Les mains dans les poches, le t-shirt des Centaurus Band sur le dos, un peu mouillé à cause d'une bataille d'eau à la plage, bref, j'avançai dans la rue piétonne de Bourg-st-Calmar, dérivant de droite à gauche dans l'intention d'aller dans un supermarché sorcier acheter un pack de Bières de Lune pour les maraudeurs et moi. On avait dans l'intention de profiter de l'après concert en faisant une petite soirée sur la plage, entre ami, histoire de bien profiter de nos vacances le mieux possible. Sauf qu'au lieu d'aller chercher des bières, je préférai foncer droit dans la tronche de... Kathleen. Comme de par hasard, tu vois.

- Merde, c'est moi ? Tu fonces dans un beau mec et le premier truc que tu dis c'est "merde" ?

Je plissai les yeux aux paroles de la jeune fille. Depuis tout ce temps, elle n'avait encore pas avalé la pilule de notre rupture ? Alors que j'étais déjà loin devant, moi. Je ne l'avais pas oublié, non, mais j'allais de l'avant. Sauf que je ne supportai pas l'idée qu'elle puisse m'en vouloir. Kathleen avait été une super amie, et une super capitaine. Si je n'étais pas dans l'équipe à cause de ça l'année prochaine, je pouvais dire adieu à ma popularité ! Je me précipitai alors sur ses pas puis lui attrapai le bras afin de la retourner vers moi. Une vieille dame s'était arrêté dans la rue pour nous observer.

- Kathleen ! Dis, tu m'en veux toujours ou quoi ?

- Mais... Pourquoi ?

C'était de nouveau une question idiote, mais elle méritait d'être posée. J'étais un mec à filles, tout le monde le savait, toute l'école, tout Pré-au-Lard, même les professeurs, même les tableaux, non mais sans déconner, j'étais persuadé que même les extraterrestres étaient au courant. Alors pourquoi était-elle encore là dessus ? Pensait-elle que nous aurions fini par avoir des enfants et une grande maison avec piscine et 5 hectare de jardin ? Ou était-ce juste car, tout simplement, Kathleen ne digérait pas le fait d'avoir été larguée et que ça n'ait pas été le contraire.

Je penchai la tête sur le côté, un air légèrement triste sur le visage. Si je jouais la comédie ou si j'étais réellement triste, je préfère vous laisser le mystère. Je me pinçai la lèvre inférieure et posai ma main sur le poignet de la jeune fille. Je ne pouvais la laisser partir comme ça. Je souhaitai une explication, bien sûr mais je souhaitai surtout que l'on reprenne de bons termes, elle et moi. J'aimai beaucoup Kathleen, c'était une fille super. Etait-ce de ma faute si je m'étais entiché d'une autre ? J'avais préféré la laisser tomber avant qu'elle ne s'attache encore plus, voilà tout. Où était-le mal ?

- Pourquoi on ne peut pas redevenir amis, toi et moi ?

Une pointe de soulagement naquit en moi lorsqu'elle me proposa de l'accompagner de l'autre côté de la rue. Au diable les bières de Lune, au diable les maraudeurs, je devais me racheter une conduite et ce rachat commençait dès maintenant. Je lui adressai un grand sourire puis la suivit jusqu'au marchand de glaces juste en face. J'enfonçai ma main dans la poche arrière de mon jeans et en sortis un porte feuille de cuir noir. Evidemment, j'allais payer sa glace ! Il fallait qu'elle me voit à nouveau comme un gentleman.

- Qu'est ce que tu prends, Brownie ? Dis-je alors que, moi-même, je commandai une bonne glace à la vanille, au chewing-gum et à la menthe.

Je la regardai partir s'installer sur le banc libre d'en face, un sourire au coin des lèvres. Une glace, ça arrangeait toujours tout. Pas autant que le chocolat, mais presque. J'attrapai mon cornet de glace et de mon autre main, je tendis quelques noises au vendeur. Puis je rejoignis Kathleen sur le banc. Au lieu de m'asseoir sur les planches de bois, comme tout le monde, je préférai grimper sur le banc et m'asseoir sur le dossier.

- Alors, tu passes de bonnes vacances, pour l'instant ? T'as été aux concerts du Festi'Witch ?

Histoire de faire la conversation car je me doutais bien qu'elle y avait été. Personne ne manquerai ça.

Je lui adressai un grand sourire lorsque je remarquai que, peut être, toute son animosité pour moi s'était envolé. Bon, je ne devais pas trop rêver non plus, je l'avais quand même laissé tomber ! Elle, une vélane, qui n'avait jamais dû être largué avant moi. Qu'est ce que j'étais un troll, quand même...
Après avoir avalé un gros morceau de ma glace, je perdis mon regard dans les jambes d'une demoiselle de l'autre côté du trottoir. Elle avait un short en jeans qui lui faisait des jambes bronzées incroyablement longue...

- Hein ? Oh bah Sirius a débarqué à la maison donc t'imagines comme je passe de supers vacances ! Les concerts, j'en ai pas loupé non plus, j'ai adoré celui de Tournedisk ! Celui de Moldubec, beaucoup moins ! Dis-je en riant.

- Tournedisk est un Dieu ! Il faut être quelqu'un de très cool pour l'apprécier ! Dis-je en riant mais, tout de même, en pensant ce que je disais, au fond.

J'allais rétorquer sur Céléstina Moldubec que je trouvais très vieillotte comme chanteuse et plutôt digne des maisons de retraite que des concerts de jeune lorsque je sentis quelque chose de froid tomber sur ma cheville. De la glace à la citrouille. Je sursautai comme un gosse, satisfait tout de même de m'être assis sur le dossier et pas sur le banc lui même car sinon, ç'aurait été mon short qui aurait été aspergé, puis je sautai rapidement sur le sol et sortit un mouchoir de ma poche.

- Kathleen ! Qu'est ce que t'as foutu ? Ça va coller, maintenant ! Dis-je en relevant la tête en direction du trottoir d'en face où la jolie demoiselle avait disparue. Rah, la barbe ! Bon, tant pis, j'irai rincer ça au lac après...

Je levai les yeux au ciel lorsque je vis Kathleen revenir avec une énorme glace à la vanille. Il ne fallait pas sortir diplômé de l'école d'auror pour comprendre qu'elle s'était amusée à faire exprès de laisser choir sa glace afin d'en avoir une autre. Le marchand de glaces avait été assez idiot pour ne pas remarquer ça ! A mon avis, il avait fait ce métier de marchand de glaces car il était trop bête pour faire autre chose. Bref.

- C'est bon ? Madame a dupé le vendeur,madame est contente ?

Dis-je en roulant des yeux.
Ah ces filles ! Elles restaient un mystère pour moi malgré mes efforts depuis mes onze ans pour les comprendre !

- Hop, trois kilos dans chaque cuisse ! Ajoutai-je en haussant les sourcils puis en éclatant de rire alors que Kathleen enfournait dans sa bouche une grosse cuillère de glace à la vanille.

J'éclatai de rire lorsque Kathleen fronça les sourcils à ma remarque. Bien sûr, une Kathleen Brown ne grossit pas, un James Potter non plus, d'ailleurs. Mais j'aimais charrier la jeune fille, c'était toujours drôle de voir la réaction d'une vélane face à des blagues de mauvais goût comme je pouvais en faire.
Soudainement, je mis mon doigt dans la glace à la vanille de Kathleen puis vint le poser sur le bout du nez de la gryffonne. Du coup, elle se retrouvait avec le nez tout blanc et surement aussi collant que ma cheville.

- Et toi fais gaffe, je crois que t'en as sur le pif ! Dis-je en riant de nouveau, la main sur mon ventre et la tête vers le ciel.

Je n'y voyais plus rien avec la glace partout sur mon visage. Mes joues étaient collantes, mon front, mon menton aussi. Toute ma trogne était couverte de vanille et c'est en riant que j'attrapai la main de Kathleen et la retirai de devant moi.

- Tu exagères, sale harpie ! J'attrapai ma baguette magique et la pointai sur mon visage. Recurvit ! Crois-moi, Kathleen, tu vas le regretter !

J'essayai d'avoir l'air sérieux mais je ne pouvais m'empêcher de rire. J'étais heureux de retrouver la Kathleen que j'avais côtoyé pendant tant de temps. C'était comme ci nous étions toujours resté amis, et j'en étais ravi. Elle m'avait manqué, il me fallait l'avouer.

- Aller viens, on va faire un tour, dis-je en lui attrapant la main et en l'entraînant dans la rue.

Où on allait ? Aucune idée. Au lac ? Au cinéma ? Dans une boutique de sucreries histoire d'augmenter encore un peu le taux de sucre dans notre sang ? J'enfilai ma main dans ma poche de mon pantalon et en sortis deux tickets blancs avec écrit en gros et en gras sur chacun "Une place pour le cinéma de Bourg st Calmar". Je les tendis à Kathleen.

- Ça te dit, une petite séance de cinéma ? J'ai cru voir à l'affiche "Inferi-land", il parait qu'il est excellent ! Des jambes coupées, des têtes tranchées, des cascades de fous... Enfin bref, t'es partante ?

Comment ça, emmener une fille voir un film d'horreur était une technique de drague à deux mornilles et trois noises ? N'empêche que ça marchait plutôt bien, non ?

J'étais content de voir que Kathleen était partante pour un cinéma avec moi. Surtout qu'Inféri-Land, je mourrai d'envie de le voir ! Il y allait y avoir du sang, de l'humour aussi, des effets spéciaux à couper le souffle, des filles qui allaient pousser des cris, bref, ça allait vraiment être amusant ! Kathleen n'allait peut être pas aimé mais qui sait ? On allait peut être avoir la bouche l'une contre l'autre... Fallait bien rêver un peu ! Puis après, je la laisserai surement tomber, encore une fois. On allait finit par avoir une relation de "Je sors avec toi quand j'ai pas d'ami", probablement.

- C'est parti ! Dis-je en passant ma main dans son dos et en l'accompagnant jusqu'au cinéma, quelques rues plus loin. J'allais te proposer d'aller voir la comédie romantique "Coup de foudre à Pré-au-lard" mais comme tu es partante pour un film d'inféri... C'est super !

- Je reste près de toi, évidemment !

Nous arrivâmes tous les deux devant le cinéma miteux du village. Comment une si petite pièce pouvait accueillir une centaine de personnes et un écran géant ? Je me le demandais. Je déposai les deux tickets sur le comptoir de la cahute du vendeur qui les découpa en deux avant de nous tendre la moitié. Il jeta un coup d'oeil à Kathleen et leva les yeux au ciel. Visiblement, il se doutait qu'elle ne ferait pas long feu devant un film d'inféri.
Nous entrâmes à l'intérieur, ma main toujours posée dans le dos de la jeune fille histoire de la faire avancer. Nous arrivâmes devant la porte de la salle numéro 13 dans laquelle allait se jouer le film. Je me retournai vers Kathleen en souriant.

- Toujours partante ? Tu peux faire demi-tour, tu sais, je comprendrais ! Elles sont rares les filles qui supportent ce genre de film ! Lui dis-je avec un ton de défi, sachant qu'elle n'allait surement pas reculer si je lui disais ça.

Le 13 pouvait éventuellement porter malheur et, bizarrement, je n'aurai pas été étonné qu'il nous arrive un malheur à l'intérieur de la salle de cinéma. En même temps, j'étais James Potter, je ne reculais devant rien, j'étais courageux, athlétique, beau, amusant, merveilleux, bref, je m'égare.
J'entrai à la suite de Kathleen dans la salle déjà plongée dans le noir. Les publicités avaient commencées et je me mis à sourire en voyant la tête de Kyle Summer en géant en train de poser pour une publicité pour Sorcières hebdo. Il avait décidément toujours l'air d'un idiot, ce type.

- On va se mettre dans le haut, histoire de tout voir !

Nous montâmes les escaliers rouges foncés et je laissai Kathleen s'installer la première. Derrière nous à présent, on pouvait voir Kris Hawke poser pour une publicité de perruque et j'explosai de rire à la vue de sa touffe.