Ouais, je n'étais définitivement pas la personne la plus raisonnable qui soit. Embrasser ainsi un garçon qui m'est quasi inconnu en remerciement, c'est vraiment faire très fort. Mais j'aime ma liberté et ce qu'elle représente : c'est à dire un total contrôle de mes gestes. Agir selon mes envies, aborder qui je veux,  jouer avec qui je veux sans être sérieuse et n'avoir aucun compte à rendre... C'est ça que j'aime. C'est ce que je fais ici, je profite, je joue à ma façon même si là, je suis assez bas dans la pyramide de ce que je peux faire. Pourtant, je ne suis pas du genre à aller embrasser tous les garçons qui passent par là. «Non je suis juste nulle en math» . Je lui adresse un sourire. J'ai horreur de cette matière, ça a toujours été ainsi, comme tout ce qui s'en rapprochait d'ailleurs. Je suis une fille de terrain, pas une personne faite pour rester assises avec des papiers en guise de compagnie durant des heures.  La situation est,je m'en rends compte, assez particulière et pourtant, c'est le genre de choses que j'adore, je ne sais pas pourquoi. C'est ainsi. Je prends un malin plaisir à nous voir comprendre sans comprendre, et c'est encore, d'une certaine manière, une façon comme une autre d'apprendre à connaître quelqu'un.
Mon interlocuteur est bien ancré dans ce jeu malgré son l'impression qu'il renvoie par moments. Du bouts des doigts, je lui caresse délicatement la nuque et l'arrière de la tête, tout en le fixant alors que je sens la peau de sa main effleurer celle de sa hanche. Bien que ce ne soit plus tant «effleurer» maintenant. Mais je ne ressentais aucune mauvaise intention dans ce geste, alors je le laisse simplement faire pour le moment. «Si ça pouvait seulement être comme ça !» dis-je en roulant des yeux , un sourire joueur sur les lèvres. Je me permets alors de l'embrasser une nouvelle fois, un petit baiser classique, avant de briser à mon tour le contacte de nos lèvres tout en restant proche. «Sans sentiments» ajoutais-je alors en l'embrassant passionnément.

« Non je suis juste nulle en math. »
« Nous sommes trois. »
Cette blague était pourrie. J'en ai presque honte. Non, ce n'est pas vrai. Je n'ai même pas honte. C'est vrai que j'ai toujours eu du mal avec les mathématiques (tout comme les lettres d'ailleurs). Je n'ai jamais réussi à apprendre mes tables de sept et de huit. On ne se demande pas pourquoi je n'ai pas choisi arithmancie en option. De toute façon mon père aurait jamais voulu que je prenne ça et m'aurait même dit un truc du style: "Toi ? Arithmancie ? Tu déconnes mon p'tit ! Tu sais même pas poser une multiplication." Mon père a une grande estime de moi-même. Tellement qu'il me juge incapable d'étudier des sciences telles que l'astronomie. De toute façon je m'en fiche à la rentrée je prends Astronomie et divination. Il n'est pas content, je m'en astique la baguette.
« Si ça pouvait seulement être comme ça ! » me répond-elle, joueuse.
Je lâche un petit rire. Avec moi, elle n'est pas sortie de l'auberge, pauvre enfant. Elle dépose un petit baiser sur mes lèvres. Par Merlin, qu'est-ce qu'elle est craquante. Je me mords légèrement la lèvre inférieure. Sans sentiment, elle m'embrasse passionnément. Je ne tarde pas à répondre à son baiser de la même manière. Mes mains, avides du corps de Cynthia, remontent lentement sur les côtes mais je les arrête quand je sens son soutien-gorge sur le bout de mon pouce. Je ne voudrais pas l'offenser ni que cela dégénère comme avec Nia.
« J'espère que mes mains ne te dérangent pas... » dis-je entre deux baisers.
Nous devrions arrêter. -C'est raisonnable.- J'ai trop peur que ça dégénère. Je pense que Cynthia serait en mesure de mettre un frein à cela mais ce serait très gênant pour moi. Je me méfie vraiment depuis ce fameux soir. C'est peut-être pour ça que je n'arrête pas de rompre le baiser pour dire n'importe quoi. Ce que je réitère dès maintenant.
« Qu'est-ce que tu veux faire dans la vie ? Séductrice d'homme professionnelle ? » demandé-je d'une voix basse.
Je ne montre en aucun cas le doute qui s'est installé en moi. Je continue de paraître complètement détendu et confiant. -Quel courage.-

Dragées:

Et dire qu'il y a encore de cela moins d'une demi-heure, j'étais en là à vider toutes les larmes de mon corps à cause de décès de ma grand-mère. Et pourtant, malgré ma peine, je parviens à me sentir totalement apaisée depuis un petit moment, comme si tout ce qu'il fallait, c'était de la compagnie. Une bonne compagnie, une façon de me changer les idées. Oui, je me sens bien en ce moment et je dois bien admettre que j'en perds presque la notion du temps et même des limites. Je ne sais même pas dire si les mains d'Alex me dérangent ou pas. Peut-être pas tant que ça, du moment qu'il fait attention où il va et il semblerait que ce soit bien le cas, qu'il sache quand se stopper. Cela me fait sourire malgré moi, laissant une petite pause durant laquelle il s'assure justement qu'il ne me dérange pas. «Non» répondis-je en laissant clairement un sous-entendu dans ma voix faisant par de ma réflexion. C'est tout de même étrange de se retrouver là quand j'y pense, je ne suis pas du genre à sauter sur tous les garçons qui m'aident à me sentir mieux surtout que lui, il ne s'en était même pas aperçu. Enfaite, c'est peut-être ça qui m'a poussé à agir de la sorte ou du moins, s'est une des raisons des baisers que l'on s'échange depuis un moment. Baiser rompu. J'écarte un peu mon visage, ne peut me retenir de lâcher un petit rire face à sa question. Je me tourne alors légèrement de façon à pouvoir poser ma tête sur l'avant de son épaule, retrouvant mon air jovial habituel sans trop m'en rendre compte. Je le sais mais je ne peux pas apercevoir à quel point je suis , juste, moi. «T'en a des questions toi ! Tu ne t'arrêtes donc jamais ?». J'observe les poissons qui nage, la vue sous-marine qui est tout simplement splendide. «J'aime assez bien l'idée. Ouais, tu m'en crois capable ?»demandais-je en relevant la tête avec un sourire sur les lèvres avant de replonger mon regard sur l'immense vitre. «Sérieusement, je n'en sais rien. Je pense que je voudrais faire quelque chose où je peux communiquer avec les gens. Je n'aime pas la solitude... et toi ? Des projets d'avenir ?». Je plie mes jambes de façon à ce qu'elles soient également installées sur le canapé, ne lâchant pas la vue panoramique des yeux.

Cynthia a bien remarqué que j'étais du genre bavard, curieux. Elle me semble assez joyeuse par rapport à tout à l'heure. Ça fait plaisir à voir. J'élargis un peu me sourire. Elle me dit qu'elle aime bien mon idée.
« Je dirais juste que tu as les qualités requises. » lui répondis-je vaguement d'un air taquin.
Elle retourne son regard vers les poissons en me répondant plus sérieusement. Peut-être que travailler dans le social lui irait bien, par rapport à ce qu'elle me dit. C'est cool. Il faut des gens sociaux dans la vie. Sans grande surprise, elle me renvoie la question. Je lâche un petit rire gêné. Oui, j'ai bien des projets. Bien à l'opposé de ce que serait ceux de Cynthia. Je reste silencieux quelques secondes avant de prendre la parole.
« Oui. J'ai un plan A et un plan B. Pour le plan A, je préfère garder ça pour moi pour l'instant. Le temps que l'idée mûrisse dans mon esprit. Parce que même mes parents ne sont pas au courant. Sache juste que je vise haut. D'où le plan B. » commencé-je.
Mon père piquerait une crise s'il apprenait que je ne veux pas devenir auror mais langue-de-plomb. Il me dirait que ce n'est pas un projet concret et que je n'ai pas les compétences requises. Je veux lui prouver le contraire. Je veux que quand je lui annonce mon choix d'orientation, il se dise que ce n'est peut-être pas une si mauvaise idée. Maintenant la partie délicate est de parler à Cynthia de mon plan B. Mon sourire est nerveux, même si j'en rigole un peu.
« Mon plan B est pas très glamour, pour tout te dire. Hmm... Comment dire ça sans que ça ait l'air rebutant ? Je veux accompagner les familles dans leur deuil suite à la mort d'un proche. Mon plan B est de travailler dans les pompes funèbres, en gros. »
Ça fait plus classe de dire cela comme ça que de dire simplement: "je veux être croque-mort.". On dirait une mauvaise blague de mauvais goût. Surtout qu'elle vient de perdre sa grand-mère. En vrai j'aurais dû mentir et dire que je voulais devenir fleuriste. -Avec ton niveau en botanique...-
« J'te jure que c'est pas une blague ! Si ça venait à arriver, je voudrais me spécialiser en tant que maître de cérémonie. Me juge pas ! » dis-je en riant.
La situation est assez cocasse, il faut l'admettre.

Dragées: