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Fragment d'espoir au coin d'une vitre crasseuse | LACHLAN

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Razvan Vacaresco

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MessageSujet: Fragment d'espoir au coin d'une vitre crasseuse | LACHLAN Fragment d'espoir au coin d'une vitre crasseuse | LACHLAN  129196351Sam 11 Sep 2021 - 21:46

1er septembre.


Peu de monde ce jour-là. Razvan s'était exceptionnellement libéré plus tôt de l'hôpital. Lorsqu'il faisait cela - ce qui arrivait rarement - ce n'était pas en général pour retrouver un mangemort, à moins que le dit mangemort ne l'y ait contraint - et c'était généralement celui dont le prénom commençait par la lettre "H". Ce n'était jamais avec un baume au cœur qu'il se permettait d'en fréquenter, car au plus il oubliait qu'il faisait parti de ce groupuscule terroriste, au mieux il se sentait. Mais voilà, sa lourde cape noire ne le quittait jamais réellement, comme une chape de plomb sur ses épaules déjà fragilisées par la vie qu'il menait. Car c'était lui qui avait le premier envoyé un hibou à Lachlan McCulloch et c'était lui encore qui lui avait proposé un rendez-vous. Rendez-vous auquel l'écossais ne devait rien comprendre. Quoi de plus suspect que de lui fixer un jour, et une heure ? Le roumain n'avait aucune idée de ce qu'il pensait. Il ne savait même pas s'il viendrait. Une partie de lui voulait croire que Lachlan ne le considérait pas comme une menace assez sérieuse pour ne pas venir et s'esquiver. Quoiqu'il n'osait peut-être pas, étant donné ce qu'ils lui faisaient subir.

A cette réflexion, le regard fuyant du roumain s'égara par delà la vitre crasse du Chaudron Baveur. Son air pensif ne donnait pas vraiment envie de le déranger et il passa machinalement une main dans ses cheveux noirs humidifiés par la bruine du dehors avant de poser son menton dessus. Sans commande devant lui, le médicomage se contentait d'attendre patiemment que Lachlan pointe le bout de son nez. Ses yeux se baissèrent vers sa montre pour constater le coup des seize heures. Peut-être ne viendrait-il pas. Peut-être n'avait-il pas assez confiance. C'était plutôt dommage, parce que celui qui ne devrait pas avoir confiance, dans l'histoire, c'était Razvan. Après tout, ce n'était pas lui mais l'écossais qui l'avait agressé le premier, qui avait manqué de le tuer, d'ailleurs. Il pouvait bien remercier la boxe de l'avoir ainsi taillé et la nature de lui avoir donné un esprit vif sur les moments de crise, sinon il serait six pieds sous terre, merci et au revoir. « Z'allez prendre un truc ou regarder la rue comme un demeuré encore longtemps ? ». La voix ressemblait au croassement d'un corbeau malade et le roumain, qui ne comprit pas très bien à cause de l'accent épouvantable, déglutit avant de remarquer le plateau qu'il tenait sous le bras. Un serveur. « Café s'il-vous-plaît ». L'homme marmonna quelque chose avant de se détourner de lui et le médicomage détourna ses yeux pour les reposer sur la rue. Mais voilà qu'une silhouette au dehors avait attiré son attention. Lachlan était sur le trottoir d'en face. Il ne pouvait certainement pas le voir en raison du sortilège de protection dispensé sur le pub sorcier mais Razvan lui, le voyait parfaitement bien. Ne sachant pas s'il devait sortir pour aller le retrouver ou le laisser venir vers lui, il sursauta lorsque le café fut ramené et posé sur la table avec une telle violence que la moitié du contenu se vida sur le bois. « 5 mornilles ». La main abîmée plongea dans la poche intérieure de sa cape et il laissa le paiement. La seconde d'après, Lachlan était assit en face de lui.


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MessageSujet: Re: Fragment d'espoir au coin d'une vitre crasseuse | LACHLAN Fragment d'espoir au coin d'une vitre crasseuse | LACHLAN  129196351Sam 11 Sep 2021 - 22:36

Le feu s’éteignait doucement, et ses yeux ne trouvaient plus de flammes à accrocher vraiment. Lachlan avait froid, mais pas froid comme quand il revenait d’un footing dans la forêt ou après avoir volé des plombes, non. Froid en dedans. Peut-être que c’était à cause de tout le sang qu’il avait perdu, et pourtant, ça faisait déjà presque un mois mais peut-être que son corps n’arrivait plus à en fabriquer. Se lever, allez. Trouver la force de poser les pieds au sol et de porter son propre corps. Il faillit tomber. Depuis combien de temps n’avait-il pas mangé ? Bah, aucune importance. Manger, c’était quand on avait envie de rester en vie. La carcasse écossaise se traîna vers une pile de lettres, marrant quand même qu’on lui écrive alors que ça n’arrivait jamais. L’écriture fine d’Ana ne réveilla même pas la moindre émotion chez lui. Lachlan était cassé de toute façon, plus cassé qu’avant. Comme quoi, tout était possible. Tout, peut-être, mais pas ce qu’il voulait lui. Mackenzie était mort, et c’était sa faute, et il ne pouvait plus rien y faire, rien. Il avait essayé de mourir, mais même ça, il était pas foutu d’y arriver. La lettre de la moldue flamba joliment, mais ses yeux tristes étaient sur ses cicatrices de lâche. Même pas foutu de réussir à se buter, putain. Mais un parchemin, ça ne suffisait pas, alors Lachlan en jeta un deuxième dans le feu. C’était une écriture qui ne lui disait rien, et puis ça lui revint. Merde, c’était un rendez-vous, peut-être. Se baissant quand même, il parvint à lire l’heure, la date. Quel jour on était ? Quelle importance, pas comme s’il allait y aller. Mais bon, quand même, Razvan était un mangemort. Un mangemort tout raté comme lui, mais un mangemort, et bizarrement, il obéissait tout le temps à ces gens-là. Son regard tomba sur l’horloge. Quinze heures. Merde. Merde, merde. Non, toute façon, il n’irait pas. Pourquoi faire ? Parler ? Ca ne servait à rien, parler. Ca n’effacerait pas ce qu’il avait fait.

Bientôt seize heures, Lachlan enfilait pourtant un pull rapiécé sur un jean troué par endroit. Rien à foutre de l’étiquette, de toute manière. Déjà, il avait pris une douche, c’était un miracle. Mais où était sa foutue baguette ? Voler dans un état pareil, c’était une mauvaise idée, et il faisait un temps de chien. Non pas que ça le dérangeait, mais voler à jeun, c’était la mort assurée. Peut-être qu’il aurait dû, du coup. Mais non. Le bout de bois tout abîmé lui sauta aux yeux, et après avoir bu le fond de son verre de Pur Feu, Lachlan transplana. Sauf que sa magie était aussi faible que lui, et s’il avait pensé Chaudron Baveur, son coeur avait autre chose en tête. L’écossais atterrit donc dans une pièce sombre qui lui glaça encore plus le sang. Personne n’avait remis les pieds ici depuis des lunes. C’était un bordel sans nom, sûrement que des otages avaient squatté là. Sûrement que Mackenzie les avait recueillis. Mackenzie, putain. Sur le mur, une photo de sa vieille tête ravie lui déclencha une envie furieuse de vomir. Penché au-dessus du lavabo, Lachlan cracha une bile acide qui lui rongeait l’estomac autant que les sangs. Jamais plus il ne le verrait sourire comme ça. Jamais. Et c’était sa faute à lui.

Quittant l’endroit comme s’il était habité par un fantôme, Lachlan se retrouva dans la rue qu’il fuyait depuis des semaines déjà. Depuis que c’était fini. Le Ministère avait rafistolé tout ça, à peine si on pouvait deviner ce qui s’y était passé. Il y avait des gens, un peu, sous la bruine, et il fuyait tous les regards en rasant les murs. C’était une mauvaise idée, mauvaise idée oui mais maintenant qu’il y était… Le Chaudron Baveur était devant lui, et Lachlan vissa une clope dans la commissure de ses lèvres avant d’essayer de l’allumer, mais la pluie avait déjà détrempé le papier. Putain. Las, il envoya valser la clope détrempée d’une pichenette et poussa la porte du bar, emmitouflé dans sa cape couleur nuit. Le bruit l’assaillit tout de suite, lui qui vivait dans le silence depuis des semaines. Des voix, même que certaines riaient, ça lui parut déplacé. Il n’y avait plus de quoi rire dans ce monde là. À deux doigts de partir, Lachlan aperçut tout de même l’homme qui l’avait convoqué dans le fond de la salle. Pour maintenant… D’un pas rude, mais fatigué, l’écossais le rejoignit et se vautra sur la banquette d’en face sans même tenter une politesse. Ca aurait servi à quoi de toute façon, de dire bonjour ? Tous les jours maintenant n’avaient plus rien de bon. Nerveux, fuyant un regard qui aurait pu le percer à jour, Lachlan tira sur ses manches pour planquer les bandages qu’il avait fait à la va-vite pour masquer sa lâcheté. Son échec. Même pas de sang pour les imbiber, juste des cache-misère. « Qu’est-ce tu veux, Vacaresco ? » Expédier ça, vite, pour rentrer au chalet et se torcher la gueule un peu plus. D’ailleurs, le serveur était encore là, et attendait. « Pur Feu siou plait. » Être poli, quand même, histoire qu’il ne crache pas dedans. Quoique, c’est sûrement tout ce qu’il aurait mérité.
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MessageSujet: Re: Fragment d'espoir au coin d'une vitre crasseuse | LACHLAN Fragment d'espoir au coin d'une vitre crasseuse | LACHLAN  129196351Dim 19 Sep 2021 - 17:09

Le regard noir de Razvan croisa celui beaucoup plus clair de Lachlan. Ce dernier n'avait pas pris la peine de le saluer, mais après tout, ce n'était pas comme s'ils en étaient là. Avec ce qu'ils avaient malgré eux vécu, Lachlan et Razvan pouvaient largement passer au dessus de cette politesse inutile, quand bien même le roumain était connu pour son indécrottable politesse. Pour autant, il jugea à cet instant que c'eut été une provocation inutile de lui répondre un "Bonjour". Et il ne voulait certainement pas provoquer l'écossais. La dernière fois qu'il l'avait fait, bien malgré lui, il avait manqué de mourir. Et l'étau autour de sa gorge, le médicomage avait l'impression de le sentir comme une présence fantôme. C'est une sensation affreuse que de sentir sa trachée être coupée par une force extérieure, en quête désespérée d'air et d'autre chose. Et il ne souhaitait cela à personne, pas même et surtout pas à son interlocuteur. Car il ne l'avait pas fait venir en sa qualité de mangemort mais bien en sa qualité de personne qui a besoin d'aide. Un patient, qu'on appelle ça dans le monde médical. Quelqu'un qu'il faut parfois convaincre pour l'aider à aller mieux. Car combien de personnes ne désiraient pas d'aide ? « Je ne serai pas long » dit Razvan qui n'en avait en fait aucune idée. Il voulait simplement que Lachlan ne se lève pas immédiatement pour fuir cette conversation. Le médicomage se passa une main dans les cheveux et attendit que le serveur soit parti en quête de la commande de l'écossais. « Je veux t'aider, Lachlan » commença-t-il en ne sachant où cela le mènerait, ni pourquoi il avait commencé par-là.

Razvan n'avait pas médité pendant des heures en se demandant comment il allait amener les choses, sachant de toute manière que son cerveau n'en ferait qu'à sa tête s'il préparait un speech. Non non, il y allait purement au feeling. Sans avoir aucune idée de l'endroit où ça le mènerait. « Je ne connais pas très bien ton passé et cela ne m'intéresse pas plus que cela. Mais je sais que tu as eu un accident et que ça ne va plus depuis ». Ça, c'était une information de notoriété publique. Le serveur venait de revenir à table comme pour donner une boisson susceptible de faire rester l'écossais à cette table. Sur cette dernière d'ailleurs, le café s'était bien étalé à la suite de l'indélicatesse du serveur. Machinalement, la main du roumain s'avança vers une serviette de papier marron et s'employa à nettoyer. A la moldue. « Et ce n'est pas normal que Sainte-Mangouste ou toute autre Institution ne t'ait pas aidé avec ton accident ». Il releva ses yeux noirs sur son interlocuteur, comme dans une vaine tentative pour prendre la température. Ils ne se connaissaient pas. Razvan ne lui devait rien et Lachlan non plus. Mais son cas l'intéressait, d'un point de vue clinique mais aussi personnel. Parce qu'aider les autres avait toujours été sa vocation et que même s'il ne trouvait hélas de solution, au moins, il aurait essayé.


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Lachlan McCulloch

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MessageSujet: Re: Fragment d'espoir au coin d'une vitre crasseuse | LACHLAN Fragment d'espoir au coin d'une vitre crasseuse | LACHLAN  129196351Lun 20 Sep 2021 - 20:31

Déjà en temps normal, Lachlan n’était pas trop du genre à cogiter. Alors là, avec son cerveau encore plus au point mort que d’habitude, aucune idée de ce que lui voulait Vacaresco. Il aurait pu essayer de chercher, aller même à un raccourci stupide en pensant que ça avait à voir avec les gens qui les avaient embringués dans un truc qui les dépassait. Mais même pas. Coquille vide, plus que jamais, Lachlan attendait. Son verre, la réponse, ou juste que le temps passe en fait. Et quand la voix du médicomage lui confirma qu’il allait aller à l’essentiel, il n’eut d’ailleurs aucune réaction. Ok, soit. Par contre, quand il lui proposa son aide, ses yeux se posèrent un quart de seconde sur lui, surpris, avant de fuir. L’aider ? Mais pourquoi faire ? Et à faire quoi ? Lachlan n’aimait pas trop qu’on lui propose ce genre de trucs là, parce que la dernière fois que c’était arrivé, c’était justement de la part des mecs en capuche et en fait d’aide, ça avait surtout été un gros traquenard. La seule vraie main tendue qu’il avait eue, elle était enterrée il ne savait même pas où. Est-ce qu’il avait été enterré au moins ? Aucune idée.

Les mots manquaient, alors il ne dit rien. Fixant en silence les noeuds dans la table, tout ce que l’écossais parvint à faire, ce fut écouter la suite. Les choses commençaient un peu à se préciser, même s’il ne voyait carrément pas où il venait en venir. Juste, ses muscles se tendirent quand il évoqua le passé, parce que non. C’était un truc dont il ne parlait jamais, c’était comme ça. La dernière fois, ça les avait mené à une impasse, nan ? Un accident, ça, pour sûr. Ca n'allait plus depuis, ah ça… Quel putain d’euphémisme. L’ancienne gloire eut un soupir sarcastique en entendant ça, comme si les mots n’allaient pas avec ce qu’il ressentait. C’était le cas. Il faillit couper salement court, balayer les choses en une phrase assassine et partir, mais le serveur lui apporta sa boisson et, après tout, on ne gâchait pas. Lachlan but quasi d’une traite, comme pour faire passer le goût de cette sale conversation alors que Razvan essuyait la table minutieusement, comme si ça avait de l’importance. Plus rien n’en avait de toute façon. Machinalement, il tira sur ses manches pour qu’on ne voit rien mais ça se voyait quand même. L’alcool n’anesthésia pas la sensation désagréable qui le traversait, et la suite ne l’aida pas à se sentir mieux.

Non mais, de quoi il se mêlait exactement ? Il l’avait dit, il n’en savait rien, alors pourquoi il disait ça ? Les gens à Sainte-Mangouste lui avaient sauvé la vie. Peut-être qu’ils n’auraient pas du d’ailleurs, mais ils l’avaient fait. Et puis même après, quand il était interné… Les gens avaient essayé. Pas leur faute s’il était un cas désespéré. « C’est pas vrai. » commença-t-il d’une voix sèche et inflexible alors que son regard se promenait sur la vitre sale. « Ils ont aidé. Ils ont fait d’leur mieux, c’était juste trop cassé pour être… » Réparé. Lachlan parlait toujours de son cerveau abîmé comme d’un objet mécanique dont les rouages s’étaient rouillés avec le temps. Un espèce de moteur où il manquait des pièces. Et même le meilleur des mécanos n’avaient pas su trouver des truc pour remplacer, c’était comme ça. Mais jamais il n’aurait critiqué Sainte-Mangouste, jamais. Pas pour rien qu’il donnait tous les mois de l’argent pour qu’ils puissent continuer à faire ça. À soigner les athlètes comme lui avant, leur donner une chance. « Ca fait 15 ans t’façon. » Dans un mois et demi du moins, ça serait le triste anniversaire. « Et c’est pas les coups que j’me suis pris dans la gueule qui ont du arranger ce bordel. » Las, il avala le fond de son verre avant de le faire claquer sur la table, son regard trouvant finalement celui si sombre de Razvan. « Alors merci doc pour la pitié, mais j’en veux pas. » Et même si c’était de la gentillesse en fait, c’était pire. Parce qu’il ne la méritait pas. Il ne méritait plus qu’on essaye. Juste qu’on l’achève, comme on faisait avec les bêtes enragées. Comme quelqu'un aurait dû le faire il y avait de ça des années.
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MessageSujet: Re: Fragment d'espoir au coin d'une vitre crasseuse | LACHLAN Fragment d'espoir au coin d'une vitre crasseuse | LACHLAN  129196351Dim 17 Oct 2021 - 16:04

Razvan voulait aller droit au but pour éviter que cette pénible conversation ne dure trop longtemps. Lachlan et lui avaient une relation que l'on ne pouvait pas qualifier d'aimable et ce n'était pas fondamentalement étonnant. Les mangemorts n'avaient pas, entre eux, de relations normales. C'eut été particulièrement glauque après-tout qu'ils en aient. Quoique pour les sang-purs, l'idée derrière tout cela était tout de même de marier leurs enfants entre eux et de les faire se reproduire ainsi pour perpétuer des lignées pures. Quoi de plus cynique qu'une telle vision de la vie, de l'amour et des relations avec les autres ? Pour les laquais que Lachlan et Razvan étaient, c'était encore différent. Les sévices physiques comme psychologiques, ils les subissaient tous les deux, malgré eux. Quoique pour l'ancien joueur de Quidditch, c'était sans doute bien différent. Les choses avaient mal évoluées, il s'était mal remis. Les séquelles étaient quelque chose qu'il fallait accepter, c'était ce qu'on lui avait dit lors de son premier cours de médicomagie. Mais voilà, il n'en avait jamais été capable, pour la bonne et simple raison que le roumain était un homme qui avait besoin d'aider les autres, de leur tendre la main, de les soigner. Quoiqu'ils aient. Qui qu'ils fussent. Le conduisant nécessairement à des choix de vie douteux et d'ailleurs, n'était-ce pas un choix tout aussi douteux, là ? Razvan proposait son aide à un homme qui n'en voudrait sûrement pas. Et probablement que cela ne le vexerait même pas. Cela allègerait sans doute seulement le fardeau de sa culpabilité de ne pas l'aider. Les yeux bleus de l'écossais se tournèrent vers la vitre alors qu'il répondait avec un ton si sec qu'il aurait pu réchauffer par son simple souffle, le café qu'il avait entre ses doigts. Malgré tout, l'homme ne répondit rien et le laissa finir. Quinze années, c'était beaucoup pour un cas médical. Beaucoup et plus le temps passait, plus c'était difficilement récupérable. Razvan se fit la réflexion qu'il aurait dû, pour une fois, lire un des magazines de Sorcière Hebdo de Neolina...

Cela dit, le mot "pitié" le fit tiquer. Presque s'il aurait pu s'en offusquer, d'ailleurs. Il avait une fierté de slave, Razvan. C'était comme cela. Pour autant, il n'eut pas d'autre réaction que de porter sa tasse à ses lèvres. « Ce n'est pas de la pitié, Lachlan » répondit-il finalement d'un ton calme, « ce n'est jamais de la pitié quand on est médicomage ». C'était à la fois particulièrement vrai et particulièrement faux. Razvan était peut-être l'un des rares avoir souvent de la peine, voire de la pitié pour les gens qu'il soignait. C'était parce qu'il ne voulait plus la ressentir qu'il exerçait aussi un tel métier. Le besoin d'aider les autres pour que les choses aillent mieux était une vocation à la fois merveilleuse mais également un poison particulièrement infernal pour lui. « Je suis simplement de ceux qui pensent qu'on peut tout soigner si on s'en donne les moyens. Et si on se donne du temps pour chercher la réponse ». Belle phrase de scientifique et de chercheur, à n'en point douter. Il avait toujours apprécié la recherche bien qu'il préférait la pratique tout de même. Le roumain eut envie de lui dire que s'il ne voulait pas aller mieux, alors, effectivement, il ne pouvait rien faire pour lui. Et il hésitait entre lui dire cela ou prendre davantage de pincettes. « Je te propose mon aide, tu peux dire non. Je ne peux pas m'engager à trouver une solution mais en rechercher une, c'est mieux que rien, non ? ». La question valait-elle réellement la peine d'être posée ? Pour lui, bien entendu que la réponse était oui. C'était mieux que rien de chercher une solution plutôt que se laisser vivre avec quelque chose qui nous pourrissait l'existence comme le crabe chez les moldus. Mais peut-être aussi était-il trop tard pour que Lachlan envisage seulement l'idée d'avancer, car après avoir passé tant d'années à en souffrir, comment espérer aller mieux ?


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MessageSujet: Re: Fragment d'espoir au coin d'une vitre crasseuse | LACHLAN Fragment d'espoir au coin d'une vitre crasseuse | LACHLAN  129196351Lun 6 Déc 2021 - 23:49

Lachlan n’aimait pas trop ça, qu’on prononce son prénom. Déjà, parce que personne ne le prononçait bien, jamais, et ça l’avait longtemps énervé. Insulte à ses origines écossaises, tout ça. Mais la fierté, ça faisait un moment qu’il n’en avait plus en stock, alors l’accent slave de Razvan qui écorcha son nom ne lui vrilla même pas les nerfs. C’était plutôt ce que ça sous-entendait. Ce que ça réveillait, aussi, l’impression d’être un humain alors qu’il se sentait mort à l’intérieur. Ca le frappa tout à coup. Ca faisait bien un mois ou plus que personne ne l’avait appelé. C’était ça, d’être un fantôme. Et puis aussi, le prénom, c’était souvent là pour rappeler à l’ordre, ou en donner un. C’était ce qu’on utilisait pour s’adresser à quelqu’un qu’on prenait pour un demeuré. Alors oui, il n’avait pas inventé la poudre de cheminette, oui, il était aussi bas de plafond que ce qu’on disait un peu des sportifs quand on était pas futé non plus. Mais Lachlan n’aimait pas ça, qu’on le lui révèle si subitement. Alors oui, le médicomage était gentil, tout mielleux et même pédagogue quand on écoutait bien, à essayer de lui apprendre son métier qui avait un sens alors que lui-même trouvait que la vie n’en avait pas. Plus. Mais à quoi bon, en vrai ? Pitié ou pas, l’aider était une putain de mauvaise idée. L’écossais lâcha un soupir lourd, comme fatigué par la conversation alors que c’était juste la vie qui l’usait. Les minutes qui s’égrenaient inutilement, à prolonger tout ça alors qu’il aurait fallu que ça s’arrête. Mais dire ça à un homme dont la vocation était de soigner… Non, même Lachlan savait bien que c’était inutile de se battre, avec des mots pour une fois.

Et même Lachlan sentait bien l’ironie de la situation. Vacaresco, le grand sauveur, pourtant si violent en dedans, si froid qu’il pouvait arracher une vie en un éclair, sans broncher. Vacaresco, le grand hypocrite. S’il avait eu le courage, sûrement qu’il lui aurait lâché une tirade désabusée pour lui dire ce qu’il savait déjà, mais pour quoi faire ? Alors il écouta, distraitement, alors que ses pensées se perdaient dans un recoin où il faisait juste sombre. Des idées noires, simplement ça, l’envie d’en finir et surtout, l’impression d’être prisonnier à chaque foutue minute. Tu veux m’aider ? Bute-moi. C’était ce qu’il aurait aimé dire. Mais on ne disait pas ça. On ne demandait pas à un mec, dans un bar, de vous assassiner. On ne demandait pas à un médecin de trahir son serment, hein ? La blague, sérieux. Vacaresco était aussi médecin que lui était enfant de choeur. Sauver des vies, ça servait à quoi quand on surpeuplait le paradis et l’enfer en même temps ?

Les arguments étaient recevables pourtant, pour un esprit sain. Un esprit qui aurait encore eu une once d’espoir. Mais fini ça, terminé. Ca faisait longtemps que ce truc là était mort chez Lachlan, à défaut du corps et du reste. « Du temps… » répéta-t-il juste en écho un peu macabre, comme si c’était la solution à tout. Depuis le temps, franchement, qu’est-ce qu’il aurait pu faire d’autre qu’abandonner, hein ? Et puis sa question finale, qui impliquait une seule réponse, une seule mais après tout… Attendre d’un chien enragé qu’il vous bouffe dans la main, c’était n’avoir plus grand chose à foutre de ses doigts. Mais au moins cela lui avait-il donné envie de répondre, ce qui était déjà une grosse victoire quand on savait depuis combien de temps il n’avait pas ouvert le bec pour autre chose que pour picoler. « S’tu veux t’racheter une conscience, je suis pas la bonne âme, Razvan. » Le coup du prénom, il savait faire aussi. « Y’a plus rien à sauver chez moi. Que dalle. Alors même si tes petites recherches trouvaient le miracle, t’arrives 15 ans trop tard. » Et 15 ans, c’était long. Une éternité quand on avait fait autant de mauvais choix. Pris autant de vies, aussi. « Trouve juste un putain de retourneur de temps, et tu vois, j’te demande même pas de revenir au jour où ce cognard m’a déglingué la tête. » Même pas, c’était dire si plus rien ne comptait. C’était sûrement ce qu’il méritait. C’était comme ça qu’il pensait maintenant, Lachlan. « Va juste voir ton collègue pas doué qu’a jugé que j’étais apte à revenir en société. Va lui dire ce que je vais y foutre, dans la société. Et là, t’aurais solutionné le problème. » Verre vide, merde. Geste esquissé, prêt à recommander et puis, Lachlan se ravisa. Pourquoi faire ? Pas comme si la conversation pouvait avoir une suite à ça, pas vrai ?
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