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Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962]

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Neolina Siankov

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COTÉ DU BIEN
On n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait.

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MessageSujet: Re: Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] - Page 2 129196351Mer 1 Juil 2020 - 19:51

Sans offense, vraiment ? Heureusement, Neolina n’était pas du genre à se vexer facilement, et puis elle savait bien que ce genre de généralités n’était que le reflet d’une blessure, et a priori pas envers le bon sexe si son intuition était bonne. Toutefois, elle afficha une moue un peu boudeuse, parce qu’elle n’aimait pas l’entendre proférer des insultes pareilles. Mais bon, si ça pouvait le soulager un peu, alors qu’il se décharge, elle n’était pas là pour juger. Mettre tout le monde dans le même panier, voilà qui était un peu ennuyeux quand même. Mais encore une fois, elle n’avait pas eu assez de chagrin d’amour pour avoir du ressentiment envers qui que ce soit. Beaucoup la jugeait un peu naïve, et pourtant…

Mais ses paroles encourageantes semblèrent ne pas trouver d’oreille attentive pour les recevoir. Stubby avait ce ridicule esprit de compétition, qui expliquait sûrement pourquoi il se frittait aussi souvent avec son beau-père. Le jeune garçon ne voulait en faire qu’à sa tête, refusait de rentrer dans les rangs et, là où un peu de douceur lui permettrait peut-être de l’obtenir, il était en perpétuelle confrontation. Tout le temps. Ce devait être fatiguant non, que de mener des combats avec ceux qui étaient désaccord. Son petit air moqueur ne l’agaça même pas, elle était rodée maintenant, et elle haussa tout simplement les épaules. « Bah, gagner quelqu’un qui ne te mérite pas? Je pense au contraire que ça n’est pas une grosse perte ! » La réalité était là, tout aussi simple. Quand elle avait plaqué son jeune prétendant, elle n’avait même pas pleuré. Elle avait accepté le fait que ça n’était pas le bon garçon, et qu’elle serait mieux comme ça, voilà. À quoi ça servait de s’apitoyer ? « Et puis, si tu vois le coeur comme un trophée, tu risques de te planquer. » Neo ne réalisa pas qu’elle s’était trompée de mot, comme souvent d’ailleurs.

Preuve s’il en fallait que Neo et Stubby étaient les deux personnes les plus différentes possibles, le garçon se paya une tranche de manque de modestie assez flagrante. Elle éclata de rire et décida de lui répondre avec mordant pour une fois, plutôt que de laisser sa tête devenir un melon qui ne passerait plus les portes. « Même quand tu traites 50% de la population mondiale de c*nne ? J’ai entendu plus élégant… » Entendre un juron dans la bouche de la roumaine était une chose bien rare mais là, elle ne faisait que citer, comme le soulignait ses index qui dessinaient des guillemets imaginaires en l’air. « J’espère que ton homme de paroles… » Elle ne connaissait pas le mot parolier. « … sera un peu plus subtil que ça ! » Neolina imaginait un nom de single aussi grossier : voilà qui ne risquerait pas d’être sur toutes les bouches !

La bière commençait déjà à doucement l’ennivrer - petit gabarit, pas l’habitude, quelle petite chose fragile - aussi accueillit-elle la proposition de Stubby avec une joie non dissimulée. « Oh que oui ! » Elle alla attraper 2 fourchettes qu’elle planta dans le plat désormais chaud. Pas la peine de sortir une assiette, ils n’étaient pas en société, mais juste deux jeunes gens qui buvaient une bière avant la suite du programme. Elle en avala une bouchée, se brûlant la langue au passage, car l’impatience était toujours là quand il s’agissait de nourriture chez elle. « Hum… ch’est vraiment chuper bon… Ta mère aurait du ouvrir un rechtau ! » Cela lui rappelait la cuisine généreuse de sa mère, qui arrivait à régaler leurs petites bouches affamées avec pas grand chose pourtant. Elle mélangea sa deuxième bouchée avec une gorgée de bière, mais ça gâchait un peu et elle afficha une grimace de dégoût. « Mais comment vous pouvez boire ça, les anglais ? La Țuică, c’est quand même meilleur. » Ok, au bout d’un verre, elle était complètement cuite, mais c’était plus agréable en bouche, trouvait-elle. Cette liqueur de fruits lui manquait un peu : toutes les occasions pour en boire étaient bonnes, et ce dès que vous atteigniez la majorité. Mariage, enterrement, baptême, fête ou simplement pour recevoir un invité… Les roumains n’étaient pas timides en matière de boisson. « J’en aurais presque le mal du pays. Des bulles, franchement ! » Elle avait pourtant bientôt fini de boire la bière, mais elle était en réalité impatiente que Stubby sorte sa substance récréative suivante. Décidemment, manger lui ferait du bien. « Je t’en ramènerai un jour, pour fêter ta première salle comble ! » Si elle avait la chance d’y assister. Un petit voile triste passa dans ses yeux, aussitôt chassé par la délicieuse nourriture. « Bon après ça, je vais vérifier si Anna dort et on pourra s'amuser avec tu-sais-quoi… » Elle avait chuchoté comme si la petite pouvait les entendre, alors qu’elle ronflait sûrement comme une bienheureuse. « Et on voit si tu sais toujours chanter ! » Connaissant Neo, la drogue douce la ferait sûrement chanter elle aussi. Mauvaise nouvelle pour les voisins.
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Stubby Boardman

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MessageSujet: Re: Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] - Page 2 129196351Dim 5 Juil 2020 - 10:16

Stubby était un Gryffondor dans l’âme. Mais avec l’ambition d’un Serpentard. Il savait ce qu’il voulait, il avait l’esprit de compétition. Si personne ne daignait lui donner ce qu’il voulait et méritait, il allait le chercher lui-même. Et inversement, s’il ne voulait pas faire quelque chose, personne n’allait le forcer. Cela étant pour ce dernier point, c’était plus facile en théorie qu’en pratique. Encore une fois, Stubby était un garçon capricieux.
Il avait souvent ce sentiment qu’on ne le comprenait pas et qu’on ne cherchait même pas. Cela le fatiguait parfois de ne pas être pris au sérieux autant dans ses ambitions que dans ses émotions. Il en avait marre qu’on lui dise « Sois pas ci » ou « Fais ci au lieu de faire ça » ou encore « Sois plus comme ça » comme de bons conseils. Oui, Stubby était également un garçons têtu.
Neolina avait cette qualité, assez rare, de savoir trouver un équilibre pour lui parler de sorte à ne pas – trop – blesser son égo mais aussi à le tempérer. Et ceci en n’utilisant que la force de sa douceur et une écoute attentive. Il haussa simplement les épaules quand elle lui rappela l’insulte qu’il avait proféré envers la moitié de l’humanité. Il ne se défendit pas, ne niait pas, ne se justifiait pas. Oui, il était coupable d’avoir dit ça. Mais encore trop fier pour admettre que ce n’était pas la chose la plus fine à faire.
« On dit parolier. » la corrigea-t-il gentiment de son erreur.
On ne savait pas auprès de qui Stubby avait pris l’habitude de prononcer régulièrement ces vilains mots. Sa mère ne l’avait pas éduqué de la sorte. Elle s’était donné beaucoup de mal pour qu’il puisse parler, lire et écrire l’anglais avant sa rentrée à Poudlard alors qu’elle-même apprenait en même temps que lui. Elle supposait qu’il tenait cela des jeunes du quartier dans lequel ils habitaient à Cambridge avec qui il jouait régulièrement.

L’appel du ventre vide se fit rapidement entendre, si bien que Stubby proposait d’entamer leur repas. Proposition qu’accueillit Neolina avec enthousiasme. En un cop de baguette, la nourriture fut réchauffée et les deux jeunes adultes s’installèrent dans le canapé – ça, Mrs. Ghazi n’aurait pas apprécié – avec le plat et deux fourchettes, bien partis pour tout manger. La roumaine s’extasiait sur la qualité de la nourriture. Stubby haussa les épaules.
« Tu sais, j’ai pas beaucoup de points de comparaison niveau bouffe à part Poudlard et ce que je cuisine moi-même. » commenta-t-il. « Et Poudlard c’est Poudlard tu vois, la bouffe est forcément bonne. Et moi c’est moi, c’est pas comparable. »
Stubby était un piètre cuisiner. Il n’avait jamais appris à cuisiner. Rien d’étonnant pour un garçon ayant grandi entre les années quarante et cinquante. Après avoir bu une bonne gorgée, Neolina se plaignit du goût de la bière.
« Mais bois pas si t’aime pas ! » lui dit-il comme une évidence. « Si tu la finis pas, je la veux bien ta bière. »
Comme beaucoup de jeunes sorciers, Stubby avait commencé par boire de la bièraubeurre à Pré-au-Lard. Puis il était passé à la bière tout court en sortant de Poudlard. C’était très anglais. Le jeune homme pouvait boire ça comme du petit lait.
« La tuhika ? C’est pas le truc qui défonce ? Je ne sais pas c’est quoi le plus inquiétant. Le fait qu’à même pas 17 ans t’en consommais de façon, je pense, relativement assidue… Ou le fait que vous vous défonciez à l’alcool tous ensemble en famille. »
Quelle idée étrange !
« Attends de goûter le champibulle. Cette fois, c’est pas anglais, c’est français. Alors tu râleras sur les français. »
Il avait eu quelques fois eu l’occasion de boire du champibulle, rarement. C’était bon ce truc ! Autant lui, il lui parlait d’alcool pas très fort. Elle, elle lui parlait d’un alcool à fort taux pur comme étant « plus buvable ».
« Même pas en rêve tu ramènes ça pour cette occasion. Je veux être encore assez sobre pour m’en souvenir de ma première salle comble. »
Les deux jeunes gens poursuivaient la dégustation de leur repas avec appétit. Stubby fut un peu surpris quand Neolina proposa d’elle-même à ce qu’ils sortent la pèteuforik. Il la regarda avec étonnement. Une fille aussi sage !
« Tu perds pas le Nord toi. »
Cela ne faisait pas si longtemps que Stubby consommait du pèteuforik. Il n’en avait pris que quatre fois. Et la première fois, cela avait été un véritable carnage, il avait fini sa tête dans les toilettes en train de vomir des ultraviolets – il  ne savait même plus si Neolina était présente à cette soirée. Il s’était promis de ne plus jamais toucher à ça. Puis, il avait eu de nouveau l’occasion de réessayer et cela s’était beaucoup mieux passé.
« J’vais même pas chanter. Tout ce que tu vas entendre, ce sont mes rires de hyènes. »

Quelques minutes plus tard, ils finirent le plat et la vaisselle partit au lavage. Tandis que Neolina vérifiait qu’Anna était bien endormie, Stubby sortit la substance violette de la poche de son pantalon en entreprit sa préparation avec minutie. Il avait quelques progrès à faire. On sentait déjà la barba-papa à plein nez.
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Neolina Siankov

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MessageSujet: Re: Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] - Page 2 129196351Dim 19 Juil 2020 - 2:37

Le plat régalait le palais gourmand de la petite roumaine, qui mangeait bien plus que son gabarit ne pouvait le laisser penser. Mais il fallait bien ça pour compenser son alcoolémie légère, et préparer son corps à ce qui devait arriver. Elle rit quand Stubby retomba un chouia sur terre et admit avoir un défaut : son manque de talents derrière les fourneaux. Neolina était en effet bien plus apte que lui à nourrir une famille, parce que c’était comme ça que sa mère l’élevait : il fallait qu’elle soit bonne à marier, au fond. Raison pour laquelle être jeune fille au pair ne la rebutait pas. Les corvées, chez elle, c’était une forme d’habitude plus que de contrainte, et elle prenait plaisir à les faire car elle savait que cela contribuait à un bon environnement pour les gens qui l’entouraient, et prendre soin des autres, c’était sûrement ce qu’elle faisait de mieux. Bien sûr, elle n’avait pas encore trouvé sa vocation, et elle ne se voyait pas continuer à garder des enfants jusqu’à la retraite mais une chose était sûre : elle trouverait un métier qui lui permettrait d’améliorer la vie des gens.

Avec une petite moue boudeuse, presque enfantine, qui contrastait terriblement avec la bière qu’elle tenait fermement contre elle, Neolina renfrogna légèrement son nez en fixant Stubby d’un faux air énervé. « C’est MA bière. » Et même si c’était loin d’être sa boisson de prédilection, elle avait envie de se laisser un peu aller ce soir, et ils n’avaient que ça sous la main, alors elle s’adaptait aux coutumes locales, voilà tout. Ce qui n’était pas le cas de Stubby, qui jugea comme un peu tout le temps ce qu’il ne connaissait pas. « Hé ! » fit-elle, un peu outrée tandis qu’il s’affairait à critiquer. Nianiania, picoler en famille, c’est pas bien. Au moins, elle, elle n’avait pas à attendre que ses parents passent la porte, non mais ! « Stubby Boardman, je ne vous autorise pas à piétiner ainsi la graaaaaande tradition roumaine ! » déclama-t-elle en exagérant carrément. « En plus, je suis sûre que t’en as jamais goûté alors… » Ses mains lui firent un gentil signe, qui voulait quand même lui intimer de la fermer. Mais son faux agacement disparut bien vite quand il mentionna un alcool français. « Le champibuuuulle, ahahah. » Son rire était clairement celui d’une personne sur la voie de l’ivresse. C’était quoi ce nom ridicule ? Les français n’étaient pas supposés être raffinés ? Dans une attitude pas française du tout, elle prit une grosse bouchée et parla avec la bouche encore pleine. « Ch’est vraiment un nom ch’tupide, mais ch’est forcément meilleur que che truc tout amer. » Santé, voilà que Neo prenait une longue gorgée de bière qui n’allait clairement pas arranger son cas, haussant finalement les épaules quand il parla à nouveau de ses rêves de gloire. « Tu seras déjà ivre de bonheur à ce moment là de toute façon. »

La réaction de Stubby la fit à nouveau rire, sa joie naturelle étant totalement amplifiée par la bière. Le jeune homme la considérait souvent comme une figure responsable et peu dévergondée, ce qui était à vrai dire le cas quand elle était arrivée chez les Ghazi. Mais il fallait dire qu’en Roumanie, les occasions de se mettre la tête à l’envers étaient relativement rares, à part avec la Țuică mais bon, elle n’allait pas remettre ça sur le tapis tout de même. En arrivant en Angleterre, elle s’était promis de profiter de chaque occasion, de vivre cette nouvelle vie à 100%, histoire de ne rien regretter quand elle devrait repartir, ravissant ses soeurs de ses histoires. Bon, elle n’aborderait sans doute pas tout avec elles, pas cette soirée par exemple. Mais elle n’avait eu aucune idée préconçue de ce qu’elle allait vivre, et avait été agréablement surprise de se retrouver sous le même toit qu’un jeune homme de son âge, qui l’avait au départ intimidée un peu mais dont elle se rapprochait de jour en jour. Les quelques sorties en sa compagnie avaient été agréables, et Stubby était un bon guide, prévenant et à la vie bien plus palpitante que la sienne. Elle aimait découvrir son monde, s’y laisser glisser sans réfléchir, les yeux fermés car elle lui faisait confiance, mais surtout grand ouverts pour ne rien rater de ce qu’elle découvrait. Aussi, un soir, quand Stubby était rentré par erreur dans sa chambre au lieu de la sienne, les pupilles plus dilatées que d’habitude, elle s’était montrée curieuse et lui avait dit qu’elle avait bien envie d’essayer une fois, pour voir. Oh, pas à l’extérieur, mais que pouvait-il arriver ici après tout ? « Tu m’as promis, et une promesse, c’est une promesse ! » Ca faisait beaucoup de répétition, mais l’idée était là. Toutefois, elle afficha un petit air déçu en mangeant sa dernière bouchée. Comment ça il n’allait pas chanter ? « On fera un concert de rires alors ! » Elle était déjà hilare depuis un bon dix minutes, alors ça n’allait sûrement pas aller en s’arrangeant.

Finalement, le repas s’était terminé, et Stubby débarrassa en un coup de baguette tandis que Neo se faufila jusqu’à la chambre de la petite, qui dormait d’un sommeil sans rêve, paisiblement. Elle resta quelques minutes posée contre l’embrasure de la porte, se délectant de ce doux spectacle tandis que la pièce tanguait un peu, il fallait bien le dire. Elle referma délicatement la porte avant de trottiner jusqu’au salon où Stubby était tout concentré sur un truc bien violet, qui sentait la sucrerie très fort. Pompette, mais pas complètement bête, Neolina se dirigea vers les fenêtres et les ouvrit en grand. Le froid de février la cueillit et la fit légèrement frissonner tandis qu’elle s’assit sur le rebord avec un peu de difficulté, ses pieds nus trouvant finalement un moyen de se caler pour éviter de se vautrer. Côté cour, fort heureusement, une rembarde en fer la protégeait d’une potentielle chute mortelle. Pas un bruit aux alentours, à peine quelques fenêtres encore allumées à cette heure, et Neo admira la ville qui s’endormait doucement en attendant que Stubby ne la rejoigne. Qu’il était grand ! Il allait falloir se contorsionner pour qu’ils tiennent à deux sur cet endroit de choix. « Trouve une place, moi je ne bouge pas ! » Ca n’était pas une expression de flemme, mais plutôt un éclair de lucidité : si elle bougeait d’un pouce, elle mettrait huit bonnes minutes à se réinstaller. Son regard continuait à se perdre et à redécouvrir la silhouette des toits découpés dans le ciel nuageux. « Je suis si contente d’être ici. Je crois que tu ne réalises pas comme chaque jour passé ici pour moi est… » Elle chercha son mot, son anglais s’évanouissant un peu en même temps que sa lucidité. « Magique. » Sa nostalgie disparut aussi vite qu'elle était arrivée lorsqu’elle reporta son regard vers lui. « « J’ai du fumer une cigarette dans ma vie. Alors si je tousse et que tu te moques… C’est un coup basse ! » Effectivement, la fille de l’Est ne perdait pas le Nord.
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MessageSujet: Re: Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] - Page 2 129196351Sam 25 Juil 2020 - 15:07

« Je critique paas ! » protesta Stubby. « Et puis c’est toi qui critique la bière ! Nianiania, c’est amer ! Mais là t’es bien en train de la boire TA bière ! »
C’était de la pure chamaillerie bon enfant comme cela les prenait souvent pour un peu n’importe quoi. Stubby était têtu comme un hypogriffe. Mais on allait dire que cela faisait parti de son charme irrésistible.
« Les moldus disent champagne. Jamais compris pourquoi on utilisait deux termes différents. »
Il n’avait pas des explications pour tout. Pour le savoir, il aurait dû le demander à quelques de cultivé sur le sujet ou ouvrir un bouquin à la bibliothèque du Chemin de Traverse. Et c’était chiant, fallait pas se mentir ! Le futur chanteur n’avait pas le temps pour ça.

La première fois que Stubby avait vu Neolina, celle-ci portait la tenue typique de la fille sage et était trop polie en parlant avec son accent à couper au couteau. Il s’était alors dit : « Elle a un balai dans le fion, celle-là ! ». Ah ça c’est sûr que ce n’était pas très gentil. Mais il avait été conditionné avant même son arrivée à lui être hostile, lui faisait chercher la petite bête. Par la suite, même s’il avait fini par l’apprécier, le jeune homme lui avait toujours trouvé un petit côté fille coincée et sage. Cependant, à chaque semaine qui passait, Neolina lui démontrait petit à petit le contraire.
Au moins, elle avait réussi à gagner sa confiance. Au début, il s’efforçait de toujours rester dans les clous à chaque fois qu’il l’emmenait quelque part – si ce n’était qu’ils fraudaient le métro. Maintenant, il s’en fichait un peu. Preuve en était qu’il ne broncha et ne refusa pas quand la jeune femme demanda à tester le pèteuforik. Il fut juste surpris.
Tandis que Neolina allait vérifier qu’Anna était bien endormie, Stubby entreprit de préparer le pétard de pèteuforik avec application. Il n’avait quasiment jamais ça. C’était très loin d’être parfait. Il se penchait au-dessus de la table basse pour ne pas en mettre partout sur le tapis. Neolina, en revenant au salon, ouvrit la fenêtre, laissant entrer l’air frais de février qui fit frissonner le chanteur.
Une fois qu’il eut fini de préparer la substance, il alla enfiler un pull qui traînait dans le coin pour se protéger du froid. Quand il se tourna vers la fenêtre, il constata que Neolina avait déjà piqué la place. « T’es sérieuse… » ronchonna-t-il en allant chercher une chaise qu’il posa près de la fenêtre. Tant bien que mal, il s’installa dessus, essayant de placer ses longues jambes d’une façon confortable. Il se retrouva les fesses sur la chaise, les jambes allongées sur le peu de rebord de fenêtre qui restait et longeant le corps contorsionné de la roumaine. Il était dans la position parfaite pour pouvoir donner un coup de pied sur le bras de cette dernière. Cela étant, elle pouvait très bien lui casser le nez d’un coup de pied également. Une configuration assez improbable.

Stubby ne put s’empêcher de sourire à la remarque de Neolina qui l’attendrissait. Mais il ne fit aucun commentaire. Mrs. Ghazi avait tout juste 18 ans quand elle avait quitté le Liban pour fuir la guerre, sous l’impulsion de Mr. Boardman qui cherchait à la protéger de ce conflit incertain. En cet ce début d’année 1962, elle allait bientôt souffler ses 39 bougies. Et elle n’avait jamais plus remis les pieds sur sa terre natale. Souvent, elle se surprenait à mourir d’envie d’y retourner. Elle pensait à sa famille restée là-bas, sa vie d’avant. Neolina ressentait-elle la même chose vis-à-vis de la Roumanie ?
« Nan mais fumer du tabac, ça n’a aucun intérêt. Fumer du pèteuforik, ça a rien à voir avec ça. C’est mille fois mieux. »
Il avait bien fumer quelques cigarettes mais il n’avait pas du tout apprécier. Après, ses vêtements empestaient la clope et il avait eu l’impression d’avoir mauvaise haleine toute la soirée. Et cela lui avait donné mal à la gorge ! Le joint moldu, c’était pire. L’odeur du pèteuforik était bien plus appréciable et ses effets agréables.
Il sortit sa baguette pour allumer le pétard grâce à un petit incendio maîtrisé. « J’fais pas de promesse moi. » Lentement, une fumée violette et odorante s’échappa de la chose. Il prit la première taffe avant de le donner à Neolina.
« Tire doucement, vas pas t’étouffer. »
Son regard ne quitta pas la jeune fille, avec un petit sourire. Il voulait absolument voir sa tête et sa réaction au moment où elle allait prendre sa première taffe.
« Sinon, t’as bien été gentille de me questionner sur ma vie amoureuse tout à l’heure. J’ai le droit de faire pareil maintenant. » fit-il d’un faussement détaché.
Il avait stratégiquement attendu le moment où elle allait être totalement à l’Ouest, la fille de l’Est !
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MessageSujet: Re: Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] - Page 2 129196351Sam 25 Juil 2020 - 18:48

Même si elle ne l’aurait jamais avoué, Neolina adorait voir Stubby ronchonner. Parfois, il se croyait vraiment tout permis, alors c’était amusant de le taquiner, et de voir qu’il la laissait parfois faire sans protester, si ce n’était avec ses petites phrases grognon. Leur position était totalement improbable, sur le rebord de cette fenêtre, même si c’était tout bonnement adorable qu’il ait consenti à lui laisser le monopole de cette place de choix. « T’es trop mignon ! » lâcha-t-elle, mi-moqueuse, mi-sérieuse. C’est vrai qu’il était mignon, Stubby, quand il n’essayait pas de se donner des grands airs. Parfois, quand il pensait que personne n’y prêtait attention, Neolina remarquait sa grandeur d’âme dans des petits gestes du quotidien, envers sa soeur, sa mère, parfois elle. Le voir se contorsionner sur sa chaise par exemple pour éviter de l’ennuyer, ça la touchait. Elle était forte, Neo, pour voir des douceurs invisibles comme ça, là où les gens ne les voyaient pas. Peut-être était-ce une sorte de filtre sur ses yeux qui lui donnait ce pouvoir ?

Finalement, Stubby lui vanta les mérites du péteuforik, et elle acquiesçait en silence, comme si c’était là un cours magistral donné par un jeune adulte sur de la drogue. Incroyable. Ainsi donc, c’était agréable ? Oh elle espérait parce que déjà la bière, elle se forçait un peu, alors si même le péteuforik était décevant… La soirée n’en serait que moins amusante. « Pffff, tu vas te moquer… » répondit-elle à son absence de promesse, comme si le couperet était tombé avant même qu’elle n’ait fumé. Elle l’observa faire, et elle avait l’impression qu’il avait drôlement plus d’expérience qu’elle en la matière. Naïve va. Elle se surprit à laisser son regarder traîner sur ses lèvres qui était… comment pouvait-elle les qualifier ? Appétissantes ? Non, quand même ! Généreuses ? Peut-être. Joliment dessinées ? Certainement. Elle décrocha quand il lui tendit le joint, qu’elle attrapa un peu maladroitement avant de le porter à ses lèvres. « Erk, c’est mouillé. » s’exclama-t-elle, surprise par la sensation. « C’est comme si je te baisais, tu imagines ? » Pardonnez son anglais maladroit*. Quoi que le sens était correct, quand on y pensait. C’est les autres qui avaient l’esprit mal tourné ! Rien qu’à s’imaginer embrasser Stubby, elle rit, un peu timidement, un peu rougissante. En fait, elle ne faisait que retarder l’échéance, mais finit par prendre quand même une bouffée. La fumée dans sa gorge picotait un peu, mais c’est vrai que c’était agréable. Toutefois, novice, elle ne parvint pas à faire glisser la fumée dans ses poumons, et crapota comme une ado avant de recracher la volute violette. Elle toussa un peu, doucement, ça n’arrachait pas trop la gorge. « C’est sucré ! Pourquoi c’est sucré ? » Et pourquoi pas ? Il y avait des questions comme ça qui n’attendaient pas de réponses. « C’est bien plus mieux bon que la bière ! » Oh ça… Mais mieux valait que ça reste occasionnel, car déjà, elle sentait sa tête tourner un peu, de façon bien agréable cela dit.

Heureusement que Stubby avait attendu qu’elle soit dans un semi état second pour aborder une thématique sentimentale car sinon, ses joues se seraient drôlement embrasées. Au lieu de ça, elle se mit à rire de façon mignonne, mais un peu gênée quand même en lui tendant le pétard sans trop se pencher, au risque de s’étaler sur ses genoux. « Ma vie amoureuse ? Oh euh… » Qu’est-ce qu’elle allait pouvoir raconter ? Elle n’avait quand même vraiment pas grand chose à dire là-dessus, ça allait être frichtrement décevant pour lui ! « Je suis allée dans une école de filles moi ! Alors bon, pour les garçons, c’est pas facile tu vois… » Elle laissa son regard se perdre dans les étoiles plutôt que sur Stubby, de peur de lâcher une info gênante sans doute. « Y’a bien eu un garçon, une fois. Mais bon, lui, il était du genre à embrasser toutes les filles de Sibiu. » Elle posa sa tête contre le rebord de la fenêtre, rêveuse. « Les garçons de Londres sont plus belles de toute façon… » Elle était dans un tel état qu’elle ne savait plus bien ce qu’elle racontait, et ça n’était pas très grave finalement. Elle en avait un, sous son toit, de beau garçon de Londres mais ça faisait longtemps que ça lui était passé, cette histoire. Son futur était tout tracé : elle retournerait en Roumanie, trouverait un mari, aidée par sa mère sûrement, et basta. Heureusement pour elle, l’histoire serait différente. Elle allait tomber amoureuse. Mais ça, elle ne le savait pas encore.

* Je sais, la vanne est intraduisible, mais j’avais envie.
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MessageSujet: Re: Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] - Page 2 129196351Lun 27 Juil 2020 - 21:53

Stubby, par sa forte personnalité, pouvait facilement intimider les plus timides et impressionnables. Il dégageait beaucoup de désinvoltures, qu’elles soient feintes ou réelles. Il était aussi et définitivement une forte tête. Il faisait ce qu’il voulait quand il voulait. Il imposait et s’imposait, tapant du poing sur la table si nécessaire. Mais au fond, ce n’était pas un mauvais bougre du tout. Ni un despote. Il suffisait de vivre quelques semaines avec lui pour s’en rendre compte. Il savait être une crème, ce garçon !
Plus il taquinait une fille, plus cela voulait dire qu’il l’appréciait. Cela vous laisse imaginer à quel point le jeune homme appréciait Neolina. Il aurait pu passer sa journée à l’embêter, la titiller pour lui décrocher un « Maieuuuuh ! ». S’il ne lui faisait pas la promesse de ne pas se moquer, c’était qu’il allait le faire. Pauvre enfant ! Il lui passa le pétard odorant. Elle geignit.
« Bah ouais, j’ai étalé toute ma bave dessus. » minauda-t-il faussement d’un air taquin avant de boire une gorgée de bière.
Gorgée de bière qu’il faillit -… Non, qu’il recracha franchement en jet disparate en pouffant de rire en entendant la phrase de Neolina qui portait vraiment à une mauvaise interprétation. Heureusement pour la roumaine qu’elle n’était pas dans champ de crachat – même si son bras fut baptisé à l’alcool. La bouche vide mais toujours riant, Stubby jura en essayant d’essuyer la bière.
« Neolina ! » feinta-t-il de s’offusquer.  « Un peu de tenue voyons ! Je sais que tu fantasmes sur moi depuis le premier jour mais faudrait calmer tes ardeurs ! Soirée platonique, qu’on avait dit ! »
La roumaine savait-elle que ses paroles portaient à confusion, même ? Néanmoins, elle rougissait. Son but était de la rendre rouge comme une pivoine.
Elle finit malgré tout par mettre le pétard à la bouche – pas de métaphore grivoise ici – sous le regard de Stubby qui aurait voulu avoir un appareil photo pour immortaliser le moment. Elle eut une moue surprise sur le goût sucré.
« Bah je suis surpris, tu t’en sors plutôt bien pour l’instant. » fit-il en reprenant le joint. « On va voir si ça va durer. »
Il n’y croyait pas trop. Si lui avait vomi la première fois, Neolina avait de fortes chances que cela lui arrive également. Cela étant, on lui avait fait commencer avec un joint bien chargé en substance ultraviolette.

Fidèle à lui-même, Stubby profita de l’état euphorique et peu dans le contrôle de Neolina pour lui poser des questions auxquelles elle n’aurait peut-être pas répondu autrement. Il était sûr qu’il lui était arrivé plus de choses en amour qu’à lui. Ce n’était pas très compliqué. Il l’écouta avec intérêt.
« Oh tu sais, l’un n’empêche pas l’autre. A Cambridge, l’école de filles était juste à côté de l’école de garçons. Elles étaient juste séparées par une grille. » Il n’y avait jamais été, cela étant.
Ainsi, il y avait eu un garçon ! Un véritable goujat, aux dires de Neolina. C’était moche ça. Il n’avait pas d’avis concernant la beauté des hommes londoniens. Ce n’était pas ce qui l’avait frappé en premier lieu quand il était arrivé à la Capitale. Ce qui l’avait frappé, c’était l’excentricité de certains, avec leurs longs cheveux, ce qu’on appelait dorénavant les beatniks, les hommes qui sortaient des cases bien préconçues des années 1950. Ils s’habillaient comme ils le voulaient comme s’ils étaient dotés du superpouvoir de le faire. Ils avaient impressionné le jeune Stubby qui avait voulu devenir aussi cool qu’eux. C’était à partir de cette période qu’il avait voulu se laisser pousser les cheveux et ne plus y mettre des tonnes de cires pour aplatir ses boucles pour rentrer dans un moule qui ne lui convenait pas.
« J’sais pas… Ce sont tous les mêmes dans le fond, les mecs. Peu importe la ville. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Les plus beaux sont les pires. »
Stubby n’avait jamais eu un béguin pour garçon qui fut réciproque. Pouvait-on appeler un flirt un béguin ? Non.  Et les garçons avec qui il flirtait en plus, ils finissaient toujours par être décevants.
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Neolina Siankov

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MessageSujet: Re: Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] - Page 2 129196351Mer 29 Juil 2020 - 6:49

Lorsqu’une fine pluie de gouttelettes alcoolisés vinrent parsemer son bras, Neolina en fut si surprise qu’elle fit un minuscule bond sur le rebord. Non vraiment, heureusement qu’il y avait une rambarde car sinon, cela ferait déjà longtemps qu’elle aurait basculé en contrebas ! Au début, elle ne comprit pas la réaction disproportionnée de Stubby. Alors quoi, s’imaginer l’embrasser le dégoûtait à ce point ? Neo n’avait pas la vexation facile, mais quand même, là, c’était un petit peu offensant. Ses joues étaient déjà en train de se teinter de rose quand le chanteur amateur ouvrit finalement sa bouche qui avait tout craché pour lui expliquer. Immédiatement, elle rougit à s’en brûler les joues. Non pas parce qu’elle comprit son erreur, elle était un peu trop pompette pour ça, mais parce qu’elle prit la phrase de Stubby au premier degré. Alors comme ça, il savait ? Il savait donc qu’à son arrivée ici, la jeune femme avait eu quelques débuts de sentiments pour lui ? Oh, comme c’était gênant ! Surtout qu’il s’imaginait qu’elle avait eu des idées déplacées à son encontre, mais elle était si chaste et surtout, si peu expérimentée, qu’elle n’avait pas rêvé plus que d’un simple baiser. « Mais, je… Enfin, je… » De sa main libre, elle tira sur son t-shirt pour se donner une forme de contenance. « C’est pas vrai ! Je parlais que d’un baiser moi, et dans ma tête, enfin, parce que tu as pris le truc et tu l’as mis dans ta bouche, et moi je vais, donc ça fait comme si… » C’était une bien piètre tentative d’excuses mais clairement, elle ne savait plus où se mettre. Il faisait chaud, non ? Si, si, il faisait chaud, en tout cas dans son corps !

Elle tira donc sur le joint pour se faire taire elle-même, et visiblement, Stubby était étonné, voire déçu que ça ne soit pas pire. Elle fit basculer son genou sur le côté pour lui donner un petit coup, se déséquilibrant un peu elle-même au passage. « Hé, je sais que t’aimerais bien ça hein, te rire de moi ! Dommaaaaaaaaaaaage ! » La voyelle s’était étirée jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de souffle, et elle fut happée par une nouvelle quinte de toux, un peu plus forte. « Oui, bon, ça va… » Elle l’entendait déjà rire, mais était-ce dans sa tête? Mais Stubby ne comptait pas en rester là, et l’interrogea sur sa vie sentimentale. Mais elle et lui vivaient dans des mondes bien séparés, et Neolina ne comprenait pas qu’il ne comprenne pas ce qu’elle voulait dire. Cambridge, c’était peut-être comme ça. Mais elle, à Koldovstoretz, c’était bien différent. Même les profs étaient des femmes, c’était dire. « Bah ça, c’est une chance. Chez nous, le garçon le plus proche devait être à au moins 142 kilomètres ! » Pourtant, elles en parlaient des garçons ! À chaque fois qu’elles revenaient de vacances, et dès qu’elles eurent l’âge de s’intéresser à tout ça, ses camarades de classe étaient intarissables sur le sujet. Neo, elle, s’en moquait un peu : pendant longtemps, son seul ami masculin avait été Razvan, et il était plus son petit frère qu’autre chose, bien que l’adolescence ne faisait que dévoiler un peu plus sa beauté à chaque été. Les autres filles de Sibiu ne comprenaient pas pourquoi elle n’avait jamais essayé quoi que ce soit avec lui. « Bah oui quoi, fais pas cette tête, c’est grand la Russie ! » Grand, froid, sec, et rude. Tout l’inverse d’elle finalement.

Ainsi donc, Neolina avait machinalement dévié la conversation de son histoire personnelle pour parler des garçons en général, pas tout à fait consciente que son ami partageait les mêmes goûts qu’elle en la matière, en tout cas, en partie. Parce que sinon, ça voulait dire qu’il se mettait dans le même panier avec sa remarque un peu fataliste. « T’es trop déprimant, Stubby ! » C’était vrai, franchement, quoi ! Ne croyait-il donc pas en l’être humain ? Bien moins qu’elle, c’était sûr. « C’est même pas vrai c’que tu dis. En Roumanie, j’ai un ami qui est vraiment belle, et c’est le garçon le plus gentil de toute ma vie ! » Tiens, il faudrait qu’elle pense à écrire à Razvan pour lui raconter comment se passait sa vie ici. D’un coup, elle se leva d’un bond, après avoir passé tant de temps à trouver une position confortable, c’était quand même dommage. D’un geste déterminé, elle piqua le péteufozrik des doigts de Stubby et tira dessus, sans vraiment aspirer grand chose mais hé, elle n’avait pas envie de vomir quand même ! La fumée violette lui échappa des lèvres, et elle toussota à nouveau. Sa tête tournait plus maintenant qu’elle était debout. Elle le rendit à son ami avant de le regarder d’un air qui se voulait un peu provocateur. « Et puis toi, t’es beau, et t’es pas si méchant que ça quand on te connait ! » D’un geste, elle ébouriffa ses longues boucles avant de trottiner jusqu’à arriver au milieu du salon où ne résonnait plus aucune note de musique. Faire un compliment à Stubby, pire idée. Il n’allait plus toucher terre, mais après tout, c’était un peu le programme de la soirée, non ? « Muzică ! Muzică, muzică, j’ai envie de danser avec toi ! » Elle n’attendit pas que son ami lui répond que déjà, elle se dandinait avec une forme de grâce et de gaucherie mélangées, piétinant le tapis au grand dam des voisins du-dessous a priori.
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MessageSujet: Re: Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] - Page 2 129196351Dim 9 Aoû 2020 - 21:32

Voir les joues de Neolina virer au rouge rendait Stubby hilare. Elle bégayait en essayant de s'expliquer. Il la trouvait mignonne. Cela lui donner envie de se moquer d'elle encore plus. Elle était tellement prude. Il ne savait pas encore que des personnes comme ça existaient encore en 1962. Ils étaient tellement envahis d'images équivoques au quotidien. Et puis les jeunes en parlaient un peu entre eux, la parole se libérait.
« Mais tu sais pas ce que ça veut aussi dire le verbe baiser ? Vraiment pas ? »
Cela lui semblait presque irréaliste et même si elle ne parlait pas bien anglais. Déjà, il trouvait qu'elle avait fait de beaux progrès depuis qu'elle était arrivée. Le premier mois, il la comprenait à peine quand elle parlait, ce en partie pourquoi il ne lui adressait que très peu la parole. Peut-être aurait-on pu voir une corrélation entre le niveau en anglais de la roumaine et sa relation avec Stubby.
« Et tu sais, je mets beaucoup de choses dans ma bouche... C'est peut-être pas la première fois que je te baise indirectement... » dit-il d’un air malicieusement taquin.
Ah ça ! Du Stubby tout craché – sans mauvais jeu de mots. Il s’amusait à faire des sous-entendus et dire des phrases à double-sens à Neolina. La plupart du temps, elle ne captait rien et cela rendait la chose particulièrement distrayante. Trop d’innocence en elle. Et pourtant, le jeune anglo-libanais n’avait jamais rien envisagé avec la roumaine autre qu’une franche camaraderie. Elle était très jolie et gentille, là n’était pas le problème. Mais peut-être qu’elle aurait pu être un très beau garçon dans une autre réalité et que quelque chose aurait pu éventuellement s’envisager.

Stubby observait Neolina tirer sur le pétard, espérant une quelconque réaction de laquelle il aurait pu rire. Il fut un peu déçu mais demeura bon joueur. Cela ne l’empêcha pas de la taquiner. En représailles, elle lui donna un petit coup de genou qui eut plus l’effet de la déstabiliser elle plutôt que sa cible. Elle n’arrangeait pas son cas ! Elle toussa de plus belle, en plus ! Le jeune homme se moqua.
Trêve de plaisanteries, il aborda un sujet plus sérieux : les garçons. Quelle fille ne s’intéressait pas à ce sujet ? Neolina lui confessa que ce n’était pas très glorieux. Elle prétexta qu’il n’y avait pas de garçons dans son coin. Quelle menteuse !
« Oh, t’exagères ! Ou tu mens. Ou tu es particulièrement difficile et tu n’en avais rien à faire des garçons de ta cambrouse roumaine. »
Stubby ? Condescendant ? Carrément. Neolina se défendit sur le dos de la taille – gigantesque – de la Russie. Le jeune homme secoua la tête en signe de désaccord et la conversation se poursuivit sur les garçons en règle générale. Sujet qui les intéressait tous les deux. On ne pouvait pas leur en vouloir.

Depuis sa sortie de Poudlard, Stubby avait un rapport beaucoup plus compliqué avec les hommes que durant le reste de sa vie. Même s’il s’était toujours senti attiré par leurs charmes virils, il n’avait jamais rien tenté avec eux de son temps à l’école. Oh, loin de là l’idée que Stubby puisse douter de ses propres charmes – en lesquels il était très confiant. Il avait constaté très rapidement que la plupart des hommes étaient attirés par les femmes. Chose qui lui paraissait logique et normale. Il y avait de très faibles chances pour qu’un garçon soit attiré par des individus du même sexe que lui. Et Stubby n’avait pas envie de jouer à cette tombola cruelle qui lui aurait valu une humiliation s’il n’avait pas eu suffisamment de chances. Parce que c’était honteux non seulement de se prendre un râteau mais encore plus le fait d’être homosexuel ! Il avait bien tenté parfois mais timidement et cela s’était souvent soldé par des échecs. Les hommes qui l’attiraient lui avaient alors toujours paru comme des fantasmes inaccessibles pour lui. Autant sauter sur un trampoline pour essayer d’attraper une étoile !
Mais arrivé à la fin de sa scolarité, il avait changé de mindset. Il en avait eu marre et s’était résolu à les trouver, ces hommes gays ! Il avait eu l’impression d’être passé à côté de quelque chose dans son adolescence et il lui fallait rattraper cela. Il était parfaitement capable de les choper, ces fichus étoiles ! Et il avait fini par les trouver en fréquentant les bons endroits et les bons cercles. Autant dire qu’il fut vite déçu. La fébrilité et la naïveté de son tout premier vrai flirt avec un garçon s’étaient très vite estompées. C’était toujours la même chose. Cela commençait bien et les gars finissaient par merder. Cela le fatiguait.
« Il est gentil pour l’instant. Tu verras, il finira par merder comme ils le font tous. »
Stubby aurait aimé ne pas être aussi aigri sur le sujet. Mais il avait l’impression qu’ils étaient tous cons, quoi ! Néanmoins, il espérait que la situation allait changer grâce à son flirt du moment. Il s’agissait d’un jeune moldu, de quatre ans son aîné. Il l’avait rencontré en allant voir un ami à l’autre bout de Londres. Ils ne s’étaient vu que cinq petites minutes. Il avait beaucoup marqué le sorcier. Il était tellement beau et parlait si bien, c’était presque indécent. Puis, par un heureux hasard, il l’avait recroisé dans un bar gay de Soho.

Soudainement, Neolina se leva du rebord de la fenêtre – son équilibre était précaire de toute façon. Elle prit le pèteuforik d’entre les doigts de Stubby pour l’amener à ses lèvres avant de le lui rendre. Puis elle le regardait d’un air provocateur – enfin c’était ce qu’il supposait. Elle tenta un argument pour convaincre le jeune homme qu’il avait tort.
« Bah tu sais pas ! Je suis peut-être aussi beau que con avec les filles avec qui je flirte. C’est te dire à quel point je suis un sale type ! »
Si vous vous posez la question : ses chevilles et sa tête avaient une taille normale, surprenamment. Il essaya de repousser les mains de Neolina qui essayaient d’ébouriffer ses magnifiques bouclettes. En vain. Il râla mais lâcha un rire malgré tout.
Le pèteuforik commençait déjà à faire effet sur Neolina. Il fallait plus de temps à Stubby pour décoller. Il avait faiblement dosé le pétard. Il n’était pas stupide. La roumaine devait être dans un état décent quand sa mère et son beau-père allaient rentrer. Elle l’invita à danser joyeusement.
« Je ne danse que sous les projecteurs ! » manifesta-t-il son refus avec un sourire.
Il obtempéra néanmoins au bout de quelques insistances de la jeune femme. Il la rejoignit au milieu du petit salon. Elle s’était déjà mise à danser sans musique. Il tira sur le pèteuforik.
« Mais c’est triste sans musique ! » commenta-t-il en commençant à faire une danse planante, les yeux fermés.
Etait-ce de la musique qu’il entendait dans sa tête ? Il se mit à chantonner distraitement cette musique. C’était une mélodie trainante et dansante.
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Neolina Siankov

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MessageSujet: Re: Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] - Page 2 129196351Ven 14 Aoû 2020 - 5:05

Stubby essayait de la gêner, c’était évident. Bien sûr qu’elle connaissait le mot baiser, quand même, enfin. Mais jamais elle n’aurait penser faire ça avec lui, oh non ça alors ! Ses joues étaient si rouges qu’elle ne pouvait retenir la chaleur qui émanait d’elle. Elle éluda la question, parla de Razvan car c’était là bien plus raisonnable. Un gentil garçon, tout ce qu’il y avait de décent, l’inverse exact de Stubby qui semblait tout à fait conscient de sa propre sexualité. La Roumanie, l’Angleterre, rien à voir vraiment, entre la pudeur et l’excentricité. Elle se souvenait d’un garçon qui un soir avait essayé de faire d’elle sa poupée d’un soir et elle avait refusé. Stubby avait fort heureusement été là pour elle, et sa gêne avait été telle qu’elle ne lui avait plus parlé pendant quelques jours.

Pourtant, Stubby tenta une pique envers son ami d’enfance et elle rit à s’en claquer les cordes vocales. Razvan serait toujours un gentil garçon, jamais oh grand jamais il n’oserait porter atteinte à qui que soit. Bénie soit la jeune femme qui aurait un jour la chance de l’avoir, et jamais elle n’aurait osé pensé qu’il s’agirait d’elle. Razvan ne merderait jamais. Razvan serait un homme incroyable, aimant, doux, fort, qui ferait de sa femme la prunelle de ses yeux. Oh, que Stubby était sarcastique, elle n’aimait pas vraiment ça. « Tu es triste Stubby ! Les garçons bien existent, Razvan est comme ça, et je ne veux pas que tu dises ça, oh non ! » Bien sûr qu’elle se liait à ce garçon londonien, d’une façon bizarre d’ailleurs, mais son roumain à elle serait toujours un homme important de sa vie, elle se sentait au fond d’elle même. Quand elle se marierait, ce serait lui qui l’amènerait jusqu’à l’autel. Et Stubby chanterait, de sa voix d’ange tombé du ciel.

Quand elle fut finalement sur ses pieds, Stubby tenta un bluff qui ne marcha pas sur elle. Elle savait qu’il aimait les garçons, enfin ! Pourquoi ne lui disait-il rien ? Elle eut envie de le taquiner à ce sujet, mais s’abstint. Un sale type, lui ? Son comportement envers elle prouvait le contraire, il n’y avait qu’à voir quel point il la protégeait et voulait lui faire plaisir avec son Elvis. « T’es mon sale type à moi alors… » Elle n’en pensait pas un traitre mot. Toutes ses semaines à ses côtés ne faisaient que lui prouver que cet homme là avait un coeur, un vrai, bien planqué derrière ses bravades. Stubby l’avait touché à bien des égards ces derniers temps, envers Anna, envers elle, envers sa mère même. Il jouait les durs et pourtant il était si tendre. Elle ressentait un amour fort envers lui, un amour inexplicable, presque fraternel mais pas seulement. Sa conviction la plus profonde la persuadait qu’il ferait toujours partie de sa vie, pour le meilleur. Le pétard commençait à faire effet, et si elle n’avait pas eu autant envie de danser, elle se serait lancé dans une grande déclaration à son égard. Stubby, l’homme de sa vie londonienne. Merci d’exister, joli coeur.

Mais elle avait envie de danser, voilà tout. Il joua les résignés, elle était déjà toute affairée à se laisser aller à un rythme imaginaire. Il y avait quelque chose de beau dans ce qu’elle faisait, malgré sa maladresse évidente. Son short court, son t-shirt, ses cheveux négligemment relevés. Tout homme attiré par les femmes aurait succombé. Mais Stubby non, vous le devinez… Il la rejoignit toutefois, elle était heureuse, péteuforik ou non… Stubby et elle, entraîné par une musique imaginaire. Sa tête dodelinait doucement et elle attrapa finalement ses mains, ignorant la drogue, ayant juste envie de profiter de l’instant. « Pourquoi tu ne chantes pas, mon ami ? » Ami, c’était si fort dans sa bouche. Elle faisait la folle et soudain, se ravisa, ralentissant sa cadence, se plaquant contre lui avec une douceur qui lui était propre. Sa main gauche entrelaça ses doigts entre les siens. « Ta musique est la plus belle au monde… » Elle décollait déjà loin sans s’en rendre compte, entamant une forme de slow étrange avec lui, toute affairée dans ses pensées presque mélancoliques. « Tu ne sauras jamais combien tout ça est belle pour moi, tu sais bien, tu es quelqu’un de fort… » D’important, voulait-elle dire. Les mots n’avaient plus d’importance. Elle eut envie de l'embrasser, n'en eut pas la force.
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MessageSujet: Re: Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] - Page 2 129196351Sam 15 Aoû 2020 - 19:08

Que Neolina était naïve ! Etait-ce même légal ? Elle défendait son ami roumain. C’était mignon, quelque part.
« Bah tu sais pas ! Peut-être que d’ici quelques années, il tuera des enfants. Ou il fera comme Jack l’Eventreur. Mais c’est pas quelque chose qu’il viendrait t’avouer parce que c’est glauque. »
Pauvre Neolina. Stubby, pour une fois, n’aurait pas voulu avoir si raison. Pourtant, il disait cela avec beaucoup d’exagération et de second degré.

« Je te briserai le cœur. » répondit-il quand elle lui dit qu’il allait, par conséquent, devenir son sale type à elle. Il espérait là avoir tort. Il n’avait aucune envie de faire du mal à Neolina. Qui en aurait envie ? La plus affreuse des personnes, sans doute. Elle était tellement douce, c’était si dur de la détester.
Il la rejoignit au milieu du salon pour danser. Par cet acte, c’était comme s’ils s’enfermaient dans une petite bulle rien qu’à eux avec la même musique dans la tête. D’un geste doux, Neolina lui prit les mains. Stubby se laissait faire docilement. Il rit à la demande de la jeune femme, commençant lentement à être sous l’emprise du pèteuforik. « Suis-je capable de chanter là maintenant ? » La roumaine entrelaça ses doigts dans les siens. Il se laissait toujours faire. Il se sentait dans un état euphorique presque second.
Plus les secondes passaient, plus ils se rapprochaient sans vraiment y faire attention. Stubby écoutait les paroles de son amie sans y réagir, le nez dans ses cheveux blonds élevés négligemment.
« C’est toi qui sent bon ou le pèteuforik ? » demanda-t-il, les yeux fermés, sentant la chevelure. « Pourquoi vous les filles vous sentez toujours bon ? »
O
k, on l’avait perdu. Il lâcha un rire. Il ne faisait même plus attention à ce qu’il disait. Il disait ce qui lui passait par la tête.
« C’est pas juste… Un jour, il y avait un gars tellement beau… ça m’a brisé le cœur quand j’ai senti l’odeur de transpiration… C’était comme s’il sortait d’un entrainement de deux heures… »
Il commençait lentement à tournoyer avec Neolina tout en parlant.
« On devrait danser une valse… Tu connais la valse ? »
En illustration de ses paroles, il entraîna la jeune roumaine dans cette danse tournoyante tout en chantonnant un fameux air du Cendrillon de Walt Disney, fameux long métrage d’animation moldu qu’il avait vu étant petit. « Hmm hmm hmmmm…  Hmm hmm hmmmm… C’est ça l’amour, hmmm… Le grand amour… »
Même complètement ailleurs, la voix de Stubby conservait son harmonie. Bien qu’il ne chante pas une mélodie très compliquée.
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MessageSujet: Re: Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] - Page 2 129196351Sam 15 Aoû 2020 - 23:44

Trop enfoncée dans son propre délire, Neolina n’entendit même pas la remarque désobligeante de Stubby envers Razvan. Mieux valait d’ailleurs, car cela l’aurait probablement mis en colère. Un tueur d‘enfants, franchement… Pauvre, pauvre Neo… Elle rattrapa toutefois la conversation quand il lui avoua qu’il lui briserait le coeur et bizarrement, elle en doutait vraiment. La façon dont il la regarda en le lui disant signifiait tout l’inverse, et tout le Péteuforik du monde n’aurait pu lui ôter de la tête. « Tu mens. » répondit-elle laconiquement, pointant vers lui un index joueur. L’avoir avec elle, au milieu du salon, à bouger sur une musique qui n’existait pas, la faisant se sentir bien. Mieux que jamais. Cela avait-il à voir avec la drogue ? Peut-être, mais pas que. Oh non, pas que. Elle voulait l’entendre, profiter de la douce mélodie qu’il savait produire, lui et lui seul. Graver cet instant dans sa mémoire à jamais.

Ils se retrouvèrent l’un contre l’autre, dans un instant paisible et doux comme jamais. Neo préférait ça à l’effet de la bière, vraiment. Cela lui allait bien mieux. Fermant les yeux contre ce grand type qui prenait une immense place dans sa vie, elle se laissa porter en riant doucement quand il lui confia être enivré par son odeur. « C’est le shampoing je pense. » Ses doigts entre les siens, sa tête calée contre son torse, elle lui aurait bien dit que lui aussi sentait bon mais préféra se taire, écoutant son anecdote en silence, bercée par ses pas, leurs pas. Elle ne réalisa même pas que pour la première fois, Stubby lui livrait quelque chose qu’elle savait pourtant au fond d’elle même. « Je vais réparer ton coeur alors… » lui répondit-elle en tournoyant doucement sur elle-même, comme si cela pouvait embaumer la pièce. Peut-être juste le nez de Stubby, ça irait. Elle rit alors, peut-être était-ce son mouvement qui avait inspiré le jeune homme, mais il lui proposa une autre danse que leur petit slow mignon.

« Eh bien, ou… » Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase que déjà, il l’entraînait dans une valse. À Sibiu, les jeunes femmes apprenaient bien jeunes les danses de salon, même si Neo n’avait jamais été très douée pour ça. Elle et ses deux pieds gauches. Toutefois, Stubby était un excellent cavalier, et elle se laissa porter malgré sa maladresse, se prenant presque pour une princesse tandis qu’il se laissait enfin aller à fredonner un air qu’elle ne connaissait pas, mais qui parlait d’amour. Un large sourire s’était dessinée sur son visage et peut-être que de l’extérieur, leur danse était loin d’être parfaite mais dans sa tête, c’était impeccablement exécuté. Se laissant aller sans même se prendre les pieds dans le tapis, elle fredonna doucement l’air sans pour autant se risquer aux paroles, emportée qu’elle était par le timbre de Stubby qui faisait d’elle, au moins pour quelques minutes, le centre de son monde.

Finalement, par un mouvement qu’elle ne s’expliqua pas, Neo se retrouva tout à fait proche de lui, comme avant la valse, tandis qu’il était un peu penché comme il avait du le voir faire dans des vieux films peut-être. Sans se poser de questions, se torturer l’esprit, rien, uniquement portée par l’instant et les effluves du pétard, alors que leurs visages étaient si proches, Neo posa ses lèvres doucement sur celles de Stubby, son Stubby. Juste un instant, presque rien, un baiser si chaste et pourtant empreint d’une telle douceur. Emportée par le moment, Neo avait levé son pied en arrière comme une midinette, et un bruit se fit entendre. Cela ne la déconcentra pas vraiment, et lorsqu’enfin elle se détacha de lui après une courte seconde, elle fit une petite moue gênée. « J’ai cassé quoi, dis ? »
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MessageSujet: Re: Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] - Page 2 129196351Lun 17 Aoû 2020 - 17:58

Les effets du pèteuforik pouvaient grandement varier selon plusieurs facteurs tels que l’individu, sa qualité, la façon dont il était consommé, le contexte de sa consommation… Par exemple, il faisait un excellent anti-douleur en infusion. Si l’on devait définir ses effets en une phrase, on pourrait dire qu’il s’agit d’un annihilateur de tous les maux, mentaux ou physiques.
Sous son emprise, c’était comme si Neolina et Stubby avaient oublié tous leurs tracas de la vie quotidienne. Ils se laissaient aller à la béatitude. Le pèteuforik n’avait jamais eu cet effet précis sur Stubby. Le contexte changeait tout. Cette fois-ci, il était plus calme et plus posé. Plus propice à un sentiment de paix qu’à une euphorie hilare.
« Le shampoing, quelle magnifique invention… »
Il sniffa de nouveau la chevelure de la jeune femme. Peut-être allait-il lui piquer son shampoing la prochaine fois qu’il allait se laver les cheveux…
« Comment ? Tu vas me faire sniffer ton parfum ? »
Ils rirent tous les deux de concert tandis que Neolina tournoyait. Stubby lui proposa une autre danse comme l’envie lui prenait.

Les deux jeunes gens se laissaient aller à leur danse rythmée. Ils s’étaient mis dans leur bulle. Le monde autour d’eux n’existait plus grâce au pouvoir non pas de l’amour mais du pèteuforik – contrairement à ce qu’en chantait le jeune homme. Ils étaient dans un état second. Stubby, de soudaine humeur théâtrale, fit basculer sa partenaire de danse en arrière, sa main sur le bas de son dos pour lui éviter la chute, comme il avait pu le voir au cinéma. La jeune femme, comme si elle connaissait la suite d’un script d’un film qu’elle n’avait jamais vu, déposa un léger et chaste baiser ses lèvres. Ce fut très bref. Il se prêtait au jeu en souriant, tandis qu’elle continuait le spectacle, faisant tomber quelque chose derrière en un grand fracas qui fit le fit sursauter.
Elle ne sembla réaliser sa maladresse que quelques secondes plus tard. Elle s’inquiéta. Le jeune homme fit alors l’inspection des dégâts avant de la regarder avec une mine horrifiée.
« Le vase ! Tu te rends compte Neolina ? Tu as cassé le vase ! » Il la prit par les épaules pour la secouer. « Le vase ! Oh, Neolina ! Qu’allons-nous faire ? Nous sommes foutus ! Foutus, j’te dis ! »
Après avoir maintenu son regard sérieux quelques secondes, il relâcha soudain la demoiselle en éclatant de rire, rompant le contact. Hilare, il se laissa tomber lourdement tomber sur le sofa, l’air léger.
« C’est pas grave. Il était moche ce vase de toute façon. Et on ne mettait jamais de fleurs dedans. »
Son regard se baladait sur les éclats de céramique tout éparpillés au sol et sur le tapis. Il allait quand même falloir nettoyer ça avant le retour des vieux.
« Marche pas dessus, quand même. On ramassera plus tard. »
Ca, ça s’appelle la procrastination.
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Neolina Siankov

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MessageSujet: Re: Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] - Page 2 129196351Mar 20 Oct 2020 - 3:27

Le joli moment de paix avait évidemment été gâché par la maladresse innée de la jeune femme. C’était tout de même terrible d‘être comme ça. Souvent, sa mère lui disait qu’elle se prendrait les pieds dans sa robe de mariée. Vexée comme tout, Neo se promettait qu’elle s’entraînait nuit et jour s’il le fallait dans sa future robe pour éviter pareil désastre, car rien ne pourrait venir gâcher ce futur joli souvenir qu’elle s’imaginait parfois, même si le visage de son amoureux lui était encore inconnu.Oh, embrasser Stubby ne l’avait pas relancé dans son béguin idiot, bien sûr. Elle ne savait même pas pourquoi elle avait fait ça, ça avait été bien agréable d’ailleurs. Mais si les deux jeunes gens avaient été au courant du terme friend zone, qui se démocratiserait quelques décennies plus tard, alors ils auraient pu se rendre compte qu’ils étaient en plein dedans.

Stubby s’amusa à faire monter la panique chez la jeune femme. Evidemment, elle ne marcha pas : elle courut. Tandis qu’il la secouait comme un prunier - très mauvaise idée quand on avait bu et fumé, il semblait totalement horrifiée et par pur mimétisme, Neolina copiait son expression en se disant que son petit salaire allait y passer pendant plusieurs mois pour réparer sa bêtise. « C’est pas vraiiiiiiiiii ! » lâcha-t-elle d’une voix peut-être un chouia trop aigüe, qui ne réveilla miraculeusement pas la petite. Finalement, quand il la laissa respirer et arrêta de la balancer, elle agrippa ses coudes et se retourna, constatant qu’effectivement le pauvre, pauvre vase était éparpillé sur le tapis comme un puzzle à beaucoup de pièces. « Oh noooon ! » Stubby happa son regard, elle resta tétanisée un peu, regrettant de s’être ainsi laissé aller parce que retourner en Roumanie si tôt, non, non merci !

Et puis, Stubby rit. Il lui fallut bien quelques secondes pour réaliser, et son visage consterné mima la fâcherie ultime en le regardant hilare dans le canapé. « C’est pas trop vraiment drôle, Stubby ! » Il fallait la voir, là, debout, avec ses petites mains fichées sur ses hanches comme si elle était vraiment en colère. « Ta maman va m’en vouloir, non ? » Alors qu’elle allait ramasser les morceaux à la main, cette idiote, oubliant que sa baguette était un outil précieux dans pareille situation, Stubby opta pour l’option procrastination, et elle n’aimait pas bien ça. Mais avec la chance qu’elle avait, elle allait s’ouvrir le pouce, alors… « Tu fais tout le temps tout plus tard. C’est anglais, ça ? » Finalement, elle s’affala elle aussi dans le canapé en esquivant les bouts de céramique, calant sa tête contre Stubby à qui elle ne parvenait pas à en vouloir plus de deux minutes. « Si je fais tes corvées pour la semaine, tu veux dire que c’est toi ? »  Belle tentative Neolina, quand on savait que c’était déjà elle qui se tapait les corvées de tout le monde dans la maison, vu que c’était là son travail… Mais trop défoncée, Neo avait sorti ce qu’elle disait à ses soeurs à l’époque quand il y avait eu bêtise. « Sinon, pouf… Neo retour en Roumanie. » Pour un vase, évidemment, non. Mais drogue et paranoïa allait de pair, non ? En tout cas, bien installée contre ce corps chaud et bien platonique, comme il disait, la tête ailleurs à cause de ce qu’elle avait fumé, Neolina se mit à somnoler doucement, achevant plus tôt qu’elle n’aurait voulu cette étrange soirée qui lui avait bien plu.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] Last friday night | Ft. Neolina [FLASHBACK 1962] - Page 2 129196351Dim 25 Oct 2020 - 15:04

Stubby n’avait pas espéré produire une telle réaction sur Neolina. Elle allait au-delà de toutes ses espérances. La jeune fille était paniquée, livide comme une morte – ou était-ce parce qu’elle était sur le point de vomir ? C’était dur de ne pas exploser de rire en la voyant dans cet état. Mais Stubby tint bon : il n’en avait pas fini.
« Je crois que tu vas devoir fuir le pays. » dit-il d’un ton grave. « Pour aller loin, très loin. Là où ma mère ne saura pas te retrouver. En France ! Non, en Chine ! »
Il se moquait vraiment d’elle. Il ne put pas se retenir de rire plus longtemps. Neolina comprit la supercherie et s’en offusqua franchement. Elle garda la délicatesse, dans sa contrariété, de s’inquiéter de la réaction de la matriarche. Cela étant, Ayla n’était pas une mère stricte ou autoritaire. Son mari l’en blâmait souvent. Elle n’était pas assez ferme avec son fils et lui permettait tout – ou elle ne lui interdisait rien. Le seul mouvement d’autorité significatif dont elle eut fait preuve avait été de priver Stubby de sa baguette quand il était plus jeune. Son entourage théorisait qu’elle avait abandonné l’idée de discipliner son fils qui avait hérité d’un trop fort caractère par rapport à elle. Dans cette petite famille recomposée, c’était le père qui faisait figure d’autorité selon un schéma tout à fait patriarcale bien connu et répandu. Mais Stubby demeurait réticent à cette autorité paternelle, ayant été accoutumé à son absence pendant toute son enfance. Ce n’était pas son père, qu’on l’entendait souvent répéter. Le jeune homme ne consentait à n’écouter que sa mère quand cela lui chantait.
Il balaya les inquiétudes de Neolina d’un revers de la main.
« Ouais si tu veux. De toute façon elle va trop rien dire. »
L’affaire été réglée pour lui. Il s’en fichait de faire réprimander pour ça. Il alla se poser sur le canapé avec paresse, sentant soudainement venir un coup de barre. L’après-coup du pèteuforik.
S’en suivit de longues secondes de silence. Stubby s’étira longuement en baillant. En rebaissant les bras, il en posa un sur l’épaule de Neolina. Et ce n’était même pas une tentative de rapprochement foireuse. Avant de s’en rendre compte, il se mit à somnoler. Bon bah Neolina allait devoir nettoyer tout ça toute seule. Si seulement elle arrivait à se lever du canapé.
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