Athos et Shannon avaient sauté sur le dernier portoloin mit à disposition par le Ministère, c'est à dire qu'ils ne savaient même pas vraiment la destination. Shannon n'ayant plus sa baguette depuis qu'elle lui avait été confisquée par le Ministère, il vivait en parfait moldu, malgré lui, bien qu'il s'en fichait en réalité, d'avoir ou non sa baguette. Juste que s'il s'attirait des ennuies avec Athos ce soir, son camarade ne pourrait compter que sur sa propre ingéniosité. Foutue enquête ministérielle. Aux alentours de vingt-une heures heure anglaise, ils s'étaient donc retrouvés au port d'Amsterdam. Il leur avait fallu grosso modo un quart d'heure pour trouver un premier pub. Une heure plus tard, ils en avaient trouvé un deuxième après avoir abusé du premier. Et ainsi de suite, jusqu'à vingt-trois heures trente. « Plus qu'une demi-heeeeeeeure » chantonna Shannon qui était déjà bien imbibé en attrapant son meilleur ami par l'épaule pour le secouer comme un prunier. C'est que, tous les deux, n'avaient plus réellement partagé de moment et de soirée pareille depuis cet été. Car leur accrochage avait laissé des marques invisibles mais pourtant tellement présentes dans leurs esprits. Le trentenaire avait l'impression que leur amitié était sur la corde raide et manquait de tomber dans le vide. Le regard brun de Shannon s'égara un temps sur les traits de son ami plus jeune que lui. Vague pensée logique d'un homme qui commence à dériver dans les affres de l'alcool. « J'sais pas comment on fête le nouvel an ici » fit-il en se retournant vers l'entrée du pub pour boire sa pinte comme s'il était un gosse qui tenait son biberon, « et j'parle pas leur langue barbare moi alors faut faire at'ention à c'qu'on dit ». Pas de bagarre, pas d'insultes, pitié, il n'avait même pas sa baguette. Commencer l'année 1979 sans sa baguette était déjà de mauvaise augure, mais en plus s'il avait un coquard, ce serait le pompon sur la Garonne.

Le 31 décembre. Enfin. Athos attendait ce jour depuis une bonne semaine maintenant, voire plus. Depuis qu’il avait convenu avec Shannon que leur tradition annuelle était maintenue. Car oui, Athos était désormais homme à attendre des choses, lui qui si longtemps s’était laissé porter par le vent, et n’attendait plus rien de la vie vu les horribles surprises qu’elle lui réservait en général. Mais justement. Dans sa vie qui commençait à se ranger, à son presque désarroi, le jeune anglais avait un besoin pressant, vital presque, de retrouver ne serait-ce qu’une soirée la spontanéité de son jeune lui. Ca ne remontait à pas si longtemps d’ailleurs, mais Athos avait cette terrible impression qu’il avait pris une dizaine d’année en une seule. Qu’allait lui réserver la prochaine ? Peu importait.

Peu importait car ce soir, Athos avait l’intention de ne penser à rien. Mais déjà, le portoloin du Ministère avait failli anéantir toute sa bonne volonté. Déjà, il avait fait la gueule en voyant que le moyen de transport était officiel, lui qui n’aimait pas tant ça. Mais vu ses récentes implications dans l’affaire de l’Ombre - sujet qui faisait typiquement partie de ceux à oublier cette nuit - il n’était clairement plus à ça près. Et puis, l’atterrissage. Il fallut bien moins d’une demie-seconde à Athos, pourtant loin d’être élu polyglotte de l’année, pour reconnaître le langage si particulier de sa moitié et de son fils. Les hasards de la vie, décidément. Cela dit, malgré le fait qu’il avait passé du temps dans le pays et qu’il vivait avec une natale, Athos maîtrisait en tout et pour tout 3 expressions maximum dans la langue des tulipes. « Et merde… Buvons. » fut la première phrase - anglaise, évidemment - qu’il prononça donc en terre néerlandais ce soir-là. Boire pour oublier. Boire pour célébrer. Boire pour renouer, aussi.

Une heure et demie plus tard donc, les deux meilleurs amis du monde - du moins, c’est ce qu’un oeil extérieur aurait pu penser - s’étaient enfilés quelques pintes, et avaient retrouvé une complicité qui s’était comme égarée dans l’année, et sûrement celles d’avant. Athos écoutait les histoires de Shannon en y allant de ses commentaires, et ses ricanements devenaient doucement de plus en plus idiots. Lui aussi ressassait des histoires de malfrats, des trucs improbables qu’il avait dû résoudre, parce que le secret professionnel n’était pas un pré-requis quand on était avec son meilleur ami, et qu’en plus, on avait aucun contrat avec les gens dont on se moquait. Enfin, il semblait qu’Athos avait l’alcool un peu joyeux.

Sa politesse n’ayant pas encore déserté le navire, sa main rejoignit ses lèvres qui retinrent un renvoi certain quand son irlandais de pote le secoua comme un dingue, après qu’il ait bu une longue, longue gorgée de bière. Mauvaise idée, mais bon. Les mots de Shannon le firent rire, car il était vrai que cette langue était l’antithèse de l’élégance. Quand il écoutait Magda et Tobias parler, il avait parfois l’impression qu'ils communiquaient avec des bruits plus que des mots. « Ils grognent plus qu’ils n’causent. » répondit Athos, qui commençait déjà à dévorer des bouts de mots, mais restait tout de même attentif à mettre une négation, bravo. « Et pour le nouvel an, c’est pétards et compagnie ici. L’enfer de l’acouphène, hermano. » Il avait fêté un passage d’année ici, il ne se souvenait plus laquelle et franchement, il s’en foutait. « Et le lendemain, ils se jettent à la flotte. » La ville étant au bord des canaux, c’était dire si ça serait n’importe quoi dans quelques heures. « T’imagines comment la Hollande et moi, on est fait pour s’entendre ! » dit-il inconsciemment en allumant une clope tout en parlant, dans un espèce d’aveu étrange. Il parlait du plongeon et des grandes eaux là, hein. Pas de mauvaise interprétation…

Attrapant Shannon par les épaules, il le tourna en direction de la grande vitrine qui donnait sur une boutique en face. « Par contre, on va pas par là, j’te préviens. Je me fais pas le bras droit pour l’amour de la symétrie. » Effectivement, à Amsterdam, le 31, on trouvait visiblement des tatoueurs ouverts. Plus tellement rancunier sur la question, l’ancien aristocrate éclata d’un rire qui n’était pas tellement le reflet de son éducation, et replongea son nez dans sa bière. Merlin bénisse le houblon…

Aller aux Pays-Bas. Aller au Pays-Bas pour fêter le 31 décembre.

Aller. Aux. Pays-Bas.

La pensée tournoyait dans le cerveau de Shannon qui commençait lentement à s'imbiber sérieusement. Le pays des tulipes n'était pas nécessairement celui qui intéressait le plus le jeune homme, lui qui était davantage porté sur les pays des gens au sang plus chaud. Shannon s'emmerdait profondément en Europe. Mais faire traverser la moitié du monde à Athos pour passer le jour de l'an, même lui n'aurait pas osé. C'est dire. Le menton appuyé sur sa main, il suivait les paroles de son meilleur ami comme un étudiant de fac qui adore - voire aime d'amour - son prof qui lui déblatère quelque chose qui ne veut rien dire. On aurait pu peindre "love" sur le front de Shannon que c'eut été pareil et correct vis-à-vis de ce que son expression laissait entendre. « T'es sérieux y s'jettent dans l'eau ? » demanda-t-il d'un air un peu flou. En fait, contrairement à son acolyte, l'idée lui parlait bien. C'était complètement stupide de se jeter à l'eau alors qu'elle devait faire zéro degrés. Mais dès qu'il y avait une idée débile à faire, Shannon sautait sur l'occasion pour vivre quelque chose de nouveau. Alors la dernière phrase d'Athos sur la Hollande fit tourner les rouages de l'esprit de Shannon qui reprit une gorgée pour alimenter tout ça. « Et tu sors avec une néerlandaise. Y'a rien qui va » se désola-t-il ouvertement de la situation de son ami, comme s'il la subissait alors que non, il ne la subissait pas. Il tenta de reprendre une gorgée mais se rendit compte que c'était vide et soupira. Il était beaucoup moins excité que leur dernière cuite de l'été - sans doute parce qu'il était encore moins imbibé. « J'ai envie d'un beer-p... » - mais Athos lui désigna une boutique en face et Shannon loucha un peu pour lire ce qui était écrit sur la devanture. "Tattoo artiest" tattoo artiest tatto artiest tatto... L'irlandais réalisa qu'il était en train de répéter à voix haute comme un neuneu ce qu'il venait de lire. « T'es quand même content d'avoir ton coeur sur le biceps, le nie pas » asséna-t-il en bombant ridiculement le torse. Hé, y'avait son nom sur son bras ou pas ? Shannon essaya péniblement de se lever en posant l'argent sur le comptoir. Il fit un au revoir au barman d'un air théâtral. « Allez, c'plein de surprises les Néerlandaises non ? » fit-il en attrapant le poignet d'Athos pour l'entraîner derrière lui sans vérifier s'il avait ou non fini sa bière.
Une fois dehors, il inspira un bon gros bol d'air frais. « Quelle vie, on est libres ! » - et cela voulait dire beaucoup pour un homme dont la baguette avait été confisquée par les Aurors quand même, « autant en profiter, des fois que ces abrutis m'envoient en taule... ».

La Hollande était accueillante, comme elle l’avait été autrefois. Ca braillait, l’alcool coulait à flot, et les vapeurs environnantes n’étaient pas seulement imbibées de nicotine. C’était le bonheur, du moins, ça y ressemblait. En tout cas, Shannon affichait un air d’imbécile heureux, peut-être que c’était un peu ce qu’il était sur le moment et tant mieux. Athos déblatérait donc ses souvenirs de festivités néerlandaises, et dès qu’il eut prononcé sa phrase, il sut que c’était une grossière erreur. Forcément qu’un Gryffondor aussi casse-cou que Shannon trouvait l’idée de se lancer dans un cours d’eau glacée fun. Il y avait une étincelle qu’il connaissait bien dans son regard, et ça n’augurait rien de bon. « Hep hep, j’connais ce regard. C’est mort ! » lâcha-t’il d’un air qui se voulait sérieux, mais pas tant que ça. La phrase suivante, en revanche, le fit un peu grincer des dents. Y’a rien qui va… Hum. Shannon ne savait clairement pas de quoi il parlait, ni à quel point pareil sujet n’était pas à aborder ce soir. Athos voulait que son couple marche, et il s’était déjà épanché sur la question à son pote roumain alors pas de psychologie de comptoir avec un type aussi incapable de tenir une relation que son frère de coeur. Donc, pas de réponse. Laisser couler, ça valait mieux.

C’était aussi profondément débile d’attirer l’attention de Shannon sur un truc qu’il ne voulait pas faire. Les tatouages, merci, mais ils avaient donné. L’éphémère de mauvais goût, et le permanent, presque pire. L’irlandais lisait la devanture à voix haute, et Athos se foutait de lui assez ouvertement, qu’on se le dise, en soufflant la fumée de sa clope par saccade à cause de son rire d’idiot. « C’est bien, t’sais encore lire… » Et dire n’importe quoi, visiblement. Content n’était pas le mot qu’il aurait employé face à la contemplation de son inscription sur le biceps. D’instinct, il porta sa main sur sa manche, manquant de cramer le tissu avec son mégot pas encore éteint. « Que j’ai ton nom, passe encore. » Non, vraiment pas, mais bon… « Mais que ça r’ssemble à celui d’une meuf, sérieux… Genre moi, Athos Greyson, me faire tatouer le nom d’une meuf ? C’est quoi ça ? » La seule qui aurait mérité d’y apparaître ne serait jamais inscrite de façon indélébile que dans son coeur, et non pas de façon débile sur sa peau.

Déjà, Shannon l’entraînait dehors à la recherche des… néerlandaises ? Eh bien, Athos avait ce qu’il fallait à la maison, mais pour une fois que son pote était d’humeur à partir en chasse, il pouvait jouer les wingman. Athos lui suivit donc avec sa pinte en main, sans réaliser qu’il était en train de commettre un vol mais après tout, ça ne serait pas son premier. De sa vie, ni même de sa soirée. Tandis que Shannon déclamait une ode à la liberté, suivi d’une phrase déprimante, l’anglais avait balancé sa clope dans le canal en bon pollueur qu’il était et terminé son verre désormais encombrant qu’il avait posé sur un rebord de vitrine. « Dis pas de conneries. » Shannon n’irait pas en taule. C’était impensable. Quitte à devoir fuir avec lui, Athos lui sauverait les miches si jamais il y avait erreur judiciaire. Mais il n’était pas encore assez saoul pour pareille confession. « Prends plutôt une bouffée de liberté va ! » De sa poche, Athos extirpa l’objet de son larcin. Ses mains baladeuses avaient trouvé une poche emplie de trésors made in Amsterdam. Ca faisait un paquet de temps qu’il se tenait éloigné de la drogue, alors qu’il n’en avait même jamais abusé mais, eh… « Si on s’défonce pas à Amsterdam, on insulte le pays entier, nan ? » Allumant le joint déjà roulé - si ça n’était pas merveilleux, franchement - il en tira une longue taffe avant de recracher une fumée argentée qui scintillait. Ça n’était pas du péteuforik ça. C’était carrément mieux. Et alors qu’il tendait à Shannon le joint qui brillait dans le noir comme un feu d’artifice ou presque, une autre lumière attira son regard sur la droite. Une lumière autrement plus rouge. Son sourire, mi-imbécile, mi-narquois, dévoilait toutes ses intentions. « Tu voulais voir d’la néerlandaise, hein ? » Déjà, il entraînait son meilleur ami par le bras, à l’entrée du fameux quartier rouge du Dam sorcier. Voilà qui promettait…

Shannon avait de quoi noyer son chagrin dans l'alcool ce soir. Dégarni de sa baguette magique, il était à la merci des envies d'Athos (ses envies amicales, précisons-le) pour toute la soirée qui allait passer. Et il commençait à être un peu imbibé, mais rien de comparable avec la soirée qu'ils avaient passé ensemble cet été. C'était sans doute mieux pour eux qu'ils sortent tous les deux de toute manière. Dans un bar ils risquaient de boire et la dernière fois qu'ils s'étaient enivrés... Leurs biceps s'en rappelaient, merci bien ! La petite phrase d'Athos sur le prénom d'une meuf le vexa comme un pou. C'est que Shannon, c'était quand même un prénom mixte et beaucoup de monde pensait d'abord avoir à faire à une fille et non pas à un homme. Ils déchantaient souvent lorsqu'en plus, ils réalisaient l'énergumène qu'il était. Alors bref, il haussa les épaules. Déclamer son amour pour la liberté, lui qui la chérissait tant, c'était quand même bien mieux. Shannon avait le nez levé vers le ciel clair de ce mois de décembre, en respirant de grandes bouffées d'air comme s'il était un asthmatique qui s'étouffait. Athos allait pourtant lui donner l'occasion d'avoir du mal à respirer. L'irlandais fit une tête d'abruti, avec un "O" parfaitement formé avec sa bouche. « C'est de la poussière de dragon ? » demanda-t-il, les yeux brillants. Parce que la fumée argentée, c'était carrément pas du péteuforik. Les drogues sorcières, Shannon y touchait bien peu. Pourtant, il prit sans hésiter le joint pour en tirer une taffe et la déguster en plus de ça. Une explosion de couleurs made in magic dans la rétine, alors qu'Athos attirait son attention sur d'autres lumières, bien réelles celles-ci. « Euhm... Oué mais pas des néerlandaises gobelines, tu saisis ? » fit-il parce que ça, ça, c'était le quartier rouge sorcier, pas le quartier rouge moldu. Entraîné par son meilleur ami, il n'essaya même pas de se défaire de son emprise, alors qu'il lui remettait le joint entre les lèvres. Ça aurait pu être sexy mais c'étaient Athos et Shannon. Pourtant, un couple d'hommes non loin d'eux les siffla. « T'fais même de l'effet aux mecs » affirma-t-il sans se compter dans le lot, avec un petit sourire gêné. Ouais, La confiance en lui, c'était pas top.

PAIR | « AH MAIS C'EST QUOI CA  ?! » - il fallait dire qu'ils passaient tous les deux devant la vitrine d'une gobeline dansante mais la drogue qu'ils avaient ingérée avait dû être en plus boostée parce que Shannon était littéralement en train d'halluciner. La gobeline en tenue sexy chevauchait un dragon aux écailles d'or qui crachait des paillettes, c'était incroyable. « Tu vois c'que je vois ? » lui demanda-t-il en collant son nez devant la vitre. « Un dragon d'or... ».

IMPAIR | Ils s'avancèrent tous les deux dans la rue, et deux sorcières leur firent signe, à l'entrée d'une maison... Close ? « J'sais pas si c'est une bonne idée tout ça. Y'a une atmosphère bizarre, non ? ». Ah bah tiens, la timidité de Shannon faisait redescendre fois mille son esprit déchanté par la drogue.

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'Le dé ' : 5

Poussière de dragon, larme de fées, étincelles de bonheur… Peu importait le nom de cette drogue, cette petite poudre faisait un sacré effet ! Sans compter qu’Athos était déjà sérieusement imbibé, quasi à jeun, et plus habitué à prendre de drogue depuis des années, le joint contenait une substance bien au-delà des effets du péteuforik récréatif de sa jeunesse - dixit un vieux con, non ? « C’toi le dragon. » fut tout ce qu’il trouva à répondre d’ailleurs alors qu’il commençait déjà voir des trucs qui n’existaient pas, à savoir des pétarades scintillantes à l’image de celles qui illumineraient bientôt le ciel. C’était terriblement beau, et terriblement faux aussi, quelque chose en lui le savait d’ailleurs. Pourtant, il gardait cet espèce d’air abruti, comme un gosse devant la vitrine de chez Zonko. Mais les lumières fictives firent vite place à une bien réelle, une bien rouge… Une bien dangereuse. Vers laquelle, évidemment, il se dirigea sans se demander si c’était une bonne idée parce que, devinez quoi, ça ne l’était pas. Mais hé, cette soirée, il avait décidé de ne pas penser, et visiblement, c’était bien parti pour faire du grand et beau n’importe quoi.

Shannon lui rendit le joint et Athos ne prit même pas la peine de le tenir entre ses doigts avant d’en tirer une nouvelle latte. Quand on savait l’effet que lui avait fait la première, était-ce une bonne idée ? NON. Pas plus que d’entraîner Shannon vers un quartier où trainaient des filles de joie, voire, à sa grande crainte, des gobelines de joie. « Mais nooooon, t’inquiète ! » Ca, c’était un non qui trainait bien trop, et un élément de rassurance qui l’était bien peu. Dans les quartiers rouges sorciers, on trouvait de tout. De tout, oui. De sa vie mal famée, Athos avait vu des choses qui ne s’effaceraient jamais de sa rétine. Ni de sa mémoire. Mais bon, ils étaient à Dam, ils avaient fumé, bu, ils étaient à deux, qu’est-ce qui pourrait mal se passer ? Tout ? Oui, certes. D’ailleurs, parlant de ça, les deux vieux potes se firent siffler comme des filles peu habillées, et Athos coula un regard en direction du type qui en était à l’origine, haussant un sourcil mi-interrogateur, mi… flatté ? Flatté, oui, un peu. La phrase de Shannon le fit se marrer, donc, imaginez. « Oh t’sais, homme, femme… Si ça peut leur faire plaisir de mater, hein. » Lui-même, malgré toute sa meilleure volonté d’homme maqué et fidèle ne gênait pas pour laisser traîner ses yeux, alors hein. Et Athos étant Athos, savoir qu’il faisait de l’effet gonflait son ego de façon indécente. Alors il n’allait pas se plaindre, évidemment.

Après une autre taffe qui lui fit tourner la tête encore plus que s’il était sur un balai, Athos s’agrippa à l’épaule de son meilleur ami dans une proximité certaine, lui chuchotant à l’oreille : « C’est toi qu’est bizarre… » Oh, ça aurait pu être pire. Il aurait pu lui dire que c’était lui l’atmosphère. Mais effectivement, malgré sa défonce, Athos sentait bien que le truc puait le traquenard à plein nez. Sauf que bon, l’ancien Serpentard fréquentait les bordels depuis sa sortie de Poudlard - en tout bien tout honneur, en plus ! - alors il en avait vu, des trucs moches et sales. C’est qu’il était immunisé, du moins, c’était ce qu’il croyait. Bon, il allait falloir se décider.

PAIR - N’écoutant que son courage - et sa stupidité - Athos attrapa Shannon par la main et l’entraîna dans la maison close. Les deux sorcières laissèrent leur doigt glisser sur eux avec une lenteur certaine, et Athos eut un sourire en coin parce que la sienne n’était pas affreuse, voire même mignonne. Putain, il risquait la mort si Magda découvrait que… Découvrait quoi ? Elle n’était pas là, et puis… déjà qu’il ne s’allongeait pas sur les lits des bordels de Londres, ça n’était pas pour le faire à Amsterdam ! Mais en tout cas, l’instinct de Shannon était le bon : le lieu était clairement malsain, et ça grouillait de filles pas super charmantes, qui parlaient forts, en néerlandais, et portaient des tenues à paillettes défraîchies d’une tristesse désarmante. Athos tira une troisième latte, qui lui fit paraître le monde plus beau. « Prends ça mon pote, t’en auras besoin. » dit-il en tendant le joint à Shannon, avant de commander deux shots de whisky qui leur furent servis dans des verres qui semblaient n’avoir pas été lavés depuis la chute de Grindelwald. « Bon bah… Proost ! » Oui, savoir trinquer en néerlandais était l’une de ces fameuses 3 expressions qu’il connaissait.

IMPAIR - Miracle made in Dam, deux jolies dames justement - vraiment jolies, ou était-ce la drogue ? - leur firent signe depuis l’étage supérieure, baragouinant un truc en néerlandais que ni l’un ni l’autre ne purent comprendre. Mais le langage non-verbal étant ce qu’il était, leurs intentions étaient bien claires, et le son qui provenaient de l’endroit ne laissait aucun doute sur le fait que là-haut les attendaient une soirée. La porte s’ouvrit, et Athos s’y engouffra avec Shannon sans réfléchir - à quoi bon ? « Sacré quartier, hein ? » lâcha-t’il à son compagnon de soirée en montant les escaliers jusqu’à franchir la porte d’où provenait la musique. Il y avait foule à l’intérieur, tellement foule qu’ils ne retrouvèrent pas les deux belles créatures. Mais il y en avait d’autres, ah ça oui. La poussière de dragon rendait Athos euphorique, la musique était bonne, et l’alcool semblait couler à flot. « Tu voulais voir de la néerlandaise ? » hurla-t’il à Shannon pour couvrir le bruit assourdissant. « Je pense qu’on ne peut pas faire plus local que ça ! » Sur sa gauche, ce voleur d’Athos trouva deux verres contenant un liquide bien vert. De l’absinthe, oui oui. Quitte à se retourner la tête, autant faire ça bien. « Proost hermano ! » lâcha-t’il dans un bilinguisme qui ne lui ressemblait pas, avant de s’enchaîner un cul sec bien peu raisonnable. « Bon alors, laquelle ? » demanda-t’il sans une once de subtilité, agrippé au cou de Shannon. Oh, après tout, peu importait le tact : personne ici ne les comprenait, pas vrai ?

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'Le dé ' : 2

« Me dis pas que t'as déjà eu une relation avec une gobeline » - et Shannon ne faisait bien entendu pas référence du tout à une relation amicale mais bien à une relation sexu-erk. Rien que d'y penser, il blanchissait tellement qu'il aurait pu passer pour un pur jus anglais. De toute façon, l'irlandais avait la vague impression que ça irait de mal en pis. Ils étaient dans le pire quartier sorcier d'Amsterdam. Qui n'était pas si désert que ça, comme si c'était étonnant... Après tout, quoi de mieux que de s'envoyer en l'air dans une maison close pour bien commencer l'année, hein ? Mmh ? Même lui n'y croyait pas, au fond. Pourquoi avait-il accepté les Pays-Bas... C'était tellement la débauche qu'ils se firent siffler comme des nanas. Shannon envoya un regard à son compère, en s'attendant sans doute à ce qu'il s'outre un peu de la situation mais Athos était dans son élément, ce monstre d'ego. « Ouais bah, à voir qu'ils nous proposent pas un truc » bougonna l'arbitre de Quidditch qui se demanda même si son ami de galères n'oserait pas accepter si indécente proposition...
Fort heureusement, ou fort malheureusement, ils se firent un peu héler pour entrer dans un bordel. Et le britannique qui en rajoutait une couche, mais vraiment... Shannon n'eut pas le temps de dire Quidditch que son meilleur ami l'entraînait déjà à sa suite, pour foncer dans la gueule du loup : « Mais ... Euh... Questufé ? » s'exclama le jeune homme sans pourtant rien faire pour lui faire lâcher prise. Ça sentait la mouise. La grosse, grosse mouise. Il en fut totalement convaincu lorsque les deux sorcières se mirent à laisser courir leurs doigts voraces sur eux. « T'crois qu'elles aiment le caramel ? » demanda-t-il stupidement. C'est qu'Athos et lui avaient un vieux running gag à base de caramel et porcelaine. Il ne se fit pas prier d'ailleurs quand il lui tendit le joint et tira probablement la plus grosse latte du monde.


1.2.3 | Toujours faire appel au sacro-saint joint pour s'en sortir. La latte qu'il prit était tellement énorme que le monde de la maison close changea d'un coup du tout au tout. Aux murs défraichis et vilaines femmes du lieu succédaient maintenant un endroit propre avec des prostituées magnifiques. Les yeux de Shannon s'écarquillèrent parce que pour sûr, il n'avait jamais vu de lieu pareil avant ça. D'un geste purement manuel, il enfila son whisky et murmura : « C'est magnifique... ». On aurait même dit qu'il venait de boire de l'eau, c'est dire. L'une des filles vînt même s'asseoir sur ses genoux sans qu'il ne bégaie, les yeux complètement lumineux. « Elles sont belles... » - ça pour sûr qu'elles l'étaient - « regarde ». Shannon eut la force de pointer une scène de pacotille qui avait l'air magnifique où une gobeline s'installait pour faire ses vocalises. Tout focalisé qu'il était sur la prostituée qu'il avait sur les genoux, l'irlandais ne faisait même pas attention aux gémissements qu'on pouvait entendre depuis l'étage...

4.5.6 | Il semblait que même la plus grosse latte de l'univers ne suffirait pas à le faire se sentir à l'aise. Pourtant, il y été allé, et franco même. Mais bon ! Peut-être qu'un whisky saurait le dérider, non ? C'est en tout cas ce qu'il pria bien fort en se décalquant la gorge avec le jus d'alcool écossais. Mais rien n'y faisait, Shannon était raide comme un cure-dent. Il le fut encore plus lorsqu'une prostituée l'encercla de ses bras : « Alors, détendu ? » - la voix qui se voulait suave lui paraissait tristement déraillée dans ses oreilles. « Euuuuhm... » - Shannon paniqua, putain, Shannon paniqua - « désolé, je ne suis pas intéressé ». Il posa sa main sur la cuisse d'Athos parce qu'à grands problèmes grandes solutions !

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'Le dé ' : 6

Une relation avec une quoi ? Athos éclata d’un rire franc et bien peu élégant alors que son esprit embrumé essayait de s’imaginer la scène d’une gobeline lui faisant du gringue et rien de plus - non rien de plus, vraiment, merci. Franchement, Athos avait eu bon nombre de conquêtes autrefois, et sans dire qu’elles avaient toutes été des canons de beauté, le jeune Casanova n’avait déjà jamais été réduit à payer pour froisser les draps. Alors une gobeline… fallait-il être désespéré. « Me dis pas qu’tu t’poses vraiment la question. » répondit-il du tac-au-tac, car visiblement, Athos était dans une logique de répartie basée sur la répétition de ce que disait son interlocuteur. Etait-ce la drogue qui faisait ça ? Probable.

Shannon toutefois avait raison de s’inquiéter sur les auteurs des sifflements et de la propension qu’aurait pu avoir Athos à accepter un truc indécent. Quand on voyait avec quelle rapidité il s’était précipité dans le bordel sans se poser de questions, il semblait que le sorcier était beaucoup, mais alors beaucoup trop défoncé pour se rendre compte de l’absurdité de ce qu’il faisait. Même qu’il rigola comme un damné à la phrase de son pote caramel, justement. Une blague qui datait d’une beuverie précédente, et qui était restée. « Tout l’monde aime le caramel. » répondit-il en lui faisant un clin d’oeil et un claquement de langue totalement honteux et pas classes du tout du tout. Oh, il aurait pu dire pire hein, du genre que le caramel, ça avait bon goût tout ça, mais déjà il n’aimait pas les trucs sucrés et ensuite, ça sous-entendait des choses pour lesquelles il n’était clairement pas assez imbibé. Mais ça pouvait vite se régler - hélas ? - alors qu’ils s’enfilaient le tord-boyau qu’un Athos à jeun aurait recraché sur le comptoir tant c’était immonde.

Athos avait posé son cul porcelaine sur un tabouret craqué et taché - chut, ne pas poser de questions - et était bien plus détendu que son camarade de beuverie qui, évidemment, était dans une sorte d’équivalent de son enfer personnel ici. C’était un peu inquiétant d’ailleurs qu’Athos soit aussi à l’aise dans pareil boui-boui, mais soit. La donzelle qui les aborda avait donc misé sur le mauvais sombral et enlaça Shannon, ce qui fit pouffer son comparse, évidemment. Avait-on déjà vu homme défoncé aussi tendu ? Enfin, Athos était tout à fait disposé à sortir Shannon du pétrin, mais voilà que l’irlandais essayait de se débrouiller tout seul comme un grand, et ça donnait sa grosse paluche sur sa cuisse. N’importe qui d’autre se serait pris une remarque bien sentie et une tape sur ladite paluche, mais bon, Shannon avait un passe-droit il fallait croire. « Ouais, nous on vient juste pour mater. » ajouta-t-il en posant sa main toute blanche sur celle caramel avant de l’attraper pour le tirer loin de là. « Merci madame pour la… » Il fit un geste de sa main libre pour la désigner toute entière - charmant. « Vision. » Et pouf, Caramel et Porcelaine rejoignaient à nouveau la rue bondée en esquivant au passage les filles de joie à l’entrée. « Tttt, on touche pas ! » les somma-t-il pour essayer d’éloigner leurs mains du corps tout crispé de son pote coincé.

Leur retour dans le monde moins glauque fut particulièrement chaleureux car un peu plus haut claquaient des fusées de toutes les couleurs. Sa main lâcha finalement celle de Shannon et Athos leva le nez pour voir ce qui se passait, la tête lui tournant salement. « Merde, y’est quelle heure ? » Ça lui revint, comme ça, le contexte de la soirée. Mais déjà, la foule entamait un compte à rebours en néerlandais, mais le rythme des mots et la fervente ambiante lui suffit à comprendre ce qui se passait. Et quand arriva ce qui était l’équivalent du zéro, Athos eut l’idée la plus débile qui soit. « Bonne année mon pote ! » lâcha-t-il avant de s’apprêter à honorer la tradition qui consistait à… bah, vous savez quoi.

PAIR - Et voilà, deuxième fois qu’Athos smackait Shannon, ça commençait à devenir une habitude. Ce fut bref, pas spécialement intense, mais ce fut fait en tout cas. Ainsi donc Athos démarra 1979 en embrassant quelqu’un qui n’était pas sa copine mais hé, c’était pour la blague après tout. « Tu piques moins qu’l’autre fois. » constata-t-il dans un rire avant de tirer une autre latte, totalement à l’aise avec ce qui venait de se passer. Du Athos tout craché.

IMPAIR - La vie étant ce qu’elle était, et Shannon et Athos étant tout de même deux spécimen mâles particulièrement attirants - même défoncés, c’était dire - deux néerlandaises encore plus bourrées qu’eux les attrapèrent pour leur délivrer un baiser assez… comment dire… intense ? Athos répondit au sien parce que ça le grisait, c’était excitant même, ça ne voulait rien dire en plus si ce n’était que… Bah que son premier baiser de 1979 était avec une parfaite inconnue alors qu’il démarrait l’année en couple, magnifique. Il était toutefois trop défoncé pour le réaliser, aussi profita-t-il du moment quelques secondes avant de mettre fin au baiser. Les filles baragouinèrent un truc en hollandais et évidemment, Athos n’en bita pas un traître mot. « Euh, no comprendo. » balança-t-il avec un sourire, jetant un oeil à Shannon pour voir s’il n’avait pas fondu sous les baisers de sa bien audacieuse assaillante.

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'Le dé ' : 2

L'alcool, la drogue, ça faisait se poser certaines questions existentielles. Y comprit celles qui consistaient à savoir si Athos avait bel et bien froissé les draps avec des gobelines. C'est que son pote étant un sacré phénomène, l'imagination de Shannon s'emballait sur les substances et... Il niait ? C'était quand même foutrement suspect. Mais enfin, il n'allait pas rebondir dessus, certaines choses étaient faites pour être secrètes et voilà tout. Et puis, c'était pareil concernant le caramel ! Après tout, tout le monde n'aimait pas ça contrairement à ce qu'il disait, surtout quand le caramel c'était lui, en l'occurrence. Suffisait de voir son tableau de chasse - qui n'existait même pas, en fait, notons le - pour comprendre que voilà. Voilà.

D'ailleurs parlant de ça, il aurait pu accrocher un trophée supplémentaire, bien qu'un trophée ni très classe, ni très sain, mais que serait Shannon s'il n'était pas timide, n'est-ce pas ? Alors il fit ce que toute personne stupide aurait fait, à savoir se faire passer pour un homosexuel pour avoir la paix de la part des femmes, sans réaliser que les prostituées hommes existaient aussi. Merde. Mais rien de tout ça, non, sinon un meilleur ami qui saute à pied joints dans le stratagème en posant sa main sur la sienne, on aurait dit un petit couple qui s'aimait profondément. Allez savoir hein, sous la couche, peut-être était-ce un peu le cas... Shannon était perdu dans ces  idées avant d'être entraîné dehors par son pote qui ne lui fit même pas de réflexion sur ce qu'il venait de faire, à croire que ça lui avait plu ! « Bah hé, laisse les toucher si elles veulent... » marmonna Shannon plus pour lui même qu'autre chose - alors même qu'il avait évité une prostituée qui était quand même payée pour ce qu'elle faisait. Mais voilà, la soirée avait avancé plus vite que prévue. Et même qu'il était minuit !
Shannon n'eut pas le temps de dire Quidditch qu'Athos le smackait pour la deuxième fois de sa vie et franchement ? Bah ça le fit rire ! « Bonne année mec, j'ai l'impression que ça sonne le glas de ton hétorocstérilité » fit-il en prononçant très mal le mot hétérosexualité, excusez-le, il parlait déjà mal l'anglais de base, alors avec un joint et de l'alcool... Bon.


PAIR | Porté par l'instant, Shannon prit la main d'Athos pour l'entraîner plus loin de la foule. Il prit des mains une bouteille de bière à un dude qui embrassait une zouzette avant de boire au goulot pour la tendre à Athos. Ils finirent dans une espèce de chenille humaine qui dansait et chantait en néerlandais, ça n'avait foutrement aucun sens, mais au moins, ils s'amusaient bien. Mais ce qui devait arriver arriva, l'une des personnes participante se prit les pieds dans le tapis et domino !


IMPAIR | Allez savoir, Shannon était très imbibé, il tenait Athos par la hanche, comme si c'était tout à fait normal, et s'écria : « J'ai faim. T'as pas faim toi ? Moi oui ». Il crevait la dalle, c'était terrible ! Terrible ! « Han on peut manger... Je sais pas... Mais pas néerlandais, à ce qui paraît, c'est pas bien bon ». Mince, ils venaient de passer à côté d'un groupe d'hommes de 50 ans qui venaient de l'entendre mais heureusement, ils parlaient anglais et se prirent simplement un regard noir : « Bonne soirées m'sieurs dames ». Y'avait pas de dames.

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'Le dé ' : 1

Athos Greyson n’avait jamais eu beaucoup de tabou dans sa vie. Ses expériences sexuelles, il les taisait plutôt, n’étant pas tellement homme à se vanter de ses prouesses, mais le fait était qu’il était plutôt libéré sur la question. Aussi, smacker son pote caramel sous une gerbe d’étincelle ne lui posa absolument aucun problème, ne serait-ce que parce qu’il savait que ça n’avait aucune incidence sur quoi que ce soit et que ça ne remettait en cause ni sa sexualité, ni son amour pour Dagda - Dagda, aha, sacrée Cordelia. C’était juste une impulsion de mec pété, et même si c’était la deuxième fois, bah… Il aurait pu rouler un patin à Shannon que ça n’aurait rien changé à son envie de continuer à explorer les courbes féminines. Shannon était un beau type, avec un prénom de fille en plus, mais quand même, Athos n’avait jamais vu les choses de cette manière là. Il était certes le seul être de la gente masculine qu’il autorisait à lui toucher le cuissot, mais ça ne voulait pas dire pour autant qu’il avait envie de froisser les draps sales d’un hôtel minable avec - ew, cette vision, sérieusement. Non, Athos était franchement bien, détendu après son bisou qui pique, le nez en l’air pour regarder les couleurs qui étaient carrément saturées à cause de ses rétines dilatées par la poussière de chais pas quoi là. Même que la remarque de Shann lui arracha un rire gras, pas élégant et un peu rauque à cause de toute la fumée dans ses poumons. Ce qu’il tirait pour un mec qui n’aimait pas trop la drogue ! « T’aimerais bien, hein ? » répondit-il comme un con à sa bêtise, tout à fait conscient que c’en était une. Shannon et Athos, non mais franchement, ça aurait ressemblé à quoi ça ? Il avait capté que l’irlandais avait raconté n’importe quoi et mal dit le mot, mais il ne savait plus ce que ça voulait dire, stérili-truc, alors bon. « On est r’ssorti d’un bordel à blanc mon pote. » A blanc, non mais vraiment… « C’pas d’hétérosexual-hi-truc, c’est d’la dignité ça mon pote ! D’la dignidad comme on dit chez toi ! » Ah non, vraiment, on ne disait pas comme ça. Cette manie de se croire bilingue quand il était à l’ouest, vraiment…

Alors qu’il était collé à Shannon comme une jouvencelle à son chevalier servant, Athos l’écoutait avec une attention accrue tout en tirant sur son joint comme un enfant sur le sein de sa mère. Pire idée qui soit, vraiment, même pas s’il lui venait à l’idée de partager. Son p’tit caramel latino avait comme envie de grailler - grailler, c’était un mot marrant ça tiens - et Athos n’était pas tellement de la même opinion. C’était qu’il ne mangeait déjà pas des tonnes de base - ça expliquait la silhouette gracile alors qu’il picolait comme un trou sans fond - alors là, franchement, c’était le cadet de ses soucis. « Manger néerlandaise, tu veux dire… » ajouta-t-il en insistant sur sa fin de phrase avec un gros clin d’oeil de beauf ultime. « Enfin moi j’ai juste droit d’regarder l’menu, parce bon, j’ai du local à la maison. » Soupir. Il n’arriva même pas à le réprimer, pauvre homme. Il aurait du être content, pourtant, c’était qu’avec Magda ça se passait bien mais parfois, allez savoir, il avait du mal à se satisfaire de ce qu’il avait, l’imbécile. « Par contre, j’te préviens, si tu ramènes un p’tit lot, j’dors pas dehors. No esta possiblo amigo, mi dos avoir besoin de repos. » Non mais regardez-le, à parler comme un vieux, ça aurait pu lui rappeler quelqu’un tiens. « T’crois que j’saurais lancer un Silencio dans c’t’état ? » Rien de tel qu’essayer pour savoir. Tiens justement, il y avait un mec qui beuglait sur une pauvre nana qui n’avait rien demandé à personne, et qui chouinait un peu, la malheureuse. « Silenc-hi-o. » lâcha l’anglais dans sa langue natale, sa baguette sortie.

PAIR - Miracle, ça marchait ! Le rustre se retrouva incapable de causer, sans comprendre ce qui lui arrivait, et Athos ricana comme un bêta en essayant de faire tournoyer sa baguette dans ses doigts, mais échec, elle tomba au sol. Il se baissa - bobo tête, ouch - pour la ramasser et se cogna sur Shannon en se relevant. « Hé, c’est qui l’boss ici ? » osa-t-il dire en retrouvant la verticalité. « Tu peux ramener de la blonde, ça troublera pas le sommeil du brave. » Quelle honte, mes aïeux.

IMPAIR - Le sortilège ricocha sur le dos du type qui s’en rendit compte, et mince. Mais pourquoi, pourquoi s’acharnait-il toujours à vouloir faire son sorcier quand il était complètement pété ? « Pardon, je m’est trompé. » lâcha-t-il en guise d’excuse, mais le mec ne semblait pas vouloir les entendre. Comme dans les mauvais films, dans la pause salvatrice avant le coup de poing dans la tronche, Athos décocha un regard à Shannon. « Bon bah, on court nan ? »