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A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960

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Randolf Spudmore

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MessageSujet: A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 129196351Mar 19 Nov 2019 - 14:33

Flashback ▬ 1960

La neige avait recouvert tout le Royaume-Uni à une vitesse à peine croyable. Les vacances de Noël s'étaient déjà installées sur la région, au grand bonheur de la plupart des élèves de Poudlard. Rares étaient ceux qui n'étaient pas rentrés chez eux. Pourtant cette année-là, cela avait été le cas des frères Spudmore. Randolf s'était rendu à la volière pour envoyer une lettre et perché sur un mur, il n'était finalement pas redescendu. La nature profondément matérielle du garçon se couplait étrangement avec une nature un peu mélancolique. Les yeux perdus dans le parc, il voyait les quelques élèves qui, comme lui, n'étaient pas rentrés chez eux s'amuser à se lancer des boules de neige. Le jeune homme de seize ans ne s'était jamais lié à eux. La sévérité future de Randolf Spudmore était déjà décelable chez l'adolescent qu'il était toujours. Il avait bien du mal à s'intéresser à des passions futiles, son père lui avait sans doute donné cette incapacité profonde à se fondre dans la société. Le nom des Spudmore était connu et n'aidait certainement pas à l'obtention d'une paisible vie. Et l'allemand qu'il était, très grand déjà pour son âge, se faisait en plus remarquer par son imposante taille. Les jambes pendaient dans le vide mais il était à peu près certain, vu la hauteur, qu'il ne se casserait même pas la cheville s'il tombait. Comme dit plus tôt, peu de monde était resté au château et naturellement, tout comme lui, Anselmus était resté. Leurs parents étaient allés en Allemagne et Randolf gardait une rancoeur profonde de ne pas avoir pu venir avec eux. Les yeux perdus sur la forêt interdite, le Serdaigle songea un instant à la forêt noire que sa famille avait quitté et la sévérité quitta momentanément ses traits. Le craquement d'un pied qui s'appuie sur une feuille derrière lui le fit sortir de son songe et sans savoir si c'était réellement Anselmus, il lança : « Ils auraient pu nous emmener avec eux ».


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MessageSujet: Re: A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 129196351Mer 20 Nov 2019 - 10:43

Poudlard se transformait en cité enchanteresse à Noël, aussi Anselmus n’était-il pas mécontent d’y être assigné tout le temps que durerait les vacances de fin d’année. Alizea n’était pas restée, mais Benjy oui ! Les deux adolescents, beaucoup plus emballés par la perspective de s’amuser ensemble que par celle de chercher une cavalière de bal, arpentaient les couloirs comme s’ils en étaient les dignes maîtres. Ils avaient tout de suite été volontaires pour être les vaillants soldats de la bataille de boules de neige qui se déroulerait cette après-midi là. Et comme l’épique affrontement tournait présentement au désavantage du germain, il s’était naturellement replié vers la volière, sentant les dernières boules de neige ensorcelées s’écraser dans son dos. Ce fut les yeux humides et les joues rouges, plus par le froid et l’amusement que par l’effort, qu’il arriva finalement au sommet. Il s’arrêta d’un pas net en découvrant la solitaire silhouette de son grand-frère qui y était perchée. Face à ces vacances au château qui leur étaient imposées, il ne ressentait pas la même humeur que lui. Et finissant de se débarrasser, d’un mouvement de gant, de la neige qui était en train de fondre dans ses cheveux blonds, Anselmus se rapprocha de Randolf pour poser ses coudes à côté de lui sur le muret. Le cadet n’avait jamais pris le temps avant d’observer cette superbe vue sur la forêt interdite. Elle n’appelait pourtant aucune nostalgie chez lui qui n’avait jamais arpenté la forêt noire. « On est bien ici, c’est plus chez nous que là-bas ». Son ton était tranquille et son fin sourire indélogeable de ses lèvres depuis que le choixpeau l’avait envoyé à Poufsouffle. Un endroit rien qu'à lui sans aucun autre Spudmore.
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MessageSujet: Re: A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 129196351Jeu 21 Nov 2019 - 20:36

Les relations familiales étaient sans aucun doute les plus complexes et nébuleuses pour tout être humain qui ne parvenait souvent pas à expliquer certains comportements et certains faits. Randolf, pas plus que n'importe quelle autre personne, se trouvait incapable de poser de mots sur la relation qu'il entretenait avec son frère Anselmus ou avec ses deux parents. Il avait su que son frère se trouvait derrière lui au moment où il avait marché sur la feuille, comme si seul son instinct lui avait dicté la vérité. Et c'était ce même instinct qui l'avait ainsi forcé à dévoiler si profondément sa sombre pensée. Les yeux clairs de Randolf ne se tournèrent pas vers son cadet lorsque celui-ci s'accouda au même muret que lui. Il n'esquissa même ni geste, ni sourire, aussi glacial que la brise qui balayait leurs cheveux blonds. La réponse d'Anselmus le fit maronner. Lui et son frère n'avaient pas la même vision des choses pour la simple et excellente raison qu'ils n'étaient pas proche du même parent. Monsieur Spudmore avait beaucoup moins bien vécu de devoir partir d'Allemagne que sa femme et a fortiori, avait transmis à son aîné ce goût revanchard sur la vie. Anselmus, qui était plus proche de la mère que du père, ne pouvait assurément pas comprendre cela, Randolf le comprenait. « Mmh » se contenta-t-il de formuler. Être en désaccord ne voulait pas dire conflit. Il se sentait apaisé par le froid hiver qui tombait sur l'Écosse et il tourna la tête vers son frère, pour remarquer enfin qu'il avait de la neige sur les épaules. Ce pouvait-il...? « Tu faisais parti des joueurs ? » demanda-t-il paisiblement en levant une main pour retirer de l'épaule gauche de son petit frère le restant de neige qu'il avait, « et je suppose que tu perdais pour te retrouver acculé ici... ? ». Un sourire amusé habilla les traits de l'aîné qui regarda en bas pour voir la bataille faire toujours rage : « Tu devrais y retourner ». La nature solitaire de Randolf semblait toujours désireuse de reprendre le dessus, même lorsqu'il n'était pas mécontent de partager un rare moment avec son jeune cadet.
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MessageSujet: Re: A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 129196351Ven 29 Nov 2019 - 11:49

Randolf ne s’était sûrement pas intéressé à l’épique bataille de boules de neige qui se tenait quelques mètres plus bas, il connaissait tout simplement son cadet. C’était bien la nécessité de ne pas finir transformé en bonhomme de neige qui avait conduit celui-ci à rejoindre son perchoir. Anselmus qui était plus blagueur que fier haussa ses épaules maintenant dépourvus de la trace de toute neige. « En quidditch, on appelle ça la feinte d’Eulenspiegel … ». Son humour pince-sans-rire également était plus anglais que allemand. Il venait d’inventer de toute pièce cette stratégie à partir du personnage d’un conte que leur grand-mère aimait leur lire. Il perdit momentanément son sourire en pensant à elle et adopta le même ton plus tranquille que son aîné. « J’attends un peu ».

Anselmus se perdit le temps de quelques secondes à contempler la même vue que son frère. L’hiver avait toujours été sa saison préférée, il aimait la sensation de l’air froid qui lui piquait les yeux et le tapis scintillant de cette neige tombée des cieux le laissait chaque année rêveur. Comment savoir si la ville cachée sous le manteau blanc était toujours la même ou si elle avait été remplacée par une autre ? Comment savoir si sous ces blancs monticules il y avait encore les kiosques à journaux et les réverbères ou s’il n’y avait que de la neige, des tas et des tas de neige ? Anselmus avait toujours aimé réfléchir plus que constater. Il rouvrit la bouche après le temps, long, d’une hésitation. « Oma va quand même me manquer pendant les vacances - le garçon avait toujours été très proche de leur grand-mère - Je crois que c’est parce qu’elle est trop fatiguée pour venir nous voir qu’ils se déplacent là-bas ».
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MessageSujet: Re: A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 129196351Ven 29 Nov 2019 - 18:51

Le regard de l'aîné observait les vaillants combattants de la bataille de boules de neige avec un froid détachement. Ces jeux n'avaient jamais été pour lui et il l'avait toujours su. Randolf, qui était plutôt un esprit théorique que pratique, se complaisant davantage dans la lecture d'ouvrages pour passer le temps que dans la participation à quelques jeux sauvages. Son jeune frère n'était pas fait de la même pierre que lui et préférait l'action à l'inaction. Un sourire torve s'afficha sur les lèvres du plus âgé à la plaisanterie de son cadet, sans pourtant qu'il n'y réponde rien. Le souvenir de leur grand-mère, qu'il aimait lui-même tendrement, lui effleura l'esprit et le regret de ne pas avoir accompagné leurs parents en Allemagne le heurta d'autant plus fort. Le regard de Randolf se fit plus distant et plus lointain alors qu'il portait ses pupilles sur la cime des arbres les plus éloignés de la volière, qui marquaient aussi la limite du château Poudlard. Dans une forêt similaire à celle-ci, leurs parents se délectaient sans doute de quelques boissons généreusement servies par leur grand-mère dans sa chaleureuse maison, là où lui-même et son cadet se trouvaient par opposition dans le froid parc ravagé par la neige. Un soupir s'échappa de ses lèvres sans qu'il ne parvienne à le retenir à l'entente de la désignation par son petit-frère de leur aïeule.
Randolf ne savait pas très bien si c'était son cynisme le poussait à envisager ce noël comme le dernier de la vieille femme, en comparaison à Anselmus qui ne semblait même pas y songer au regard de ses phrases. L'aîné ne sut pas très bien s'il devait taire ses pensées - et par extension ses faiblesses - à son cadet ou s'il devait au contraire, les partager. Il se trouvait finalement sur la corde raide lorsqu'il laissa entendre, d'une voix légèrement sourde, la réalité suivante : « J'ai peur que ce soit son dernier ». La gorge un peu nouée, Randolf néanmoins, n'afficha pas autrement son trouble que par le ton de sa voix, « cela rend d'autant plus odieuses nos prétendues vacances dans ce château ». Il n'osa pas se tourner vers son cadet pour le regarder et jauger sa réaction et eut au contraire l'impression d'étouffer à côté de lui, alors qu'ils étaient tous les deux au grand air. Se détourner davantage, pourtant, serait un aveu de faiblesse que le jeune homme ne semblait pas prêt à concéder à son jeune cadet.
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MessageSujet: Re: A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 129196351Lun 6 Jan 2020 - 11:48

Lorsque Randolf poussa un soupir à l’évocation de leur grand-mère, Anselmus serra la mâchoire. Un peu à la manière d’un poursuiveur qui voit un cognard lui foncer dessus de manière inéluctable. La seule différence était que, bien souvent, les deux frères n’avaient pas besoin de se regarder pour le deviner, cet inéluctable. La réponse de l’aîné, le cadet aurait pu la deviner au mot près. Et alors que chaque syllabe le blessait, il regrettait d’avoir abordé en premier le sujet de leur grand-mère. Il ressentait une sourde colère, envers elle de s’affaiblir, envers ses parents de le dissimuler. Ce fut pourtant contre son semblable également accablé qu'il finit par la diriger. « Tu te plais toujours à imaginer le pire » souffla-t-il avec le ton dur du prêcheur convaincu mais la voix basse du lâche déserteur. Ses propos auraient été inintelligibles sinon le silence de la tour. Son grand frère ne l’impressionnait pas que par sa grande taille mais également par l’implacabilité de ses discours. Anselmus partageait son sentiment d’étouffer au grand air et, les coudes toujours enfoncés dans la neige du muret, ne bougea pas d’un pouce.

Le plus jeune était en colère par dessus tout contre lui-même car il savait, au fond de son ventre, que s’il s’agissait en effet du dernier noël de leur aïeule, alors il préférait se trouver ici au château. Loin d’elle et du reste de leur famille. C’était uniquement grâce à elle qu’il aimait les fêtes de noël, il chérissait précieusement chacun de ces souvenirs et ne voulait pas les assombrir sous le voile du deuil. Randolf au contraire était doté de la volonté et du cran de faire face à la réalité.
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MessageSujet: Re: A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 129196351Mar 7 Jan 2020 - 16:33

Les raisons pour lesquelles Randolf était si furieux de ne pas être allé en Allemagne s'accumulaient à n'en plus finir et ne faisaient que renforcer sa rage. La discussion présente entre son cadet et lui-même, qu'il n'avait pu prévoir, ne l'aidait pas à calmer ses ressentiments violents. S'il n'affichait au reste du monde qu'une façade calculatrice et froide, l'Allemand était pourtant quelqu'un aux inquiétudes poignantes et réelles, tant pour sa grand-mère que pour tout autre membre qu'il pourrait considérer comme faisant parti sa famille. Contre toute attente, celui qui en montrait le moins était peut-être celui qui s'en faisait le plus, et la réponse abrupte d'Anselmus lui fit l'effet d'une gifle froide. Raide sur son mur, l'aîné se trouva bien surpris de ne pas oser regarder son frère, et pour répondre à cette incapacité, il se força à se mettre à califourchon sur le mur pour être en face du jeune homme. « Peut-être que tu devrais sortir de tes jeux d'enfants pour voir la réalité en face » répondit-il implacablement d'un ton qui rappelait dangereusement celui de leur père. Si la voix n'était pas en colère, la patience de Randolf se trouvait effritée par les vérités que prononçait son cadet. Les joues blanches de Spudmore prenaient des couleurs rougeâtres désagrégées par le froid de l'hiver qui les frappait de plein fouet.
C'est scruter le visage encore juvénile de son frère qui le ramena à la raison et fit s'évaporer sa colère. Il oubliait souvent qu'Anselmus n'avait pas le même âge que lui, mais était plus jeune. Ne serait-ce pas odieux de sa part de lui arracher son innocente naïveté pour le ramener à la réalité ? Mais ne serait-ce pas nécessaire également de le faire ? Comme elles étaient arrivées, les rougeurs du frère aîné semblèrent disparaître et ses joues redevinrent blanches comme le tapis neigeux en contrebas d'eux. En expirant brusquement, il évacua également ses ressentiments : « Pardon ». Cela ne serait sans doute pas une excuse que son cadet entendrait souvent de sa bouche et cela méritait d'être souligné. Seul à Poudlard, Randolf en venait à se demander s'il aimait réellement Noël. Si les gâteaux de leur grand-mère avaient toujours eu le mérite d'apaiser son coeur, l'absence de leur aïeule se faisait d'autant plus ressentir dans son cœur maintenant qu'il était persuadé que le dernier Noël qu'il avait eu avec elle était passé d'une année.
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MessageSujet: Re: A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 129196351Ven 10 Jan 2020 - 14:02

Anselmus entendit son frère bouger sur son muret, devina que Randolf souhaitait le confronter du regard. Il ne le fixait dans les yeux que lorsqu’ils étaient en franc désaccord, une habitude empruntée à leur père. Spud se figea d’autant plus, persista à fixer la cime des arbres. Son talon battait imperceptiblement la mesure de son stress sur le sol. Randolf récitait-il un discours appris par coeur ? Si oui, il avait bien dû finir par l’intérioriser. C’était pour cela que Spud s’était empressé de rejeter sa famille en arrivant à l’école, pour toutes ces règles stupides telles que ‘ne sois pas un enfant, même si tu as quatorze ans’. Lui préférait rester un adolescent toute sa vie si cela signifiait de ne jamais finir par ressembler à Able ou Randolf. Benjy se rapprochait plus d’un frère que ce dernier pour lui, Poudlard de sa véritable maison. Il avait le droit d’être qui il voulait ici, il se faisait appeler par le vulgaire surnom de ‘Spud’ et plus par le nom pompeux de ‘Spudmore’. Randolf au contraire ne paraissait voir leur école que comme un lieu d’apprentissage, les autres élèves comme des visages qui finiraient tôt par appartenir à son passé. Ansel se demandait parfois si Randolf existait autrement que pour le siège qu’il finirait par occuper dans la société familiale.

Le petit frère parut néanmoins se détendre, une fois que l’excuse fut prononcée. Courte, rare et sincère, elle fut acceptée de la même manière. « C’est rien ». Le plus jeune commença à faire rouler doucement une boule de neige sous son gant. « Poudlard ne représente pas la même chose pour toi que pour moi, on le savait déjà … ». Il lança finalement, avec plus de gentillesse que de véhémence mais un brin de provocation, la boule sur l’épaule du plus grand. Spud le regarda enfin à son tour pour lui adresser un fin sourire.
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MessageSujet: Re: A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 129196351Lun 13 Jan 2020 - 17:09

Randolf, qui ne jouissait pas de la même réputation que "Spud", avait au moins le mérite, pensait-il profondément, de garder intacte sa dignité. Non pas qu'il pense que son frère n'en avait pas, mais il la mettait à mal selon lui, à trop s'amuser sans aucunement penser au présent, et au futur. L'aîné en voulait au cadet pour son insouciance et sa jeunesse finalement que lui-même à son âge n'avait pu avoir. Randolf avait toujours dû suivre avec acharnement les préceptes inculqués par son père et il l'avait fait sans guère rechigner, pour lui faire plaisir autant que pour ne pas subir son courroux. Able Spdumore avait une autorité naturelle et il avait correctement dressé son fils aîné. Le cadet, toutefois, semblait plus hermétique à ses volontés, et sans doute s'en était-il désintéressé pour se concentrer sur celui qui, de toute façon, allait briguer la chaire familiale. Cette inflammation virulente du Serdaigle avait disparu aussi vite qu'elle était apparue. Ses traits se détendirent, et ses joues perdirent les rares couleurs qu'il avait réussi à faire exister sur ses traits froids, alors qu'Anselmus tout au contraire de lui, ne lui en tenait pas rigueur. Il n'aurait pu être étonné si leur petite discussion familiale se finissait en dispute par sa faute. Mais Randolf était rongé par l'angoisse, voire la mélancolie, ce qui le rendait irritable. Anselmus avait dû le comprendre puisqu'il se permit un trait d'humour, accompagné d'une bravade dont le plus vieux ne s'offusqua pas. Loin de lui l'idée de lancer une guerre de neige avec le Poufsouffle, il s'essuya posément l'épaule sans rien afficher d'autre qu'un sourire sincèrement amusé. « De toute évidence » formula-t-il pour avoir quelque chose à répondre à son frère afin de ne pas être celui qui finirait leur conversation. Les deux Spudmore étaient connus pour être laconiques et cela rendait leurs conversations - en général tout du moins - fort paisibles. « Je ne comprends pas ce qui te plaît dans cet endroit » souffla finalement Randolf, toujours assit à califourchon sur le muret. Ses yeux, illuminés d'une étincelle différente de celle de son frère, le fixaient curieusement car il s'agissait-là d'une énigme qu'un Serdaigle comme lui ne pourrait ignorer bien longtemps. Ils n'en avaient jamais vraiment parlé, en réalité. Leurs sentiments, ils les gardaient pudiquement de côté, peut-être pour ne pas ennuyer l'autre, ou peut-être parce qu'ils n'étaient pas assez proches pour le faire. L'absence de tout lien fusionnel entre eux ne lui manquait pourtant pas, parce qu'il savait, tout au fond de lui, qu'ils étaient complémentaires, sans néanmoins être capable de dire ce sur quoi cela allait déboucher dans le futur.
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MessageSujet: Re: A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 129196351Mar 14 Jan 2020 - 16:50

Le caractère de Anselmus se radoucissait vite tandis que les secondes s’égrainaient silencieusement, éloignaient la brimade du plus grand … Il lui sembla même comprendre sa précédente irritation quand il l’interrogea. Leur maison était le territoire de Randolf, tout comme Poudlard était le sien. Cela pouvait être dur, pour l'un comme pour l'autre, d'en être longtemps séparé. « J’ai des amis tout simplement - le sous-entendu selon lequel l’autre n’en avait pas était bien présent dans sa voix mais fortuit - et je fais ce que je veux ». Impossible pour lui de s’étendre sur la question sans prendre le risque de blesser Randolf. Ce n’était pas dans la nature de l’aîné de l’être mais qui sait ? Comment aurait-il réagi s’il lui avait avoué de but en blanc que son premier acte de liberté au château avait été de demander au choixpeau de ne pas l’envoyer dans la même maison que lui ? Cela aurait gâté ce moment tranquille de l’après-midi, il n'était peut-être pas extraordinaire mais il état devenu rare.

Quelque chose lui disait que Randolf, s’il l’entendait, ne comprenait pas véritablement le sens profond de ce qu’il lui disait. Anselmus avait peut-être quatorze ans mais avait déjà acquis la conviction qu’il ne reviendrait plus chez eux, eux sans lui. Cela devait être pénible pour le plus grand qui aimait tout comprendre d’en être incapable avec lui. « Si ça peut te rassurer, je ne comprends pas non plus ce qui te plaît à la maison … ». Randolf était là-bas beaucoup moins libre que lui, toujours collé dans les pattes de leur pater autoritaire. Lui aurait fugué à sa place depuis belle lurette. Et ce fut avec un réel entrain qu'il le défia en se hissant à son tour sur le muret. « Dis moi une seule chose là-bas que tu ne retrouves pas ici ! ». La réponse la plus évidente sans aucun doute était leur famille mais à vrai dire, Ansel n’y pensait même pas une seconde. Il aimait sa mère et sa grand-mère avec tendresse, elles n’étaient pas suffisantes (ou bien peut-être trop soumises également chacune à leur façon à Able) pour constituer une famille aux yeux de l’ingrat héritier. Spudmore, ce n’était pas sa famille, ce ne serait pas son héritage. Ce n’était qu’un nom qu’il avait acquis par un mauvais hasard de naissance.
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MessageSujet: Re: A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 129196351Sam 18 Jan 2020 - 23:07

Randolf ne pouvait pas nier sa nature solitaire, et le rappel, piquant certes, d'Anselmus ne lui attira ni déni, ni colère. C'était un fait qu'il évoquait et qu'il ne pouvait ignorer. Randolf n'avait pas d'amis, il n'en voyait pas l'intérêt puisqu'il aurait la chance de bénéficier des connaissances de son père pour faire des affaires. Il ne voyait pas grande ambition dans la population poudlardienne et s'en rendant compte, il avait pris soin de l'ignorer le plus possible, non pas par vanité, mais par simple désintérêt. Les amusements de ses camarades n'avaient rien de comparable avec les siens et il s'ennuyait de leurs conversations. Le caractère de son frère se plaisait plus dans cette fanfare de nouveaux visages et c'était sans doute une chance pour lui d'être aussi heureux entre les murs du château. « Hm » préférait toujours répondre l'aîné quand il ne pouvait pas nier une vérité générale. Il était d'ailleurs plus austère que son frère, à bien des égards. Perdu dans ses livres ou dans ses pensées la plupart du temps, il ne s'illustrait que par ses remarques brillantes en cours. Dans tous les cours. La pensée qu'il avait un devoir à rendre en étude des runes arriva aussi vite qu'elle disparu, puisqu'Anselmus renversa la question pour le mettre en porte-à-faux. Un ricanement vague échappa à l'aîné alors qu'il haussait les épaules. Probablement que Randolf souffrait d'un tempérament renfermé et hostile au monde extérieur, c'était fort probable. Sa nature était plus froide de toute évidence que celle des britanniques qui hurlaient en contre-bas. « C'est chez nous » formula-t-il d'un air perplexe, car il s'agissait d'une évidence que son frère ne saurait contester avec de bons arguments, « mais cela ne te suffit pas ». Ce n'était pas un reproche, c'était un fait qu'il exprimait de la même manière qu'Anselmus avait sous-entendu qu'il n'avait pas d'amis.
La vérité, c'était aussi qu'il ne trouvait pas d'arguments à confronter à son benjamin sur la raison pour laquelle il préférait la maison que Poudlard. C'était davantage un sentiment général de sérénité profonde que de réelles raisons logiques et inébranlables. Son ressenti n'était pas le même que celui de son frère et il avait longtemps ignoré sciemment cela. « Je ne sais pas pourquoi je n'aime pas Poudlard, Anselmus » bredouilla-t-il tant bien que mal en allongeant son dos contre le muret, « je ne sais pas ». Il croisa ses mains derrière sa tête et regarda le ciel. Cette étrange conversation était comme une insolite rencontre entre deux inconnus. La vérité, c'était que les frères Spudmore se connaissaient sans se connaître. Étaient-ils seulement réellement frères ? Cette question virevoltait dans l'esprit du plus âgé alors qu'il se disait, ironiquement, que l'ami de "Spud", Benjy, le connaissait sans doute mieux que lui ne connaissait son frère. La nature profonde de Randolf y était sans doute pour beaucoup dans ce sentiment d'indifférence, tout comme celle de son frère expliquait son rejet profond de leurs valeurs et de leur nom.
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MessageSujet: Re: A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 129196351Jeu 30 Jan 2020 - 15:53

Leur maison londonienne était confortable, elle n’avait jamais été un château. Pas comme celui que leurs parents avaient abandonné au pays pendant leur fuite. Able était un patriarche rongé par le regret de leur passé, la rancœur de leur présent. Le plus jeune trouvait curieux que le plus vieux ait su, malgré cela, s’approprier ces murs et ce toit. Aux yeux de Anselmus, cette maison était méprisable non pas par sa taille mais par l’ascèse que son maître y exigeait, à l’image de l’elfe qui en était le gardien. « Chez toi peut-être ». Sa réponse, glissée dans une souffle, mêlée aux cris et rires des élèves en bas, n’était pas audible, ne chemina pas plus loin que le nuage de buée qui la contenait. Son frère de toute façon ne l’aurait pas comprise. Tout comme lui était incapable de comprendre sa droite assertion. Leur maison était un endroit stérile - y compris d’un autre avenir que 'bras droit' le concernant - comment donc aurait-elle pu suffire à un individu à part entière ?

Il laissa son frère s’allonger tranquillement sur le muret, imperturbable au froid, et frotta quant à lui plutôt ses deux gants l’un contre l’autre pour se réchauffer le bout des doigts. Il avait pour une fois un éclairage à offrir à son aîné si renfermé. « Peut-être parce que tu ne lui as jamais laissé sa chance ? ». Poudlard recelait de merveilles : de grandioses sortilèges au détour des couloirs, d’éminents professeurs, d’une bibliothèque garnie de rares ouvrages. Sa vraie magie résidait pourtant ailleurs aux yeux du benjamin. Et peu soucieux de passer pour un garçon naïf aux yeux de son grand frère, il se permit une suggestion à son égard. « Il y a des personnes ici que tu te surprendrais peut-être à apprécier … ». Spud s’attristait légèrement de la situation de Randolf tandis qu’il se rendait compte que ce dernier considérait peut-être la maison comme leur foyer par défaut. Est-ce qu’il en avait vraiment jamais franchi le seuil ? Est-ce qu’il s’était déjà autorisé à rêver d'un autre chemin que celui tracé par leur père ? Le plus petit n’attarda pas longtemps son regard, ni sa pensée, sur le plus grand. Il observa plutôt l’épique partie de boules de neige qui se déroulait quelques mètres en dessous de lui, entre ses deux pieds ballants.
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MessageSujet: Re: A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 129196351Sam 15 Fév 2020 - 22:53

Anselmus avait peut-être été façonné de la même pierre que leur mère et Randolf du même minerai que leur père. En tout cas, leur divergence de point de vue s'étendait jusqu'à la notion qu'ils avaient de leur maison. Le cadet prononça quelque chose que l'aîné n'entendit pas, il avait de toute manière le sifflet déjà coupé par le toupet dont faisait preuve avec répétition le plus jeune des deux Spudmore. Randolf était froid, droit et réservé là où son jeune frère était doté d'un caractère fantasque, voire bouffon que lui en analyse, attribuait surtout à la crise d'adolescence. Lui-même pourtant n'avait pas été dérouté par ses changements hormonaux et une fois encore, ils étaient bien différents. Il se demanda s'il lavait sciemment ignoré plus tôt où s'il s'était simplement désintéressé de lui. La non-relation qu'ils avaient bâti tous les deux expliquait leur incompréhension mutuelle qui ne saurait se résoudre par quelques paroles soufflées dans une conversation volée en plein hiver. L'aîné commençait d'ailleurs à être irrité, et las des hurlements, cris et rires qu'il entendait plus bas. Cette simple démonstration de joie de vivre trop vive lui donnait envie de fuir, comme un claustrophobe enfermé dans une cabine,  et de retourner dans la salle commune vidée de toute vie. Il était le seul de sa maison, contre toute attente, à être resté pour les vacances de Noël et avait donc hérité de la paix rassurante que lui procurait la salle commune des Serdaigles.

Allongé sur le muret sur lequel un acrophobe ne saurait s'allonger, il continua de discuter avec son cadet comme si la conversation l'intéressait réellement. Elle s'orientait dangereusement vers quelque chose qui lui déplaisait, et Randolf était généralement catégorique sur les sujets à éviter. Peut-être ressentait-il un malaise profond à exhiber ses sentiments, tempérament ravivé comme les flammes d'un bûcher par son père, mais quoiqu'il en soit, les propositions indécentes de son frère ne lui attirèrent certainement pas un rire, ni même un sourire. Il peinait à voir quelles personnes étaient réellement dignes d'intérêt dans ce château à l'exception des professeurs. L'Allemand ne faisait certainement pas preuve de snobisme, il ne se considérait pas supérieur à la nature humaine, seulement dangereusement lointain de celle-ci, comme le représentant d'une espèce différente coincé entre les murs du château. La seule personne, peut-être et curieusement, qui ne lui semblait pas étrange, c'était son père. Un père au verbe acerbe et à la rage contenue dans le regret d'être parti de son pays. Finira-t-il de la même manière que lui, imperturbablement assit sur un voltaire ? « Permet moi d'en douter » formula finalement l'aîné, considérant que répondre par un silence serait équivoque, mais irrespectueux vis-à-vis de son petit frère qui faisait peut-être l'effort, à sa manière, de le comprendre. Les yeux clairs de Randolf se promenaient sur le ciel laiteux animé de nuages porteurs de neige. Après un silence interminable que 'Spud' ne prit pas la peine de combler, l'aîné ne fit pas plus d'efforts et se retira du muret. Il fit tomber la neige de son pantalon, ainsi que de sa cape, ainsi que de son écharpe qu'il réajusta autour de son cou. Il passa une main dans ses cheveux pour les ramener vers l'arrière et se détourna d'Anselmus pour retourner au château, sans même saluer son frère.
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MessageSujet: Re: A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 A un battement d'ailes | ANSELMUS FB 1960 129196351Lun 30 Mar 2020 - 17:53

Randolf esquiva la suggestion du plus jeune sans feindre de s’y intéresser. Anselmus se tut à son tour avec l’impression d’avoir suffisamment essayé. La compassion qu’il avait pu éprouver se trouvait toujours un sentiment fugace à l’égard de son aîné. Il se sentit momentanément un peu con même, de ces sporadiques faiblesses d’âme. Car c’était bien de cette manière qu’il convenait de qualifier un sentiment aussi humain, n’est-ce pas, chez les Spudmore ? L’adolescent remit ses mains dans les poches et gonfla ses poumons d’une bouffée d’air glacial. Il ne se sentait finalement pas peu fier, perché depuis le haut de ce muret, au-dessus de la bataille de boule de neige et en-dessous de son grand frère qui, de nouveau perché sur ses longues cannes, le dominait naturellement de sa grande taille. L’horizon seule, par l’infinité qu’elle dégageait, serait son échappatoire.

Il n’y avait que dans les airs que le gamin souhaitait déjà évoluer. Et en cela finalement, il ne portait pas trop mal son patronyme.
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