Le poison des vipères | AVA | FLASHBACK

COTÉ DU MAL

Flashback

Sinistra était d'une humeur bien guillerette. Il fallait bien dire que son ouvrage était en court d'écriture, que cela avançait bien. Warren était encourageant, lui disait la vérité bien entendu, à savoir qu'elle avait un style d'écriture percutant et envoûtant. Cela suffisait à gonfler de ce fait l'ego de son épouse qui se voyait sans doute comme la Shakespeare des sorciers. Quoiqu'il en soit, elle s'était parée de noir ce jour-là, non pas pour aller se pavaner dans une librairie où elle pourrait plus tard écouler son ouvrage, mais pour aller chez son ancienne amie Ava Zabini.

Cette veuve noire avait encore frappé, semblait-il, puisque son époux venait de trépasser terriblement. Point de pitié pour Sinistra qui, comme son prénom l'indiquait, avait fort envie d'être sinistre ce jour-là. Tourmenter une veuve serait peut-être cruel, mais puisqu'il était question d'Ava, elle ne trouvait pas que ça l'était tant que ça. En réalité, elles avaient toutes les deux un passif qui expliquait leurs caractères autant que leur animosité l'une envers l'autre. Ajoutant la dernière couche de poudre à ses joues qui n'en méritaient pas tant, la manoise transplana pour la demeure de la veuve noire. « Je souhaite voir ta maîtresse » ordonna-t-elle au petit elfe qui lui ouvrit à l'entrée alors qu'elle venait tout juste de toquer, « immédiatement ». Autant insister. Libellule n'était pas si dure de la feuille en réalité, c'était d'ailleurs une chance pour elle qui avait besoin qu'on lui obéisse au doigt et à l'oeil. La petite chose s'effaça pour la laisser entrer alors qu'elle retirait ses gants noirs dans l'entrée. Et finalement, le joli visage de la soeur de son vieil ex Ares apparu devant elle et Sinistra pu, à sa guise, jouer sa comédie à en faire pleurer des chaumières : « Ava ma chère » minauda-t-elle, « toutes mes condoléances. Je voulais vérifier que tu allais bien, malgré tous ces événements tragiques... ». Tragiques, tragiques... Vaste blague. Sinistra avait toujours été persuadée qu'Ava était une sorcière vipère - tout comme elle - mais de la race de celles qui n'hésitent pas à se trahir au point d'assassiner leurs époux quand ils l'ennuyaient. Elle trouvait cela proprement grossier et venait un peu la tourmenter, de ce fait. Elle planta ses yeux noisettes dans ceux de la jeune femme en souriant d'un air doux, faussement doux. Et hypocrite également. Mais ce n'était pas comme si c'était une surprise qu'elle l'était de toute façon.

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Ava se retrouvait maintenant veuve pour la seconde fois. Avait-elle des scrupules, ou des remords ? Pas vraiment. Elle s’était montrée généreuse. Elle avait offert à ces hommes meilleure épouse qu’ils n’auraient pu espérer. Puisque Ava était parfaite en tous points. Non seulement, elle était magnifique, mais elle était en plus ambitieuse, intelligente, séductrice et très douée pour les potions. Un combo gagnant. Il ne fallait pas oublier de rajouter tout sauf modeste, mais ce point n’était pas si important que cela.

Bref, son époux était mort, et elle avait promis de veiller sur sa fortune, qui était maintenant la sienne. Argent, pouvoir et beauté. C’était tout ce qu’elle voulait, et pour le moment, elle s’en sortait à merveilles. Elle soupira en entendant la porte sonner, au lointain. Elle ne bougea pas, laissant son elfe s’occuper de ce genre de besogne, et termina de réarranger sa chevelure soyeuse. Elle recevait beaucoup de monde, qui venait lui présenter ses condoléances, certains avec une réelle hypocrisie, d’autres plus sicnèrement. Elle était heureuse de voir du monde, parce qu’elle adorait être au centre de l’attention, mais cela commençait à être lassant. Et elle l’était d’autant plus quand l’elfe la prévint qu’il s’agissait de Sinistra Lowe. Ava se leva tout de même pour aller à la rencontre de la jeune femme, sans aucun enthousiasme, mais n’en montrant rien, évidemment.

« Ava ma chère, toutes mes condoléances. Je voulais vérifier que tu allais bien, malgré tous ces événements tragiques... »

Ava n’était pas dupe, elle savait pertinemment qu’il n’y avait rien de vrai dans ce que venait de dire Sinistra. Les deux femmes n’étaient plus amies à présent, et Ava n’irait pas affirmer catégoriquement qu’elle n’en était pas déçue. Elle aurait aimé pouvoir garder Sinistra parmi ses amis, mais la vie était ainsi faite, et voilà qu’à présent, elles étaient toutes les deux vicieuses, et pernicieuses l’une envers l’autre. Plutôt que d’attaquer Sinistra sur sa fausse bienveillance, Ava prit une mine attristée, mais lui adressa un petit sourire reconnaissait, pour sa sollicitude.

« Je suis touchée par ta venue, Sinistra. Tes mots me vont droit au cœur. Effectivement, la situation n’est pas facile, et c’est une épreuve difficile à surmonter, tu en sais quelque chose. Mais je suis réellement soulagée, de pouvoir compter sur ton soutien. »

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Aller voir Ava Zabini relevait seulement de la cruauté la plus abjecte. Si tant est que la sang-pure soit vraiment une veuve éplorée. Pour Sinistra, ce n'était pas possible. Ava était sans doute aussi cruelle qu'elle, sinon plus. Et la manoise avait toujours été persuadée que la mort de son premier époux n'était pas un accident. Non, c'était, elle en était per-sua-dée, une veuve noire qui venait d'ouvrir la porte de sa demeure. Et elle aurait très bien pu s'en inquiéter, car ne donnait-elle pas l'impression de courir se jeter dans la gueule du loup ? Probablement. Pour elle, dans son prisme cruel, elle venait simplement remuer le couteau dans une plaie qui n'existait pas. Sinistra voulait se sentir puissante face à cette femme qui recherchait la même chose. La manoise se vantait souvent d'être féministe mais n'était-elle pas l'incarnation de l'antiféminisme le plus abject ? Au lieu de soutenir une femme dans son deuil ou dans son meurtre - elle finirait bien par avoir le fin mot de l'histoire - la voilà qui venait toquer à sa porte, faussement mielleuse, faussement enrobée de bonnes intentions.

La mine que décida de lui opposer son ancienne amie valait tout un pensant d'or. Mais le rappel de son propre deuil lui fit mal et c'était bien fait pour elle. A dire vrai, elle avait été bouleversée de la mort de Warren. Sinistra n'avait jamais autant pleuré, pathétiquement, sur le lit conjugal en tenant une vieille chemise à lui. Il était mort de façon si brutale, sous ses yeux, que la sorcière en gardait un traumatisme qui ne s'effacerait sans doute jamais. Si elle avait toujours aimé un autre homme, pourtant, Warren avait été doux à son égard et plus respectueux que la plupart des hommes. Et à la longue, sans parler d'amour, au moins y avait-il une franche affection entre eux. « Bien entendu, bien entendu » fit-elle d'un ton presque complice, « il faut bien se serrer les coudes dans une société comme la nôtre, n'est-ce pas ? ». Bah voyons, ce n'est pas la honte qui l'étouffe. Jouer d'un faux-féminisme pour en rajouter une couche. Attendant de se faire inviter, parce que c'était ainsi la politesse dans leur société, Sinistra lia ses mains devant elle et ajouta : « Comment vas-tu ? As-tu tout ce dont tu as besoin ? ». Elle aurait pu lui dire que certaines choses la réconfortaient quand Warren était mort. Mais bon, c'eut été se confier sur une épreuve difficile de sa vie, et Ava, de toute manière, n'était plus du tout son amie.

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Ava ne savait pas réellement ce qu’était venue faire Sinistra ici. Ce n’était pas comme si elles étaient aussi proches qu’elles l’avaient été par le passé, alors elle ne venait certainement pas voir comment elle allait. La sorcière n’aimait pas vraiment tout ce mystère, et étant donné le jeu de compassion auquel jouait Sinistra, elle n’aurait pas le fin mot de la situation tout de suite. Quoiqu’il en soit, elle ne comptait pas se laisser avoir par les faux compliments de son ancienne amie. Peut-être qu’elle ne faisait pas crédible aux yeux de Sinistra, mais la jeune femme ne l’était pas non plus aux siens. Et elle ne comptait pas se laisser faire, quoique Sinistra soit venue faire ici, Ava n’allait pas se démonter, et elle était même capable d’attaquer. Lui rappeler qu’elle-même était veuve, ce n’était sans doute pas très fair-play, mais Ava ne l’avait jamais été, et puis, Sinistra était venue d’elle-même, alors autant qu’elle en assume les conséquences. De son côté, Ava n’avait pas de scrupules pour elle, ce temps-là était révolu.

« Bien entendu, bien entendu. Il faut bien se serrer les coudes dans une société comme la nôtre, n'est-ce pas ? »

Se serrer les coudes, mais bien sûr. Ava n’était pas féministe pour un sou. Elle se fichait éperdument de la condition féminine, seule la sienne l’intéressait. Pour le reste, elles pouvaient bien être considérées comme des ménagères, ça ne l’intéressait. Si elles étaient ainsi vues, c’est qu’elles le méritaient. Ava faisait en sorte de changer sa propre condition, de se construire un destin, et elle n’allait pas se mêler de celui des autres, c’était hors de question. Mais bon, elle afficha tout de même un petit sourire à l’adresse de son ancienne amie, emplie d’une tristesse feinte.

« Oui, tu as raison. Nous devons nous montrer solidaires, ce genre de drame arrive bien plus souvent qu’on ne le voudrait, malheureusement. »
« Comment vas-tu ? As-tu tout ce dont tu as besoin ? »

Oh oui, elle avait vraiment tout ce dont elle avait besoin, et en particulier des galions. L’héritage de son regretté époux était la meilleure partie de toute cette affaire. C’était même la raison principale de sa mort d’ailleurs. Mais elle ne pouvait pas se permettre de dire ce genre de choses devant la jeune femme. Elle devait tout de même se montrer prudente, et continuer de jouer les veuves éplorées.

« Je m’efforce d’aller au mieux, mais je suis très entourée, alors ce moment est un peu moins difficile à vivre. Mais installe-toi, je t’en prie. »

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Ava et Sinistra auraient pu se serrer les coudes, et faire de grandes choses ensemble. Après tout, elles étaient dotées d'un caractère particulier, fort sous des apparences différentes. Mais comme pour toutes les femmes ou presque de la société des sang-pur, on leur avait fait rentrer dans le crâne à coups de marteau-piqueur qu'elles devaient obéir à leur époux, leur père, leur frère, qu'importe. Une figure masculine valait toujours mieux que la figure d'une femme, semblait-il. Et elles auraient pu faire front, d'une façon ou d'une autre, inviter le féminisme dans leurs vies. Pourtant, toutes les deux jouaient sur un échiquier où elles se voyaient seules reines. Et à trop s'individualiser, elle perdait du pouvoir, de la force, pour réellement exister. Ava avait une technique différente de celle de Sinistra. En tout cas, lui semblait-il. Car tout ce que pouvait faire la mannoise, c'était d'observer de loin la façon de vivre d'Ava. Toute sa vie ne tournait pas autour d'elle et heureusement d'ailleurs. Mais tout de même. Il était intéressant et primordial de s'observer dans la société qui était la leur. Cela leur garantissait une place dans la vie, des relations et de potentiels amis pour leurs futurs enfants. Même si pour l'une et l'autre, cela ne semblait pas être la priorité...

La jeune femme ne vivait pas pour enfanter, au grand désespoir d'Ulysse qui affirmait parfois qu'elle était stérile. Il n'en était rien, car son épouse était fourbe et prenait des potions contraceptives afin de ne pas avoir de mauvaise surprise. Il l'aurait tué s'il l'avait appris mais heureusement, il était aveugle comme une taupe. Mais bref ! Les enfants n'étaient pas l'objet de la visite de la vipère. Et d'ailleurs, elle obtint ce qu'elle voulait puisqu'Ava, enfin, la laissa entrer. C'était à la limite de l'impolitesse d'avoir fait attendre quelqu'un de son rang aussi longtemps, mais enfin. Tout le monde n'avait pas été élevé à la même école. Et il suffisait bien de voir les réactions démesurées d'Ares pour comprendre que décidément, les Zabini étaient de la même trempe : à savoir, qu'ils ne valaient pas grand chose, donc. Elle s'assit sur un canapé avec la théâtralité d'un acteur grec. « Loin de moi l'idée de venir retourner la baguette dans la plaie, ma chère » affirma Sinistra qui n'en pensait pas un mot, « mais tout de même ». Elle laissa un léger silence se promener dans les airs : « C'est terrible que cela tombe toujours sur toi ». Terrible et donc... « Crois-tu que quelqu'un pourrait te vouloir du mal ? Que sa mort ne soit pas vraiment un accident ? ». L'air concerné de Sinistra était une comédie insupportable. Mais en réalité, elle était bien contente, toute peste qu'elle était.

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C’était tout de même étrange, de faire le constat de leur relation. Elles qui avaient été si proches, durant un moment de leur vie, et qui s’étaient totalement éloignées, pour diverses raisons. C’était bien la preuve que les liens qui unissaient les gens n’étaient en rien incassables. Il y avait toujours des optimistes qui étaient là pour assurer que certains liens résistaient à tout. Ce n’était qu’un tissu d’âneries. L’amour n’était qu’une fable qui ne durait pas, l’amitié était tarissable, quant aux liens familiaux ils pouvaient tout autant être rompus. Cependant, il y avait bien une chose qui subsistait chez Ava, et qui pouvait durer éternellement, c’était la haine. Elle était capable de haïr quelqu’un toute sa vie. Elle ne pensait pas qu’il puisse y avoir plus rancunière qu’elle, et elle ne s’en formalisait pas, au contraire. Elle jugeait que cela la rendait d’autant plus puissante, puisqu’il serait fort idiot de lui déplaire. Concernant Sinistra, elle n’irait pas jusqu’à dire qu’elle la haïssait. Ce serait lui accorder bien trop d’importance, et Ava n’en avait franchement pas l’envie.

« Loin de moi l'idée de venir retourner la baguette dans la plaie, ma chère mais tout de même C'est terrible que cela tombe toujours sur toi Crois-tu que quelqu'un pourrait te vouloir du mal ? Que sa mort ne soit pas vraiment un accident ? »

Tiens donc, voilà que Sinistra s’improvisait conspirationniste maintenant. En toute logique, Ava comprenait que certains aient quelques doutes. Il est vrai que ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait veuve, et ce ne serait pas la dernière non plus. Mais personne ne pouvait réellement comprendre ce qui avait causé la mort de ses époux, étant donné que la justice était incapable de déclarer qu’ils avaient été assassinés. Ava prenait toutes les précautions nécessaires, elle n’était pas stupide. Elle se doutait bien que tôt ou tard, certains viendraient la pointer du doigt, et l’accuser de ce qu’elle avait fait, mais pour ce dont elle ne paierait pas. Certainement pas. Le but de toute cette machination, c’était qu’elle soit belle, riche et influente. Pas qu’elle finisse en prison. Les risques étaient grands, mais le jeu en valait la chandelle, et puis, il était tellement amusant de manipuler les hommes, elle ne s’en lassait pas. Elle consentit tout de même à afficher une mine aussi sérieuse qu’attristée. Sinistra était intelligente, en dépit de tout le reste, et Ava préférait entrer dans son jeu, plutôt que de jouer les naïves.

« Je ne sais pas. Parfois, je me le demande. Personne n’a été capable de déterminer de quoi était mort mon époux. S’il devait être mort par ma faute, pour qu’on me fasse payer, jamais je ne pourrai m’en remettre. »

Tu parles. Elle l’avait tué sans une once de remords.

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Ava n'était pas très bavarde. Sinistra devait donc creuser les tranchées comme un vulgaire soldat et elle n'aimait pas cela. Elle aimait les joutes verbales, la violence du verbe acéré, le regard de celui qui se sent dépassé par les événements. Mais là, c'était différent. C'était peut-être toutefois d'autant plus fourbe. Ava, comme Ares, il fallait s'en méfier comme de la peste. Elle ne s'était pas assez méfiée du frère, et voilà qu'il avait essayé de l'étrangler lorsqu'elle l'avait quitté. Et Ava... Cette peste qui assassinait ses époux... Ce n'étaient que des doutes, bien entendu, mais elle n'était pas née de la dernière pluie. Elle savait ce que pouvaient faire les femmes lorsqu'elles étaient poussées à bout. Combien de fois avait-elle entendu parler des papotages dans les bibliothèques de ses aînés ? Ces murmures qui avouent des choses honteuses, entre deux coups d'éventail ? Mais qu'importe, qu'importe. Sinistra était là en position de force, elle le savait bien. Déjà parce qu'il en fallait beaucoup pour lui marcher sur les pieds, mais également parce qu'Ava, pour l'instant, ne se défendait que bien mollement. La réponse de la sorcière provoqua un rictus sur le visage d'ange de la mannoise. Qu'on le lui fasse payer ? Cela arriverait bien vite. « C'est fort curieux. Moi qui pensait qu'ils embauchaient de bon médicomages légistes » dit-elle en insistant légèrement sur le nom de métier. C'était terrible que d'imaginer son époux à la morgue. A moins qu'on l'y ait envoyé, bien volontiers. Elle regarda attentivement l'attitude de son hôte. « Tuer, c'est si trivial » fit-elle en haussant les épaules d'un air navré. Elle expira une gorgée d'air de ses poumons d'un souffle sec : « C'est le petit peuple qui s'abaisse à cela. Il y a tant d'autres moyens de détruire quelqu'un, surtout de nos jours » continua-t-elle d'un air faussement désolé, « le monde se perd, les habitudes se meurent, ma chère Ava ». Sinistra était la première à préférer jouer dans le camp fourbe de la manipulation et de la divulgation que dans celui de la violence dans sa plus stricte essence. Mais bon, Ava et elle ne jouaient pas dans la même équipe, de toute manière.

COTÉ DU MAL · Sujet: Re: Le poison des vipères | AVA | FLASHBACK Dim 3 Oct 2021 - 22:30

Ava ne savait pas si Sinistra cherchait quelque chose en particulier, à lui faire avouer quelque chose surtout, mais elle n’allait pas se faire avoir aussi facilement. C’était tout bonnement hors de question. Elle n’était pas aussi stupide, et elle était douée pour jouer les veuves éplorées, après tout, elle n’en était pas à son coup d’essai, et Ava ne manquait pas d’esprit, dans certaines situations. Enfin bon, quoiqu’il en soit, elle n’allait pas se laisser avoir aussi facilement. Et Sinistra commençait sincèrement à l’agacer. Elle ne savait pas ce qui lui prenait de jouer les investigatrices à deux noises, mais ça n’allait pas se passer comme ça. Ava avait des armes solides, elle savait où taper pour que cela fasse mal, et si Sinistra la cherchait un peu trop, cela finirait mal pour elle, elle en faisait la promesse.

« C'est fort curieux. Moi qui pensait qu'ils embauchaient de bon médicomages légistes »

Ava ne réagit pas à la remarque de son ancienne meilleure amie. Elle faisait en sorte qu’il n’y ait pas de traces, pas de preuves qui pourraient amener qui que ce soit à elle. Quand bien même elle pouvait être suspecte, il ne fallait pas qu’elle devienne coupable. La jeune femme ne laissait rien au hasard, c’était tout un art, et Ava était en train de se perfectionner. Puisqu’elle ne comptait pas s’arrêter là, évidemment. Elle voulait de l’argent, beaucoup d’argent. Et les héritages qu’elle touchait à la mort de ses époux étaient déjà un très bon début.

« Tuer, c'est si trivial. C'est le petit peuple qui s'abaisse à cela. Il y a tant d'autres moyens de détruire quelqu'un, surtout de nos jours le monde se perd, les habitudes se meurent, ma chère Ava ».

Sinistra attendait sans doute une réaction qui pourrait amener Ava à se trahir, mais elle n’allait pas lui donner ce plaisir. Que Sinistra pense ce qu’elle lui disait ou non, Ava s’en moquait totalement. Ava se contentait de suivre son chemin, de suivre sa route, rien de plus. Elle avait un but, un réel cheminement de pensées, elle n’agissait pas selon des instincts précaires, ni un besoin incommensurable d’avoir le dessus. Elle l’avait déjà sans avoir besoin de faire de gros efforts, dans tous les cas.

« Oui, tu as raison. C’est vraiment malheureux, d’en arriver à de tels procédés. Mais je ne tiens pas spécialement à me pencher sur tout cela trop longuement. C’est encore tellement douloureux pour moi… »

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Pour avoir passé sa scolarité avec Ava Zabini, Sinistra était bien placée pour savoir qu'elle était une sorcière redoutable. Et pour cause, les Zabini étaient des sorciers aux origines venues d'ailleurs. Et comme pour tout ce qu'elle ne comprenait pas, la mannoise avait tendance à s'en méfier. Elle avait utilisé Ares pour ne plus penser à Janus sans que cela ne fonctionne réellement. Il lui avait d'une certaine façon, donné confiance en elle et en son pouvoir de séduction... Pour se faire misérablement recaler lors d'une ridicule demande en mariage. Mais était-ce important, après tout ? Cet amour de jeunesse avait rendue compliquée la relation amicale entre Ava et Sinistra, à tel point que désormais, cette dernière venait jouer l'oiseau de mauvais augure avec elle. Toutes les paroles de la jeune femme semblaient pourtant couler sur le plumage de cendre de la sorcière en face d'elle. Plumage funeste. Voilà deux femmes qui, dans le fond, se savaient intouchables. « Ciel tu as raison » fit-elle en portant dramatiquement une main à sa poitrine pour feindre un quelconque sentiment emporté, « je m'en voudrais de retourner la baguette dans la plaie ». Elle lui lança un sourire tristounet, comme si elle le pensait. L'hypocrite. « Il parait qu'il y a du plomb dans l'aile du mariage de Morfin Carrow et Danae Ollivander » fit-elle la conversation sans rien savoir en réalité du mariage du Carrow, « peut-être qu'il pourrait être un bon parti pour toi... Si tu souhaites être une belle-mère à ton âge ». Après tout, c'était tout ce qui guettait Ava. A trop tuer des hommes, plus personne ne voudrait guère d'elle, sinon un avec un ego tel que celui de Morfin. Il se sentait si puissant qu'il ne verrait probablement même pas qu'il aurait une veuve noire à son bras. « Mais je me doute que ce n'est guère trop ta priorité, actuellement ». Elle se tapota la main comme si c'était celle de son ancienne meilleure amie, plus hypocrite que jamais.

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Cette conversation était grotesque, tant elle suintait d’hypocrisie d’un côté comme de l’autre. Ava ne croyait pas un mot de ce que pouvait lui dire Sinistra, alors que l’inverse devait être tout aussi vrai. Pourtant, à une époque, les deux femmes avaient été proches, très proches. Ava avait considéré Sinistra comme sa meilleure amie, sa sœur de cœur. Mais tout avait été brisé, quand Sinistra avait brisé le cœur d’Ares. Ce n’était pas tant la rupture que Ava lui avait reproché, mais l’humiliation, la façon de faire, comme si Ares ne représentait rien de plus qu’un jouet. Et aujourd’hui, elles en étaient là, à se jauger, à se blesser pour voir qui des deux craquerait en premier.

« Ciel tu as raison je m'en voudrais de retourner la baguette dans la plaie »

C’est cela, Ava allait y croire, à sa prétendue empathie. Ava n’en avait pas besoin dans tous les cas. Même si elle s’était trouvée réellement malheureuse de la mort de son époux, elle n’aurait pas cherché le réconfort de Sinistra. Qui s »y risquerait ? Cette femme était incapable de faire quoique ce soit, et elle finirait seule, comme elle le méritait.

« Il parait qu'il y a du plomb dans l'aile du mariage de Morfin Carrow et Danae Ollivander peut-être qu'il pourrait être un bon parti pour toi... Si tu souhaites être une belle-mère à ton âge. Mais je me doute que ce n'est guère trop ta priorité, actuellement »

Pourquoi lui parlait-elle du mariage Carrow ? D’autant qu’elle n’avait pas entendu cela. Morfin n’avait que peu de considérations pour son épouse, certes, mais était-ce là un motif de divorce ? Merlin non, pas dans leur société. Et puis, elle ne se voyait pas épouser Morfin Carrow. Parce que c’était un homme qu’elle appréciait, et pour cette raison, elle ne pouvait l’épouser, étant donné ce qui arrivait à ceux qui décidaient de sauter le pas avec elle.

« Je n’ai pas entendu parler de cela. Cependant tu as raison, ce n’est pas ma priorité pour le moment. Je dois faire le deuil de mon époux. Mais peut-être pourrais-tu t’y intéresser toi-même. »

Sujet: Re: Le poison des vipères | AVA | FLASHBACK

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