Tout semblait aller de mal en pis. Shannon n'avait guère d'espoir sur ses futurs geôliers, il était désespéré de ne plus avoir sa baguette, et pour la première fois de sa vie, il se sentit profondément impuissant face aux défis qu'on avait posé sur son chemin. En général, il trouvait toujours une solution pour prendre la poudre d'escampette, c'était ce que son enfance de baroudeur lui avait apprise : pour s'amuser, il faut savoir filer entre les doigts des personnes qui vous surveillent et cela de n'importe quelle manière. Faire diversion, utiliser la foule, être insultant, voire même violent, toutes les solutions étaient bonnes à prendre. Et la vie de petit moldu aurait du pouvoir préparer Shannon à tout. Mais être un moldu face à des moldus n'était pas un problème en soit. Être un moldu face à des sorciers en revanche, c'était loin d'être la même chose. Ils ramèrent longtemps sur une barque que leur acheteuse avait prévu pour eux. Exténué par un voyage désolant, les côtes de l'irlandais commençaient à le brûler à nouveau et les effets de la concoction disparaissaient peu à peu. Malgré tout, il garda pour lui ses souffrances intérieures et continua comme si rien n'était. La demi-heure de traversée lui parut durer une éternité.

Un proverbe disait : après l'effort, le réconfort. Jamais rien n'avait pu paraître aussi réel aux yeux de Shannon. Outre la très jolie petite île sur laquelle ils étaient - et prisonniers - cette dernière n'était habitée que par des femmes. En tout cas, c'est la conclusion à laquelle il parvint. Son regard sceptique se posait sur tous les visages et il en arriva à la conclusion suivante : elles étaient absolument toutes magnifiques. L'irlandais n'en avait jamais vu de si belles et s'il était moins timide avec la gente féminine, sans doute qu'il passerait son temps à tourner la tête en tout sens pour toutes les suivre du regard. A la place, il avait les yeux rivés sur le sol, les joues légèrement rosées, en essayant de passer inaperçu. Shannon ne vit pas le regard d'Octavius mais ils pensaient à la même chose. Ils avaient été vendu à des vélanes. A ce moment-là, il se dit que finalement, toute sa vie avait peut-être un sens, peut-être que c'était son destin de finir ici, épouvanté par la beauté de toutes ces femmes plus belles les unes que les autres et... Il attrapa au vol les vêtements que leur acheteuse leur lança sans ménagement. « Vieja lechuza ... » marmonna-t-il en s'avançant vers les sous-bois qu'elle leur avait désigné. Le jeune homme se sentit observé et il avança, tête baissé. « Tu l'as dit » soupira-t-il en répondant à Octave, « j'en avais jamais rencontré... Bah j'suis pas déçu du tout ! ».