Jacob vivait sa vie avec beaucoup de monotonie. Son fils était avec son ex-femme, aussi ne pouvait-il le voir que pendant les vacances scolaires où il avait le droit de le garder. Le petit garçon ressemblait plutôt beaucoup à son père, avec ses cheveux bruns et ses yeux bleus, mais il avait la chance de ne pas être un binoclard comme Jacob. Quoiqu'il en soit, en fin d'après-midi ce samedi-là, le professeur de Défense contre les forces du mal avait décidé de rouler jusqu'à Pré-Au-Lard. Il sortait peu mais il avait envie d'un verre et de voir du monde qui ne serait pas des élèves. C'est qu'il les aimait peut-être beaucoup, mais tout de même. Se couper un peu d'eux ne faisait pas de mal. Alors que le froid lui tapait les oreilles, le trentenaire fit une petite pause pour resserrer son écharpe autour de son cou. Le ciel était gris mais pas menaçant. Le village sorcier donnait une étrange atmosphère rassurante alors que les temps ne l'étaient pas du tout. Dans la rue principale, il vit un border collier et s'arrêta pour le regarder avec un petit sourire aux lèvres. C'était son patronus et ça l'avait toujours beaucoup amusé d'avoir un chien de berger comme enveloppe pour ce sortilège d'espoir. Pourtant, pourtant, Jacob ne s'attarda pas et fit de son mieux pour entrer dans l'échoppe sorcière sans trop galérer. C'est que, légitimement ou non, l'endroit n'était pas franchement organisé pour les personnes à mobilité réduite. Il fallait bien dire que ce n'était pas très courant non plus dans le monde des sorciers.

Forcément, puisque l'après-midi commençait à laisser poindre sa propre fin, le pub était remplit à moitié. Quelques personnes étaient déjà là pour y passer la soirée, semblait-il. Mais malgré tout, c'est un visage familier qui lui sauta à la figure. Le professeur d'étude des moldus, avec qui Jacob discutait parfois dans la Grande Salle - quand il avait assez de temps pour y rouler avant un autre cours - se trouvait au bout du comptoir, apparemment en discussion grandement mystique avec une femme qui n'avait pas l'air de l'écouter vraiment. La sociabilité de Jacob était naturellement ravie de voir qu'il aurait quelqu'un à qui parler et il roula jusqu'à lui qui était perché sur une chaise haute. Gemini était un grand homme ce qui ne faisait que détonner avec la petitesse du pauvre Jacob qui n'eut d'autre choix que de lui tapoter la jambe pour le saluer : « Bonjour Gemini, si je m'attendais à te voir ici ! » fit-il avec sa bonhomie habituelle. Son sourire parfait dévoilait ses dents blanches alors qu'il retirait son écharpe. La femme à qui l'autre professeur discutait avait profité de l'apparition du deuxième professeur pour s'éclipser. « Je peux me joindre à toi ? » lui demanda-t-il quand même par politesse. Il espérait qu'il n'allait pas l'envoyer chier quand même. Sinon, bah... Il ira boire au fond du pub.

« C’est prodigieux. Tout simplement prodigieux. » C’était la vérité vraie. Gemini était actuellement estomaqué de constater que son interlocutrice avait les yeux de deux couleurs différentes. L’un bleu, l’autre noisette, le sorcier qui n’était pourtant pas trop habitué à regarder les gens dans les yeux était comme hypnotisé par la vision. Ça avait forcément à voir avec la génétique, sinon quoi ? Oh, en tant que né-moldu, il savait bien que la magie n’expliquait pas tout. Mais il n’avait jamais trop lu de trucs sur le sujet, alors ça l’interrogeait. « Ça fait de vous quelqu’un d’unique, c’est incroyable. » En ce début de soirée, Gemini passait clairement pour un dragueur de bas-étage, ce dont il n’avait absolument pas conscience car guidé par sa curiosité, rien d’autre n’importait. Mais le jugement d’autrui était là, on n’y pouvait rien.

Fort heureusement, Gemini fut rapidement tiré de son délire par un tapotement sur sa jambe. Distrait, il baissa le regard et vit quelqu’un qui ne savait monter sur un tabouret attirer son attention. « Jacob ! » s’exclama-t-il, très heureux de voir son collègue. Gemini était toujours heureux de voir un visage amical dans des lieux qu’il ne connaissait pas. Et Jacob, il l’aimait bien. Ils n’avaient jamais trop parlé, quelques banalités échangées mais ça lui allait bien. « Sais-tu que cette dame… » Mais la dame était déjà partie, et Gemini en resta pantois. Aussi, quand Jacob lui proposa sa compagnie, notre cher Gemini en fut ravi. « Avec plaisir, enfin. » répondit-il en songeant que mince, il était définitivement trop haut pour cette conversation. Avec ses habitudes de moldu, Gemini ne songea pas tout de suite à sortir sa baguette. Mais une fois que ce fut fait, le voilà qui ensorcelait son tabouret pour le réduire afin de se trouver à hauteur de Jacob. C’était tout de même la moindre des choses, non ? Une fois en bas, il se sentait mieux. Enfin, tout à fait enclin à poursuivre la conversation. « Tu n’as pas à me demander ça, tu sais. Je suis toujours très content d'avoir une conversation de qualité.  » C’était la vérité vraie. Gemini aimait beaucoup Jacob, bien qu’ils n’aient jamais noués de lien bien forts mais hé, ils avaient le même travail. Et puis Jacob était bel homme, et même si notre professeur n’était pas du genre à draguer, savoir qu’un joli coeur comme ça avait envie de passer du temps en sa compagnie lui allait plutôt très bien. Mais c’était totalement inconscient, qu’on se le dise. « Alors alors, qui donc a fait des merveilles dernièrement ? Je dois bien dire que les Serdaigle font honneur à ma maison mais toi, où étais-tu ? » Clairement, cette année, la maison des Aigles était en tête et sans être fier comme Artaban, Gemini appréciait l’effort. « Laisse-moi deviner… Tu étais chez nous, pas vrai ? » Du peu que Gemini avait su voir de l’énigmatique professeur, il avait la sagesse et le coeur de leur maison. « Mon dieu, j’espère que nous n’étions pas en cours ensemble. Pardon, je ne suis pas très physionomiste. » C’était vrai. Gemini s’attachait à beaucoup de choses, mais certainement pas à ça. Si tant était que Jacob fut dans sa maison, à l’époque, Gemini lui accordait bien peu d’intérêt. Ca n'était plus le cas aujourd’hui, fallait-il le préciser ?

Jacob regardait son collègue avec cet air de personne naturellement gentille dont le sourire montait jusqu'à ses yeux. Et la délicatesse de Gemini le poussait même à ensorceler son tabouret pour se descendre à sa taille, douce attention s'il en était. C'est que la plupart des gens ne faisaient pas attention au fait qu'il était parfois très malaisant pour lui de les regarder d'en bas, surtout dans un bar où les chaises hautes, par définition les surélevaient un peu trop. Et puis, son collègue était quand même foutrement grand de base en plus, alors imaginez. Mais quoiqu'il en soit, ils avaient bien peu échangé tous les deux, la faute aussi au fait que Jacob ne prenait pas tous ses repas dans la Grande Salle. Ça lui prenait trop de temps de se déplacer dans le château qui n'était naturellement pas construit pour les gens à mobilité réduite. Aussi se faisait-il livrer son plat par un elfe de maison dans la pièce attenante à la salle de défense contre les forces du mal, où il dormait. La conversation se fit plus facile que ce qu'il aurait pu imaginer : « J'étais bel et bien à Serdaigle ! Entre 1960 et 1967 » répondit-il d'un ton naturellement affable, « et si ça peut te rassurer, je ne me souviens pas de toi non plus. On était sans doute pas dans les mêmes années », délicate façon de dire que Gemini était plus âgé, donc forcément, qu'il ne l'avait pas connu. « Quoiqu'il en soit, j'ai l'impression, dis moi si je me trompe, qu'il y a une certaine lassitude parmi les élèves. Peut-être l'influence de dehors, va savoir... Ils ne sont pas prêts pour leurs sujets d'examens de fin d'année ! » continua Jacob d'un ton léger. C'est qu'il se trouvait foutrement amusant et qu'il avait hâte de voir ses élèves composer à la fin de l'année. Chacun ses distractions.

Finalement, le barman sembla réaliser qu'il avait un client à ras du sol : « Bah mon gars, faut aller te poser là-bas » - il pointa le fond du pub en étant accoudé sur son bar pour saisir le regard clair de Jacob, « histoire qu'on te voit, le rase-motte ». Il se mit à rire d'un rire gras alors que les joues de Jacob s'empourpraient malgré lui, « alors, tu prends quoi ? ». Un regard vers Gemini et Jacob sortit le premier truc qui lui vint à l'esprit : « Une bière sera parfaite, merci ». Le professeur se racla la gorge en reposant son regard vers son collègue. Il se sentait un peu humilié mais décida de faire comme si rien n'était : « J'ai vu plusieurs étudiants avec des Ribikscube dans les couloirs... C'est de ta faute ? ». Il n'y avait bien que dans un cours d'étude des moldus qu'on pouvait utiliser des Rubikscube, non ?

Cet homme inspirait la sympathie. Non mais, vraiment. Gemini n’était pas du genre à détester les gens, pas du tout, encore moins à les juger au premier regard mais il y avait des gens comme ça, comme Jacob, qui dégageait ce petit je-ne-sais-quoi qui changeait tout. Il était calme déjà, dans un monde qui allait trop vite, tout le temps et pour quelqu’un comme Gem qui avait tendance à réfléchir à la vitesse de lumière, c’était apaisant. Ainsi donc, la perspicacité du Serdaigle ne l’avait trompé, et il avait face à lui un autre de ses comparses, amusant ! Enfin, intéressant du moins. Gemini s’était toujours plus entendu avec les gens de sa maison, sans doute parce qu’ils étaient plus… ouverts ? Curieux ? Comme lui ? Non, ça non. Personne n’était vraiment comme lui, et le monde les en remerciait ! « Oh, j’ai eu bon ! » s’exclama-t-il, tout joyeux, avant de faire un rapide calcul. « On a du se croiser une petite année, voilà qui excuse nos vieilles mémoires ! » Même s’ils n’étaient pas si vieux que ça, enfin, surtout l’un des deux. Et puis la mémoire de Gemini était une machine, même si un peu trop sélective, bon. Pardonnez-le !

Apparemment donc, entre profs, il était de bon ton de parler des élèves. Gemini avait lancé le sujet un peu, après tout c’était comme ça que faisaient ses autres collègues, alors il s’adaptait. Jacob lui fit part d’une observation, et Gemini chercha si c’était effectivement ce qu’il pensait. De la lassitude… eh bien, difficile à dire. Ses cours à lui étaient un peu bizarres, enfin il avait entendu un élève dire ça et franchement, il avait pris ça pour un compliment. Bizarre is the new cool, non ? En tout cas, aucun élève ne ronflait dans sa salle, ce qu’il prenait pour une victoire personnelle. Et puis, déjà qu’il se moquait bien du regard des adultes, alors des ados, bon. « Las je ne sais pas… Ils ont tous leurs petits caractères, mais sans leur baguette, je ne les ai peut-être pas dans les mêmes dispositions que toi. » C’était tout de même une sacrée particularité qu’avait son cours mais bon, une baguette dans un cours de moldu, bonjour l’incohérence ! Et Gemini n’était pas contre un peu d’incohérence sous influence, mais pour le reste, il essayait de s’y tenir. « Oh mais oui, les examens ! » dit-il en claquant des doigts comme s’il souvenait de quelque chose d’important. C’était le cas, en fait. Mémoire sélective on avait dit. « Il faudrait que je réfléchisse à ça un de ces jours. Ne me dénonce pas hein. » ajouta-t-il en faisant un petit clin d’oeil à Jacob tout en essayant d’attraper sa bière qui en fait, était quelques dizaines de centimètres plus haut maintenant. Ah, bon…

D’ailleurs, le barman eut la même réalisation à peu près en même temps, et prit la commande de Jacob après lui avoir envoyé une petite remarque qu’il ne comprit pas. Se poser là-où ? Ils n’étaient pas bien là ? « On est plutôt bien là, merci. » Son ton était si naturel que c’était tout à fait comme si Jacob n’avait aucun handicap. Et c’était presque vrai, parce que dans la tête de Gemini, Jacob ne se résumait pas du tout à ça. C’était un professeur sympa, mignon, doux et poli, parfait pour finir la soirée autour d’une bière, et où ils avaient décidé s’il vous plait. Ça ne lui vint même pas à l’esprit que Jacob avait peut-être envie d’une table où poser son verre, et Gemini lui descendit gentiment sa pinte en attrapant la sienne au passage avant de trinquer en silence. « C’est moi qui paye, tu prends la prochaine ? » Il avait déjà entendu des gens dire ça, alors il s’y essayait. Et puis Jacob lui fit une remarque maligne, une vraie remarque de Serdaigle, et le regard de Gem brilla comme mille saphirs. Ok, il avait mal prononcé le mot, mais tout de même ! « Oh, tu connais ? » Il était vraiment surpris, et content, parce que c’était une invention récente et qui le fascinait tellement, c’était indécent. « Je plaide coupable, monsieur. Je me suis dit que ça les occuperait un cours… » Blague de prof ? Un peu… « La Miss… comment, enfin, les prénoms et moi… Jean ? Jyn ? Bref, une Pouffsouffle, tu vois qui ? Elle a résolu ça en un temps record, je suis ébahi. » C’était vrai, il était ravi que quelqu’un ait joué le jeu, dans tous les sens du terme. « Et toi alors ? J’ai entendu un de nos aigles dire que tu étais un danger public. Qu’est-ce que tu leur as inventé ? » Jambes croisées, il avait posé son coude sur un genou, son menton dans sa paume, prêt à écouter. C’était que oui, vraiment, ça l’intéressait.

Les Serdaigle pouvaient ne pas porter de pancarte qu'il était très facile de les reconnaître. Pourtant, leurs couleurs bleue et argent aurait pu les aider à passer inaperçu, s'ils n'avaient pas été des originaux. Originaux et intellos en prime, tout pour se faire détester par la basse-court qu'est le collège. Mais au moins avaient-ils le mérite de gagner souvent la coupe des Quatre Maisons, à défaut de gagner la coupe de Quidditch. Les Aigles avaient donc souvent une excellente mémoire, mais pas assez pour se rappeler d'un visage parmi des dizaines d'autres qui se sont croisés pendant une année. Gemini formula très bien sa pensée et Jacob hocha simplement la tête. Etait-il réellement étonnant qu'ils se retrouvent professeurs tous les deux ? L'anglais avait été propulsé dans le poste sans trop le demander, lui petit libraire le nez toujours perdu dans ses bouquins, à étoffer son catalogue et à conseiller les uns et les autres sur les meilleurs ouvrages pour élargir leurs propres goûts. Mais et son collègue alors ? Il ne savait pas très bien dans quelle case il devait le mettre, si tant est que l'on puisse un jour mettre un Serdaigle dans une case. On voyait très bien ce genre de phénomène parmi les étudiants, comme quoi, les adultes n'étaient que le duplicata des enfants. « Sans leur baguette ? » s'étonna Jacob qui était plus admiratif de l'audace qu'autre chose, « quelle belle idée ! Si ça pouvait apprendre la tolérance à certains ! ». Car bon, il ne fallait pas être Merlin pour savoir que certains étaient quand même sacrément intolérants pour leurs âges.

La question des examens arracha un rire à Jacob qui n'attendait que ça, sans savoir tristement qu'il ne serait pas là pour en voir le déroulé. Triste destin. Mais il ne rebondit pas dessus, trop occupé qu'il était à se décomposer devant l'expression du barman qui quand même, se payait bien sa tête. Gemini ne semblait pas s'offenser de tout cela et pour être tout à fait honnête, c'était bien rafraîchissant d'avoir en face de lui quelqu'un qui ne semblait pas le résumer à un fauteuil ambulant. « Merci bien ! » fit Jacob en prenant la pinte dans ses mains que son collègue lui avait gentiment descendu et hocha vigoureusement la tête quand il lui proposa de prendre la prochaine. « On va peut-être se rouler sous la table... Même si moi je roule dans tous les cas » lança le professeur sans épargner son collègue d'un léger rire. C'est que mine de rien, rire de son handicap c'était la caractéristique première de Jacob. La question des Rubikscube s'imposa naturellement comme Jacob avait quand même été foutrement surprit de voir des élèves se balader avec. Il fut surprit d'apprendre que Jyn avait assez de logique pour résoudre un jeu pareil et répondit : « Je crois que je n'ai jamais réussi à faire plus de deux faces » - il fit une pause en prenant une gorgée de sa bière - « je suis meilleurs aux échecs quand même ». Et il ne pensait donc pas qu'on le considère comme un danger public mais apparemment c'était le cas. Et forcément, ça le fit bien rire : « Je ne savais pas que le propre des Serdaigle, c'était d'exagérer la moindre originalité dans un cours » commença-t-il d'un ton un peu malicieux, « j'essaie de les former aux sortilèges de duel, cette année principalement. Je me dis que ça leur servira forcément un jour, malheureusement ». Il eut un sourire légèrement triste avant de continuer sur un autre ton : « et j'ai ensorcelé des mannequins pour qu'ils renvoient le sortilège à l'élève si celui-ci s'est planté » - il s'était tout de même trouvé fort ingénieux - « je suis un peu déçu qu'aucun n'ait prit l'initiative de se protéger d'un Protego, ma foi, ils ont sans doute la tête dure et les réflexes un peu lents encore ». Mieux valait finir sur les fesses dans une salle de cours que dans un cercueil sur le Chemin de Traverse, se disait-il sombrement. Le trentenaire laissa son regard se promener dans la salle avant de demander naturellement : « Tu as toujours voulu être prof ? Ou Dumbledore est venu te chercher un jour aussi sans que tu n'aies rien demandé ? ». Quand même, il n'était pas le seul à avoir subi ça, si ?


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Un cours sans baguette, visiblement, on avait jamais vu ça à Poudlard. Oh, c’est que certains avaient bien grincé des dents mais bon, qu’on se le dise, elle aurait été dans leur poche dans tous les cas, alors… En fait, c’était plus un symbole qu’autre chose. Apprendre aux jeunes que tout dans la vie ne pouvait se résoudre d’un coup de baguette magique ! Se glisser dans la peau d’un moldu, pour de vrai. D’ailleurs, même si Gem excellait souvent dans l’art magique, ses vieilles habitudes ne l’avaient jamais trop quitté, et il faisait tout ce qu’il pouvait avec les doigts. Oui, oui, même ça enfin ! Ca aurait été bizarre de faire ça avec la magie, quand même ! « Oh tu sais, je pense que ceux dans mon option le sont un peu. Tolérants. Enfin, je ne sais pas trop, mais je n’ai jamais eu de vilaine remarque. Peut-être que je les impressionne ? » Il pouffa un peu. C’était une vraie question. De sa vie, il n’avait jamais trop impressionné qui que ce soit, c’était du moins ce qu’il pensait alors que parfois, c’était arrivé. Mais Gemini était imperméable au regard des autres, c’était là sa plus grande qualité - et parfois, un sacré défaut.

Après qu’il eut traité Jacob comme son égal - parce que c’était le cas - Gemini fut un peu surpris de l’entendre faire une blague sur sa propre condition. Quelle autodérision ! Le professeur lâcha un rire après avoir entendu Jacob faire pareil, neurones miroir, tout ça, et ne sut bien s’il fallait surenchérir ou pas. Ça se faisait ou pas ? « Je m’avoue vaincu. » dit-il finalement, plongeant son long nez dans sa bière, à tel point qu’un peu de mousse s’y déposa. Et il s’en rendit compte, ouf, essuyant donc sa bévue d’un geste habile. Question Rubikscube en tout cas, il semblait bien plus doué que Jacob, mais bon, avait-il du mérite ? « En réalité, ce n’est pas si compliqué quand on connait la technique. » Il l’avait apprise, pratiquant ensuite pendant des jours et des jours histoire de quand même montrer l’exemple - même pas pour se la péter, promis. La preuve, il avait été tout content que quelqu’un y arrive. « Bah tiens, tout comme les échecs en fait ! » dit-il d’une voix enjouée en voyant que son collègue aimait autant ce jeu que lui. Ce sport ? Il ne savait pas. Ca l’étonnait toujours qu’on qualifie ça de sport, en fait. « Si tu t’ennuies un soir, on pourrait faire une partie si tu veux. Tu n’as qu’à venir frapper à ma porte. » Bien sûr, il ne lui vint pas du tout à l’esprit que Jacob ne pouvait pas faire ça, la faute à ce fauteuil qui le clouait au rez-de-chaussée.

Très attentif donc, dans sa posture d’écoute favorite un peu régressive, Gemini écouta son collègue lui parler de son cours sans l’interrompre. C’était une sacrée belle idée qu’il avait eu là, le coup des mannequins ensorcelés… Quelle créativité ! Les yeux bruns de l’indien brillaient en l’écoutant, parce que c’était vraiment intéressant et qu’il aimait découvrir un peu l’univers des autres. Le sous-entendu sur la guerre, que Jacob avait déjà abordée plus tôt dans la conversation, ne l’émut pas plus que ça. Sans être naïf, Gemini était bien trop carpe diem pour s’inquiéter de ce genre de choses. À vrai dire, il ne s’inquiétait pas de grand chose. « C’est vraiment ingénieux, comme idée ! Ça change des duels entre élèves… » C’est que le doux Gemini s’était pris de sacrées roustes à l’époque, et aurait préféré attaquer un mannequin inanimé que quelques camarades vindicatifs. « Tu as utilisé quel sort ? Ça m’intéresse je dois dire, je pensais à recréer la bataille de Waterloo dans un prochain cours, et quelques fantassins qui rendent les coups, ça serait drôlement bien ! » Oui, vraiment, ça lui donnait de fabuleuses idées.

La question que tous les profs ou presque lui avait posé ne fit que mettre en relief à quel point Jacob était exclu de ce petit groupe - enfin, si Gemini avait été attentif, il l’aurait remarqué. Au lieu de ça, il répondit bien poliment. « Oh non ! Je n’ai pas trop la vocation. J’étais acteur avant, et puis j’ai travaillé au Ministère. Département des excuses pour les moldus, j’étais plutôt tranquille je dois dire et puis paf, un jour, Dumbledore qui débarque dans mon cagibi pour me demander de rejoindre le rang enseignant. Je crois que j’avais fait le tour des mensonges, alors j’ai dit oui. » Il n’en fallait pas plus à Gemini pour changer de carrière, en fait. Si une opportunité se présentait, il l’acceptait pour peu que ça soit comme un petit défi, ou une occasion de repousser les limites de son intellect, en fait. « Et toi alors, est-ce que… » C’était tout bonnement un miracle que Gem ait stoppé son monologue pour s’intéresser à l’autre, mais voilà qu’il se fit couper la chique par une voix qu’il ne reconnut pas tout de suite. « Et bah, j’vois que tu perds pas de temps. » Intrigué par le ton agressif qu’il ne comprenait pas, le né-moldu leva le nez pour avoir une belle vision en contre-plongée sur un de ses anciens amants. Enfin, il mit bien 5 secondes à le reconnaître. « Oh, Albin ! » Grognement un peu plus haut. « Anduin. » Ah, la mémoire des noms, ça n’était pas son truc. « Vous laissez pas avoir par son côté gentil, c’est un salaud, comme tous les autres. » grommela ledit Anduin sans plus s’adresser à lui, mais à Jacob. Mais quoi pardon ? Gemini était bouche bée. C’était que les embrouilles, il n’était pas trop habitué. La jalousie non plus, d'ailleurs. Et puis, jaloux de quoi d'abord ?

La tolérance était une jolie qualité. Mais il était bien connu que les enfants, souvent, ne l'étaient pas. Au contraire, ils avaient tendance à attaquer les plus faibles, comme des poules s'acharneraient sur une crevure, excités par l'odeur de la faiblesse. Jacob avait lui-même été parfois la victime de la cruauté adolescente. Il voulait bien croire aux exceptions, pourtant, en avait été une. Le trentenaire avait été un adolescent calme et gentil. La vie l'avait rendu d'autant plus tolérant que lui faisait face à davantage d'intolérance. C'était difficile pour un homme de n'être plus qu'une moitié mouvante. Et il pouvait se féliciter d'être sorcier, d'être né au vingtième siècle et non pas au quatrième. La remarque de Gemini était donc sans doute vraie et sans doute fausse dans le même temps. Un fin sourire s'étendit sur les traits de Jacob à la seule idée qu'il puisse impressionner ses étudiants : « Tout est dans la taille, sans doute » assura-t-il car son collègue était ce qu'on appelait dans le jargon, une asperge, « tous les ado sont un peu intolérants au fond d'eux. On stigmatise bien les étudiants de Serpentard, non ? ». Car si beaucoup de ces derniers le rendaient bien, les autres étudiants du château avaient tendance à avoir un avis absolu sur la question. "Les serpentards sont des méchants !".
Allez savoir si c'était vrai ou faux. Il y avait des connards partout, et dans toutes les maisons. L'homme qui s'était adressé à lui, par exemple, en faisait sans doute parti. Mais pas de quoi effacer le sourire du britannique qui était tout de même ravi de passer un moment avec son collègue. « Ah parce qu'il y a une technique ? ». Ah ben ça par exemple. Jacob était effaré. Finalement, c'aurait peut-être dû être à lui de cirer les bancs dans la salle de classe de son collègue. Il allait justement lui demander s'il pouvait lui expliquer lorsque Gemini lui proposa qu'ils se revoient pour une partie d'échec : « Avec plaisir, si tu m'apprends en retour la fameuse technique de ton casse-tête rectangulaire ». C'était naturellement une plaisanterie, Jacob jouerait volontiers une partie d'échecs contre le professeur d'étude des moldus sans rien avoir en retour.

Il semblait y avoir de nombreux atomes crochus entre les deux hommes visiblement, c'était étonnant qu'ils n'aient jamais parlé plus que cela. En fait, Jacob trouvait même ça dommage qu'ils aient attendu aussi longtemps pour se rencontrer véritablement. Son handicap ne l'avait certainement pas aidé de toute façon. Car enfin... S'il avait pu déambuler comme il le désirait, il aurait sans doute, déjà, mangé plus souvent dans la Grande Salle avec les autres... « J'aurais adoré voir une reproduction de bataille historique en classe » s'extasia-t-il de l'idée de génie totalement farfelue de son collègue, « j'ai utilisé le Piertotum Locomotor ! Super pratique pour  que des objets s'animent et obéissent à la volonté du sorcier qui le lance. Attention de ne pas traumatiser tes élèves ». Il lui fit un clin d’œil. Parce que ma foi, se faire attaquer par un fantassin pourrait peut-être faire faire des cauchemars à certains... Et leur passer l'envie d'être prof un jour !
La question de la vocation venait toujours à se poser lorsque deux personnes faisaient le même job, c'était l'évidence même. Jacob l'écouta avec une grande attention lui détailler ce qu'il avait l'impression d'être mille vies en une seule. « Sacré Dumbledore » fit le britannique en se mettant à rire. Il prit une gorgée de bière avant que quelqu'un ne les interrompe avec la délicatesse d'un éruptif. Le professeur de défense contre les forces du mal tira une tête de six pieds de long. Les yeux ronds comme des vifs d'ors, il rougit sans savoir s'en empêcher : « Mais euh... hum... On discute juste » affirma-t-il avec toute la vigueur propre à quelqu'un qui n'assumait guère pas son orientation sexuelle. C'est que l'homme avait été particulièrement direct et que l'ancien Serdaigle se trouvait bien surpris d'être alpagué de la sorte par un inconnu notoire. Il replongea dans son verre en faisant tout pour éviter son regard. Éventuellement après quelques minutes de tergiversations supplémentaires, l'homme se désintéressa d'eux en grommelant encore, et Jacob le regarda partir. Lorsqu'il fut à une assez grande distance d'eux, il lança à son collègue : « Bah dis donc. Tu fais des ravages ». Le britannique lui fit un joli sourire. Après tout... Il était plutôt bel homme, non ? « Quelle angoisse de venir régler ses comptes en public, tout de même » réfléchit-il à voix haute. Il imaginait maintenant Stubby débarquer avec un air courroucé et il ne sut pas s'empêcher de jeter un coup d'oeil à la porte d'entrée. Des fois que.


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Spoiler:

La conversation était chouette. Gemini n’était pourtant pas l’être le plus sociable du monde, sans doute parce qu’il partait beaucoup trop dans des monologues plutôt qu’écouter les gens. Peut-être aussi parce que les gens étaient souvent un mystère pour lui, avec leur second degré, et puis leurs a priori. Mais avec Jacob, les choses étaient faciles, en fait. Il ne l’avait pas fait fuir avec ses délires, peut-être aussi parce qu’à roulettes, c’était plus compliqué. Mais l’idée ne lui traversa même pas l’esprit. En fait, le professeur moldu était quand même un homme facile à vivre, quand on arrivait à supporter ses petites extravagances. Il aimait parler de tout, parfois même de rien, mais là c’était plutôt des trucs intéressants. « Je n’ai pas beaucoup de Serpentards dans ma classe, en fait. Mais ça doit en lien avec l’éducation, je présume. Je ne sais pas s’ils se stigmatisent eux-même ou pas… » En tout cas, quand il était étudiant, c’était quand même souvent eux qui le brimaient, mais pas que. Ils lui reprochaient majoritairement son sang, et les autres, le reste.

Une fois le rendez-vous pris pour une partie d’échec, ce qui réjouissait quand même l’indien féru des jeux qui faisait appel à son esprit, Gem écouta donc son collègue lui révéler ses petits secrets magiques à but éducatif. Utiliser ce sort, c’était vraiment malin comme tout ! Son cerveau enregistra l’info, et saurait sans doute le ressortir à un moment opportun. « Oh tu sais, s’ils devaient être traumatisés, ça serait déjà fait ! » C'était Gemini faisait des cours tellement loin de ce que lui avait eu à Poudlard que certains devaient être complètement largués. « Et puis à cet âge-là, on s’en remet. » Après tout, lui-même avait eu son lot de trauma hérités de sa scolarité, et ça ne l’avait pas empêché de devenir un adulte presque équilibré. A vrai dire, toutes ses bizarreries étaient déjà là quand il était petit, alors bon… Il n’avait pas plus détesté les gens qu’avant, malgré tout ce qu’on lui avait fait. Les gosses étaient des gosses, et puis les adultes n’étaient pas mieux. Le seul petit reste qu’il avait, c’était cette trouille des placards. Sacrément étrange, mais bon, pas trop handicapant non plus. On avait quand même peu l’occasion de se retrouver dans un placard quand on avait 36 ans, du moins, non métaphoriquement parlant. « Tu pourras être mon stratège dédié si l’idée aboutit, tu sais. » plaisanta-t-il en reprenant une gorgée. Peut-être qu’il fallait une dérogation de Dumbledore pour ça, et puis il fallait aussi qu’il se tienne à son idée saugrenue, et vu qu’il en avait 12 à la minute… Allez savoir.

Passé le speech sur sa vocation, qui eut l’air de bien amuser Jacob, l’ambiance changea du tout au tout. La faute à l’invité surprise qui était quand même sacrément gonflé de débarquer comme ça et de les interrompre. Le problème, c’était que Gemini était poli, et pas super bon en répartie. Déjà, il avait mis un petit temps à reconnaître le bonhomme, et il s’était trompé de prénom en plus, ce qui n’aida pas à ce que l’autre soit plus gentil. Gemini n’aimait pas les gens agressifs, ça le tendait fort. Peut-être que son trauma, finalement, était encore un peu là, mais la peur de la rouste le faisait être sur le qui-vive, bizarrement. Anduin avait un ton méchant, qui contrastait un peu avec la soirée qu’il avait passé avec lui. Une soirée quand même, ça n’était pas comme s’ils étaient mariés ! Gem ne comprenait pas ça, comment on pouvait vouloir s’approprier une personne. Peut-être parce que sa femme et lui, c’était surtout de la comédie. Peut-être aussi parce qu’il n’avait jamais connu l’amour, ou qu’il en avait connu trop de formes. En tout cas, il comprit quand même que Jacob était mal à l’aise, et lui aussi de toute façon, alors il interpella son ex-amant parce tout de même, c’était bien une histoire entre eux. Il n’avait pas à se justifier après tout, il faisait ce qu’il voulait, mais bon. Les scandales, ça n’était pas vraiment son truc, et puis ils étaient dans un environnement Poudlard quand même. « Je suis désolé si je n’ai pas été clair avec toi. » Qu’est-ce qu’il pouvait dire de plus, hein ? « C’est clair que t’es un vrai con en tout cas. » Mais… Pourquoi tant de haine ? Désemparé, il se contenta d’hausser les épaules. « Oui, peut-être. » Il s’était excusé, l’affaire était close, non ? « T’façon, t’étais pas si inoubliable que ça. » Ah ? Bon. C’était quand même curieusement à l’encontre du reste du discours, mais soit. Le type semblait ne plus savoir quoi dire, et le poussa en passant alors qu’il s’éclipsait. Bien bien bien… Bonjour le malaise. Oh, pas que ça le gêne tant que ça lui, il aurait oublié dans dix minutes à peine. Mais pour Jacob, ça n’était pas très sympa. Autant Gemini assumait bien d’être gay, autant il savait que pour les autres gens, a fortiori ceux qui ne l’étaient pas, l’accusation pouvait être blessante. Et pour certains hommes, la conversation pouvait aussi s’arrêter là, parce que voyez, parler avec un homme gay, c’était risqué il paraissait.

Mais Jacob était décidément une bien belle personne, et eut une réaction d’une tolérance absolue. C’était même un compliment, mais alors qu’il se remettait correctement sur son tabouret, constatant qu’un peu de bière avait atterri sur son jean dans la bousculade, Gemini ne s’en rendit pas compte. Il eut un sourire doux, content de ne pas être jugé, ne pensant même pas aux rumeurs qui pourraient vite courir sur lui si d’aventure il en parlait à Poudlard. « Pas tant que ça. » répondit-il avec humilité, et il le pensait. Vu qu’il ne parlait jamais de ça avec personne, il ne savait pas trop s’il était dans le haut du panier de la drague ou pas. Il vivait sa vie, simplement, sans se poser de questions. « Il y a des gens comme ça, qui ont le goût du drame. » Marrant quand même de la part d’un ancien comédien. Et puis, tout à coup, sans bien savoir pourquoi, Gemini capta un truc. Une attitude chez Jacob, sa façon de regarder la porte, cette manière qu’il avait eu de lui sourire. Gemini n’avait pas spécialement un sixième sens pour repérer les hommes qui en aimaient d’autres, vu que c’était tout le temps lui qu’on abordait, et l’inverse n’arrivait jamais. Mais pour une raison qu’il ne s’expliquait pas, il eut l’impression que Jacob pouvait être de ceux-là. Mais c’était sûrement une intuition bête. Ca lui aurait plu, en tout cas. Pour la première fois d’ailleurs, il se fit la remarque qu’il aurait bien aimé plus qu’une partie d’échec avec le professeur de défenses contre les forces du mal. Mais bref, pas de ça avec les collègues ! Et puis il avait sûrement tort, de toute façon. Il se trompait souvent sur les gens, c’était comme ça. « Désolé en tout cas pour son bête raccourci. » Il jeta un regard sur le bar bondé de jeunes gens qui ne s’occupaient même pas de leur présence, où tout était bien bruyant. « Ça serait quand même le pire endroit pour un rencard ! » Il eut un rire spontané. Gemini n’avait jamais vraiment de rencards. Disons que ça se faisait comme ça. « Sauf quand on a seize ans, je suppose. Je ne sais pas trop. » Sa vie amoureuse avait surtout commencé après Poudlard. Mariage forcé, tout ça, et puis brusque réalisation de son amour des garçons. « Bref ! » s’exclama-t-il comme s’il sortait d’un songe. « Qu’est-ce que je disais déjà ? » Son cerveau fit un petit retour arrière rapide, avant l’illumination. « Ah oui, toi ! Alors, comment Dumbledore t’a convaincu de prendre le poste maudit ? » Ca n’était quand même un secret pour personne que les professeurs de cette matière ne faisaient jamais long feu. À Poudlard du moins. Et ça serait bien dommage que le charmant professeur Braddock soit forcé de quitter le château à la fin de l'année. Parce qu'il était sympa hein, qu'allez-vous croire ?

Les maisons de Poudlard pouvaient bien être sectaires, elles réglaient également parfois beaucoup de problèmes. Jacob avait toujours été mi-figue mi-raisin sur cette question et il était bien heureux de ne pas avoir à résoudre le problème. Elles étaient légendaires, avec leurs fondateurs et s'il s'était senti bien dans la sienne parce qu'il était un Serdaigle pur jus, il comprenait bien que quelques étudiants ne s'y sentent pas très à l'aise parce qu'ils avaient les caractéristiques de deux maisons. Et quoi de mieux pour limiter l'ouverture d'esprit que de s'enfermer avec des gens qui nous ressemblent ? Considérant la conversation sur les Serpentards, l'étude des moldus et plus généralement les maisons à Poudlard comme close, il ne répondit rien. L'éducation avait tout à faire en effet avec la présence ou non de membres de cette maison dans un cours qui étudiait les moldus. Mais le britannique voulait bien croire également que cela avait tout à voir aussi avec le regard des autres camarades. Car il fallait une sacrée dose de témérité et de courage pour faire front face à des gens que l'on fréquentait jusque dans son dortoir...
De toute façon, Poudlard était un endroit très particulier. La preuve en était, les professeurs se jouaient de leurs étudiants pendant les cours. Jacob était très satisfait de son idée de contre-sortilège. Car en effet, dans un vrai duel, l'adversaire rendait les coups. Et les étudiants avaient beau être en sécurité dans l'école, cela ne changeait rien du tout. Ils seraient bientôt dehors, certains élèves qu'il avait eu cette année, naturellement, étaient en septième année. Et ils sortiraient en juin et découvriraient le macabre monde qui les attendait. Rendre les sortilèges était la moindre des choses. Le professeur hocha la tête, parce qu'il doutait également qu'une petite plaisanterie comme cela les traumatise longtemps. Il s'en serait voulu d'avoir traumatisé des étudiants mais il gageait qu'ils risquaient d'être plutôt traumatisés par ce qui allait se passer dehors. Il faudrait être fou pour penser que la guerre allait s'éteindre simplement. Dans la vision de Jacob, les choses allaient empirer, plutôt drastiquement. Il ne se rendait juste pas compte à quel point. « Avec grand plaisir » sourit-il avant de reprendre une gorgée de bière. Il est vrai qu'il était parfois ingénieux pour ce genre de choses. S'il pouvait aider son collègue à haranguer la foule pour son cours avec les moldus, ce serait avec un grand plaisir qu'il le ferait.

Mais Gemini n'avait pas besoin de lui pour attirer l'attention semblait-il. La scène qui se déroula devant lui et devant tout le pub le mit tellement mal-à-l'aise qu'il en serait tombé de son fauteuil si... Enfin, vous voyez ce que je veux dire. Et sa piteuse défense ne semblait pas tant calmer le cerbère d'ailleurs, qui avait l'air d'être tellement en colère qu'il n'aurait pas été étonnant de voir de la fumée sortir de ses oreilles. Il finit par s'éclipser après quelques injures et Jacob se réfugia dans sa bière, non sans essayer de détendre l'atmosphère, parce que quand même. Il pouffa un peu. Le goût du drame, exactement. On pouvait dire que l'homme et son courroux en faisait un pour pas grand chose apparemment. Mais il se garderait bien de juger aussi futilement. Le professeur remarqua que de la bière avait atterri sur le jean de son interlocuteur et il lui fit un geste avec le menton pour désigner l'habit, en ajoutant : « Il t'aura tâché ton jean en tout cas ». Jacob suivit son regard vers des personnes plus jeunes qu'eux - non pas qu'ils étaient vieux, mais ils ne pouvaient plus être considérés comme la jeunesse, hélas ! - et sourit à sa remarque : « Sous le regard de Madame Rosmerta, je crois qu'il y a mieux en effet ». S'en suivit d'un rire, un rire doux, comme lui. Comme ce qu'ils vivaient là n'était pas un rencard justement, les deux professeurs continuèrent de parler un moment, plus longtemps que la soirée qu'avait prévu de passer Jacob ici en tout cas. Ils remontèrent ensemble le chemin jusqu'au Château et en lui souhaitant une bonne nuit, le professeur se fit la réflexion qu'il était bien dommage qu'il ne l'ait pas côtoyé d'avantage.


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