because we're in the murda bizness ◮ #PIPPA #DOWEY

– [...]
– Ok j'ai compris. Laissons le « Pippa charm » agir... Pigé l'idée. Ça va marcher, j'en suis sûre. Vesper défronça les sourcils, et souffla un bon coup. Donc, tu l'interceptes, je file, et à compter de là, tu lui tiens la jambe dix minutes, c'est suffisant on a dit. Puis tu l'éloignes le plus loin possible des dortoirs.
Leur plan était rodé. Normal, elles y avaient pensé longuement. Lorsqu'on les avait mises toutes les deux sur le coup, Philippa et Vesper s'étaient durement creusé les méninges, histoire de trouver la meilleure approche, la plus fine parade. Et elles en avaient conclu que puisqu'ils avaient partagé, plus ou moins volontairement, une soirée lors de la saint-valentin, Pippa serait l'appât, et Vesper la main du crime. Leur cible ? Dowey Spencer Jr. Son délit ? Fricoter avec les impurs, et même... Prendre leur parti.
Si elle-même était très mal placée pour juger à son arrivée à l'institut Clevergrace, en raison de son amitié indéfectible pour Prudence Bones, sang-impur parmi les plus impurs, le lavage de cerveau et le bourrage de crâne qu'on infligeait aux jeunes sorciers « de l'élite » commençait à porter ses fruits... De moins en moins objective, de plus en plus agressive, Vesper faisait difficilement la part des choses - si tant est qu'elle l'eut vraiment faite un jour ! - désormais et l'endoctrinement dont elle était la docile victime changeait sa vision des choses. Regardant sa montre, elle sourit à Pippa.
– Je l'ai vu entrer dans les sanitaires il y a vingt minutes. Il ne devrait plus tarder... Je vais aller t'attendre un peu plus loin, derrière le banc là-bas, désigna-t-elle ledit objet du doigt qui lui offrirait, en plus de la pénombre ambiante, une bonne cachette. Le plus dur revenait désormais à Pippa ; intercepter Spencer, et à ce moment là, la voie sera libre pour l'irlandaise, afin qu'elle se rende dans le dortoir du poufsouffle, et ne fouille allègrement ses affaires, à la recherche d'un quelconque indice susceptible d'être intéressant et ramené aux mangemorts.

- Je te dit Vesp’, c’est mieux si c’est moi qui l’aborde, ça va être plus…naturel ! dit-elle. Vesper décida d’accepter l’idée de Pippa ; elle s’occupait de Spencer pendant que cette dernière allait fouiller dans le dortoir du Poufsouffle. Dowey fricotait avec les sangs impurs et prenait même leur partie ce qui était mal vue ici, à l’institut. Philippa, elle, c’était tout le contraire. Elle faisait tout ce qu’on lui disait de faire et elle ne posait pas de question. Elle n’osait pas défier les mangemorts, après tout, on attendait d’elle qu’elle soit la parfaite héritière des Yaxley. Philippa n’était donc pas mal traiter. Malgré tout, elle aurait tout donné pour ne pas passer ses vacances dans cet institut morbide. Vesper la fit sortir de ses pensées lorsqu’elle lui confirma l’endroit où elle allait l’attendre. – Parfait alors ! Et si ça fait 20 minutes qu’il y est…il va bien sortir bientôt ! déclara Pippa. Les deux filles se séparèrent alors et la préfète alla s’installer tout près de la sortie des sanitaires. Après quelques minutes, la porte s’ouvrit et une tête rousse sortit. Philippa sans aucune gêne se plaça devant Dowey et mis une main sur son torse. – Salut Dowey ! Je te cherchais ! dit-elle en battant des cils. Elle se devait de jouer la comédie.

En fait le plus simple pour rencontrer à peu près discrètement les copains, c'est encore de se rendre aux douches, mais ça avec Troy on l'a très vite compris tu vois, parce qu'en fait les sanitaires mélangent les sangs purs et les sangs impurs, contrairement aux dortoirs qui eux sont mixtes : à croire que ces tarés pensent qu'au moins, si on peut se savonner le corps, personne ne risque de voir son sang souillé par son voisin. Excellente nouvelle me direz-vous, qu'à ce moyen de retrouver des gens fréquentables soit allié une certaine intimité, enfin, intimité toute relative tu m'diras, parce que bon, les douches collectives, on a vu mieux quand même, mais en tous cas, avec la buée, et le réflexe d'une bonne majorité de vouloir se fondre dans la masse et la vapeur, le ou la Mangemort qui nous surveille distingue moins bien les pudiques des missionnaires. Et moi, comme vous pouvez vous en douter, j'fais plutôt partie d'la deuxième catégorie.

Encore aujourd'hui on avait rendez-vous avec Swann Jones pour refiler quelques médicaments volés à l'infirmerie : Darya avec ses ennuis de santé y passait un bon moment, et commençait à devenir vraiment bonne pour voler des tas de trucs assez cools, comme de petites potions, quelques lotions, ce genre de trucs qu'on nous distribue généreusement à nous les purs, mais pas aux autres quoi. En un mois, on était devenus plutôt bons avec les deux autres et Lyleïa, même si bien sûr, on s'était tous fait choper au moins une fois, qu'on avait multiplié les séjours à l'isoloir et qu'on subissait une surveillance accrue de la part des Mangemorts, mais ça j'commençais à en avoir l'habitude, depuis que j'avais jeté un sortilège Doloris sur ce taré de Rodolphus Lestrange. Et j'sais toujours pas comment j'ai pu survivre, grâce aux copains sans doute qui m'ont récupéré à la sortie de l'entraînement puis de l'isoloir, plus mort que vif, défiguré comme si la moitié de l'école m'avait piétiné en cadence, après deux jours sans boire et sans manger. Episode à oublier, penseraient certain, mais en fait pas du tout, ça m'a juste encouragé à continuer, quand j'ai vu les jours suivants que les gens jetaient un tout nouveau regard sur moi, me remerciaient parfois d'un signe de tête ou d'un clin d'oeil, me demandaient comment j'allais et tout. En fait, à défaut d'me calmer, ça m'a encouragé à aller plus loin, plus vite et plus fort, mais plus discrètement bien sûr, parce que j'sers à rien si j'suis à l'isoloir, et j'crois que la prochaine fois que j'me fais pincer, c'pas deux jours que j'vais y passer, mais bien une ou deux semaines sans voir la lumière du jour.

Eh Troy, j'suis parti okay, j'lance au copain en quittant la douche, mon tee-shirt sur le dos et une serviette autour de la taille, enfin propre et débarrassé d'mon gant de toilette dans lequel j'avais miniaturisé quelques potions de sommeil et de Poussos, gant de toilette que j'avais malencontreusement oublié près du Capitaine des Serdaigle, afin qu'il le récupère à peu près discrètement. Emballé c'est pesé, j'me dis en passant le pas de la porte, juste avant d'une silhouette assez familière ne me coupe délibérément la route et ne se campe devant moi.

En voilà une surprise, j'm'étonne faussement en fronçant le nez, détendu mais un peu suspicieux, tu me cherchais pour quoi Yaxley ?

Spoiler:

Cachée derrière le banc, à croupetons, recroquevillée comme une contorsionniste sur elle-même pour se faire la plus petite et discrète possible, Vesper observait la phase « interception de la cible », prête au signal à détaler vers les dortoirs. Ce troll de Spencer se baladait à moitié à poil, pas pudibond pour deux mornilles - et d'abord pourquoi se sentait-il obligé d'exposer au regard de tous son frêle torse imberbe et rose d'adulescent overdosé de testostérone ? -, une serviette autour de la taille, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. L'irlandaise leva les yeux au ciel. Il ne manquait plus qu'il se trimbale avec la brosse à dents au coin de la bouche, pour que la carte postale « des vacances au camping » soit parfaite ! Cependant, si le tableau la rebutait, il ne sembla pas déstabiliser Pippa la warrior qui bravement coinça l'exhibitionniste en collant sur sa poitrine une main impérieuse. De là où elle était, Vesper se rendit compte qu'elle n'entendait pas très bien ce qui se disait entre les deux sorciers, mais des heures et des heures d'ennui mortel et de décrochage en cours d'histoire de la magie lui avaient appris à lire sur les lèvres. Si bien qu'elle comprit à voir celles de Pippa se mouvoir qu'elle avait dut lui dire un truc du genre « salut buddy, je t'attendais » auquel lui répondit le principal intercepté « en voilà une belle prise, que puis-je faire pour toi bébé ? »
Forte de cette constatation, la blonde ne fit ni une ni deux, et fila. Parce qu'elle avait fait du repérage au préalable, la futée trouva sans encombre le coin du renégat. Fumant la chaussette sale et la traîtrise, la chambre du poufsouffle était aussi ordonnée que le grenier d'une goule, mais au moins la valise du garçon était là où elle s'attendait à ce qu'elle soit ; sous le lit. Sans état d'âme, la blonde la tira, et commença à inspecter dedans. Vêtements en vrac, uniformes, manuels de cours, bonbons, jusque là rien d'anormal. Et au fond, roulées dans un slip, des fioles !
– Oh ! Fit-elle, sur le derrière. Bien sûr, Dowey n'était pas un enfant de cœur, elle aurait du se douter que le chenapan chipait. Mais des produits de l'infirmerie ! Spencer, t'es fait comme un porlock... La jeune fille se frottait les mains. D'autant que malgré sa trouvaille, Vesper ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin...

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