2 septembre 1979

Le grand soir était enfin arrivé. L’heure était venue pour le Directeur des Accidents et Catastrophes Magiques  de lancer en grande pompe sa campagne à la tête du  Ministère de la Magie.  Il n’aurait pu rêver meilleur lieu pour le faire que le Royal Flint Casino. Un lieu que lui avait gentiment proposé le propriétaire, son cousin, Amadeus Flint. Un lieu tenu d’une main de fer par l’une des dernières familles du registre de Nott et fréquentée par la bonne société. C’était cette société dont il voulait tant le soutien que les financements. C’était cette société qu’il voulait mobiliser dans sa campagne. Cette société qui à ses yeux était la seule digne de ce monde magique. Cette société à laquelle il voulait redonner ses lettres de noblesses. Sa ligne était ouvertement pro sang pur. Tout cela sous couvert de protection du secret magique. Il avait des propositions concrètes pour protéger les sorciers des dangers que représentaient les moldus. Des dangers que Sinistra Lowe avait mis en avant dans son chef-d’œuvre, la conspiration moldue et dont il n’oublierait pas de dire le plus grand bien ce soir.  Des dangers qui avaient conduit les plus sages des sorciers à instaurer le code international du secret magique. Un code dont il était le garant depuis plusieurs années.

L’homme de la soirée était dans sa loge avec son assistant personnel et directeur de campagne Corban Yaxley. Les deux sangs purs étaient occupés à relire et corriger une dernière fois le discours du futur ministre pour qu’il soit parfait. Sa femme Danae Carrow, était postée à l’entrée dans une robe pourpre. Ses longs cheveux blonds bouclés tombant élégamment sur sa nuque. Elle était là pour accueillir les invités. Avec à sa gauche Alecto et à sa droite Amycus. Il était très important pour Morfin de monter le visage d’une famille unie. D’une famille engagée dans la campagne du paternel.  Le patriarche Carrow, Ollender Carrow et son épouse Auriane étaient également présents pour faire la conversation avec les invités et tous ceux qui, non invités avaient fait le choix de venir à ce meeting.  

Les sièges des premiers rangs étaient réservés pour quelques privilégiés au sang implacable. Leurs noms écrits au fil d’or sur les fauteuils rouge.  Des portraits de Morfin ornaient les murs. Des flyers volaient partout dans les airs. Chaque flyer contenait une proposition différente. Morfin les avait ensorcelés pour qu’ils volent, se glissent dans la main d’un convive puis une fois que ce dernier l’aurait lu, s’envolent à nouveau vers un autre destinataire. Sans jamais revenir deux fois vers la même personne. L’idée était de s’assurer que chacun des participants à ce meeting puisse découvrir l’intégralité du programme du Carrow.

Spoiler:

Ava n’avait jamais pris la politique très au sérieux. Elle avait parfois des attraits amusants, mais pas assez pour qu’elle s’y plonge vraiment. Elle écoutait deux trois idées, par-ci, par-là. Mais quel homme politique était vraiment sincère ? Très peu, voire pas du tout. Oh, elle n’accusait personne d’user d’hypocrisie. Elle-même en usait beaucoup. Mais tout cela pour dire qu’elle ne croyait jamais vraiment à ce que les hommes de pouvoir pouvaient bien raconter. Cependant, pour une fois, les choses étaient différentes. Il s'agissait de Morfin Carrow, et il organisait une soirée. Ava ne loupait jamais d’occasion de se rendre à des soirées mondaines. Elle aimait s’y montrer, elle aimait pavaner. Il y aurait toujours des mauvaises langues à son sujet, mais elle estimait que sa plus grande force était justement de se montrer la tête haute. Et Ava ne baissait jamais la tête, ni même les yeux devant qui que ce soit, personne.

Quoiqu’il en soit, elle se réjouissait de cette soirée, et espérait qu’elle serait divertissante. Certes, elle avait pour but de promouvoir la campagne de Morfin, et en soi, ce ne serait peut-être pas passionnant, mais sait-on jamais, il avait peut-être préparé quelque chose qui saurait lui plaire. Etant donné qu’il l’avait toujours soutenue, elle ne pouvait pas lui faire faux-bond, dans tous les cas.

Qui disait grande soirée, disait préparation adéquate. Sûrement la partie préférée d’Ava. Ou non, elle préférait davantage les compliments portés à son physique, et elle espérait qu’ils seraient nombreux. Sinon, elle se sentirait vexée, et il n’était pas bon de la vexer. D’autant qu’elle était bien plus susceptible ces derniers jours, sans qu’elle ne sache réellement pourquoi. Elle avait donc choisi sa tenue avec une grande attention, s’arrêtant finalement sur une robe violette, qui s’accordait bien avec sa peau foncée. Quelques bijoux, quelques touches de maquillage et une coiffure sophistiquée. Une fois qu’elle fut satisfaite de son apparence, elle décida qu’il était temps de se rendre à cette petite sauterie.

Une fois sur place, Ava fut un peu surprise d’être accueillie par la famille Carrow au presque grand complet. A part Morfin, elle ne connaissait pas très bien son épouse et ses deux enfants. Mais cela ne l’empêchait pas de leur accorder quelques mots. Etant donné la nature de ses rapports avec Morfin, c’était assez amusant de se retrouver face à Danae. Des remords ? Oh, non jamais.

Elle salua ensuite quelques invités déjà présents, avant de s’emparer d’une coupe de champagne, elle n’avait aucune intention de rester les mains vides. En tout cas, tout avait été préparé avec une attention toute particulière, du Morfin Carrow tout craché.

Il y avait des moments qui savaient vous rappeler que le temps passait rapidement. Lorsqu’ils s’étaient rencontré, la belle française et le futur Ministre (car elle n’en doutait pas) étaient dans des situations bien différentes. Elle était jeune mariée et nouvelle expatriée, il était le fils de son beau-frère par alliance, un jeune homme qui avait quelques années de moins qu’elle mais déjà au caractère bien affirmé et aux ambitions claires. Aujourd’hui elle était veuve, et lui bien parti pour devenir Ministre. Sans parler de l’évolution de leur relation qui était bien loin de la relation que pourrait avoir donné les liens de son précédent mariage. Morfin était l’un de ses amants, sans doute parmi ceux qu’Elise préférait. Il était le parrain de sa fille, l’une des personnes à qui elle pourrait se confier assez facilement, des partenaires de crime aussi, rassemblés chez les Mangemorts.

Ce soir se tenait un événement qui comptait pour lui. Morfin se lançait officiellement et totalement dans ce grand projet et dans un cadre tout à fait agréable. Disons que cela restait dans la famille. Le casino était tenu par le cousin de Morfin. Un casino où Elise avait elle-même quelques maigres mais bien présents intérêts. Ainsi ils s’assuraient de se trouver dans un endroit aussi bien sécurisant que tout à fait plaisant. Le meeting de ce cher Morfin devait être une réussite, un grand coup pour démarrer sa campagne, et Elise ferait son possible pour aller dans ce sens. Elle ne serait pas seule d’ailleurs. Il  fallait pouvoir montrer les bons côtés de son cher amant, y compris les relations plus personnelles qu’il avait. Ainsi la présence de Lindsay avait été demandée (et accordée sans trop de mal par la fille comme la mère). La jeune fille était donc dans sa chambre chez sa mère, imitant son aînée à se préparer pour la soirée. Coiffure, maquillage, tenue longuement discutée avec Elise pour trouver la plus adaptée… Une fois la question réglée pour son enfant, la belle française avait elle aussi gagné sa coiffeuse pour se mettre à son avantage. Lindsay avait opté pour une robe noire au niveau buste cintré et aux épaules découvertes, et blanche pour le reste qui était bien plus ample et léger, piqué de quelques pierres blanches qui brillaient au premier passage proche d’une lumière. Elise elle serait dans une robe longue bordeau dévoilant son dos sous une dentelle délicate et une partie de sa cuisse par une fente qui ne se laissait voir qu’en mouvement. Apprêtées à leur avantage, les deux femmes se rendraient ensemble sur les lieux. Amaury les rejoindrait par la suite directement sur place. Elise aurait aimé pouvoir une fois encore être entourée de ses trois enfants. Evan était cependant dans une relation qui avait obligé la mère à monter une mise en scène (tout à fait convaincante d’ailleurs) qui leur interdisait tout contact face à un potentiel témoin. Une situation inconfortable et qui l’attristait mais cela restait nécessaire pour protéger le reste de la famille selon la Lerouge…

Les deux femmes à l’élégance travaillée avaient fini par arriver parfaitement à l’heure, dans les premiers d’ailleurs, passant d’abord devant la famille du candidat qui attendait très sagement dans l’entrée. Un compliment qui répondait à un autre, c’était à vrai dire principalement les deux femmes qui échangeaient, les enfants restant par habitude un peu en arrière. C’est assez étrangement que les deux femmes s’entendaient relativement bien. Une façade autant pour l’une que pour l’autre. Elise restait entre deux théories. Soit Danae était assez cruche et naïve pour ne rien voir, soit elle savait qu’elle discutait avec l’une des amantes de son mari. Car finalement, Elise savait parfaitement qu’elle n’était pas la seule à profiter des draps de Morfin. Ce qui ne la perturbait pas vraiment. Elle n’était pas du genre exclusif de son côté, elle ne le demanderait donc pas à ses amants non plus. Peu importe, mère et fille avaient fini par entrer et saluer la génération précédente. Ollender lui avait été l’un des tout premiers amants de la française. Depuis elle avait pris quelques distances, pour plusieurs raisons. A commencer par l’âge de ce dernier. Elise avait attrapé au vol une coupe d’un champagne de qualité, parlant avec fierté de sa fille qui restait très discrète et sage (comme elle savait que c’était préférable dans de telles circonstances) jusqu’à la séparation des adultes qu’Elise avait provoquée assez tôt. Les conversations se feraient bien sur le long de la soirée. Pour le moment elles avaient rejoint les sièges qui leur étaient réservés avec une élégante calligraphie dorée. Morfin avait du goût et il avait fait son possible pour le montrer ce soir. Elise lui souhaitait que la soirée lui soit profitable. Elle-même resterait à sa place bien que d’une présence assez peu discrète.