De ce coin du camping, la vue était magnifique. Personne quasiment ne connaissait ce lieu si superbe qui donnait sur une plage sauvage, quelques mètres plus bas. L'endroit était splendide, et j'en frissonnais de plaisir. La falaise se laissait tomber tout droit dans l'eau, à l'endroit où je me trouvais.

Un pull de laine gris, col en V sur le dos, un bermuda beige encadrant mes jambes osseuses, et des basket vieilles et sales me donnaient une allure plus sage que d'ordinaire. Je mûrissais avec le temps, cela se remarquait dans les traits de mon visage où commençait à apparaître un début de barbe adolescente. Je n'avais que 16 ans, mais je n'étais plus l'enfant que le collège avait connu à mon entrée à Poudlard. Ma bonne humeur et ma joie de vivre s'en ressentaient pourtant toujours dans mon sourire satisfait.

Comme sur un coup de tête, je retirai en hâte mon pull et mon bermuda en dessous duquel j'avais gardé un short de bain des plus seventies, et posai mes affaires sur la barrière qui me séparait du vide. Je défis les lacet de mes chaussures et d'un geste, les envoyait balader quelques mètres derrière moi. A la force de mes bras plutôt bien musclés, je me hissai par dessus la barrière, attendis un instant, le temps de lever ses bras vers le ciel, et plongeai dans un saut d'ange dans les profondeurs de la mer sombre et mystérieuse.

J'avais encore la tête dans les profondeurs sombres lorsque je sentis les remous de la mer après le saut d'Evan Rosier. Il fit s'écumer l'eau tout autour de son passage. Les vagues si fraîches faisaient apparaitre des petits points de chair de poule sur mes bras nus alors que je sortais la tête à l’extérieur, inspectant les yeux froncés qui venait déranger ma tranquillité estivale. Je fus légèrement surpris de croiser le regard du jeune Serpentard qui m’adressait un sourire plutôt solennel que joyeux. Evidemment, on venait ici, ce n’était pas pour y croiser des élèves des maisons adverses. Je comprenais sa réaction que je partageai légèrement.

Salut Evan. Bonne, je n’irai pas jusque là…

A vrai dire, l’eau était glaciale à un tel point que j'avais l'impression que mes jambes étaient en feu. Le paradoxe de la température. C'était peut être juste histoire de faire la conversation.

J'étais étonné de voir Evan dans le coin. Il m'avait semblé entendre parler de lui comme d'un gars qui passait ses vacances dans un centre du style orphelinat. Peut être avait-il eu la permission de passer l'été à Bourg St Calmar en raison du festival de musique, ou peut être du tournoi de Quidditch. Ce n'était pas un garçon à qui je parlais très souvent et finalement, je me rendais compte que je ne savais rien de sa vie. Avais-je envie d'en apprendre plus ? Je n'en étais pas sûr. J'étais retissant face aux serpents.

T'es pas rentré... Chez toi ?

Je n'osais pas mentionner son orphelinat. Après tout, on m'avait peut être menti.

La réponse d’Evan confirma mes pensées et les dires que l’on avait pu me rapporter. Pour autant, je ne me sentis pas coupable d’avoir une famille qui m’aimait et qui était là pour moi, à chaque instant de ma vie, quoi qu’il puisse m’arriver sur cette Terre. Chaque rentrée était un plaisir car je savais que quelqu’un m’attendait. Quelle atroce vie que Rosier devait avoir. Personne ne devait jamais l’attendre, nulle part. Poudlard devait être un soulagement pour lui. J’aimais Poudlard, certes, mais j’aimais aussi mes parents que je me faisais une joie de retrouver chaque été et même parfois pour les vacances de noël, de pâques ou que sais-je encore. Finalement, je devais avouer que la chance était de mon côté.

Un nouveau plongeon vint perturber le calme tranquille que nous avions réussi à instaurer durant cette conversation on ne peut plus gênante. Ce nouveau rebondissement vint mettre fin à une pensée des plus étranges dans laquelle je me voyais d’inviter Evan à passer l’été chez moi plutôt que dans son orphelinat. Qui sait, peut être que Finn venait de m’éviter de faire l’une des erreurs de ma vie et j’allais peut être lui être reconnaissant dans quelques temps.

Je ris de bon cœur lorsque Rosier appuya sur le crâne mouillé de Greggson, un élève de Serdaigle dont je ne connaissais que le nom et la réputation de toujours finir en colle. Celui-ci finit sous l’eau et, alors que je m’apprêtai à dire enfin quelque chose, un bruit de chute se fit entendre sur la plage, quelques mètres à côté de nous. Je levai la tête en direction du sable et remarquai Nora, une jeune Gryffondor qui, visiblement, était dans une position du tout calculé, malgré ce qu’elle tentait de nous faire croire.

Le surf, c’est sur l’eau que ça se pratique, Nora ! Dis-je en riant, m’approchant tant bien que mal de la jeune fille, l’eau faisant barrage contre ma poitrine.

Je n’eu le temps de sortir de l’eau que son frère jumeau apparut et lui vint en aide. En même temps, si je venais à sortir maintenant, j’aurai eu du mal à rentrer de nouveau dans l’eau tellement je la trouvais glaciale. Quoiqu’il en soit, voilà que finalement, c’était un véritable rassemblement qui se tenait devant moi. Et dire que je pensais ce coin le plus tranquille de la ville. Il ne manquait plus qu’un Poufsouffle pour venir arranger équitablement l’arc-en-ciel de Poudlard.

J'observai la scène, un sourire sur les lèvres lorsque je sentis quelque chose m'attraper les pieds au fond de l'eau. Je n'eu le temps d'apercevoir ce qui se tramait dans ces eaux troubles que je me retrouvai déjà la tête dans les vagues, une bonne partie du lac me rentrant dans le nez. Je me débattis un moment avant de ressortir enfin prendre une bonne bouffée d'air, éclaboussant au passage la moitié des personnes par un mouvement brusque de mes cheveux trempés.

"Bande de malades !" criai-je en riant à qui avait bien pu me faire ce sale coup.

Puis Fergus plongea et nous éclaboussa à peu près tous avec cette eau glacée qui ne tarderait pas à nous transformer en glaçon. Ou en iceberg, comme venait de le faire remarquer la jolie Nora. Elle avait à peu près les mêmes très que Lily, c'était agréable à regarder.
Lorsque je vis Elliot s'approcher de l'eau puis reculer, je fis quelques pas en arrière, devinant ses intentions d'emmener de force sa soeur dans l'eau. Et ça ne manqua pas. Je plissai les yeux lorsque les jumeaux plongèrent à l'eau, nous rejoignant. Je les plissai non pas par peur de l'eau, mais surtout par peur des représailles de Nora. Si elle avait le même caractère que Lily en prime d'avoir le même physique, il fallait s'attendre au pire.

"Je suis content de ne pas avoir de frère, sans déconner..."