Philippa se dirigeait vers le réfectoire, un air tendue au visage. Elle ne savait pas quoi penser de tout cela ; elle était convoquée par son père. Cela devrait être vraiment important pour que Nathaniel Yaxley se déplace en personne. Pippa avait croisé quelques fois Julius cet été à l’institut, mais jamais il ne lui avait fait part de problèmes avec sa famille ou dans le monde extérieur. Et si jamais il était arrivé quelque chose de grave à son frère ? Ou encore sa mère ? Plus elle se rapprochait du réfectoire, plus elle avait de spéculations quant à la visite de son père. Au moins, c’était ce dernier et non sa mère. La mère de Philippa était loin d’être une personne aimante et définitivement pas avec sa famille. Camilla Yaxley, née Orwell, était de ces personnes qu’il valait mieux ne pas contrarier. Le devoir de plaire aux autres que Philippa s’imposait lui provenait probablement du manque d’amour maternel. Elle ne voulait jamais décevoir les gens qui l’entouraient, principalement sa famille.

Arrivée au réfectoire, elle poussa la porte. La salle était vide. Philippa s’appuya sur une table, faisant face à la porte. Elle regarda ses ongles nerveusement et se répétait mentalement de ne pas les ronger. Elle n’avait parlé à personne de cette convocation donc elle fut assez surprise en voyant Bram ouvrir la porte. Il semblait tout aussi surpris qu’elle. – Bram ? s’exclama-t-elle. Elle se redressa. – J’ai été convoquée par mon … commença-t-elle. Avant qu’elle puisse terminer sa phrase, monsieur Yaxley ainsi que Brooklyn Yordanov firent leur entrée dans le réfectoire. – Père. salua Philippa. Son père s’approcha d’elle et lui fit la bise. Il sera ensuite la main de Bram. Philippa salua Brooklyn d’un hochement de tête. – Brooklyn. Que faisaient donc les deux patriarches de leur famille ici ? Pourquoi avaient-ils été convoqués ? Cela devait être assez important pour que ces derniers se déplacent en personne. Philippa lança un regard inquiet vers Bram qui semblait tout aussi tendu qu’elle. Le père de Philippa prit la parole. – Nous avons une nouvelle à vous annoncer. commença-t-il, la fierté brillait dans ses yeux. – Nous aurions préférés célébrer en différentes circonstances mais cela nous est impossible pour le moment, vue les circonstances. Il s’arrêta, donnant ainsi la chance à Yordanov de terminer l’annonce.

Philippa était attentive à ce que son père racontait. Mais plus que les mots sortaient de sa bouche, plus que la jeune femme devenait suspicieuse de la raison de leur présence. Son père ne l’éclaira pas davantage et elle se tourna vers Brooklyn lorsque celui-ci prit la parole. Tous les deux, ils mettaient l’emphase sur le fait que c’était une grande nouvelle, quelque chose qu’il fallait fêter. En additionnant le tout, Philippa avait de plus en plus une idée de quoi il s’agissait. Mais elle avait besoin d’entendre les mots de vive voix, pas seulement des sous-entendus. Elle ne savait pas quoi penser de tout cela. Elle rêvait d’un mariage depuis qu’elle était toute petite, mais dans ses rêves, elle se mariait avec quelqu’un qui l’aimait. Philippa regarda Bram qui était livide, il ne semblait pas être bien, avait-il besoin de s’asseoir ? Après quelques instants de silence, son père reprit parole. – Nous avons donc décidé d’unir nos familles en vous fiançant. déclara-t-il, sourire aux lèvres. Et voilà, son père venait de cracher le morceau. À l’instant même où les mots furent prononcer, une multitude de sentiments devaient se lire dans le visage de la jeune femme, mais on pouvait principalement voir de la peur dans ses yeux. Philippa ferma les yeux quelques secondes, posa son regard sur son père et lui sourit, un sourire qui se voulait joyeux. – Quelle bonne nouvelle…murmura-t-elle, sans conviction. Monsieur Yaxley s’approcha alors d’Abraham et posa une main sur l’épaule gauche de ce dernier. – Bienvenue dans la famille mon garçon. Bram semblait vouloir vomir et Philippa le prit personnellement. Il la détestait à ce point ? Il ne la trouvait pas de son goût à ce point ? Si elle continuait à se poser des questions comme celles-là, c’est elle qui allait vomir. Son père reprit la parole. – Lors des prochaines vacances de Poudlard, nous aurons la chance de célébrer vos fiançailles comme il se doit. annonça-t-il en relâchant l’épaule du benjamin Yordanov. Son père regarda sa montre, probablement qu’il avait un rendez-vous prochainement.

Philippa hocha positivement de la tête suite aux paroles de Bram. Le jeune homme avait totalement raison : c’était une énorme surprise. La jeune femme s’attendait à des fiançailles, mais elle n’avait jamais imaginé que ces dernières seraient avec Bram…son meilleur ami. Ce dernier avait bien rattrapé sa réaction vis-à-vis monsieur Yaxley. Philippa savait que son père appréciait bien la famille bulgare de Bram, principalement ce dernier qu’il trouvait si bien articulé et gentlemen. Contrairement à ce dernier, la jeune femme était totalement bouche-bée, aucun mot ne lui venait aux lèvres, aucun mot était assez fort pour exprimer ce qu’elle ressentait en ce moment. En fait, elle n’arrivait pas à déchiffrer ses sentiments et elle n’avait aucune idée de ce que son futur époux ressentait puisqu’il évitait son regard.

La jeune femme frissonna à la question de Bram, elle ne savait pas si elle avait envie de savoir la date de leur mariage… Parce qu’une fois que la date sera prévue, l’arrivée du mariage sera comptée en mois, ensuite en semaines puis en jours… Et cela sera la fin de Philippa Yaxley, mais le début de Philippa Yordanov et cette dernière ne se sentait pas prête à ce grand changement. – Cet été, si possible ! répondit Nathaniel Yaxley. Avec la guerre qui approchait, valait mieux tôt que tard. – Bon, je dois vous laissez, je suis attendu au Magenmagot. Si vous avez des questions, vous pouvez m’envoyez des hiboux sans problème. déclara le père de Philippa. Sur ces dernières paroles, il fit la bise à sa fille et serra de nouveau la main de son futur beau-fils. Philippa n’avait toujours rien dit, perdue dans ses pensées. Elle regarda son père quitté la salle, le dardant du regard. Elle se tourna alors vers les frères Yordanov, les bras croisés. Sa présence était-elle toujours requise ?

Philippa, toujours les bras croisés, ne broncha pas lorsque Bram s’adressa à elle. Elle haussa des épaules, n’ayant rien à ajouter à ce que Bram disait. En fait, elle n’arrivait même pas à avoir une pensée en particulier, toutes ses pensées se bousculaient dans sa tête. Malgré son état de surprise, la jeune femme ne put s’empêcher de rouler les yeux aux paroles de Brooklyn ; ils n’étaient pas si rétrogrades que ça… L’aîné des Yordanov avait un bon sens du sarcasme. Elle fut bien contente lorsque ce dernier prit congé, mais en même temps, elle était effrayée, effrayée de se retrouver seule en compagnie de son désormais fiancé. – Merci. répondit-elle d’une petite voix au médecin qui se voulait accueillant. Elle n’entendit pas les paroles que ce dernier chuchota à l’oreille de Bram, mais encore, voulait-elle savoir ce qu’ils disaient ? La préfète regarda Brooklyn quitté la salle, aucun regard à leur égard. Elle se retourna vers Bram, les bras toujours croisés. Elle ne savait pas quoi lui dire, elle n’avait aucune idée de quelles paroles pourraient les réconforter tous les deux. – Je … j’ai des choses à faire… commença-t-elle. – On remettra cette conversation à plus tard. Avant même que Bram puisse dire quoique ce soit, elle lui tourna le dos et quitta la salle à vive allure, le fuyant.