« Bonjour Miss Elly, j’espère que vous avez prévu de bonnes chaussures, nous allons marcher aujourd’hui »Je répondis joyeusement un bonjour, puis je regardais ma tenue, mon uniforme habituel et mes baskets. Je haussais les épaules.
« Mes habits vont en prendre un coup mais ce n'est pas grave. »
Je levais les yeux vers l'homme, assez âgé, mince mais solide sur ses jambes, quelques rides de « sagesse ». Étant en première année, je ne l'avais jamais eu en classe, mais je l'admirais déjà.
Il alla à une remise, quels trésors pouvait-elle bien cacher ? Cela attisa ma curiosité mais le :
« J’ai cru comprendre que vous vouliez visiter la Forêt Interdite » me ramena durement à la réalité.
« Je l'ai déjà fait, Monsieur, ne vous en faites pas. »
Mes yeux s'emplirent de larmes et mon regard se perdit dans le vide : « Cette forêt c'est tout ce qu'il me reste d'Elle... » Non ! Je devais me ressaisir !
Je me retournais vers lui et entre les larmes lui fis un grand sourire : « Heureusement, vous êtes là pour la forêt ! »
J'essuyais ma bouille de première année alors qu'il disait sans scier :
« Estimez-vous heureuse, nous y allons. Votre directeur a besoin de quelques ingrédients qu’on trouve dans cette forêt, et j’ai moi-même quelques affaires à régler avec certaines créatures. Bref. Vous me suivez ? » Il portait un gros sac comme le Père Noël que m'avait conté ma grand-mère Moldue mais il était bien plus génial que celui-ci. Je sautillais derrière lui et entrais sans peine dans la forêt moi aussi.
Quelque chose me tracassait cependant, je n'osais lui dire que dix minutes de marche après.
« Dîtes... » ma voix tremblait. « Vous avez dit « quelques affaires à régler avec certaines créatures » mais vous n'allez pas leur faire du mal hein ? Même l'araignée géante qui est pas trop sympathique je comprends qu'elle puisse avoir faim, elle est tout au fond de la foret...elle ne voit presque pas la lumière ça doit être horrible ! »
Je fis silence quelques secondes .
« Enfin... Elle n'a plus intérêt à vouloir manger un bébé licorne ou sinon je l'aiderai encore ! » maugréai-je le visage renfrogné.
Deux minutes passèrent encore. Je serrai mes poings de peur, pas à cause de la forêt mais à cause de ma timidité et de la demande que j'allais faire au professeur. Je pris une grande inspiration et m'exclamais : « MONSIEUR ! » Je rougis comme une tomate et balbutiai : « Pardon, je ne voulais pas crier , mais cette question me tient à cœur... » Je repris une respiration normale alors que nous avancions toujours et trouvais enfin le courage de dire d'une voix normale : « Je sais que je suis seulement en première année... mais je voudrais aller à vos cours Monsieur...car je pense pouvoir apprendre de vous...Je...veux apprendre plein de choses sur les créatures et les aider et enseigner à mon tour comment faire ! »
Encore plus rouge, j'enchaînais : « Si je fais bien mon travail en cette retenue ce sera oui ? »
Soudain un bruit, un gémissement se fit entendre, sans plus de cérémonie je courrais vers sa source, la créature en danger me préoccupait tant que je n'avais pas pensé à prévenir le professeur.
Un cheval squelettique se tenait devant moi, il avait des ailes de chauve-souris immenses, une tête de dragon avec des crocs pointus, une de ses dents le blessait, du sang perlait sur son pelage noir si proche des os. Je ne savais pas comment l'apaiser, impossible de l'approcher, il allait trop mal. Chantonner l'aiderait peut-être, autant devant un humain je ne l'aurais pas pu par timidité, autant devant une créature pas de souci, ces êtres m'apaisaient.
Je me mis donc à lui chuchoter doucement puis plus haut :
« Twinkle, twinkle, little star,
How I wonder what you are!
Up above the world so high,
Like a diamond in the sky.
Twinkle, twinkle, little star,
How I wonder what you are! ...»
La chanson n'était pas de moi mais de Jane et sa sœur Ann Taylor compositrices en 1806. Ma grand-mère aimait les vieilles chansons Moldues.
Peu à peu le cheval magique se calma un peu et à la fin de la berceuse il planta ses deux yeux blancs brillants au regard vide dans mes yeux azurés.
« Ne vous inquiétez pas Cheval de nuit, le professeur peut vous aider, il en connaît plein sur les créatures magiques, le professeur ! » murmurai-je à la créature.
Je me retournais vers le professeur : « Hein, Monsieur que vous pouvez l'aider ? »