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La silhouette d'Andromeda se matérialisa devant la porte d'entrée du manoir Orwell. Elle porta sa main droite gantée de dentelles sur le heurtoir et le fit retentir contre le bois. Aussitôt, la lourde porte s'ouvrit sur un elfe de maison.
« Madame, dit-il en se penchant en avant, le nez rasant le sol. Le Maître n'est...
— Je sais qu'il n'est pas là, le coupa Andromeda en faisant un pas en avant pour pénétrer dans le manoir. Il faut que je le vois, je vais l'attendre. »
Ignorant l'elfe de maison, elle se dirigea vers le salon. Elle connaissait les lieux, il était inutile qu'on lui indique le chemin. Une fois dans la pièce, elle s'installa droite comme un i sur le canapé. Un coup d'oeil à sa montre lui indiqua que la mission était déjà en marche, Jeremiah ne tarderait pas à rentrer... S'il rentrait, comme tous les autres.
La mine d'Andromeda était sinistre, aujourd'hui. Qui ne la connaissait pas aurait pu penser qu'elle sortait d'un enterrement. Robe noire arrivant au dessus du genou, un trench noir par dessus, collants noirs, bottines noires, gants noirs, bref, elle avait fait dans le classique et dans la discrétion. Surtout dans la discrétion. Elle ne tenait pas à ce qu'on l'associe explicitement à un camp ou un autre. Pour Dora.
Au bout de quelques minutes, elle entendit enfin du bruit venant de l'entrée. Comme soulagée, elle ferma les yeux et soupira. Au moins, il était encore en vie, c'était déjà ça. Puis elle resserra son sac contre son ventre, le regard rivé sur la porte du salon.
Enfin, il entra dans la pièce, le nez en sang. Andromeda plissa les yeux. « Si ce n'est que ça... »
« Mais qu'est-ce que tu fais ici, toi ! fit-il en l'apercevant enfin.
— Je viens aux nouvelles, répliqua-t-elle sans bouger, le regard rivé sur Jeremiah. C'est terminé ? »

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Andromeda suivit le petit manège de Jeremiah sans broncher, gardant son sac précieusement serré contre son ventre. Le dos droit, les yeux plissés, on eut été incapable de dire si son humeur était bonne ou mauvaise.
« Tu peux arrêter de faire cette tête, tu ressembles à ta mère, lui lança-t-il et la jeune femme garda le silence. Oui, c'est terminé. Du moins j'imagine, je n'étais pas à proprement parler au coeur de la mêlée.
— Qui a été pris ? » demanda-t-elle comme si elle se fichait éperdument de ce qu'il avait fait durant la bataille.
Pour toute réponse, Jeremiah se resservit un verre, ce qui eut le don d'agacer la sorcière. Elle voulait les détails, pas qu'il s'amuse à tourner autour du pot. Et visiblement, Orwell avait envie de jouer, aujourd'hui.
« Tu aurais dû venir, c'était une belle fête, très animée. lui dit-il en prenant place dans un fauteuil non loin d'elle. D'ailleurs tes soeurs étaient là, ma foi elles avaient l'air en forme : tu as eu des nouvelles, récemment ?
— Et toi, dis-moi, comment va Maxine ? » lui répliqua-t-elle en penchant la tête vers la droite et en esquissant un sourire faussement angélique.
Puis elle redressa la tête et fixa son cousin. Il était dans un sale état.
« Tu saignes, lui dit-elle et, sachant que c'était évident et qu'il allait répliqué une connerie, elle ajouta : Regarde-toi, tu mets du sang partout. Ils t'ont pas loupé. »
Et sachant pertinemment qu'il ne se rabaisserait pas à lui demander de l'aide, elle sortit de son sac une petite fiole de désinfectant... alors qu'elle aurait pu tout aussi bien sortir sa baguette pour réparer ça en moins d'une seconde. Mais il avait osé lui parler de ses soeurs une fois de plus, alors le désinfectant qui arrache était plus appréciable... pour elle.
Elle déposa son sac sur le canapé et rejoignit Jeremiah près de son fauteuil. Elle sortit un mouchoir écarlate de la poche de sa veste et versa quelques gouttes, disons une bonne dose, de potion sur le tissu.
« Met la tête en arrière », lui ordonna-t-elle et, avant qu'il ne refuse, elle le força à basculer sa tête en collant sa paume contre son front.
Alors elle déposa le mouchoir sans délicatesse sur le nez du jeune homme, un sourire satisfait sur les lèvres.
« Ah, par contre, je crois que ça pique un peu. Mais un type comme toi, ça ne craint pas la douleur, n'est-ce-pas ? »

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« Tu n'es qu'une satanée harpie colérique, Andromeda Tonks », fit remarquer Jeremiah, ce qui parut satisfaire sa cousine.
D'une main plus délicate, elle attrapa le menton du jeune homme et le força a retirer son mouchoir de son nez pour analyser les dégâts d'un œil expert. Tout en l'écoutant parler, elle sortit sa baguette magique de la poche de son trench puis, avec concentration, elle la pointa en direction de la fracture.
« Comme je te l'ai dit je n'étais pas dans la salle avec les autres...
— Serre les dents », le coupa Andromeda.
Alors elle prononça une formule magique et on entendit un gros « crac ! » provenant du nez de Jeremiah. Elle ne doutait pas une seconde que son cousin était en train de souffrir comme un goret qu'on égorge et pourtant, rien ne le laissait transparaître sur le visage de la jeune femme.
« Je t'avais dit de serrer les dents, lui dit-elle au bout d'un moment d'une voix calme et sans nuance. La douleur passera, ton nez est en place, c'est le plus important. »
Elle attrapa la petite fiole de potions qu'elle avait déposé sur l'accoudoir du fauteuil puis se détourna une seconde afin d'aller le ranger dans son sac. Enfin elle se retourna vers Jeremiah et rangea sa baguette à la place où elle l'avait trouvé. Debout aux côtés du jeune homme, elle croisa les bras et sourit, le premier sourire de cette conversation qui n'était pas... malveillant.
« Raconte-moi ce qui s'est passé, s'il te plait. Les invités, comment ça s'est déroulé, tout ça. Puis pour elle-même, elle ajouta plus bas en levant les yeux au plafond : Si Ted savait que je suis ici...! »

Andromeda croisa les bras, satisfaite de voir que, même si Jeremiah ne l'avouait pas, il était bien content de retrouver la forme parfaite de son nez. La douleur lui apprendra à balancer des piques au visage du Black qui, même si elle a été reniée par sa famille toute entière, reste une fille élevée par deux grands tarés.
« Et maintenant ? demanda-t-elle. Quelle est la suite du programme ? Vous cacher pour éviter les représailles ou, au contraire, les attendre de pieds fermes ? Vous risquez gros, dans cette histoire, ajouta-t-elle en soupirant. Ils ont, en plus d'une détermination égale si ce n'est supérieure à la vôtre, ce pet au casque qui fera d'eux des types qui ne reculeront devant rien. »
Andromeda tourna alors le dos à Jeremiah. Elle ne voulait pas le décourager, elle n'avait fait que déblatérer une suite de mots sans réfléchir à la vision pathétique qu'elle allait donner d'elle. Ils n'avaient pas le choix de se battre et par Merlin, ce qu'elle aurait voulu les aider ! Mais elle avait Nymphadora, elle ne pouvait pas mettre sa vie en jeu, Ted non plus, au risque de voir leur petite fille devenir orpheline. Il fallait faire un choix, elle avait fait le sien en connaissance de cause. Maintenant elle s'en mordait les doigts de les voir se battre alors qu'elle restait les bras croisés sans rien faire.
« Excuse-moi, je ne suis pas du genre défaitiste, d'ordinaire, dit-elle en se retournant vers Jeremiah, la mine soucieuse. Vous avez raison d'agir, bien sûr. Les laisser faire, les laisser prendre le pouvoir reviendrait à du suicide. J'espère qu'il y a eu des arrestations, d'ailleurs, aujourd'hui. Tu me tiendras au courant quand tu en sauras plus ? »
C'était tout ce à quoi elle pouvait se raccrocher, des vulgaires missives venant d'un peu tous les membres de l'Ordre pour lui faire connaître les nouvelles. Et en ce moment, des nouvelles, elle n'en avait plus. Les hiboux n'étaient plus fiables, les cheminées étaient surveillées, tout était sous le contrôle de Lord Voldemort, le ministère même devait être à ses bottes. Il n'y avait plus que l'Ordre pour espérer se sortir de cet enfer.