Lorsque le vent change ( Gideon )

~ 1976 ~

Une brise printanière agitait, soulevait avec grâce les langues de feu soyeuses qui ondulaient sous le souffle du vent, à la fois élégantes et nonchalantes pour ensuite couler le long de son dos blanc, entre ses omoplates et sur le tissu léger et naturel d'un bleu très pâle, arctique. La silhouette était aisément reconnaissable. De longues jambes souples et blanches, une taille fine, un corps harmonieux mais surtout cette longue crinière rousse qui flottait. La robe lui arrivait pile au-dessus des genoux et seuls ses avant-bras étaient découverts ainsi que la peau très blanche de ses épaules et de son dos. Il n'y avait rien de particulier à faire si ce n'était se promener ce jour-là, d'ailleurs Minerva ne voulait rien de plus car il lui fallait se changer les idées. La sorcière resserra un peu plus son châle couleur crème autour d'elle en marchant, le regard vague et perdu au-delà de la ligne lointaine de l'horizon.

Le monde autour d'elle changeait, le ciel s'assombrissait et plus personne n'était à l'abri des mauvais jours. La famille de Minerva, plus que jamais déchirée, se questionnait. Les Moon et leurs parents éloignés étaient impliqués dans une guerre fratricide, une querelle meurtrière qui voyait déjà ses premiers morts joncher les pavés. Morgan Moon, sa mère avait beau essayer de la rassurer la fille n'était pas dupe, elle ne pourrait pas éternellement tenter de la préserver. Les Moon, reliés aux Prewett par Merope Moon, la mère de ses cousins Molly, Gideon et Fabian avaient déjà fait leur choix et cela suscitait d'âpres disputes. Les Timms, parents par Meredith Moon, mère d'Agatha quant à eux ne faisaient plus partie de cette famille, ils étaient considérés comme définitivement perdus. Et voilà que Melody, la fille aînée de son oncle Octavius semblait vouloir voler de ses propres ailes...

Oh non, son monde imparfait s'écroulait et Minerva, impuissante et encore trop fragile sombrait avec. Au bord du précipice la lumière lui paraissait de plus en plus faible et la fin inéluctable. Après tout n'avait-elle pas vu une partie de son avenir ? Elle l'avait vu, elle frissonna de peur et tritura nerveusement une longue mèche rousse lorsque...

MANGEMORT

Le printemps avait beau être de retour, le soleil faire quelques apparitions brèves dans le ciel du Royaume Uni, tout n'allait pas bien. Les paroles et les regards confiants des adultes n'étaient que leurres, supercheries, et la bonne humeur des élèves, superficialité. Tout n'était pas beau dans le monde sorcier, personne ne pouvait réellement dire qu'il ne se faisait pas de soucis, tout le monde était obligé de voir que nous étions au début d'un tournant de l'histoire, autant chez nous que chez les moldus qui souffriraient surement autant. Peut-être que je tirais des conclusions trop hâtivement, mais je me considérais plutôt comme lucide, il suffisait de lire la gazette... encore dernièrement, le ministre avait été enlevé. Si même les dirigeants les plus importants ne sont pas correctement protégés, absolument tout le monde est en danger.
Ces derniers temps, je ne faisais que penser. A tout ce qu'il se passait (mais que se passait-il exactement au juste ?) mais aussi et surtout, à ma famille. Je savais Fabian plus ou moins en sécurité, ici à Poudlard, le château n'était-il pas répandu pour être encore plus protégé que Gringotts elle même ? J'étais assez croyant en la puissance de ma sœur et de mes parents, mais je ne m'en montrais pas pour autant moins inquiet et leurs fréquentes lettres se voulant rassurantes ne me faisaient que plus angoisser. Quant à la famille un peu plus éloignée, je ne sais qu'en penser. Ma mère, Merope Prewett née Moon n'en parlait que rarement. D'ailleurs, je ne les voyais qu'à de rares occasions en dehors de Poudlard.
Alors pour se changer les idées, on fuit les autres élèves qui sont soit trop joyeux pour la période, soit qui ne parlent que de ça. Loin, dans le vent, ses cheveux de feu dansant en un ballet désordonné, avec cette allure hautaine et cette élégance des Moon qui la caractérise si bien et cette maturité qu'elle m'inspire à chaque fois que je l'aperçois, cela ne faisait aucun doute, c'était Minerva, une cousine du premier degré. Il y avait bien longtemps que je ne lui avais plus parlé. En m'approchant, je ne pouvais que me sentir niais, simple et petit d'esprit. Tout chez elle provoque chez moi le respect et comme un sentiment... d'infériorité. Cette attitude me rendait encore plus méfiant envers elle, froid et distant.

« Bonjour, Minerva. »

Le printemps cela peut être si beau, si léger, si vivant et euphorisant tel un infernal mais joyeux tourbillon. C'est aussi la saison des amours, des aveux, des marches silencieuses ou bruyantes, des rires, des baisers et des farces. Une belle saison, une saison idéale pour être un adolescent et profiter des joies de la nature. Mais c'était sans compter les dernières nouvelles du monde magique, des évènements aussi inattendus que symptomatiques d'une crise profonde et malsaine. Il fallait vivre sur une autre planète pour ne rien remarquer, ne rien comprendre; même les moldus voyaient leur monde perturbé par d'étranges évènements. Pourtant il n'y avait rien d'étrange à tout cela, seule la magie était responsable de leurs malheurs et c'était cette même magie, ce dévouement altruiste de sorciers qui permettait aux moldus de vivre. Toutes ces idées pesaient sur la ligne épurée de ses épaules, Minerva ployait de peur, de dégoût, de mépris sous le poids trop lourd de ces sombres heures. Elle marchait, l'esprit préoccupé sans réellement prêter attention à ce qui l'entourait. La vue était belle, l'air à la fois doux et odorant et la belle jeune fille avançait de sa démarche altière, le port droit, la taille légèrement cambrée, le pas régulier. Minerva semblait tirée tout droit d'une gravure, avec sa beauté rousse et froide elle faisait un effet de papier glacé.

« Bonjour, Minerva. » Surprise, la jeune femme sursauta avant de se retourner prestement. Gideon Prewett lui faisait face, grand et beau, son cousin la ramena à une réalité bien plus concrète.

- Gideon, je ne m'attendais pas à te rencontrer, dit-elle de sa voix aimable, trop douce pour être tout à fait sincère, Quel beau temps, n'est-ce pas ? Un joli sourire au coin des lèvres, Minerva glissa son bras sous celui de son cousin avant de tourner son minois vers lui et dire de sa voix légère, Et si nous marchions un peu ?

Ces deux enfants étaient beaux, grands et en eux coulait une puissante magie mais leur noms respectifs creusaient un fossé grandissant entre les deux cousins. Ils n'étaient pas proches et en dehors de Poudlard ne se fréquentaient que très rarement. Pourtant Minerva aimait bien Gideon, il la faisait rire, elle partageait ses idées en dépit de sa réserve et le trouvait foncièrement sympathique mais elle ne se livrait jamais complètement. Alors, après tout, pourquoi se compliquer l'existence alors qu'ils pouvaient se contenter d'une innocente promenade entre cousins ?

MANGEMORT

Le temps était idyllique. Le soleil ne cognait pas sur tout Poudlard, mais il était assez présent pour réchauffer l'atmosphère qu'une petite brise agréable traversait, agitant les branches des grands arbres du Parc. Paysage presque bucolique. Presque. L'immense nuage noir qui planait sur le monde était peut-être invisible aux yeux, mais il était omniprésent dans les pensées de tous, élèves, adultes, créatures. J'étais inquiet, impuissant face à tout ça.

« Effectivement et je crois que personne ne s'attendait à le voir si tôt. »

Une antithèse curieuse entre le beau temps et les actions noires sur tout le pays.
Elle passa son bras sous le mien et je la regardais faire avec cet air malicieux qui me faisait sourire. Minerva. J'aurais pu lui confier mes craintes, mes idées, mais son ton ne m'inspirait pas plus confiance que son comportement. Elle formait à elle seule une énigme que j'avais beau tenté de démêler, je ne pouvais la comprendre avec autant de faciliter qu'elle semblait avoir pour cerner les autres. Manifestement, ce n'était pas de famille. Pourtant, au fond de moi, j'appréciais assez bien cette cousine à qui je ne parlais jamais ou rarement, et j'étais sur que tous les deux avions des points communs cachés derrière nos nombreuses différences.
La promenade se continuait, bras dessus bras dessous, en toute simplicité et avec pour bruit seulement les pas sur le sol humide. Le silence n'était pas particulièrement pesant, au contraire, il me reposait et me vidait la tête. Pourtant je décidai de le briser.

« Comment se porte la famille du côté Moon ? »

A vrai dire, je m'en moquais éperdument de savoir s'il allait bien ou non, j'avais grandi en entendant parler qu'en de très rares occasions des parents de ma mère et je ne ressentais pas vraiment le besoin de connaître d'avantage sur eux. Seulement, il fallait bien parler et le sujet de la pluie et du beau temps n'allait pas nous mener très loin.

Bras dessus bras dessous, les deux cousins marchaient d'un pas tranquille, le faible bruit de leurs chaussures adsorbé par la terre humide, le visage détendu et serein, Gideon Prewett et Minerva Moon se promenaient. Chose plutôt curieuse en fait lorsqu'on connaît un tant soit peu les deux adolescents. A priori rien ne les unissait, différents de caractère, répartis dans deux maisons ennemies et surtout élevés par des mères sœurs mais dont le mode de vie était radicalement opposé.

« Effectivement et je crois que personne ne s'attendait à le voir si tôt. »

Minerva offrit à son cousin l'un de ses jolis sourires dont elle avait le secret avant de répondre de sa voix douce:

- C'est une chance pour nous!

Et puis, certainement n'y avait-il rien d'autre à ajouter, les deux adolescents se turent ne trouvant rien de plus à ajouter et se contentèrent de marcher. L'air doux chatouillait agréablement ses narines de son parfum printanier et la brise taquine agitait au vent sa crinière éclatante. De loin Gideon et sa cousine formaient un joli couple. Tous deux élancés, le corps bien fait et le visage d'une noble beauté il y avait un très vague air de ressemblance mais rien de plus ne pouvait indiquer leur lien de parenté.

« Comment se porte la famille du côté Moon ? »

Jusque-là MIss Moon s'était plutôt bien accommodée du silence et y trouvait même un certain plaisir. La marche lui changeait les idées et bien qu'il ne le sache pas la présence de son cousin à ses côtés lui offrait une source non négligeable de réconfort. Sous ses airs froids et distants la rouquine cachait une personnalité sensible et un besoin naturel d'être en contact avec ses interlocuteurs. Il n'était donc pas rare de la voir se promener avec ses amis accrochée à leurs bras.

- Les affaires de maman se portent très bien répondit Minerva sur le ton de la conversation de son habituelle voix dont le timbre apaisait tel un baume frais et relaxant, Vesta et Ambrosius sont toujours aussi occupés, en effet ses grand-parents ne supportaient pas l'inactivité et tout était prétexte à ne pas végéter dans leur petite maison, Octavius, Asterion et Alphard vont bien même si ils ont beaucoup de travail au ministère. Gideon se fichait certainement de savoir comment allaient ses oncles et ceux-ci le lui rendaient bien, rien ne leur importait plus que l'honneur de la famille et à ce titre seule Morgan, la mère de Minerva trouvait encore grâce à leurs yeux sévères.

- Dorian est actuellement en voyage en Égypte pour le ministère, fils d'Octavius, Dorian Moon voyageait beaucoup et rapportait souvent à sa petite cousine de jolis cadeaux car depuis longtemps il avait une préférence pour Minerva, Augustus et Cadmus ont attrapé une vilaine grippe et ont été très malades, le premier fils d'Alphard et le second d'Octavius étaient tous deux des garçons au caractère plutôt désagréable, vantards, violents et pour l'un radin, Quant à Melody elle entre au département de la justice, oncle Octavius n'était pas très content, autant dire furieux, mais ses résultats ont toujours été excellents et il paraît qu'au ministère ils sont satisfaits de son travail.

Quel doux euphémisme... En réalité ça avait été un scandale car Octavius réservait un autre destin à sa fille Melody mais la jeune femme avait fini par obtenir gain de cause au prix fort et Minerva, qui jalousait et n'appréciait pas sa cousine enviait sa force de caractère et n'était de ce fait pas très heureuse. Les conséquences se faisaient déjà sentir sur toute la petite famille, les frères de sa main augmentaient leur pression et Minerva en voulait à Melody d'influer sur son existence.

- Mira et Maïa vont peut-être bientôt se fiancer lâcha enfin la rouquine. Bien entendu les fiancés appartenaient à cette classe élitiste de la communauté magique et Minerva, du peu qu'elle savait des élus, ne les appréciait guère et voyait cette union d'un mauvais oeil. Pourtant elle avait dit cela d'un ton neutre. Après tout c'était à Alphard, le père des jumelles, de décider si un Goyle et un Crabbe feraient de bons époux et une bonne alliance.

MANGEMORT

Le temps semblait comme figé autour des deux jeunes adolescents qui se marchaient simplement et tranquillement. Nous étions une sorte de couple improbable que tout séparait et qui pourtant était là à parler sans hostilité, aimablement au contraire. Je ne pouvais m'empêcher de me demander à quoi Minerva pensait quand elle regardait dans le vide du paysage et sa proximité me rendait un peu plus confiant, tout en restant immanquablement sur mes gardes.

Je n'avais jamais vraiment ressenti un manque de ne pas connaître très bien ma famille maternelle, mais j'avais un brin du mal à suivre qui était qui dans le discours de ma cousine. Je reconnaissais le nom de mes grands-parents et ceux de mes oncles. D'ailleurs ces derniers, d'après ce que m'avait raconté ma mère, la considéraient ni plus ni moins comme une morte, et donc Molly, Fabian et moi ne dérogions pas à la règle. Quant à Dorian, je le savais être mon cousin mais je n'avais aucune idée de qui était son père parmi mes trois oncles, je ne l'avais même jamais vu. C'était également le cas pour Augustus et Cadmus, bien que je les avais déjà aperçu à Poudlard, lors de mes premières années. Par contre, Melody, je la connaissais un peu mieux.

« Le département de la justice... Papa y travaille. »

J'avais toujours été fier du poste de mon père au département de la justice au Ministère. Quand j'étais petit, ça avait toujours sonné dans ma tête comme « Papa met les méchants en prison ! ».

« Le père de Melody ne doit vraiment pas être content. »

Je ne pris pas la peine de l'appeler « oncle Octavius » contrairement à Minerva puisque je ne le considérais en aucun cas comme mon oncle. Il resterait toujours un Moon comme un autre qui avait rejeté ma mère pour ses choix.

« Des fiançailles ? Si c'est leur choix... »

A une telle époque de l'histoire - car ça ne faisait aucun doute que nous étions à un tournant de celle ci - les fiançailles et autres projets de la sorte me semblaient presque insensés. Mais après tout, tout le Royaume-Uni n'allait pas se mettre en pause... et surtout pas les Pro-Sang-Purs qui n'avaient apparemment rien à craindre de la guerre à venir.

Il était parfaitement inutile de se lancer dans de plus amples explications car bien que Gideon fasse partie de la famille Moon, lui et les siens n'en n'étaient pas moins considérés comme d'abord Prewett et ensuite Moon. C'est pourquoi les cousins ne se fréquentaient guère et les caractères étaient parfois si opposés, les valeurs si différentes qu'il n'était pas aisé de reconnaître en Gideon Prewett un peu de Minerva Moon et inversement. Mieux valait donc ne pas raconter en détails les dernières brèves de cette famille encombrante.

« Le département de la justice... Papa y travaille. »

La fierté se sentait dans la voix de son cousin. Minerva sourit doucement tout en pensant à son oncle Ignatius Prewett. L'adolescente peinait à se remémorer son oncle, une figure, comme floutée par l'oubli et le temps apparaissait puis s'évaporait, absorbée par la brume de son esprit. Sa voix, ses habitudes, ses petites manies; tout un tas de choses familiers dont elle ne se souvenait guère. Soudain gênée, elle se prit à envier sa cousine Melody et la soudaine liberté dont elle bénéficierait auprès de son oncle.

« Le père de Melody ne doit vraiment pas être content. »

Gideon était bien en deçà de la vérité. Minerva en revanche était bien placée pour savoir à quel point son oncle Octavius pouvait se montrer détestable. La jeune femme se souvenait encore de cette dispute accidentellement découverte entre le frère et la sœur. Les mots lui parvenaient parfois avec difficulté, mais elle comprit l'essentiel de la conversation et ce qu'elle entendit lui glaça le sang. Plus que jamais Minerva détestait les Moon et leurs idées d'un autre âge. Pourtant elle se pliait à leur règles par lâcheté, par peur aussi et puis, si elle s'écartait du droit chemin qui resterait avec sa mère, qui serait là pour la soutenir et supporter cette famille pesante ? Pour toutes ces raisons, et pour bien d'autres encore, Minerva se contenta d'un maigre sourire avant d'ajouter, d'un air aussi naturel que possible :

- Pas vraiment non. Elle se garda bien d'ajouter qu'Octavius détestait copieusement Ignatius Prewett et redoutait sa mauvaise influence préférant conserver pour elle même les paroles injurieuses du sorcier.

La promenade suivait son cours, la conversation roulait dangereusement vers des sujets embarrassants mais la jolie rouquine avançait de sa démarche noble et hautaine, son adorable minois chatouillé par une brise fraîche.

« Des fiançailles ? Si c'est leur choix... » Gideon laissait sa phrase en suspens, sceptique et désabusé. Sa jeune cousine ne répondit pas immédiatement de peur de laisser filtrer le fond de sa pensée car pour avoir déjà aperçu de loin les deux sorciers le moins qu'elle puisse dire est que ce n'était pas un cadeau...

- Crabbe et Goyle sont un bon parti selon oncle Alphard répondit la sorcière sur le ton de la conversation et puis, parce qu'elle aimait bien son cousin, Minerva tourna son visage vers Gideon, l'œil brillant de malice, Et puis elles n'ont jamais aimé travailler, alors elles sont plutôt satisfaites même si leurs futurs époux ne m'ont pas l'air brillants.

MANGEMORT

Je ne me sentais vraiment qu'à moitié concerné par les paroles de Minerva. Je n'avais de cesse de penser qu'elle me parlais d'inconnus que je ne connaissais pas et ne connaîtrais jamais. Pourtant je m'intéressais à cette partie de moi-même et surement mes questions en rapport avec la famille Moon était une façon pour moi de combler le manque d'une grande famille qui semblait prendre autant d'ampleur chez ma cousine. Même si justement cette famille était loin d'être appréciable et un bien à connaître.

Je savais bien que les vrais Moon et les Prewett étaient difficilement conciliables et qu'au contraire, ce serait eux contre qui je risquais de me battre, d'agir, plus tard. J'espérais seulement que je n'aurais pas à m'opposer à Minerva car j'appréciais tout de même ma cousine. Je me doutais qu'elle ne serait pas là aujourd'hui, à me parler posément si elle partageait les idéaux de nos oncles et grands-parents, je gardais une part d'espoir la concernant. Elle ne semblait pas suivre exactement le chemin qu'une Moon aurait du suivre, mais je devais être un des rares à savoir cette facette d'elle. Pourtant, je ne pouvais pas être sure de mes observations et je continuais de douter en la confiance que je pouvais lui porter. Qui sait si elle ne jouait pas un jeu avec moi, mais quel serait l'intérêt de cette manipulation ? Je ne savais absolument rien... pour le moment.

Il n'y avait rien d'autre à ajouter sur le cas Melody Moon. Je me doutais bien qu'Octavius avait du s'opposer vivement à sa fille et qu'elle n'avait pas du l'avoir convaincu facilement... Certainement n'était-il toujours pas d'accord avec ses choix, d'ailleurs. A l'occasion, j'espérais bien savoir ce que deviendraient les projets de Melody. Mon père aurait peut-être l'occasion de la croiser, je retenais dans un coin de ma tête de lui en toucher deux mots lors de ma prochaine lettre.

Le terrain restait homogène et s'étendait à perte de vue jusqu'à la forêt interdite, mais la conversation commençait à se faire escarpée et nous nous dirigions vers des sujets peut-être plus défendus.

Je ne pus que sourire et pousser un soufflement ironique à la remarque de Minerva concernant nos futurs potentiels cousins par mariage. J'étais plus ou moins informé sur le monde sorcier et ses figures, donc par les Sangs-Purs, par l'intermédiaire de la Gazette bien sur, mais aussi par mes parents, ma sœur et mon beau-frère avec qui j'entretenais une correspondance régulière.

« Crabbe et Goyle sont surtout des abrutis. Ils ont l'air d'être encore au stade de primates et la violence prime largement sur l'intelligence. Mais après tout, il est logique qu'elles préfèrent, ainsi que leur père, se lier avec des personnes qui peuvent leur apporter... surtout en prestige, c'est le but d'une partie des Sangs-Purs, me semble-t-il. »

Ce monde ci, son univers menaçait de s'écrouler et avec lui toutes les certitudes, les amitiés, les inimitiés et les péripéties quotidiennes de son existence. Au fond d'elle même, là où réside la conscience et la notion de bien et de mal Minerva savait, du plus profond de son être, de la plus petite de ses cellules jusqu'aux organes vitaux que cette sinistre cause courait à leur perte à tous. La sauvagerie de ces monstres balayerait d'un revers de main, du souffle mortel d'un maléfice leurs vies si fragiles, briserait des familles, des amitiés, des amours, mettrait à feu et à sang la communauté magique. Ceux-là, ces serviteurs du Mal étaient parmi eux. Un frère, une sœur, un ami, un cousin, un amant ou un ennemi.

Minerva l'ignorait encore, mais dans quelques années sa famille se verrait décimée, des membres y laisseront leur peau dans cette guerre fratricide pour l'avènement d'une ère nouvelle, la survie ou encore des causes nobles. Mais pour l'heure tout cela était encore à l'état de gestation. Alphard Moon s'apprêtait à marier ses deux filles à deux sorciers aussi bêtes que peu recommandables, Melody s'engageait sans le savoir sur une voie funeste. Quant aux frères Prewett leur conscience s'indignait, en eux germait le courage, leur baguette frémissait de colère et de compassion, prête à en découdre avec ces monstres inhumains.

Ainsi allait l'existence, à la fois aigre et douce en cette belle journée de printemps. Aux bras de son cousin Minerva en oubliait un temps son rôle de Moon, d'abord enfant modèle et délicieuse puis adolescente studieuse et fidèle aux valeurs de sa famille et pour finir jolie jeune femme à marier.

Crabbe et Goyle sont surtout des abrutis. Certainement ne l'aurait-elle pas formulé ainsi, mais Gideon exprimait en d'autres termes son opinion sincère, à savoir la bêtise avérée de ses futurs cousins par alliance. Prétendants sélectionnés sur les bons conseils de son cousin au second degré Lucius Malefoy. Alphard Moon portait une estime toute particulière à ce membre éloigné de la famille Moon en qui il voyait le fils idéal, le fiancé heureux et enfin le sorcier exemplaire. Minerva échangea un rare sourire complice avec Gideon, ses yeux d'un bleu teinté de vert riants de sa bonne remarque.

Ils ont l'air d'être encore au stade de primates et la violence prime largement sur l'intelligence. L'apparence physique des deux lascars n'arrangeait rien. Leur forte corpulence, leur air bête et méchant et surtout cette impression de perdre son temps, gaspiller son énergie à trouver un sujet de conversation à leur mesure lui déplaisait fortement.

Mais après tout, il est logique qu'elles préfèrent, ainsi que leur père, se lier avec des personnes qui peuvent leur apporter... surtout en prestige, c'est le but d'une partie des Sangs-Purs, me semble-t-il. » Évidemment! S'ils n'avaient pas le sang pur jamais ses cousines Mira et Maïa aussi attachées aux apparences que leurs prétendants étaient bêtes n'auraient accepté de voir leur image associée de pareils benêts. Mais Gideon avait raison. Conserver leur rang, ne pas lever le petit doigt et voir leur petit monde bien huilé ne jamais s'arrêter étaient leurs seules ambitions.

- Avec un peu de chance tes parents et toi ne serez pas invités à leur mariage, mais maman n'aura pas le choix répondit Minerva en soupirant, résignée d'avance à se morfondre et penser plus de mal que de bien de cette nouvelle union. En fait c'est Lucius qui a convaincu oncle Alphard de les choisir pour nos cousines, dévoila la jeune sorcière sur le ton de la conversation, Et tu sais comme Lucius sait être persuasif! Ce sont deux bons amis à lui, mais ils ne vont pas tout de suite officialiser les fiançailles.

MANGEMORT

Lucius Malfoy... J'entendais souvent parler de cet homme qui semblait être de ma famille par je ne sais plus quel lien. Un grand sorcier, disaient les journaux, mais nul ne doutait que cette reconnaissance n'était due qu'à sa richesse qu'il distribuait à tout va mais qui ne semblait pourtant pas désemplir. Mes parents ne l'appréciait guère et d'ailleurs, moi non plus, je ne pouvais que me méfier devant cet homme à l'allure si froide mais si distinguée.

Aucun doute que je ne serais pas invité au mariage de mes cousines avec Crabbe et Goyle. Ni ma mère, ni aucun Prewett ne serait de la partie et même dans le cas où elle aurait reçu une invitation, elle n'aurait servie à rien sinon à raviver le feu dans la cheminée. Les Moon n'étaient plus des gens pour elle, pour nous. Merope ferait surement tout dans sa vie pour que ses enfants ne suivent pas le chemin de cette famille dont elle ne se sentait pas appartenir, tout comme eux l'avaient exclu à jamais ainsi que les générations futures. Ils étaient trop différents pour que mon frère, ma sœur ou moi décidions de prendre les mêmes décisions quant à notre orientation. Car il ne faisait aucun doute que la plupart de la famille de Minerva avait choisi son camp, soit ceux qui se font appeler les « Mangemorts ».

Tout le monde devrait choisir bientôt. Même le plus neutre des neutres sera dirigé. Les plus craintifs partiront demander l'asile sur une terre étrangère, abandonnant un pays qui part doucement à la dérive. Moi, j'étais déterminé à ne pas abandonner ma patrie et mieux, à combattre pour elle, même quand on ne pourra y trouver que l'anarchie, la confusion, la mort. Si la magie noire se levait, les « bons sorciers » n'étaient pas ignorants de ce qu'il se passait dans le monde sorcier. Attendu le nombre et la force des ennemis de la paix, nous avions des ressources puissantes, appuyées par de nombreuses personnes prêtes à soutenir les résistants contre les médisants ou à opérer contre une nouvelle révolution au Royaume-Uni. Il est certain que d'ici la fin de la décennie, le pays serait noir d'une nouvelle guerre. Et plus personne ne pourra y échapper, tout Sang-Pur soit-il. Moi même, je savais les risques que je prenais et que je prendrais plus tard.

« Peut-être que la Dragoncelle pourra vous éviter à toutes les deux de voir un tel désastre ! »

Dans un sens, j'avais été chanceux d'être renié, mais Minerva et Tante Morgan se retrouvaient dans une position délicate. Je ne savais pas ce qu'il en était pour elles deux alors que je ne me posais aucune question pour les autres membres de la famille Moon, mais je n'arrivais pas à me dire que ma cousine faisait partie des intolérants qui ne feraient et déjà faisaient beaucoup de victimes.

« Pas tout de suite les officialiser... Pour quelle raison ? Ce qu'il se passe en ce moment en est-il la cause ? »

Certains soirs, lorsqu'à la nuit tombée tous les chats sont gris au clair de lune et que les rideaux tirés des lits à baldaquins cachent aux curieux les visions nocturnes, alors, en ces rares instants d'intimité, Minerva osait laisser libre cours à ses pensées, s'interroger sur son devenir et celui de sa famille. En ces instants précieux la jeune fille enviait ses cousins Prewett, ceux-là même qui avaient la chance extrême de vivre au sein d'une famille normale tout en étant connectés par leur mère Merope aux Moon. Vesta et Ambrosius Moon, ses grand-parents n'étaient pas de ces êtres de marbre et de pensées, englués dans leur froideur, isolés dans leur tour d'ivoire et insensibles au commun des mortels mais leurs valeurs, leurs idées, leur conception archaïque et mesquine du monde heurtait l'adolescente sensible et au coeur pur.

Nul doute que marier une Moon, et même deux puisque les jolies jumelles au teint frais et aux flamboyant cheveux roux constituait une affaire en or! Les heureux élus, ou plutôt les inséparables acolytes de Lucius Malfoy, nouaient ainsi une alliance avec l'une de ces vieilles familles en plus d'assurer à leur propre lignée des descendants. L'affaire semblait déjà réglée, emballée et pesée sans que l'avis des jumelles, après tout les principales concernées n'ai été consulté. Leur père, Alphard agissait encore et toujours selon ses principes, maître tout puissant de la destinée de ses enfants qu'il entendait bien être rentable.

Et voilà que bientôt, par les liens du sang, car cousine au premier degré, Minerva et sa mère Morgan, soeur d'Alphard seraient conviées à fêter avec faste et gaieté cet évènement. Autant dire que ni l'une ni l'autre n'avaient le coeur en liesse. Morgan, la seule des filles Moon à suivre les traditions n'avait osé s'élever contre la volonté de sa famille, pas même lorsqu'après la mort de son mari elle avait accepté de revenir à Londres, là où sa famille pourrait tout contrôler. Contrairement à ses soeurs Merope et Meredith avec qui la sorcière partageait de fortes affinités Morgan n'avait osé suivre sa propre voie, écouter son coeur et non pas la raison et les impératifs de ses parents. Mais avec le temps, la maternité, l'âge et une certaine indépendance financière son caractère s'était affirmé et celle qui autrefois n'était que Morgan, la petite soeur, la plus docile des filles se transformait années après années en une femme certaine, un des piliers de la famille. Elle n'approuvait pas le mariage de ses nièces pas plus qu'elle n'aimait le cynisme de son frère, mais après tout, que pouvait-elle y faire ?

« Peut-être que la Dragoncelle pourra vous éviter à toutes les deux de voir un tel désastre ! » Il y avait de quoi frémir, surtout lorsque l’on est aussi attaché à l’apparence que pouvait l’être la jeune Minerva, mais la remarque de son cousin ne manqua pas de lui arracher un petit rire. Pour une fois, et c’était bien rare, les deux adolescents échangeaient plus qu’une simple formalité courtoise car il y avait dans le tintement clair et gentiment moqueur un attachement sensible.

- Ce sera certainement une élégante cérémonie fit remarquer Minerva avant d’ajouter, plus envieuse et aussi toute excitée à l’idée d’en voir les préparatifs, Mais certainement rien de comparable avec le mariage de Narcissa Black et Lucius. A coup sur cette union serait d’une rare élégance et Morgan, en femme d’affaires avait su faire jouer ses liens de famille pour avoir l’honneur de vêtir les Black et les Malfoy. – Les Moon tiendront une place d’honneur dévoila la rouquine d’une voix très solennelle, visiblement très fière du travail de sa mère et mystérieuse à souhait.

« Pas tout de suite les officialiser... Pour quelle raison ? Ce qu'il se passe en ce moment en est-il la cause ? » L’engouement soudain de la rouquine s’essouffla en un clin d’œil. Une fois de plus Gideon mettait les pieds dans le plat et à vrai dire sa cousine n’en savait pas grand-chose. Toutefois Minerva n’en possédait pas moins des oreilles et parfois, par pur hasard, il lui arrivait de se trouver au bon endroit au bon moment. C’est en l’occurrence ce qui se passa un de ces fameux jours. Elle ne pouvait rien affirmer et encore moins en présence de Gideon mais Alphard, leur oncle approuvait les agissements de ses futurs beaux-frères mais par lâcheté, et aussi par intérêt, il lui était préférable de laisser un peu de temps s’écouler. Avec un peu de chance ses filles épouseraient des serviteurs récompensés pour leurs bons services, et lui, le père des épouses, sans user de sa baguette et prouver son audace récolterait quelques miettes de gloire. Bien mauvais calcul à vrai dire…

- Je crois qu’il préfère laisser un peu plus de temps à ses filles pour qu’elles fassent connaissance ave leurs futurs époux et puis, même si tu ne le connais pas beaucoup, oncle Alphard est très méticuleux, il aime bien que tout soit parfait mentit Minerva. Enfin… Presque !

MANGEMORT

« Ca me semble toujours si étrange... faire connaissance avec leurs futurs époux... »

« Minerva... Je connais la position des Moon dans tout ça. »

« Tu connais ma position également. »

« Mais je voudrais savoir où toi, tu te situes au milieu de tout ça. »

Sujet: Re: Lorsque le vent change ( Gideon ) Dim 11 Sep 2011 - 17:03

De loin la scène possédait un certain charme, une forme idéalisée du bonheur, une esthétique familiale proche de l'archétype. Oui, de loin Gideon Prewett et sa jeune cousine Minerva Moon donnaient l'impression de former un joli couple. L'un de ces tandems comme on rencontre souvent dans les familles lorsque les enfants liés par le sang nouent des relations plus proches et intimes encore. Peut-être leur beauté y était pour quelque chose. Ou leur prestance naturelle, ce mélange à la fois simple et complexe de noblesse qui se dégageait d'eux comme si, à travers leurs noms respectifs, l'on devinait immédiatement derrière chaque syllabe la pureté de leur sang. Gideon, quoiqu'en disent certains Moon, en fait la plupart des Moon, était bel et bien un bourgeon de ce grand arbre familial. Mrs Prewett, née Merope Moon avait hérité comme ses deux autres soeurs d'une élégance naturelle enviable et d'une beauté rousse à la fois discrète et lumineuse.

Pourtant le destin en avait décidé autrement. Ce qui aurait pu être un beau portrait familial, une jolie scène pétrie de tendresse et de complicité n'était qu'une minable reconstitution, un essai où la gêne, la méconnaissance et une certaine méfiance réciproque se faisaient la part belle. Néanmoins de cette rencontre se dégageait une certaine chaleur. La rouquine se trouvait sincèrement heureuse de partager ces quelques pas avec son cousin car enfant unique elle appréciait tout particulièrement la présence d'autres membres de sa famille. Gideon, Fabian et Molly bien qu'ils se côtoient très peu n'étaient pas comme les autres, leur différence faisait toute leur saveur et rendait chaque instant passé en leur présence un peu plus délicieux.

Ce n'était pas son premier mensonge et encore moins son dernier! La vie de Minerva Violette Moon se résumait à une grande mascarade, un jeu du chat et de la souris avec la vérité. Tout était affaire de scrupules. Des sentiments, des états d'âme, bien sur qu'elle en avait, mais par-delà l'amertume d'un mensonge Moon conservait toujours une vision plus large, plus terre à terre. En tout cas c'est ainsi qu'elle se figurait son petit monde. Le mensonge y avait sa place pour une bonne raison, comme en cet instant par exemple.

« Ca me semble toujours si étrange... faire connaissance avec leurs futurs époux... »
L'idée ne lui était pas agréable d'autant plus qu'elle se doutait bien qu'après Poudlard, et peut-être même avant les choses sérieuses débuteraient. Adieu ses rêves ambitieux, ses projets, ses visions toujours plus grandes; bonjour la vie monotone et ennuyeuse désirée par les Moon. Minerva ne voulait pas de cette vie là pas plus qu'elle ne souhaitait renier les siens. Les Moon savaient certes se montrer particulièrement détestables et leur conception du droit à la magie non moins exécrable il n'empêche qu'elle était une Moon. Une aubaine pour ses projets!

- Les jumelles sont plutôt satisfaites d'avoir du temps devant elles répondit la jeune sorcière sur le ton de la conversation, D'ailleurs les Moon sont très honorés de ce mariage à venir. Grand-mère Vesta est très impatiente de voir ce jour arriver.

Après cet échange le silence s'installa à nouveau entre les deux cousins. La rousse y goûtait avec une joie sincère. Là, auprès de son cousin, elle retrouvait un semblant d'unité, comme si les années passées et celles à venir ne détruiraient jamais les Moon. Elle avançait, ses poumons se gonflant d'un oxygène pur et délicieusement parfumé de l'essence de la forêt proche en se disant qu'après tout le bonheur se mesurait à ces instants uniques.

« Minerva... Je connais la position des Moon dans tout ça. » Malheureusement le spectre du sang n'était jamais très loin. Ramenée sur terre, ladite Minerva préféra ne rien ajouter. De toute façon il n'y avait rien à dire. Gideon et elles se trouvaient de chaque côté de la frontière, ce parc c'était un no man's land éphémère, après cette trêve le train train quotidien réclamerait bientôt son du.

« Tu connais ma position également. » Là encore la jeune fille se tut. Oui, sa position elle la connaissait. Ce n'était un secret pour personne. Gideon l'assumait, le revendiquait. Libre de sa parole, affranchi de l'emprise tentaculaire des Moon il pouvait s'offrir le luxe de croire à ses idéaux. Pour cela elle le jalousait, elle enviait sa famille. Mais les choses étaient ainsi faîtes. Morgan ne pourrait jamais remporter la guerre, Minerva constituait sa plus belle bataille, mais en dehors de cela, quel choix avaient-elles ?

« Mais je voudrais savoir où toi, tu te situes au milieu de tout ça. » La question ne la surprit qu'à moitié. Elle s'arrêta néanmoins de marcher, dévisageant son cousin dans un mélange d'horreur et de stupéfaction. Oui, c'était bel et bien à elle que s'adressait la question. Prise au dépourvu, elle hésita quelques secondes avant de répondre en demi teinte:

- Moi ? Et bien... Je... Je ne me fais pas remarquer. Elle déglutit, consciente que peut-être pour la première fois de sa vie elle pourrait parler à coeur ouvert avec son cousin, à la fois si proche et éloigné d'elle. Avoir son amitié, son appréciation et qui sait, sa loyauté; tout ça elle le désirait confusément, ardemment sans bien s'en rendre compte. Alors, pour une fois, elle en oublia son rang, son blason, son masque et lui ouvrit, chose rare, son coeur. La voix était mal assurée, comme surprise de sa franchise, mais ses yeux brillaient du plaisir authentique de la confidence et de cette impression, rien qu'un court instant, d'être libre de ses choix :

- Toi et ta famille vous n'êtes plus des Moon, vous n'avez pas à supporter ce fardeau. Tu peux être ami avec qui tu veux, tu peux choisir des petites amies pour ce qu'elles sont et non pas en fonction de leur sang. Tu peux te mélanger aux autres, tu peux même écouter les Beadles! Moi je ne peux pas! Si je trahis les Moon je trahis maman. C'est grâce à son nom, à ses contacts qu'elle a pu créer sa boutique et si demain elle rompt avec eux tout peut s'écrouler! On aura plus rien et surtout on sera en danger. Ne crois pas que je sois bête ou aveugle! Je sais très bien que certains ont beaucoup de choses à se reprocher. Tout cet argent, toute cette influence ils ne l'ont pas toujours eu à la loyale. En restant auprès des Moon on survit, c'est tout. Elle brisa son élan, étonnée d'avoir parlé aussi vite et avec tant de conviction. Minerva ajouta, moins fébrile, Je sais parfaitement ce que les partisans de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom veulent et ce qu'il adviendra des nés moldus et des sang-mêlé. Si on fait comme toi on risque de connaître le même sort qu'eux et notre sang ne nous sauvera pas. Je n'ai plus que ma mère, je ne veux pas la perdre Gideon.

Et puis, sur un ton désabusé, elle conclut :

- De toute façon je ne vois pas en quoi mon aide pourrait faire la différence. Personne ne me jugerait digne de confiance.

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Sujet: Re: Lorsque le vent change ( Gideon )

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Lorsque le vent change ( Gideon )

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