Prologue ~ La Famille

Chapitre 1 ~ Le Père

Chapitre 2 ~ La Mère

Chapitre 3 ~ Le Frère

Chapitre 4 ~ Le Monstre

Chapitre 5 ~ Le Passé

Epilogue ~ xxx

La Famille.

Il y a ceux qui décrètent que c'est un concept sacré et s'ils le pensent, c'est qu'ils doivent avoir une bonne raison de le faire. Sans doute qu'ils n'ont pas de famille toxique ou de famille complexe, où les petits jeux ne se font pas monnaie courante et où se jeter un sortilège dans le dos est quelque chose auquel on ne penserait pas. Pour Clare, justement, la famille, c'est sacré. Elle n'a donc jamais eu particulièrement de problèmes avec eux. Un mère, une mère, un frère. Ça c'est la famille proche, le cercle restreint qui lui suffit. Les liens plus lointains sont intéressants mais de seconde zone.

La Famille, c'est quand même un concept sacrément flou. Il y a des gens qui ne jurent que par les liens du sang - comprenez-vous ! Le sang, c'est sa-cré ! - et d'autres qui en ont une conception plus large et plus acceptable aussi peut-être. Plus ouverte sans doute. L'amitié peut conduire à se construire sa propre famille, celle qui nous accepte et qui nous a choisi, pas celle que sainte mère nature a essayé de nous imposer. Pour Clare, elle a aussi la chance de connaître une famille amicale, bien que son cercle soit restreint. Sa meilleure amie aurait pu être sa sœur que l'on y aurait pas vu de différence. Elle était en effet aussi proche de son frère de sang que de sa sœur d'amitié, si ce n'était pas une jeune femme chanceuse, je ne sais pas ce que c'est !

La Famille, c'est aussi un concept drôlement mouvant. Eh ! Après tout, quand on se marie, est-ce qu'on ne devient pas la famille d'un autre ? Est-ce qu'on est pas prêt à construire sa propre famille ? Est-ce qu'on ne met pas un peu sa famille entre guillemet ? Bonne question ! Ceux qui arrivent à jongler entre tous les cercles familiaux tiennent sans doute plus des acrobates que des véritables Hommes.

« Et le loup chantait ce soir-là, pour une lune encore ».

La couverture se referma sur le livre, éclairé faiblement par le Lumos d'une baguette. Dans cette chambre d'enfant somme toute très simple, était couchée une petite fille aux yeux très clairs et était assit un homme aux yeux très sombres. Ce dernier tenait sur ses genoux l'ouvrage qu'il venait de finir, et avait laissé reposer sa main ridée sur la couverture rigide. « Pas d'autre histoire pour ce soir, il est tard ». Mais l'homme ne bougeait pas. Les petits doigts de la petite fille aux yeux bleus dépassaient de la couette sur laquelle couraient des licornes enchantées. « J'ai pas sommeil » avoua-t-elle d'une petite voix minuscule, bientôt suivie pourtant un bâillement coupable, « juré ! ». Un rire enchanteur glissa au delà des lèvres de l'homme et il répondit : « On ne jure que pour la vérité, Clare ». Elle ne trouva rien à répondre à cela, fit à la place une moue d'enfant pas contente, à la recherche de quelque chose à dire pour le faire rester. C'est lorsqu'il reposa le livre dans la bibliothèque que finalement, la petite bouche futée s'agita : « Raconte moi encore... » - l'homme la regarda attentivement, prêt à lui refuser sa demande - « Sainte-Péresbourt ». Un autre rire glissa hors des lèvres de l'homme et il revint s'asseoir : « Ma petite Clare, toujours aussi curieuse ». Il leva sa main pour glisser une mèche de cheveux blonds très clairs, presque blancs, derrière son oreille, « ce sera pour demain, Saint-Pétersbourg ». Il la regarda par delà ses lunettes carrées qui lui faisaient un visage beaucoup plus sévère qu'il ne l'était réellement. En fait, il avait tout l'air d'un homme charmant lorsqu'on l'entendait rire et lorsqu'on le voyait bouger, mais c'était a contrario un homme qui paraissait épouvantablement rigide et sévère lorsqu'on ne portait son regard qu'à ses traits inexpressifs. L'homme se leva et fit un baiser sur le front de la petite fille qui ne négocia pas davantage. Enroulée dans ses draps, elle se tourna vers la porte alors que la pièce était plongée dans le noir par la fin du Lumos. « Bonne nuit papa ». Le père s'arrêta à la porte et se garda de la fermer totalement et répondit tranquillement : « Bonne nuit, Pumkin ».

Assise face à une petite fille aux cheveux blonds, une femme. Une femme dont les cheveux rappelaient grandement ceux de l'enfant. Un sourire amusé, en coin, ravi. Des yeux bleus très clairs qui regardaient en miroir ceux de l'enfant. Les deux mains posées sur la table, ongles peinturés en rouge, la femme attendait patiemment une réponse. Et en face, la petite fille affichait ce même sourire en coin, mais davantage circonspect que ravi. « C'est un téléphone, Clare ». La voix était d'une bienveillance rare. « Je t'ai déjà montré comment on l'utilise. Tu me montres ? ». La petite tête aux cheveux raides fit "non" sans vergogne aucune. « Petite sorcière, va » plaisanta sa mère. Elle se saisit du combinet téléphonique pour le porter à l'oreille de la petite fille qui plaqua ses deux mains contre pour le maintenir bien contre elle. Et la mère se mit à faire tourner la roulette du téléphone pour inscrire les chiffres et se relier à la ligne de sa propre mère. « Allô ? ». La voix aurait pu transpercer l'oreille de la petite fille si elle n'avait pas déjà subi cela et prévu en conséquence d'écarter un peu le combinet de son oreille. « Mamiiiiie ! » ; « Ah ma petite Clare, comme ça me fait plaisir ! ». Sous le regard ravi de sa mère, la petite fille papota cinq grosses minutes avec sa grand-mère, avant qu'elle ne récupère le téléphone et mette fin à l'appel. « C'est quand même super de pouvoir rester en contact avec elle sans utiliser la magie, n'est-ce pas Clare ? ». Dans un espèce de rire absolument innocent que seuls les enfants parvenaient à avoir, la petite blonde acquiesça, les yeux aussi merveilleusement lumineux que si elle avait vu un tour de magie.