Debout depuis l’aube, King avait du arriver au Ministère plus tôt que d’habitude, la faute à Maugrey qui l’avait (encore) convoqué pour un tête à tête qui promettait d’être tout sauf agréable, surtout d’aussi bon matin. Le jeune auror avait encaissé le remontage de bretelle sans réagir, encore somnolant, puis avait accepté sans broncher la corvée de paperasse qu’il lui imposait. Kingsley ne se souvenait même plus pourquoi Alastor lui en voulait. Il n’était pas impossible que ça ait un lien avec son retard d’une heure pour prendre sa relève pour une mission d’escorte d’un membre du Magenmagot, il y a deux jours… King était en route pour aller se chercher un café bien mérité lorsqu’il tomba sur un Franck sans tous ses états. « Bonjour quand même vieux », lança-t-il en attrapant le journal que son ami lui brandissait sous le nez. Il n’avait pas eu le temps de lire la Gazette ce matin, et découvrit l’article en fronçant les sourcils.  

- C’est un peu gros quand même non ? C’est bizarre que ce genre d’info sorte comme ça sans qu’on n’en ait jamais entendu parler… Tu crois que nos supérieurs sont au courant ? Je sais bien qu’on n’est pas les premiers informés au Bureau mais quand même… King avait quand même un mauvais pressentiment sur cette histoire.

Franck avait l'air persuadé que cet article était à prendre au sérieux. A vrai dire, King n'était pas loin d'être de son avis, mais quelque chose le chiffonnait quand même... Il regarda de plus près le nom du journaliste qui avait signer l'article. Ce n'était pas une grande plume habituelle de la Gazette, ni un de ses chasseurs de scoop bien connus des services. "Si cette affaire est vérifiée, le bureau des aurors risque d'en prendre pour son grade !" dit son ami en lui reprenant le journal des mains. Toujours perplexe et en pleine réflexion, King hocha la tête.

- Si cette affaire est vrai, on aura d'autres chats à fouetter que de se soucier de la réputation du Bureau...

Ils rejoignirent leurs bureaux voisins et continuèrent à cogiter chacun de leur côté. Le Département n'était pas encore pleins, et on ne sentait pas encore d'agitation particulière. Pourtant on pouvait être sûr que cet article allait provoquer une réunion de crise dans les heures qui allaient suivre. Ou alors, personne ne prendrait au sérieux cet article... King faisait tournoyer sa plume entre ses doigts lorsque Frank brisa le silence. "Quelque chose me dérange là-dedans. T'es censé bosser sur quoi aujourd'hui ?" Ils échangèrent un regard, et King pivota sur sa chaise pour attraper sa veste.

- Je suis censé travailler sur une affaire délicate et je vais avoir besoin de toi. Il jeta un furtif coup d'oeil autour de lui pour vérifier que Maugrey n'était pas dans le coin. Viens, on y va.

Une fois sortis du Ministère, King ressorti l'article de la Gazette qu'il avait fourré dans sa poche et désigna le nom de l'auteur de l'article, Astrid Douglas.

- On pourrait commencer par là... Je sais bien que les journalistes ne sont pas censé révéler leurs sources mais avec un peu de tact... Peut-être vaut mieux qu'on ne fasse pas ça au nom du Bureau des Aurors par contre...

"Passons chez moi pour nous changer dans ce cas." Kingsley hocha la tête et suivit Frank jusqu'à son appartement où il trouverait bien quelques affaires à piquer à son ami. "Tu es vraiment convaincu que l'auteure de l'article se nomme Astrid Douglas ?" King fronça les sourcils, en essayant de suivre les hypothèses de Frank. Effectivement, il n'avait lui-même pas reconnu ce nom comme celui d'une journaliste habituelle des unes de la Gazette, mais n'avait pas cherché plus loin...

- Tu penses que c'est un pseudo ? lanca-t-il en fouillant dans les affaires de Frank pour trouver quelque chose à peu près à sa taille. T'as sûrement raison, publier sous son vrai nom ce genre d'info, c'est plutôt risqué... Mais ça peut aussi être un coup monté de la part que quelqu'un voulant déstabiliser le Ministère en créant une fausse menace. Jenkins ne manque pas d'opposants...

Il fallait qu'ils gardent ouvertes toutes les hypothèses, tant qu'ils n'avaient pas plus d'éléments. Finalement vêtu d'une chemise, certainement un peu trop grande pour Frank, et d'un pantalon qu'il fourra dans ses bottes pour dissimulé qu'il était un peu trop court, il était prêt à rejoindre son coéquipier, lui aussi en civil. "Tu sais, je suis persuadé que cette femme existe bel et bien. Et je suis sûr qu'elle est liée à cette histoire, mais ce n'est pas elle la plume de l'article." King avait prit l'habitude de suivre les intuition de son ami, qui se révélaient souvent justes.

- Ce qui veut dire que l'on a deux pistes à suivre... Celle du véritable auteur de l'article, qui doit bien tenir ses infos de quelque part, et celle de cette Astrid... On peut toujours se pointer à la rédaction de la Gazette pour commencer.

Une fois devant les bureaux du journal, ils se concertèrent pour savoir comment recueillir des infos sans éveiller de soupçons. King attrapa un parchemin dans sa poche, le roula et l'attacha d'un petit ruban et proposa son plan à Frank. L'un d'eux se pointerait à l'accueil en annonçant avoir des documents à livrer à Astrid Douglas, le deuxième fait le guet à l'extérieur pour vérifier les allés et venus du reste de la rédaction et les comportements suspects. Une fois mis d'accord, King entra donc seul dans le bureau et s'accouda nonchalamment au comptoir de la jeune secrétaire chargée de l'accueil.

- Bonjour Miss, il arbora un sourire charmeur, j'ai des documents à apporter à une certaine Astrid Douglas. On m'a dit de la trouver ici, vous pourriez m'indiquer son bureau ?

1, 2 : Alors que la secrétaire commence à bafouiller, un imposant barbu surgit. "Miss Douglas n'est pas là, veuillez fichez le camp, tout de suite".

3, 4 : La secrétaire rougit, et consulte son registre. "Je ne connais pas de Miss Douglas, mais je peux appeler quelqu'un pour vous renseigner... Monsieur ?..."

5, 6 : La secrétaire papillonna des paupières "Je... croyais que... elle baissa la voix. Je croyais que les documents pour Miss Douglas devaient parvenir directement à Agrippa..."

Le membre 'Kingsley Shacklebolt' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'le dé ' : 1

King était allait rebrousser chemin pour trouver un plan B avec son collègue lorsque que ce dernier déboula en piquant un magnifique scandale. Ces talents d'acteurs étaient bluffant et bientôt la foule présente prit son partie, obligeant le barbu à calmer le jeu en les emmenant dans son bureau. La suite de la conversion récompensèrent grandement les deux acolytes. Quelqu'un c'était donc introduit à la rédaction et ont fait imprimer le fameux article à leur insu... Curieuse histoire... King ne se préoccupa pas trop que le journaliste semble penser qu'il avait attrapé les responsable, et ce contenta de rétorquer :

- Voyons, pourquoi serait-on revenu en plein jour de manière aussi peu discrète si c'était nous les coupables de cette intrusion ?

- Hum... C'est pas faux.... reconnut-il, bougon.

- Vous devriez contacter le bureau des aurors ainsi que la police magique, suggéra Frank. Kingsley lui jeta un coup d'oeil, avec un subtil froncement de sourcil. Il voulait continuer l'investigation officieuse. Il était sûr qu'ils pourraient trouver autre chose en creusant un peu.

- Oui, je... Attendez... Ça y est ça me revient, je savais bien que vos têtes me disait quelque chose, vous étiez à la conférence de presse au Ministère le mois dernier ! Qu'est-ce que...

Kingsley l'interrompit le moustachu d'un "Bon !" bruyant. "Merci beaucoup pour votre chaleureux acceuil, on ne va pas vous embêter plus longtemps." Il se dirigea vers la porte, laissant le journaliste perplexe, puis s'arrêta juste avant de refermer la porte du bureau derrière lui. "Au fait, vous ne connaissez donc personne du nom de d'Astrid Douglas ?". "Non, c'est sûrement un pseudonyme. Personne ne publierait un tel article sous son vrai nom."

Une fois qu'ils se furent échappé en vitesse de la rédaction avant de s'attirer de nouveaux ennuies, les deux compères débriefèrent les informations récoltés.

- Ok, la Gazette n'est pas à l'origine de cet article. Toujours aucune info sur cette Astrid Douglas... Ce nom me dit vaguement quelques chose quand même. Tu avais sûrement raison en disant qu'il n'a pas été choisi au hasard, même si c'est par le nom de l'auteur... Si on parle de tout ça au bureau, je suis sûr qu'ils ne vont pas nous mettre sur l'affaire. Déjà qu'on sera obligé de dire qu'on a commencé à enquêter sans permission...  

Malgré le fait que Frank rappelle les risques qu'ils encourent à continuer à mener l'enquête de leur côté, les deux compères ne lâchent pas l'affaire, et King écouta l'intuition de son ami. « Je repense à cette Astrid… J’ai comme l’impression que son nom a déjà été évoqué lors d’une ancienne enquête. Peut-être lorsqu’on était encore étudiants… Ça te dit quelque chose ? » Cherchant à son tour dans ses souvenirs, King se souvenait effectivement d'un lointain échos, sans qu'il lui soit possible de mettre le doigt sur le contexte extact dans lequel ils avaient entendu ce nom. Approuvant l'idée de Frank de se plonger dans les archives, Kingsley le suivit au rayon des D. C'était le travail le plus fastidieux des aurors d'enquêter sur de vieilles affaires, mais ils avaient appris à quel point c'était une mine d'information incontournable. Et encore une fois, cela se vérifia alors qu'ils ouvrirent le dossier Douglas. L'affaire de l'assassinat de cette journaliste lui revint soudain à l'esprit, de manière si claire qu'il se maudit de ne pas s'en être souvenu plus tôt. Il tiqua sur le nom de Blackstone, et était plongé dans ses pensées lorsque Frank proposa de se rendre visite aux Douglas. "Allons-y", approuva-t-il en désignant un élément du dossier, l'adresse où elle résidait est indiquée là.

Une fois sur place, devant le portail du petit pavillon, les deux accolytes purent vérifier sur la boite aux lettres que le nom Douglas apparaissait toujours. Ils toquèrent, et une femme à la quarantaine bien tassée vint leur ouvrir. Elle avait des traits sévères et un regard dur.

- Bonjour Madame, nous cherchons des informations sur une certaine Astrid Douglas, qui habitait ici il y a quelques années...

- Je suis sa fille, anonca-t-elle d'un ton brusque. Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous voulez ?

King jeta un coup d'oeil à son ami. Est-ce qu'ils devaient continuer à mentir sur leur identité et leur statut d'auror ? La famille Douglas avait, de toute évidence, un passif plutôt houleux avec le Ministère, mieux valait y aller avec des pincettes.

- Avez-vous lu la Gazette de ce matin, Madame ? elle se crispa, indiquant que oui. Nous aimerions éclaircir cette affaire. Je pense qu'il vaut mieux qu'on en discute à l'intérieur, si vous permettez...

Elle hésita quelques seconde, "Vous êtes du Ministère ?" Kingsley approuva tout en lui assurant qu'ils ne voulaient lui attirer aucun ennuie, qu'elle n'avait aucune obligation à les laisser entrer et qu'ils pouvaient très bien la laisser tranquille. Apparemment rassuré par leur attitude polie et non brutale, elle finit par s'écarter pour laisser les deux hommes entrer. Ils pénétrèrent dans une maison propre, ni tout à fait rangée, ni tout à faire en désordre, où trois chats se prélassaient sur les différents fauteuils et coussins. "Vous vivez seule ?" interrogea Kingsley.

- Oui, depuis la mort de mon père l'année dernière. Mon frère et ma soeur ont chacun leur vie et leur famille. Moi je préfère rester ici. Elle s'interrompit en voyant les deux hommes loucher vers le numéro du jour de la Gazette ouvert sur le fameux article. Ce n'est pas moi qui est écrit cet article, si c'est ça votre question. Mais je suis sûre que ce qui est dit est vrai. Celui ou celle qui a utilisé le nom de ma mère ne l'aurait fait que pour une bonne raison.

Cette femme en savait plus, c'était évidant. Mais elle était encore sur la défensive. King laissa Frank prendre le relais de l'interrogatoire pendant qu'il cherchait discrètement du regard des indices dans le salon où ils étaient installés.

Lorsque Frank attira l'attention l'attention de Miss Douglas sur la baguette exposée sur une étagère, King comprit que son ami commençait à avoir une idée en tête. En lui jetant un coup d'oeil, il le vit faire un discret signe de tête vers la bibliothèque. L'auror s'y pencha et remarqua lui aussi le sujet de toute un rayonnage... Une cracmole ! Frank eut la confirmation de son hypothèse lorsque leur hôte mis en marche une machine tout ce qu'il y a de plus moldue. Il prit toutes les précautions du monde pour faire part à Miss Douglas de ses conclusion, mais cette dernière craqua, et finit par fondre en larme entre les deux jeunes hommes qui échangèrent un regard désolé. Kingsley s'approcha de la femme et lui posa une main secourable sur l'épaule.

- Tout va bien, Miss. Nous pouvons vous aider, et nous le ferons c'est promis. Mais il faut nous dire ce que vous savez...

Il lui tendit un mouchoir et attendit patiemment qu'elle reprenne un peu de contenance pour réussir à parler.

- C'est... C'est Victor, mon neveu... Il... Elle s'interrompit pour prendre une profonde inspiration et boire au verre que Frank lui avait apporté. Elle reprit, plus calmement, les yeux rouges et les traits creusés par l'inquiétude. C'est un garçon très engagé pour les droits des... gens comme moi. Il venait souvent me voir, il aimait beaucoup sa grand-mère, et il savait que c'était moi qui était la plus proche d'elle, il voulait tout savoir, et moi j'ai... Oh mon dieu c'est ma faute, je l'ai encouragé... dit-elle en secouant la tête.

- C'est lui qui a écrit cet article ? demanda Kingsley.

- Je... Je suppose. Il m'avait dit qu'il avait appris quelque chose, qu'il voulait reprendre le flambeau de sa grand-mère. Je lui ai dit qu'elle serait fière mais... Quand j'ai vu l'article ce matin, j'ai eu peur ! Je ne vois pas qui d'autre que Victor aurait utilisé le nom d'Astrid Douglas, mais si ce qu'il a écrit est vrai...

- Vous savez où est Victor ?

Elle éclata à nouveau en sanglot en secouant la tête. "Ça fait des heures que j'essaye de le contacter ! Personne ne l'a vu depuis hier ! Tout est de ma faute !" Les deux aurors tentèrent tant bien que mal de réconforter Miss Douglas. Mais King jeta un regard éloquent à son collègue. Cette fois-ci, ils allaient devoir mettre le reste du Bureau sur le coup. Il fallait retrouver ce Victor Douglas en espérant qu'il ne lui soit rien arrivé, qu'il était juste caché quelque part. Mais si les cibles de son article finissaient par remonter jusqu'à lui, il était en danger, et le temps pressait.  

Les deux aurors se firent prendre au piège dans le salon de la cracmol. Heureusement, Frank et Kingsley avaient de parfaits réflexes, mais surtout une coordination qui leur permirent de protéger Miss Douglas, qui était sans défense. King avait d'ailleurs attrapé le bras de cette dernière, paniquée, et ne la lâcha pas de tout le combat, qui ne dura que quelques secondes mais fut d'une violente intensité. Il se concentra principalement sur des Charme du Bouclier et des esquives de justesse, ne lui permettant pas de riposter sans risquer de s'exposer lui ou sa protégée. Finalement, Frank les rejoignit, et en un transplanage d'escorte d'urgence, ils se retrouvèrent au Bureau des Aurors, essouflés et partièlement esquintés. King aida Miss Douglas à se relever, pendant qu’Aaron leur criait dessus. Il tâta son front poisseux, un sortilège lui avait frôlé le crâne, le gratifiant d'une vilaine coupure sanglante. Il attrapa le mouchoir que lui tendait Alice, qui s'occupait de calmer Miss Douglas, et s'essuya le visage tout en suivant Aaron et Frank dans le bureau de leur supérieur. Ils résumèrent la situation et face à la mine furieuse d'Aaron, Frank prit les devant avec aplomb, semblant ne pas lui laisser d'autre choix que de les laisser sur l'affaire. " Et l'attaque de l'on vient d'essuyer montre bien qu'on n'a pas le temps de discuter !" renchérit King, la mine décidée.

Quelques minutes plus tard, King écoutait le récapitulatif de son ami, tamponnant sa coupure avec la solution de dictame. Sauver Victor, oui mais comment... Quant à la baguette, c'était une piste, mais le temps qu'ils la remontent, il ne donnait pas cher de la peau du petit-fils d'Astrid. Aller directement chez ce dernier, ce serait aussi sûrement l'idée des hommes masqués qui leur était tombé dessus, puisqu'il y avait de fortes chances qu’ils soient arrivés aux mêmes conclusions qu'eux concernant l'auteur de cet article. King laissa le silence s'installer, alors que Frank attendait son avis. Il réfléchit quelques secondeq et soupira en jetant d'un geste rageur le mouchoir taché qu'il avait appliqué sur son front.

- Il s'est mis dans de beaux draps ce Victor ! Bon sang, si il croyait vraiment à ce qu'il écrivait, il aurait dû savoir le risque qu'il prenait et surtout qu'il faisait courir à sa famille et il la laisse sans protection ! Sa tante aurait été tuée si on n'avait pas été là ! Une fois sa frustration calmée, il posa ses idées. Bon, si on part du principe que Victor se cache, c’est dans une course qu’on est lancée… Il faut qu’on le retrouve avant ces gens masqués. Identifier à qui appartient cette baguette, je sais pas si ça va nous permettre de les prendre de vitesse… La priorité c’est de…

Il fut interrompu par un grand cri venait du couloir. Attrapant leur baguette, ils bondirent de leur bureau, quelques collègues les ayant déjà devancés. Lorsqu’ils se retrouvèrent à la source du cri, ils baissèrent leur baguette, et Alastor leur jeta un regard particulièrement agacé avant de retourner à son bureau. Miss Douglas, secouée de sanglots, enlaçait un jeune homme aux cheveux couleur paille, tapotant distraitement l’épaule de la Cracmol. King s’approcha, et le jeune homme réussit à se libérer de l’étreinte de sa tante. « Je suis Victor Douglas, je viens me rendre au Département de la Justice Magique, j’ai écrit un faux article dans la Gazette de ce matin ». Il avait dit ça d’une voix neutre, le regard étrangement vide. Kingsley échangea un regard avec Frank, à la fois déconcerté et désemparé. Le jeune homme se laissa emmener sans résister dans une des salles d’interrogatoire. Évidemment, c’était une bonne nouvelle que Victor soit sain et sauf, mais King n’était pas dupe. Son air absent et son regard vide était un signe clair d’Imperium. Les deux compères réussirent à convaincre Aaron de les laisser mener l’interrogatoire, puisqu’ils étaient ceux qui maitrisaient le mieux l’affaire. Avant de rejoindre le jeune Douglas dans la petite salle, King prit Frank à part et lui glissa discrètement quelques mots : « Quelqu’un le manipule, c’est certain. Vu ce qui est arrivé à sa grand-mère il ne serait jamais venu de lui-même au Ministère. »

Ils s’installèrent dans la salle d’interrogatoire, King s’asseyant face au jeune homme. Ce dernier avait un physique banal, des traits tirés par la fatigue, mais surtout des yeux sans expression qui semblait regarder sans voir.
- Mr. Douglas, vous affirmez donc être l’auteur de l’article parut ce matin, concertant un certain mage noir ?
- Oui. Mais ce que j’y ai écrit est faux.
- Comment ça ? Pourquoi avoir écrit ça si c’était faux ? Victor Douglas resta silencieux. Comment avez-vous fait pour faire publier cet article ?
- Je me suis introduit dans la rédaction de la Gazette cette nuit et j’ai réussi à insérer mon faux article au moment où l’impression était lancée.
- Vous avez reçu de l’aide ?
- Je… Il sembla hésiter. Non, j’ai agi seul.  
- Vous avez signé du nom de votre grand-mère Astrid, pourquoi ?
- Parce que c’est le genre de chose qu’elle aurait pu écrire. Elle n’avait pas toujours toute sa tête.
- Et vous, avez-vous toute votre tête ?
Le jeune homme les dévisagea. Pendant un bref instant, il sembla perdu, affolé, puis il reprit son air absent et lâcha de sa voix neutre « Je ne sais pas ».