur qui ne tarderait pas à voir sa vengeance venir quand elle serait remise sur pieds sans avoir la peur de sa vie à chaque fois que les escaliers faisaient des leurs. Une amertume pris possession de la jeune femme qui porta le regard à sa bague en appréhendant les jours prochains qui révèleraient sa nouvelle identité dans le château, et par extension... à Ewan. Mais elle chassa rapidement ces pensées pour afficher de nouveau un sourire en acquiesça ) la remarque de Moran qui lui semblait pourtant bien évidente. Pourquoi parlerait-elle d'autre chose que de Greta Catchlove ? Gardenia n'avait pas suivit la relation — pouvait-on appeler cela une relation ? — entre Moran et la Poufsouffle, ou alors elle ne l'avait fait que de très loin, elle ne pouvait donc pas juger des erreur de l'une des deux parties. Mais ce que disait son époux au sujet de la jeune fille la peinait légèrement. Il avait été vrai qu'elle avait été naïve de ne pas voir qu'il avait exploitée pendant autant de temps, tout comme elle avait été naïve de croire que cela durerait après la sortie de Moran du château. « Elle... va oublier. » dit-elle en lui souriant désolée par les derniers évènements. Greta tournerait la page, avancerait, trouverait quelqu'un d'autre à qui se raccrocher, mais elle espérait qu'elle ne fasse pas les mêmes erreurs qu'elle : surtout pas. changer de sujet, encore et encore : une véritable spécialité. Elle emmena son jeune Dirico dans la salle de bain pour le débarrasser de cette jolie couleur rose de la tête de celui-ci. Il fallait dire qu'ils avaient tout à fait l'air normaux, là, dans leur salle de bain avec une coloration sur la tête de l'un et l'autre les deux pieds dans la baignoire et le tout en tenue de soirée. Autrement dit, la situation portait à déviance. Il fallait dire que plus la teinture partait dans le siphon, plus une jolie couleur rosée prenait place dans les cheveux blonds de Moran. « Il faudra. Tant pis. » Le tout terminé, la jeune fille augmenta rapidement la pression de l'eau... et le jeune homme finit trempé tandis que sa femme était pliée de rire sans faire attention à protéger son arme de destruction massive : le pommeau de douche.