Cela faisait un moment que Sean hésitait à aller voir Prue. Il se souvenait du lendemain du bal d’Halloween. Elle aussi avait été touchée par l’épidémie. Seulement, elle était un peu plus fragile que tout le reste des élèves. Le serdaigle avait essayé de savoir comment elle allait mais on ne l’avait pas laissé s’approcher. Ensuite, il n’avait pas osé s’approcher à cause de la bêtise qu’il avait faite avec Luzia. Il ne se voyait pas lui demander des nouvelles alors qu’il avait été avec une autre. Techniquement, il avait le droit étant donné que Prue l’avait quitté et surtout avait embrassé Eden durant le bal, mais il ne se sentait pas à l’aise. Il avait donc préféré rester loin, s’inquiétant de son côté. Il se contentait de vérifier si tout allait bien durant les entraînements de quidditch.

Et puis, était arrivé le match contre les poufsouffle. Cela avait été une véritable catastrophe pour Sean. Il avait fallu que Nolan découvre le baiser entre Luzia et lui. Il avait fallu qu’il le sache en plein milieu de la compétition. Le jaune et noir n’avait pas attendu longtemps avant de balancer son poing dans la face de l’amant. Celui-ci avait fait ce qu’il put pour ne pas perturber un peu plus le match mais ça avait été compliqué. Son nez n’avait pas vraiment apprécié le coup, ni sa sœur d’ailleurs. Il aurait bien voulu l’éviter pour une fois, au lieu de devoir s’expliquer après avoir affronter une tempête de neige. Ce n’est que lorsqu’il se posa dans son lit le soir qu’il se demanda ce que pouvait bien penser Prudence. Il avait finalement laissé cette pensée partir au loin plutôt que de déprimer un peu plus.

Et maintenant, il venait d’apprendre qu’elle était de nouveau à l’infirmerie. Il se demanda quelle était la raison cette fois-ci. Il n’était pas sorti si longtemps que cela avec elle, mais il savait que tout pouvait la fragiliser. Alors, quand il passa devant la salle de soin, il s’arrêta devant la porte. Est-ce qu’il serait bien accueilli ? Il ne voulait même pas se souvenir de la dernière fois où il lui avait vraiment parlé, si on pouvait appeler ça parler.

Il finit par entrer dans la salle, regardant autour de lui. Il repéra très rapidement la jeune fille. Elle avait son lit personnel maintenant. Elle ne semblait pas consciente. Il se rapprocha avec lenteur, ne sachant pas comment l’aborder. Il ne savait même pas ce qu’il pourrait lui dire. Il voulait juste prendre des nouvelles mais cela semblait bizarre pour lui. Il n’était plus sûr de ce qu’il ressentait pour elle. Il avait eu tellement mal quand elle l’avait quitté. La voir batifoler avec Eden n’avait pas vraiment aidé. Mais le pire devait être sa relation avec Black. Il ne comprenait pas comment elle pouvait fondre pour ce serpent. Il souffla et s’installa dans la chaise à son chevet. Il ne comptait pas la réveiller. Il allait juste rester là quelques minutes avant de partir pour ne pas la gêner. Il ferma les yeux quelques secondes.

Prudence était allongée dans son lit attitré. Pomfresh lui avait promis de ne pas la tenir plus de deux jours, le temps que ses côtes se rétablissent au plus vite, mais Prue devrait passer tous les jours à l'infirmerie prendre son remède contre le rhume.

Le match de quidditch s'était passé sous une tempête de neige phénoménal ! Le froid fragilisait ses os, et quelques coups de vent avaient fini par fissurer les os de ses bras. Eden avait réussi à les reconsolider, comme il faisait après chaque fin de match quand Prue était blessée. Mais c'était sans compter ce rhume qu'elle s'était attrapée. Chaque éternuement un peu trop fort lui fêlait quelques côtes. Eden ne pouvait pas passer sa journée à reconsolider ses os après chaque fois qu'elle éternuait comme une furie. Il avait donc insisté pour l'emmener à l'infirmerie afin de soigner son rhume avant tout ! Prudence n'avait pas eu d'autre choix que de suivre les conseils de son meilleur ami.

La potion que lui avait donné Pomfresh avait permis à Prudence de cesser ses éternuements intempestifs. Mais l'infirmière refusait de soigner ses os tant qu'elle n'était pas remise complètement de son rhume ... elle avait peur que chaque fracture faite sur les anciennes fractures soignées risquait d'affaiblir encore plus ses os. Elle préférait donc attendre ... pendant que Prue souffrait.

Les yeux fermés, elle sortait peu à peu de son sommeil, réveillée par une autre pointe de douleur. Elle gémit tout en ouvrant ses yeux et fut étonnée de la personne assise à son chevet. Fronçant les sourcils, elle le questionna :

- " Qu'est-ce que tu fais là ? "

Sa question ne sonnait pas comme une attaque, plutôt comme une surprise. La dernière fois qu'elle avait parlé à Sean, c'était pour rompre avec lui ... Dans le but de récupérer coûte que coûte Regulus qui ne lui parlait plus à l'époque.

Sean entendit la voix de la serdaigle s’élever près de lui. Il rouvrit doucement les yeux et la regarda. Elle ne sembla pas en colère de le voir à ses côtés. Seulement, elle ne devait pas comprendre pourquoi il venait la voir. Ils ne s’étaient pas parlés depuis leur énième et dernière dispute. Il aurait préféré ne pas y repensé, mais les paroles qui avaient fusées ce jour-là lui revinrent en mémoire. Les reproches partaient dans tous les sens. La rentrée était proche et la fin des vacances ne semblaient pas des plus heureuses. La coupe du monde de Quidditch ne les avait pas rapprochés comme il avait espéré. Il ferma de nouveau les yeux pour laisser s’échapper ses pensées. Il n’était pas venu ici pour lui reprocher quoi que ce soit. Il y avait eu trop de rancœur et de colère entre eux deux pour continuer sur cette voix. Il voulait juste passer à autre chose et terminer sur une bonne note.

Comment ça va ? Le match ne t’a pas trop massacré ?

Un véritable intérêt pouvait se sentir dans son ton. Il se pencha, ses coudes contre ses cuisses, les mains entremêlées, la regardant avec un petit sourire. Seule une gentillesse pouvait ressortir de son attitude. Il n’y avait plus cette malice de leur première rencontre ou cette attirance lors de leur escapade au terrain de quidditch. Une distance qu’ils n’avaient jamais connue était perceptible. Pourtant, il continuait de ressentir un certain attachement pour elle. Il ne pensait pas pouvoir l’oublier un jour. Même si leur relation n’avait pas duré aussi longtemps qu’il ne l’aurait souhaité, il avait ressenti très rapidement quelque chose pour elle. Un sentiment fort en était ressorti dès le moment où ils s’étaient connectés. Leur discussion dans la salle de repos l’avait vraiment marqué, comme si une confiance s’était installée. Malheureusement, il avait découvert ensuite que ce n’était peut-être qu’une impression. Il avait très vite compris qu’elle lui en cachait plus qu’elle ne voulait l’avouer.

Je voulais juste savoir comment tu allais. Je t’ai vu arriver à l’infirmerie le lendemain du bal, mais je n’ai pas eu le droit de t’approcher. Je n’ai pas osé revenir après. Alors, me voilà.

Il avait un peu honte d’arriver si longtemps après. Il avait quelques mois de retard maintenant. Il ne savait même pas quelles conséquences l’épidémie avait eues sur elle. Il se redressa sur sa chaise, pas très à l’aise. Il détourna le regard. Tellement de choses étaient arrivées depuis l’été, il n’arrivait parfois plus à suivre. Il regarda qui d’autres occupaient les lits mais il ne reconnut personne. Il reporta son attention sur son ancienne copine. Il se mordit la lèvre. Il ne savait pas quoi lui dire. Il se demanda ce qu’elle avait dû penser de lui après le match de quidditch. Il n’avait pas eu le rôle le plus sympathique mais il ne s’en cachait pas. Il savait qu’il avait des torts. Il baissa la tête.

Tu as sans doute des choses à me dire… Enfin, je…

Prudence avait levé les yeux au ciel en entendant Sean lui demander si le match ne l'avait pas trop massacré. Elle se retint de laisser échapper un petit rire : elle savait que le moindre mouvement de sa cage thoracique risquait de lui faire terriblement mal.

- " Si seulement on avait gagné, ça aurait pu apaiser ma douleur actuellement ... " fit-elle remarquer en plaisantant. Il était étrange de discuter avec Sean comme si rien ne s'était passé, comme si ils faisaient abstraction de tout ce qui avait pu se passer avant ...

Elle ne répliqua pas sur la remarque de son ex petit-ami qui avoua ne pas avoir osé venir plus tôt lui demander comment elle allait ... Elle savait très bien pourquoi il n'avait pas osé. Leur relation ne s'était pas terminée sur un happy end et elle était seule responsable. Alors quand il échappa l'éventualité qu'elle aurait quelque chose à lui dire, peut-être ...

- " C'était pas très correct de la part de Nolan de t'avoir donné ce coup de poing. Je ne comprends pas comment l'arbitre n'est pas intervenu ! " dit-elle, évitant le sujet auquel il aurait sûrement voulu qu'ils parlent. Elle préférait le défendre sur un sujet plus récent ...

Sean avait parfois la manie de poser les mauvaises questions. Il suffisait de voir la tête de Prue pour comprendre que celle qu’il venait de poser n’avait aucun intérêt. Le simple fait qu’elle soit à l’infirmerie lui donnait la réponse. Mais il fallait qu’il trouve quelque chose à lui dire. Ce n’était pas comme si les conversations entre eux étaient aussi fluides qu’avant. En fait, il n’y en avait pas eu du tout depuis plusieurs mois. Même s’ils se voyaient pendant les entrainements de quidditch, il devait fait semblant qu’elle était Dexter pour ne pas qu’elle se fasse prendre dans la peau de quelqu’un d’autre. Il se contentait donc de parler de technique sans aller plus loin. C’était étrange de lui parler en face sans la couverture de son poste caché, sans le quidditch entre eux. Le sujet était encore là pour les sauver d’un malaise, mais ils se faisaient face, enfin.

Face aux poufsouffles, c’était compliqué. Ils ont l’équipe parfaite alors qu’on s’est battu pour avoir assez de joueurs cette année. Regarde-moi… Je n’aurais jamais dû jouer.

Il n’avait pas honte de l’avouer. Il était plus que clair qu’il n’était pas le poursuiveur parfait. Swann avait beau essayer de l’entrainer, il ne serait jamais un joueur hors pair. Son vertige le suivait encore un peu et il n’avait pas ça dans le sang. Il n’était pas comme eux. Même s’il commençait vraiment à comprendre leur passion, il n’était pas doué. Il fallait qu’il s’entraine dix fois plus dur pour faire un millième de ce qu’ils savaient faire. Mais il n’avait pas le choix, il ne pouvait les laisser tomber. Il fallait qu’ils puissent au moins aller jusqu’au bout, alors il avait accepté de faire son possible.

Il aurait préféré rester sur ce sujet. Mais il savait qu’il devait affronter les conséquences de ses bêtises. Alors plutôt que d’attendre que ça lui retombe dessus, il fonça tête première dans les reproches. Il ne comptait pas laisser les autres parler dans son dos. Il devait savoir ce qu’ils pensaient. Il n’aimait pas cette situation. Et malgré tout ce qui avait pu se passer entre eux, il voulait en parler à Prue. Il voulait qu’elle le sache de lui. Il ne savait pas pourquoi, il ne lui devait rien après tout, mais il était comme ça. Il était clair qu’elle ne savait pas ce qu’il avait fait vu sa réponse. Il passa une main sur son visage, déçu de lui-même. Son nez le lança légèrement à cause du fameux coup de poing. Nolan risquait de s’en prendre plein la tête alors qu’il n’avait rien fait. Sean devait corriger ce problème. Le poufsouffle n’avait pas à prendre pour eux.

L’arbitre aurait peut-être dû intervenir mais Nolan n’a pas à s’en vouloir. Je subis juste le revers de mes bêtises…

Il n’arrivait pas à la regarder. Il n’arrivait pas à lui avouer. En même temps, comment lui dire qu’il avait embrassé Luzia alors qu’il venait de passer plusieurs semaines à essayer de l’oublier ? Rien n’était logique. Il reposa son bras sur sa cuisse et releva la tête pour croiser son regard. Une pointe de honte pouvait se lire dans ses yeux. Il avait peur de ce qu’elle pourrait dire.