Un soir orageux comme tant d'autres en cet été 1975, Daisy enfermée dans sa chambre depuis près de trois semaines, se torturait l'esprit encore et encore......Pourquoi ? Mais pourquoi avait-elle osé défier son père, Sir Edgar Blackstone, comment avait-elle osé même y penser ?
Une seconde d'inconscience ? Une minute d'euphorie ? En valait-il seulement la peine ? ...
Allongée sur son lit, les bras croisés derrière la tête, seules ses paupières clignaient de temps à autres. Résignée.... maussade.....glaciale......

"Daisy, descend tout de suite" hurla Thyme

Sans bouger un millimètre de son corps, Daisy fixait le plafond de sa chambre noire éclairée par la seule lueur d'une bougie.

"Daisy" insista sa mère

oh, bien sur elle l'avait entendu dès la première fois, mais la laisser poiroter quelques secondes lui laissait croire qu'elle avait encore un tant soit peu de libre arbitre.
La jolie blonde se leva de son lit. Depuis combien de temps était-elle restée là ....immobile..... ? On pouvait le deviner à l'empreinte qu'elle laissait en l'abandonnant enfin.
Alors qu'elle se dirigeait vers sa coiffeuse, elle entendit le cliquetis de la serrure qui la délivrait trois fois par jour de son cachot. Un petit "dépêche-toi, ils sont là" de sa soeur Lilac lui parvint aux oreilles au moment où elle alluma la lumière de son meuble.
Présentable....relativement.... elle se mordit les lèvres en se pinçant les joues....il parait que ça donne bonne mine....
Un dernier coup de peigne, un ultime trait de crayon noir, elle fonça enfiler une robe aussi noire que ses idées. Elle finit par sortir en prenant soin d'éteindre les sources lumineuses puis fondit vers l'escalier.
En bas l'attendaient déjà Edgar et Thyme, ainsi que ses trois jeunes sœurs très joliment apprétées. Les convives étaient sur le point de rentrer et Thyme affichait un tel regard de désapprobation qu'elle aurait pu déchiffrer les paroles qu'elle lui dit : "Tu es presque.....acceptable....."
Son père se contenta de plisser les yeux comme il savait si bien montrer son mécontentement.

Enfin le majordome annonça : "Sir Hafilker, son épouse et leur fils Joe Elvis"

Au moment où le majordome annonça l'arrivée des trois invités, ils firent leur apparition. Sir Hafilker et sa dame étaient des sorciers à la fois élégants et charismatiques et ils saluèrent les parents Blackstone avec une grande courtoisie. Daisy les suivit de ses deux yeux perçants, tentant de mettre à jour leur véritable personnalité. Oh oui... les grandes familles de sorciers aux sang purs aussi parfaites d'apparence soient elles, cachent toujours une réalité bien plus dure et amère que ce qu'elles veulent montrer. Imaginant toute sorte de scénario pour la famille Hafilker, Daisy se laissa surprendre par la venue de leur fils qui la saluait déjà d'un doux baise-main. Au moment ou leurs regards se croisèrent, ses joues rosirent à l'image des siennes. Elle plissa les yeux l'espace d'une seconde, cherchant dans sa mémoire où elle l'avait déjà vu, et il ne lui fallut pas plus pour savoir que ce garçon faisait partie de sa maison, de la même année de Bree. Elle ne lui avait jamais vraiment parlé d'ailleurs, elle n'avait pas besoin, elle avait toujours été très bien entourée jusque là. Bon puisqu'il était là, assurément aussi ravi qu'elle, elle entamerait la conversation.... Mais plus tard.....

Sir Blackstone ouvrit la bouche : "Mes chers amis, comment allez-vous ?"

Edgar les gratifia d'un sourire aussi hypocrite que condescendant, ce qui ne sembla pas les choquer outre mesure. Sans doute étaient-il habitués à ce genre d'échanges entre sorciers de la haute société. Sir Blackstone entraina Réginus par le bras vers le salon et Thyme fit de même avec Gilberta. Joe et Daisy leur emboitèrent le pas suivi des trois soeurs Blackstone.
En chemin, Daisy ne put s'empêcher de fixer les adultes tout en écoutant leurs conversations :

Edgar : "Tu as des nouvelles d'Abraxas et du fameux mage noir ?"
Réginus : "Oui la réunion de lundi a porté ses fruits"
Edgar : "Patricius pense qu'il se joindra également à nous"

Gilberta : "Comment ont réagi les Donagan ?"
Thyme : "Comment crois-tu qu'ils ont réagi .... elle s'est montré si virulente qu'ils ont pensé se retracter...Mais je crois que notre punition va la faire......réfléchir....." ajouta-t-elle en jetant un regard mauvais en direction de sa fille ainée.

Ses dernières paroles étaient pour le moins explicites. Ainsi, sa mère parlait à tout bout de champ de ce qu'il se passait dans le manoir Blackstone. Elle oubliait sans doute de dire dans quelles conditions cette punition avait lieu. Ou alors le savaient-ils tous et ils s'en contrefichaient puisque les mêmes châtiments avaient lieu dans leurs propres maisons.....
Essayant de faire le vide autour d'elle, et d'ignorer les phrases de ses parents, Daisy se tourna vers le nouvel objet d'intérêt de ses sœurs, Joe, et entama la conversation :

- Content d'être là ?

Avant qu'il ne réponde, les convives et leurs hôtes s'essayèrent sur les fauteuils du petit salon, adultes d'un coté, enfants de l'autre, daisy et Joe entre les deux. Le majordome vint se positionner devant Réginus en proposant le whisky pur feu.