Depuis plusieurs mois, l'humeur de Daisy était inconstante, vacillant comme une flamme à la merci d'un courant d'air. Et l'ambiance st Valentin berçant le château, qui dégueulait d'amour, n'arrangeait rien. Qu'avaient-ils tous avec cette fête ? Il avait fait quoi ce Valentin pour obliger les amoureux à s'offrir des roses ou des chococats ou toutes autres niaiseries de la sorte pendant que les cœurs solitaires agonisaient en silence ?

D'une démarche rapide, la vipère se dirigeait vers la grande salle pour le déjeuner et n'hésitait pas à jouer le Cupidon de mauvaise augure sur son passage, envoyant par ci par là des sorts bien sentis aux courageux qui osaient s'embrasser devant elle. Hop .... un "Colletout" sur les deux bouffondors près de la fenêtre.. hop un ""Crache Limaces" aux deux pouff(y)s s'offrant un baiser baveux en bas de l'escalier...

Après ses méfaits, elle fonça s'assoir à la table des serpents, face à la salle, au cas ou l'envie irrésistible d'asséner quelques sortilèges aux amoureux se fassent sentir. A peine assise, alors qu'elle n'avait pas encore entamé son entrée, les hiboux pénétrèrent dans la grande salle et firent leur danse du courrier. Son regard se posa alors sur un petit paquet qui venait de tomber devant elle, orné d'un ruban rouge et d'une étiquette portant son nom. Elle reconnut les lettres penchées et eu un mouvement de recul au même moment ou une grimace passagère s'afficha sur son visage.
Toute son attention focalisée sur ce petit paquet, elle n'entendit pas son ami qui s'approchait...

hj: C'est très bien je rebondis sur la lettre que tu as reçu


Les paroles de son ami qui arrivait la sortirent de sa contemplation. Elle eut juste le temps de ranger le petit paquet et de maugréer un faible et détaché "oui, oui" que le jeune homme était déjà assis auprès d'elle. Elle lui offrit un sourire léger pour faire bonne figure et ne pas trahir ses pensées, puis observa le sixième année engloutir son déjeuner. Le mélange de saveurs dans son assiette lui arracha une petite grimace de dégout (qu'ont-ils ces garçons a tout mélanger dans leur assiette ?) puis elle reporta son attention sur la lettre du jeune homme. Aux vues de la mine réjouie du garçon à la lecture de son courrier, Daisy lui arracha des mains afin de lire la bonne nouvelle. Qu'elle ne fut pas sa surprise de lire le mot "banque", elle n'avait pas souvenir que les sorciers puissent travailler à Gringotts, seuls les gobelins pouvaient avoir de tels postes. La jolie blonde fronça les sourcils et questionna Neil :

- Tu m'avais pas dit que ton père bossait au Ministère ?

En effet, le serpentard lui avait toujours mentionné que Mr Castle travaillait au service des créatures magiques. Étonnant ! Surprise et légèrement suspicieuse, elle se tut un instant et but une gorgée de son jus de citrouille.

hj : Si le fait de mentir sur le métier de tes parents ne va pas dis le moi, je changerais

Tout en reposant son verre sur la table de bois, Daisy resta suspicieuse face à la première réponse de Neil et plissa les yeux comme pour manifester sa désapprobation, mais elle se ravisa dans ses paroles, du moins pour le moment. Elle se souvenait très bien de leurs discussions, et les activités de leur paternel en faisait partie, alors sa réponse vague piqua sa curiosité.
Le jeune homme lui reprit la lettre des mains tout en la questionnant à son tour sur son mystérieux paquet. Habile diversion, digne du serpentard.

- Je n'ai pas vraiment envie d'ouvrir mon courrier, vois-tu, mon cher Neil !!! Lui dit-elle avec une pointe de tristesse dans la voix.

- Je préfères mieux t'harceler pour avoir ma réponse ! Continua-t-elle pour revenir à son sujet de conversation à elle. Tu m'as souvent parlé de tes parents mais jamais tu n'as dit quoi que se soit sur une banque !

Sa révélation lui fit l'effet d'une bombe. Neil, son ami depuis des années lui avait caché cet élément essentiel de sa vie. Élément qui, il le savait sans doute, était incompatible avec une amitié entre eux. Bien sur qu'elle avait des principes archaïques sur la pureté de sang, elle avait baigné dans ce dogme depuis sa naissance, ainsi sa colère et son incompréhension soudaine se traduisirent par le mutisme. La bouche légèrement entrouverte, ses yeux bleus écarquillés, elle eut le souffle coupé et espéra un instant que son ami se mette à rire en lui disant que c'était une farce. Non, son visage restait fermé et ne traduisait aucun humour.

Si le regard de la jeune femme était éteint ses derniers temps, il s'anima soudain d'une lueur de haine viscérale, ses convictions profondément ancrée en elle reprenant le dessus sur cinq années d'amitié sans faille. Pourquoi fallait-il que le monde s'écroule autour d'elle ? Chaque jour elle pensait avoir touché le fond, mais elle sombrait pourtant davantage.

Les mains serrées, ses ongles dévorant sa chair, elle lui répondit enfin :

- Qui es-tu Neil ? Qui es-tu ? Je me suis confiée à toi, je t'ai fait confiance et tu m'avoues que tu n'es qu'un moins que rien ?

Dans un mouvement lent et dédaigneux elle se leva de son tabouret, positionna son visage à quelques centimètres du sien et menaça :

- Ne t'avise plus jamais de m'adresser la parole !

-Qu'est ce que ça peut faire? ...... Ton sang est souillé par ta vermine de mère !! Répondit elle du tac au tac avec une hargne qu'on ne lui connaissait guère qu'avec ses ennemies les plus exécrés.

Les paroles de son ami glissèrent sur elle comme de l'eau, complétement imperméable aux sentiments d'amitié qui les avaient unis, se laissant envelopper par une haine longtemps réprimée. Elle était à présent debout et Neil dégaina sa langue fourchue.. puis lui tourna le dos. Sans attende, Daisy saisit le premier verre qui lui tomba dans la main et le lança violemment dans le dos du serpentard, agrémentant son geste d'un :

- C'est peut-être bien de la honte oui !

Neil vit volte face et incanta un sortilège. En quelques secondes, une douzaine de petits serpents ondulèrent jusqu'à ses pieds et disparurent aussitôt dans un "Evanesco" inaudible. Toute son attention focalisée sur la réussite de son sort, Daisy perdit de vue son ami qui avait fuit après leur échange houleux. De mémoire, jamais ils ne s'étaient disputés de façon aussi virulente, et jamais à propos de leurs origines.
Pourquoi ne lui avait-il rien dit ? Leur amitié, pourtant profonde, n'était-elle basée que sur du sable, prête à s'écrouler au premier coup de vent ?
Le visage rageur, elle détourna sa colère sur le couple derrière elle qui avait les yeux rivés sur elle.

- Dentesaugmento

Voilà de quoi les occuper pendant qu'elle quittait la grande salle d'un pas aussi rapide que fut son déjeuner.