« Tu es agoraphobe ou quelque chose comme ça ? a demandé Mona et j'ai détourné les yeux. Excuse-moi, ça ne me regarde pas...
— Effectivement, ça te regarde pas », ai-je répliqué un peu trop sèchement.
Je n'avais pas du tout envie de discuter avec Mona de mon problème de... De quel problème, au juste ? Ce n'était un secret pour personne que je me faisais battre à la maison. Combien de fois m'avait-on vu revenir de vacances avec des coquarts à chaque oeil ? Des brûlures sur les bras ? Personne ne disait rien mais tout le monde savait. Il fallait être stupide pour ne pas faire le rapprochement !
Mona a décalé sa chaise, comme si ça allait changer quelque chose.
« Désolée, a-t-elle fait en commençant à ranger ses cours et ses brouillons. Je ... je terminerai la dissert. Je te la montrerai avant de la rendre au professeur.
— Bien », ai-je dit avec dédain.
Lorsque j'étais en colère, j'étais impulsif et méchant. Mona avait franchi la barrière et c'était plus fort que moi, il fallait que je la remette à sa place, quitte à être agressif, pour qu'elle sache qu'elle ne devait plus se mêler de ma vie ou essayer de m'approcher de trop près. J'étais conscient d'être méchant inutilement, avec elle. Mais c'était plus fort que moi.
J'ai rassemblé mes propres affaires que j'ai balancé en fouillis dans mon sac. Puis j'ai jeté mon sac par-dessus mon épaule, et sans un mot ni un regard pour la Serdaigle, j'ai quitté la bibliothèque, une boule de colère coincée dans la gorge. En passant près des toilettes, j'ai flanqué un coup de pied violent dans la porte de bois qui s'est ouverte brusquement et a claqué contre le mur. J'étais en rogne, pas contre Mona mais contre moi-même.