En lisant la gazette du sorcier, ce matin-là, Carina eut un haut le cœur. D'habitude, assez peu sensible sur ces sujets, il lui aurait été difficile de ne pas s'émouvoir. Elle avait entendu parler de ce qui se passait sur le chemin de traverse à Saint Mangouste, par le biais de Soyle, puis de Yelena. Elle voyait des corps, du sang et empoisonnements tous les jours. Mais ceci avait un aspect tout à fait de singulier. Calme comme à l'accoutumée, elle tournait les pages jusqu'à la liste des otages. Elle ne connaissait pas la plupart des noms, et les oublierait sans doute d'ici quelques heures. Mais il y avait des détails qui marquaient l'esprit. Ce qui lui sauta finalement aux yeux fut la pétition. Elle se mordit l'intérieur de la bouche, hésitant longuement sur la question. Que faire ? Elle approuvait totalement l'introduction qui précédait les quelques signatures. Le ministère était lent... Elle en savait quelque chose. Peu révolutionnaire, indécise, ce fut finalement un regard échangé avec Deirdre qu'elle se résolut à apporter sa signature. Peut-être qu'elle pourrait faire une exception ? Alors... elle sortit sa plume avec hésitation. Je signe.

Installé à son bureau, Perseus lisait le numéro de la gazette consacré à la dernière action de ses collègues mangemorts. Plus le temps passait, plus il avait la sensation que la qualité des articles diminuait. Cela n'avait probablement rien de surprenant étant donné qu'il s'était définitivement retirer du journalisme quelques années plus tôt.

Il n'y avait rien de bien surprenant sur ces lignes. Il savait déjà tout ça - enfin presque. Avec un soupir, il constata que la liste des otages présumés était plus qu'incomplète. Quelques uns n'avaient même pas leurs noms correctement écrits. Quel manque flagrant de professionnalisme ! Mais il ne s'en émut guère davantage, portant son attention sur le dernier écrit de cette édition. Un appel à signature pour une pétition ridiculement inutile. Machinalement, il écrasa sa cigarette dans le cendrier qui était posé sur le coin de son bureau. Il ne portait pas le ministère dans son cœur. Pire, il s'en moquait royalement. Mais cela l'intéressait pour des raisons différentes, plus subtiles. Une question d'image. Il but tout d'abord une gorgée de son fidèle cognac et prit sa plus belle plume pour écrire. Je signe ! L'hypocrisie coulait dans ses veines, et cela ne le perturbait pas une seconde. Le groupuscule auquel il appartenait était la cause de blocus et alors ?