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Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS

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Shannon O'Mahony

Shannon O'Mahony


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MessageSujet: Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS 129196351Mer 1 Juil 2020 - 17:55

Magda n'était pas censée rester chez lui pour très longtemps, mais Shannon était quand même ravi qu'elle y soit. S'il traînait plus souvent dehors que dedans de façon générale, son chez lui avait retrouvé sa fréquentation normale. Il fallait bien dire qu'entre Magdaleentje et Athos, ce n'était pas vraiment le même type d'ambiance. Et en rentrant à vingt-trois heures moins dix ce soir-là, le jeune homme s'était surtout attendu à ce que la moldue soit au lit et non pas dans sa cuisine, les deux yeux bien encore ouverts. « Toujours debout ? » lui demanda-t-il en affichant un sourire gentil. La néerlandaise avait cette insupportable manie d'arriver à le faire sourire en étant seulement présente dans une pièce. Et même si Shannon était parfois réveillé par les babillages du rejeton de son pote, ça n'arrivait même pas à l'agacer un minimum. Pire, il était presque déçu de savoir que son séjour chez lui aurait une fin. La fin étant qu'Athos leur trouve un appartement pour qu'ils arrêtent de se marcher sur les pieds et pour que l'un d'eux arrête de squatter chez lui. Shannon posa son sac à l'entrée et croisa les bras en la regardant d'un air amusé : « Et t'es même pas fatiguée ? » - il remarqua qu'elle avait le nez dans un pot de glace à la pistache - « remarque, on est jamais trop fatigué pour une crème glacée ». L'irlandais eut un petit rire en faisant un vague mouvement de tête avant d'ouvrir le placard de la cuisine, où la néerlandaise était assise. Il sortit du frigo une bouteille d'eau avant de s'en couler un verre, qu'il but cul sec avant de s'approcher d'elle, armé d'une cuillère et d'un deuxième pot.
Loin de lui l'attitude idiote qu'il avait toujours lorsqu'il parlait à tout individu de sexe féminin, avec Magdaleentje, tout était différent. Le jeune homme se sentait étrangement détendu en sa compagnie, ils arrivaient tous les deux à avoir des discussions censées, intéressantes et stimulantes ce qui était quand même foutrement miraculeux quand on connaissait un peu la capacité à engager une discussion de Shannon. Il s'assit sur le siège en face d'elle et posa sur la table son pot de glace, d'un air un peu revanchard : « J'aurais pu te péter une crise si tu avais fini le pot au chocolat » affirma-t-il en faisant sauter le couvercle en carton du pot. Malgré tout, il lui lança un franc sourire. Il était rentré avec la simple idée d'aller se coucher le nez le premier, mais la perspective de poursuivre un peu sa soirée en si charmante compagnie ne pouvait que le rendre ravi.


Dernière édition par Shannon O'Mahony le Mar 21 Juil 2020 - 18:10, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS 129196351Mer 1 Juil 2020 - 19:43

Sur la pointe des orteils et le plus doucement possible – en priant tous les dieux – Magdaleenjte referma la porte – oui, la PORTE (!) – de la chambre qu’elle partageait avec son fils, en espérant ne pas réveiller le petit endormi. Un, deux, trois…Hallelujah! Pas un son! Tobias dormait et la jeune mère exécuta un pas de danse silencieux avant de se diriger vers le frigo. Quel bonheur de pouvoir enfermer son gamin dans une pièce et de se mouvoir quasi librement dans une autre. Un luxe qui lui avait manqué en partageant le même appartement que son ex – ce qui, à bien y pensé, n’était probablement pas l’arrangement le plus sain. Le regard vide de la néerlandaise explorait le contenu du réfrigérateur et la paresse s’empara d’elle : il était trop tard pour cuisiner. Elle ouvrit donc la porte du haut et ses grands yeux bruns tombèrent directement sur l’objet de sa convoitise : un pot de crème glacé à la pistacchio. Il avait un sacré goût ce Shannon quand même. Elle aurait pu tomber sur un coloc qui ne jurait que par la glace à la vanille, ce qui aurait été bien triste. Avide, elle s’empara du pot qui ne lui appartenait pas en se disait qu’elle lui en rachèterait un flambant neuf à la première heure demain matin, comme ça, il ne risquait pas trop d’en souffrir au courant de la nuit.

Magda engouffra une bouchée bien trop grosse pour sa bouche, au moment même où le latino franchi le pas de la porte. Merde. La voilà prise en flagrant délit de vol de crème glacée. La brunette lui offrit un sourire coupable en se dépêchant à avaler pour le saluer, ce qui lui fit vivre ce qu’on appelait plus communément un « brain freeze ». « Arghh » grommela-t-elle sous la douleur passagère, un œil fermé. « T’as tout compris » dit-elle difficilement lorsqu’il lui partagea sa philosophie de la nuit, sur le sommeil et les desserts glacés. La néerlandaise lui offrit un deuxième sourire plus clair cette fois-ci, soulagée et reconnaissante qu’il ne s’offusque pas de son crime. « Ta crème glacé à la pistache m’a fait de l’œil, je n’ai pas pu résister…je t’en rachète demain sans faute » se dédouana-t-elle en croisant ses courtes jambes sur sa chaise, alors qu’il la rejoignait pour une gâterie nocturne. Magdaleenjte était ravie de ne pas s’être écroulée sur son lit dès que Tobias eut fermé l’œil. S’il elle s’était ainsi laissée aller à sa fatigue, elle aurait passé à côté de l’opportunité de partager un autre moment en compagnie de son colocataire éphémère et de tisser un peu plus le lien qui se créait doucement et naturellement entre eux. Il y avait longtemps qu’elle n’avait pas connecté aussi aisément avec un autre être humain. Peut-être était-ce simplement dû au fait que sa vie n’avait pas été la plus simple au cours des derniers mois ou peut-être était-ce Shannon lui-même. Peu importe, elle appréciait vivement sa compagnie et était friande de tel moment, curieuse d’en découvrir encore plus sur cet homme fascinant qui avait vécu mille et une aventures et pas le même genre que celles vécues par son ex. La brunette s’engouffra une autre bouchée – plus modérée cette fois-ci – puis ria doucement lorsqu’il parla de faire une crise sur un pot de glace au chocolat, quoiqu’il aurait été tout à fait justifier. Les sourcils arqués et le regard espiègle, Magda lâcha entre deux rires un « même pas peur! » tout à fait puéril. Elle aurait définitivement pu opter pour le pot au chocolat, ou encore pour les deux advenant qu’elle ait toucher le fond du premier un peu trop rapidement. « Tu dois être crevé » remarqua-t-elle, puisqu’il était près d’onze heures et qu’il n’avait pas l’odeur d’un homme qui rentrait d’une veillée dans un bar. « Tu arbitrais ce soir? » lui demanda-t-elle intéressée. Shannon et Magda ne tombaient pas dans la catégorie des colocataires fusionnels, qui traquaient le moindre mouvement de l’autre, se reprochaient une déviation d’horaire et cuisinaient chaque repas ensembles. Loin de là, ils étaient tout deux indépendants et respectueux de l’intimité et de la vie personnelle de l’autre. Sa question n’était donc pas poussée par une curiosité mal placée, mais simplement par un intérêt génuine en la personne qu’était l’irlandais et en les épisodes de sa vie qu’il accepterait de lui partager.
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MessageSujet: Re: Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS 129196351Mer 1 Juil 2020 - 20:21

Forcément. La pistache c'était carrément le meilleur parfum de glaces, quoiqu'on se le dise, le rhum-raisin c'était bien son truc aussi, à Shannon. Mais l'irlandais ne s'offusquait pas de partager ses victuailles avec la jeune femme, bien au contraire. Il n'était pas vraiment regardant sur ce genre de choses, et encore moins pour un vulgaire pot de glace. Le fait est qu'il avait grandi en mangeant quasiment tout le temps la même chose lorsqu'il voyageait en mer. Ses seuls plats exotiques demeuraient ceux qu'il finissait par obtenir dans les pays où ils jetaient l'ancre. Tout naturellement, ses propres goûts s'orientaient vers le piquant, mais il ne disait jamais non à quelque chose de plus doux. « Je plaisante, Magda, t'en fais pas pour le pot. Fini le si tu veux » répondit-il alors qu'il s'asseyait tranquillement en face d'elle pour planter sa cuillère dedans et en retirer une portion bien trop grosse pour qu'il ne s'incendie pas la bouche avec la fraîcheur de la chose. Il grimaça vaguement en continuant la plaisanterie sur le pot au chocolat qu'il avait. La réaction sans prise de tête de la moldue lui arracha un sourire.

A dire vrai, ça lui faisait du bien de taper dans son pot. Il n'avait pas eu une soirée merveilleuse, loin de là. Il avait traîné dans les rues de Londres jusque tard, tout en se demandant s'il aurait l'audace d'aller au Chemin de Traverse. Depuis qu'il avait discuté avec Galaad au Chaudron Baveur, Shannon se sentait l'envie de retenter l'expérience dans les allées sorcières. Mais le fait est qu'il était, curieusement, trop couard pour le faire. Il avait toujours ce sentiment de peur panique à la simple idée de se promener là-bas et de repasser devant le magasin de Quidditch où la bombe lui avait explosé dessus. Il était certes repassé une fois. Mais en coup de vent, et la réaction qu'il avait eu ne pouvait pas être qualifiée de succès invraisemblable. Si Magdaleentje apportait un peu de bonne humeur chez lui, l'irlandais avait une humeur plus tempérée ces temps-ci. A raison, puisqu'il était justement tourmenté depuis avril. Et il lui semblait que cela allait crescendo crescendo crescendo, sans qu'il ne soit capable de mettre le doigt sur le processus psychologique de la chose. Il en était à sa troisième bouchée silencieuse, l'esprit tourné vers ses sombres pensées, lorsqu'elle lui demanda s'il avait arbitré ce soir. « Je suis un peu fatigué oui » acquiesça-t-il, répondant à sa première question, en affichant un sourire un peu passif et surtout en omettant de dire que c'était justement parce qu'il était réveillé toutes les nuits par des réminiscences de ce qui s'était passé en avril, « et non, à dire vrai. Demain oui, ce soir non ». Shannon planta sa cuillère dans son pot et ajouta : « J'aime bien traîner dehors en début de soirée, il fait bon ». C'était vrai. Rien de tel qu'une promenade vers les vingt heures du soir pour apprécier un peu la température anglaise et surtout, pour n'être harcelé par personne. Aucun membre d'association quelconque, aucune escroquerie dans la rue. Les gens qui étaient là étaient des gens qui cherchaient l’apaisement et c'était exactement ce qu'il cherchait le soir. Sa vie était de façon générale trop mouvementée pour qu'il ne se permette pas ce genre de pauses. Néanmoins, il lui retourna la question : « Tu as mis si longtemps à endormir Tobias ? Ou tu n'arrives pas à dormir ? » lui demanda-t-il, le ton tranquille, la cuillère plantée dans le pot qu'il allait vraisemblablement finir d'ici une heure ou deux.


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Dernière édition par Shannon O'Mahony le Ven 17 Juil 2020 - 10:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS 129196351Jeu 2 Juil 2020 - 18:16

Le sourire de Magdaleenjte était large, malgré ses petits yeux fatigués. Elle était reconnaissante de partager son environnement de vie avec une personne qui ne lui ferait pas se prendre la tête à 23 heures du soir. S’il en avait été autrement, elle se serait probablement enfuie pour manger son bol de crème glacée dans sa chambre, à côté de l’enfant avec qui elle cherchait pourtant à mettre un peu de distance. À bien y pensé, elle se serait peut-être enfermée dans la salle de bain : un bain chaud et de la glace à la pistache sonnait féérique. Ceci étant dit, Shannon n’allait pas lui dire deux fois, Magda allait définitivement terminer ce pot. Pour marqué cette pensée, elle s’en offrit une autre bouchée, alors que son colocataire lui partageait timidement ce qu’il avait fait de sa soirée. Être un homme avait certainement ses avantages, puisque selon ses expériences, déambuler à la tombée du jour n’était ni recommandable, ni reposant. Être prédisposée à porter la robe faisait en sorte qu’il fallait toujours être à l’affut des hommes en pantalons, une clef entre les doigts de préférence et accepter de se faire adresser la parole bien trop souvent. La jeune mère préférait les matins, les ivrognes était moins chanteurs à ce moment et la clarté était plus rassurante. Néanmoins, elle comprenait l’attrait d’une promenade et son effet bénéfique sur un cerveau préoccupé. La néerlandaise s’était elle-même livrée à cette activité à plusieurs reprises, particulièrement lorsqu’elle était enceinte de Tobias, cela lui permettait de s’isoler de son père et de penser doucement, une main couvant son enfant à naitre, à quel bordel serait leur futur, à eux deux. La brunette posa ses pieds au sol afin de se lever à demi pour prendre une grandeur qu’elle n’avait pas et étirer son bras le plus loin possible pour venir planter sa cuillère dans le pot à glace au chocolat que son ami couvait. Agile, elle lui en subtilisa une cuillérée, qu’elle sécurisa aussitôt dans son gosier. « Test de qualité » expliqua-t-elle en souriant, alors que tous savaient qu’il s’agissait d’une pure gourmandise ainsi que de cette volonté de voir réapparaitre un sourire sur le visage du latino qui s’était peint d’une expression pensive. « Oh tu sais, Tobias, il dort, il ne dort pas, và savoir…j’ai l’impression que ça fait dix-huit mois que je tente de l’endormir. » elle commença en éludant, parce que franchement son gamin était bordélique, pas d’horaires qui tienne et c’était pire depuis qu’elle l’avait arraché à son pays d’origine pour le catapulter dans un nouveau monde, peuplé de magie, bordée d’une langue nouvelle et comprenant la présence d’un père plutôt affectueux. Magda haussa les épaules : elle ne savait pas. Il n’avait pas de cycle de sommeil, elle n’en n’avait pas, elle était constamment fatiguée, mais aussi étrangement efficace. « Ça doit faire quinze minutes qu’il roupille. J’avais faim…avec un peu de chance il dormira encore quand j’irai me coucher » conclu-t-elle ce sujet. Elle était vachement bonne cette glace au chocolat et Magda lui jeta un regard de convoitise. Demain elle irait à l’épicerie et ramènera de quoi remplir le congélateur de glace jusqu’à ce qu’on doive le fermer avec une sangle. Bonne idée. Du génie. « T’as marché longtemps », il s’agissait d’une déclaration plus qu’une question. « Y’a un truc qui te tracasse? » demanda-t-elle sans détour. La néerlandaise concevait qu’il devait être envahissant pour un homme célibataire d’héberger une mère et son gamin hyperactif. Shannon était généreux, trop généreux et elle espéra qu’il arrive encore à se sentir chez soi, qu’il ne tente pas de fuir la nouvelle réalité de son propre logis. « Outre qu’un micro-métamorphomage et sa mère pilleuse de glace? » ajouta-t-elle avec un peu plus de timidité cette fois-ci. Magda n’avait pas envie de déranger et, bien qu’elle appréciait grandement ce chez soi temporaire, elle tenait à ce que Shannon lui dise s’il étouffait. C’était à elle d’aller prendre l’air, pas à lui.
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MessageSujet: Re: Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS 129196351Jeu 2 Juil 2020 - 18:54

Shannon préférait de loin sortir dehors en début de soirée ou à l'aube. La bonne raison, c'était qu'il avait eu tendance à le faire pendant l'enfance. Ils n'arrivaient pas forcément au port en pleine journée. Parfois, ils débarquaient au milieu de la nuit, au crépuscule ou à l'aube et c'étaient dès lors les meilleurs moments pour visiter leur escale. Le gosse qu'il avait été était toujours le premier à sauter du bateau pour partir en courant, en évitant les piles de caisses empilées dans les ports. Son père n'avait pas le temps de prononcer son nom que le gosse était déjà invisible. La joie sans doute d'avoir un enfant hyperactif. Maintenant un peu plus calme - bien que tout reste relatif - l'irlandais n'avait pas laissé derrière lui cette habitude de sortir tôt le matin ou tard le soir. Et avec les événements récents, Shannon trouvait presque plus rassurant de sortir à la nuit tombée qu'en plein jour. L'attaque d'avril avait eu lieu en pleine après-midi. On avait souvent en tête l'idée stupide selon laquelle on ne risquait rien parce qu'il faisait jour et le jeune homme avait appris sa leçon à la dure. Il l'avait bien retenu. Magdaleenjte l'arracha de ses pensées en lui chipant une portion de glace au chocolat et il leva un sourcil faussement indigné avant d'étendre lui-même le bras pour planter sa cuillère dans le pot de Magda : « A charge de revanche » lui dit-il d'un air faussement sérieux. C'était vrai qu'elle était bonne, cette glace à la pistache.
Il écouta les paroles de la néerlandaise d'une oreille attentive, ses yeux faisant un trajet entre son pot à lui et les yeux de son interlocutrice. Il n'y connaissait rien en enfants, rien en sommeil d'enfant non plus et pas plus en éducation. Bref, c'était le néant. Il était de ce fait incapable de la dispenser de quelconques conseils qu'il aurait pu déduire de comportement de ses parents pendant l'enfance. Le fait est que sans sa mère, son père s'était contenté le plus souvent de le laisser brailler dans une pièce. Et de fait, Shannon finissait par en avoir marre de gueuler et s'endormait plus de fatigue et de rage qu'autre chose. Il n'était pas certain que ce soit ce chemin que souhaite emprunter la moldue. Il hocha donc la tête d'un air plutôt compatissant, et remarqua son regard vers son pot. Un sourire un peu amusé s'étendit sur ses traits et il le poussa vers elle sans rien dire.

La glace n'apaisait peut-être pas tous les maux, mais les conversations simples avec Magda avaient au moins le don de le détendre un peu plus qu'une promenade au clair de lune, finalement. Shannon avait du mal à se délaisser de ses pensées qu'il tournait en boucle dans sa tête depuis avril. Des gens étaient morts là-bas et lui avait failli le rester. Il était peut-être mal placé pour se plaindre après tout. Aussi ne le faisait-il pas. Et il en parlait encore moins. Il avait à peine effleuré le sujet avec Athos sans que ce dernier n'insiste plus que cela. Et Shannon aurait adoré lui en parler, s'il en avait été capable à ce moment et s'il l'avait poussé dans ses retranchements. Ce qu'il n'avait pas fait. Son ami respectait religieusement certaines barrières que posait son pote sans rien dire. Pour une fois, il aurait eu besoin qu'il casse ces barrières. Il ne l'avait pas fait. L'irlandais avait donc ravalé ses doutes dans l'alcool, il les avait fait ressortir plus tôt dans la semaine avec Galaad. Et maintenant, Magda sans le connaître, voyait bien que quelque chose n'allait pas. Par quel sortilège savait-elle qu'il n'allait pas bien ? Il n'en savait rien. « Non ce n'est pas ça, tu ne m'embêtes pas du tout, Magdaleentje » répondit Shannon d'un ton un peu pensif en tournant sa cuillère dans sa main, le regard rivé sur celle-ci. Après tout, ça ne lui coûtait rien de poser un mot sur ses problèmes. La voix de la moldue avait cette intonation douce qui menait à la confidence. C'était peut-être même une technique de manipulation, il n'en savait rien. Et il n'en avait rien à faire. Shannon avait le coeur chargé de lourdeurs, de craintes et de souvenirs qu'il n'arrivait pas à évacuer et qui le faisaient cauchemarder toutes les nuits. Il n'en pouvait plus. Il n'en pouvait plus de se retrouver à prendre une douche glaciale à trois heures du matin parce qu'il s'était réveillé en sueur dans ses draps. Il n'en pouvait plus de ressentir une peur panique à la simple idée de remettre un pied au chemin de Traverse. Ca lui bouffait la vie. Et personne ne s'était vraiment rendu compte de cela. Sauf une illustre inconnue arrivée d'un autre pays, qui mangeait sa glace à la pistache à presque minuit. « Je ne t'ai pas dis pourquoi je n'allais plus aux Allées sorcières, comme le Chemin de Traverse » fit-il d'une voix un peu hésitante, sans poser son regard chocolat sur elle. Il ne continua pas de suite. Le silence s'éternisait comme un fil que l'on étirait entre eux. Il se mordit l'intérieur de la joue et ajouta alors qu'un nœud se nouait dans son ventre : « Athos t'en a peut-être parlé, mais y'a eu un attentat en avril là-bas ». Poser le mot "attentat" sur l'attaque terroriste des mangemorts lui donna un violent sentiment de rejet et il s'enfonça dans son siège, comme un mouvement de recul. Il posa sa cuillère sans même réellement réaliser ses gestes et se tortilla les mains : « J'y étais et... ». Et quoi ? Les mots moururent dans sa gorge et il ne continua pas. Qu'est-ce que ça pouvait faire de toute manière ? « Laisse tomber, Magda » dit-il en se massant les yeux avec ses paumes, « c'est complètement con ».


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MessageSujet: Re: Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS 129196351Ven 3 Juil 2020 - 18:09

La voleuse de glace découvrit ses dents, amusée que Shannon se prête à son jeu et pille le pot qui lui appartenait initialement. Ses yeux le détaillèrent déguster le dessert vert et elle ressentit une appréciation grandissante pour la douceur de ses traits maintenant familiers. Sans protester une seconde, elle s’empara du pot au chocolat qu’il lui avait poussé, trop conscient qu’elle en mourrait d’envie. Néanmoins déchirée à l’idée de quitter la pistache, elle en prit une énième bouchée avant de pousser son pot vers lui. De toute manière, ils pourraient bien échanger encore plus tard. À ce rythme, elle allait probablement avoir mal au ventre à un moment ou à un autre…mais bien honnêtement, elle s’en fichait. C’était un mal pour un bien. Tout en léchant sa cuillère maintenant couverte d’une délicieuse saveur chocolatée, elle regardait attentivement Shannon, le laissant parler, était prise de cette forte impression que son rôle à l’instant était celui d’écouter, et non celui de divertir. Il y avait un moment à tout. L’irlandais la rassura une fois de plus, avec cette simplicité naturelle qui le caractérisait à présent, à ses yeux à elle. Elle et son fils ne dérangeaient pas. Magda en était ravie. En fait, elle ne l’embêtait pas du tout. Elle se surpris à espérer qu’Athos galère un peu plus longtemps à leur trouver un logis. Une pointe de culpabilité vint chasser cette pensée. Le père méritait de côtoyer son fils qu’il n’avait pas eu la chance de voir grandir pendant ses dix-huit premiers mois de vie. N’étant pas prête à lui confier en garde partagée – ce qui était comprenable – elle se pliait donc à cet état de fait : elle cohabiterait avec son ex. Avec son tout premier amour. C’était tordu. Tellement tordu, surtout que leur complicité était demeurée presqu’intacte. Magdaleenjte remercia son ami d’un sourire reconnaissant et chasse l’autre de son esprit à coup de cuillère glacée. Au milieu de sa bouchée, elle remarqua que son colocataire jouait avec sa cuillère comme un gamin qui ne trouvait pas les mots à mettre dans sa bouche pour expliquer une situation qui le mettait mal à l’aise. La jeune mère fronça doucement les sourcils et se concentra encore plus. Il était effectivement troublé, elle n’était pas folle. Et ce n’était pas par l’adaptation de sa nouvelle colocation. D’étranges ombres passèrent sur son visage qu’elle connaissait habituellement souriant. Magda planta sa cuillère dans son pot et se redressa doucement. Que se passait-il?

L’atmosphère changea rapidement lorsqu’il commença à se confier à petits pas, le regard perdu quelque part sur un mur de la salle à manger. Le cœur de la jeune mère se mit à battre un peu plus vite. Elle avait cette impression poignante que quelque chose de gros allait se passer. Shannon n’avait pas seize ans, une broutille ne le mettrait pas dans un tel état. D’ailleurs, elle n’avait pas l’impression qu’il était mal à l’aise, finalement. Non, c’était quelque chose d’autre. Pour le moment, elle ne pouvait que l’encourager sur regard à continuer. Ce qu’il fit en lui annonçant difficilement qu’il y avait eu un attenta en avril. Non, Athos ne lui en avait pas parlé. Elle savait simplement qu’une stupide guerre faisait rage, mais Gayson ne semblait pas trop s’en faire avec cela. C’était donc l’attitude qu’elle avait elle-même finalement adoptée. Oui, elle se rappelait que l’irlandais lui avait vaguement mentionné qu’il évitait le Chemin de traverse. Elle se souvint avoir conclu qu’elle ne le connaissait pas assez pour le questionner davantage. La situation était différente maintenant : ils partageaient leurs pots de crème glacée et une amitié. Elle allait certainement le questionner. Cela lui semblait important. Une peur qui ne lui appartenait pas fraya son chemin dans les tripes de Magdaleenjte.  Il avait été sur les lieux d’un attentat. Un frisson lui parcouru l’échine alors que son cerveau tentait d’imaginer des horreurs pour lesquels il n’avait pas la référence. Shannon se déroba. Magda le rattrapa. Concrètement. Sa petite main avait atterri sur le poignet de son ami qu’il avait redéposer sur la table, poussé par un instinct qui n’avait pas besoin d’être songé. La brunette en avait oublié la crème glacée. Son visage était sérieux, inquiet. « Non Shannon. C’est pas con. » son sang battait dans ses oreilles tellement elle avait l’impression de se tenir la corde raide : le plus petit des coups de vent pourrait la faire tomber. Une craque s’était entrouverte, mais au moindre faux pas, le latino pourrait se refermer complètement, se sceller. Elle ne voulait pas cela. Elle n’avait pas les mots, mais elle savait qu’elle devait lui faire comprendre qu’il était important, que ce qu’il avait à lui dire était important. Elle voulait tout entendre, oui. « Raconte-moi s’il-te-plait ». Magda ne voyait rien d’autre que le visage de Shannon. Tobias pourrait se mettre à pleurer et elle n’était pas sur qu’elle réagirait. La néerlandaise retint son souffle.
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MessageSujet: Re: Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS 129196351Ven 3 Juil 2020 - 21:50

Le ton passait de taquin à sombre. En un claquement de doigts, ou plutôt, en une phrase. Shannon en avait des choses à dire, à propos de ce qu'il vivait. Il en avait tellement à dire qu'il évitait le sujet dans toutes les conversations où il était convié à s'épancher dessus. Il avait effleuré le sujet avec Athos, en avait brièvement parlé avec Galaad... Pour la simple et bonne raison que trouver des mots sur des sentiments aussi forts était particulièrement dur pour lui. L'irlandais ne comprenait pas ce qu'il vivait. Il avait vécu tellement de choses qu'il s'était toujours pensé immunisé contre la moindre faiblesse de ce type. Pourtant, le bruit de la bombe qui avait explosé à ses pieds, de même que les hurlements autour de lui, tout comme la douleur irascible qui lui avait transpercé le corps, il s'en souvenait très bien. Trop bien, à ce stade. Son coma n'était peut-être pas la chose la plus traumatique. Ce qu'il se souvenait c'était un néant intense ponctué tout au loin d'une étrange lumière blanche. Mais Shannon était mort sur le pavé, lui avait-on rapporté. Il était mort. On l'avait ramené. Il ne devrait même pas avoir cette conversation, il ne devrait même pas être en train de manger cette glace avec elle. Cette réalisation soudaine lui ramena un frisson violent sur ses avants-bras, que la néerlandaise sans s'en apercevoir, sans doute, calma en faisant tomber sa main sur son poignet. Le presque trentenaire ne put que relever ses yeux chocolats sur elle. Le visage de la moldue était inquiet et il s'en voulu de lui infliger cela. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien en avoir à faire de son léger problème de stress post-traumatique ? Ce n'était pas comme s'ils se connaissaient depuis longtemps, depuis des années. Ils se connaissaient depuis quoi... Deux mois ? Et il lui déballait ses problèmes ? Magdaleentje aurait dû fuir plutôt que de le soutenir, pourtant, elle osa lui demander de lui raconter ce qui s'était passé.

Toute la force de sa volonté se fractura brusquement en cinq petits mots. Cinq. Mots. La néerlandaise le faisait craquer après presque quatre mois de silence profond en lui demandant simplement de lui raconter ce qu'il avait sur le cœur. Athos lui avait demandé de le faire en un mot et Shannon s'était dérobé. Là, il avait essayé et la jeune femme l'avait simplement rattrapé par la main pour le ramener sur le chemin de ses sentiments. Leur faire face était probablement la chose la plus difficile mais la plus indispensable à faire. Magda avait toujours sa main sur la sienne et c'était probablement un soutien plus intense que n'importe quel mot qu'elle lui fournissait-là. Par un contact physique si léger, mais pourtant tellement indispensable, elle fracassait sa volonté de se renfermer sur lui-même pour ravaler son trauma. « Une bombe m'a explosé dessus » lâcha-t-il d'une voix blanche, « enfin, à mes pieds, quoi ». Shannon se tut pendant un moment et rompit finalement le contact de leurs mains pour continuer de tortiller les siennes. Il entendait encore très distinctement dans ses oreilles le bruit qu'avait fait l'oeuf en tombant à ses pieds. Il ressentait tout autant la douleur, que la peur, que l'incompréhension. Il sortait du magasin de Quidditch en saluant Wilda Griffiths. La seconde d'après, il manquait d'y rester. Les yeux finalement posés ailleurs parce qu'il ne se sentait plus capable de soutenir le regard de la néerlandaise, il se surprit à continuer d'une voix toujours aussi blanche : « Je suis mort » - lui qui avait la peau si mate se sentit brusquement pâlir - « vraiment. C'est une médicomage qui m'a ramené ». Shannon laissa son visage tomber entre ses deux paumes, les coudes posés sur la table. « Je suis mort, putain ». Heureusement qu'il se cachait le visage parce qu'il avait les mains qui tremblaient. C'était quelque chose d'épouvantable que de se rendre compte que pendant quelques instants, on était mort. Mort mort mort. Comme des milliers d'aïeuls avant nous, comme d'autres milliers de gens dans une journée et surtout, comme les autres malchanceux qui avaient perdu la vie ce jour-là. Il y avait une multitude d'émotions qui passaient dans son esprit, en réalité. La culpabilité d'être toujours en vie alors que des gosses y étaient morts. La crainte de remettre un pied au Chemin de Traverse. L'impossibilité de dormir parce qu'il revivait toutes les nuits, depuis le dix avril, une réminiscence violente de l'attentat dans les allées sorcières. Dans sa phrase, Shannon ne montrait que la partie visible de l'iceberg, pas ce qui se cachait sous l'eau. « J'ai fait une semaine de coma après ça » ajouta-t-il à travers ses mains. Il n'osa pas ajouter qu'il ne dormait plus. A quoi bon ? C'était pour éviter aussi de fixer le plafond de sa chambre qu'il était sortait ainsi le soir et le matin. Dormir dans une pièce où l'on ne dormait plus vraiment, c'était épouvantable. L'irlandais avait le visage marqué par les cernes de trois mois de nuits sans sommeil, ponctuées par des cris, de la sueur et des larmes.

Il n'était pas vraiment habitué à lâcher son sac ainsi, et encore moins à pleurer. Pourtant, il n'avait jamais autant pleuré depuis avril. Et maintenant qu'il se trouvait devant elle, il se retenait vraiment. Le jeune homme abaissa finalement ses mains pour dévoiler des yeux brillants, mais non pas encore soumis au déferlement d'un torrent qu'il retenait devant les autres depuis trop longtemps. Ça lui pourrissait la vie, ça le rongeait de l'intérieur. Shannon enchaîna sans vraiment se rendre compte qu'il vidait brusquement absolument tout le contenu de son sac : « J'ai tout fait, je frôle la mort une dizaine de fois par ans, j'ai manqué de me faire arracher le bras par un crocodile, j'ai failli me noyer dans l'océan, j'ai même manqué de mourir en sautant en parachute parce qu'il ne s'ouvrait pas, et je n'arrive plus à dormir à cause d'une foutue bombe ». Ce fut sans doute la phrase de trop. L'irlandais, une fois les vannes lâchées, ne sut même pas contenir ses larmes. Elles coulaient silencieusement sur ses joues alors qu'il secouait la tête pour oublier le son des cris et des larmes et ces sons ne disparaissaient jamais, parce qu'il les avait entendu très distinctement dans sa demi-inconscience ce jour-là. « Ça me ronge depuis des mois » - il se passa une main fébrile sur le visage - « et ça passe pas. J'ai l'impression que ça passera jamais ». Quand il l'avait rencontrée, Magdaleentje, il revenait justement du Chemin de Traverse. Et sa crise de panique lui était montée à la gorge comme un étau que l'on referme sur celle-ci pour l'étouffer impitoyablement à l'exact endroit où il était mort.


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Dernière édition par Shannon O'Mahony le Ven 17 Juil 2020 - 10:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS 129196351Jeu 16 Juil 2020 - 18:29

Magda pouvait sentir le pouls de son colocataire s’accélérer sous sa paume posée sur son poignet. Elle ne pouvait imaginer l’horreur qu’on pouvait vivre lors d’un attentat, mais elle pouvait facilement imaginer que ce ne soit pas anodin. D’ailleurs, elle ne connaissait pas beaucoup Shannon, mais elle ne l’avait jamais vu dans un tel état et, aux échantillons d’histoire auxquelles elle avait eu droit jusqu’à lors, il en avait vu des vertes et des pas mures. Le latino lui lâcha une bombe. Son cœur manqua un battement. Le sorcier qui se tenait devant elle, visiblement rongé par un traumatisme profond, avait éclaté. Presque. Le visage de la jeune mère se vida de couleurs : une bombe avait explosée à ses pieds. Une bombe. À ses pieds. La néerlandaise n’arrivait même pas à le trouver chanceux : c’était horrible. Terrible. Épouvantable qu’il ait vécu cela. Magdaleenjte avala difficilement, alors qu’elle pensa un instant qu’elle aurait pu ne pas rencontrer ce sorcier extraordinaire. Quelques centimètres de plus, quelques centimètres de moins. Le poignet de l’irlandais se déroba sous sa main pour venir couvrir ses traits, qu’elle remarqua tirés plus qu’à l’habitude. L’étaient-il vraiment? Si elle s’octroyait un moment pour y penser, Magda reconnaissait qu’elle avait vu quelques éclairs de fatigue passer sur le visage de l’homme, ainsi que de bien petits yeux quelques matin. Naïvement, elle avait fait porté le blâme a son fils, assumant que ses babillages nocturne réveillaient leur hôte. Elle se sentait maintenant triste de ne pas avoir détecté autre chose plus tôt. Pauvre Shannon.
Les mots que le sorcier prononçait lui taillait violemment le cœur. Ils étaient crus, et puissants, et bouleversants. Des larmes silencieuses se dérobèrent des yeux de la jeune mère qui pleurait à présent un mal qui n’était pas le sien. Il n’était pas mort, on ne ramenait pas les mots, on l’avait sauvé. Rater un battement n’était pas être mort. Sa vision était embrouillée. Magdaleenjte avait envie de ramasser tout ce mal, toute cette douleur et de l’ingérer à sa place. Elle aurait aimé pouvoir lui enlever et lui ramener ce si charmant sourire qui était celui de l’irlandais. La tête lui tournait : elle avait tant de choses à lui dire, mais ne pouvait trouver les mots. D’ailleurs, n’ayant rien vécu de tel elle ne sentait imposteur à commenter quoique ce soit. La jeune mère avait rarement été démunie dans sa courte vie : pas lorsqu’elle avait subi l’oppression de son père, ni le départ de son amour, ni la réalisation de porter un être dans son sein, ni même la constatation que cet être n’était comme personne qu’elle ne connaissait. Elle avait l’habitude d’avoir les mots, ou, à tout le moins, les moyens. À un moment, c’en fut trop : la néerlandaise sauta sur ses pieds, un peu brusquement, son instinct la guidant à faire ce qu’elle savait le mieux faire : aimer. Supporter, également. Réconforter, elle l’espéra. Un torrent de troubles déboulaient sur les joues de Shannon tout une rivière d’empathie sillonnait les siennes. Elle se laissa portée jusqu’à sa hauteur et l’enserra de ses bras, sécurisant la tête de son ami contre son torse, avant de déposer la sienne sur le sommet de son crâne. Magda le serra très fort, sans lui demander son avis, il aurait pu étouffer qu’elle ne s’en serait peut-être pas rendu compte. Elle ne savait pas quoi lui dire et toute les phrases auxquelles elle pensait lui serrait douloureusement la gorge tellement elles étaient construites d’un vocabulaire terrible.
La jeune femme aurait aimé lui dire qu’il n’était pas mort, franchement, qu’il était bien vivant, qu’il n’était pas à-demi présent ou je ne sais trop, mais elle cru bon de ne pas s’embarquer sur une définition peut-être trop clinique de ce qu’était la mort. De plus, elle comprenait tristement ce trouble que de penser avoir cessé d’exister le temps d’un moment : non seulement physiquement, mais sans pensées, sans présence. Magda pleura un peu plus fort. Elle eut également envie de lui dire que ça passerait, mais honnêtement, qu’en savait-elle? Pouvait-on réellement passer à autre chose lorsqu’on se faisait exploser? Elle ne le pensait pas. La brunette pensait cependant qu’on pouvait apprendre à vivre avec cet évènement marquant de son exitance. De ce qu’elle connaissait de Shannon, il en avait la capacité et la force d’apprendre. Elle en était certaine et cette certitude calma un peu son cœur, enfin. « C’est normal » dit-elle en le croyant sincèrement. Ç’aurait été inquiétant qu’il réagisse autrement. « Tu n’as eu aucun pouvoir sur cet évènement » Magda le réalisait en même temps de prononcé ces mots. C’était d’une violence inouïe que de se faire imposer un flirt avec la mort alors qu’on n’en avait pas accepté les risques. « Cette bombe t’as volé ton choix » tenta-elle encore de s’exprimer, la voix cassée, tout en glissant une main dans les cheveux de Shannon pour appuyer sa tête encore plus fort contre elle. Choisir de sauter en parachute était accepté qu'on pouvait en mourrir, tout comme l'impliquait choisir de chatouiller un crocodile. Passer à deux doigts de la mort en allant faire ses courses était dans son essence même extrêmement différent. « C’est normal » répéta-t-elle, « et tu es fort Shannon, tu vas surmonter ». Il allait devoir surmonter, car ça ne passerait pas. Il le ferait, elle en était certaine.
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MessageSujet: Re: Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS 129196351Jeu 16 Juil 2020 - 23:26

Shannon n'était pas du genre à se laisser aller à cette humiliation de pleurer. C'était une humiliation parce que c'était ainsi qu'on le lui avait inculqué. Un garçon, ça ne pleure pas, un homme encore moins. Pourtant, il ne sentait pas d'autre solution à ce moment-là, c'était à ses yeux le seul échappatoire pour réellement accepter ce qui lui était arrivé. En parler, c'était bien, mais les mots étaient creux, ils étaient tellement vides que c'en était scandaleux. Le visage perdu entre ses mains pourtant, il ne pouvait faire autrement que de se laisser aller. Le jeune homme n'avait même pas remarqué que Magdaleentje pleurait aussi. C'était mieux qu'il ne le remarque pas, et que son regard brouillé ne se pose que sur l'intérieur de sa main sans plus calculer la néerlandaise qui pourtant, l'avait poussé si loin dans ses retranchements. Shannon ne désirait pas implorer sa tristesse ou sa pitié. Il avait simplement besoin de trouver une solution pour aller mieux, pour passer de nouveau ses nuits, pour oser enfin retourner au Chemin de Traverse. Ne même plus parvenir à y aller, c'était le couper d'autant plus du monde des sorciers, lui qui pourtant en faisait si peu parti. Toutes les tensions accumulées depuis avril, toutes les craintes empilées de ses nuits sans sommeil, toutes ces fois où son estomac s'était tordu au simple souvenir de la douleur et de la peur épouvantable s'évaporaient dans ses larmes. Oh, il avait beaucoup pleuré ces derniers mois. Plus qu'il ne l'admettra jamais. Sa fierté n'oserait jamais avouer cela, qu'au fond il avait l'attitude d'un gamin dans son lit le soir alors qu'il se réveillait une nouvelle fois d'une hantise qui ne le quittait plus depuis ce fameux dixième jour d'avril 1978. Shannon ne pensait pas avoir peur de la mort et pour être tout à fait honnête, il n'était toujours pas sûr d'avoir peur d'elle. Il avait disons, plutôt peur de son aléa, que ce soit quelqu'un comme un mangemort qui lui inflige cela. Et les sillons sur ses joues mal rasées, l'irlandais avait l'impression qu'ils ne se tariraient jamais. Comment le pourraient-ils ? Le terme qu'il avait employé avec Galaad quelques jours auparavant avait finalement été très bien choisi : il était cassé. Il était cassé. Comme un système dont on avait détourné les branchements, le fil "plus" sur l'embout "moins" au lieu de l'embout "plus". Peut-être que des médicaments feraient leur œuvre, moldus ou sorciers, Shannon s'en fichait bien au fond. Il avait juste envie de dormir correctement, au moins une nuit, de retrouver la douce sensation de se réveiller le matin en ayant rêvé de rien, sinon du vide.

Il ne remarqua pas, dans un premier temps, que Magdaleentje s'était rapprochée de lui, il ne s'en rendit compte qu'au contact de ses bras, et de ses mains qui calaient son visage contre son torse. Probablement que ce fusse l'une des choses les plus douces et la chose la plus spontanée qu'on lui fit de sa vie. Les gestes tendres qu'il avait pu échanger dans le peu de relations qu'il avait eu, n'avaient rien à voir avec la simplicité d'un acte si profondément sincère, amical et doux. Shannon pleurait peu, voire pas, mais le fait est qu'il avait passé une enfance sans sentir d'affection de la part de personne, autre qu'une torgnole à l'arrière du crâne, sensée être amicale plutôt que réellement aimante. Il avait appris à pleurer seul, en silence. Son père ne s'était jamais déplacé pour lui accorder la moindre attention, qu'il ait eu trois mois, ou six ans. Pour ainsi dire, il ne se rappelait pas d'avoir ainsi été pris dans les bras de quelqu'un alors qu'il pleurait. Magda créait sans même le savoir probablement l'un des souvenirs les plus précieux qu'il pouvait avoir, loin au dessus de tout ce qu'il avait vu, vécu. La néerlandaise créait un pont entre un vide qu'il ressentait sans s'en rendre compte et ce besoin viscéral de se sentir apprécié. Ce ne fut pas pour rien qu'il ne laissa pas ses bras ballants de part et d'autre de la jeune femme. Tout au contraire à dire vrai. Shannon l'enserra de la même manière qu'elle, quoiqu'avec moins de force parce que les larmes arrachaient toujours les dernières de son hôte qu'elles quittaient. Pour être tout à fait honnête, il ne su pas très bien combien de temps cette étreinte dura avant qu'elle ne prenne la parole, et il préférait ne pas le savoir. Le silence désespérant qu'il avait entendu et qui sifflait dans ses oreilles était maintenant remplacé par la voix compréhensive, quoique rongée par cette espèce d'émotion que l'on retient lorsque l'on a envie de pleurer. C'était vrai, il n'avait pas choisi. Il n'avait pas choisi sa mort, ou son attentat. Il n'avait rien choisi du tout. Magda posait les mots sur le problème qui le rongeait. D'autres vivaient des accidents aussi et d'autres s'en sortaient mieux. Comment ses fondations, qu'il avait cru si solides, pouvaient-elles s'ébranler pour une fichue bombe ? Shannon commença à reprendre contenance, à cadencer de nouveau sa respiration, à contrôler quelques reflux de larmes lorsque la néerlandaise glissa d'elle-même sa main dans ses cheveux. Il était fort, lui disait-elle. Peut-être avait-elle raison, peut-être pas, il n'en savait rien. « J'ai juste envie de  dormir » avoua-t-il d'un trait murmuré contre Magda, « j'ai juste envie de dormir sans revivre la peur, et la douleur et sans entendre les cris des gens qui mourraient autour de moi ».


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MessageSujet: Re: Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS 129196351Sam 18 Juil 2020 - 0:29

Les larmes de Magdaleenjte tarirent doucement, à la mesure où la certitude selon laquelle l’homme qu’elle serrait de toutes ses forces regagnerait contrôle de sa vie et surmonterait cette énorme épreuve qu’on lui avait cruellement imposer. Son cœur restait néanmoins serré et sa tête troublée à l’idée qu’on puisse, en 1978, en plein cœur de Londres, être victime d’un attenta terroriste. Elle croyait Shannon, bien évidemment, mais elle avait de la difficulté à y croire. À accepter qu’on se prête à de tels actes de violence. ‘Les cris des gens qui mourraient autour de moi’. L’effet de ces paroles étaient pire qu’une claque. La jeune mère ne pu que flatter les cheveux de son colocataire en guise de réconfort. C’était tout ce qu’elle pouvait lui donner. Elle n’avait ni explication, ni solution. L’une comme l’autre n’existait pas à la suite d’un tel traumatisme. « Pleure tout ce que tu as Shann’ » lui murmura-t-elle doucement, « vide tout ». Pleurer jusqu’à se faire emporter par le sommeil et l’horrible mal de tête qui venait avec. « Je suis là ». C’était vrai. Elle était là. Pour l’écoute. Pour le réconforter. Pour lui changer les idées. Pour le reprendre dans ses bras. Pour le veiller lorsqu’il s’abandonnerait enfin à un sommeil qu’elle espéra sans rêve. Pour l’accompagner lorsqu’il déciderait de retourner sur le Chemin de traverse et pour lui offrir une petite pousser s’il tardait à y remettre les pieds. Magdaleenjte laissa sécher sa dernière larme à elle. Ni un ni l’autre ne se rappela combien temps leur étreinte dura, ni quand elle termina. Le temps, tout comme la réalité, s’était arrêté. Pour aussi longtemps qui le faudrait.

***

[17 juillet 1978]

Il était très tôt, assez tôt pour que tout le monde dorme, sauf Tobias, elle avait bien remarqué qu’il était assis dans son lit à jouer avec un truc d’enfant que son père lui avait laissé. Lorsque leurs yeux matinaux s’étaient croisés, la mère et le fils avait eu cette drôle d’entente silencieuse qui consentait à accorder à l’autre un moment d’indépendance. Il vieillissait son gamin. Assez vite quand même. Et, alors qu’ils avaient tous perdus espoirs, il commençait à s’occuper seul, à s’amuser comme un grand. Même que des fois, il se rendormait. Ouais, sans déconner. Magdaleenjte espéra vivement qui choisi ce matin pour se rendormir. Elle avait envie d’un moment à elle, lesquels se faisaient extrêmement rares c’est dernier temps. Gayson s’était transformé en boule anxieuse et preux chevalier protecteur depuis qu’on lui avait arraché une jambe pour mieux la faire repoussée. Elle appréciait sa présence, son dévouement et la proximité que ce drame leur amena, mais, la néerlandaise était une femme indépendante et avait besoin de respirer. Elle n’aimait pas être maternée, elle maternait. Et puis, elle ne voulait pas donner de raison à Athos de s’inquiéter encore plus…ce qui serait difficile si elle éclatait en tremblement devant lui. Magda lui avait assuré qu’elle allait bien, qu’elle avait peu de souvenir de l’attaque de toute manière – même si c’était faux, elle se rappelait chaque seconde où le bras de son assaillant avait encerclé sa gorge, lui coupant le souffle. Elle se rappelait chaque odeur, de la sensation de manquer d’oxygène, le cerveau qui tournait, les poumons douloureux, les mouvements instinctifs de son corps qui tentait d’avaler un peu d’air, en vain. Elle se rappelait d’avoir vu des éclairs de lumières, puis des points noirs obscurcir lentement son champ de vision. Elle se rappelait avoir réalisé qu’elle allait mourir, puis avoir réalisée, en panique, que son fils aussi. Elle se rappelait d’avoir ressentie cette violente émotion qui brisa son cœur et sa vie. Il était vrai, par contre, qu’elle ne se rappelait pas la douleur de se faire trancher une jambe. Elle avait eu la chance de perdre connaissance dès la première seconde. Bref, elle se rappelait presque tout, mais Athos n’avait pas besoin de le savoir, c’était mieux ainsi. De toute manière, la jeune mère ne souhaitait pas s’y attarder, mais bien passer rapidement à autres choses. Elle avait un gamin, c’était prenant, et elle cherchait un emploi. La vérité était qu’elle n’était pas au top, mais c’était ok, elle s’en sortait. Elle s’occupait bien d’elle-même et en avait marre des regards désolés. Vraiment. Elle n’était pas cassée, cette gentille médecin l’avait recoller d’une main d’experte. Tout était bien. Vraiment. Numéro un.

En tout cas. C’était comme ça. Voilà.

Machinalement, la néerlandaise se coula un café, ouvrit le frigo, puis le referma, son appétit n’était pas au top ces temps-ci, mais elle allait bien, vraiment. C’était normal, de ne pas toujours mourir de faim. Munie de son café, elle prit place à la table, silencieusement, puisqu’il était trop tôt pour vivre, et ouvrit la gazette qui venait d’être déposée elle-ne-savait-trop-comment…ces sorciers. Distraitement, elle la feuilleta en se disant que le Sorcière Hebdo était plus marrant. Un titre en particulier attira son attention : Une jambe sectionnée, dix de retrouvées ! Le tournis lui pris vivement. Magda bondit sur ses pieds si vite que sa tasse de café fut bousculée et se fracassa contre le plancher de l’appartement de Shannon. Elle gagna la toilette juste à temps pour y vomir de la bile, ne pris pas le temps de fermer la porte, évidement. Une fois son estomac plus vide que vide, elle enfoui sa tête entre ses genoux, le dos contre le bain, les larmes aux yeux. Elle allait tuer Gayson et son sperme magique. Vraiment. Elle allait le tuer. Car Magdaleenjte avait décidé que cette nausée matinale ne pouvait qu’être causé par une étourderie d’il y a quatre-cinq jours, même si c’était bien trop tôt pour des nausées, et non par le souvenir de l’horreur qu’elle allait vécu. Elle allait bien. Vraiment. Fallait la croire.
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MessageSujet: Re: Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS 129196351Sam 18 Juil 2020 - 21:39

Lorsqu'ils s'étaient rencontrés, Shannon revenait du Chemin de Traverse. C'était la première fois depuis l'attentat qu'il y remettait les pieds, l'activité y était en berne, quasiment personne dans la rue. Il avait commencé à voir les contours de son problème lorsqu'il en était sortit presque en courant, avait été prit de vertiges devant le magasin de Quidditch et de bouffées de chaleur le conduisant nécessairement à se fumer une clope pour retrouver un sens aux fous battements de son coeur. Magda ne le savait pas, et c'était mieux. Les larmes qu'il laissait partir contre elle valaient tous les mots et toutes les explications et tous les souvenirs possibles. Tout lui dire eut été stupide, puisque l'imagination de la jeune femme suffisait largement à lui arracher des larmes. Cette nuit-là, Shannon jouit d'une nuit pour une fois sans rêve, étrange thérapie que venait de lui offrir Magdaleentje, sans qu'il ne sache toutefois, si celle-ci saurait se montrer efficace sur la durée.

Le dix-sept juillet, soit environs deux semaines après ces aveux dans la cuisine à plus de minuit passé, Shannon avait pu constater des retours occasionnels de ses paniques nocturnes, mais à moindre fréquence néanmoins. Et tandis qu'il avançait, dans la bonne direction sans pourtant être guéri et sans toutefois oublier les images qu'il avait dans le crâne depuis avril, des choses horribles s'étaient passées, se succédant comme un mauvais film qui fait vivre à d'autres ce par quoi lui-même était passé. Depuis que Magda avait été attaquée sur le Chemin de Traverse, Shannon s'en voulait. La moldue était dans son appartement à lui, et il se sentait quand même obligé de garder un oeil sur elle. Non pas que cela lui déplaise, parce qu'après tout, c'était Magda qui l'avait fait parler là où la plupart de ceux qui avaient essayé avaient échoué. L'irlandais se sentait redevable d'une certaine façon, bien qu'elle ne veuille rien et ne lui ait rien demandé. C'était probablement stupide, mais c'était comme cela. Et que d'apprendre qu'on lui avait arraché la jambe pendant que lui profitait d'un sommeil qu'il avait retrouvé grâce à elle, ça lui avait tordu le ventre, en plus de lui avoir fait perdre des couleurs. Mais les jours continuaient, Magda faisait bonne figure. Shannon arrêtait néanmoins quelques fois son regard sur elle lorsqu'elle ne le regardait pas, il cherchait à voir des traces de ce "je-ne-sais-quoi" qu'il avait lui même eut sur le visage. En vain. Si elle souffrait du même mal que lui, Magda jouait bien la comédie.

Le jeune homme fixait son plafond lorsqu'il entendit une tasse se fracasser au sol dans sa cuisine et des pas précipités vers la salle de bain. Dans la seconde suivante, il avait ouvert la porte, la main sur la baguette cachée dans sa poche pour sortir de sa chambre. L'appartement était calme, quoique ponctué de bruits en provenance de la salle de bain. Il passa une tête dans la chambre de Magda et Tobias, dont la porte était ouverte, pour voir que le gamin, curieusement, ne dormait pas, mais demeurait calme. Les miracles existent. Il s'approcha de la salle d'eau d'un pas hésitant, ne sachant pas finalement, s'il était légitime à venir la voir. Mais la néerlandaise était toute seule et il avait vu sur elle, assise contre la baignoire, les genoux ramenés vers elle et la tête cachée dedans. Il tira la chasse d'eau avant de s'agenouiller finalement en posant doucement ses mains sur les genoux de la moldue : « Magda ? ». Lorsque la néerlandaise releva ses yeux verts brillants vers lui, Shannon y reconnu la même lueur qu'il voyait toujours dans ses yeux lorsqu'il se regardait dans le miroir et il comprit. Cette lueur de personne chassée, hantée par des souvenirs et des images, des bruits ainsi que des odeurs, le matin comme le soir et le jour comme la nuit. L'irlandais la regarda d'un air concerné, en affichant un sourire triste alors que ses pouces la caressaient gentiment pour essayer de la calmer : « Calme toi Magda » l'intima-t-il d'une voix douce sans la lâcher d'un brin. Plus Shannon la regardait plus il voyait ce qu'elle avait essayé de cacher depuis ce fameux matin où elle avait été attaquée. Sous ses plaisanteries habituelles, son inquiétude pour Tobias était pendante et s'il ne comprenait pas cela parce qu'il n'avait pas d'enfant, il pouvait néanmoins imaginer l'effroi terrible qu'elle avait dû ressentir tomber dans son cœur. Perdre un enfant, ce n'est pas rien. Ce n'est pas rien du tout. Là, elle avait cru probablement mourir, voir son enfant disparaître ou pire. Il y avait des traces qu'une discussion ne saurait effacer, pas plus que quelques larmes en réalité. La jeune femme sera probablement toujours hantée, non pas par la crainte et les souvenirs de s'être sentie arrachée la jambe, mais plutôt par les craintes de voir son enfant mourir. Shannon s'assit en tailleur en face d'elle pour la regarder. Miraculeusement, Tobias ne faisait toujours aucun bruit, peut-être s'était-il même payé le luxe de s'endormir. Et il ne savait même pas quoi lui dire, ne sachant pas s'il devait la pousser dans ses retranchements ou la laisser venir vers lui. Il opta finalement pour un entre-deux, et ajouta : « C'est par rapport à l'autre jour, n'est-ce pas ? ». Bien sûr que c'était par rapport à sa jambe. Bien sûr que c'était par rapport à Tobias.
Qui ne serait pas prit de nausées en repensant à son corps délesté d'une jambe et de son fils proche d'un meurtrier ?


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Magda Debusschere

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MOLDU
Ce n'est pas la magie qui fait qu'un être est magique.

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MessageSujet: Re: Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS 129196351Dim 19 Juil 2020 - 18:35

La néerlandaise ressentait une étrange panique qui faisait battre son cœur dans ses tympans, probablement le fait de se découvrir une fois de plus enceinte, telle une imbécile qui n’apprends pas de ses erreurs. La gorge lui brulait encore, conséquence de la bile qu’elle venait de vomir. La tête lui tournait et Magda pressait bien fort ses paupières ensembles pour que le tourbillon cesse, mais rien n’y faisait, de familières éclairs de lumière et tâches noires s’y livrait une dure bataille. La jeune femme n’entendit pas Shannon franchir la porte de la salle de bain, ni flusher la toilette. C’était le chaos entre ses deux oreilles, c’était bruyant. Elle sursauta lorsque les mains de son ami se déposèrent sur ses rotules, tout son corps s’était tendu et la chaire de poules décora la peau de ses jambes et de ses bras. L’idée d’une grossesse la traumatisait vraiment. Vraiment. Magdaleenjte expira de manière saccadée lorsqu’elle reconnu la voix et le visage de Shannon, étrangement soulagée. Elle força un sourire désolé sur son visage dont les traits tirés avouaient une fatigue profonde. Si profonde qu’on ne pût plus simplement faire porter le blâme à son adorable métamorphomage. Son visage était humide, voilé d’une sueur nerveuse, ce qui lui donna sa première meilleure porte de sortie. « Oh! » dit-elle en semblant revenir à elle-même et en s’empressant de se tortiller pour attraper du bout des doigts une serviette et se la passer sur le visage, le tout, en évitant soigneusement de croiser le regard de son coloc. C’était gênant, vraiment. Elle se sentit fondre de honte. Il était évident que Shannon savait pour son…bref, pour sa visite dans le lit de son meilleur pote, le dit-pote et elle n’ayant pas été très subtiles, ivres, jouant à moitié au beerquidditch. Comme c’était gênant. Il la regardait, de ce regard désolé, plein de compassion brillant de cette triste étincelle qui susurrait qu’il en savait plus que ce qu’elle pensait, et qu’il était là si elle voulait en parler. Lorsqu’il lui suggéra que c’était par rapport à l’autre jours, es pommettes de Magda rougirent violemment, se dressant comme deux points rouges sur son visage livide. « Oh, je vais bien, j’ai dû manger quelque chose de passé hier soir. » Une indigestion c’était tout à fait crédible. Et courant. Toutefois, son sourire était peu convaincant, sans oublier le fait qu’ils partageaient le même frigo. Par pitié.

Pour la première fois depuis son arrivée à Londres, elle souhaita être magicienne, pour pouvoir se téléporter quelque part autre. En fait, non, c’était la deuxième fois qu’elle le souhaita : si elle avait eu une baguette, elle aurait pu se défendre, elle n’aurait pas eu que son petit corps contre son attaquant. Elle aurait pu faire quelque chose de plus que se débattre vainement. Sa main aurait certainement trouvé sa baguette, elle aurait pu faire rouler la poussette au loin, au moins. Elle aurait surement pu bruler l’atroce bras qui avait compressé sa gorge et laissé une vilaine ecchymose qui avait décoré son cou et ses cauchemars depuis. Ses mains guidèrent inconsciemment la serviette pour éponger cette marque qui fadait trop lentement. Le regard de la néerlandaise crois timidement celui du latino. Erreur. Son pouls se réaccéléra et ses yeux s’humidifièrent à nouveau. Merde, déjà? Une autre nausée? La jeune mère embrassa la toilette une deuxième fois, plus difficilement que la première, s’étouffant en cherchant son air, alors que les larmes abondaient à présent. « Je vais bien, vraiment » croassa-t-elle en s’étouffant encore, la tête dans la lunette, et en brandissant la main sur laquelle elle ne s’appuyait pas pour balayer les inquiétudes de Shannon. Elle allait bien. Vraiment. Ce n’était qu’une nausée, ça allait passer rapidement. Son petit corps se mit à trembler avec force, il devait avoir faim. C'était ça. Ses larmes ne tarissaient pas, malgré qu'elle eu terminé de vomir. Un sanglot bruyant retentit, aussitôt qu'elle retrouva un peu d'air.
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Shannon O'Mahony

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La meilleure défense, c'est l'attaque

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MessageSujet: Re: Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS 129196351Lun 20 Juil 2020 - 10:52

Shannon se sentit ridicule lorsqu'il remarqua que le contact de ses mains sur les genoux de la néerlandaise lui provoquait à ce point une réaction négative. Aussi la regarda-t-il attraper une serviette pour se la passer sur le visage de façon purement passive. Il ne la jugeait pas - est-ce qu'il lui était déjà arrivé de juger quelqu'un, de toute manière ? - sur ce qu'elle pouvait ressentir, ni sur ce qui lui était arrivé pour ressentir cela. Le jeune homme ne prétendait pas savoir ce qui se passait dans la tête de la jeune femme, il n'était pas dedans. Aussi pensait-il sincèrement qu'il ne s'agissait que l'attaque qu'elle avait subi. Honnêtement, les personnes avec qui Athos s'envoyaient en l'air, ça passait complètement au dessus de Shannon. A juste titre, d'ailleurs. Il était son meilleur ami, pas sa copine, aussi bien entendu, ne comprit-il pas la réaction de Magda lorsqu'il lui demanda simplement si sa réaction était due à ce qui s'était passé quelques jours auparavant. Les miracles des différences entre le cerveau féminin et le cerveau masculin, là où il pensait surtout à son agression, elle pensait à sa nuit passée avec son amant. S'il n'était guère très perspicace et que cela était son plus gros défaut sans doute, les rougeurs sur les joues humides de Magda furent si violentes qu'il comprit presque immédiatement qu'il avait employé les mauvais mots. Shannon retira ses mains des genoux de la néerlandaise en comprenant sa bourde. Il avait été trop direct. Il ne lui venait même pas à l'esprit qu'elle puisse vomir parce qu'elle était enceinte. Vraiment. La perspicacité de Shannon niveau trois cent.

Lui aussi avait été pris de nausées quand il était sorti de l'hôpital. A chaque fois qu'il y repensait, pendant une bonne semaine après qu'il ait été remis sur pieds, il se retrouvait le nez dans la lunette des toilettes, comme elle, à dégobiller tout ce qu'il avait dans le corps au simple souvenir qui s'imposait à lui. Shannon avait été dans le déni un temps, il avait repris le cours normal de sa vie, en se payant même le luxe de reprendre ses activités avec l'Ordre une petite semaine après son coma, pour accompagner Marlene dans les égouts de Southend-on-Sea où ils étaient tombés, finalement, sur un crabe de feu blessé et sur une mafia gobeline. « J'avais des nausées aussi après l'attentat » lui dit-il brusquement en comprenant qu'elle se posait dans une simple situation de déni. Bien sûr qu'elle était dans le déni. Il n'y avait bien que cela pour lui faire dire l'excuse d'un aliment périmé. La jeune femme avait paru aller bien. Mais ses traits étaient tirés, fatigués, plus que d'habitude et plus que ne pouvait le provoquer son fils. Pourtant, pleurer au point de s'étouffer presque ne lui faisait que trop penser ce par quoi il était lui-même passé. Et l’ecchymose épouvantable qu'elle avait au niveau de son cou et qu'elle touchait frénétiquement, parlait bien mieux que n'importe quel mot. « Je sais par quoi tu passes Magda » continua-t-il d'un ton dénué de tout reproche néanmoins. Shannon la regardait de ce regard compréhensif qu'il avait toujours lorsqu'il se retrouvait à essayer de réconforter quelqu'un. « Être dans le déni ne va pas t'aider à aller mieux ça va juste... » - il soupira en secouant la tête avant de détourner le regard - « ça va juste te faire penser en surface que tout va bien alors que tout va mal ». Le jeune homme continua de la regarder, penchée au dessus de la lunette des toilettes, alors qu'elle tremblait toujours avec violence et il ajouta : « Au final ce sera pire ». Voyant qu'elle ne dégobillait pas de nouveau mais qu'elle pleurait au contraire, Shannon se releva pour passer une main dans le dos de la néerlandaise et la relever doucement, sans la brusquer. « Ça m'a aidé de t'en parler Magdaleentje » lui dit-il sincèrement, « laisse moi te renvoyer l'ascenseur ».


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MessageSujet: Re: Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS 129196351Lun 20 Juil 2020 - 15:41

La tête dans le bol de toilette, Magda ne manquait rien de ce que Shannon lui disait. Il avait raison, elle le savait, mais elle ne l’acceptait pas encore. La néerlandaise était une femme brillante et avec une aise toute particulière avec les mathématiques, sans oublier qu’elle avait déjà vécue une première grossesse : les chiffres ne marchaient pas, la variante qu’elle avait choisie était mauvaise. Persister dans ce déni était stupide, mais ça avait toujours été plus facile de placarder ses tracas sur le dos de Gayson, c’était réconfortant, mais c’était rarement juste. Magda n’avait jamais eu personne d’autre qu’elle-même pour passer au travers des épreuves de la vie, elle avait toujours pleurée seule. Au travers de son développement elle avait vite compris que pleurer ne réglait pas grand-chose, qu’elle était la seule à pouvoir paver le chemin qu’elle devait franchir, un pas à la fois. Pleurer n’avait donc jamais été son grand ressort. Oh, elle pleurait, comme tout le monde, mais plus par émotions, de manière spontanée, pas pour se morfondre. Elle acceptait d’évacuer un trop plein, de temps en temps, mais c’était tout. Magda ne se confiait pas vraiment, non plus. Pas depuis qu’elle était adulte. Pas depuis qu’elle avait quitter les Pays-Bas pour se balader avec Athos et revenir enceinte. Les amitiés fortes qu’elle avait eut dans sa jeunesse n’avait pas suivit sa vie d’adulte atypique et les obstacles qu’elle eut à franchir avant ses dix-huit ans n’avaient pas été marquant comparer aux trois dernières années. La réalité était que la jeune mère n’avait pas vraiment d’amis, personne à qui se confier ou sur qui s’appuyer. Elle avait donc internalisé, rationnalisé et rebâtit comme une grande, avec le support qu’elle s’offrait à soi-même. Or, une attaque était difficilement rationalisable, et elle peinait à y ressortir quelconque apprentissage et à réorienter ce qu’il y avait à réorienter. Une petite voix, qui résonnait contre la lunette froide de la toilette, lui dit qu’elle avait peut-être besoin d’un ami, d’un confident, et que l’homme qui la tirait doucement à l’écart de la toilette avait tout pour qu’elle s’y appuie, momentanément. Néanmoins réticente à se laisser complètement aller, - c’était elle qui appuyait les gens, pas le contraire - Magdaleenjte s’éveilla au doux toucher de son colocataire et se repoussa contre le bain, réessuya sa bouche avec la serviette qu’elle avait abandonné par terre, puis se recroquevilla à nouveau sur elle-même, entourant ses genoux de sa plus forte étreinte, mais au moins, elle n’essayait plus de cacher ses larmes, ni de fuir la situation ou le regard de Shannon. Ses lèvres tremblaient, comme le reste de son corps et ses yeux reflétait un émoi percutant. Elle n’avait pas envie de dire grand-chose, elle était fatiguée d’être épuisée, fatiguée d’être bouleversée, écœurée de ne pas encore avoir surmonter cette attaque débile. Personne n’était morte, on lui avait même redonné sa jambe qui fonctionnait comme neuve, au final, c’était un évènement sans conséquence. Pourquoi est-ce qu’elle ne passait pas à autre chose, Seigneur? Pendant un moment, elle se contenta de perdre ses yeux dans ceux de son ami, puis elle voulu parler, pour lui dire qu’elle allait bien, somme toute, mais sa main vola une fois de plus à son cou et la panique s’empara d’elle, de son visage, de ses membres, de sa tête. La jeune mère voulu lui confier l’horrible sensation qu’elle avait vécu lorsque son assaillant l’avait étranglé pendant de longues secondes ou minutes ou heures. Toutefois, l’air lui manqua à nouveau et elle s’étouffa bruyamment. C’était douloureux. « P-ourquoi » arriva-t-elle a couiner, agitée. Elle ne voyait plus grand-chose avec toutes ces larmes. « J’ai rien pu faire » cria-t-elle – elle avait voulu être certaine que ses mots sortiraient, cette-fois-ci. C’était vrai, qu’elle n’avait rien pu faire. Elle avait tout fait ce qu’elle avait pu, et ça ne l’avait pas empêché de manquer d’air et de se faire sectionner. la. putain. de. jambe. Magda tendit vivement son bras vers Shannon, elle arriva à lui attraper un pan de son chandail. Elle était prête à s’abandonner à son ami. Elle voulait aller bien et avait déjà tout essayer ce qu’elle savait faire. Vainement. « Je vais bien, s’il-te-plait ». C’était un vœux pieux.
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MessageSujet: Re: Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS Les tréfonds d'un pot à la pistache | CLOS 129196351Mar 21 Juil 2020 - 10:31

Shannon se sentait totalement démuni de voir Magda dans cet état. C'est qu'il ne la connaissait pas depuis très longtemps et qu'il l'avait toujours vu joyeuse, revêche, piquante. La retrouver dans sa salle de bain, le nez dans les toilettes et le visage ravagé par les larmes, il ne s'y était pas attendu. Le jeune homme s'était dit que la néerlandaise faisait preuve d'une force de caractère exceptionnel pour tenir le choc envers et contre tout. Il s'était trompé, de toute évidence. Mais vraisemblablement, Magdaleentje avait une force de caractère néanmoins impressionnante pour afficher un masque tranquille et clamer au monde qu'elle allait bien. L'irlandais ne la jugeait pas pour cela. C'était une méthode de protection rudement efficace contre les intrusions extérieures, mais terriblement inefficiente pour sa propre santé mentale. Il en savait quelque chose pour avoir joué la comédie pendant plusieurs mois. Elle ne méritait pas de s'infliger autant de mal que lui s'en était infligé. Maintenant, elle était de nouveau adossée contre la baignoire, recroquevillée sur elle-même. Shannon avait peut-être eu la chance, contrairement à elle, de faire parti d'une attaque de groupe et non pas d'une attaque ciblée sur sa personne. Magda, elle, avait été sciemment visée, se trouvant au mauvais endroit, au mauvais moment, le cou désormais tâché d'une tâche violette qui semblait indélébile alors que le temps s'étirait depuis son agression. La néerlandaise respirait fort, s'étouffait, respirait encore et aucun mot ne pourrait probablement tarir ses larmes. Rien d'autre que le temps ne pourrait faire son œuvre. Shannon avait l'impression que quoi qu'il dise, il allait déclencher un torrent d'autant plus violent qu'il ne désirait pas en être l'origine. Il se savait maladroit. Et la voir dans cet état lui faisait mal, vraiment. Le jeune homme avait appris à apprécier la néerlandaise pour ce qu'elle était, une jeune mère au caractère lumineux et spontané. « Il n'y avait rien à faire, parce qu'il n'y a jamais rien à faire dans ces situations là » lui dit-il en sachant que ses mots n'auraient aucun impact néanmoins. Il n'y avait rien à faire lorsque l'on était attaqué par derrière, enserrée violemment au cou, en se faisant sectionner la jambe au passage. Quelles pensées hantaient Magda ? Celles de sa dépouille en morceau, non loin du berceau de son fils ?

« Tu as vécu quelque chose d'épouvantablement violent, Magda » continua-t-il d'une voix douce alors qu'elle le regardait dans les yeux et qu'il lui rendait son regard d'un air patient, « tu n'aurais jamais pu prévoir que ça allait arriver, rien de tout cela n'est de ta faute ». Les phrases les plus censées valaient-elles quelque chose dans l'esprit d'une femme traumatisée par une tentative de meurtre ? Shannon s'était longtemps dit que c'était de sa faute s'il avait été blessé au Chemin de Traverse, il lui avait finalement fallu une discussion avec Galaad pour comprendre que non, ça lui était juste tombé dessus sans qu'il ne demande rien. Il s'était remit en question, pendant des semaines, à base de "et si...?" sans que cela n'aboutisse à rien d'autre qu'à le torturer davantage. C'était surtout là le sens de ses paroles. Il ne savait pas si elle était dans la même impasse qu'il l'avait lui-même été, mais avec un enfant qui avait été sur une scène de tentative de meurtre, Shannon pouvait facilement imaginer que c'était là quelque chose qu'elle ressentait violemment. Magda lui attrapa finalement vivement son habit, peut-être parce qu'elle pensait qu'il allait partir pour la laisser moisir dans la salle d'eau. Le jeune homme fut touché de cette demande de soutient tacite. Il glissa doucement sa main calleuse sur celle de la moldue et répondit : « Tu vas bien » - il désigna vaguement de sa main libre son petit corps recroquevillé sur lui-même - « et Tobias va bien aussi ». Le jeune homme fit une pause avant de finalement la désigner en pointant doucement son visage avec son index : « Mais là, tu ne vas pas bien, Magda ». Il ne savait pas si ses paroles avaient un sens mais il savait qu'il aurait aimé que quelqu'un lui dise cela lorsqu'il était sorti de l'hôpital. Loin des injonctions "Tu vas bien ?", cette affirmation qu'il n'allait pas bien lui aurait probablement fait réaliser qu'en effet, ça n'allait pas, et que non, il n'avait pas à faire semblant. C'était stupide de faire semblant, mais il faut sauver les apparences, non ? Sans lâcher sa main, il s'assit à la place laissée vacante à côté d'elle et étendit ses jambes. Ils faisaient sans doute peine à voir. Ils restèrent ainsi un moment. Dix minutes ? Un quart d'heure ? Trente secondes, peut-être ? Le silence ne semblait qu'être ponctué de la respiration difficile de la néerlandaise. Il lui avait fallu quatre mois pour en parler. Comment pourrait-elle faire de même en une semaine à peine ? Accepter qu'on allait mal était le premier pas pour aller mieux. Mais le chemin était long à parcourir, semé de rechutes et d'embûches. On ne se soignait pas mentalement de cela par quelques paroles échangées autour d'un pot de larmes.

Il ne connaissait pas la vie de Magdaleentje. Vraiment. Tout au plus quelques esquisses. Aussi savait-il qu'elle avait un esprit très terre-à-terre, une grande passion pour les chiffres et une formidable volonté d'être libre. Quoi de pire pour quelqu'un de libre que d'être enfermé dans sa propre tête et dans son propre traumatisme ? Il en savait quelque chose. Bien entendu, ce qu'ils avaient subi l'un et l'autre n'était pas comparable d'un point de vue physique, mais d'un point de vue moral, elle passait par tous les stades où il était lui-même passé. Finalement, il tourna la tête vers elle pour regarder son visage : « Tu n'es pas obligée de m'en parler si tu ne le souhaites pas » lui dit-il doucement, « mais tu ne dois pas garder ça pour toi, sinon ça va te ronger ». "Comme ça m'a rongé à moi".


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