Lyleïa se regarda dans le miroir. Elle avait encore quelques cernes dues aux différents cauchemars qu'elle faisait la nuit mais elle avait déjà meilleure mine que deux mois auparavant. Elle n'avait d'ailleurs pas chômé depuis qu'elle était sorti de Sainte Mangouste. Elle avait eu besoin de garder l'esprit occupé sinon elle déprimait complètement et c'était hors de question. Les parents de Swann l'avaient hébergée pendant tout le temps dont elle avait eu besoin pour se remettre sur pied. Elle en avait profité pour s'inscrire à l'université, essayer de trouver un appartement à Londres - et là elle remerciait grandement l'héritage de sa mère ainsi que la maman de Swann et sa soeur pour leur précieuse aide - sans parler du fait de venir voir Swann chaque jour qui passe. Il avait été plongé dans le coma si longtemps qu'elle avait cru le perdre. Et elle avait cru mourir. Elle ne pouvait pas vivre sans lui. Il n'avait pas le droit de l'abandonner. Combien de larmes avait-elle versée, combien de suppliques avait-elle prononcé dans l'espoir qu'il lui revienne ? Elle même en avait perdu le compte depuis longtemps.

Ce matin là, elle traversa une nouvelle fois le Hall d'entrée de l'hôpital en saluant les infirmières et les médicomages qu'elle commençait à bien connaître. En entrant dans la chambre de son compagnon, la russe changea les fleurs dans le vase. C'était stupide mais ça lui permettait de tenir le choc. Elle ouvrit les rideaux sur la fenêtre qui ne montrait que la grisaille et la pluie mais elle s'en fichait. C'était une routine qui lui permettait de tenir. Elle s'approcha et caressa doucement la joue de son amour puis elle s'assit dans le fauteuil près de lui, et lui prit la main.

- Bonjour mon amour. Tu sais, j'ai pas mal avancé. Je nous ai trouvé un bel appartement dans Londres. Il va te plaire tu vas voir, il est grand et lumineux. J'ai aussi refais toute ma garde-robe. Ta soeur et moi on a passé toutes une journée dans les boutiques, ta maman nous a rejoint après. On s'est bien amusées. Elles sont géniales. Ton père était exaspéré.

Elle continua à lui parler. De leur appartement. Du fait qu'elle s'était inscrite à l'université. Elle parla du fait que Lily et James s'étaient mariés. Sirius lui avait raconté. Il lui avait montré une photo de lui en tenue de témoin. Elle lui raconta qu'elle s'était moquée de lui même si c'était gentiment. Elle lui parla aussi de ses cauchemars. Puis elle déposa un baiser sur ses lèvres.

- J't'en prie Swann reviens. Reviens moi. Ne m'abandonne pas. Je ne peux pas vivre sans toi, murmura t-elle.

Elle resta là, longtemps à le contempler, puis elle fini par s'endormir près de lui comme chaque fois, sa main serrée dans la sienne, recroquevillée sur le fauteuil, priant pour que son petit ami revienne enfin à lui. Qu'il lui revienne enfin.
 

Lyleïa rêvait. Elle se était de nouveau enfant. Et sa mère était toujours là. Elle revit son sourire lumineux et entendit de nouveau son rire cristallin. Et son père rentrait du travail en souriant, heureux de retrouver femme et enfant. Elle avait un petit frère. Ou une petite soeur. Qu'importe elle les auraient chéris et l'un et l'autre si ça avait été le cas. Elle les auraient couvés et surprotégés. Ils étaient une famille heureuse que ce soit sous la neige de Russie ou sous la pluie de l'Angleterre. Elle aurait grandit comme une fille normale, se serait épanouie telle une fleur sans avoir recourt a cette carapace de glace et de mépris qu'elle s'était forgée avec les années essentiellement pour se protéger. Et son père ne serait pas un assassin, un bourreau. Il aurait simplement été son père, son papa, son héros. Il aurait inventé des histoires de princesses et de dragons, de sorcières et d'enchanteurs pour elle. Et sa maman lui aurait apprit à cuisiner, elle lui aurait chanté des berceuses qui auraient enchantées ses rêves et son enfance. Et elle aurait eu un petit frère a qui elle aurait apprit à lire ou une petite soeur avec qui jouer et partager tous ses secrets.

Mais non. Elle n'avait rien eu de tout cela. Tout ce qu'elle avait eu c'est une maman assassinée devant ses yeux, un père adepte de la magie noire et d'un Lord cruel et sanguinaire, et une famille de coeur qui lui avait tourné le dos au moindre de ses faux pas ou doutes. Et pourtant elle avait bien grandit la petite fille apeurée qu'elle avait été, elle avait bien changée la Reine des Glaces qu'elle était devenue. Aujourd'hui, elle savait. Elle savait dans quel camp elle allait se battre et pourquoi. Pour qui. Et l'un de ces qui se trouvait dans le coma depuis deux longs mois. Ils l'avaient détruits, ils l'avaient brisés. Et c'était en grande partie sa faute. Apparemment, la malédiction de sa famille c'est que chaque femme tombant amoureuse se voit souffrir atrocement de quelques manières que ce soit.

Finalement, Lyleïa se réveilla, plus fatiguée qu'elle ne l'était en s'endormant. Elle n'y arrivait pas. Depuis combien de temps n'avait-elle pas pu dormir en paix ? Un tressaillement dans sa main attira son regard. Les doigts de Swann bougeaient. Sur le coup elle ne comprit pas et se passa une main sur le visage comme si c'était normal. Puis elle se figea brusquement en plein bâillement et regarda son petit ami. Ses yeux étaient ouverts. Enfin autant qu'ils pouvaient l'être. Un espoir fou envahit son coeur, embrasant ses yeux mordoré et elle se redressa, manquant de se casser la figure du fauteuil pour se rapprocher du lit.

- Swann ! Swann mon amour c'est bien toi ? Tu es bien réveillé ?! supplia t-elle.

Un clignement de paupière lui répondit. Les larmes affluèrent aux yeux de la belle blonde et roulèrent sur ses joues alors qu'elle l'embrassait avec tendresse pour ne pas lui faire mal.

- Oh mon amour ! Comme j'ai eu peur ! Elle riait et pleurait à la fois. Bienvenue chez toi mon coeur. Puis elle se redressa. Je vais chercher l'infirmière attends !

En même temps il n'allait pas bouger mais elle ne pensait plus rationnellement. Il s'était réveillé ! Swann s'était réveillé ! Et dans le couloir elle ne put s'empêcher de hurler pour qu'ils viennent tous. Elle rentra dans la chambre et reprit la main de son petit ami.

- Ca va aller mon amour. Je suis là. On est tous là. On va s'occuper de toi. Ne pars pas. Ne pas plus, murmura t-elle.
 

Il était là. Il était revenu. Il était enfin revenu. Après deux longs mois d'attente et une angoisse permanente face au diagnostic pas très engageant des médicomages, il était enfin revenu. Il lui était revenu. Elle n'arrivait même pas à le croire si bien que l'information mit de longues secondes jusqu'à arriver à son cerveau connectant les neurones qui n'étaient pas grillés par la fatigue entre eux. Et soudain, cette dernière s'envola comme par magie. Elle courut prévenir les médicomages et l'un d'eux arriva en courant pour vérifier tout. On demanda à la jeune femme de rester en dehors de la chambre. Elle râla mais fit ce qu'on lui dit et en profita pour envoyer un patronus à la famille de son petit ami. Son aigle royal apparu et se posa sur son épaule, lumineux, sévère, magnifique.

- Va leur dire. Va leur dire qu'il est de retour.

Les patronus parlant étaient durs à accomplir mais Lyleïa y parvenait à peu près. Elle espérait au moins que les Jones comprendraient mais rien qu'en voyant son patronus, elle était d'avis qu'ils débarqueraient tous dans les minutes qui suivraient. En attendant, elle fut autorisée à réintégrer la chambre de son compagnon.

- Il est réveillé, mais il encore impossible de dire qu'il ne gardera pas séquelles. Physiquement il s'en remettra, mais mentalement rien n'est certain compte tenu de ce qu'il à vécu, lui dit le médicomage.

La gorge de la russe se serra et elle perdit le sourire qui l'avait gagné. Mais une nouvelle lueur alluma son regard mordoré. Une lueur déterminée et confiante.

- Il s'en sortira. Il a vaincu la mort deux fois. Il est très fort. Il n'abandonnera pas sa famille derrière lui. Ni même ses amis. Il se battra jusqu'au bout, fit-elle d'une voix qu'elle voulait sûre.
- J'espère que vous avez raison, murmura le médicomage en la laissant avec Swann après avoir dit qu'il reviendrait faire un bilan dans une heure.

Maintenant qu'ils étaient seuls, Lyleïa restait figée sans parvenir à bouger. Ce que lui avait dit le médicomage lui avait glacée le sang. Ainsi donc elle pouvait toujours le perdre alors qu'il avait pourtant survécu à tout ça. Son regard se posa sur son petit ami qui tentait de se redresser. Elle s'approcha de lui et posa une main douce mais ferme sur son torse.

- Ne bouge pas. J'ai déjà failli te perdre deux fois Swann, ne compte pas sur moi pour tenter ma chance une troisième fois. Tout va bien, ordonna t-elle d'une voix infiniment douce qui ne parvenait pas à dissimuler son angoisse.

Une larme roula sur sa joue et elle fini par venir s'allonger sur le lit, tout contre le jeune homme, sa tête sur sa poitrine, son bras entourant son corps frêle. Il était si maigre, il avait tout perdu. Elle pouvait encore le perdre.

- J'ai prévenu ta soeur et tes parents, ils ne devraient pas tarder. En attendant reste tranquille tu reviens de si loin je ne veux pas que tu y repartes de suite. Sa voix se brisa. J'ai eu si peur Swann. Je ne peux pas vivre sans toi. Ne m'abandonne pas, murmura t-elle d'une voix blanche. Elle se redressa sur un coude et le regarda. Dis moi juste que tu vas te battre, qu'on va s'en sortir. Elle secoua la tête. Non ne parle pas. Embrasse moi. Embrasse moi juste. J'ai eu si peur. J'ai si peur, murmura t-elle dans un souffle.

Elle se pencha vers lui et frôla ses lèvres des siennes. Il fallait qu'il se batte. Il fallait qu'il reste avec elle. Elle n'y survivrait pas sinon. Elle était restée forte si longtemps. Aujourd'hui, elle n'avait plus rien. Il était sa force, son souffle de vie. Sans lui, elle ne survivrait pas.
 

Elle l'angoissait elle le sentait bien mais elle ne savait pas comment faire pour pouvoir se calmer elle même. Les médicomages l'angoissaient. L'état de son compagnon l'angoissait. Et elle s'était montré tellement forte jusqu'à présente, elle ne savait pas si il lui restait des réserves. L'ex Serdaigle tenta d'articuler quelque chose et elle du se pencher pour l'entendre. Quand elle eu comprit, elle se redressa surprise mais il était sérieux. Il semblait ne se souvenir de rien. Elle se souvint que les médicomages avaient dit qu'il était possible que Swann fasse un blocage. C'est ce que faisait le cerveau humain après un gros choc. Pour se protéger. La jeune femme se redressa et ses yeux s'assombrirent. Elle ne savait pas si elle devait le lui dire ou pas mais elle senti la pression des doigts de Swann sur les siens. Elle plongea son regard dans le sien et comprit. Là était son choix. Si elle se taisait, elle l'abandonnait, elle montrait qu'elle ne le soutenait pas. Si elle lui disait tout, les médicomages l'engueulerait peut-être mais Swann saurait qu'il pourrait à jamais compter sur elle pour toujours lui dire la vérité aussi crue soit-elle. Alors elle prit une grande inspiration.

- Quand on est rentré, le train a été détourné par les Mangemorts. Ils ont utilisés une nouvelle loi pour se cacher derrière le ministère. On a pas immédiatement compris. Toi bien sûr, tu as commencé par te rebeller, comme d'habitude, fit-elle avec un doux sourire. Elle parlait lentement, pour qu'il puisse bien comprendre ce qu'elle disait. Mais on t'a empêché de trop te faire entendre en te lançant un Imperium. Là non plus on a pas comprit de suite. Ils nous ont séquestrés tout l'été. Ils ont séparés les sang-pur et les sang-mêlés et les nés-moldus. Vous avez été maltraités. Pas de nourriture, des corvées, des punitions et des doloris à répétition c'était affreux. Certains sang-pur comme moi ont commencés à se rebeller. On a tenté de vous aider. On se retrouvaient toi et moi en secret. Elle caressa tendrement sa joue. Je ne pouvais pas vous laissez comme ça. On a fini par se faire attraper. Je sais pas ce qui s'est passé pour toi chéri, je sais juste qu'on t'a retrouvé presque mort dans un des isoloirs. Moi aussi j'ai pris cher mais moins que toi. Lysandre m'a retrouvé avant, il m'a un peu soigné. Les Aurors et l'Ordre nous ont retrouvés et sortis de là. On t'a transporté en urgences à Sainte Mangouste.

Elle se tut la gorge serré. Il y avait des fantômes dans son regard. Elle avait sciemment dissimuler le fait que son père avait fait parti de leurs bourreaux. Elle ne savait pas comment gérer cette information déjà personnellement alors le dire à son compagnon ... elle le ferait peut-être plus tard. En attendant, elle prit la main de son compagnon et y déposa un baiser dans la paume avant de la poser sur sa joue en fermant les yeux, profitant de sa présence.

- Tu m'a tant manqué ...