Il lui avait dit les mots justes, réconfortants. Ce serait comme avant, en mieux ! Rien qu'à lui prendre le menton pour lui relever la tête, cela rendit le sourire à la belle préfète. Ce petit contact habituel entre-eux deux avait le don de faire battre son coeur plus rapidement ... Elle avait toujours été possessive avec lui, mais elle avait accepté d'ignorer ses sentiments envers lui pour Chuck et puis ... pour Bobby aussi, refusant d'être un obstacle entre lui et Daisy. Mais maintenant, ces obstacles avaient disparu. Et Sue ne s'était jamais aussi senti bien qu'à ce moment précis, dans les bras de Bobby. "Comme au tout début ... en mieux !" se répéta Sue. Oh oui, en mieux, certainement !

Le supporter ? La question ne se posait même pas ! Elle pourrait le supporter 24h/24, sans problème. Sa compagnie, son regard posé sur elle qu'elle arrivait à ressentir, ses gestes attentionnés, ses petits mots doux auxquels elle était sensible, son humour. Même quand ils se disputaient, elle ne pouvait pas supporter de ne plus être avec lui. Elle le supporterait jusqu'à la fin de ses jours, si elle le pouvait ...

- " C'est toi qui va devoir me supporter ! Toi, t'es largement supportable. " répondit-elle en haussant les épaules, l'air de dire que cette épreuve était même trop facile.

Puis il vint sur la discussion des duels. Si Sue n'avait pas manqué d'assurance en elle, elle n'aurait peut-être jamais connu Bobby, ils ne seraient jamais devenus aussi proche. C'était lui qui lui avait tout appris, lui redonnant confiance en elle, lui apprenant à ne pas fuir ses faiblesses et ses peurs. Il avait été un exemple pour elle, un mentor. Et en parlant de ce sujet, Sue se souvint de la raison pour laquelle elle s'était un peu écartée de lui ces derniers temps.

- " Je sais pas. ça fait longtemps que je ne me suis plus essayée à la pratique. " dit-elle dans un murmure, l'esprit ailleurs, concentrée sur ses dernières pensées. " Tu sais pourquoi je n'ai pas ... apprécié l'idée que tu quittes ta famille ? " ajouta-t-elle soudainement, tenant à lui expliquer les vrais raisons. Elle espérait juste qu'il ne lui en voudrait pas, mais il avait promis ...

Spoiler:

Arrêter de dire des bêtises ... Sue savait bien qu'en disant que c'était elle l'insupportable, le jeune homme n'approuverait pas. Bobby avait toujours su supporter la non-voyante, la comprenant mieux que quiconque, réussissant à la rendre encore meilleure. Il était resté auprès d'elle parce qu'il le voulait, parce que justement, Sue était supportable ... enfin, parfois. Il était vrai qu'ils avaient vécu des hauts et des bas, mais la jeune préfète restait persuadée que grâce à ça, ils s'étaient rapprochés encore plus. Ce lien, tel une corde qui se coupait en deux à chaque fois qu'ils se disputaient, mais dont ils prenaient soin de faire un noeud après chaque réconciliation, ce lien qui suite aux nombreux noeuds, devenait de plus en plus court ...

Alors, c'était sans peur qu'elle avait posé cette question. Quoi qu'il arrive, la corde ne pouvait rester indéfiniment coupée en deux. Comme aimantée, elle était destinée à rester lier !
Alors qu'il pianotait du bout de ses doigts sur le bras de la non-voyante, cette dernière ressentit le désarroi de Bobby ... il était indécis, incertain de vouloir savoir, peut-être craignait-il la réponse ? Et peut-être avait-il raison.
L'atmosphère s'était quelque peu tendue ... mais lorsque son meilleur ami répondit à sa question sur le ton de l'humour, Sue sut qu'elle pourrait lui avouer ses appréhensions sans crainte ... il comprendrait. Un sourire mi-rassuré, mi-amusé s'afficha sur son visage, surprise de la réaction du Serdaigle :

- " Je donne l'impression de donner cette image de la famille ? Alors qu'en ce moment, j'ai toute les raisons de penser le contraire ... " répondit-elle en plaisantant, faisant référence au mystère de Louïse et à cette intuition qui lui disait qu'il y avait des mensonges dans cette histoire, des secrets gardés ...

- " Non, c'est pas ce que je voulais dire. " ajouta-t-elle, redevenant tout à coup sérieuse. " Je ne veux pas que tu te sentes responsable de ce que je vais te dire, hein ? Tu ne dois pas culpabiliser de ce que j'ai pu penser. En fait, c'est de ma faute. Je n'aurais pas dû penser de cette manière, c'était égoïste. " dit-elle, sans avouer encore les réelles raisons de la frustration qu'elle avait ressenti à l'idée que Bobby puisse quitter sa famille.

- " Tu sais, Bobby ... le premier jour où on s'est rencontré ... j'étais une fille peu sûre de moi, quelqu'un qui voyait encore son handicap comme un obstacle plutôt qu'un avantage. Enfin, tu sais déjà tout ça, ... mais tu as marqué un moment important de ma vie. Tu as été LA personne qui a su trouver les mots pour que je me batte. Je voyais en toi, et je vois toujours, cette personne mature qui a grandi trop vite, et qui voit la vie comme une série d'obstacles qu'il suffit de tourner en son avantage. Tu m'as appris à aborder un obstacle sans voir le côté négatif de la chose, voyant plutôt le profit que je pourrais en tirer, te bornant sans cesse à me faire affronter mes peurs au lieu de les contourner. " continua-t-elle de parler, sentant le regard de Bobby posé sur elle. " Tu as été ma source de confiance en moi, mon exemple. Et te voir contourner un obstacle m'a déstabilisé ... j'ai perdu mes repaires. J'en avais presque oublié que tu étais humain et que tu pouvais avoir tes failles. " avoua-t-elle, baissant la tête, honteuse d'avoir été une piètre meilleure amie, frustrée par les décisions de son ami ...

- " J'aurais dû te soutenir et partir avec toi ce jour-là. " finit-elle par dire, encerclant de ses deux mains celle de Bobby. " Je suis désolée. " ajouta-t-elle pour conclure tout ce qu'elle avait pu dire. Elle se sentait soulagée de l'avoir fait, préférant que Bobby sache la vérité au lieu de s'en faire une mauvaise idée ... En aucun cas elle ne voulait le blesser, surtout pas lui ! Il avait déjà trop souffert, perdant celle qu'il avait aimé et qu'il aimerait toujours. Sue s'était promis d'être toujours là pour lui, pour qu'il lui reste quelqu'un sur qui compter, même si elle ne pouvait clairement pas faire le poids face à son premier amour. Elle n'était que sa meilleure amie.

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C'était la réaction que Sue appréhendait. Bobby s'était rétracté ... et ne semblait pas accepter ses excuses, bien au contraire. C'était à son tour de se montrer frustré par les propos de sa meilleure amie. Sue se raidit, comme si on venait de lui lancer un seau d'eau froide en pleine figure. C'était donc ça le prix de l'honnêteté ? Bobby n'était pas encore passé à autre chose, il ne semblait pas prêt à entendre ce que Sue avait à lui dire. Cette histoire était encore trop récente. Mais elle ne pouvait pas le laisser sans réponse. L'atmosphère s'était refroidit, Sue eut un frisson d'effroi, ignorant encore comment il allait prendre ses explications.

Il attendait que Sue lui trouve la solution toute faite ... celle qui aurait été la meilleure chose à faire dans ces circonstances. La jeune préfète se mordillait la lèvre inférieure, consciente du mal qu'elle lui faisait subir en ce moment, ressassant l'histoire la plus tragique de son existence ... rouvrant ainsi des plaies à moitié cicatrisées. "Mais éclaires moi, quel était le choix courageux à faire dans cette situation?" se répétait Sue dans sa tête. Il l'avait dit si froidement. Qu'elle détestait quand il se montrait comme ça avec elle !

- " D'abord ... tu aurais pu venir m'en parler avant. " répondit-elle, brisant l'espace d'un instant le silence. Alors qu'elle avait gardé son regard vide en face d'elle, Sue avait tourné la tête vers son ami sur ces mots. Elle avait aussi emprunté un ton plus froid, presque teinté de reproche. " J'étais au courant de rien. Normal que ça m'ait surpris. Tu m'as dit que tu partais dans la seconde ... C'était si spontané, si inattendu ... Je n'ai pas eu le temps de comprendre ce qu'il se passait, Bobby. " ajouta-t-elle, sur un ton qui s'adoucissait de mot en mot. Elle ne voulait certainement pas se disputer avec lui ... pas maintenant !

- " Les obstacles ... tu ne les as pas vraiment contournés. Mais tu ne les as pas affrontés non plus. Tu les as juste repoussés. Ils sont toujours là. " répondit-elle ensuite à sa première question. Elle n'avait pas osé dire ces mots, pensant que ce n'était pas ce qu'il voulait entendre ... mais Bobby attendait une réponse. Et il était inutile d'ignorer sa question parce que la non-voyante savait qu'il ne se ré-adoucirait pas tant que le sujet ne serait pas clos. C'était du Bobby tout craché.

- " Je ne peux pas te donner une réponse toute faite. Comment agir ? Comment surmonter ça ? Je ne vis pas ce que tu vis. La seule chose que je puisse faire, c'est imaginer ce que tu peux ressentir. Je ne me permettrais pas de te juger suite à tes choix, surtout sur un sujet tel que celui-là. "

Sue était toujours assise, coincée au fond du fauteuil, n'essayant même plus de reprendre la main du garçon, ... comme si elle s'était enfermée dans un bulle, prête à se protéger de toute réaction que pouvait avoir Bobby.

- " Ce que j'essaye de te dire, c'est que tu as fait un choix que je n'ai pas compris sur le moment. C'est pour ça que je suis là, devant toi, en train de m'excuser et de te répéter que ... je respecte ton choix, Bobby. Je suis avec toi. " finit-elle son discours, sincère. Elle s'était doutée de sa réaction ... et elle se rendit compte à présent à quel point elle le connaissait si bien.

Et puis, ... elle savait qu'il lui pardonnerait. Parce que c'était ça, leur relation. Ils ne pouvaient rester éloignés l'un de l'autre.

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Au fur et à mesure des paroles de Bobby, Sue avait quitté son petit coin où elle s'était quelque peu renfermée. Il lui pardonnait, et reconnaissait même s'être emporté ... Comment la préfète pouvait-elle lui en tenir rigueur ? Elle se contenta uniquement de lui sourire, comme pour lui faire comprendre que ce n'était pas grave, qu'il avait ses raisons d'agir de la sorte. Puis, elle sentit son bras derrière elle, posé sur son dossier. Et enfin, sa main vint se placer sur sa joue, caressant délicatement sa peau douce. Sue avait son regard vide posé sur Bobby, un sourire aux lèvres, retenant presque sa respiration, de peur qu'il arrive à entendre les battements de son coeur qui lui donnait l'impression de vouloir sortir de sa cage thoracique.

- " Je suis sûre qu'une autre fille serait à ma place, et qu'elle t'aiderait. C'est moi qui ai de la chance. ça aurait pu ne pas être moi. " répondit-elle à sa question, se rapprochant de lui pour se blottir dans ses bras et déposer sa tête dans le creux de son cou. Elle ferma les yeux et dans un murmure, elle ajouta :

- " Tu es encore mon dieu vivant, mais chut ... c'est un secret. "

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The end.

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