"Please Bro', you are my only chance ... you are my family ..."

La rentrée avait eu lieu il y a quelques semaines et ce week-end là Lyleïa avait décidé de fausser compagnie à ses amis pour se balader hors du château. Les beaux jours s'attardaient encore mais le vent se faisait plus froid et le ciel plus gris, annonçant la venue de l'automne et la fin de l'été. La belle russe commençait tout juste à se relever après l'ouragan familial qu'elle avait subit cet été là et elle recommençait à se battre peu à peu. En perdant le reste de son innocence et de ses rêves d'enfant, elle avait aussi comprit qu'elle ne pourrait jamais garder ses amis. Rien qu'à y penser, son coeur se serrait de douleur. Ils étaient sa famille, celle qu'elle s'était construite elle même au fil des années; des amis d'enfance qui la connaissaient par coeur, des amis plus récents mais qui comptaient quand même, des complices, des camarades. Et ils étaient tous comme les autres le pensait. Des enfants de sang-pur qui allaient suivre les traces de leurs parents. De la Magie Noire. Et ça, Lyleïa ne pouvait le supporter. Elle ne voulait même plus en entendre parler. Chaque jour, le journal annonçait son quota de morts, d'actes terroristes, d'attaques de Mangemorts. La société sorcière s'écroulait petit à petit sous le joug de cet infâme Lord Noir et la simple idée que son père puisse participer à tout ça donnait la nausée à Lyleïa qui évitait le sujet à chaque fois. Et chaque fois elle avait un peu plus mal, se désagrégeant comme une comète en plein vol interstellaire. Ces derniers temps, la septième année avait souvent fui sa salle commune, lui préférant le calme du parc ou le silence de la bibliothèque, évitant ses amis d'enfance et se concentrant sur ses cours. Si les autres avaient remarqué son manège ils ne l'avaient sûrement pas compris et n'avait surtout pas encore eu le temps de l'attraper. Mais le pire c'était avec Regulus. Regulus qui était comme son petit frère, avec qui elle avait grandit, avec qui elle s'était construite. Elle trouvait qu'il avait tellement changé durant l'été. Et le départ de Sirius n'arrangeait rien. Lyleïa se souvenait. Quand elle avait débarqué à l'âge de cinq ans, choquée et complètement perdue, Sirius et Regulus qui avait respectivement un an de plus et un an de moins qu'elle l'avait comme adoptée. Ils avaient été ses frères. Ses piliers. Et puis Sirius était parti, il les avaient abandonnés Reg' et elle et tous les deux s'étaient rapprochés, pour se soutenir, se dire qu'ils étaient encore un peu une famille. Les années avaient passés, la rancoeur et l'amertume avaient grandis. Surtout du côté de Regulus. Il en voulait tellement à Sirius, il l'attaquait chaque fois, insultant ses amis et ce qu'il devenait. Lyl' elle avait été plus douce, plus calme, plus froide surtout. Elle ne lui avait tout simplement plus jamais adressé la parole et les rares fois où ils y étaient obligés cela finissait en dispute. La dernière fois, Sirius avait fait pleurer Lyleïa qui s'était enfuie dans le parc pour ne pas lui montrer. Cette fois là, Remus l'avait suivie et l'avait écouté. Ils avaient liés une amitié ce jour là et Remus avait aidé Lyleïa a comprendre la propre bataille de Sirius. Depuis ce jour là, la vision de la Serpentard sur le Gryffondor avait changée. En bien.

Pourtant ils ne se parlaient toujours pas. Parce que Lyleïa n'avait pas le courage du jeune homme. Elle n'avait pas sa force non plus. Du moins jusqu'à ce qu'elle comprenne à quel point l'homme pouvait être traître. Même son propre père en qui elle avait placé toute sa confiance. Alors elle avait comprit. Comprit qu'elle ne devait pas suivre un mouvement mais se battre pour ses convictions. Comprit qu'elle ne devait pas se laisser manipuler mais qu'elle devait refuser de se laisser faire. Comprit que les valeurs ne se murmurent pas sur un oreiller mais qu'elles se crient haut et fort. Et si la sorcière n'était pas prête à le crier sur tous les toits, elle avait néanmoins comprit qu'elle était plus forte et plus courageuse qu'elle ne le pensait. Et qu'elle ne croyait pas du tout aux valeurs et idéaux que les familles de sang-pur répétaient sans cesse à leurs progénitures. Alors elle lui avait écrit. Lui avait envoyé une lettre courte mais claire et suppliante. Elle avait besoin de lui parler. De lui expliquer. Et de comprendre. Sirius n'avait pas répondu. Lyleïa ne savait donc pas si il allait venir à ce rendez-vous qu'elle lui avait fixé mais elle l'espérait énormément. Parce qu'elle ne voulait pas perdre ce qui lui restait de famille. Pas si elle pouvait se battre pour la garder. Le Maraudeur faisait parti de sa famille quoiqu'ils en pensent tous les deux. Il était son frère. Peut-être pas de sang certes mais les liens ne se forgent pas forcément par le sang. Et quand un lien aussi fort que celui qu'ils partageaient enfants existe, on ne peut pas le rompre comme ça. Surtout pas a cause de malentendus ou de non-dits. La vie était trop courte pour qu'on ne se batte pas pour garder ceux qui comptent.

C'est pour cela que Lyleïa se trouvait là, en cette après-midi un peu nuageuse mais pas trop froide pour autant malgré la brise fraîche, vêtue d'une simple robe vert émeraude et de bottes, une cape noire jetée sur ses épaules, ses longs cheveux blonds cascadant sur ses épaules. Toute à ses pensées, la jeune fille marcha jusqu'à l'étang, un peu en dehors de Pré-Au-Lard et y arrivant elle s'approcha de l'eau. S'agenouillant près de la berge, sur l'herbe encore verte elle contempla son reflet dans l'eau. Malgré tout ce qu'elle faisait, une lueur de tristesse demeurait dans ses beaux yeux d'azur, fragilisant sa carapace si bien mise en place. Ses cheveux blonds encadrait un visage fin et doux et avec sa peau pâle elle se faisait penser à une petite poupée de porcelaine. Tendant sa main, elle effleura la surface de l'eau du bout des doigts et son reflet se brisa, devenant flou avant de disparaître quand elle se redressa. Attrapant des galets plats, la belle sorcière les lança, faisant des ricochets. Elle ignorait si Sirius allait venir mais elle comptait passer l'après-midi ici, priant pour qu'il accepte de la revoir. Au moins une fois. Le temps de lui parler. De lui expliquer. D'essayer de retrouver son grand-frère. Celui qui acceptait qu'elle se glisse dans son lit quand elle avait peur de l'orage, celui qui la consolait quand elle tombait et se faisait mal, celui qui la rassurait quand elle faisait un cauchemar et qui faisait le pitre pour la faire rire. Elle avait tant besoin de le retrouver. Entendant du bruit derrière elle, la jeune fille se retourna et une lueur de soulagement traversa ses beaux yeux.

- Sirius ... Un mot. Un prénom. Et un soulagement infini de le voir.

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