PARCOURS 4 : Les trolls en tongs : Emily, Garance, Victoire et Sean

Sean, pour une raison inconnue, avait décidé de participer aux courses d’orientation du camp de vacances. Il avait envie de bouger, de s’amuser. Et puis, une course d’orientation ne demandait-elle pas de réfléchir un peu. Cela lui ferait le plus grand bien. Il n’aurait pas beaucoup d’occasion de le faire pendant ce camp de vacances. Il s’était donc inscrit dans les premiers. Il n’avait pas vraiment fait attention au groupe qu’il avait choisi. Peut-être qu’il pourrait faire de nouvelles rencontres comme cela. C’était le moment ou jamais. Il aurait pu demander à Deirdre de venir avec lui, mais elle devait sûrement faire autre chose. Et puis, le temps qu’il la trouve, il n’y aurait plus de place. La prochaine fois peut-être.

Le serdaigle devait donc se diriger vers le lieu de rendez-vous. Il prit son temps, pensant être en avance. Il ne l’était peut-être pas au final car trois filles étaient déjà arrivées. Il les connaissait de vue, c’était sûr. Elles étaient de la même année que lui. Ainsi, il était le seul garçon du groupe. Il n’avait plus qu’à espérer qu’elles ne pensaient pas qu’il était le genre de gars à façon vers le danger tête baissé. Elles seraient déçues sinon. Alors qu’il arrivait tranquillement au centre de la clairière, il put les voir faire le tour des arbres délimitant la zone. Il ne bougea pas lui. Il sentait qu’elles arriveraient à trouver le chemin de sortie sans lui. En fait, il se sentit un peu inutile. Alors qu’il pensait qu’il devait peut-être aider, Garance, une gryffondor, amena la vie dans un arbre. Le serdaigle ne bougea pas d’un pouce : contrairement à ses coéquipières, il avait pu voir l’arbre esquisser un geste.

Sa consigne était claire : pour sortir d’ici, ils devaient résoudre une énigme. Par contre, Sean comprit également autre chose. Il était presque certain que c’était une épreuve individuelle. Pourtant, les filles n’avaient pas l’air de cet avis. Un esprit d’équipe se mit en place. Chacune réfléchissait de son côté mais demandait l’avis de chacun. Sean essaya également de résoudre l’énigme. Malheureusement, il n’y arrivait pas. Il pouvait voir Garance marcher et encore marcher. Victoire, une serdaigle, écrivait dans la boue. Enfin, Emily avait décidé l’écriture magique dans le ciel. Lui, il était certain de ne pas trouver même s’il essayait un de ces moyens de réflexions. Il n’avait jamais été très doué pour ce genre de jeu. Il espérait qu’elles allaient trouver et ensuite l’aider sinon il sentait qu’il allait pouvoir faire demi-tour. Pourquoi avait-il décidé de jouer déjà ? Peut-être pour faire représentant des gars dans cette équipe. Comment remettre à jour le cliché d’un mec sans cerveau. Dire qu’il n’était pas du tout comme cela d’habitude. Il se sentait de plus en plus inutile. Une chance qu’ils n’étaient pas tous ainsi. Les trois filles avaient trouvé la réponse et s’étaient mises d’accord entre elle, l’incluant dans la concertation. Il était sauvé pour cette fois. Il ferait mieux d’être plus efficace après s’il ne voulait pas se faire rejeter par son équipe. Une fois qu’elles eurent toutes murmuré leur réponse à l’arbre, il s’approcha et souffla exactement la même chose.

Sean vit l’arbre se pousser suite à leur bonne réponse. C’était logique. Dès qu’il avait entendu la réponse dans la bouche de ces jeunes filles, il avait su que c’était correct. C’était tellement facile et visible quand on avait la réponse. Il s’était demandé comment il avait fait pour ne pas le voir. Mais il comprenait son ignorance. Il n’aimait pas ce genre d’énigme. Soit tu vois, soit tu ne vois pas, c’est ainsi. Lui ne l’avait pas vu contrairement aux autres. Cependant, il était décidé à se rattraper à la prochaine. Il s’avança dans le sentier qui se créait sous ses yeux. Il ne comptait pas rester le membre inutile de l’équipe. Il ne s’était jamais vu comme cela et ce ne serait pas le commencement aujourd’hui. Cependant, il n’avança pas parmi les premiers dans ce chemin. Il ne voulait pas laisser le danger aux autres, mais il ne voulait tout de même pas trouver par surprise le prochain obstacle. Il ne pensait pas que celui-ci arriverait de sitôt. Pour lui, une course d’orientation durant un long moment. C’était une course d’endurance. Il marcha ainsi un certain bout de temps. Cependant, il sentait que la prochaine étape se rapprochait. Il ne savait pas comment il pouvait deviner cela, mais il en était sûr. Il ralentit donc le pas, incitant implicitement les autres de faire de même. C’était loin d’être nécessaire. Sean s’arrêta d’un coup, comme pétrifié…

Une créature d’une beauté époustouflante bloqua le chemin. Il ne put que la regarder. Il ne fit même pas attention à ce qu’elle disait. Il en était presque à avoir la bouche ouverte. Mais il se reprit au dernier moment. Il n’allait pas continuer à se ridiculiser. Il secoua sa tête, ferma les yeux et reprit le contrôle. Il devait continuer. Il ne pouvait s’arrêter là. Quand il releva la tête, il continua à admirer cette beauté mais il était tout de même plus présent qu’auparavant. Il essaya de se remémorer l’énigme et se déplaça sur le côté pour pouvoir réfléchir pleinement. Il prit la technique de Victoire et prit un bâton pour retranscrire les noms des dieux. Il commença par mettre les noms des dieux grecs en haut. Puis les noms des dieux de la mythologie romaine correspondent juste en dessous. Du moins, il mettait les associations qu’il connaissait. Le reste des noms, il les plaça sur le côté. Il avait au moins six noms grecs et deux associations. Il s’assit devant son lieu de réflexion. Il ne jeta aucun coup d’œil à la créature. Il ne voulait pas être déconcentré. Par contre, il demanda l’avis des filles sur ce qu’il avait déjà fait. Entre temps, il écrit un nouveau nom pour une autre association. En observant son travail, ses coéquipières lui soufflèrent les dernières réponses. Il vérifia une dernière fois puis se releva.

Il était temps pour lui de faire face à la beauté du chemin. Il resta un moment tête baissée, mais il ne pouvait la rejoindre comme cela. Il finit donc par la regarder. Il se dirigea lentement vers elle, essayant de chercher des défauts pour prendre de l’assurance. Il n’en voyait aucun. Puis cela fit un choc dans son esprit : son plus gros défaut était de ne pas avoir de défaut. Comment pouvait-on apprécier une beauté s’il n’y avait pas de défaut pour la mettre en valeur. Bon d’accord, on pouvait le dire, Sean était ridicule devant elle quand même. Mais il n’abandonna pas pour autant et alla donner sa réponse. Avec assurance malgré tout…

Sean n’était décidément pas d’accord avec les trois jeunes filles. Il avait presque réussi à les convaincre avec son argument, mais très vite des questions revinrent et il n’eut plus aucune écoute. Il ne voulait pas qu’ils se séparent. Il ne pensait pas que le chemin à choisir était le vrai choix. Pour lui, une course d’orientation était une course d’équipe. Si on séparait l’équipe, comment la course pouvait-elle continuer ? C’était absurde. Mais on ne l’écoutait plus. Les filles préféraient inspecter les deux zones complètement différentes. Le serdaigle ne les accompagna pas. A quoi bon vu qu’il pensait que ce n’était pas la vraie difficulté. Il resta silencieux un moment, écoutant ce qu’elles avaient à dire. Il écouta tous les scénarios qu’elles proposaient. Tout était possible, il le savait. Cependant, cela ne faisait que mettre plus de difficulté dans le choix qu’ils devaient faire. Toutes les questions qu’elles se posaient en rajoutaient d’autres et le choix semblait plus difficile. Les chemins n’aidaient pas non plus à vrai dire. Il fallait forcément qu’ils mettent le chemin de promenade contre le chemin d’aventure.

Sean finit par s’asseoir sur le côté. Il prit sa tête entre ses mains. Il sentait un mal de tête monter. Comment une situation aussi absurde pouvait mettre une telle ambiance entre un groupe. Il ne s’agissait qu’un simple jeu, pourtant ils avaient tous l’impression qu’ils ne devaient pas se tromper s’ils voulaient continuer leur vie. Etait-ce la magie qui donnait cette impression ? Ou les organisateurs ? Cela faisait presque peur. Il n’arrivait plus à réfléchir. Pourtant n’était-ce pas un de ses points forts la réflexion ? Il ne se sentait plus dans son élément. D’habitude, il faisait bien le cerveau, mais n’allait pas sur le lieu d’exécution, au moment de l’exécution. Il observait de loin pour savoir si tout se passait comme prévu. Et surtout, il se débrouillait toujours pour ne pas s’attirer les ennuis. Mais là tout était différent. Lui aussi devait être dans l’action. C’était un peu pour ça qu’il s’était inscrit, pour changer les choses. Bizarrement, il commençait à le regretter.

Il n’en eut pas vraiment le temps. Victoire, sans attendre une décision, se lança sur l’un des chemins. Elle prit un peu de temps pour choisir, mais elle choisit. Elle avait sûrement raison de le faire car ils n’étaient pas prêts d’être d’accord. Avec une de lancée, le reste suivrait. En effet, Garance prit une décision à son tour et étrangement prit le chemin joyeux, celui de promenade. Ce fut sans surprise qu’Emily la rejoignit. Elles étaient meilleures amies après tout. Il ne restait plus que lui, assis sur le bord du chemin. Il se leva lentement. Il ne savait pas quel chemin choisir, mais il savait une chose : il ne pouvait tout de même pas laisser Victoire seule sur son chemin. Il n’allait pas non plus séparer les gryffondor pour aller sur l’autre chemin. Il alla donc vers le chemin sinueux descendant vers un endroit mystérieux. Drôle de décision tout de même : les réfléchis allaient vers le danger voyant tandis que les courageuses allaient en promenades. Mais il faut bien de tout dans la vie…

Sean ne comprit pas pourquoi il avait décidé de suivre Victoire. Il aurait pu suivre les gryffondor et ne pas s’aventurer dans ce chemin délabré. Il aurait pu rester avec les courageuses et continuer à faire ce qu’il avait toujours fait : le cerveau de l’équipe. Mais non, il n’avait pas pu abandonner la demoiselle seule dans cette forêt. Il ne savait pas si elle avait plus de courage que lui, mais elle n’en avait sans doute pas autant que les deux autres filles. Pourquoi avaient-ils décidé de prendre ces chemins ainsi ? Ils auraient dû faire l’inverse. Comment est-ce que des gryffondor pouvaient se plaire sur un chemin de promenade avec des petits oiseaux tout mignon ? Elles ne le pouvaient pas, ce n’était pas possible. Alors pourquoi leur avaient-elles laissé cette impossible tâche ? Il allait se perdre. Comment pouvait-il faire autrement ? Il n’y connaissait rien aux forêts lui.

On se calme… Il n’était pas seul. Victoire était là, à ses côtés. A deux, ils devraient sûrement y arriver. En attendant, il ferait mieux d’avancer s’il ne voulait pas se faire distancer. Il ne savait pas s’il rêvait, mais il avait l’impression que sa coéquipière comptait un peu sur lui pour la rassurer. Elle était mal tombée. Il faudrait déjà qu’il se rassure tout seul. Alors, au lieu de devoir affronter son regard, il avait fini par montrer le chemin. Elle l’avait rejoint assez vite vu qu’il y avait de la place pour deux, mais il restait toujours un peu devant. Elle essayait de faire la conversation. Malheureusement pour elle, il n’y arrivait pas. Il sentait trop de pression sur lui pour faire un effort. Il allait devoir se calmer s’il voulait garder son aide. Surtout que ce n’était pas contre elle. Elle qui avait en plus une pensée pour les deux autres. Il ne sut quoi répondre. Qu’il aurait voulu être à leur place ? Ça n’allait pas la mettre à l’aise. Une chance qu’ils devaient tout d’un coup y aller un par un.

Il décida de passer devant. Il fallait qu’il montre un peu de courage, en pensée pour les deux demoiselles gryffondor. Il se lança donc pour la première fois en tant que leader. Il essayait de trouver le chemin le moins dangereux et le moins blessant, ce qui était assez difficile dans cette pente raide, minuscule, remplie de cailloux pointus, sans vraiment de corde pour s’aider. C’était à vrai dire assez logique. Il eut le droit de s’écorcher de partout, de trouer son pantalon et son tee-shirt, d’être couvert de boue. C’était ce qu’il préférait par-dessus tout. Ah non, il y avait aussi les crampes et la douleur qui commençait à se ressentir dans les muscles. Il sentait qu’il n’était pas le seul à souffrir. Cependant, il sentait que la fin était proche. La descente devenait moins dure. Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de descente. Ça ne sentait pas bon non plus. Si la torture s’arrêtait cela voulait surtout dire qu’elle allait se transformer. Sean avait raison : une autre créature apparue, mais celle-ci ne risquait pas de le perturber. Elle était trop affreuse pour cela. Par contre, elle pouvait provoquer quelques frayeurs. Il sentit des ongles s’enfoncer dans sa peau alors que Victoire ne s’y était pas attendue. Il eut un petit sourire en attendant sa phrase. C’était vrai qu’ils n’avaient pas essayé de les ménager depuis le début. Il commençait à s’y habituer. Quand à l’énigme, il ne put que rendre son sourire à Victoire. Il voyait déjà dans sa tête la réponse et il devinait qu’elle aussi. Alors il dit joyeusement :

A toi l’honneur de répondre !

Hj: pareil pour toi, si ça ne te va pas, dis-le-moi

L’épreuve avait été simple. Bien trop simple. On aurait pu croire qu’il y avait un piège mais ils n’y avaient pas fait attention. Tant mieux d’ailleurs parce qu’il n’y en avait pas besoin. Tous deux continuèrent leur route tranquillement. Enfin, c’était vite dis. Ils durent monter un col. Sean aurait dû s’en douter : après une descente, il y a toujours une montée. Or qui dit descente abrupt, dit col très difficile à escalader. Etant très habile et très athlétique, le serdaigle n’avait pas d’autre choix que d’utiliser ses mains pour réussir à monter petit à petit le chemin. Il risquait de mettre pas mal de temps pour enlever toute la terre et les morceaux de petits cailloux de sous ses ongles. Lui qui n’était pas habitué à faire beaucoup de sport, il était servi là. Il commençait à avoir mal aux bras, mal aux jambes. Tous les muscles dont il se servait normalement pour marcher n’étaient d’aucune utilité vu qu’il ne marchait pas sur une route droite et sans obstacle. Tout avait été concocté de façon à ce que chaque muscle vierge soit activé au moins une fois dans sa vie. Il sentait que le lendemain, il ne ferait pas grand-chose de sa journée, si ce n’était se reposer ou lire. Pas de promenade ou de course à pied. Même pas de journée express avec Deidre, sinon il savait qu’il allait en souffrir.

Sean, une fois le col passé, tu veux bien qu'on s'arrête manger, s'il te plait, je crois que je tiendrai pas plus longtemps...

Si c’est après le col, je veux bien. Mais on finit avant s’il te plait… Je ne pourrais pas repartir sinon…

Ce qu’il disait était vrai. D’une part parce qu’il était fatigué physiquement et que s’il s’arrêtait, il n’arriverait pas à faire repartir son corps. Et d’autre part parce que c’était une falaise. S’il jetait un seul coup d’œil dans le vide, il se sentirait mal, il le savait. Il devait donc continuer pour se concentrer sur son effort et essayer d’oublier où il était. Il n’y avait que le haut du col qui comptait. Et qui finit par être atteint. Il put sentir une partie de son corps se détendre difficilement et avec déjà pas mal de douleur. Il ne vit pas de suite comment allait le chemin allait se transformer. Et il n’allait apparemment pas le savoir directement : une palissade en bois venait de se mettre devant eux leur cachant la vue. Il mit un petit temps avant de voir le message inscrit dessus. Il entendit la réplique de Victoire mais ne réagit pas. Il eut tout de suite l’impression qu’il y avait un piège dans cette épreuve. Simplement compter le nombre de F ne pouvait pas lui permettre de continuer. Il y avait quelque chose d’important dans cette inscription qu’il n’avait pas vu. En attendant, sa coéquipière alla marquer sa réponse. Ce fut là qu’il comprit. C’était le premier des deux qui continuerait. L’autre n’irait pas plus loin. Victoire avait le droit de finir la course. C’en était fini pour lui. La journée était terminée. Peut-être n’était-ce pas plus mal. Il s’avança tout de même vers le petit tableau pour inscrire sa réponse mais il dit en passant :

Je crois que tu vas devoir manger seule… Désolé…

Hj : je suis vraiment désolée d'avoir bloqué la CO pour rien... J'aurais dû répondre avant --" Je suis vraiment désolée...

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