Les opposés peuvent-ils s'accorder? [pv Prue]

Le match était fini. Sean avait réussi à rester jusqu’au bout. Il était principalement resté pour Deidre. Quelle idée de jouer au quidditch et d’obliger son meilleur ami à venir assister au match. Elle savait très bien qu’il ne supportait pas la hauteur. Mais il ne pouvait pas manquer son match. C’était juste impossible. Il fut tout de même bien content de descendre des gradins. Il avait eu beaucoup de mal à rester les yeux rivés sur les joueurs. Les voir tourner dans tous les sens, prendre des risques alors qu’ils étaient à 15 mètres du sol, ça le rendait presque malade. Quelle ne fut pas sa joie lorsqu’il put enfin s’installer dans un des canapés moelleux de la salle de repos. La poufsouffle lui avait demandé de l’attendre là le temps qu’elle se mette propre.

Il n’eut d’ailleurs pas longtemps à attendre. Elle arriva de façon énergique dans la salle. Il était content de la voir comme cela. Par contre, il espérait qu’elle ne parle pas trop du score : il était incapable de s’en rappeler. Il ne faut pas trop demander à son cerveau quand il est trop dans les hauteurs non plus. Cependant, la poufsouffle était bien trop occupée par lui parler du match en général pour ça. Pourquoi lui parlait-elle de technique de jeu ? Avait-elle oublié que ce n’était pas du tout sa passion ? Et voilà qu’elle parlait de Tremblante de Woollongong suivit d’un Plongeon de Dionysos sauf qu’au même moment il y a eu un Rembarrage. Entre temps elle avait appris qu’un certain Darren O’Hare, célèbre gardien apparemment, avait inventé l’attaque bien connue en faucon. C’était quoi ça ? Chaque joueur fonçait dans un adversaire ? Sean n’en avait aucune idée.

Le serdaigle la regardait parler plus que ne l’écoutait. En même temps, ça pouvait se voir qu’il ne comprenait pas grand-chose à la conversation. Lui qui pouvait habituellement être celui qui parlait pendant des heures de sujets incompréhensible se trouvait aujourd’hui dans le rôle de la victime ignorante. Cependant Deidre ne s’en rendait toujours pas compte. Elle était toujours trop excitée par ce match pour cela.

Deidre ? Je ne…

Et là, j’étais en train de faire le double huit quand l’autre camp c’est mis en mode défense en double-batte. Du coup, j’ai été obligée de me risquer à faire l’étoile de mer ! Je ne l’avais jamais fait ! Oh attends cinq minutes, on m’appelle !

Comprends rien…

Elle n’avait même pas écouté ce qu’il disait. Sacré elle, elle ne pourrait pas lui reprocher d’être dans son monde la prochaine fois. D’ailleurs, L’étoile de mer ? C’était quoi encore comme figure ? Comment pouvait-on faire un animal aquatique dans les airs ? C’était absurde. Et maintenant, il n’avait plus qu’à attendre quelques heures si son intuition était la bonne. La poufsouffle était partie pour décrire son match à toutes les personnes qu’elle croiserait. Au moins, peut-être que quand elle reviendrait, elle serait redescendu sur Terre. En attendant, il n’avait plus qu’à trouver quoi faire… Il regarda autour de lui : beaucoup de personne, pas beaucoup qu’il connaissait. Plus encore, ils devaient tous être en train de parler du match. Il sortit donc un livre de son sac. Ça l’occuperait sans doute un certain temps. Et puis sinon, il irait lui dire qu’il la retrouverait plus tard, ce n’était pas grave.

Spoiler:

Prudence était occupée de regarder ses multiplettes, observant encore une fois quelques parties du match qu'elle avait visionné. Elle entendit par la même occasion la conversation d'une des joueuses de l'équipe de Poufsouffle avec un élève plus âgé de sa maison. Prudence ne put retenir un sourire amusé en entendant les propos du garçon. Il ne comprenait pas un traitre mot de ce que la Poufsouffle avait déblatéré en quelques secondes : un langage quidditchien que seul les grands fans devaient connaître. A première vue, il n'était pas un grand spécialiste, le jeune homme. Il s'assit non loin de la Serdaigle, un bouquin à la main. Prudence déposa ses multiplettes sur ses genoux, décidée à interrompre la lecture du garçon :

- " L'étoile de mer, tu sais, c'est quand elle tenait son balais et qu'elle avait les jambes dans le vide. C'est comme ça qu'elle a réceptionné le souafle d'ailleurs. Le double huit, c'est quand elle a zigzagué entre ses buts. " expliquait-elle, essayant d'accorder ses paroles avec quelques mouvements de bras, histoire d'être plus clair. " Pour ce qui est de la double-batte, c'est méchant ça. Les deux batteurs qui se mettent sur un même cognard pour donner plus de puissance ... je trouve que ça devrait être interdit. " donna-t-elle son avis. Elle avait été lors d'un match mise presque K.O. à cause de cette défense-là. N'importe qui remontrait sur son balais avec un beau bleu en souvenir, mais Prue, malgré ses rembourrages, était remontée sur son balais avec trois côtes cassées.

- " Le plongeon de dyonisos, c'est quand le poursuiveur lance le souafle en l'air. " continua-t-elle d'expliquer en mimant le geste de lancer la balle en l'air. " Et le frappe quand il redescend. Une sorte de smatch si tu veux. Pas facile de le placer dans un match. L'équipe adverse a vite fait de te reprendre le souafle. Mais j'aime bien cette technique. " avoua-t-elle. " Quant à la Tremblante de Woollongong, c'est une technique souvent utilisée, ... c'est ... " Puis elle se stoppa net, se rendant compte qu'elle débitait un cours technique sur le Quidditch qui devait carrément être barbant pour une personne qui s'en fichait pas mal. Elle émit un sourire gêné et surenchérit en s'excusant :

- " Désolée. Je te saoule avec mes explications de jeu. J'sais même pas pourquoi je me suis mise à t'expliquer ça, t'as pas l'air d'être intéressé. " dit-elle en baissant le regard sur ses multiplettes. Qu'est-ce qu'elle pouvait se montrer bavarde quand elle commençait !

L'étoile de mer, tu sais, c'est quand elle tenait son balais et qu'elle avait les jambes dans le vide. C'est comme ça qu'elle a réceptionné le souafle d'ailleurs.

Sean était déjà absorbé dans sa lecture lorsqu’il entendit cette voix féminine à côté de lui. Elle ne lui disait rien. Mais pourtant, il avait bien l’impression qu’elle lui était adressée. Il ne savait pas trop de quoi elle parlait. Apparemment, ça avait un rapport avec le match, encore une fois. Les noms techniques lui disaient quelque chose. Sans doute ceux prononcés par Deidre, mais il n’y connaissait tellement rien qu’il les avait déjà oubliés. Cependant, il n’osa pas l’interrompre. Elle avait l’air tellement passionné. Il ferma donc son livre et tourna son visage vers elle. Ses explications lui ramenèrent des images en mémoires, des images assez récentes d’ailleurs. C’était à ce moment-là où il avait eu beaucoup de mal à regarder le match. Deidre avait failli tomber de son balai et se fracasser la tête contre le sol. Ça avait été un grand moment de panique pour le serdaigle. On avait sûrement dû l’entendre crier à travers tout le stade et ça devait être assez comique pour les autres de le voir gesticuler en tous sens, ne sachant pas s’il devait regarder ou non. Et maintenant, il n’avait plus qu’à espérer que cette jeune fille n’était pas présente s’il ne voulait pas de remarques.

Elle continua ses explications, ne faisant pas tellement attention de savoir s’il écoutait ou non. Elle avait également l’air de revivre des souvenirs. Pourtant, il ne se rappelait pas l’avoir déjà vu jouer. Peut-être était-ce normal après tout. Ce n’était pas comme s’il arrivait à rester concentré sur les joueurs. Quoique qu’il avait déjà remarqué quelques joueurs ou plus particulière un, mais il ne savait pas du tout qui c’était. Il avait juste réussi à oublier son vertige pendant plusieurs minutes en le regardant voler. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait trouvé ça façon de voler assez magique. Il arrivait à se faufiler entre les autres sans aucun problème et avec grâce en plus. Mais il s’était ensuite pris un violent cognard et Sean était revenu sur terre avec son vertige. Il avait ensuite passé la fin du match à voir si le joueur n’était pas trop blessé. En tout cas, il n’avait pas l’air bien en point.

Désolée. Je te saoule avec mes explications de jeu. J'sais même pas pourquoi je me suis mise à t'expliquer ça, t'as pas l'air d'être intéressé.

Le serdaigle s’était également perdu dans ses souvenirs apparemment. La jeune fille avait du mal comprendre sa façon d’être d’après ce qu’elle disait. En même temps, elle ne lui avait jamais parlé donc elle ne pouvait pas savoir.

Non non, ne t’excuse pas. Tu m’as juste fait me rappeler les moments du match. Deidre m’a fait tellement peur à ce moment-là ! Mais qu’est-ce qu’elle était géniale !

Une petite étincelle s’alluma dans ses yeux. Il était fier de sa meilleure amie. Elle avait joué de façon incroyable. Elle était tout simplement géniale. Mais il ne fallait pas qu’il reparte sur la lune. Il n’était pas seul. Il ne fallait pas que cette jeune fille croit encore une fois qu’il ne faisait pas attention à elle.

Mais dis-moi, tu écoutes souvent les conversations des gens ou juste quand c’est à propos du quidditch ? Fais attention, d’autres ne seraient pas aussi compréhensible que ça…

Il avait dit cela sur un ton malicieux. Il ne voulait pas qu’elle se sente mal, mais il n’avait pas pu s’empêcher de faire la remarque. Elle n’allait tout de même pas s’en sortir comme cela. On respecte ses aînés non mais oh. Il lui fit un sourire. Il se pencha en avant, posant ses bras sur ses genoux, le livre toujours dans les mains :

Tu as l’air de t’y connaître beaucoup. Tu joues ?

Spoiler:

Sean se montra gentil, insistant pour que Prue ne s'excuse pas de le baratiner avec ses explications. Puis il parla de Deidre, il lui avait fait peur ... mais il la trouvait quand même géniale. Géniale ! Qu'est-ce que Prudence aurait donné pour qu'on qualifie son jeu de la même manière ?! Personne ne pourrait penser ainsi ça d'elle, à part ses proches amis qui étaient au courant du secret qu'elle leur imposait. Tout ça pour vivre de sa passion, pouvoir avoir accès à cet adrénaline qui lui manquait crucialement dans sa vie ... pour faire quelque chose qu'elle voulait faire, sans que sa mère n'arrive à lui interdire.

Elle avait donc acquiescé .... oui Deidre avait été géniale dans son jeu. ça avait été un beau match, Prue se rappelant encore de plusieurs passages qui lui avait coupé le souffle.

Puis son interlocuteur se permit de faire une remarque au sujet des conversations écoutées par la Serdaigle. Prue sourit, un peu gênée toutefois. A parler de Quidditch, elle en avait presque oubliée que la conversation entendue ne la concernait pas.

- " ça m'arrive d'écouter ... mais d'habitude, je reste discrète. Je réagis pas. Mais là, il s'agissait quand même de Quidditch. " avoua-t-elle, passant une main dans sa chevelure brune, un peu embêtée tout d'un coup. Puis elle reposa son regard clair sur le garçon et marmonna un " Pardon. " A croire que c'était le jour des excuses de Prue, en moins d'une minute, c'était la deuxième fois qu'elle s'excusait !

La question embarrassante arriva par la suite. Sean la posa, celle tant redoutée. Prue avait l'habitude de mentir. Avec ce genre de secret sur les épaules, il était difficile de faire autrement. Mais elle dû reconnaître, sans réellement savoir pourquoi, que cette fois-ci ... elle avait envie de dire la vérité. Voulait-elle qu'on parle de son jeu à elle aussi ? Peut-être. Mais dans tous les cas, elle devait bien se retenir de dévoiler quoi que ce soit, si elle voulait encore jouer un peu cette année ! Déjà que Dexter lui mettait des bâtons dans les roues ces derniers temps, voulant arrêter leur deal parce qu'il en avait marre de mentir à son entourage. Il était comique de penser à ça maintenant ! Il était trop tard ! Voilà plus d'un an que Prudence endossait le maillot brodé du nom de son ami, impossible de changer ça ... Ou du moins, elle ne le voulait pas !

- " Hé bien. " marmonna-t-elle, sans réussir à trouver les mots immédiatement. " Y a des choses qui restent inaccessibles. Alors on se contente de regarder de loin et d'apprécier. " avait-elle répondu, laissant planer le mystère sur sa réponse. C'était pas très clair, mais elle cherchait pas à l'être. C'était pas un sujet abordable sans mentir, alors elle le rendait flou ...
Un non aurait peut-être suffi.

Prue n’avait pas l’air très contente de la remarque de Sean. Pourtant, il n’avait fait que lui dire qu’elle n’avait pas à s’excuser. Elle devrait être heureuse que ce ne soit pas une de ces personnes à se mettre en colère à cause de son intervention. Peut-être était-ce à cause de la fin de sa remarque. Mais là encore, elle n’avait aucune raison de ne pas aimer ça. Il était tout à fait normal que le serdaigle complimente Deidre. Surtout qu’il ne pouvait pas le faire pour elle. Il ne la connaissait pas. De vue, peut-être, mais sinon il ne savait même pas comment elle s’appelait. Il ne dit rien, mais il fut tout de même perturbé pas son petit hochement de tête.

Elle finit tout de même par sourire après sa petite accusation. Certes, ce sourire était teinté de gêne, mais Sean ne voulait pas qu’elle se sente mal tout du long de la conversation, surtout qu’elle n’avait qu’eu l’envie de l’aider à comprendre. Et elle avait l’air assez sympa. Il sentait, il ne savait pas pourquoi, mais il sentait qu’ils pouvaient bien s’entendre. Alors il n’avait plus qu’à essayer de ne pas l’effrayer tout de suite.

ça m'arrive d'écouter ... mais d'habitude, je reste discrète. Je réagis pas. Mais là, il s'agissait quand même de Quidditch.

J’aurais plutôt fais l’inverse. Si j’entends une conversation sur le quidditch, je fuis plus qu’autre chose. Ce ne doit pas être mon langage. Après pour réagir, je fais plutôt attention à qui est en train de parler. Ma protection ne peut pas être en danger à cause de ma curiosité, surtout face à des aînés.

Il fit un petit sourire en coin. Il avait en quelque sorte fait un sous-entendu par rapport à son intervention, une nouvelle fois. Elle n’avait en effet pas eu peur de parler à un élève plus âgé. Il n’aurait sans doute pas pris le risque. Mais apparemment, il était le premier à poser la mauvaise question. Il l’avait sorti naturellement. Il ne comprit pas pourquoi elle réagissait comme cela. Ou peut-être était-ce seulement lui qui avait cette impression. En tout cas, elle avait l’air mal. Ne se doutait-elle pas qu’il la lui poserait ? Elle parlait de quidditch de façon passionnée.

Il se sentit soudain mal. Il ne comprenait pas. Fronçant les sourcils, il attendait sa réponse. Elle n’arrivait pas. Que se passait-il ? Ce n’était pourtant pas très compliqué de répondre : soit elle jouait, soit elle ne jouait pas. Peut-être le voulait-elle mais elle n’avait pas été prise et ça la mettait mal ? Peut-être qu’elle n’était tout simplement pas douée ? Peut-être qu’elle n’avait pas envie d’en parler ? Peut-être était-il trop curieux ?

Hé bien. Y a des choses qui restent inaccessibles. Alors on se contente de regarder de loin et d'apprécier.

Sean fronça de nouveau ses sourcils. Il ne comprit pas la réponse. Elle n’était pas claire. Que voulait-elle dire ? Elle ne devait pas jouer s’il comprenait bien. Mais alors pourquoi semblait-elle rêveuse lorsqu’elle parlait de technique ? Comment pouvait-elle s’y connaître autant sans pratiquer ? Le serdaigle avait envie d’en savoir plus. Mais il se doutait qu’elle ne voulait pas vraiment en parler. Sinon elle n’aurait jamais été aussi mystérieuse. Il fallait qu’il y aille doucement, qu’il soit curieux de façon croissante. Douceur et confiance, voilà ce qu’il devait transmettre.

Dis-moi alors, comment t’y connais-tu autant dans ce sport ?

Soudain, il pensa à quelque chose. Il était souvent dans les gradins malgré sa peur. Il trouvait cela normal de supporter son équipe. Or ils étaient dans la même maison. Ils devaient donc être dans les mêmes gradins. Pourtant, il ne l’avait jamais croisée. Certes, ils étaient beaucoup à serdaigle, mais quand même. N’était-ce pas bizarre de ne l’avoir jamais vu lors des matchs ?

Je sais que je suis trop curieux et je sens que tu ne vas pas aimer cette question, mais : où es-tu lors des matchs ? Je ne t’ai jamais vu…

Spoiler:

Il insistait à propos du fait qu'elle lui avait adressé la parole, directement, enchainant sur ce qu'elle avait entendu. En quoi était-ce si surprenant ? Prue n'était pas le genre de fille à avoir peur de dire ce qu'elle pensait. Aîné ou pas, elle fonçait dans le tas. Elle avait un tempérament de feu, pour une Serdaigle, c'était rare. Peut-être était-ce les recommandations de sa mère qui la forçait à adopter un comportement plus sage ... et qui la rendait digne de sa maison.

- " Ouai. " dit-elle suite à ce qu'il venait de dire. " Je réfléchis pas à tout ça, moi. Je parle quand je veux. Je voulais pas paraître impolie, hein ? ... " précisa-t-elle dans un sourire. Elle avait bien compris qu'elle ne l'avait pas été. Sean continuait à discuter avec elle, c'est qu'il appréciait la conversation, non ?

En attendant, il se montrait des plus curieux, posant d'autres questions embarrassantes. Comment pouvait elle répondre à cette question : "Dis-moi alors, comment t’y connais-tu autant dans ce sport ?" Prue resta un peu sans voix, sans vraiment savoir quoi lui répondre à ça. Elle n'avait pas de frère qui pratiquait ... puisqu'elle n'avait pas de frère tout court ! Pas de parents fanatiques non plus, certainement pas pour mettre des idées dangereuses dans la tête de leur fille. S'ils avaient été fan de ce sport, Prue l'ignorait !

Mais rapidement, Sean vint avec une autre question qui n'encouragea pas vraiment Prudence à répondre ... Il n'allait vraiment pas s'arrêter ...

- " Si tu sens que je ne vais pas aimer cette question, pourquoi tu me la poses alors ? " dit-elle sur un ton amusé, avec humour. Elle passa une seconde fois sa main dans sa chevelure, suivi d'un long soupire.

- " J'aimerais jouer au Quidditch. " avoua-t-elle, sans mentir totalement. Elle aurait aimé y jouer en se montrant aux yeux de tous, sans devoir se cacher. Disons qu'elle était la seule à en comprendre cette allusion. " Mais je peux pas parce que j'ai la maladie des os de verre. " enchaina-t-elle, lâchant enfin le morceau. " Je me contente d'activités calmes imposées par ma mère : lecture, échecs, piano et repos. " Puis elle releva ses yeux clairs sur le Serdaigle, et dans un sourire, elle répliqua :

- " T'as du mal chercher dans les gradins. J'y suis. Sauf ... quand l'équipe Serdaigle joue. J'aurais du mal ... " Une phrase à double sens qu'elle avait plutôt bien placé : elle espérait que Sean pense que Prue aurait du mal à voir ses camarades de maison jouer, alors qu'elle aurait tout donné pour faire partie de l'équipe. En réalité, elle aurait du mal de se trouver à deux endroits à la fois : les gradins et sur le balais. C'était pas encore possible, ça !

- " Si j'peux pas être une joueuse professionnelle, je serai une fanatique ! " finit-elle par dire, dans un semi-sourire. Son grand rêve, c'était sûrement ça : jouer en tant que professionnel. Mais ça pourrait jamais être le cas ... c'était pas réalisable ! Y avait des rêves qu'on devait classer dans utopies. Et le Quidditch professionnel en faisait partie ...

Spoiler:

Elle était en fait assez courageuse cette serdaigle. Sean n’avait pas rencontré beaucoup de monde qui prendrait tous les risques possibles. Là, certes, c’en était pas un énorme, mais il sentait qu’elle en prenait des beaucoup plus importants. Ça l’intriguait plus qu’autre chose. Ça lui donnait envie de la connaître. Ils étaient assez opposés. Plus ils parlaient et plus il s’en rendait compte. En fait, elle devait être son opposé. Elle était assez à l’aise en disant qu’elle faisait ce qu’elle voulait. Elle ne voulait sûrement pas être le genre de personne à qui on donne des ordres. Elle avait l’air de vouloir briser les interdits donnés. Y avait-il une raison à cela ? Un vrai mystère qu’il avait maintenant envie de découvrir.

Toi tu y vas sans réfléchir alors que moi je dois réfléchir un peu trop avant d’agir. Hum… Je pense qu’il faut qu’on prenne exemple l’un sur l’autre pour trouver un équilibre. Ou peut-être pas… à réfléchir.

Il allait vraiment y réfléchir. Il aimerait peut-être bien être un peu comme elle. Ça pourrait lui ouvrir plus d’opportunités encore. Il avait des idées, mais ne prenait pas forcément le risque de les mettre en application. Peut-être qu’avec son aide, et son conseil complètement fou, il pourrait s’amuser plus encore. Mais il faut apprendre à connaître avant de faire confiance. Et elle avait beaucoup de chose à cacher s’il observait bien. Elle n’avait pas l’air d’apprécier ses questions sur le quidditch. Elle ne voulait même pas y répondre. Pourtant sa première question était réellement simple. Elle ne pouvait tout de même pas avoir un problème avec elle. Même si elle ne pouvait pas jouer, elle avait bien appris quelque part la façon de jouer. Il n’y avait aucun problème avec ça.

Elle préféra éviter la question pour répondre à la deuxième. Pourtant, celle-ci était plus piégeuse à son avis. Elle essaya d’abord de détendre l’atmosphère avec humour. Mais il sentait qu’elle était tendue. Il comprenait de moins en moins son attitude. L’explication arrivait peut-être dans la suite. Mais elle n’expliquait tout de même pas tout. La maladie des os de verre ? Il ne connaissait pas. Il n’en avait jamais entendu parler. Ça avait l’air de clairement l’embêter. De ne pas pouvoir bouger, de ne pas pouvoir s’amuser, ne prendre aucun risque, ça irait parfaitement à Sean. Mais elle enviait à plus, beaucoup plus. Elle avait l’air de vouloir vivre sa vie à fond et la vie l’en empêchait. Pourtant, il ne fallait pas non plus qu’elle commence à haïr les activités plus calmes, moins risquées. Elle ne devait pas le voir comme lui, mais elle pouvait trouver autre chose à faire que lire malgré sa maladie. Mais ce n’était sans doute pas assez. Il ne savait pas, il n’était pas à sa place. La suite de ses paroles était teintée de tristesse mais en même temps elle rêvait légèrement. Le serdaigle n’arrivait pas à savoir ce qui ressortait le plus. Il ne comprenait pas non plus ce sentiment. Il ne savait pas vraiment quoi dire.

Je pose peut-être des questions pour apprendre à te connaître. Et tu sais sans doute que ce sont les questions que l’on n’aime pas qui permet de révéler le plus une personne. Je pense que tu viens un peu de le prouver non ?

Il posa son livre sur la table. Il avait complètement oublié de quoi il parlait avec cette conversation. Et maintenant, il ne comptait pas le rouvrir tout de suite. Ça ne l’intéressait plus. Il était plus concentré sur la jeune fille au nom inconnu. Alors pourquoi le garder sur lui ? Et ça lui montrerait qu’il l’écoutait.

Je suis désolée, mais je ne connais pas cette maladie. Tu veux bien m’en parler ? Si ce n’est pas trop indiscret et que tu veux bien, bien sûr…

Il avait peur d’être maladroit. Les maladies, ce n’était jamais le sujet facile à aborder, surtout lorsqu’on parle aux victimes. Mais, en même temps, si elle ne voulait pas en parler, elle ne le lui aurait pas révélé. Il la regardait bien dans les yeux, essayant de comprendre ce qu’il pouvait se passer dans sa tête. Il y allait assez fort avec elle. Il ne le faisait pas exprès, il n’y pouvait rien. D’habitude, il ne tombait jamais sur les sujets sensibles. C’était plutôt lui qui pouvait en être la victime. Or, il ne voulait pas qu’elle se sente agressée. Il savait ce que cela pouvait être. Sur un ton un soupçon rassurant, il souffla :

J’ai dû mal regarder sûrement. Je ne suis jamais très attentif dans les hauteurs. Ce n’est certainement pas mon lieu préféré.

Il sourit en disant cela. Il arrivait souvent à faire fuir les supporteurs autour de lui, ceux-ci ne supportant pas ces commentaires comme quoi c’était dangereux, qu’ils étaient fous, que ça devrait être interdit. Il pouvait agacer pas mal de monde dans ces moments-là. C’était déjà pas mal qu’il vienne encourager son équipe, il ne fallait pas non plus lui demander d’être heureux de les voir risquer leurs vies toutes les secondes. Mais il valait mieux ne pas l’avouer tout de suite, sinon elle le fuirait directement. Une fanatique comme elle disait ne pouvait pas parler à quelqu’un qui ne supporter ce sport.

Si tu veux être une fanatique, tu dois tout connaître par cœur sur ce sport. Tu sais déjà beaucoup de chose là-dessus ?

Spoiler:

En fait, Sean, c'était un bavard ! Prue s'en rendit vite compte. Il avait parlé de réfléchir sur une éventualité de s'inspirer l'un de l'autre, pour former un certain équilibre : l'audace de Prudence et la réserve de Sean. Pourquoi pas ? En tout cas, on pourrait pas dire qu'ils ne se complétaient pas ! C'est par un sourire qu'elle répondit au Serdaigle, ne sachant pas quoi dire suite à cette réflexion. Devait-elle calmer ses hardeurs ?

Sean ... il faisait un peu peur. Quand on l'entendait parler, on avait l'impression qu'il arrivait à décrire une personne, sans la connaître. Il analysait tout : les réponses, les moments de silence, les positions, les regards fuyants. Prue avait dû mal à trouver une certaine attitude qui l'empêcherait de lire en elle comme dans un livre ouvert. Elle fronçait les sourcils : elle avait prouvé quoi ? Elle n'avait pas dit grand chose ! C'était ça, le truc dingue chez lui. Il comprenait au quart de tour ce qui n'allait pas, et savait quelle question posée.

- " On t'a jamais dit que tu ferais un bon journaliste ? " lui demanda-t-elle en guise de réponse. Ce qui était sûre, c'est que Prue évitait à merveille les questions embarrassantes, et ça ... Sean avait dû aussi le remarquer. Puis Prudence s'attarda sur des explications au sujet de sa maladie ...

- " Les mots parlent d'eux même. Mes os sont hyper fragiles. Au moindre coup, au moindre saut mal réceptionné, à la moindre chute ... je me casse quelque chose. J'ai de la chance, je suis pas un cas sévère. Je suis dans le type 1, ils appellent ça. ça n'empêche que j'dois faire attention à moi ... tout le temps. " expliquait-elle, essayant de pas être aussi barbante dans ses explications que pour celles du Quidditch. " Le seul souci, c'est que ma mère est médicomage. Alors elle sait exactement ce qui m'est interdit de faire. Elle sait que c'est une maladie fatigante, donc elle veut pas que je sorte le soir, ... elle a peur quand je vais me promener seule, elle refuse même que je fasse la cuisine. " Sachant que ce dernier détail avait besoin d'éclaircissement, elle précisa : " T'as besoin de force pour manipuler les couteaux, tu dois tourner le fouet. Quand je serai majeur et que j'pourrai utiliser la magie, ce sera plus simple. "

- " Je me suis renseignée un peu dans les bouquins. J'ai lu les moyennes que les médicomages avaient pu faire à ce sujet : une personne atteinte de cette maladie peut avoir jusqu'à 100 fractures sur toute une vie. " disait-elle dans un sourire. Elle parlait avec aisance de cette maladie ... c'était son quotidien après tout. Y avait pire : des gens comme elles qui ne pouvaient plus marcher sans se fracturer les jambes, ne pouvant se déplacer qu'en chaise roulante. Elle était encore quelqu'un de forte ! " Moi je suis à une trentaine jusqu'à maintenant. " Et face à l'étonnement du jeune homme, Prue enchaina dans un petit rire amusé. " Oui, j'suis une casse coup moi. "

C'était le moins qu'on puisse dire ! Il fallait avouer que ses fractures avaient bien augmenté depuis qu'elle pratiquait le Quidditch, mais ça, elle l'avouerait jamais ... même pas à soi-même.

- " C'est pour ça, que le Quidditch, je le regarde, et effectivement, je sais beaucoup de choses. Je rêve d'aller voir un match des Harpies de Holyhead ... c'est une équipe professionnelle. " précisa-t-elle avant que Sean ne pose la question. Prue avait bien compris que le sujet Quidditch, il connaissait pas. " Même ça, maman trouve que c'est dangereux. La foule hystérique ... Si elle savait que je participais à ceux de Poudlard. " dit-elle dans un sourire. Un autre interdit qu'elle bravait.

Puis, revenant de ses songes, elle reposa son regard sur son interlocuteur. Jusqu'à maintenant, c'était lui qui posait des questions. Mais Prudence avait bien remarquer à un moment dans la conversation, il avait laissé échapper une information sur lui.

- " Alors comme ça ... les hauteurs et toi, ça fait deux ? "

Spoiler:

Aucune réponse à propos de leurs caractères contraires. Etait-ce mauvais signe ? Il ne faisait que rigoler. Certes, ça ne le dérangerait pas de prendre un peu exemple sur elle, mais il ne voulait pas lui faire peur. Surtout qu’ils ne se connaissaient pas, alors c’était plus pour détendre l’atmosphère. Elle finit cependant par sourire, rassurant légèrement le jeune homme. Mais la conversation n’était pas finie et il sentait qu’elle était mal à l’aise. Elle avait juste voulu l’aider et lui il la rendait mal. Pourtant, elle restait et essayait de répondre. Voulait-elle qu’il la décrypte totalement ? Voulait-elle le laisser dans le mystère ? Elle ne répondait qu’à moitié, il le savait, mais elle répondait tout de même. Si c’était ça qu’elle voulait, alors il jouerait le jeu. Il trouverait les raisons de tout ce mystère. Il enquêterait. Il le ferait de façon ouverte. Elle savait maintenant qu’il posait des questions directes et elle le laissait faire. Elle le laissait faire son journaliste comme elle disait.

Journaliste ? Je n’y ai jamais réellement réfléchi. Disons juste que je sais faire des recherches. Toi tu es douée pour semer le doute. Excellente même. Serais-tu une criminelle ?

Il plissa des yeux comme s’il enquêtait tel un détective privé cherchant la vérité dans le mensonge. Mais il arrêta très vite de faire son idiot. Ce qu’elle disait ensuite était sérieux et il pouvait se douter qu’elle ne le disait pas à tout le monde. Elle avait l’air de vouloir garder ça pour elle, pour ne pas se montrer faible. Elle faisait sa forte, sa dur depuis le début. Mais tout d’un coup, elle lui montrait sa faiblesse. Pourquoi ? L’avait-il obligé ? L’avait-il piégé sans qu’elle puisse s’en sortir ? En tout cas, il l’écouta sans l’interrompre. Il l’observait, essayant de voir comment elle vivait cela. Elle avait l’air d’être à l’aise avec la maladie en elle-même, sinon elle n’en parlerait pas aussi facilement. Par contre, elle n’avait pas l’air d’aimer les conséquences sur sa vie. Elle qui était dynamique d’après ce qu’il avait pu voir n’avait le droit rester sage. Cela donnait une sacrée contradiction. Son visage sérieux ne put s’empêcher de se changer en étonnement lorsqu’elle avoua son nombre de fracture à elle. L’explication qui suivit n’étonnât pas le serdaigle. Cependant, une trentaine de fractures, il fallait le faire quand on avait une mère derrière soi à tout surveiller. Il en suivit un éclaircissement au sujet du sport. Mais il trouvait qu’il manquait des bouts. Tout n’était pas logique. La pauvre, elle s’était attaquée à la mauvaise personne pour essayer de faire une bonne explication de bout en bout. Il adorait chipoter les détails. Une phrase tinta dans ses oreilles. Etait-ce un sous-entendu ?

Si elle savait que tu participais ?

Il fronça les sourcils, une fois de plus. Puis il se remit confortablement dans son fauteuil en croisant ses bras.

Si tu regardes un match, tu ne participes pas. Je ne crois pas en tout cas. Sinon je ne serais pas dans les gradins. Tu es sûr que tu m’as tout dis à propos de ton engagement pour ce sport ?

Alors qu’il posait cette question, il sentait qu’il allait lui aussi subir un interrogatoire. Elle n’allait pas le laisser aller trop loin non plus. Mais il savait se défendre. Et puis, qu’avait-il dit sur lui ? Pas grand-chose pour le moment. Elle découvrirait bien assez tôt quel fou il était. Il suffisait qu’elle aille demander à un autre serdaigle. Il fallait qu’il lui montre avant qu’il ne l’était pas tant que ça, juste un peu spécial. Quant à sa question, ce n’était rien de bien sérieux. Pour l’instant.

Ah les hauteurs… Si ça ne pouvait ne pas exister je ne dirais pas non. Mais je fais avec…

Il se pencha vers elle, comme s’il allait dire un secret, puis murmura :

Je dois avouer avoir un léger vertige… Tu es déçue hein ? Désolé, ça ne devait pas être la bonne question. La prochaine fois peut-être.

Il se redressa. Il avait élevé ça voix entre temps. Il rigolait. Il espérait qu’elle comprendrait le message. Si elle voulait apprendre quelque chose sur lui, il fallait essayer un peu plus fort que ça. Il n’allait pas lâcher les informations comme cela. Il fallait qu’elle vienne les chercher. Ça allait devenir un jeu s’ils continuaient ainsi. Ça ne le dérangerait pas forcément. C’était ainsi que l’on pouvait mieux connaître une personne : en cherchant. Posant son coude sur le rebord du fauteuil, il mit sa tête sur sa main et la regarda. Elle était jolie, c’était sûr, mais toujours aussi mystérieuse et ça, ça lui allait moins.

Alors tu es une casse-cou ? Mais tu n’as pas dû te faire autant de fracture au côté de ta mère d’après ce que tu as dit. Comment as-tu pu t’en faire autant depuis le début de ta scolarité ? En 5 ? 6 ans ?

La question n’allait pas lui plaire, encore une fois. Mais le chercheur accompli n’allait pas laisser des détails non résolus sans poser de questions. Il se rappela finalement sa façon de parler sur les activités non dangereuses. C’était comme si elle ne pouvait les supporter, comme si la vie valait d’être vécu que si on prenait des risques. Il n’aimait pas trop cette façon de penser. Ce n’était pas du tout la sienne. Il comprenait ceux qui pensaient comme cela, mais il ne pouvait accepter un tel extrême. Il releva la tête et laissa son bras reposé sur l’accoudoir et dit d’une voix douce :

Je crois que tu préférerais avoir des activités plus toniques, plus risquées, mais je pense que tu ne devrais pas pour autant rejeter les autres. Tu sais, on peut s’amuser aussi facilement dans le calme que dans la tempête. Tu peux t’occuper de façon calme sans pour autant être sérieuse. N’oublie pas la simplicité des choses…

Spoiler:

Prue fit des gros yeux à Sean : il venait de lui demander si elle était une criminelle ? ça avait refroidi la Serdaigle. Et cette dernière comprit un peu tard que le jeune homme plaisantait. Sur le moment, Prudence avait eu peur, se souvenant d'un soir en Irlande, où Vesper et elle avait convaincu Jane, une Gryffondor, de traverser le lac gelé, sans penser une minute qu'elle le ferait. La demoiselle les avait pris au mot et avait disparu dans les profondeurs de l'eau ... son corps avait été retrouvé 6 mois après ... Depuis, les deux jeunes filles se sentaient coupables de leurs actes et recevaient des lettres étranges d'un surnommé "i" qui les faisait chanter. Alors quand Sean avait demandé si Prue était une criminelle, elle avait eu peur ... allant jusqu'à penser que "i" aurait pu être lui.

Histoire de faire passer inaperçu ce malaise, elle échappa un rire léger. " T'as pas idée. " avait-elle répondu. Si il savait la véracité de ces paroles ...

Mais la suite de la conversation ne fut pas pour lui plaire. Écarquillant les yeux, elle répliqua au jeune homme : " Participer ? J'ai dit ça moi ? " dit-elle sur un ton qui se voulait innocent. " Ben je voulais dire que ... je peux pas me trouver dans les gradins. Je peux pas être spectatrice. En même temps, quand on est spectateur, on est un peu participant au jeu, non ? On réagit à ce qu'il se passe, on acclame les vainqueurs, on salue les performances des joueurs. " Fallait avouer, elle s'était bien rattrapée. Puis, dans le fond, en parlant de participer, elle voulait pas insinuer qu'elle se trouvait sur son balais au milieu du jeu ...

Puis Sean s'approcha d'elle, lui révélant son souci de vertige. Il lui demandait si elle était déçue, comprenant que tous deux entraient dans une sorte de jeu à essayer de comprendre l'autre. Mais le jeune homme semblait plus fort qu'elle. Prue se sentait assailli de questions ... et plus la discussion avançait, plus il y en avait. Elle avait donc souri. Elle avait raté pour ce coup-là, mais comme il disait ... une prochaine fois peut-être, ce serait la bonne !

Et encore une fois, il prouva qu'il était meilleur à ce petit jeu, surenchérissant sur une autre question. UNE ? Non, plusieurs ! Allant même jusqu'à lui donner des conseils. ça y est, il l'avait cerné ... il avait compris que Prudence voyait les activités imposées par sa mère comme des obligations, des activités qui étaient là pour lui pourrir la vie.

- " C'est juste que ... on s'en lasse vite. " expliqua-t-elle avant d'aborder le sujet de ses fractures. " Quand tu fais tout le temps la même chose, t'apprends vite à ne plus aimer ça ... on dit toujours que l'herbe du voisin est plus verte. Ben ce que je peux pas avoir a une meilleure saveur à mon goût. Et c'est pour ça que malgré les interdictions de ma mère, j'en enfreins. Je fais le mur quand je suis chez moi, je vais voir des amis à l'extérieur. Tu crois vraiment qu'en été je vais rester sur la pelouse du parc à regarder les autres nager dans le lac ? Ou que je vais refuser de danser avec un garçon au bal parce que je risque d'être bousculée et de me casser quelque chose ? Je vais pas non plus rester dans la tour des Serdaigles à regarder les autres en train de jouer dans la neige, faisant une bataille de boules de neige ... je ne veux pas. " avait-elle dit, sentant naître son côté rebelle dans le fond de sa voix. " Alors oui, depuis que je suis à Poudlard, je ressens une certaine liberté qui n'est pas pour me déplaire ... je prends plus de risques, et j'en paye les conséquences. Mais j'assume. " conclut-elle, donnant donc une explication au nombre de fractures qu'elle avait pu se faire depuis qu'elle était à Poudlard, sans évoquer le Quidditch. Il n'y avait pas que ça qui lui provoquait des contusions ...

Un bref silence suspendit le temps entre les deux jeunes élèves. Ils se regardaient, les yeux dans les yeux. Et Prudence émit un sourire, se penchant en avant pour se rapprocher de Sean pour lui murmurer :

- " Et toi, Mr le Journaliste, quelle est ta faiblesse ? Je t'ai dit la mienne ... "

Spoiler:

Apparemment les blagues ne passaient pas forcément tout le temps avec la jeune fille. Sean vit soudain son visage se changer en surprise et ses yeux s’étaient agrandis. Il n’avait pourtant rien dis de très méchant. Ce n’était pas comme s’il pensait réellement ce qu’il avait dit. Mais elle avait dû le prendre au premier degré et c’était donc compréhensible qu’elle le prenne mal. Elle finit par rigoler légèrement. Cette fois-ci, Sean ne fit aucune remarque après sa phrase. Il sentait que ce n’était pas le moment. Elle n’avait pas l’air de vouloir continuer là-dessus. Il ne pensait pas qu’elle avait quelque chose à cacher, mais peut-être ce ne serait pas en continuant par là qu’il apprendrait plus de choses sur elle. Elle allait plutôt se brusquer. Il fallait choisir ses questions et surtout dans quelle direction cherchée.

Par contre, au sujet des matchs, elle joua tout de suite plus le jeu. Il ne savait pas s’il devait la croire ou non. Elle avait l’air sérieuse, mais pourtant, il trouvait que quelque chose clochait. Elle donnait beaucoup d’explications, presque trop. Elle réagissait dès qu’il posait une question. Elle trouvait toujours quelque chose pour rattraper ses gaffes, qui n’en étaient peut-être pas. Elle avait toujours le bon discours, ou presque. Mais, elle disait sans doute la vérité. Il restait tout de même attentif. Et il devait avouer qu’il trouvait ça assez drôle de la voir se dépatouiller pour trouver les mots pour répondre. Elle se débrouillait bien d’ailleurs. Elle était assez forte pour ne pas trop dévoiler d’elle. Mais il n’en avait pas fini avec elle.

Je ne vois pas comment des spectateurs peuvent participer au jeu. Ils ne changent rien au score. Une équipe peut être sifflée, elle peut être haït par le public, être complètement sous-estimée, sans aucun soutient, et pourtant, je suis presque certain qu’elle peut gagner sans problème. Sinon, toutes les équipes perdraient à l’extérieur, non ? Et je peux te dire que moi je ne participe définitivement pas même si je regarde. Ce serait le massacre pour ma maison sinon, crois-moi. Tout ça pour dire que je ne suis pas d’accord avec toi. Je ne vois pas en quoi on participe comme ça. Tu as plus d’explications toi ?

Et c’était reparti pour un tour. Elle ne croyait tout de même pas qu’il allait s’arrêter à ça ? Elle devait maintenant comprendre son système, non ? Il n’était pas tout le temps comme cela, mais il était d’humeur joueuse aujourd’hui sûrement. Elle l’avait compris d’ailleurs et avait essayé de le rejoindre. Ce ne fut pas une grande réussite, mais elle attaquerait très vite, il le sentait. Il ne s’en sortirait pas tranquille. En attendant, il avait repris son tour : le calme avant la tempête. Elle répondit directement à tout ce qu’il avait dit. Il ne put que comprendre ce qu’elle avait dit, même s’il n’était pas comme cela.

C’est sûr que ça doit être frustrant de regarder les autres et de ne rien pouvoir faire. Mais tu sais que tu peux faire la même chose tout en ne faisant pas la même chose. Pourquoi n’utilises-tu pas ton imagination pour tourner les activités calmes en activités divertissantes ? Seule ton imagination te bloque là-dessus. Pour ce qui est du bal, choisis un partenaire qui sache danser dans ce cas-là…

Il avait dit cela en rigolant. Il se doutait qu’il n’était pas possible de rester dans un coin de la salle à attendre en regardant tout le monde s’amusait. Mais est-ce que cela voulait dire forcément prendre des risques ?

As-tu déjà cherché un sortilège qui pourrait te protéger un minimum ? Peut-être qu’il en existe un ? Je ne sais pas, je n’y ai jamais pensé, mais qu’est-ce qu’il y a de mal à chercher ? Cependant, là tu viens de donner des exemples que je ne pourrais pas contre-attaquer et tu le sais. Mais es-tu sûr que ce sont les seuls risques que tu prends ? Tu as l’air beaucoup plus casse-cou que cela. Je ne pense pas que tes activités se résument à une petite baignade ou à une bataille de boules de neige. Je me trompe ?

Un nouveau sourire en coin s’afficha sur son visage. Il aimait enquêter, il commençait à s’en rendre compte. En même temps, ne faisait-il pas ça depuis le début de ses études à Poudlard ? Il y eut un léger silence. Il ne posa pas de questions. Il lui laissa la chance d’essayer de jouer. Ce qu’elle fit rapidement. Un grand sourire remplaça l’autre. Il eut même un petit rire joyeux. Elle était directe, ça c’était sûr. Mais il n’allait pas laisser le jeu se finir. Ce n’était plus drôle. Il ne fallait pas qu’elle tombe dans la facilité. Il se pencha donc à son tour, approchant de son visage, puis il tourna la tête pour atteindre son oreille et murmurer à son tour :

Tu ne crois quand même pas que je vais te le dire… Cherche…

Ce dernier mot avait été encore plus silencieux, plus mystérieux. Il voulait qu’elle trouve une distraction. Elle aimait les activités dangereuses, mais qui a dit que la recherche ne pouvait pas être dangereuse ? Ne prenait-on pas un risque en essayant de découvrir quelqu’un ? On pouvait très vite être déçu. Il continua dans le même ton :

As-tu peur de découvrir qu’il n’y a pas besoin d’être casse-cou pour aimer les défis ou la vie ou vas-tu jouer réellement le jeu ? Le choix t’appartient…

Spoiler:

Sean poussait la conversation très loin. Prue en fronçait les sourcils : était-il au courant ? Il semblait vouloir l'amener vers son secret, comme si il savait où il devait aller pour que Prudence se dévoile. Cela lui provoquait un étrange malaise. C'est comme si Sean insistait dans ses questions, ... mais il n'importait qu'à la Serdaigle d'y répondre ou pas. Ne pas répondre, c'était donner raison. Et Prue ne voulait pas semer le doute. Elle voulait garder secret ses pratiques de Quidditch. Alors, elle se décida à lui répondre.

- " On m'a déjà dit que ... le public influençait beaucoup sur la motivation des joueurs. " mentit-elle à moitié. On ne lui avait pas vraiment dit, c'est ce qu'elle avait ressenti. " Quand le public acclame ton nom, ça doit te donner de la motivation ... si tu te trouves en échec, ce serait comme une dose d'énergisant. Au contraire, si on te hue, tu dois avoir de la colère en toi, et paraît que c'est mauvais dans le jeu. ça te fait faire n'importe quoi. " expliquait-elle se concentrant sur ce qu'elle disait, faisant en sorte de ne pas se trahir dans ses propos. " Et puis, je trouve ça plus chouette de penser que nous, public, on a une incidence sur la finalité du match. Sinon, à quoi servirait-on ? " précisa-t-elle dans un sourire.

Puis Sean parla des activités calmes dans lesquelles Prue se refusait d'y trouver une satisfaction particulière, s'opposant à celles-ci et les voyant comme des corvées imposées. Il ne semblait pas si bien dire ... alors que Prudence était sur le point de voir dans l'une de ces activités, une raison de s'y pencher dessus avec plus d'attention. Prue avait rencontré un Serpentard alors qu'elle était occupée de jouer au piano ... elle ignorait encore qu'il allait faire apprécier cet instrument à la jeune malade.
Sean avait sûrement raison : elle se faisait une idée trop noir de ses occupations tant recommandées par sa très chère mère. Il fallait qu'elle trouve l'envie dans chacune, qu'elle la modifie à sa sauce, rendant l'une comme l'autre plus intéressante.
Quand il lui parla de trouver un cavalier qui sache danser, Prudence laissa échapper un rire amusé.

- " Je m'imagine bien demander à chaque personne qui m'invite au bal s'il sait danser ou pas ! Si j'fais ça, j'irai jamais accompagnée. " dit-elle en plaisantant, sous-entendant qu'aucun garçon n'était capable de danser correctement.

Il enchaîna en lui parlant de recherche, peut-être trouverait-elle un sort qui la protégerait. Si un tel sort existait, pour sûr, elle serait au courant ! Déjà, parce qu'elle avait déjà fait un nombre impressionnant de recherche sur des sorts qui lui pourraient être utiles ... et puis parce que sa mère aurait sûrement protéger sa fille par un tel sort, s'il existait ...

- " Je pense pas qu'on ait trouvé quelque chose qui puisse me protéger des fractures. Je serais au courant. Ma mère est médicomage. " précisa-t-elle, expliquant aussi pourquoi elle surprotégeait sa fille. Elle savait ce qui était bon pour Prue ou pas. Sean se montra encore une fois insistant, persuadé qu'autre chose était à l'origine de ses fractures en grand nombre. Et dans un sourire, elle déposa sa tête sur sa main, accoudée au fauteuil, tout en le regardant de ses prunelles bleu clairs.

- " Je sais pas moi. A ton avis ? Qu'est-ce que je pourrais faire d'autre ? " demanda-t-elle sur un ton amusé. Lui aussi l'avait mise au jeu de chercher des informations sur lui, elle ne lui rendrait donc pas la tâche facile non plus ! Il s'était penché près d'elle, lui murmurant quelques mots à l'oreille, ce qui avait eu le don de lui provoquer un frissonnement ... un battement de coeur trop intense, une sensation de chaleur. Qu'est-ce qu'il lui arrivait tout d'un coup ?

Il voulait qu'elle cherche ? Elle chercherait donc. Dans un regard de défis, elle s'approcha à son tour près de lui et lui marmonna :

- " Tu cherches toujours à décortiquer le caractère de chaque personne que tu rencontres ou je t'intrigue à ce point que tu tentes de trouver des mystères irrésolus à mon égard ? "

Et c'est dans un sourire qu'elle s'écarta du jeune homme, satisfaite. Sean lui parlait encore de ce qui pouvait être casse cou, de ce besoin de danger dont elle avait besoin pour avancer ... de cette non-nécessité à rendre ses activités dangereuses.

- " Tu comptes me montrer ? " répliqua-t-elle dans un autre sourire. ça sonnait comme une invitation ... comme si elle lui proposait de se revoir, et d'échanger autre chose qu'une conversation qui apprendrait un peu plus sur chacun.

Spoiler:

Sean avait l’impression que Prue commençait à avoir du mal à répondre sur le sujet du quidditch. Elle était de plus en plus mal à l’aise. Pire que ça, le serdaigle était en train de la piéger. Il ne voulait pas que cela finisse comme ça. Il ne voulait pas qu’elle dise des informations juste parce qu’elle n’avait pas le choix. Elle réussit tout de même à lui répondre. Cependant, Sean se doutait que la fin de cette partie de la conversation arrivait très vite. Il ne pouvait pas non plus contrer tout ce qu’elle disait. Surtout, il avait eu pas mal d’informations rien qu’avec cela. Maintenant, il n’avait plus qu’à les retenir et à y réfléchir plus intensément. Ainsi, quand elle lui parla de la réelle influence du public, il ne chercha aucune faille dans son discours. Peut-être que s’il la retrouvait dans une situation particulière, il pourrait relancer la discussion. En attendant, il était vrai qu’elle devait en savoir plus que lui, sachant qu’il détestait toutes ses activités énergiques. Il capitula donc en disant :

Tu as sans doute raison. Après tout, en étant une fan, tu ne pourrais sans doute pas le voir d’une autre façon. De même pour moi, dans le sens opposé, vu que je n’aime pas cela. J’y réfléchirais une autre fois…

Avec cette dernière phrase, il essayait de lui faire comprendre qu’il était possible qu’il revienne reprendre ce débat avec elle très rapidement. Il n’aimait pas abandonner comme cela. Il n’était pas têtu pour rien. D’ailleurs, il n’avait pas non plus laissé tomber pour ce qui était des activités calmes. Il ne pouvait pas la laisser croire qu’elles n’étaient pas divertissantes. En tant que grand amateur du calme et de la sécurité, il savait que l’on pouvait tout autant s’amuser. Alors autant que ce soit la même chose pour elle, sans qu’elle ne se casse quoi que ce soit. Pourtant, elle ne fit aucun commentaire. Etait-ce parce qu’elle ne trouvait rien à contredire ? Ou parce qu’elle n’avait pas envie de relancer un débat ? Seule une phrase sortie de sa bouche, concernant les danseurs et les invitations. Cela l’amusait bien. Aussi, il fallait donc qu’il prenne le sous-entendu dans le bon sens. Il prit donc la position d’un détective, ses doigts caressant son menton, un sourire aux lèvres :

Alors, soit tu veux dire que personne ne t’accompagnera parce que normalement on n’invite pas une personne sur sa façon de danser. Ceci est assez embarrassant pour le partenaire. Cependant, je doute qu’un garçon refuse pour autant. Donc ce serait plutôt parce que tu risques de ne trouver aucun gars sachant danser…

Il prit une tête surprise et la regarda avec de grands yeux :

Es-tu en train de dire que je ne sais pas danser ?! Comment oses-tu ? Tu pourrais au moins vérifier avant… dit-il tout en croisant ses bras faisant semblant de bouder. Cependant il ne put s’empêcher d’éclater de rire très rapidement. Bon, je dois avouer que je ne suis pas sûr de savoir danser. Je n’ai pas eu beaucoup d’entrainement dans ce domaine de la vie. Donc je ne sais pas si c’est une bonne idée que tu prennes ce risque.

Il dû redevenir sérieux rapidement, car il était maintenant question de la maladie et de la sécurité de la jeune fille. Il ne pouvait pas rigoler avec ça. Quand ça en venait à la survie et à la santé des autres, il ne rigolait pas souvent. Et en tant que « chercheur » de sorts, il avait forcément voulu savoir s’il en existait pour protéger de cette malédiction. Elle avait l’air d’être certaine que non. C’était sûrement à cause du métier de sa mère et de sa protection trop poussée. Pourtant, Sean n’arrivait pas à rester sur cette conclusion. Il ne put s’empêcher de dire :

Je chercherai de mon côté, on ne sait jamais…

Il était très pensif. Il réfléchissait déjà à où il devait commencer à chercher. Peut-être dans ses propres découvertes dans un premier temps. Et puis, peut-être qu’il pourrait toujours essayer de changer légèrement un sort pour qu’il est la bonne fonction. Mais il fallait d’abord qu’il trouve vraiment les conditions de leur création. Tout d’un coup, sortant de ses pensées, il la vit accoudée, la tête dans sa main, le regardant bien en face. Il ne put qu’avoir un sourire heureux en l’entendant essayer de le faire tourner en rond un peu. Enfin, elle ne donnait plus ses réponses aussi facilement. Enfin, elle voulait essayer de protéger un peu ses informations. Très bien, alors il chercherait :

Déjà, tu n’as pas l’air d’avoir la langue dans ta poche. Tu ne me connais pas et déjà on se cherche. Donc je dirais qu’il doit t’arriver de faire quelques duels, entre amis, mais surtout entre ennemis. Je pense que tu n’as pas pu t’empêcher de voler. Tu adores tellement ça, je ne vois pas comment c’est possible autrement. Tu dois donc faire des sorties entre amis pour voler un peu et jouer. Ça suffit ? Ou il faut que je donne d’autres options ?

La jeune fille ne se laissait pas faire aussi facilement finalement. Il n’était pas certain qu’elle apprécierait sa façon de répondre. Surtout, toutes les filles n’auraient pas apprécié qu’il se rapproche autant d’elles. Mais elle, elle ne se laissa pas déconcerter. Au contraire, elle en rajouta. Elle aussi vint se placer au niveau de son cou pour poser une question. Il put sentir son souffle chaud caresser sa peau. Il se sentit mal à l’aise mais tellement bien en même temps. Cette caresse douce l’apaisait presque. Mais en même temps, il était comme pétrifié, ne sachant pas comment réagir. Ces poils, eux, étaient tous redressés. Que lui arrivait-il ? Surtout, pourquoi cette déception en la voyant se reculer ?

Je dirais que tu dois être la seule à qui je le fais vraiment dès la rencontre… Tu dois être spéciale… Quoique, peut-être que tu te laisses simplement faire.

Il n’était pas très certain de sa dernière phrase. Maintenant qu’il y pensait vraiment, il n’avait jamais été aussi loin dans un « interrogatoire », seulement avec elle. En même temps, il s’était souvent retrouvé face à des personnes prudentes. Elle, elle n’avait pas peur. Au contraire, elle avait l’air de bien apprécier cette conversation. Certes, par moment, il devenait trop indiscret, mais il essayait de se contrôler et de détendre le tout. Il ne la poussait pas dans ses retranchements. Mais il allait tout de même loin. Jamais il n’aurait pu savoir tout cela normalement. Surtout qu’il ne savait même pas qui elle était vraiment, mais il savait pour sa maladie. Or, elle ne devait pas le dire à tout le monde, si elle voulait vivre comme elle le souhaitait. Pourquoi elle ? Il était perturbé maintenant et ça devait se voir. Il retrouva vite le sourire pour essayer de reprendre son attitude, mais il craignait qu’il était trop tard. Il allait se faire agresser de questions, mais après tout c’était le jeu… En attendant, il avait la chance de pouvoir lui faire oublier tout ça avec sa question. Il répondit donc rapidement :

Je ne pourrais être dans la capacité de te montrer si je ne connais même pas ton nom. Ben oui, comment pourrais-je t’envoyer un hibou sinon ?

Il était plus que clair qu’il acceptait avec plaisir ce défi, cette invitation de se revoir. Maintenant, il ne pouvait pas le dire de façon directe. Il fallait continuer dans le même sens que toute la conversation. Il la regarda donc intensément avec beaucoup de hâte de recevoir sa réponse. Quel prénom pouvait-il coller avec ce visage doux ?

Spoiler:

Dernière édition par Prue Bones le Jeu 17 Jan 2013 - 22:18, édité 1 fois

Il y réfléchirait une autre fois, n'ajoutant aucun contre argument. Etait-elle sauve de ces questions au sujet de son secret ? Pas pour longtemps ! Elle avait bien décelé son sous-entendu. Elle l'intriguait et ignorait pourquoi. Ne s'intéressant pas au Quidditch, pourquoi voulait-il tant avoir des réponses ?

Elle préféra ne rien ajouter, voyant un échappatoire momentané.

La conversation se poursuivit sur la danse. Sean avait compris son allusion, et Prudence essaya de retenir un sourire en le voyant faussement se frustrer à propos des insinuations de la Serdaigle. Elle haussa les épaules en pinçant les lèvres, l'air faussement innocent en réponse à sa question. Dire qu'il ne savait pas danser ? Elle ne l'avait pas vraiment dit ... mais il était amusant de le voir bouder. Il en était même mignon avec cette moue.

Et encore une fois, elle resta silencieuse, se contentant de l'écouter.
Il semblait résigné quant à chercher un sort qui la protègerait ne fusse qu'un peu. Elle fut surprise, échappant un léger sourire. Même si elle savait que c'était inutile, elle ne fit encore une fois aucun commentaire, devenant de plus en plus mystérieuse dans son silence.

Il lui détailla ensuite un portrait assez ressemblant ... il avait vu juste. Elle n'écoutait pas sa mère et faisait beaucoup de choses qui lui plaisait à elle. Quand il la soupçonna de voler sur un balais de temps en temps, elle se rendit bien compte qu'elle ne pourrait plus lui cacher encore longtemps. Après tout, son grand secret, c'était surtout de faire partie de l'équipe de Serdaigle. Le contredire viendrait à émettre bien plus de soupçons qu'il n'en avait déjà. Alors quand il lui demanda si il devait en rajouter, c'est avec un sourire amusé qu'elle fit non de la tête, tout en ne disant toujours pas un mot de plus, détournant son regard.

Et quand il lui avoua qu'elle était la première à subir ce genre d'interrogatoire, Prue releva ses yeux bleus sur le jeune homme. Elle sentait quelques palpitations dont elle ignorait la raison. La première ? Elle était spéciale ? C'était quoi ça ? Une déclaration ? Elle échappa un petit rire quand il émit l'hypothèse qu'elle se laissait faire. C'était à son tour de la taquiner ?

Et enfin, il lui demanda son prénom. Elle était restée silencieuse jusqu'à présent. Et ignorant sa dernière question, elle ne dit qu'un seul mot :

- " Pourquoi ? "

Pourquoi voulait-il réfléchir aux révélations qu'elle avait fait sur le quidditch, alors qu'il avait l'air de ne porter aucun intérêt pour ce sport ? Pourquoi tenait-il à chercher de son côté un sort qui l'aiderait dans sa maladie ? Pourquoi prenait-il le temps à chercher à la connaître, en décortiquant chaque parcelle de sa personnalité ? Pourquoi lui donnait-elle l'impression d'être spéciale ? Pourquoi cet intérêt ? Ce "Pourquoi" englobait toutes ces questions. Le regard intrigué, elle gardait ses yeux dans ceux du beau brun, attendant sa réponse avant de lui révéler son prénom ...

À son tour de mener le jeu !

dragées:

Le silence, il n’y avait que du silence. Sean avait beau parler et parler encore, il n’entendait pas un seul mot de la demoiselle. Pourtant, il lui avait lancé des piques. Il avait dû dire des commentaires qui ne devaient pas lui plaire. Il y avait forcément quelque chose dans tout son discours qui méritait d’être relevé. Et bien non, elle restait dans le silence. Par moment, il pouvait voir des hochements de tête, des sourires, mais absolument rien d’autre. Il fut perturbé. Déjà il était devenu perturbé quand il se rendit compte de son comportement avec elle. Cependant là, c’était pire encore. Il ne savait pas quoi faire. Pendant qu’il parlait, il n’y avait pas fait attention. Mais maintenant qu’il se retrouvait un peu seul, face à un mur en quelque sorte. C’était assez violent. Pourquoi se taisait-elle ? Allait-il trop loin ? Etait-il temps d’arrêter ce jeu ? Elle avait été bavarde tout le temps depuis le début. Pourquoi il n’y avait plus rien ?

On pouvait sûrement voir sur son visage toute sa perturbation. Il fronça les sourcils. Il n’y avait plus aucun sourire au bout de ses lèvres. Il commençait même à être frustré. Elle ne pouvait pas lui faire ça, pas après avoir joué le jeu depuis le début. Pourquoi le faire maintenant ? Pourquoi le faire après lui avoir partagé tant sur elle ? Ce n’était pas logique. Elle n’était pas logique. Sean n’aimait vraiment pas cela. Elle ne lui révéla même pas son prénom. Se rendait-elle compte qu’elle n’aurait pas dû parler ? Pourtant, elle n’avait rien à craindre de lui. Ce n’était pas comme s’il était l’une de ses personnes profitant de toutes ses informations possibles pour enfoncer l’autre. Sinon, il l’aurait déjà fait depuis longtemps. Alors pourquoi ?

Pourquoi ?

La voix sonna au même moment que sa pensée. Il la regarda avec étonnement. Il ne pensait plus qu’il l’entendrait de nouveau. Surtout, quelle était sa question ? Elle avait besoin d’une explication pour quoi ? Que ne comprenait-elle pas ? Son visage se contracta encore plus. Il ne savait pas quoi répondre. Déjà, il ne savait pas ce que la question visait. Elle semblait si générale, mais en même temps tellement précise. Alors qu’il l’observait, il pouvait qu’elle n’était pas mieux que lui. Tout s’était bien passé jusqu’à présent et maintenant voilà qu’il était mal tous les deux.

Pourquoi je veux savoir ton nom ? Pour pouvoir te retrouver bien sûr… Mais je suppose ce n’est pas ça que tu veux savoir…

Sa voix était beaucoup plus basse et faible qu’auparavant. Il ne pouvait pas vraiment s’en étonner. Toute l’allégresse, tout l’amusement, toute la détente du moment s’étaient évanouis en une seconde. Si quelqu’un arrivait vers eux maintenant, il partirait très vite. Sean se sentait perdu. Il n’arrivait plus à trouver ses mots. Elle avait réussi. Elle le battait à plate couture. Il était échec et mat, définitivement.

Et pourquoi pas ?

Il avait essayé de repasser dans l’humour, dans le jeu, mais ça sonnait faux. Il était presque certain qu’elle ne dirait rien, attendrait encore. Au pire, elle s’énerverait et ce serait fini. Lui-même ne pouvait pas finir là-dessus. Son bras tomba sur le fauteuil, l’agrippant assez fortement. Mais que pouvait-il bien lui répondre ? Quelle réponse attendait-elle ? Pourquoi n’était-elle pas plus claire ? Ou moins claire ? Un frisson de malaise le traversa. Tout sensible, il s’exclama :

Pourquoi ? Je n’en sais rien. Parce que tout d’un coup, sans prévenir, tu as essayé de m’expliquer quelque chose auquel je ne comprends rien. Parce que personne ne m’a parlé ainsi. Parce que tu as l’air bien mystérieuse et ça m’intrigue. Parce que tu as un caractère totalement opposé au mien. Parce que tu viens me parler alors que tout le monde c’est que je ne suis pas normal. Parce que tu t’en fiches et restes normale. Parce que personne n’a jamais été aussi à l’aise avec moi et mes questions. Parce que tu as joué le jeu. Parce que tu ne te démontes pas. Parce que tu ne me connais pas, mais tu me parles vraiment de toi. Parce que…

Il ne savait plus quoi dire. Il était à bout de souffle. Il avait des sueurs froides. Il se sentait mal. Il ne voulait pas rester là. Elle avait eu sa réponse, sans aucun jeu, aucun sous-entendu. Et maintenant que les questions étaient finies, la conversation devait aussi l’être. Le jeune homme décontenancé se leva :

Tu m’as eu, bien joué. C’est toi qui devrais être journaliste. Je suppose donc que la conversation est finie… Ce fut un plaisir… s’exclama-t-il avant de se retourner pour partir, la voix un peu étranglée sur la fin.

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