Glinda prenait souvent sa pause au magasin de la même manière : en feuilletant rapidement la dernière édition de la gazette du sorcier, pour se tenir au courant de l’actualité importante, avant de lire plus attentivement les articles de Sorcière Hebdo, qui contenaient une actualité autrement croustillante.
En jetant un œil à la première page de cette nouvelle édition de la gazette, son regard fut attiré par l’article principal. La lecture de celui-ci lui rappela le goût amer du vomi qu’elle n’avait pu retenir en voyant le visage en décomposition de la femme, image qui semblait incrustée sur sa rétine. Connaître le nom des deux victimes, qui elles étaient et les possibles raisons de leurs meurtres respectifs ne réconforta pas du tout Glinda. A la fin de l’article, elle hochait vigoureusement la tête à la question de la gazette : personnellement, elle ne se sentait pas le moins protégé par ce ministère.
Perdue dans ses réflexions, elle ne se rendit compte que le temps filait et que sa courte pause était déjà finie, que lorsque la sonnette résonna dans le magasin, annonçant l’entrée d’un nouveau client. Se parant de son sourire de vendeuse, elle abandonna la gazette dans un coin pour saluer le sorcier bedonnant qui entrait. Vivement qu’elle puisse lire l’article de Sorcière Hebdo sur comment faire sa propre crème de nuit, histoire de se changer les idées !

Shannon avait reçu un exemplaire de la Gazette du sorcier et l'avait à peine regardé. Il avait lu en diagonale l'article sur les deux morts du festival. Son regard s'arrêta vaguement sur le nom de la femme, de laquelle il avait croisé le regard vide en la retournant dans l'eau. Le souvenir impérissable de sa peau bleuie et de ses traits bouffis lui sauta à la rétine. Il ne lui fallu pas beaucoup de temps pour déchirer l'exemplaire du jour et le mettre à la poubelle. Rien que de se revoir ça... Il retourna se coucher. Y'avait des jours où il ne fallait pas se lever.

Le Roi est mort. Vive la Reine. Les évènements s'étaient bousculés, et le temps du deuil était à peine commencé qu'elle devait faire face à cet article ne démontrant que le côté lumineux, ou presque, de Vito Da Valle. Un mafieux sous couvert d'ambassadeur. Elle déposa la Gazette sur le côté de ce qui allait devenir son bureau, tentant d'effacer l'image de son père dévasté par la décomposition. C'était le jour ou la Princesse reprenait la couronne, tout allait changer. Et quand le moment viendrait, elle dépècerait celui qui avait osé nuir à la famiglia.

Il ne lut la Gazette que quelques jours après cette fameuse soirée. Il avait été trop pris dans ses propres problèmes et questionnements, trop pris dans la fatigue, trop pris par des considérations personnelles, pour prendre le temps de lire, vraiment, correctement. Il ne s'installa dans un fauteuil pour consulter le numéro qu'une fois le week-end venu, au matin du samedi.

Et quelle lecture... Rarement son esprit n'avait été autant en ébullition en découvrant les colonnes du journal. Il y avait du positif, bien sûr, et il se réjouissait que Miss Hoov- Soyle ait pu faire la promotion de son établissement : il lui semblait que la présentation était positive, malgré les persiflages qu'un gratte-papier s'était senti obligé d'ajouter. Quelques pages plus loin, il découvrit avec surprise une interview d'une des amies d'Amelia, et Aurora était... égale à elle-même ; un peu perchée, mais la lecture réussit à le faire sourire, et à le rendre nostalgique, alors que Poudlard n'était pas si loin derrière eux.

Le reste n'était pas si réjouissant. L'arrestation d'un couple par les Aurors, d'une part : il suivrait les minutes du procès avec intérêt, se demandant si les agents de l'Etat avaient suivi leur piste dans le cadre de la lutte contre les Mangemorts ou dans le cadre du meurtre de cet homme.

Et puis... Le journal revenait sur les événements de la soirée de clôture du Festi'Witch. Il lut et relut avec attention. Il ressentit une pointe de culpabilité en identifiant sans mal Amelia derrière le premier témoignage abordé ; il se revit quelques jours plus tôt, leur conversation tendue au Chaudron, ses explications.

Mais il y avait autre chose. Les victimes... Il eut pitié de Ginger en découvrant que c'était la mère de cette enfant, qui était morte ; il lui enverrait un mot, même si ça ne changerait rien. La vie de la petite fille était un cauchemar. Cependant, au-delà de la compassion pour sa camarade... pourquoi cette femme avait-elle été tuée ? Pour préserver des secrets de Mangemorts, des identités qu'elle n'aurait pas livrée ? Si oui, ça le ramenait à la question qui l'avait taraudé, quelques jours plus tôt : pourquoi n'avaient-ils pas vu la Marque, quand les corps avaient été découverts ou révélés ? Car en ce cas, il se serait agi d'un avertissement clair, non ? Ou bien... La sorcière avait-elle aidé d'autres gens tout aussi dangereux que des Mangemorts ? Et de fait, si le ou les coupables n'étaient pas des fanatiques du Mage Noir, pourquoi tuer une Médicomage... Il ne put s'empêcher de noter que la victime était une femme, relativement jeune, mère ; il repensa à la femme du début du mois de juillet, celle du Chemin de Traverse, et se mordit les lèvres. ….Y avait-il un lien ? Ou... est-ce qu'il voyait des parallèles là où il n'y avait qu'une coïncidence ? Après tout, il ne devait pas y avoir qu'un seul sorcier dérangé en Angleterre...

Car il y avait une seconde victime, qui n'avait pas le même profil. Un homme étranger, ambassadeur et... semblant lié à l'autre enquête du bureau des Aurors. Il fronça les sourcils, frustré de se retrouver avec plus de questions que de réponses, avant de relire une des phrases de l'article ; l'homme avait une fille médicomage à Sainte-Mangouste. Il se mordit les lèvres, se demandant si ce détail avait de l'importance, si ce pouvait être un fil conducteur entre les victimes, avant d'avoir un flash. Il connaissait la fille en question, non ? La femme du Beer Quidditch ! Il avait vu son badge professionnel...

Il reposa le journal sur la table, et espéra que les conclusions du service de médicomagie légiste fuiteraient dans la presse. ….ou bien... Moran aurait-il connaissance de ces éléments.... ?

Gazette du sorcier. a écrit:

Fin juillet, une soirée était organisée au manoir Zabini, dans la campagne anglaise. Dans la nuit du 24 au 25 juillet, une perquisition par une équipe d’aurors a eu lieu dans le domicile d’Ava Zabini et Trevor Hastings, suivi de l’arrestation des deux époux, aussitôt envoyés à Askaban. Un mois après les faits, qu’en est-il de cette sordide histoire ? Le soir-même de la réception, une source anonyme aurait révélé au département de la justice magique que les époux Zabini-Hastings seraient en possession de plusieurs objets de magie noire, menant à l’intervention des aurors. Si Trevor Hastings a depuis été libéré et est étroitement surveillé par le Ministère, Ava Zabini reste quant à elle entre les murs de la prison pour sorciers, sous les chefs d’accusation suivants : possession d’objets de magie noire, tentative de meurtre, meurtre au premier degré. En cause principale de cette inculpation : un agent actif retrouvé dans des potions réalisées par la potionniste, responsable de la mort du second mari d’Ava Zabini ainsi que d’Achilles Rosier, tué lors du mariage d’Evan et Cassiopeia Rosier.
L’affaire passera début septembre devant le Magenmagot.

Arès n'arrêtait pas de lire et relire et relire cet article. Ce n'était possible. Il n'était pas possible que sa sœur soit une mangemorte et encore moins qu'elle ait tué Achilles Rosier. Oui, elle lui avait avoué avoir tué ses maris mais c'était différent. C'était pour se défaire de l'hymen. Il n'était pas possible qu'elle ait tué Achilles Rosier puis fait flotter la marque des ténèbres lors de cette soirée. Non. Il connaissait bien trop sa soeur. Il refusait de le croire. Il devait l'aider. Il devait la faire sortir d'Azkaban. Il devait assurer sa défense. Des larmes coulaient le long de ses joues. Pourquoi sa soeur. Qu'il l'enferme lui, et qu'il la libère elle.