Pré-Au-Lard. Ça sonnait bien, comme nom. Pour Caleb, Pré-Au-Lard était synonyme de Noël, fêtes, cadeaux ...
Pourtant, Pré-Au-Lard au Printemps était tout aussi beau. La Campagne était fleurie, et il y avait dans l'air une douce odeur de fleurs. La rue commerçante était bondée de monde, et une ambiance festive y régnait.
Assis sur un banc, sur la Place Rufus Oldrige, un magasine de Quidditch fraichement acheté quelques minutes auparavant le jeune homme s'amusait à observer les badauds qui passaient devant lui.

Deux Serdaigles sortaient de Scribenpen avec des sacs pleins les mains, tout comme un groupe de Gryffondors sortaient de chez Honeydukes les visages barbouillés de sucres et autres colorants chimiques aux goûts délicieux, les doigts pleins de chocolat dont ils essayaient de barbouiller les autres.
Un peu plus loin, des Serpentards jouaient à une bataille d'eau géantes, où les cibles n'étaient autres que les élèves qui passaient devant eux. D'ailleurs, un élève de Serdaigle leur hurla dessus car ils avaient trempé son livre.

Loin de toute cette agitation, Caleb était tranquille dans son petit coin.
Sauf une jeune blondinette souriante qui arrivait dans sa direction d'un pas léger, que le jeune garçon reconnu en la personne de son amie Saphira .... Quiconque s'approchait d'un peu trop près de son espace vital se voyait refoulé d'un regard noir et dissuadant.

Ce n'était pas la Saphira pleine d'entrain et d'insouciance qu'il connaissait qu'il avait aujourd'hui en face de lui.
Un faible petit salut répondit à son sourire, et Caleb en fut étonné.
Détaillant avec minutie les traits fins du visage de la jeune fille, il n'en détecta pourtant rien qui puisse sérieusement l'alarmer.
Peut-être n'avait-elle pas passé une excellente journée ? Pourtant, c'était samedi, jour sans cours et donc jour de fête.
Peut-être était-est-ce un " truc de fille ", alors ? Caleb n'était qu'un garçon, et bien trop souvent dépassé par la psychologie féminine. Pauvre Caleb.
Pourtant, il en fallait beaucoup plus pour le décourager, et c'est en passant tout naturellement un bras protecteur autours des frêles épaules de son amie qu'il lui plaqua une bise sur les joues, lui lançant un joyeux " Salut, Saph' ! ".
Ce geste était anodin, pour lui, Saphira était une des ses plus anciennes et proches amies. Et bien qu'il était plutôt d'un naturel solitaire, ses proches amis, ils les considérait beaucoup.

" - Tu lis quoi ? " demanda-t-il en se dévissant la tête pour apercevoir l'intitulé du livre.

Ah, ce livre là ! Elle le lui avait déjà fait lire, c'était un des livres préférés de la jeune demoiselle, d'ailleurs.
Et alors qu'il s'apprêtait à lui faire part de cette remarque en une petite taquinerie, de grands éclats de voix lui firent tourner la tête.
Un groupe de Serpentards - ils devaient bien être 7 ou 8 - s'en étaient prit à un couple de Gryffondor. Et le Gryffon tentait d'attraper un de ses bourreau. Bourreaux parmi lesquels Caleb reconnu la brune tête de Margaud Nurmengard.

" - Cette fille est incroyable ... dit-il à l'attention de Saphira, ne quittant pas des yeux le manège des élèves près d'eux, et notamment celui de la Serpentarde citée. Remarque, elle fait honneur à sa maison ! " ajouta-t-il, ironique, se retournant enfin vers son amie, les yeux rieurs.

Comment les Serpentards faisaient-ils pour être aussi détestables ? Cette interrogation aurait très bien put être un excellent sujet de composition pour leurs épreuves d'ASPIC, lors de leur septième année. Au moins auraient-ils pu, un tant soit peu, éclaircir le mystère des Serpentards ?
Non, ils étaient tout bonnement incurables, un point c'est tout. Pas de réponse à l'interrogation de Saphira, sûrement les Verts eux-même devaient se demander par quels moyens ils arrivaient à être aussi haïssables.

" - Sa, ma chère Saph', je crois que personne ne pourra jamais y répondre. Je suis d'ailleurs sûr qu'eux même ne savent pas comment ils font ... " grinça-t-il entre ses dents, l'air morose.

Amer, il repensa à la journée précédente où, traversant le couloir, il avait eu affaire à Cooper-Johnson. Son bourreau attitré. Pourquoi s'acharnait-il sur lui ? Pour ses couleurs ?
Le jeune homme pensa soudain qu'il faudrait un jour qu'il arrive à subtiliser l'uniforme d'un collègue Gryffondor, pour voir si le Serpentard le laisserait enfin tranquille. Quoique, pas sûr ...

" - Bien sûr, je te suis ma belle ! " s'exclama-t-il à la suite de la proposition de la jeune fille, se levant vivement de son banc, étirant ses jambes qu'il commençait à sentir engourdies.

Comment se faisait-il qu'il n'avait plus revu son amie depuis ces quelques derniers jours ?
Son emploi du temps était, il fallait le dire, un peu chargé ; il s'était mis au point un programme de révision des BUSEs auquel il se tenait rigoureusement.
Mais cela ne l'avait pas empêchait de chercher la jeune blonde partout dans leur salle commune, et même dans le Dortoir des filles, duquel ils s'était rudement fait chasser.

" - J'ai la triste impression que ça fait une éternité que l'on ne s'est plus croisés, Saphira, lui dit-il, souriant sincèrement. J'ai même été jusqu'à interroger tes collègues de dortoir... Qui non rien voulu dire, évidemment. J'en ai même cru que tu m'évitais ! C'est bête, hein ?.. " ajouta-t-il, taquinant son amie, la poussant légèrement du coude, tout en marchant tranquillement auprès d'elle.