Soir du 23 décembre, 19 h 00
Atrium du Ministère de la magie.

Quel endroit plus sécurisé que le Ministère de la magie pour organiser le plus grand bal de noël de tous les temps ? L'Atrium, à l'image de l'égo démesuré de notre cher Ministre, était décoré d'une multitude de décorations ostentatoires et de mauvais gout. Le noir et l'argent, couleurs dominantes du grand hall, ornaient les immenses arches qui soutenaient le plafond en forme de dôme, et les murs de briques rouges dégoulinaient de guirlandes sombres. D'énormes sphères couleur plomb valsaient fantomatiquement dans les airs et laissaient une trainée de paillettes gris cendre dans leur sillage. Pour l'occasion, Brutus avait vu les choses en grand et les nombreux buffets, postés à quelques endroits stratégiques regorgeaient de victuailles onéreuses.
Dans son costume trois pièces, et son manteau de fourrure en poil de licorne, le Ministre se gargarisait d'avance de cet événement qui resterait dans les mémoires. Il avait invité les grands sorciers de son temps, des politiciens riches ou étrangers, et surtout des gens de tout bords, pas forcément fréquentables.

Avant de faire son apparition, Brutus s'assura auprès de ses multiples conseillers de la bonne tenue de la salle et de l'arrivée massive des sorciers. Il observait la scène de son perchoir invisible aux yeux des invités puis s'entretint avec son bras droit :

- Le Maître se montrera-t-il à notre petite sauterie ?

- Il semble occupé à d'autres tâches, Monsieur le Ministre.

- C'est bien dommage. La terreur qu'il sème est bénéfique à mes sondages....

- Il n'a pas besoin de se montrer pour terroriser nos citoyens. La simple mention de son nom dans votre discours suffira à maintenir un tel climat.

- Vous avez raison ! Je le citerai autant de fois qu'il sera nécessaire.

Le bras droit acquiesça, puis s'équipant de sa canne, Brutus conclut :

- Allons-y !

Claudiquant jusqu'à la porte de son bureau, le Ministre prit l’ascenseur et descendit dans le hall. Il pénétra ensuite, avec la grâce et la fierté d'un paon, dans la pièce sous les applaudissements des convives, après l'annonce de son conseiller : "MONSIEUR LE MINISTRE BRUTUS CASSIUS HARDBULL"

Figée au centre de l'atrium, Juliet fixait de ses yeux d'un ciel d'été la fenêtre du bureau de son père. De là, elle pouvait apercevoir la silhouette massive de Brutus et elle devinait celles de ses conseillers. Quels complots préparaient-ils encore ? Sombre, elle esquiva la question qui lui trottait dans la tête.
D'un geste délicat elle piocha un toast sur l'un des nombreux plateaux constituant les buffets et le porta à ses lèvres. Les saveurs explosèrent comme un bouquet exquis et elle nota que son père avait mis les petits plats dans les grands. Cela faisait seulement quelques mois qu'il avait acquis son poste et le voilà déjà à acheter la population par des bals et des banquets. Au bout de longues minutes à dévisager les invités, Juliet fut couper par l'arrivée imminente de son père dans l'assemblée. Elle s'obligea à applaudir, le regard vide et aperçut son frère au côté de Brutus. Lorsqu'il l'aperçut, il se dirigea vers Juliet :

Benjamin : Toujours aussi distinguée, ma chère sœur ! Dit-il avec le plus beau des sourires hypocrite

Juliet ne releva pas la remarque de son ainé qu'elle détestait autant que son père. Il ne s'en vexa pas pour autant, la fixant et saisit une coupe de champagne. Après l'avoir bu d'une traite, il reprit en faisant signe de la tête montrant les invités :

Benjamin : Regarde moi tous ses hypocrites ! Il déteste papa mais dès que c'est gratuit, ils rappliquent comme des rats !

- Es-tu prête ma chérie ?

- Maman, commença l'adolescente d'une voix fatiguée, ma présence est-elle réellement indispensable ?

- Bien sur Minerva! répondit Morgan Moon, parée d'un merveilleux collier d'émeraudes qui brillaient de mille feux sur sa gorge blanche.

- Tu n'auras qu'à dire aux autres que je me sentais trop faible et...

- Allons ma chérie, ne fais pas l'enfant répliqua d'une voix douce mais autoritaire Mrs Moon, tu sais bien que c'est impossible! Je suis certaine que tu y retrouveras tes camarades.

- Mais maman je n'ai pas le coeur à la fête!

- Minie, commença Morgan de sa voix douce, ses mains caressant la tête rousse de son unique enfant, nous sommes des Moon et TOUS les Moon doivent y être. C'est ainsi et pas autrement. Fais toi belle et fais honneur à notre famille, je ne te demande rien de plus. Et puis quel dommage, de sa baguette elle fit léviter dans les airs une merveille robe de soie argentée, toutes ces heures de travail pour rester au fond de ton armoire! Allez ma chérie, nous sommes attendues.

Minerva esquissa un maigre sourire qui se refléta dans le joli miroir de sa coiffeuse pour assurer sa mère de son obéissance. La robe scintillait, gracieuse dans les airs, si fluide qu'elle éprouvait du remords à la laisser à l'ombre de son armoire. Sa mère avait travaillé si dur pour qu'elle soit la plus jolie, de quel droit, elle, sa propre fille, pouvait se montrer aussi ingrate et insensible à la réputation de sa famille ? Vaincue, Minerva se laissa aller à un long soupir une fois que Morgan l'eût laissée seule face à sa propre image. Sans conviction, ni désir de briller, elle procéda aux mêmes gestes, cent fois répétés qui lui donnaient de l'allure.

La robe, diamant argenté d'une fluidité magique épousait parfaitement le corps harmonieux et élancé de la rouquine. Faite sur mesure, le tissu frais de sa tenue lui apportait prestance et classe. Sa longue crinière rousse, entretenue avec le plus grand soin se livrait aux doigts agiles et experts de l'adolescente qui les releva en une couronne de treses rousses d'où s'échappaient, savante composition, quelques mèches faussement rebelles. La jeune sorcière se maquilla avec soin mais sans ostentation, jamais les Moon ne lui auraient pardonné d'être vulgaire. Elle s'observa un instant, à la fois pensive et soucieuse du moindre détail. Un seul faux pas et la voilà jetée en pâture aux commères! C'est avec un soin tout particulier qu'elle choisit ses bijoux. Pas d'émeraudes, ni de saphirs, de rubis profonds ou de diamants lumineux mais une composition subtile et légère d'or blanc et d'ambre jaune, presque orange qui brillait sur sa gorge, coulait en fine pluie depuis ses oreilles et formait à ses poignets de fins cercles.

Morgan toqua deux fois avant d'entrer dans sa chambre.

- Si seulement ton père était là! Visiblement émue, Mrs Moon portait une main sur son coeur, le regard brillant. Minerva se força à sourire, gênée et un brin coupable de ne pas partager l'enthousiasme de sa mère. Elle finit de se chausser d'adorables escarpins ivoires alors que la robe, ensorcelée, flottait de manière à ce qu'une illusion parfaite de légère ondulation soit crée. Ainsi les pans ne touchaient jamais le sol mais laissant croire aux curieux que la demoiselle flottait.

- Merci maman, elle ne trouva rien d'autre à répondre avant que les deux Moon ne quittent la pièce pour utiliser la grande cheminée, celle-là même qui les conduirait chez Vesta Moon où tous ses oncles ainsi que ses cousins et cousines, chacun dans ses plus beaux habits les attendaient pour arriver en famille.

Minerva arriva dans le grand Atrium, décoré avec faste pour l'occasion, aux bras de son grand-père Ambrosius. Vesta, la matriarche, était quant à elle en compagnie de son fils préféré. Il fallait être aveugle pour ne pas comprendre que cette famille là avait le sang pur et avait bien l'intention de le faire comprendre aux autres convives. Ambrosius avait déjà abandonné Minerva pour s'en aller saluer le ministre Hardbull.

- Enfin un sorcier digne de nos votes! Oui vraiment, ton grand-père et moi avons bien fait d'appuyer la candidature de notre cher Hardbull, Vesta abreuvait pour la énième fois de ses commentaires Minerva, comme si, à elle seule, la vieille femme était celle à qui le ministre devait aujourd'hui sa place. Il y a bien longtemps que ces mesures auraient du être prises, mais du courage et de la lucidité, ses prédécesseurs en ont cruellement manqué! Si tu veux mon avis ma petite chérie, cela ne fait que commencer, et tant mieux d'ailleurs! Du sang neuf et pur, voilà ce qu'il nous fallait!

- Oui, bien sur grand-mère répondit d'une voix distraite Minerva dont le regard brillant cherchait désespérément une âme charitable pour échapper à sa famille envahissante.

Cette femme avait beau être sa grand-mère, sa propre chair, Minerva ne pouvait s'empêcher d'être écœurée, révoltée par les propos odieux que tenait la vieille femme. Vesta Moon se sentait dans son élément, entourée de tous ces sorciers méchants et idiots et sa parole, déjà bien libre et mauvaise se libérait avec une joie palpable. Il ne fallait surtout pas la contredire. D'ailleurs Minerva n'y songeait même pas. L'habitude s'était installée et avec le temps, en dépit de ses convictions profondes, ses oreilles ne faisaient même plus attention au flot perfide de paroles de la vieille femme. Elle avait beau dire, il n'empêche qu'elle, Minerva, sa propre petite-fille, ne considérait pas du même œil les nés-moldus et sang-mêlé. Toutefois pas une seule fois elle n'avait osé aller contre la matriarche. Écoutée religieusement par les siens, la rouquine ne laissait rien transparaître de sa pensée.

Minerva s'ennuyait profondément. Cela ne se voyait peut-être pas, mais cette réception la dégoutait. Tous ces gens, ravis d'applaudir aux réformes honteuses de Harbull méritaient d'être punis pour ce qu'ils faisaient subir aux autres sorciers. Sa mère n'était déjà plus à ses côtés, partie barboter dans cette eau infestée de requins qu'elle connaissait encore mieux que sa fille. Morgan essayait encore d'attirer dans sa boutique du Chemin de Traverse des sorcières dont les époux, ou les pères, avaient les bourses assez riches pour se payer le luxe d'une robe faite sur mesure. Minerva en était la meilleure représentante. Toujours vêtue avec classe, ses robes épousant parfaitement les courbes de son corps, l'adolescente, pleine de fraîcheur et de jeunesse était le modèle officieux de sa mère. Sa présence était donc indispensable. A la fois en tant que Moon mais aussi en tant que mannequin.

- Cette robe te va à ravir Minie. Je suis si fière de ta mère, vois comme elle se fait une place. Les réformes de ce cher Hardbull ne pouvaient tomber mieux! Il favorise enfin les nôtres, toute cette concurrence déloyale nuisait aux affaires de notre famille.

Moon espérait de toute son âme retrouver dans la foule les Flint. Elle savait que ses grand-parents la laisseraient aller les rejoindre. Demetrius et elle pourraient parler en toute confiance. Les Moon restaient en famille, regroupés autour du couple Ambrosius et Vesta. Ses oncles et leurs épouses, insipides femmes pour qui Minerva n'avait guère d'affection, parlaient entre eux, leurs petits yeux curieux évaluant tous les convives.

Asterion Moon, un imposant brun de près de 2mètres se glissa derrière sa nièce favorite, fille de sa sœur préférée pour lui glisser un mot :

- Dis moi, ce ne serait pas la fille Hardbull là-bas ?

Juliet Hardbull. Effectivement, c'était bien elle. Minerva la désigna d'un regard discret. Vesta Moon ne s'occupait déjà plus d'abreuver la rouquine de ses mots pervers, occupée qu'elle était à converser avec son époux.

- Hmpf... Elle m'a l'air bien jeune. Déçu. Asterion était trop prévisible. Bien sur que Juliet était trop jeune, mais la tentation était trop belle pour qu'il ne tente pas sa chance. Ayant obtenu ce qu'il voulait, Asterion retourna vaquer à ses occupations ayant repéré dans l'assemblée un camarade.

« Madame. »
« Euhm ... Excusez-moi, qui êtes-vous ? Je vous ai prise un instant pour Miss Moon mais ... j'ai dû confondre ... »

La rouquine se raidit, passant d'une expression neutre à la surprise. Sa grand-mère haussa un sourcil, intriguée par ce jeune homme qu'elle ne connaissait pas. Vesta toisa d'un œil sévère Campanello, très droite. La ressemblance avec sa petite-fille était flagrante pour que Darren ne le remarque pas. D'ailleurs, profitant qu'elle ne la voyait pas, Minerva foudroyait de son œil clair le serpentard.

« Toujours aussi drôle Darren. »

Son rire sonnait creux pour ledit Darren. Son attitude, en apparence normale, n'échappait pas au serpentard. Ce n'était pas l'envie de lui faire ravaler sa blague pourrie qui lui manquait. Se tournant vers sa grand-mère, aussi solennelle que l'imposait la situation, elle introduisit à contre-coeur Campanello.

« Darren est un camarade de classe. Nous partageons les mêmes couleurs. »

«  Darren, je te présente ma grand-mère Vesta Moon » Les présentations faites, Vesta fit signe à sa petite-fille qu'elle pouvait s'éloigner toujours sans adresser un mot à Campanello. Intérieurement Minerva jubilait! Elle espérait bien qu'il avait senti à quel point Vesta le trouvait insignifiant et indigne de sa salive.

Attrapant Campanello par le bras, elle s'éloigna de sa famille. Elle mourrait d'envie de le réduire en miettes et lui arracher ce sourire idiot qu'il avait toujours.

«  Mais qu'est-ce que tu avais en tête espèce de limace déshydratée ?! Tu as de la chance que ma grand-mère ai d'autres chats à fouetter! » Minerva fulminait, et lancée comme elle l'était, sa langue n'avait pas encore tout dit. « Qu'est-ce que c'est cette fois ? Un pari idiot ? Un défi personnel ? J'espère pour toi Darren que ton comportement irréfléchi ne va pas m'éclabousser. C'est une soirée très importante, il y a des gens bien placés, et plusieurs membres de ma famille ici, alors ne te comportes pas comme un hibou sans cervelle! »

**********************************************************************************************************
• Insulter un autre personnage de façon rigolote (insultes magiques)▬ 1 dragée