- Tu me l'as apporté ? La voix de Daisy était rapide trahissant son anxiété.
- Bien sur, répondit Faye à son amie, mais sois prudente. Il ne faut pas qu'on te voit. Changer le passé a un prix...
- Je sais ! Ne me fais pas la morale...
- Je te dis juste de faire attention. Ton moi du passé ne doit absolument pas te rencontrer.
- Je ferai en sorte de..
- Non tu ne comprends pas ! Il ne faut absolument pas que tu rentres en contact avec elle !
- Je sais ce que je fais !

En réalité Daisy ne savait pas du tout dans quoi elle s'embarquait, mais l'idée de l'avoir perdu la poussait à faire cela. Faye lui tendit le boite contenant le retourneur de temps tandis que Daisy lui donnait une bourse remplie de gallions. Une fois l'objet dans sa main elle partit sans dire un mot de plus, laissant Faye sur ses recommandations.


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La jeune mariée s'était rendue au manoir, prétextant de rendre visite à sa chère famille. Durant le repas elle s'éclipsa dans la salle de bain, en face de sa chambre et ferma la porte à clé. Le regard déterminé, Daisy sortit le retourneur de temps, avec la précaution d'un collectionneur d'objets précieux. Elle le regarda longuement à hauteur de ses yeux, réfléchissant à ce qu'elle s’apprêtait à faire. Elle enfila le cordon autour de son coup et tourna autant de fois qu'il était nécessaire pour remonter le temps. pour remonter à ce jour de juillet.


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Lorsque Daisy rouvrit les yeux, elle sut que cela avait fonctionné. Le manoir était en effervescence. La nuit avait fait place à un soleil radieux d'après-midi d'été. Elle s'approcha de la fenêtre et pouvait observer les gens qui se pressaient pour assister au mariage de l'ainée Blackstone et de Damien Donagan. Mais cette fois ci il prendrait une autre tournure ! Daisy avait pensé à tout. Dans exactement deux minutes, la Daisy du passé franchirait la porte de la salle de bain pour finir de se coiffer. Elle serait seule,. Vulnérable.
Elle se positionna derrière la porte et pointa sa baguette en direction de l'ouverture, prête à agir sur elle-même.

Lorsque ce fut le moment, elle déverrouilla la porte, qui s'ouvrit presque instantanément. Une jeune femme blonde vêtue de sa robe de mariée pénétra dans la salle d'eau puis referma la porte. A cet instant précis, Daisy susurra un petrificus totallus qui immobilisa la jeune femme devant elle.

Stupéfaite de voir son autre moi gisant sur le sol, rigidifiée par le sort, elle resta statique quelques secondes. Elle s'accroupit et observa le visage de la blonde étendue. Elle avait les yeux ouverts, d’un gris tendre qui se perdait dans le néant. Ses mèches de cheveux s’étendaient autour de son visage comme une sorte de sainte auréole. Avec douceur, elle fit pivoter le corps de la Daisy du passé et dégrafa le dos de sa robe. Elle lui enleva délicatement sa robe, puis ses chaussures et ses accessoires. Sans attendre, elle se déshabilla en enfila la tenue qu’elle avait porté deux mois plus tôt. Elle était à la fois nostalgique et émue de devoir remettre cet habit qui avait scellé son destin avec le mauvais frère et qui finalement allait servir une seconde fois à rétablir l’ordre. Prête. Elle était prête. Elle cacha le corps dans la baignoire et tira le rideau de douche. Se postant devant le miroir, elle positionna quelques pinces afin que sa chevelure soit légèrement dégagée. Des boucles blondes sur ses épaules, elle accrocha sa broche marguerite au sommet de sa coiffure.
Sans un regard pour son autre moi, la jeune femme partit en direction de sa chambre où Thyme sa mère l’attendait. Arrivée dans la chambre, cette dernière l’accueillit :

- Comment te sens-tu ? Dit Thyme avec un mélange de mièvreries hypocrites et de sincère méchanceté.

Comme si ça l'intéressait ! Daisy se contenta de sourire par complaisance et se retourna pour voir sa mère s'avancer vers elle. Thyme tendit sa main vers elle et l'aida à se mettre debout, un long silence s'installa entre elles tandis qu'elles se fixaient intensément :

- Tu es magnifique ! Brisa-t-elle enfin le silence .. Je suis si excitée !!! Tu vas enfin devenir une femme !! Laisse moi te regarder....

Après tous leurs griefs, Mrs Blackstone agissait comme une mère ordinaire, heureuse de voir sa fille se marier. Elle avait l'air d'avoir tout oublier, elle faisait comme si de rien n'était, comme si elle l'aimait, comme si elle était fière d'elle. Mais on n'efface pas toute une vie de froideur et d'indifférence en une seconde. On n'oublie pas les remarques et le rabaissement incessant, le manque d'attention et le reniement.
Tout doucement, Thyme approcha sa main de la joue de sa fille et la caressa de son pouce. Daisy eut comme un mouvement de recul, plus habituée à recevoir une gifle qu'un geste tendre, puis laissa le douceur fugace de ses doigts l'atteindre au plus profond de son cœur. Ses yeux s'enflammèrent de rage tandis qu'une vague de tristesse et de rancœur la submergea.
Et le naturel reprit le dessus, leur relation conflictuelle était bien trop ancrée pour changer en un instant. Thyme serra l'emprise de sa main sur sa joue et joignit la seconde afin de prendre fermement son visage en coupe :

- Je compte sur toi pour nous faire honneur ! Annonça-t-elle sur le ton de la menace.

Les bonnes vieilles habitudes revenaient et Daisy sentit son corps se raidir. Espérait-elle que sa mère change ? L'espoir d'un tel bouleversement n'était qu'illusion et elle le savait. Au bout de quelques longues secondes, Thyme lâcha le visage de sa fille et fila vers la porte :

- Ton père t'attend en bas..

- Je descends .. Répondit-elle tandis que sa mère passait le seuil de la porte.

C’était drôle de rejouer cette scène. Daisy avait pris soin de répondre comme la première fois. Mais le cœur n’y était plus, tout comme la résignation. Ses yeux, aussi enflammés que son cœur, avaient changé. Elle était déterminée à changer le passé. A ne pas accepter ce qu’on avait choisi pour elle. C’est après deux mois de vie commune avec Damien qu’elle avait choisi de passer finalement à l’action. Il était temps d’entrer en scène, en tant que Daisy qui ne serait jamais à la hauteur d’une Blackstone, une Daisy sincère et libre !

Robe :

Spoiler:

Le soleil illuminait la grande cour parfaitement décorée pour l'occasion, d'un côté, il y avait les chaises en fer forgé blanc qui s’alignaient à la perfection le long d'une allée parsemée de pétales de roses blanches. Au bout, une tonnelle était dressée pour accueillir les vœux des futurs mariés sur laquelle s’entremêler roses et lilas. Les domestiques accueillaient les invités et les plaçaient avant que la cérémonie ne commence. De l'autre côté, de nombreuses tables étaient dressées autour d'un grand buffet, sur lequel trônait une fontaine de champagne au centre. De nombreux mets et boissons qui montraient ostensiblement la richesse de la famille.





Les yeux rivés sur son miroir, elle vit le reflet de la petite dernière dans l’entrebâillement de la porte et sa frimousse illuminant la pièce par sa candeur enfantine lui arracha le premier sourire de la journée.
- Je ne sais pas comment coiffer mes cheveux et elles sont introuvables. Daisy se mit face à elle et savait qu'elle parlait de Lilac et Orchid qui devaient déjà échanger quelques courbettes révérencieuses aux invités sous les yeux inquisiteurs de Thyme. Elle s'approcha de sa jeune sœur et l'invita à s'assoir d'un geste de main tendre.
-Tu es très belle.... Elle accueillit son compliment avec la même tristesse, et son sourire se mua en un visage sinistre.
Crois-tu qu'ils accepteront de me laisser te rendre visite ? Debout derrière Camelia, la jeune femme saisit délicatement ses mèches blondes et les entrelaça machinalement, avec la tendresse que seules ses sœurs lui connaissaient.

- Je ne sais pas .... Lui répondit-elle Mais je suis sûre d'une chose, je ne vous abandonnerai jamais...

C'était un mensonge. Probablement. Surement. Depuis deux mois, elle n'avait pas revu ses sœurs. La jolie Camélia son rayon de soleil lui avait terriblement manqué. Enfin elle termina ses tresses et les noua en un délicat chignon lorsque Lilac et Orchid arrivèrent. Elles se serrèrent dans les bras et Daisy accentua la pression . Elle les aimait tant. Mais elle savait aussi une chose. Ce qu'elle s'apprêtait à faire allait définitivement changer ce qu'elles étaient.
Elle relâcha son étreinte et annonça :

- J'arrive tout de suite, dites à Edgar que son ainée est sur le point de descendre et d'accomplir sa destinée !

Ses trois sœurs la laissèrent sur le pas de la porte. Tandis qu'elles allaient délivrer le mystérieux message à leur père, Daisy entreprit de descendre par une porte dérobée. Elle se souvenait avoir vu Bobby revenir du jardin arrière pour se poster derrière son frère. Il devait y être à cet instant présent. Elle descendit l'escalier secret et arriva directement derrière des lierres. Elle les poussa de ses mains tremblantes d'excitation et aperçu Benjamin Donagan assis avec Evan Rosier. Ils semblaient en grande conversation mais finalement le serpentard le quitta. C'était le moment ou jamais. Avec détermination, elle fila vers lui, tenant sa robe pour ne pas trébucher et ....

Lorsqu’il se leva, face à elle, son cœur manqua un battement. L’immobilité la gagna, neutralisée par une vague d’émotion lorsqu’il ouvrit la bouche. Même dans un instant aussi tragique, il gardait une sorte d’humour frôlant l’ironie. Etait-ce bon signe ? Le sourire naissant du garçon lui indiquait surtout qu’il était complétement perdu. Un instant, elle se mit sur la réserve. Après tout ce qu’elle lui avait dit lors du dernier repas qui s’était terminé dans la salle de bain, avait-elle le droit de revenir comme une fleur, sans aucune explication ? Après le mal et le chagrin qu’elle lui avait causé, pouvait-elle seulement revenir vers lui ? L’accepterait-il ?

- Nous avons eu notre lot de malheur, tu ne crois pas…. Se contenta-t-elle de répondre d’un ton neutre.

La jeune femme s’approcha de lui et le contempla. Bobby était semblable à son souvenir, beau, solide, digne dans son malheur. Mais elle se mettait dorénavant à sa place, loin de ses propres préoccupations. La voir s’éloigner, la voir au bras de son frère avait dû être insoutenable. Débarrassée de ses propres craintes, dans une sorte d’euphorie, elle le voyait comme pour la première fois. Elle le dévisagea tout en glissant ses mains dans les siennes.

- Nous n’avons pas beaucoup de temps …

Etreignant ses deux mains elle le guida en silence vers un bosquet à l’abri des regards et entama :

- Je n’ai plus peur… J’ai choisi … Je te choisis …

S’entendre dire ses mots étaient d’un réel soulagement, elle n’était plus en contradiction avec ce qu’elle ressentait. Tout d’un coup le nœud dans sa gorge se dénoua, son cœur devint aussi léger qu’une plume.




- Ou est Daisy ?
- Elle arrive, père ! Elle était derrière nous !
Edgar s’impatientait. Il regardait alternativement sa montre, les invités au travers de la porte, le haut des escaliers. Que faisait donc sa satanée fille ? Il fit signe au travers de la porte de ne pas lancer la musique d'entrée. En effet, les invités étaient symétriquement installés de part et d'autre de l'allée et Damien le futur marié se tenait devant le maire prêt à accueillir sa future épouse. Thyme, au premier rang s'inquiétait de ne pas voir sa fille au bras de son père et finit par se lever, levant la tête en direction de la demeure. Elle remarqua que le frère et témoin de Damien n'était pas non plus à ses côtés et une inquiétude d'un autre registre lui teinta les joues.

Ses yeux ne pouvaient pas la quitter, ni elle, ni cette flamme qu'il voyait grandir dans son regard. Soudain elle redevenait la jeune femme qu'il avait aimé, et il tombait amoureux une deuxième fois. Il la croyait. C'était leur dernière chance. Elle le suivrait, ses yeux ne mentaient jamais. Bobby ne savait pas exactement ce qui l'avait fait changer d'avis mais pour l'heure il s'en fichait.
A l'idée seule qu'elle évoque de poursuivre le mariage son corps eut une vague de dégoût. Pas question. En à peine quelques minutes elle venait de faire basculer son monde, encore une fois. Il lia ses mains aux siennes en l'attirant à lui, l'embrassant avec délice. Un sourire se dessina sur ses lèvres, son goût lui avait manqué, il pensait l'avoir perdu.

- ... mais si ça ne l'est pas... alors on va commencer par longer ce muret!

Il garda l'une de ses mains dans la sienne et ils suivirent le mur, toujours à l'abri des bosquets. Ils devaient partir d'ici le plus rapidement possible, la cérémonie aurait déjà dû commencer. Le transplanage n'était possible que dans certaines zones, là où les invités arrivaient et la propriété était partout ailleurs, étroitement gardée, les Blackstone ne rigolaient pas avec la sécurité.

- On peut arriver aux zones de transplanage discrètement ou on va devoir filer à pied? Dans ce cas... j'pense que tu vas être un peu encombrée avec cette robe. En fait... tu es très belle.

Il pouvait le dire maintenant qu'il était sûr que son frère ne la verrait jamais! Son sourire espiègle aurait presque pu faire oublier qu'il était au bord du gouffre quelques minutes plus tôt.

Cassandre croisa le regard d'Edgar, et elle sut. Son cœur se serra, son fils ne pouvait pas avoir fait ça! Pas à elle, pas à sa propre famille. Elle laissa la question de l'homme en suspens, laissant le silence répondre à sa place. Son regard noir posé sur elle lui faisait peur, elle savait ce dont était capable Edgar Blackstone mais jusqu'où était-il prêt à aller?

- Cherchons dans le parc... Benjamin est un garçon censé, ta fille...

Cassandre ne finit pas sa phrase mais son regard en disait long sur la jeune femme qu'elle considérait comme personnellement responsable de ce retard inexpliqué.

(désolée pour le mega retard )

- Ma fille est une idiote !! Si elle croit qu’elle va pouvoir tout faire capoter elle se trompe !!

Edgar partit en direction du parc comme le suggérait Cassandre, sans même regarder si elle le suivait. Ce qu’elle fit. Son haleine fétide de colère cognait contre les murs jusqu’à franchir le seuil de la porte arrière les menant au jardin.

Pour les amants, à cet instant, l’unique objectif devint la fuite. Car le choix pris et validé par son beau Bobby ne leur donnait guère d’autres alternatives que le départ immédiat ou la mort. Cramponné à sa main, elle se laissa guider le long d’un muret, puis d’un autre, retenue par quelques morceaux de tissus dans les branches, la soie et le tulle parme devenant les seuls vestiges de leur amour envolé. Lorsqu’il posa sa question, la réalité la frappa de plein fouet. Ils allaient devoir filer à pieds, du moins jusqu’à la grande forêt épaisse qui longeait la propriété. Une porte dérobée devenait l’unique sortie et la forêt leur salut. Lorsqu’il évoqua sa robe, elle se figea un instant et rougit à son compliment.

- J’aurai voulu la porter pour toi ..

A ces mots elle lâcha sa main et entreprit de déchirer les longueurs. Débarrassée du poids de la moitié de la jupe, elle laissa le tissu sur le sol et étreignit de nouveau sa main. Elle l’attira vers le petit portillon de fer forgé, traversant un petit jardinet de roses beaucoup trop découvert. A cet instant, la voix d’Edgar retentit au moment où un filet rouge zébra l’atmosphère, entre leurs visages.