Galaad répondit d'une simple moue peu convaincue. Peu lui importait, à dire vrai, par quoi il était symbolisé. Toujours était-il que ses noix, comme désignées si romantiquement par Flora, lui permettait souvent de ne pas dormir dehors. Ce qui l'amenait à penser qu'il lui faudrait demander à son ami s'il pouvait rester pour la nuit, car il squattait chez Antinea depuis une semaine, et sentait que sa petite sœur perdait gentiment mais sûrement patience. Elle ne l'aurait jamais mis à la rue, bien sûr, mais s'il voulait continuer à taper dans ses Gallions, peut-être serait-il bienvenu de lui laisser un peu d'air. Heureusement pour lui, Flora faisait partie de ces personnes à qui il pouvait demander de rester dormir sans qu'il y ait le moindre malentendu. Cette connivence participait à rendre leur relation si agréable - et sans prise de tête.

- J'aime bien tout le monde, moi, tu sais bien, répondit-il à la question de la jeune femme. Même quand ils ont du fromage plein la tronche, ajouta-t-il en attrapant un torchon qui traînait et en lui lançant à travers la pièce. Une bien belle manière de botter en touche, car la vérité était peut-être plus compliquée. Il s'était suffisamment attaché à Arès pour chercher à le voir le plus souvent possible. Mais il y avait une grande différence entre s'attacher et s'enchaîner. Galaad ne s'imaginait absolument pas avoir une relation exclusive avec qui que ce soit. La preuve en était avec sa petite après-midi chez Flora ... Bien sûr, le jour viendrait où Arès lui en demanderait plus. Il savait, au fond de lui, qu'à jouer sur ce terrain, ce moment finirait fatalement par arriver. Mais fidèle à lui-même, il préférait se voiler la face et prétendre que tout irait toujours bien. C'était son petit talent personnel.
- Au fait, Flora, enchaîna-t-il après avoir avalé son sandwich en quelques bouchées à peine, tu ne prévois pas d'inviter un autre monsieur à croquer ce soir ?. Ah la la, cette blague ne vieillirait jamais - il avait d'ailleurs décidé qu'il l'utiliserait à chacune de leurs prochaines rencontres. Parce que j'aurais bien besoin d'un lit à squatter.