Après la nuit mouvementée qu'elle venait de passer, Lyleïa avait du mal à aligner deux pensées cohérentes. Elle était si fatiguée, si lasse aussi. Mais elle devait trouver quelque chose qui l'aiderait à recouvrer la mémoire, une potion, un sort n'importe quoi. Bon, Vitali se chargeait des sortilèges, elle, elle devait seulement s'occuper des potions. Les potions. C'était son domaine ça les potions. Oui elle pouvait se chargeait d'une potion. Une potion de mémoire. Oui elle connaissait ça, elle se souvenait d'avoir lu ça quelque part dans un livre de potions avancées. Un vieux livres dissimulés par les autres au fond de l'allée des potions. Difficilement, la jeune Romansky ouvrit ses yeux d'azur et se releva. Elle prit le temps de se passer une main sur le visage pour arrêter les vertiges et se rendit ensuite dans l'allée des potions. Elle compta les rayonnages, se souvenant que le livre était au numéro quatre-vingt dix neuf et une fois arrivée, tendit le bras pour attraper un beau livre en cuir émeraude avec des reliures d'or. En lettres d'or étaient gravés, sur la couverture, le titre suivant : Potions Avancées, tome 2.

Satisfaite d'avoir trouvé ce qu'elle cherchait, la septième année alla s'asseoir dans un des fauteuils prévus pour lire et commença à se plonger dans sa lecture. Elle tournait les pages rapidement quand elle se rendait compte que ce n'était pas ce qu'elle cherchait et finit par la trouver : Potion de Mémoire. Le regard bleu de la jeune fille parcourut la liste des ingrédients. Plumes de Jobarbille, gingembre, essence de belladone, scarabés pilés, cinq gouttes de sang de dragons, racines de marguerites. Bon rien d'extraordinaire, ce n'était pas une potion si compliqué que ça finalement mais assez pour que seul un septième année ou un sixième très avancé puisse réussir un tant soit peu à la réussir. Tout à sa lecture des indications de préparation, la Vert & Argent ne se senti pas glisser dans les bras de Morphée.

Ca commençait toujours pareil. La petite fille lisait tranquillement dans le salon quand une femme apparut. - Alors ma princesse on fait des crêpes pour le goûter ? demanda t-elle d'une voix infiniment douce à sa petite fille en s'approchant d'elle. La petite blondinette eu un grand sourire et délaissa rapidement son livre pour sauter sur ses pieds. - Oh ouiiiii !! s'exclama t-elle en courant vers sa mère. Iryn Romansky se mit à rire, d'un rire musical et chaleureux, et prit sa fille dans ses bras avant de retourner dans la cuisine. C'était toujours la même chose. Et malgré tout, Lyleïa ne pouvait l'empêcher de se dérouler comme dans un film. Elle se revit faire des crêpes avec sa mère. Elle se mettait de la farine partout et sa mère riait aux éclats. Soudain Iryn s'arrêta net et son sourire disparu. Son regard se perdit au loin. - Mama ? demanda la petite fille un peu perdue. Soudain tout se mit en place à une vitesse impressionnante. Iryn se mit à courir vers la grande armoire du salon en raflant au passage un biberon d'eau et les doudous de sa fille puis ouvrit la porte et l'y déposa. - Quoiqu'il se passe, quoiqu'il arrive n'oublie jamais à quel point je t'aime Lyleïa. Tu as été la plus belle aventure de ma vie, tu es mon trésor et je t'aime mon amour. Je t'aime plus que ma propre vie ... quand tu seras grande tu comprendras ... murmura la maman en laissant quelques larmes lui échapper. Elle se releva sorti sa baguette et lança un sort de protection sur sa fille. La petite, se mit à pleurer en tendant les bras vers sa mère. - Mama ... mamaaaaa Iryn lui fit un sourire rassurant. - N'oublie pas mon amour ...chuuut .... et puis elle ferma la porte la laissant entrebâillée pour ne pas que sa fille manque d'air. Et soudain le monde vacilla. Un éclair vert jailli de la baguette de l'homme et frappa Iryn en plein milieu de la poitrine. Elle s'écroula sans vie sur le sol. Lyleïa aurait voulu hurler, appeler sa maman mais elle se souvint de sa promesse. Elle du pourtant laisser échapper un bruit parce que l'homme tourna la tête vers elle et s'approcha. Et il était grand, si grand, immense même. Un géant. Un géant noir qui venait de faire du mal à sa maman. Un homme sans visage. L'homme tendit la main vers la poignée de l'armoire.

Lyleïa sentit qu'on la secouait, on prononçait son prénom d'un ton pressant. Elle se réveilla alors brusquement, le front couvert de sueur, le regard hanté. Face à elle son cousin la regardait d'un air inquiet. Personne d'autre ne regardait ce qui voulait dire qu'elle n'avait ni crié, ni parlé, ni gémit mais ça l'inquiétait de s'être endormie comme ça en plein milieu de la bibliothèque. Ca le faisait moyen pour l'élève brillante et disciplinée qu'elle avait toujours plus ou moins été pendant ces sept années passées à Poudlard. Revenant à la réalité, Lyleïa regarda son cousin et essaya de lui sourire pour le rassurer. Elle ne sut pas trop ce que ça donnait mais apparemment ça ne rassura pas le jeune Vassiliev. - Ca va, Vita' ... murmura t-elle. Elle ne voulait pas que son cousin s'inquiète trop. Après il n'allait plus la lâcher ! - J'ai trouvé, déclara t-elle alors changeant de sujet. Elle lui tendit alors le livre page ouverte sur la potion.

Spoiler:

D'un naturel flegmatique et impassible, Vitali se trouvait bien embêté, planté au beau milieu d'une des nombreuses allées de la bibliothèque. Assailli par l'inquiétude et le doute, l'inébranlable Vassiliev avait toutes les peines pour se concentrer. D'abord Lyleïa et ses cauchemars, vraisemblablement de plus en plus pénibles et violents, puis tous ce mystère autour des membres féminins de leur famille, et enfin la secrète inquiétude qu'il nourrissait au sujet de sa propre petite sœur, Ielena... Que lui arriverait-il, à elle aussi ? Quoiqu'il en soit, il ne s'en remettrait pas. Et son père non plus. Ses enfants étaient tout ce qu'il lui restait, et si leurs rapports étaient tout sauf évidents, s'il venait à leur arriver quoique se soit, Vitali savait que cela causerait sa perte. Ce constat ranima comme une flamme son sentiment d'impuissance totale.
Passant une main fébrile dans ses cheveux qu'il ébouriffa sans y réfléchir - après tout, la nuit avait été courte, et le jeune garçon n'avait toujours pas complètement émergé de son sommeil -, il chercha encore et encore le livre de sortilège qui les aiderait dans leur quête de la vérité. Seulement voilà, ses yeux d'un bleu perçant caressaient les reliures des ouvrages sans les voir. C'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin, son esprit était ailleurs, très loin, quelque part en Russie, là où son cœur et ses souvenirs d'enfance étaient restés coincés. Avec un soupir de lassitude, Vitali prit le livre qui lui semblait le plus pertinent, mais sans y penser vraiment.
Faisant machine arrière, le jeune homme rebroussa chemin et chercha sa cousine. Sans surprise, il la trouva dans le rayonnage des livres de potions... Mais profondément endormie, tremblant comme une feuille, le front barré d'une ride, sourcils froncés. Était-elle encore en proie à un cauchemar ? Il ne lui fallu qu'une minute pour regarder autour d'eux et s'assurer que personne ne leur prêtait attention, encore moins de temps pour s'agenouiller près d'elle et de la secouer doucement, l'appelant de son prénom en chuchotant pour l'inciter à se réveiller. Lorsqu'elle ouvrit enfin les yeux, elle était tétanisée.
« — Bon sang Lyl, ça va ? Tu te sens bien ? », question stupide, mais la peur semblait ronger ses entrailles ainsi que ses neurones.
- Ça va, Vita' ... murmura-t-elle dans un pauvre sourire qui ne dupa pas un instant Vitali, à en juger par l'air profondément perplexe qui figeait son visage aux traits ciselés, tandis qu'il ajoutait d'une voix sourde ;
« — Ça ne peut plus continuer comme ça, à ce rythme là tu vas finir à l'infirmerie... »
Désireuse de toute évidence de changer de sujet, Lyleïa ouvrit à nouveau la bouche sur un tout autre sujet, le ramenant à l'urgence ;
- J'ai trouvé, déclara-t-elle simplement, en lui tendant le grimoire ouvert à une page précise.
« — Très bien, laisse moi voir ça », lui dit-il en agrippant le livre et en commençant à lire. Il fallait absolument que ça marche.