conséquence de la vengeance

Le meurtre de son père avait eu des conséquences imprévues sur la vie de Xia. S’il lui avait semblé lire de la jouissance dans le regard de sa jumelle au moment de l’assassinat, le comportement de Yumi les jours suivants fit comprendre à Xia que sa sœur n’avait pas l’âme d’une tueuse. Et la chinoise devait s’avouer que, désormais, elle n’avait plus rien en commun avec Yumi. Elles avaient partagé tellement de souvenirs, avaient dû surmonter les pires épreuves ensembles, avaient, en quelque sorte, prit la tête de la famille afin d’aider leur mère, pour, au final, prendre chacune leur propre voie. Mais cela ne plaisait pas à Xia qui, déçue par l’attitude des membres de sa famille, avait fini par se renfermer sur elle-même, utilisant la totalité de son temps pour se perfectionner dans la pratique de la magie noire : elle avait su s’entourer du libraire le plus qualifié dans ce domaine, et mettait en pratique les sortilèges et les potions décris dans les livres de Shipton. Elle ne dormait que très peu, et ne prenait plus qu’un repas par jour, afin de ne pas perdre de temps sur son entraînement. Ses cernes s’étaient assombris, traduisant un manque de sommeil certain, et sa peau, déjà pâle d’ordinaire, avait pris une teinte blafarde, se creusant par endroit, lui donnant un air presque squelettique.

Parallèlement, la jeune femme offrait avec joie ses services au Lord lorsque celui-ci avait besoin d’elle pour la réalisation d’une mission. Son implication au camp Clevergrace de l’été lui avaient d’ailleurs permis de mettre en pratique les sortilèges apprit au cours de l’année sur les impurs, qu’elle se faisait un plaisir de maltraiter. Cette haine continuelle transposée sur les traîtres à leur sang, l’avait mené à oublier sa famille. Néanmoins, la libération du camp par les aurors l’avait ramené à la réalité. Cela faisait des mois qu’elle ne s’intéressait plus à eux, ignorant leurs activités, mais son retour au manoir familial fut pour elle un véritable choc. La mort de Zhou avait rendu à Lee sa liberté perdue, ainsi que son autorité d’antan. Ainsi, elle avait profité de l’été pour se rendre en Chine, afin de reprendre contact avec d’anciennes amies, perdues de vue depuis une éternité. « Xia, tu vas être ravie : je t’ai trouvé un mari. » Avait-elle annoncé à sa fille, comme si rien au monde ne pouvait lui faire plus plaisir. Prise d’une crise de colère, la belle asiatique avait transplané au hasard dans un parc retiré, et s’était acharnée sur les pauvres passants, innocents.

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mariage et arrangements

L’annonce du mariage arrangé de Xia avait été comme un coup de poignard dans le cœur. Comment sa propre mère, qu’elle avait libéré de la menace de son ex-mari , avait-elle pu lui imposer une décision de la sorte ? La jeune chinoise s’était sentie trahie, d’autant que Yumi n’avait, elle, pas était promise à un étranger. Peut-être Lee avait-elle jugé que le mariage remettrait Xia sur le droit chemin, et lui redonnerait sa gaieté perdue. La mangemort trouvait cela tout à fait déplacé étant donné que le mariage de ses parents avait été un véritable massacre. Cependant, de cet arrangement était née une nouvelle idée dans l’esprit de Xia, qui avait décidé de tirer cette situation à son avantage.

Aussi, avait-elle acceptée de rencontrer son futur époux, un riche chinois de sang pur, dénommé Manchu Wang. Par chance, c’était un homme âgé d’à peine deux ans de plus qu’elle, elle n’aurait, par conséquent, pas à s’afficher avec un vieillard. Et, s’il s’était avéré que ce riche héritier prônait la paix dans le monde, ne partageant pas les idées pro-sang pur de sa promise, Xia devait s’avouer que cet homme était plutôt agréable à regarder. Elle doutait pouvoir s’entendre avec lui toute sa vie, sachant qu’il était lui aussi victime de cet arrangement et que ses fréquentations étaient, selon la mangemort, peu appréciables, mais ce constat ne fit que confirmer les projets de Xia.

Le mariage n’eut lieu que quelques semaines plus tard, en présence des frères et sœurs de Xia, de sa mère, ainsi que de la famille du marié. Une riche cérémonie fut organisée en Chine, mais fut cependant célébrée en comité intime. Le couple avait par la suite emménagé ensemble dans une grande demeure londonienne : bien entendu, en acceptant cette union arrangée, Xia avait déposé ses conditions, et revenir vivre en Angleterre était l’une d’entre elles ; il était impensable qu’elle laisse ses convictions et ses occupations de côté pour les beaux yeux d’un époux un peu trop tolérant avec les traîtres à leur sang. Une fois installée dans son nouveau manoir (avec une  garde robe contenant les plus belles et plus coûteuses pièces du moment, et l’elfe de maison qu’elle avait exigé) loin de la famille de son époux, la mangemort avait pu mettre son plan à exécution : aux yeux de ses proches elle était devenue la femme qu’ils avaient voulu faire d’elle, la parfaite épouse sans défaut, mais en réalité, son cher époux n’était plus qu’un simple pantin qu’elle manipulait à sa guise.

Ils vécurent ainsi durant un mois, Xia continuant d’exercer son emprise sur Manchu, et recevant sa famille à dîner. La jeune femme avait d’ailleurs repris un peu de poids, et ses cernes s’étaient peu à peu estompés. Cependant, la chinoise ne parvenait pas à ignorer la rancœur qu’elle éprouvait désormais pour sa mère. Sans compter que ses plus jeunes frères et sœurs ainsi que Yumi se mettaient à penser comme elle. Ils essayaient de mener la vie d’une famille ordinaire, d’une famille unie ; comme si tous les moments difficiles qu’ils avaient traversés ensemble n’avaient jamais existé. N’avaient-ils donc pas tiré une leçon de cette enfance terrifiante ?  

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