Dragées:

C’était magique ! Réellement magique ! Bien plus que de faire léviter une plume à l’aide d’un coup de poignet fluide et d’une formule bien prononcée ou même d’approcher une licorne. Et pour cause, c’était la réunion des deux ! Plus doux qu’une licorne mais tout aussi majestueux, aussi leste dans l’air d’un oiseau mais bien plus impressionnant, le renne semblait roi de l’éther. Et cette expérience était renforcée par la puissante de toutes les sorcelleries : la Magie de Noël. Une chose était sûre, si le Seigneur des Ténèbres voulait asservir le monde magique, il aurait bien du mal à extirper celle de Noël du cœur de tous et notamment des enfants.
- Youhou ! m’écriais-je alors qu’Orphéus s’approchait inexorablement des plus hautes tours du château. J’étais comme un gosse, assis sur le renne, à ne pas savoir quoi faire : Profiter de l’air hivernal et de ce cadre parfait en étendant les bras comme si je voulais faire mien cet élément ou bien m’approcher encore plus de l’encolure du renne pour profiter un maximum de sa douceur et de sa présence apaisante et grisante à la fois. Je ne pus pas me poser plus longtemps la question. Bientôt j’entendis une série de claquements étranges. Intrigué, je tournais légèrement la tête vers la gauche pour découvrir une cigogne perchée sur le faîte d’un chien-assis. Dans une position caractéristique, la tête en arrière, elle faisait rudement claquer son bec comme un avertissement. Elle semblait vouloir protéger son nid. Mais ce n’était pourtant pas la saison des amours ! Orphéus ne semblait pas l’avoir entendu car il se dirigeait droit dessus. Malheur !
- Attention, mon grand ! Mais le renne ne semblait pas vouloir m’écouter. Avait-il l’intention de jouter avec la cigogne, bois contre bec ? Cette dernière battait fortement des ailes pour nous impressionner et n’allait pas tarder à s’envoler. Que devais-je faire ? Agripper les poils du renne et tirer de toutes mes forces pour le forcer à changer de direction ou bien lui faire confiance et le laisser continuer ? Nul doute que si je lui tirais les poils, il n’allait guère apprécier ! Mais la cigogne avait maintenant pris son envol et, bec en avant comme l’éperon d’un bateau, nous chargeait. Haaaaa ! Pris de panique, je m’agrippais à l’encolure d’Orphéus et tirais de toutes mes forces. Toutefois, si le renne s’ébroua il semblait s’obstiner à vouloir continuer sa route. Pire même ! Il baissa la tête comme s’il voulait charger.
- Oh non, fais pas ça mon gros ! dis-je en perdant toute contenance. Je me voyais déjà être secoué par l’impact et perdre pied, chutant mortellement. "A la mémoire d’Arthur McLane, retrouvé écrasé sur le parvis du château." Réjouissant non ? Mais au dernier moment, Orphéus plongea, me provoquant un haut-le-cœur mais nous mettant hors d’atteinte de la cigogne rageuse. Lorsque le renne reprit une trajectoire horizontale et normale, je soupirais, mon cœur battant la chamade comme jamais. C’était pas passé loin. Je ne me gênais pas pour faire savoir mon mécontentement au renne qui s’ébroua de plaisir semblait-il. Quelques minutes plus tard, nous retrouverions les dalles sûres de la tour sud et il me laissa descendre de son dos gentiment. Voulant profiter encore un peu, je me plantais devant lui et en le regardant droit dans les yeux, je lui fis : T’es un farceur toi ! puis lui flattait l’encolure en souriant. Il n’y aurait pas eu d’atelier de Noël plus cool !

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